PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

Le taxi prend la corniche vers le sud, par l’aqueduc. A gauche un quartier misérable est surmonté d’amusants pigeonniers en bois cubiques posés comme des miradors. A droite, les potiers de Fostat, je remarque l’extraction sur place de l’argile . Toujours les animaux au beau milieu de la circulation.
Le minibus tourne à gauche entre les cimetières et de vastes terrains vagues.
Quartier Copte

L’entrée du quartier copte est barrée par des militaires qui ne laissent entrer que les taxis des touristes. Le quartier copte est en chantier : toutes les rues sont éventrées, il y a partout des bétonneuses et des échafaudages, on rénove.
Le Musée Copte a été construit exprès pour abriter des morceaux entiers d’églises ou de monastères sauvés des ruines. Il ressemble au Musée byzantin d’Athènes. Les plafonds sont d’époque. Les salles suivent l’ordre chronologique.
Tout d’abord, les premiers chrétiens se sont servis de l’imagerie pharaonique et hellénistique (rien d’étonnant à cela). Nous voyons comme le signe de vie ankhe s’est transformé pour donner la croix copte. Au début il fut utilisé tel quel, puis les branches sont devenues triangles (pour la Trinité), enfin la croix est apparue avec disparition de la boucle. Un gisant est encore protégé sur son lit de mort par Isis et Nephtys.
Les chapiteaux antiques subissent une lente évolution, le panier d’offrande se fait chapiteau, les feuilles d’acanthe deviennent de la vigne. Cet art est principalement décoratif. Des frises de bois ou de calcaire sculpté occupent les premières salles.
Ensuite viennent des fresques qui sont vraiment analogues à celles de Cappadoce, nous retrouvons Basile, Georges et Démétrios, en compagnie de saints locaux. Une fresque très fraîche sur fond blanc, orange et vert dominant, représente Adam et Eve deux fois. D’abord nus avec le serpent et à côtés vêtus d’une feuille de vigne. A l’arrière plan les vergers du paradis. Curieuse image où seul narrateur est le « vêtement », pas de trace de la chute, ils sont dans la même verdure luxuriante et chargée de fruits.
A l’étage: étoffes très anciennes, de très vieux manuscrits. Les baies ornées de moucharabieh laissent passer une lumière très tamisée, un gardien nous suit et allume les lumières des vitrines. Enfin des objets sacerdotaux, lampes encensoirs, moins passionnants.
Promenade dans le quartier Copte :
La forteresse « Babylone » : Zeinab nous raconte que des prisonniers babyloniens l’auraient édifiée (il y a une autre interprétation dans les guides, ce nom dériverait d’une interprétation du nom Bab pour la porte). On reconnaît bien la maçonnerie romaine avec l’appareil caractéristique alternant brique et pierre. Autrefois un bras du Nil coulait ici au pied de la Citadelle permettant un approvisionnement facile. Ne pas oublier que le Caire n’existait pas à l’époque antique, la grande ville était Alexandrie. Le niveau du sol était beaucoup plus bas, le limon du Nil l’a surhaussé de plusieurs mètres en 2000 ans. Les rues sont donc toutes en creux.
L’église suspendue
L’église suspendue est perchée en haut d’un escalier raide. Elle est en chantier. Nous croisons des rangs d’écoliers en survêtement d’uniforme jaune et kaki, très sages.
Le parvis de l’église est une sorte de hall couvert où l’on vend toutes sortes de bondieuseries, une télé diffuse un feuilleton, des affiches criardes sont placardées. Le patio serait joli avec son bassin s’il n’était pas encombré de chaises branlantes et de ferraille. Nous pénétrons dans l’église à trois nefs avec des bancs comme dans une église européenne. Magnifique plafond de bois en coque renversée où des ventilateurs à longues pales sont suspendus. L’iconostase est très belle, non couverte d’icônes comme en Grèce, mais en bois travaillé à la mode mauresque. Deux portes fermées par des rideaux de velours grenat pour la communion. Zeinab nous parle des coptes. Comme elle a appris le français dans un couvent, je pensais qu’elle était copte, non, elle est musulmane.
Nous poursuivons la visite du quartier dans des ruelles. Des néons colorés représentant la Vierge sont du plus mauvais goût. Saint Serge possède aussi une iconostase en bois ouvragé et des icônes représentant la Fuite en Egypte. Dans la crypte se serait réfugiée la Sainte Famille. Une odeur bizarre flotte, ce n’est pas d’Odeur de sainteté ni l’encens ou la myrrhe, c’est d’insecticide contre les termites, avec toute bois ancien.
Les petites rues sont creusées, elles sont très tranquilles mais tout le quartier est en ruine. En fait, il n’habite pas grand monde, ce sont surtout des cimetières.
Synagogue Ben Ezra

La synagogue Ben Ezra est un bâtiment beige sous d’immenses eucalyptus. Rénové il y a quelques années, malgré tout est très poussiéreux. L’intérieur, en revanche, est flambant neuf surtout les armoires en marqueterie qui portent le nom des généreux donateurs à la mode américaine (la rénovation est américaine et canadienne faisant suite à la visite de Sadate à Jérusalem). Ben Ezra aurait obtenu de l’évêque qu’il lui cède son église Saint Michel. « La place l’intéressait ». C’était l’emplacement d’une très ancienne synagogue datant du Premier Exil en 586 avant JC. Des manuscrits anciens ont été retrouvés enterrés dans le sous sol. Un petit bâtiment tout simple avec une barrière verte abritait une bibliothèque. L’endroit est emprunt de nostalgie. A la sortie, un homme vend un document illustré sur l’histoire de la synagogue, 5 LE, il me demande si je suis juive et insiste pour me passer à mon cou un magen David en ferraille que je ne tiens pas du tout à lui acheter ni à porter. J’achète son livret.
Souvenirs
Zeinab nous pousse dans un magasin de souvenirs, c’est obligatoire que nous entrions, « vous n’êtes pas forcées d’acheter » c’est tout comme. Les bijoux sont magnifiques, tout au moins ceux qui sont en or et qui s’inspirent des bijoux pharaoniques, mais chers 845 LE. On se contente d’une boîte en marqueterie pour Cati et Pierre et une pince à courrier pour le Papa de D.