Préparation du voyage à Pobè

Téléphone béninois et projets

rendez vous à l’Étoile Rouge

Thimoléon a téléphoné alors que je marchais le long de la frange d’écume à la plage. Laure enveloppée dans une caffiyah égyptienne blanche vient à ma rencontre brandissant le téléphone de Moronikê. Le véhicule prévu pour nous emmener à Pobè n’est pas disponible. Il nous donne rendez vous à l’Etoile Rouge à 8H00, « heure française ». Il ajoute :

–    « Je n’utilise pas l’heure béninoise ».

Mentalement,  je traduis le message : il sera ponctuel. Il faudra que nous le soyons aussi.

    « votre véhicule est exigu, il faudra prévoir un taxi. »
–    « A combien cela reviendra-t-il ?
–    « 4000 chacun »
Je calcule, à cinq ce sera aussi cher que le taxi de Thierry.
–     « On se serrera à la béninoise »
(2 devant en plus du chauffeur 4 à l’arrière, c’est ainsi qu’on remplit un taxi-brousse).

Sébastien de Sandotours est arrivé avec le contrat du circuit dans le nord du pays. Diane est venue nous chercher. Il peut nous organiser un  grand taxi pour Pobè.  Je ne veux pas vexer Thierry. Moronikê se charge d’appeler ce dernier. Au milieu de la conversation en fon,  je saisis :

« 7heures zéro, zéro ».

C’est donc réglé!

Ouidah : Route de l’Esclavage

JUMELAGE CRETEIL/POBE

la Porte du Non-Retour

J’avais imaginé marcher sur la Route de l’Esclavage comme un pèlerinage à pied. 4 km ne me font  pas peur et nous aurions pu nous arrêter à chaque statue, chaque stèle.

Il est 13 heures passées quand nous arrivons sur la Place du marché aux Esclaves ou place ChaCha du surnom que les Béninois ont donné à Francisco De Souza – le Vice Roi de Ouidah – le marchand d’esclaves  brésilien ami du roi d’Abomey. – sujet du roman de Bruce Chatwin que j’ai beaucoup aimé. Ce personnage et le rapport que les habitants d’Ouidah entretiennent avec son souvenir est très ambigu. Vue de France, l’histoire semble tranchée : De Souza est un marchand d’esclaves donc un « mauvais ». A Ouidah, il n’est pas rejeté et serait même admiré.

 

Ouidah, place Cha-cha très animée

Il y a grande animation sur la place. Un groupe de scouts venus de Lokossa nous invite très gentiment à figurer sur la photo-souvenir. Plus loin une équipe de vidéastes et un groupe de jeunes musiciens tourne un clip. Eux aussi  nous appellent nous font danser et chanter. Tout au moins Stéphanie et Laure « mes filles ». Comme ils sont polis ils entraînent  « Maman » dans la danse. Stéphanie et Laure ont vite appris le refrain « Misé, misé, Célestine… » C’est un slogan électoral, nous l’apprendrons plus tard Célestine  s’est présentée aux Législatives et nous avons vu son portrait sur les affiches qui n’ont pas encore été enlevées. Euphorie de ces premiers contacts amicaux avec la population locale. Nous avons oublié notre triste pèlerinage.

 

La route de l’Esclavage

14heures, la chaleur est à son apogée, je commence à fatiguer. Les filles  renoncent au projet de randonnée sous le soleil. Damien qui a envie d’aventure tient à faire la promenade à pied. Il est tenté par le retour en zemidjan. Thierry le prévient:

– « Ils vont te taxer ! ».

L'arbre du Non-Retour

L’Arbre du Non Retour  n’existe plus. Il a été remplacé par une curieuse statue qui ressemble à une sirène. Les esclaves tournaient autour de l’arbre pour abandonner leur identité africaine, 9 fois les hommes, 7 fois les femmes.

Zomai : les esclaves

Le Zomaï était la case noire où les esclaves étaient parqués dans l’obscurité pour se préparer à la traversée dans la cale du navire. Statue figurant le marquage au fer rouge, les esclaves des différents propriétaires seront ainsi identifiés comme on le fait aux moutons qui partent en transhumance.

esclave dans les fers

Un jeune du village nous mène à la fosse commune où furent inhumés ceux qui étaient trop « fatigués » pour entreprendre la traversée. Un mosaïque surmonte la dalle de ciment nue : blanc, rouge, brun, noir… couleurs de la terre africaine rouge, du sang peut être, noir de la peau, du deuil. Une sculpture métallique symbolise les peuples asservis, les Yorubas, les plus « dodus » avec leurs scarifications, les Peuls fins et minces avec leurs anneaux et d’autres dont je n’ai pas saisi le nom de l’ethnie..

Le parcours poignant continue jusqu’à un arbre portant encore fleurs et fruits : l’arbre du Retour, retour de l’âme et non du corps mort aux Amériques.

Le terme du pèlerinage est la Porte du Non Retour sur la plage. J’ai le cœur serré comme la première fois.
Tandis que le vendeur nous prépare nos noix de coco, nous apercevons Damien au petit bar en face. Il rentrera avec nous sans avoir recours au zemidjan.

Ouidah, le jour de Pâques

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Le départ s’éternise. les autres n’en finissent pas de se préparer. Je n’ai pas l’habitude de voyager en groupe et s’attendre les uns les autres m’agace.  J’en perdrais mon flegme. Patience, nous sommes en Afrique !

Route des Pêches

Le soleil fait une brûlante sortie juste après Hio, le premier village de pêcheurs. Je me tartine de crème solaire dans la voiture. La route des Pêches est inondée. Thierry contourne les grosses flaques. Les roues du taxi s’enfoncent dans le sable sec sans patiner. Notre chauffeur connaît bien sa piste. Deux grands pirogues sont pavoisées au couleur du Bénin et aussi avec un drapeau rouge blanc et noir. Quel état représente ce dernier drapeau ? Ce sont les couleurs du fétiche du village. Nous allons beaucoup entendre parler de fétiches à Ouidah. Les villages de pêcheurs sont très calmes : les gens sont à la messe de Pâques. Des animaux divaguent. Sur les plages on se prépare à faire fête. La piscine des jardins brésiliens à l’entrée de Ouidah est déjà pleine de monde.

Fort Portugais

Ouidah : fort portugais

Mêmes visites que l’an passé . Je suis plus réceptive à l’histoire. Les agrandissements des gravures représentant la vie à la cour des Rois d’Abomey me parlent plus. La première fois, tout était exotique, étranger. Trop de nouveautés à assimiler. Je regarde le cérémonial avec un autre regard. Je me souviens des vastes cours des Palais d’Abomey. Le groupe des épouses me rappelle la visite au Palais Honmé de Porto Novo…Je regrette encore ici de ne pas emporter d’images pour faire le diaporama sur l’Esclavage avec les élèves.

Forêt sacrée

 

La Forêt sacrée est ouverte aux touristes depuis Ouidah 1992. Même guide, même visite que, l’an passé. Les statues des divinités ne me plaisent pas plus que l’an dernier, sauf celles qui sont faites avec des robinets, chaînes de vélos et autres ferrailles récupérées que j’aime beaucoup.

Temple des Pythons

Ouidah syncrétisme : temple des pythons et cathédrale catholique

Je frime un peu avec mon serpent autour du cou rapidement imitée par mes collègues (ce n’est plus franchement un exploit !). Petite découverte : les innombrables chauves- souris suspendues au dessus du temple.

Béhanzin

béhanzin

 

L’exposition du quai Branly sur le Roi Béhanzin qui a eu un grand succès à Cotonou, est installée en plein air en face du Centre Culturel de Ouidah.  Sur des parallélépipèdes sont exposées des photos d’époques des gravures, des lettres et des textes explicatifs. Des écoliers, en sortie scolaire, recopient sagement les textes sous la surveillance de leurs instituteurs. C’est très émouvant de les voir très intéressés par ce dernier roi du Dahomey.

Béhanzin a lutté contre la colonisation française  et qui a été déporté successivement en Martinique puis en Algérie où il est mort à Blida. Un audiovisuel présentant ses lettres lues à haute voix est accessible dans le bâtiment le plus proche. Je suis attentive au style ancien de ces lettres puis j’apprends que le roi était illettré et que c’est donc un interprète qui les a écrites.
Damien et Stéphanie ont préféré flâner au marché et faire la découverte de la Béninoise.

Sur ces entrefaites, mon téléphone sonne. C’est la première communication avec la puce béninoise. Donc mon téléphone marche. Si je ne peux pas le créditer c’est Areeba le responsable et surtout l’affluence du week end pascal.

Sébastien  de Sandotour a cru qu’on était arrivés cette nuit. C’est la raison de son silence d’hier. Il tient parole et nous propose d’assister aux fêtes pascales dans un village un peu plus loin. Cette proposition est très alléchante. que je dois décliner je ne peux pas consulter les autres qui se promènent au marché.

Après midi pluvieuse au Jardin Helvetia

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la route des Pêches

inondations

Pendant que nous étions à Cotonou, D.Moronikê et les filles ont dû faire face à des  pluies diluviennes qui ont noyé les bungalows et  trempé les matelas ainsi que  les cadeaux dans le sac laissé par terre. Le soleil est revenu mais les toits de chaume devront être refaits ou protégés par des bâches en plastique.

téléphone mobile

à la plage

Je n’arrive pas à créditer  ma carte téléphonique. En ce week-end pascal, l’opérateur est saturé. Je renouvelle l’opération dans chaque coin du Jardin. Soit je n’ai pas de réseau, soit mes chiffres refusent d’entrer. Si le téléphone mobile est très répandu au Bénin, les opérateurs ont du mal à répondre à la demande. Ne pas oublier que nous sommes en Afrique !

Cotonou marché Dantokpa

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le marché après la pluie

La pluie a cessé.

Dantokpa  est le plus grand marché de l’Afrique de l’Ouest. Les Béninois en sont très fiers. Selon eux, on viendrait s’approvisionner ici depuis le Togo, le Burkina Faso, le Niger et même du Ghana ou de Côte d’Ivoire. En contrebas, près de la lagune, il devient rapidement un bourbier en saison pluvieuse. Mes jeunes collègues insistent auprès de Thierry pour qu’on  le visite malgré la pluie abondante qui vient de tomber.

Wax

la marchande de pagnes

Des allées couvertes de tôle abritent les marchands de tissu, de sacs et de chaussures. Deux malabars nous emboîtent le pas. D’expérience, je sais ces « guides » tenaces et je présume qu’on aura le plus grand mal à leur fausser compagnie. Ils  nous conduisent dans une boutique de leur connaissance. On nous déplie tous les tissus « wax »  les plus colorés. Pour une jupe, il faut 2 mètres, pour une robe entière 4 mètres. Les Africains achètent des coupons pour toute la famille. On a déjà rencontré des dizaines de personnes vêtues du même imprimé. Le costume a été choisi pour une fête familiale, funérailles ou mariage. Comme nous sommes 3, nous cherchons à négocier un bon prix. Stéphanie voudrait du fuchsia, il n’y en a pas dans la boutique. Ce n’est pas un problème, on nous laisse seules et la marchande revient avec des nouveaux pagnes venant de chez la voisine. Les pratiques commerciales sont différentes de chez nous. On n’hésite pas à s’entraider entre voisins sans faire jouer la concurrence comme en Occident. Nos « accompagnateurs » interviennent, ils veulent nous conduire chez le tailleur ou la couturière qui transformera illico le tissu en costumes. L’altercation avec Thierry est immédiate et violente. Thierry est très doux, il parle à voix basse en riant tout le temps. Mais quand quelque chose ne lui plaît pas il s’emporte très rapidement et crie. Nous n’avons pas le temps de comprendre ce qui s’est passé. Les deux importuns sont congédiés et n’insistent pas. Thierry nous explique que ce sont des bandits.

Alimentation

Dans une partie découverte du marché,  se vendent des produits craignant moins les intempéries. Les marchandes portent des charlottes en plastique sur la tête. les mêmes qu’on trouve dans les hôtels pour la douche. Stéphanie cache son appareil photo dans son K-way et  filme en caméra cachée. Instruite par l’expérience de l’année dernière, je ne cherche même pas à sortir le mien. La vue d’un appareil photo déclenche l’hostilité. Je suis plus occupée à chercher où poser les pieds sans patauger dans une boue noire et grasse et sans bousculer un étalage.

Dès que nous passons devant un tas de tongs, Laure en achète une paire en remplacement de ses sandales en cuir. J’aurais  dû en faire de même. Elles ne coûtent que 300 CFA . Des bouchers découpent la viande en musique, plateaux les vendeuses présentent des tomates, des piments, des carottes en petites pyramides. Même souci du décor avec les poissons qui sont parfois encore congelés, raides de glace. D’autres poissons sont fumés enroulés sur eux même. Parfois les tous petits poissons luisent dans un plateau. On vend même des miettes de poisson fumé. Sans doute pour parfumer la sauce. Ici,  rien ne se perd. Damien remarque vite qu’il est le seul homme des environs. Marchandes et clientes, les hommes ne s’aventurent pas dans le commerce alimentaire sauf en boucherie. On les retrouvera dans les ruelles où se négocient les produits électriques ou les pièces détachées des voitures.

sur la passerelle qui domine le marché

Encore, nous essayons de contourner les flaques. Thierry propose de monter sur la passerelle qui enjambe la route principale pour avoir une vue d’ensemble du marché s’étendant loin. On gagne un « marché aux puces » qui ne propose pas grand-chose après la pluie. Il est déjà largement passé l’heure du repas. Nous achetons des bananes. Rien de mieux que les bananes pour manger dans la rue !

Retour à Cotonou, un an après – Centre artisanal

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la paillote restaurant au Jardin Helvetia

J’ai eu  du mal à m’endormir dans le vrombissement des ventilateurs et l’excitation des retrouvailles.

8h, heure française, 7h au Bénin, je pars vérifier que l’océan est toujours là. Les rouleaux, les petits crabes…la mer monte. Une vague mousseuse plus forte que les autres vient noyer le bas de mon boubou. Je remonte sur le sable sec.

Au petit déjeuner (une demi papaye au citron vert, omelette, fromage, confiture…) Moronikê me donne la carte SIM du téléphone de Parfaite que mon mobile débloqué accepte sans histoire. Laure, Stéphanie et Damien émergent plus tard. Moronikê a convoqué Thierry pour 10H30

L’orage

Le ciel s’assombrit et de grosses gouttes s’écrasent sur le pare-brise. Des éclairs déchirent le ciel. A l’entrée de Cotonou, il pleut si fort qu’on a relevé les vitres, réduisant ainsi notre champ de vision. De grandes pancartes, sur le bord du Chemin des Pêches, annonçent des projets immobiliers et la construction de 3 complexes hôteliers.

Pour les trois jeunes collègues, tout est neuf.

Damien pose les questions de Candide :

« Pourquoi cette annonce : courant à vendre ? »
« Les gens organisent des fêtes sur la plage, des mariages….Ils louent les paillotes. Les gens qui ont l’électricité posent de grands câbles qui traversent la route. » Explique Thierry.
Ecobank est bondé à la veille du long week end pascal. Nous faisons une longue queue tandis que des cordes tombent à l’extérieur. Au moins dans l’agence bancaire nous sommes à l’abri.

Centre Artisanal

masques au centre artisanal

Sous la pluie, la visite du grand marché Dantokpa est impossible. Thierry nous conduit au Centre Artisanal, imitation d’un village de cases où des marchands proposent des souvenirs. L’an passé, nous avions jeté un simple coup d’œil aux étalages, fatiguées par la visite de Cotonou et la chaleur. C’est donc une découverte pour moi aussi. Nous sommes les seuls touristes. Les vendeurs nous accaparent et nous invitent à l’intérieur des petites boutiques sombres. Je sors l’appareil photo, au moins ici, lieu touristique, on ne nous interdira pas de photographier, pensais-je naïvement.

je prends un coup de vieux!

bronzes béninois, images de cour

Pendant que Stéphanie achète un masque, je compose des natures mortes. Dans la boutique de bijoux, Laure et Steph marchandent comme de vrais pros des colliers. Une vieille femme avec de grosses lunettes mange avec ses doigts du riz et de la sauce dans une bassine émaillée. Elle envoie sa fille chercher de l’eau pour se rincer les doigts. En attendant elle montre à Laure la coupelle où elle range sa monnaie et la laisse se servir. La fille ne revient pas . Laure a payé 1500CFA .A ce prix, je peux bien faire une première folie ! Le collier qui me plait est trop court, la dame a le même plus long mais ne peut pas le sortir avec ses mains sales. Elle se confie :
« Tes filles sont bien élevées, pas comme la mienne qui a disparu et qui m’a laissée comme cela, sans eau pour me laver les mains ! ».
J’ai pris subitement un coup de vieux et gagné deux filles. Cette dame me dit qu’elle a 54 ans, elle est plus jeune que moi. Pendant tout le voyage on va m’appeler Maman et tous les Béninois seront persuadés que Laure et Stéphanie sont mes filles. Comme elles ont déjà acheté deux colliers la dame me fera un bon prix sans que j’aie besoin de marchander.

calao

 

Damien cherche un masque. J’en profite pour photographier une magnifique sculpture aussi haute que moi représentant un Calao. Cet oiseau me fascine,  l’objet ancien est magnifique. Pas question de l’acheter :

« il est trop encombrant pour voyager », j’explique au marchand.

–« j’ai son petit frère ! » rétorque –t-il brandissant un petit calao qui me tenterait bien.

Je suis devenue beaucoup plus sensible aux sculptures africaines depuis ma visite au Musée Branly et à l’exposition des marionnettes Bozos dans le Marais. Je prends un réel plaisir à regarder les objets. Les animaux m’attirent beaucoup. les masques sculptés dans du bois poli ou  vernis, moins. Ceux qui ont l’air ancien et qui ont beaucoup voyagé m’intéressent mais le vendeur n’indique jamais la provenance : Burkina ? Mali ? Sénégal ?  J’aimerais qu’il me raconte l’histoire de l’objet. Je reconnais aussi les masques béninois, Guédelé, les divinités du panthéon vaudou, ainsi que des bronzes intéressants représentant la cour d’un roi abrité sous un vaste parasol. Je photographie et provoque la colère des marchands.
» Vous photographiez et vous n’achetez rien ! »
Et me voici encore privée de photo !

stratégie

batiks

Chaque vendeur veut nous faire entrer dans l’échoppe. J’ai éprouvé une tactique d’évitement polie et souriante au Maroc. La stratégie est différente à Cotonou qu’à Marrakech. Les touristes sont beaucoup moins nombreux, ils sont même très rares. Chaque vendeur s’acharne à faire affaire et très vite, il est donc beaucoup plus entreprenant et devient carrément agressif quand il s’aperçoit qu’il ne vendra rien. Rapidement la visite me fatigue. Je fais mine de chercher « mes filles » tout le monde les a vues cela me permet d’éluder les visites dans les boutiques qui vendent des objets qui ne m’intéressent pas.

Vol Orly/Cotonou et arrivée

JUMELAGE CRETEIL/POBE

en vol au dessus de l'Afrique

Vol Paris Orly Casablanca Lomé Cotonou Royal Air Maroc

 

Contrairement à ce qui est écrit sur le ticket électronique, nous pouvIons emporter 40 kg chacun. Si nous avions su, nous aurions pu charger tous les livres qui sont restés au collège !

Les caprices de la météo me privent du spectacle de Gibraltar que j’attends avec impatience. Il reste de la neige sur le Rif.
Transit à Casablanca. Changement  radical dans la physionomie des voyageurs . Les passagers du Paris/Casablanca étaient en majorité Marocains, surtout des hommes d’affaires, des étudiants fortunés, quelques familles rentrant au pays pour les congés de Pâques, un groupe de randonneurs…peu de touristes qui préfèrent Marrakech ou Agadir. Dans la salle de transit attendent des Africains, Béninois ou Togolais peu  nombreux. Seulement 63 passagers dans l’avion . Chacun de nous 5 prend une rangée de trois sièges pour s’allonger. Bouchons d’oreille, masque bleu, chaussette légère polaire, tout l’équipement pour dormir confortablement.

« Escale technique » à Lomé, autrement dit, ménage aspirateur compris, alors que les voyageurs ne quittent pas leur siège. Je me réveille à Cotonou quand le train d’atterrissage touche la piste. Une grosse bouffée de  chaleur humide nous enveloppe à la sortie de l’avion. Les formalités et la livraison des bagages se déroulent très rapidement.

Arrivée : CEG1 Pobé!

Un petit groupe nous attend sous une pancarte CEG1 POBE. Je ne m’y attendais pas ! Ils sont venus exprès de Pobé pour nous accueillir Je répète  «  C’est trop gentil ! » un peu niaisement. Marcelle, Thimoléon et un troisième homme. Jusqu’à présent notre projet était resté virtuel, mails et textos, deux conversations téléphoniques. Je ne les avais jamais imaginés. N i leur apparence physique, ni leur âge. Marcelle est une belle femme « de constitution traditionnelle » comme la décrirait l’auteur de nos romans policiers Botswanais. Laure ou Stéphanie la complimentent sur sa robe. Elle est contente. Je suis vraiment très touchée et répète encore « c’est trop gentil » sans savoir ajouter une phrase plus intelligente. Il est vrai qu’il est passé trois heures du matin.
le taxi de Thierry
Thierry n’est pas là. Je ne m’inquiète nullement « Il va venir » – refrain béninois connu ! Juste le temps de sortir mon téléphone mobile, un taxi passe. Dominique reconnaît Thierry. Il dormait au bout de la piste dans sa voiture et n’a pas entendu l’avion se poser. Moronikê a envoyé un deuxième taxi. Nous embarquons dans la Toyota Corolla qui a toujours son pare-brise étoilé, mes trois jeunes collègues, dans l’autre taxi. Thierry donne des nouvelles. Il a toujours son petit rire à moitié étouffé. Les résultats des élections législatives ont été validés hier soir. C’est le Parti présidentiel de Yayi Boni qui l’emporte. Le slogan de l’an passé « Tout Va Changer » a-t-il été suivi d’effet ? Thierry est un  peu désabusé « pour la corruption, oui…Mais pour le reste… ». Je lui demande de raconter l’attentat qui a failli coûter la vie au Président. Il minimise : « ce n’est pas un attentat, seulement des coupeurs de route. Ils étaient déjà à cet endroit la veille ! ».
L’an dernier nous étions arrivées tôt dans la soirée et la route de l’aéroport puis la piste étaient éclairées avec les lampes tempêtes et les bougies.   Ce matin, le taxi roule dans le noir complet et évite comme par miracle de gros trous.
Moronikê nous a préparé « notre bungalow ». Elle s’est levée pour nous recevoir, toujours aussi rayonnante et chaleureuse. Une nouvelle vague de sympathie me submerge. Ce deuxième séjour démarre dans la chaleur humaine. Le séjour qui perd son attrait « découverte » commence bien.