de Créteil à Cancale, par la RN12

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

Parmi nombreux itinéraires, nous avons choisi la nationale 12 qui traverse la Normandie avec 4 voies (2×2- 110km/h) jusqu’à Alençon, 368km en tout.

 

Verneuil sur Avre: église saint Jean


 

Verneuil/Avre

Verneuil-sur-Avre  est une étape charmante: petites rues  commerçantes bordées de maisons anciennes à colombages, deux tours: celle de l’église Saint Jean, ruinée, a de beaux restes, des ogives gothiques, des sculptures dans la pierre blanche fine. Chez le charcutier, nous achetons du museau et du taboulé. Pour trouver une pâtisserie, j’emprunte la rue qui conduit à la deuxième tour : celle de l’église de la Madeleine sur la place principale. Verneuil est très animée ce matin sous le soleil.

La RN12  coupe le parc Régional du Perche, traversant la forêt de Reno-Valdieu. les collines ont déjà revêtu des couleurs automnales par cette  matinée radieuse. Nous évitons Mortagne-au-Perche et plus loin Alençon. La route se rétrécit vers Pré-en-Pail,  elle traverse les le Parc régional  des Alpes Mancelles,   collines boisées et  vastes panoramas.  Dans cette région, nous décidons de pique-niquer  espérant avoir une belle vue dans cette campagne pittoresque. Première tentative dans le pays d’Andaine, retour à la nationale. Un peu plus loin nous quittons la route principale pour une église Saint Roch signalée. C’est un bon choix : village minuscule et très calme grand parking ensoleillé et vide ; On peut s’asseoir sur les marches du calvaire.

Le Mont Saint Michel

moutons de prés-salés

Direction, Mont Saint Michel, traversant une Normandie que nous ne connaissons pas. Isigny, Avranches. Alors que  nous sommes encore dans les collines : comme une surprise, le Mont saint Michel apparaît au loin. Cette apparition me fait penser à celle de la cathédrale de Chartres dans la Beauce. Je l’attends mais ses tours me surprennent toujours.  J’ai vu le Mont saint Michel il y a presque quarante ans. Sa silhouette est bien sûr connue, mais je suis frappée par sa présence. Dans la campagne plate, on ne remarque que lui. Il nous attire comme un aimant. Nous faisons halte au premier parking venu pour le photographier. Chance : un troupeau de moutons de prés-salés se trouve dans le polder en contrebas. Les mères ont la tête noire, les agneaux sont presque tous noirs.

Nouvel arrêt sur une digue dominant le polder. Le Mont,milieu des végétaux, ne semble pas être une île. La mer est si loin ! J’avance d’un bon kilomètre en direction de l’eau sans m’en rapprocher

Il fait si beau que nous avons envie de plage. Arrêt au Hirel, la mer est basse, toujours loin,  je marche un quart d’heure sur le sable mouillé rayé par les roues des chars à voile et constellé de coquilles de coques brisées.

 

 

Arrivée à saint Méloir des Ondes, coucher de soleil sur Saint Malo

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

coucner de soleil à saint Malo

Un peu de rêve littéraire : la Fée des Grèves

     « Si vous descendez de nuit la dernière côte de la route de Saint-Malo à
Dol, entre Saint-Benoît-des-Ondes et Cancale, pour peu qu’il y ait un léger
voile de brume sur le sol plat du Marais, vous ne savez de quel côté
de la digue est la grève, de quel côté la terre ferme. À droite et à gauche,
c’est la même intensité morne et muette. Nul mouvement de terrain
n’indique la campagne habitée ; vous diriez que la route court entre deux
grandes mers.
C’est que les choses passées ont leurs spectres comme les hommes décédés
; c’est que la nuit évoque le fantôme des mondes transformés aussi
bien que les ombres humaines.
Où passe à présent le chemin, la mer roula ses flots rapides… »

Paul Féval : la Fée des Grèves

Le gite est situé au hameau de l’Hôtellerie. Une haie de thuyas ferme une cour plantée de gazon, bordé de pensées fleuries. Le petit bassin a des nymphéas en boutons. Il y a même un petit palmier.

le gite

Le gite est simple, très bon goût.

 

La cuisine a des murs blancs, la table est couverte d’une toile cirée bleue avec 4 chaises bleues, un buffet ancien peint en blanc, tout le confort moderne. Sur la table, nous trouvons deux pots de confiture- maison poire et rhubarbe et des tomates de la serre des propriétaires.  Le salon est, lui aussi, tout blanc avec des meubles noirs, un canapé sombre, une grande télévision à écran plat et une petite table à manger.

Un escalier à marches flottantes et tournantes mène à l’étage. Une corde de marine sécurise l’ascension. En haut, la chambre  vaste contient deux grands lits de 140. Une très belle armoire aux ferrures de laiton fait face aux lits.

A peine installées nous reprenons la voiture.  :

–          « où aller pour voir le coucher du soleil ? »

–         »  A Saint Malo ! »

En route donc pour Saint Malo, distante d’une dizaine de kilomètres. Je n’avais pas imaginé que Saint Malo serait une grande ville avec des banlieues, des hypermarchés, des zones commerciales, une série de ronds- points.

Aucune idée du quartier ou de la plage d’où nous pourront avoir le spectacle du couchant ! Guidées au soleil , nous aboutissons sur la plage des Bas Sablons juste à côté du ferry qui traverse la Rance.

Un quai fait le tour de la baie. A contre-jour, une silhouette toute noire d’un enfant qui pêche, les jambes maigres écartées, se reflétant dans le miroir de l’eau. La tour carrée blanche qui ressemble à un phare, se reflète aussi. Près de la Piscine les jeunes du club de plongée font la queue. Un peu plus loin sur un balcon un déballage très artistique, bois flotté chemise blanche étendue, flotteurs de pêche attire mon regard. Mais je n’ose pas photographier chez les gens ! Un peu plus loin, à  la terrasse d’un café-crêperie, une table est occupée par des hommes en noir à la face patibulaire : des corsaires ? Ils portent des sabres sur le dos de leurs sweat-shirt, boivent du cidre à la bolée, sur une autre table tris femmes surveillent des petits qui jouent sur la plage. Une jeune femme trimballe un attirail de photographe, objectifs multiples et longs dignes d’une professionnelle, elle s’arrête et se prend en photo elle-même avec son téléphone.

Étrange ! Le soleil se couche derrière les arbres de la colline mais l’eau rougeoie comme il faut.

les remparts de Saint Malo –

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les remparts de Saint Malo

9h30, les cloches appellent à la messe. Au café de la place Chateaubriand, résonne la Marseillaise pour la finale de rugby, les remparts sont à nous !

Le guide Gallimard, comme toujours, est précieux. Passant la Porte Saint Vincent,il nous raconte l’anecdote de la salle située dans l’épaisseur de la   porte, où l’on consignait les retardataires qui arrivaient en ville après le couvre-feu sonné par la cloche la Noguette.

les dogues de saint Malo

En bonnes enseignantes, nous réagissons : « la permanence ! » . L’histoire est  plus cruelle puisqu’on lâchait des dogues sur la plage contre les intrus Ces dogues sont sur la plaque d’égout devant la porte.

La place Chateaubriand est bordée par deux beaux hôtels, l’un d’eux, blanc au nom de l’auteur, en face, l’Hôtel de ville et le Musée sont logés dans le Château.De l’autre côté de la porte,se trouve le célèbre restaurant, La Duchesse Anne (menu à 79€ quand même,  champagne et foie gras).

Après avoir photographié  le portrait de Chateaubriand, nous montons pour le tour de remparts. De là, la vue sur les maisons est idéale, les hautes fenêtres aristocratiques des étages nobles, les deux étages de mansardes avec de confortables fenêtre aux chiens assis comme les petites fenêtres carrées. Les toits d’ardoises sont parfois tachés de lichens jaunes, granite et ardoise, l’unité de style est respectée même s’il y a des différences dans les hauteurs de cheminées.

La ville a été reconstruite après les destructions de la deuxième guerre mondiale, modèle de restauration. Tout en marchant je me demande quelle ville sera Saint Malo pour moi. La ville des corsaires ?avec Surcouf dont nous voyons le grand hôtel particulier et Duguet  Trouin dont la statue en pied se trouve en majesté à un angle des remparts. Ou la ville de Chateaubriand ? Celle des écrivains-voyageurs ? A moins que ce soit celle des bars à marin avec les enseignes peintes ?

Je m’amuse à regarder les belles demeures, les rideaux encadrant des salons luxueux.

Le guide Gallimard raconte que les évêques de Saint Malo entraient par la porte de Dinan, venant de Saint Servan. de La grande maison de Surcouf est situé en face.

Quelques marches nous mènent au terre-plein du Bastion de Hollande où se trouve la statue  de Jacques Cartier. Des canons sont disposés face à la mer, les enfants les chevauchent  et j’ai bien du mal à faire une photo sans un de ces figurants.

A marée basse : le Grand Bé et le Petit Bé

Sur la plage, des théories rejoignent les îlots du grand Bé et du  Petit Bé  découverts, à marée basse. Je descends des escaliers très raides pour me joindre aux pèlerins qui vont défiler devant la tombe de Chateaubriand avant que la marée ne remonte. Des écriteaux mettent en garde les imprudents à qui on  recommande de rester dans l’îlot si ce dernier est entouré d’eau. La chaussée est glissante, on monte ensuite une rampe. Le tombeau est signalé par une croix de granite. Grande simplicité, un bouquet de fleurs séchées, des coquillages alignés sur la pierre tombale.

UN GRAND ECRIVAIN FRANÇAIS

A VOULU REPOSER ICI

POUR N’Y ENTENDRE

QUE LA MER ET LE VENT

PASSANT

RESPECTE SA DERNIERE VOLONTE

Tombeau de Chateaubriand

La situation, en face de la ville, battue par les vents, est exceptionnelle. Les touristes posent devant la tombe. Je médite sur mon ignorance. Comme cet été, devant la maison de Thomas Mann à Nida, je me rends compte que je ne connais rien du célèbre écrivain. Les Mémoires d’Outre-Tombe était un titre  qui ne m’avait rien dit étant adolescente, depuis j’ai lu des extraits au cours de mes voyages et justement je me prépare à lire le Voyage d’Orient.

Bords de Rance et Malouinière

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la Rance vue du parc du Chateau de Montmarin

Nous passons le barrage sur la Rance, et trouvons une plage à Le Minihic bien calme, un peu verdie par les ulves,  A la recherche  d’un coin pique-nique digne du menu : langoustines, avocat et gâteaux. Trois gamins jouent au rugby après le match, arrivent des véliplanchistes qui ont bien du mal à porter leur voile dans le vent jusqu’à l’eau.

sentier au bord de la Rance

De la plage du Goret, part le sentier côtier « domaine du piéton » qui monte à couvert sous des châtaigniers, des chênes et des frênes. Il est très bien entretenu, abrité par cette voûte d’arbres automnaux, le sol est jonché de feuilles ce qui demande une vigilance accrue. Il est peut être piégé par des racines cachées ? Le chemin en balcon ne reste jamais à niveau, des marches ont été pratiquées soutenues par des rondins, dès qu’on s’approche de l’eau, il faut remonter. Les promeneurs sont assez nombreux mais pas trop. . Cette promenade est délicieuse.  La Rance ressemble un  peu aux abers du Finistère-nord en plus doux et plus civilisé

Après les deux Pointes du Crapaud et du Thon, je descends à la cale sèche où autrefois on construisait des bateaux de bois, bisquines et gabares ou doris. Je découvre un restaurant chic à la cale de Jouvente, une Ferrari bleue est même garée devant. Bleue ? Cela n’a pas d’allure, une Ferrari doit être rouge ! Je retrouve D. à l’Anse du Mont Marin, jolie crique barrée par une construction en ruine : l’ancien moulin à marée et dominée par le château de Mont Marin.

Malouinière

malouinière architecture classique

Le château de Mont Marin est une Malouinière, gentilhommière construite par les armateurs de Saint Malo(1760). Le parc, tout à fait remarquable,se visite.

(6€) ouvert jusqu’au 31 Octobre.

La cour d’honneur est ornée d’un bassin de marbre blanc de Carrare aux sculptures originales. La façade est classique (Louis XV). Le parc comporte deux parties : un jardin « à la française » sur les terrasses, inchangé depuis le XVIIIème siècle, et un parc à l’anglaise créé vers 1885. Les hortensias, agapanthes dont s’enorgueillit le parc sont défleuris fin octobre mais les tapis de cyclamens roses à la base des grands arbres sont tout à fait merveilleux.  On descend par des pelouses jusqu’à la Rance.

tapis de cyclamen

Traversée de la baie du Mont Saint Michel au rocher Tomblaine

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en passant par les prés salés, traversée d'un canyon glissant


8h15, enfin la confirmation de l’heure du départ avec le guide!

9h17 : lever de soleil éblouissant (malgré des prévisions médiocres), départ pour le Mont Saint Michel. Le GPS annonce 45km et 47 minutes. Le rendez vous est à 9h45, nous sommes déjà très en retard, la route longe la mer puis oblique vers la voie rapide à la hauteur de Dol de Bretagne,  jusqu’à Pontorson, ensuite on se traine dans les chantiers et les feux. Le guide m’attendra-t-il ?

9h52, les autres randonneurs sont en train de payer, j’ai préparé mes 12€, me voici prête.

Deux écoles dans le groupe : les pieds nus et les bottés. Je suis pieds nus. Dès la sortie du parking,  il faut maîtriser la glissade sur la tangue grise .  On traverse les prés salés. Les salicornes roses, les immortelles et les plantes halophytes ne sont pas trop dures sous nos pieds. Le pré est haché de petites rigoles, canyons qu’il faut traverser d’un bond. Pieds nus, c’est plus difficile de prendre son élan, et je crains l’atterrissage en terrain inconnu.

Cancale vu du sommet du rocher Tomblaine

Heureusement on rejoint la vase rapidement. Sur les bords de petites lamelles se détachent. Chaque marée laisse une feuille dans la mille-feuille varvé. Souvenirs de sédimentologie !  Des pelures se détachent en petits galets plats.

Cap sur le Rocher Tomblaine, à travers des étendues humides mais pas trop glissantes. Le guide rassemble le groupe pour nous raconter la Baie:

Les règles de sécurités tout d’abord.

Trois dangers guettent les imprudents : la marée, les sables mouvants et les lâchers du barrage destinés à chasser le sable autour du Mont. Il est donc très dangereux d’entreprendre seul la traversée,  D’autant plus que la rivière le Couesnon change son lit très fréquemment et que les itinéraires doivent sans cesse s’adapter.

Les sables mouvants sont traîtres dans le lit de la rivière, la noyade est presque inévitable alors. Le guide veut nous montrer ces sables mouvants : une lame de sable recouvre une poche d’eau. Sous le piétinement du groupe,  le sol se modifie, se liquéfie, on s’enfonce. Pour s’en sortir il faut faire des ronds de jambes ( ?) poser genou à terre  et même s’allonger pour répartir le poids et sortir ses jambes.

Ainsi  édifiés, nous formons un groupe discipliné qui attendra la permission pour traverser un cours d’eau et qui ne se dispersera pas.

sur la tangue

Les oiseaux sont peu nombreux. Quelques goélands se reposent. Au loin la tache rose du flamant échappé du zoo de Jersey qui s’est installé dans la baie. Une dame demande s’il y a encore des phoques. Une trentaine, ils se reposent parfois sur le banc de sable blanc qu’on voit au loin. Pour les observer il faut faire du kayak de mer.

11h30,  à la base du rocher de Tomblaine.

Moins haut que le Mont Saint Michel, il fut autrefois habité, par des moines de l’abbaye et même occupé par les Anglais au cours de la Guerre de Cent Ans, qui, chaque jour, à marée basse ils lançaient une expédition contre le Mont Saint Michel  imprenable, sauvé par la marée haute qui faisait fuir les assaillants.

L’ascension est délicate pour les pieds nus sur les rochers de granite rose d’abord puis sur un sentier tracé dans les ronces et les épines. La récompense au sommet est une vue étendue jusqu’à Cancale, les rubans de différentes couleurs font comme de la moire.

Le Rocher Tomblaine devrait son nom à une légende datant de Guillaume le Conquérant. Hélène et Simon de Montgomery s’aimaient. Leurs familles étant ennemies, ils se retrouvaient sur le rocher. Simon accompagna Guillaume en Angleterre mais périt à la bataille de Hastings. Hélène allait fidèlement l’attendre sur le rocher quand elle vit une procession passer de retour d’Angleterre. Là un soldat lui apprit la mort de son bienaimé. Hélène retourna sur le rocher et se jeta du sommet. On l’enterra sur place et on appela le Rocher la Tombe d’Hélène.

Retour direct sur le Mont

12h, retour  par le chemin le plus direct droit sur le Mont. On traversera à deux reprises le Couesnon et il faudra quitter les bottes et remonter le plus haut possible les pantalons. Six heures après la marée basse le barrage sur le Couesnon relâche l’eau emmagasinée à marée basse, les quantités déversées dépendent du coefficient de marée. Nous passons « en Bretagne » puis retournerons  «  en Normandie » puisque le petit fleuve est censé délimiter les deux provinces. Le Mont est Normand et porte les couleurs Normandes avec les deux lions jaunes sur fond rouge. Entre deux gués, nous affrontons une petite « tempête de sable » que j’essaie de filmer.

ripple-marks, plus loin le Couesnon

Le chantier

Le guide  sculpte dans le sable une maquette des travaux entrepris pour rendre le Mont à la mer et en faire une île en cassant la digue et en déplaçant les parkings. Une nouvelle digue se terminerait par une passerelle sous laquelle l’eau de la marée pourrait encercler le Mont.  Le courant, ainsi libéré, aurait pour effet de chasser le sable accumulé plus loin. Le déplacement des parkings à plus d’un kilomètre du Mont serait aussi du meilleur effet. Mais le guide est sceptique sur l’aspect écologique de l’opération. Une gare TGV serait à l’étude mettant le Mont saint Michel en liaison directe avec Paris. On espère doubler ainsi le nombre de touristes.

Bien mouillée, je me rechausse à la base des remparts du Mont. Le ciel s’est couvert. Nous piqueniquons au même endroit que vendredi sur le polder sous les premières gouttes de pluie. Pâté aux châtaignes, andouille de Vire et babybel.

Pour de très belles photos, aller voir le blog d’Aifelle que je remercie encore de m’avoir donné le lien pour le guide de la traversée.

la route de la Baie

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Nous rentrons par le chemin des écoliers, traversons Pontorson avec ses belles maisons de pierre. Ses commerces sont fermés à 14heures.

La Route de la Baie  serpente  dans les polders cultivés de maïs et où les moutons de prés-salés paissent.

télégraphe de Chappe

Détour par Saint Marcan pour aller voir le Télégraphe de Chappe. La route s’élève dans la colline recouverte de bocage, prés et haies font une campagne pittoresque et charmante. Le télégraphe de Chappe surmonte de petits bâtiments de granite, joli groupe de maisons près d’un bouquet de chêne au sommet de la colline. La vue est très étendue, sûrement on pouvait voir de loin les signaux. Un petit musée dédié au télégraphe est fermé ainsi que la crêperie-bar « Au Télégraphe ». Dommage. Ces petites visites m’enchantent.

Un écriteau annonce la Chapelle Sainte Anne, haute chapelle de granite près de deux étangs au bord de la Digue de la Duchesse Anne. C’est à Anne de Bretagne qu’on doit les premières digues créant le polder. Le chemin de randonnée longe la digue : c’est une très belle promenade en bord de mer ; malheureusement il pleut à verse. Sans la randonnée de ce matin j’aurais sans doute sorti la cape de pluie mais j’ai été assez mouillée pour aujourd’hui !

Féval : La Fée des Grèves
–  » On va de Cherrueix au Mont-Saint-Michel à travers les tangues,les lises
et les paumelles1, coupées d’innombrables cours d’eau qui rayent
l’étendue des grèves ; on y va des Quatre-Salines et de Pontorson : ceci
pour la Bretagne. »….

moulins du Vivier

Le bord de mer est bordé de jolies maisons de pierres des villages de Cherrueix et de Hirel, bien sûr touristiques mais de belles constructions traditionnelles et aussi des moulins à vent de pierre ronds au toit pointu en poivrière couvert d’ardoise. On achète des moules à Saint Benoit des Ondes.

Dinan

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la Rance et le port de Dinan


Dinan est une jolie ville dominant la Rance qui est maintenant un petit cours d’eau tranquille, enjambée par un tout petit pont de pierre arrondi au port, et par un très haut viaduc aux arches étroites à la hauteur de la ville.

Chateaubriand la présente mieux que moi:

Dinan orné de vieux arbres, remparé de vieille tours, est bâti dans un site pittoresque, sur une haute colline au pied de laquelle coule la Rance que remonte la mer ; il domine des vallées à pentes agréablement boisées.

Le propriétaire du gîte  a conseillé de garer la voiture au port. Ayant peur de la côte, nous suivons les panneaux Parking Ville Historique.

La place Saint Sauveur est bordée d’arbres taillés, face  à l’église Saint Sauveur une belle maison aux volets bleus et un clocher recouvert d’ardoises, des boutiques anciennes l’une d’un graveur, l’autre d’une librairie de livres anciens. Le porche de l’église saint Sauveur est roman, de grès clair, très usé par le temps il garde des colonnes posées sur des lions (nous les avons vus à Ferrare). L’intérieur de l’église est composite : un côté est roman tandis que de hautes arcades gothiques soutiennent le plafond. Les vitraux sont modernes, très lumineux et très colorés. Bien sûr, ils n’ont pas le charme de ceux du XIIème, mais ils sont  historiés et racontent la Bretagne : Anne de Bretagne, Duguesclin.. Ils ne dénotent pas dans cette église composite.

le maisons à pan dde bois de la ville haute

Les rues de la ville haute sont aux noms des corporations : place des merciers, des poissonniers, de la Laine… les maisons à pans de bois abritent des boutiques touristiques, biscuits bretons, faïences de Quimper, vêtements de marins, tourisme de bon aloi et de bon goût. Autour de l’église Saint Malo ce sont les restaurants crêperies et fast-food, on peut même trouver du fish and chips britannique.

Sur le parvis de l’église Saint Malo, un homme s’étale, ses santiags ferrées ont-elles glissé sur le granite rendu glissant par les premières gouttes de pluie ou a-t-il une démarche embrumée ? Dans l’église, une femme plantée devant la statue de la Vierge,invective la Madone avec véhémence. Dans son discours incohérent,  elle parle d’un certain André, celui qui s’est étalé ?

Anne de Bretagne

Anne de Bretagne a posé la première pierre  de l’église dont le toit n’ été ouvert de pierres  qu’au 19ème siècle. Là aussi, les vitraux datent du 20ème siècle, sont  moins originaux et moins colorés qu’à Saint Sauveur. Cette vaste église n’est pas des plus passionnantes.

Rue du Jerzual

Sur le conseil du guide Gallimard nous descendons la rue du Jerzual aux pavés inégaux et aux maisons anciennes, maisons à colombages et maisons de pierres, jardins et vergers de pommiers, la rue tourne, les maisons sont de guingois, des artistes travaillent dans les galeries et les ateliers. La maison du potier est très fleurie ses productions sont amusantes : théières ou soupières en citrouille avec des escargots qui grimpent, énorme théière-luminaire aux fenêtres de contes de fées, Hansel et Gretel avec les petites fenêtres, les personnages ont une esthétique un peu convenue mais la vitrine est charmante. Des bronzes filiformes dans une autre galerie, des danseuses de bois  ou de bronze. Des bijoux, des sacs à main en fermetures-éclairs, rien d’exceptionnel mais une animation sympathique.  La rue passe sous la Porte de Jerzual, une grosse tour percée d’une arche gothique, et continue hors les murs, encore plus pentue, plus agreste mais avec quelques très belles maisons dont une qui a à l’étage des greniers de bois à clairevoie très originaux et un toit avec des tourelles pointues.  J’arrive au port où sont amarrés des bateaux de plaisance. C’est là que nous piqueniquons en face des remparts et le viaduc.

porte du Jerzual

L’après midi est ensoleillée, contredisant les prédictions  météo. Je tente un tour des remparts, malheureusement incomplet. J’apprends le vocabulaire militaire : courtine (mur reliant deux bastions), escarpe, contrescarpe, mots charmants recouvrant une réalité moins joyeuse.

Sur le GR 34 : de l’Anse du Guesclin au havre de Lupin

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sur le sentier côtier

Quelques gouttes, un bel arc-en-ciel sur la mer. Sous ma cape verte? je trouve le sentier côtier à l’extrémité de l’anse Du Guesclin. Il s’élève sur la falaise, protégé par une haie de pruneliers dans lesquels on a pratiqué une entaille. Les prunelles  à terre, sont ridées. Peut être sont elles comestibles ? J’en goûte une puis deux, une gelée leur aurait fait perdre l’âpreté. On pourrait les cueillir et faire de la compote.

Les nuages se dispersent, la mer est bleue.  Après la pluie, la terre est glissante dans les descentes, aujourd’hui je préfère le côtes. D’ailleurs, je ne fais que cela monter et descendre. Les prunelliers sont remplacés par des ajoncs fleuris. Trois quarts d’heure plus tard, sur une belle plage, une famille construit un château de sable. Un escalier de bois permet de remonter sur la colline et immédiatement  je trouve une deuxième anse de sable d’or. La pointe de Meinga s’avance dans la mer,couverte de fougères brunies et d’ajoncs. A la pointe je découvre de nombreux rochers, îlots, îlets et une très belle plage de plus d’un kilomètre et demi  qui forme un tombolo jusqu’à l’Ile Besnard. Je retire mes grosses chaussures et marche pieds nus dans le sable mouillé.

A l’abri des rochers de l’Ile Besnard,  nous trouvons un coin ensoleillé à l’abri du vent pour un pique-nique de luxe : les meilleures langoustines des vacances, achetées à la plage de la Houle à Cancale,  et des crevettes sous l’œil d’un goéland pas du tout farouche qui préfère les têtes de langoustines à celles des crevettes qu’il dédaigne. Pour dessert des palmiers à la framboise.

marée basse

Après déjeuner je fais le tour de l’île.  La baie, le Havre de Lupin, est découvert à marée basse, de nombreux pêcheurs à pieds fouillent le sable, le ratissent, ou pêchent les crevettes.

les rochers sculptés de l’abbé Fouré à Rotheneuf

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Entrée du site à côté d’un  restaurant classieux, cher,  jardins modernes dans des jardinières de bois brut.

Le site est  escarpé, pour l’heure peuplé avec de gens bruyants qui escaladent les figures de granite qui couvrent la pente.

On reconnait une sorte de monstre qui ressemble à une lotte, des hommes chapeautés des femmes potelées aux membres courts. Amusante imitation des bas reliefs khmers : un homme tire les cheveux à une femme, cela nous n’avons vu à Angkor, ce que nous n’avons pas vu c’est qu’il donne un coup de pied aux fesses de la femme, à côte une pagode et des palmiers.

le Musée Historique du chateau de Saint Malo

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Le Musée de Saint Malo se trouve au château.

Une tour est consacrée aux corsaires et à la marine : on voit les outils des ouvriers de voilerie, avec une paumelle qui sert de dé et protège la main de l’ouvrier. Outils des charpentiers et des menuisiers, avec de très belles figures de proue.

Dans la présentation de  la pêche à la morue sur les bancs de Terre Neuve, des maquettes de Terre-neuvas à voile et à moteur, hameçons pour les morues mais aussi pour pêcher les appâts… on voit aussi la maquette de la cale-sèche  de la Rance que j’avais vu sur le sentier allant de Le Minihic à la Richardais.

Les peintures du XXème siècle sont de qualité : Othon Friez, La Priseuse de François Millet, un grand tableau pointilliste de Signac., De grand tableaux consacrés à Charcot et  aux expéditions polaires du Pourquoi Pas n’ont aucune prétention artistique mais sont documentaires.

La grosse tour  raconte l’histoire de Saint Malo. Une salle présente des objets ecclésiastiques et un portrait de Lamennais. Au dessus, la salle XIXème siècle est consacrée à Chateaubriand et Surcouf qui étaient contemporains.  Au deuxième niveau XVII et XVIIIème siècle, le temps où les Malouins régnaient sur les mers avec la figure emblématique : Duguet- Trouin.

Au sommet de la tour, un grand tableau du début du XXème montre l’entrée d’Anne de Bretagne à Cancale : Hénin et à cheval. Pas de prétention artistique, du documentaire.