Deux folles heures en compagnie de Beatrice (Valeria Bruni Tedeschi) d’une famille aristocrate toscane et de Donatella (Micaela Ramazzotti) dans une maison de repos fermée où elles sont soignées sous un placement judiciaire.
Beatrice se comporte comme la propriétaire de la villa Biondi et se promène sous une ombrelle improbable. Elle prend sous sa protection Donatella , une nouvelle arrivante et l’entraîne malgré elle dans une folle équipée. Les soignants sont d’une grande bienveillance tandis que les deux amies en cavale accumulent les aventures.
C’est distrayant, émouvant, souvent drôle. Un film réussi sans grande prétention.
Quand je suis allée à Corleone je n’avais jamais vu le Parrain. Grave lacune que j’ai réparée dès notre retour! Extraordinaire Marlon Brando! En revanche vu très peu de Sicile et beaucoup de violence. Au moins maintenant je comprends un peu mieux ce que Mafia veut dire même si c’est la Mafia à l’ancienne où les hommes d’honneur refusent de tremper dans les narcotiques et semblent se contenter des salles de jeu – péché véniel!
De retour de Cefalù, j’ai emprunté le DVD à la médiathèque pour retrouver le décor du film. J’ai reconnu le port, dans une merveilleuse scène de cinéma de plein air avec des spectateurs dans les barques des pêcheurs. J’ai reconnu le château de Castelbuono, pas Lascari où l’on a aussi tourné.
J’ai surtout vu un très beau film d’apprentissage où Toto, enfant orphelin et pauvre trouve le rêve dans la cabine d’Alfredo le projectionniste, l’amitié et l’affection et un métier.
Un grand film d’amour pour le Cinéma! Malheureusement je ne suis pas assez cinéphile pour reconnaître les séquences des classiques du cinéma, ni les répliques célèbres, ni les baisers que le curé voulait tant censurer.
Que pensent les femmes de l’état de guerre permanent qui règne à Gaza?
Comment vivent-elles?
Elles vont chez la coiffeuse, l’esthéticienne, se font maquiller, épiler. Dans le petit salon Christina, elles sont nombreuses. Il y a la mariée, sa mère sa belle-mère. Il y a aussi une divorcée – Hyam Abbas (je suis fan) et puis deux autres groupes de trois femmes, venues, on ne sait pas pourquoi, surtout celle qui refuse d’ôter son voile et qui ne veut ni se faire couper les cheveux, ni se faire épiler, encore moins maquiller… Sans doute pour sortir de chez elles, pour bavarder, médire des maris.
Un lion devant le salon, situation loufoque. L’amoureux de la belle esthéticienne le tient en laisse, une autre faction veut le reprendre. Les rivalités factieuses tournent mal. On se bat avec des armes de guerre….pour un lion.
L’électricité est coupée, la climatisation tombe en panne. Le huis clos devient étouffant.
L’arme de ces femmes : l’humour! C’est finalement très drôle.
Mandarines est-il un film estonien ou géorgien? Il se déroule en 1992 en Abkhazie. Savez-vous où se trouve l’Abkhazie? Étrange, cette communauté estonienne dans le Caucase! Montagnes sauvages où poussent agrumes et palmiers à l’ombre de montagnes couvertes de neige. Obscure guerre opposant des Tchétchènes et des Géorgiens, alors que des forces russes sont aussi engagées, ainsi que des Abkhaziens… Et ce n’est pas le film Mandarines qui va nous éclairer. Mosaïque de communautés qui s’entre-déchirent mais se comprennent très bien, en Russe. Chrétiens et Musulmans, mais tous hommes de paroles. Les femmes ont disparu de la montagne, il ne reste plus qu’une photographie sur le buffet d’une ravissante jeune fille.
Que font les Estoniens dans cette guerre? Ivo, menuisier confectionne les cagettes dans lesquelles Margus conditionnera ses mandarines. Margus ne peut se résoudre à abandonner son verger couvert de fruits, il demande l’aide des militaires pour cueillir les mandarines, Russes ou Abkhazes? Peu importe pourvu que les fruits soient récoltés. Juhan est médecin, il partira en Estonie dès que possible.
Une camionnette géorgienne est attaquée par deux Tchétchènes devant la plantation de Margus. Ivo enterre les morts et sauve deux blessés : Ahmed, le Tchétchène et Nika le Géorgien qu’il soigne et couche dans deux chambres séparées de sa maison. Ahmed qui est conscient ne songe qu’à venger son ami et à tuer le Géorgien touché à la tête, inconscient. Ivo obtiendra la parole de chacun des ennemis qu’ils ne se tueront pas sous son toit. Une étrange communauté se soude : deux estoniens, et les deux ennemis…
Un film pacifiste, humaniste avec de magnifiques acteurs.
2H24 De couleurs, de musique de cirque, de danses de fou-rires, de très belles images colorées
2h24 de cinéma burlesque sur les traces de Fellini ou de Kusturica
Du théâtre aussi, puisque nous suivons une troupe ambulante qui joue deux pièces de Tchekov endiablé avec de la vodka qui tombe du plafond dans un lustre tandis que les acteurs distribuent les victuailles de la noce….
Du cirque avec un numéro d’acrobatie, un monsieur Déloyal – très déloyal ….
2h24 de Carnaval – selon Cinéma dans la lune – où les valeurs sont inversées, où tout est permis..
2h24 de déconnade où toutes les bêtises dont vous avez rêvé – ou pas – se succèdent : chevauchée des caravanes, voitures et camions avec dépassements très limites, téléphone au volant que dis-je, ordinateur sur le volant, bataille avec la nourriture, couscous qu’on se lance joyeusement à la figure, bouses de vaches sur la scène, enfants qui fouillent les sacs à main, femme vendue aux enchères (cela c’est pénible), scènes de ménage au mégaphone…
En hommage à Ettore Scola, Arte a programmé dernièrement Une Journée Particulière que j’ai revu avec grand plaisir.
Contrairement à certains films-cultes des années 60 ou 70 dont j’avais gardé un excellent souvenir et qui ont mal supporté le temps qui passe, Une Journée particulière n’a pris aucune ride. Au contraire! A l’époque, j’avais fait beaucoup moins attention à la bande-son qui accompagnait de loin l’histoire. la grande Histoire est encore plus présente que dans mon souvenir. Ou peut-être suis-je plus réceptive maintenant? La bande annonce italienne me paraît encore plus pertinente.
Admiration pour les deux immenses acteurs, d’une classe inouïe. Et grand bonheur de retrouver dans les archives cet interview de Sophia Loren:
Mais le reste du film était bien flou dans ma mémoire. De retour de Rome j’ai eu très envie de le revoir.
Le prologue avec la statue du Christ héliportée a un goût de déjà-vu, déjà-vu dans la vraie vie, à Carrare, il y a une trentaine d’années j’ai vu une telle statue transportée (mais pas en hélico), l’ai-je rêvée? Association d’idée, Lénine sur sa péniche dans le Regard d’Ulysse d’Angelopoulos?
Sublime Anouk Aimée, mystérieuse et blasée dans cet univers mondain de Dolce Vita où Marcello Mastroianni et ses copains paparazzi tirent leur subsistance pour un journalisme mondain agressif .
Avec le temps, Mastroianni, latin lover, dilettante, homme de lettres ou parasite, a perdu beaucoup de son charme. Anita Ekberg aussi, en charmante idiote, fantasme nordique et blond des italiens excités. Le monde a changé, les sex-symboles n’y ont plus la même place.
Si le film a conservé sa magie, c’est à la ville qu’il la doit! A la Fontaine de Trevi, aux ruelles qui l’environnent, au mélange de cinéma et de vie populaire.
Une année à Tokyo, rythmée par les saisons, commencée à la floraison des cerisiers. Une ville fortement urbanisée avec un train (métro?) mais aussi des vélos, des jardins….Une échoppe qui vend des pancakes fourrées, les dorayakis appréciés par les collégiennes . Un cuisinier au regard triste, une vieille dame enthousiaste, une écolière solitaire forment une équipe hétéroclite et solidaire. On est d’abord capté par la recette de ces Délices de Tokyo. Puis se dessine une histoire forte, pleine de secrets que bien sûr je dévoilerai pas!
Ne pas oublier de prendre la recette de ces Dorayakis disponible au comptoir du cinéma.
2h33, d’une enquête minutieuse avec images d’époque (images de caméras de surveillance auxquelles nous nous sommes malheureusement habitués), reconstitutions avec sang, et sirènes , auditions des témoins, interrogatoires répétitifs….archives de télévisions.
L’enquête ne cherche pas le coupable. Nous le connaissons, Yigal Amir ne nie pas le meurtre, il le revendique. Le faits, non plus, l’assassinat s’est fait devant foule de témoins.
L’enquête de la Commission officielle cherche à établir les défaillances du système de sécurité. Qui a été négligent? La police, les services secrets, la garde rapprochée, le chauffeur. Tous seront interrogés sous nos yeux. Le juge pointilleux lève des contradictions dans leurs discours, met en évidence des failles. Jamais le contexte politique ou religieux ne sera analysé. Ce n’est pas faute d’avoir été questionné par les témoins. La Commission n’enquêtera pas là-dessus. Ce n’est pas sa mission!
Et pourtant alors, comme maintenant, la question importante est celle-ci: qu’est-ce qui a permis et même légitimé aux yeux de certains l ‘assassinat de Rabin?
Comment la violence inouïe qui régnait alors dans la rue, avec appel au meurtre, cercueil promené publiquement, menaces ouvertes, n’avait-elle aucune part dans les causes de l’assassinat.
Violence y compris dans l’enceinte de la Knesset, où l’opposition ne laissait pas le Premier Ministre s’exprimer. Délégitimation du gouvernement démocratiquement élu. Analogie avec Pétain…appels à la résistance.
Violence de la colonisation
Condamnations religieuses, malédictions d’un autre temps. Je n’aurais jamais imaginé qu’au XXème siècle une malédiction proférée par quelques barbus pût aboutir. Quoique au 21ème….Cela rend ce film encore plus nécessaire!
Non ce n’est pas un thriller comme la bande-annonce le suggère. Ce serait plutôt un opéra funèbre.
Amos Gitaï a construit le documentaire, il le dit lui-même, comme un architecte. Ce n’est pas un documentaire-télé mais une oeuvre magistralement construite. En ouverture, une longue interview de Shimon Peres trouve son symétrique avec les mots de la fin de la veuve, Lea Rabin. Habilement entremêlées les images d’archives et la fiction, le sang qu’on ne voit jamais à la télévision, présent comme dans un film, qui heurte et nous choque. Lancinantes les phrases du juge. Les longueurs ne sont-elles pas voulues?
Ma première émotion a été de retrouver a voix de Rabin inoubliable.