La Vieille Havane : Place d’Armes, Forteresse royale – place de la Cathédrale – Musées

CUBA – vendredi 13 février après la sieste

Au pied de la forteresse musique et danses

Sieste jusqu’à 15 h. Le décalage horaire se fait sentir.

La Place d’Armes est maintenant pleine de touristes ; dans les bars des petits orchestres jouent de la musique partout.

La Forteresse Royale (Real Fuerza) a belle allure. Reconstruite au 16ème siècle dans un beau calcaire fossilifère, beaux madréporaires. Au rez de chaussée, exposition de céramiques contemporaines. Certaines classiques : vases et plats émaillés, d’autres plus originales : une machine à écrire et de curieux livres de terre, aussi politiques : un globe terrestre posé sur des crânes humains, un œuf avec un bébé à l’intérieur tétant le sein, des images violentes. Nous montons sur la terrasse admirer le panorama. Et découvrons un marché. On y vend des souvenirs pour les touristes : sculptures de bois de style africain, des bijoux sans intérêt, de la vannerie et de très beaux linges, chemises d’homme à plastron plissé, combinaison de femmes en percale blanche brodée, pantalons blancs …Un orchestre noir et deux danseuses animent une petite place . Je ne résiste pas à la tentation de photographier la danseuse noire qui agite des branches de verdure. Elle vient me réclamer la pièce,  quelques pesos  ont l’air de la contenter.

Place de la cathédrale

Nous passons à côté d’un très beau bâtiment baroque, le Séminaire en activité, qui ne se visite pas. La Place de la Cathédrale est bordée de très belles arcades d’un côté. Nous photographions la cathédrale à travers la colonnade et les bougainvillées roses. Une belle terrasse de café occupe une bonne partie de la place, des musiciens jouent, des femmes en costume folklorique, des fleurs dans les cheveux, avec des turbans africains ou antillais portent des paniers, elles se font photographier par les touristes .Les vieilles fument d’énormes cigares. Une vieille a même habillé un petit chien en l’affublant de lunettes de soleil et d’un tournesol artificiel.

De la Cathédrale, nous retournons à la Place d’Armes où nous visitons le Musée de la Ciudad dans le Palacio de los Capitanes Generales. Autour d’un beau jardin avec des paons, les arcades s’élèvent sur trois niveaux. Une gardienne nous fait les honneurs des salles d’apparat, nous montre les baignoires sculptées, le Trône, les meubles magnifiques venant d’Espagne et…. saisit  l’appareil photo et d’autorité me photographie . Ce qui m’intéresse le plus ce sont les souvenirs des guerres d’Indépendance de Cuba. Nous faisons connaissance avec les personnages de ces guerres Cespedes, Marti. Nous voyons les drapeaux américains de cette guerre contre l’Espagne et prenons contact avec une histoire complètement ignorée.

Enfin, nous passons par l’église San Francisco, par les portes ouvertes nous voyons l’intérieur sobre mais renonçons au Musée d’Art sacré. La Vieille place plaza Vieja : très très vaste. Pas de touristes, beaucoup d’enfants, des gamins jouent au ballon, d’autres ont une trottinette et des patins à roulette. Au centre une fontaine, une exposition de sculptures modernes gigantesques en fer rouillé.

La malédiction du Vendredi treize a encore frappé : le guide  Gallimard a disparu. je retourne en vitesse à la Plaza Vieja par le chemin le plus direct : Obrapia (sur laquelle donnent les fenêtres de notre chambre) Santo Ignacio . je suis contente d’arriver à me repérer dans notre quartier.  Le livre est passé par pertes et profits. Le réceptionniste nous monte dans la chambre une salade de poulet et des calmars pour 10 $. Après le dîner, nous faisons un dernier tour : Place d’Armes et le petit Temple grec qui commémore la fondation de La Havane. Nous longeons les docks (un cargo rouillé sur l’autre rive) et rentrons par la Plaza Vieja espérant retrouver Gallimard. Les rues sont désertées par les touristes mais il y a de la musique dans tous les bars.

Si les péripéties de la journées ne nous ont pas permis de visiter sereinement et méthodiquement la Vieille Havane en suivant studieusement les itinéraires des guides comme nous le projetions, en revanche nous avons ratissé le quartier et découvert au hasard des maisons peintes à balcons, des moulures et stucs Belle Epoque, des façades baroques ou coloniales, sans parler des vitraux en demi cercle surmontant souvent les fenêtres.

 

 

La Havane : Emplettes diverses rue Obispo

CUBA –   Vendredi 2713 février 2004

Rue Obispo

Sans être superstitieuses, ce vendredi 13 ne nous porte pas chance !

Comme de juste, avec le décalage horaire, nous nous réveillons bien trop tôt vers 4 heures du matin. A 5h, impossible de se rendormir.

Le petit déjeuner est servi dans le patio : une corbeille de petits pains frais, une assiette de fruits : papaye, ananas, pamplemousse en tranches, tortilla et très bon café. Je me livre à l’inventaire des fougères et plantes tropicales qui dégringolent de la galerie.

Il fait frais, la lumière est délicieuse. L’appareil photo est inanimé. Avant tout, faire l’acquisition d’une pile. Et d’une carte de téléphone. La rue de l’hôtel Oficios bordée de belles maisons de pierre coloniales conduit à la Place San Francisco, très vaste et déserte ce matin. L’église et sa fontaine de pierre font face à un très grand immeuble début 20ème siècle, une grande banque et une Poste où nous devrions trouver la pile et les cartes de téléphone. Rien, nada!  les rayonnages sont déserts ni carte (malgré un écriteau) ni pile !

Obispo : hôtel Ambos Mundos où Hemingway a séjourné

Nous consultons nos plans assises dans un très joli jardin public,  Place d’Armes occupée par: au centre la statue de Cespedes, ornée de 4 fontaines de pierre, et de palmiers très hauts et d’arbres magnifiques .

Boutiques et maisons de la calle Obispo (montage)

La rue Obispo, est une artère commerçante. Mais  magasins n’ouvriront pas avant 9h30. J’entre dans les Hôtels : Ambos Mundos, celui qui abrite la chambre Musée d’Hémingway   et au Florida qui nous vend deux cartes téléphoniques de 10$ . Nous trouvons rapidement une cabine téléphonique Pour appeler la France :  119 33 et le numéro sans le 0. Jusque là, tout va bien. La Calle Obispo commence à se peupler. Il semble que les Cubains arrivent en avance au boulot et se massent devant les entrées des magasins et des bureaux avant l’ouverture.

Pour la pile, c’est beaucoup plus compliqué. Aucun magasin ne vend de pile. Il y a des boutiques de vêtements de luxe, des librairies, des cafés, des bazars mais pas de magasins de photos ni d’électricité. Dans les boutiques pour Cubains, les rayonnages de bois sont vides. Ceux du  Cap Vert étaient mieux achalandés ! du rhum, quelques biscuits secs sinon rien ! Pas de fruits, une boucherie déserte. Deux échoppes d’horlogers prétendent d’après un  écriteau, réparer presque tout, mais elles sont vides.  Au bout d’Obispo, le Floridita, le bar d’Hemingway est fermé.

Pause dans le jardin du Parque Central. Au loin, nous reconnaissons le Capitole. De l’autre côté de l’avenue l’hôtel Ingleterra et l’Opéra. Belles façades Belle Epoque très surchargées en stuc et sculptures. Nous nous installons sur des bancs de pierre à l’ombre d’arbres magnifiques. Ici aussi, des fontaines rafraîchissantes. Un couple s’adresse à nous en Français, elle métisse aux cheveux courts teints en blond, lui très grand. Ils sont très contents de trouver des français et répètent inlassablement « à La Havane, pas de problème, 3 millions d’habitants, un million de policiers, pas de maffia, pas d’insécurité ». Ils vantent les chambres particulières et les paladares. Puis expliquent « A Cuba trois monnaies, le dollar, le peso national, ce n’est pas pour vous, et le peso convertible » c’est assez clair, leur but est de nous amener à changer des dollars pour des pesos convertibles. Ils connaissent un endroit au quartier chinois. Ce n’est pas notre première préoccupation, nous cherchons une pile pour l’appareil photo. Ils nous emmènent donc à un magasin qui en vend en nous faisant passer par des rues désertes très délabrées où les voitures ne peuvent pas circuler à cause de trous immenses. Nous trouvons notre pile et de l’eau fraîche. Après les achats nous leur faussons compagnie, ils demandent une commission. Je suis assez mal à l’aise de les planter ainsi mais le quartier chinois n’entrait pas dans nos plans. En longeant le Capitole nous retrouvons le Parque Central très rapidement

Déception, avec la nouvelle pile, l’affichage électronique de l’Olympus clignote mais le flash reste immobile et le zoom inerte. La panne doit être plus grave.

J’aurais bien photographié l’Opéra, très kitsch, très très pâtisserie. Ce soir, on donne la Traviata, dans ce décor cela m’aurait bien plu.

Retour sur Obispo chez les horlogers réparateurs polyvalents. Je confie l’appareil à l’un d’eux. Selon lui, la pile ne serait pas bonne. Nous n’avions que moyennement confiance dans le magasin minable. Peut être est elle périmée ? On nous dirige vers le grand magasin Harris Brothers où nous trouvons une autre pile, encore une déception mais on ne peut pas se faire rembourser. J’achète deux jetables. Puis je regrette, j’essaie d’échanger les jetables contre un petit appareil bon marché Pas question ! à Cuba on n’annule pas un article passé en caisse . Nous restons avec les jetables.

les bouquinistes de la Place d’Armes

Une foule dense occupe maintenant Obispo, des échoppes de sandwiches sont ouvertes (pour nous c’est trop tôt). Les boutiques ouvertes semblent plus avenantes. Je commence à photographier les façades peintes. Sur une placette fleurie des oiseleurs vendent des oiseaux dans des cages. Les bouquinistes ont installé leurs étals sur la Place d’Armes. Tous ces livres me fascinent : œuvres de Lénine, de Che Guevara en bonne place ainsi que Garcia Marquez ; Il y a aussi de vieilles éditions avec de belles reliures. Un marchand très jeune, style étudiant me montre un traité de Charcot sur les maladies cérébrales. De nombreux fascicules sur la Flore et la Faune de Cuba me tentent.

Je retourne à l’hôtel chercher mon chapeau de paille, il est passé onze heures et le soleil tape. A la réception je raconte mes mésaventures avec l’appareil photo, espérant qu’on m’indiquera un dépanneur : Habana-photo derrière la Place d’Armes semble la bonne adresse. Ce sont de vrais photographes. Malheureusement, leur diagnostique est fatal. La pile est bonne, ce sont les contacteurs qui sont fichus. Cela ne nous étonne qu ‘à moitié, après le nettoyage au compresseur au Maroc .Il ne reste plus qu’à en racheter un neuf ! Mais la boutique ne prend pas la Carte Bleue. Je cours à la banque place San Francisco. Le mauvais sort du vendredi 13 me poursuit : panne informatique ! Je rachète presque le même Olympus pour 254$ (La boutique  hors taxe de Charles de Gaulle avait des modèles plus perfectionnés pour 99 €).

 

 

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Créteil/la Havane arrivée à l’Hôtel Valencia

CUBA – Vendredi 12 février 2004

Hôtel Valencia : patio

Départ de Créteil   9h arrivée à Roissy à 9h45. Enregistrement des bagages  10h15. Embarquement,12h35 ; l’avion ne décolle qu’à 14.15.

10 heures de vol, c’est très long ! Dominique a demandé un siège près de l’issue de secours pour étaler ses jambes. Pour l’obtenir, il faut parler anglais ! L’inconvénient est que nous sommes en face des toilettes et qu’il y a un va et vient incessant.

Cette journée interminable ne me déplaît pas, j’ai besoin de cette transition pour lire les guides. J’ai lu de la littérature mais  n’ai pas encore préparé les  visites  de demain à la Havane.

Arrivée à la Havane à 24h15 ( heure de Paris) 18h15, heure locale. Les formalités terminées, le taxi fonce dans la nuit. Je vérifie au passage ce qu’on annoncé les guides : les belles voitures américaines, les bus à rallonge à deux bosses comme des chameaux, les panneaux et inscriptions politiques vantant l’électrification et l’eau potable pour chacun, la défense de la Révolution et la Lutte contre l’Impérialisme . Ce qui n’était pas prévu : une pollution suffocante.

Le taxi passe devant le Monument de Marti, Place de la Révolution puis sur le Malecon. Avec le plan sur les genoux,  premiers repérages dans la ville. Il stoppe à l’entrée de la zone piétonnière de la Habana Vieja. Nous terminons à pied. La valise ne roule pas sur les pavés. Dominique porte le gros sac à dos à bout de bras. Un homme nous aide, entre dans l’hôtel puis disparaît.

Hôtel Valencia : du balcon de la chambre

L’Hôtel Valencia occupe un palais de pierre avec un patio verdoyant tout dégoulinant de plantes. Notre chambre est tout à fait extraordinaire. Au premier étage d’une galerie couverte autour du patio. Au lieu d’un numéro, un nom : Onteniente. La haute porte en bois, plutôt un portail) laqué vert foncé s’ouvre à deux battants, avec ses trois panneaux elle mesure au moins 3.5 m . Le plafond de bois vert incliné monte au moins à 6 m . La  chambre  est très vaste, murs crème, boiseries vertes. De la faîtière est suspendu un très grand ventilateur blanc à trois pales et au bout d’une lourde chaîne, un lustre en fer forgé avec six petites lampes sur des coupes de faïence à motif floral. Le mur, face aux lits, est curieusement aménagé : un beau miroir encadré de carreaux blancs et verts domine une paillasse blanche carrelée avec lavabo et minibar. Dans les murs trois niches : W-C, douche et un grand placard. Les portes des niches sont des portes battantes qui ressemblent à des persiennes. Un paravent canné laqué vert cache la fenêtre surmontée d’une rosace de verre cathédrale. La fenêtre est barrée tout simplement d’une barre de bois. Nous nous aventurons avec précaution sur le balcon (tout semble délabré !).

rosaces et vitrail comme dans notre chambre (mais c’est dans un musée)

De l’autre côté de la rue nous découvrons les logements des Cubains par les fenêtres ouvertes. L’un d’eux semble très modeste : toile cirée, canapé de skaï élimé, coussins de mousse synthétique même pas recouverts. Plus loin, un autre est tout à fait décoré : les balcons descendent des bougainvillées, un rectangle coloré en vitrail coloré est suspendu au dessus des fleurs, à l’intérieur de beaux meubles de bois sombre, une lampe Tiffany . La femme qui habite là prend le frais en short orange et débardeur. Elle me fait signe.

Première promenade dans notre quartier, les rues sont vides, les terrasses des cafés de la Place d’Armes attendent les clients. Il est huit heures, trop tôt ? Ou trop tard ?

Nous sommes fatiguées et nous couchons à 9 (3 heures du matin pour nous).

 

Hérétiques – Leonardo Padura

LECTURE CUBAINE

Les blogueurs-ses qui ont participé au mois de Lectures  Sud Américaines m’ont donné envie de relire Padura et de retourner virtuellement à La Havane. Hérétique attendait sagement dans la liseuse depuis que j’avais terminé L’Homme qui aimait les chiens. Comme c’est un pavé (657 pages) j’attendais l’occasion.

Hérétiques s’ouvre avec le Livre de Daniel, en 1939 avec l’arrivée du Saint Louis au port de La Havane, avec à son bord des centaines de Juifs polonais et allemands fuyant les nazis, munis de passeports et visas achetés chèrement. Les autorités cubaines corrompues cherchant à monnayer leur débarquement ont fait monter les enchères puis les ont renvoyés (avec la complicité américaine) à Hambourg d’où ils furent déportés et exterminés. Daniel Kaminsky originaire de Cracovie a eu la chance d’arriver à La Havane auparavant.

En 2007, le fils de Daniel, Elias charge Mario Condé – ancien policier – d’éclaircir un certain mystère couvrant la fuite de Daniel à Miami en 1958 et la disparition d’un authentique Rembrandt en possession de la famille Kaminsky depuis le 17ème siècle, emporté par le parents de Daniel sur le Saint Louis, qui aurait dû leur sauver la vie en payant leur passage. Daniel, apprenant le destin de ses parents, morts à Auschwitz, décide de ne plus être juif et de s’intégrer comme cubain. Elias confie à Condé l’histoire de sa famille, lui demande de retrouver sa famille.  Daniel est un des hérétiques que le lecteur rencontrera, mais ce n’est pas le seul. 

Rembrandt : La ronde de nuit

Le Livre d’Elias se déroule à Amsterdam en 1643. Amsterdam est considérée comme la Nouvelle Jérusalem par les Juifs séfarades venus d’Espagne et du Portugal. Il ont trouvé aux Pays Bas une tolérance qui permet à la communauté juive de prospérer. Elias veut devenir peintre, il a choisi son maître : Rembrandt. Peindre est une hérésie pour un juif du 17ème siècle! Elias doit apprendre dans la clandestinité.  Rembrandt convaincu de la volonté de son apprenti le fait passer pour un domestique. Elias doit cacher ses œuvres. Lorsqu’elles seront découvert un procès le menace. Si la société cosmopolite et mélangée des Pays Bas est tolérante, il n’en est pas de même à l’intérieur de la Communauté Juive. Spinoza fut jugé et condamné, et Uriel Da Costa avant lui. Plutôt que le jugement, Elias s’enfuie en Pologne où il est rattrapé par une série de pogromes et une épidémie de peste. 

Rembrandt comme hérétique ?

« ….peindre comme Rubens. Mais je suis aussi devenu un homme un peu plus libre. Non, beaucoup plus libre…
Cependant, écoute-moi bien, la liberté a toujours un prix. Et il est généralement trop élevé. Quand je me suis cru
libre et que j’ai voulu peindre comme un artiste libre, j’ai rompu avec tout ce qui est considéré comme élégant et
harmonieux, j’ai tué Rubens et j’ai lâché mes démons pour peindre La Compagnie du capitaine Cocq pour les
murs du Kloveniers. Et j’ai reçu le juste châtiment pour mon hérésie : plus de commandes de portraits collectifs,
car le mien était un cri, une éructation, un crachat… C’était un chaos et une provocation, dirent-ils. Mais moi je
sais, j’en suis même persuadé, que j’ai réussi cette combinaison insolite de désirs et de réalisations qu’est un
chef-d’œuvre. »

Le Livre de Judith raconte l’enquête que Condé mène à la suite de  la disparition d’une jeune fille à la Havane en 2009. Accident, enlèvement, fuite vers la Floride ou suicide? La jeune fille fait partie d’une secte, les émos, d’allure gothiques, punks,  nihilistes et souvent drogués. Hérétiques les émos ou en quête de liberté?

d’une quête de liberté qui débouchait finalement sur sa négation, car il ouvrait les grilles d’autres prisons,
d’après lui, militant agnostique et, sans aucun doute, pré-évolutionniste. Le plus cuisant était de découvrir que,
ces dernières années, il avait vécu dans la même ville que ces jeunes, sans guère s’attarder à les observer car il
les voyait comme des espèces de clowns de la postmodernité, acharnés à s’écarter des codes sociaux en
s’affichant notablement différents, et il ne leur avait jamais concédé la profondeur d’une réflexion et d’objectifs
libertaires (libertaires plus que libérateurs, il se conforta dans cette idée, convaincu du caractère anarchique de
leurs quêtes). Malgré les fers qu’ils se mettaient eux-mêmes. Mais c’était les leurs, et cela faisait toute la différence. 

Ces trois histoires pourraient presque se lire indépendamment les unes des autres. Le tableau de Rembrandt est le lien entre elles. Le thème de l' »hérésie » peut se lire sous différents points de vue, hérésie religieuse, mais aussi politique et sociale.

Toutefois, Padura donne le meilleur quand il décrit la vie à La Havane et que Mario Condé et sa bande de copains partagent rhum et cigarettes bon marché dans une convivialité communicative. Sa critique du régime est sensible : corruption inexcusable, mais empathie avec les cubains fidèles malgré tout à leur île.  Désespérance mais chaleur humaine…

Aquarelle cubaine

Vinalès : mogotes et séchoir à tabac

Depuis la Pandémie, mes voyages lointains ne peuvent être que virtuels. Heureusement l’Hexagone recèle de belles régions pour partir en vacances. Pour l’exotisme, il faudra encore patienter.

En attendant, je feuillette mes carnets de voyage, je remets à jour certains, complète mon blog, scanne les photos-papier,  sauvegarde les fichiers.

Cuba avait disparu de mon blog, les photos sont argentiques. Belle occasion de me plonger dans mes souvenirs et de les raviver.

J’aimerais exploiter le temps que je ne passe pas au cinéma, dans les expositions, à peindre. Mais je n’y arrive pas. Je ne suis pas artiste, seulement observatrice. Dessiner me permet d’ouvrir les yeux, d’analyser. A distance cela n’a guère de sens.

Esto es lo que hay, chronique d’une poésie cubaine – Lea Rinaldi

TOILE NOMADE

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Un tour à Cuba en musique cela ne se refuse pas! Le titre annonçait de la poésie. Le résumé du hip hop et du rap. Si j’apprécie le hip hop, le rap me casse souvent les oreilles.

J’ai tenté et bien aimé. Ces musiciens dégagent une énergie et une chaleur incomparable. Parce qu’il en faut de l’énergie à la Havane, pour se produire lorsque leur concerts sont interdits, puis permis? Lorsqu’ils veulent diffuser leur musique sur Internet alors que la connexion se fait à la vitesse de la tortue. Ils se veulent libres, déjouent les pièges qu’on leur tend en cherchant à les récupérer. irrécupérables!

Documentaire? Bien sûr, mais surtout un film avec des personnages sympathiques et de temps en temps une sublime image de la Havane qui m’a fait flasher.

ESTO ES LO QUE HAY

 

 

 

L’Homme qui aimait les chiens – Leonardo Padura

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Qui était »l’Homme qui aimait les chiens« ?

 

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Dans ce gros roman, les hommes qui aimaient les chiens sont nombreux: cet homme mystérieux qui promène ses deux barzoïs sur une plage de la Havane, cet écrivain cubain devenu vétérinaire, mais aussi  Lev Davidovitch Trotski, qu’on découvre au début de son errance en exil à Alma Ata avec Maya lévrier sibérien.

 

Trois histoires s’entremêlent donc : celle de Trotski, celle de Ramon Mercader son meurtrier et celle d‘Ivan l’écrivain cubain. Toutes trois sont les facettes de l’histoire socialiste, vues de l’intérieur. La Guerre d’Espagne, les persécutions staliniennes indissociables de l’odyssée de Trotski de Turquie au Mexique en passant par la France et la Norvège et plus récemment l’histoire et la vie quotidienne à La Havane.

barzoi

Une grande leçon d’Histoire, venue du bloc socialiste, histoire différente de celle qu’on raconte en Occident. Leçon de cynisme et de manipulations. La Guerre d’Espagne perd un  de son héroïsme quand l’auteur montre que les combattants staliniens étaient plus occupés à défaire les anarchistes et le POUM qu’à vaincre les fascistes. Le Pacte Germano- soviétique devient plus compréhensible quand il explique que l’état major soviétique décimé par Staline n’est pas prêt pour la confrontation avec les nazis.

« Tout était organisé comme une partie d’échecs (une de plus!)dans laquelle tant de gens – cet individu que j’allais justement baptiser « l’homme qui aimait les chiens » et moi, entre autres – n’étaient que des pièces livrées au hasard, aux caprices de la vie ou aux conjonctions inévitables du destin? Téléologie… »

Padura, auteur de romans policiers, sait faire durer le mystère, sait aussi écrire un thriller dans la plus grande tradition des romans d’espionnage. Il joue aussi avec l’empathie du lecteur qui ne sait plus démêler les identités ou les fidélités. Evidemment, on connait le dénouement pour Lev Davidovitch, on sait qu’il mourra au Mexique, mais comment Mercader réussira-t-il? Et qui est vraiment Mercader? Les noms changent, les identité se forgent, se transforment,les personnalités sont modelées par les services stalinien, l’amour pour les chiens fait aussi partie de la manipulation.

frida kalho affiche

Que dire aussi du plaisir de croiser Frida Kalho, André Breton à Mexico « terre d’élection du surréalisme ».

 

Une autre lecture est aussi possible, la difficulté d’écrire à Cuba, l’autocensure, rejoignant l’argument du Retour à Ithaque – film de  Cantet mais scénario de Padura. C’est en revenant du cinéma que j’ai téléchargé L’homme qui aimait les chiens.

Retour à Ithaque
Retour à Ithaque

 

 

Retour à Ithaque – Cantet – Padura

TOILES NOMADES

retour à la Havane affiche

 

 

 

 

Ithaque, pour Amadeo, écrivain qui n’écrit plus, c’est La Havane. Une terrasse au dessus du Malecon

Il retrouve ses copains après une absence de 16 ans sur la terrasse d’Aldo. Le film commence par des retrouvailles, souvenirs de jeunesse, de fêtes de concerts mais aussi de travaux aux champs. Alors, ils croyaient participer à la Révolution. Ils étaient joyeux, deux écrivains pleins d’avenir Amadeo et Eddy, un peintre reconnu Rafa, Tania ophtalmologiste, Aldo,ingénieur. Ils faisaient la fête ensemble, écoutaient de la musique, même de la musique américaine proscrite….

retour à la havane eddy

Amadeo est parti en Espagne, a perdu l’inspiration.

Pénélope, Angela,  est morte d’un cancer, ce que Tania ne se lasse pas de reprocher.

Cela aurait pu être un film de copains, autour de la nostalgie, des illusions perdues, des souvenirs des années difficiles lorsque les Cubains mourraient de faim. Cela aurait aussi pu être le film de la débrouille, des compromissions. Qui n’en a pas fait dans le groupe? Lesquelles sont avouables, lesquelles non?

retour à ithaque la havane

Padura nous réserve une surprise. Il écrit des romans policiers, une énigme est cachée. Le film tourne au thriller. Huis clos(ou presque puisque nous sommes sur une terrasse où parvient la rumeur de la ville). Pas d’action. Seulement les départs et retour d’Eddy. Unité de temps, le drame se joue en une nuit. Et pourtant un suspens!

le palmier et l'étoile

film adapté du Palmier et l’étoile lu il y a bien longtemps dont le souvenir reste flou mais que je relirais avec plaisir.