Tombes macédoniennes de Vergina

CARNET MACEDONIEN

Arachnée veille sur le Théâtre de Vergina

Vergina,à une quinzaine de km de Veria, est un site archéologique majeur. C’est à Vergina que se trouvaient les palais macédoniens. En 1977, Andronikos mit au jour la Tombe De Philippe II, le père d’Alexandre le Grand.

L’arrivée à Vergina est décevante :un grand parking vide, le petit chalet de l’information touristique en ruine, la guérite du gardien du parking vandalisée. Que se passe-t-il ? Le Palais est fermé, déjà depuis des années, pour restauration « anastylose » dit la dame qui arrose son jardin. Nous ne verrons donc que les photos de la grande mosaïque et des restes du palais. Des tôles protègent les fouilles. Un dépliant décrivant le palais (2ème monument visité après le Parthénon) augmentera nos regrets. Nous cherchons quand même le théâtre antique, cadenassé derrière des grillages rouillés. Un gros chêne, 4 oliviers. La colline n’est pas haute, peu de marches dégagées, c’est plutôt un théâtre fantôme. Une grosse araignée est la gardienne des lieux. Sa toile ferme le trou du grillage par lequel nous pourrions prendre la photo. Est-ce ici que Philippe, au mariage de sa fille Cléopâtre, fut assassiné par Pausanias? La vigne sur laquelle l’assassin a trébuché, n’est plus là. Le site archéologique est couvert de hautes graminées desséchées. De là, on mesure l’ampleur du site archéologique de l’ancienne Aegeai, capitale macédonienne.

tombe macédonienne

Le sanctuaire Eleukia est signalé par un panneau sans aucune explication. Tout est sous tôle. Enfin, contournant un grillage, je découvre ma première tombe macédonienne. Sa façade ressemble à celle d’un petit temple avec des colonnes encadrant les vantaux. Frustrées de Palais nous retournons au village. Les rues conduisant au Musée sont piétonnières. Un parking est situé un peu plus haut. Le gardien  me fait cadeau d’une belle pêche. Je m’émerveille toujours de la gentillesse grecque que l’affluence de touristes n’a pas oblitérée.

sous le tumulus, le musée se cache

Le Musée

Le Musée est un modèle muséographique. Invisible de l’extérieur. Après la billetterie on se trouve dans un jardin planté de lauriers roses, de figuiers, de grenadiers en fleurs. Le tumulus est recouvert d’une pelouse. Les deux couloirs profonds qui s’enfoncent dans le tumulus rappellent au visiteur qu’il va voir une tombe et pas seulement un musée.  Cette entrée me rappelle celle de la tombe de Seuthès, le roi Thrace à Kazanlak (Bulgarie) .

stèle macédonienne peinte

 Le Tumulus a été évidé. Les vastes salles, l’air conditionné, les vitrines modernes sont ceux d’un musée ultra moderne. Rien n’a été fait au hasard. La pénombre est celle des enfers, l’absence de couleurs, figure le Domaine des Ombres. L’archéologue à « mis au jour » ces tombes inviolées mais la scénographie a voulu leur retour vers les ombres. Le visiteur est guidé dans le domaine d’Hadès.

 A l’entrée, les stèles de marbre peintes de macédoniens aux noms clairement visibles – et grecs – vont nous mettre dans l’ambiance. Peinture hellénistique extrêmement sophistiquée avec des nuances de couleurs,  brun, vert, rose, insoupçonnées dans l’Antiquité.

 Le visiteur chemine dans ce cimetière souterrain pour arriver à la tombe de Philippe II . Non pas une réplique, mais la véritable tombe du père d’Alexandre le Grand. Un escalier descend jusqu’à la façade : les vantaux de marbre sont encadrés de colonnes. Au dessus la « frise » est une véritable fresque qui représente une scène de chasse royale : Philippe en compagnie de son fils Alexandre, chasse un lion, un ours et des bêtes sauvages dans l’épaisse forêt macédonienne. Le lion, bien sûr, a disparu depuis l’Antiquité, mais ours et bêtes sauvages rôdent encore.

Remontant dans la grande salle, on découvre les objets retrouvés dans la tombe. Encore une fois, la présentation est très sophistiquée pour que le visiteur prenne la mesure du faste de la cérémonie que le jeune Alexandre a offert à son père assassiné. La cérémonie n’est pas sans rappeler les rites homériques, la mort de Patrocle, les armes d’Achille….

l’urne d’or

Nous ne saisissons pas immédiatement la logique de la scénographie. Tels des insectes éblouis par la lumière, nous allons de vitrine en vitrine, fascinées par l’or de l’urne funéraire – cassette ornée du soleil macédonien – les jambières et la cuirasse d’or (comme les armes de Seuthès de Thrace) La reconstitution des couches chryséléphantines (plutôt ivoire qu’or) est l’objet le plus merveilleux à os yeux avec ces personnages d’une finesse étonnante.

Après avoir découvert, regardé, rassasié notre regard de toutes ces merveilles, je suis revenue aux textes explicatifs et me suis laissé guider dans la cérémonie. Dans la première vitrine est exposée la vaisselle des ablutions du Défunt : chaudrons, bassin de bronze énorme, indiron ( ?) , seau, bols aiguières…Il me vient un doute : est-ce la toilette mortuaire du cadavre ou le lavage des os dans du vin rouge après la crémation ? Un trépied porte l’inscription « Je suis un trophée d’Héra d’Argos », trophée gagné aux jeux 100ans auparavant, symbolisant aussi la fierté des rois macédoniens d’être les descendants de Temenos, roi d’Argos, descendant d’Héraclès.

 

Le bûcher funéraire occupe le centre de l’espace. Dans la vitrine de petits fragments, de petits objets, des osselets, grains, don déposés, les uns en couronne, les autres en petits tas, alignés ou mélangés. Ce bûcher raconte la cérémonie grandiose :

« Sur une couche chryséléphantine, Philippe II fut livré aux flammes. On lança dans le bûcher des armes, son uniforme, des vases de parfums  de l’huile, des fruits… »

Le feu purifiait la dépouille en brûlant la chair mortelle.

« Comme Héraclès avant lui, le héros entrait dans l’immortalité. »

Les os, lavés dans du vin rouge, enveloppés dans la pourpre royale furent rangés dans une urne d’or en forme de cassette décorée du soleil macédonien.

Dans la chambre funéraire on déposa la cuirasse, le casque de fer, les épées et les lances, les jambières et le bouclier d’au moins 1m de diamètre.

Une vitrine garnie de vaisselle d’argent rappelle le thème du Banquet : le Banquet est l’évènement central de la vie sur terre, considéré par les avocats de l’idéal platonique. Initiés de Bacchus, d’Orphée et des autres cultes à mystères promettent que la mort n’est rien de plus que le commencement d’une nouvelle vie ; Purifié par la flamme du bûcher, le roi-héros continuera sa vie dans un éternel banquet.

Trois tombes et le Heroon furent retrouvés dans le Grand Tumulus. Celle du Prince est supposée être celle du fils d’Alexandre le Grand et de Roxane, tué par Cassandre avec Olympias. La troisième tombe du ciste renfermait des peintures merveilleuses : le Rapt de Perséphone, Déméter et le trois Moire

le rapt de Proserpine

Un film sur le passage de la lumière au domaine de la mort montre la barque de Charon dans des grottes, le ruissellement de l’eau sur les rochers, Orphée, moment de poésie.

Je suis tellement éblouie par cette visite que j’ai envie de rester sur cette impression de rentrer avec elle. Ne pas effacer trop vite cet émerveillement.

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Naoussa : hôtel Dryades

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Les nectarines de Naoussa

 

Naoussa est perchée sur un escarpement, petite ville en pente, nombreux commerces. Le guide Bleu signale des filatures. De  la terrasse de l’hôtel on devine quelques usines

L’Hôtel Dryades se trouve sur les hauteurs, au dessus des vignes, au contact avec la foret épaisse de châtaigniers chênes et merisiers. Derrière une cour pavée, un mur de belle roche poreuse ressemblant à du Comblanchien, avec pilastres et ferronnerie. Le bâtiment est construit sur trois niveaux avec des grands balcons.  Notre chambre est au 3ème (avec ascenseur) proche de la piscine sur deux terrasses creusées dans la colline dallée de cette belle pierre blonde à trous. Lits beiges ous des parasols écrus autour du bassin, tables et chaises bleues sous des parasols bleus et même des canapés. Le tout de très bon goût. Au niveau supérieur est installée une cafétéria. Le bassin est assez grand pour pouvoir vraiment nager. A une extrémité on peut s’asseoir sur un banc dans les jets bouillonnants. Ce serait parfait si l’accès était réservé aux seuls clients de l’hôtel. Les visiteurs peuvent payer une entrée de 3€ et consommer. La jeunesse dorée (puisque c’est cher) s’y donne rendez-vous. Cette manie de sonoriser la piscine pour plaire aux adolescents est agaçante…il ffaut choisir les moments où les jeux adolescents n’empêchent pas de nager, surtout la « bomba ».

L’hôtel n’a pas de restaurant. Il est possible, si on n’a pas envie de reprendre la voiture pour descendre en ville, d’aller à la taverne voisine (chic) on peut  commander par téléphone des repas livrés en scooter. La réceptionniste qui parle anglais propose de commander pour moi en grec. Quand nous avons choisi le menu, elle n’est plus de service au comptoir et sa mère qui ne parle que Grec ne comprend pas ce que nous désirons. Je choisis la solution « paketo » de la taverne. Pour 15€ je remonte deux parts de champignons farcis au fromage et aux herbes (un délice) et trois souvlakis accompagnés de riz et de frites. On ne touchera ni au riz ni aux frites. Les champignons auraient sufi, d’autant plus qu’ils étaient servis avec du pain aillé, poêlé, délicieux.

De Psarades à Naoussa en passant par Florina et Edessa

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les Lacs Prespa

Au petit matin, des centaines d’hirondelles volètent autour de notre balcon. Nous quittons à regrets Psarades, surtout Alexandra et Germanos.   Alexandra nous a préparé un cadeau : un bocal de figues confites et nous fait de grosses bises.

Les deux lacs sont à leur avantage le matin, la surface bleue métallique, les roseaux vert tendre, les haricots vert vif. Les montagnes albanaises pelées dépassent les collines plantées de genets presque arborescents. Les pruniers sont chargés de petites prunes rondes et dorées. Quelques acacias se dressent sur le bord de la route. Nous voyons des bergeries et des troupeaux.les rebords de la montagne sableux sont ravinés. La route s’élève vers le nord. Les virages s’enchaînent dans une forêt de plus en plus dense. Les chênes gagnent de l’ampleur. Au tournant on découvre Pisoderi, coincée dans une étroite vallée : deux grands hôtels, deux pensions, des tavernes. Tout est fermé. C’est une station de sports d’hiver. Un télésiège conduit à une piste bien raide tracée dans la forêt.

héros des guerres d’Indépendance

La montagne de granite est couverte d’une belle hêtraie. Près de Florina, des châtaigniers. Sur le rebord de la route on a construit de belles fontaines de pierre.

Florina

Florina est dans la plaine. C’est une petite ville tranquille : immeubles de 4 ou 5 étages avec des balcons, comme partout en Grèce. Le Musée Archéologique est bien indiqué. Pour 2€, on me donne de vrais livres sur Florina et le site de Petres. Je suis la seule visiteuse. J’ai tout le loisir de lire les nombreuses explications.

stèle macédonienne avec un cavalier

La première salle présente le site paléolithique d’Armenochori (2100-2000 av. JC) – âge de Bronze. Nombreuses céramiques plus ou moins grossières. Reconstitution des maisons d’argile en incluant les empreintes des roseaux ou de graminées. Un crâne de mastodonte est dans une vitrine.

La salle suivante est consacrée aux périodes hellénistique et romaine. Comme souvent les stèles funéraires sont parlantes. Singularité macédonienne : la figure du cavalier – je pense à Alexandre et à bucéphale – cavalier et héros. Parfois le défunt est identifié aux dieux. Les jeunes gens, les athlètes morts prématurément étaient Herakles, considéré comme fondateur de la dynastie macédonienne.  Une jeune femme une fille, une concubine étaient présentées en Aphrodite.

cavalier macédonien

L’étage supérieur se partage entre une exposition sur le site de Petres et les marbres d’Aghios Achilleos.

Petres  au 3ème siècle était la capitale du royaume d’Antigonodon Gonatas. On voit de très beaux revêtements muraux imitant le marbre coloré et précieux et deux belles Artemis ainsi que des terracotta (photos interdites) .

Les marbres précieux, les relevés de fouilles, les plans d’Aghios Achilleos – la Grande Basilique construite sur l’île du Petit Lac Prespa m’intéressent d’autant plus que j’ai visité le site hier.

La route entre Florina et Edessa

La route entre Florina et Edessa court dans la plaine plantée de maïs et de tournesols irrigués qui laissent la place au blé qui n’a pas encore été moissonné ici. De grosses usines avec d’énormes cheminées sont dispersées dans la campagne.

Edessa

la cataracte d’Edessa

Deux visites possibles : un Musée de l’eau et le Site archéologique. Nous choisissons l’Eau.

Edessa est une jolie ville moderne. Les immeubles ont de larges balcons et terrasses fleuries. Le quartier de la Cataracte est très agréable. Le Musée de l’Eau se trouve dans un beau parc avec de très grands arbres. Les plus remarquables sont des platanes aux troncs énormes parfois creux. A l’intérieur de l’un d’eux trois enfants mangeant des glaces se font photographier. Partout l’eau ruisselle dans de petits canaux. Autour du parc, de nombreux restaurants et cafés attendent le client.

La puissance de la cascade, son débit, sa hauteur sont saisissants. Les seules cataractes de ma connaissance étaient les cataractes du Nil (disparues pour cause de Barrage). La Cataracte d’Edessa mérite vraiment son nom. Le site est aménagé avec des marches, des passages cimentés derrière le rideau d’eau. Moyennant 0.5€, on peut passer par une grotte dans le tuf et s’y faire photographier.

Différentes installations composent le Musée : plusieurs moulins utilisent la force hydraulique : le premier a une roue d’environ 3.5m de diamètre et moud le grain da ns plusieurs meules disposées en batterie. Un autre montre les courroies de transmission vers des machines broyant le chanvre. Un aquarium est installé dans une maison ancienne (gratuit pour les moins de 12ans). On monte et descend des marches, passe par des petits ponts, se perd dans le dédale des cheminements, découvre par hasard un cinéma de plein air. On peut descendre par des marches jusqu’au fond de la vallée où se trouve un complexe installé dans l’ancienne usine textile de chanvre.  U  ascenseur de verre est prévu pour la remontée. Les gens portent des sacs de piscine ; Sans doute vont-ils aux installations thermales et à la source chaude.

Café frappé sous les platanes – comme il se doit – . Nous n’irons pas voir le site archéologique ; il est 14h, sous le soleil de l’été, les sites ne sont supportables qu’avant midi. Ne pas chercher à tout voir. Profiter des moments agréables !

La route d’Edessa à Naoussa

La route d’Edessa à Naoussa traverse des vergers chargés de fruits : pêches surtout (on achète un kilo de nectarine sur le bord de la route 1€, pommiers protégés par des filets, actinidias, quelques cognassiers. Des pickups aux cagettes plastiques remplies de pêches passent sur la route mais nous ne voyons pas de cueillette (sieste ?). Près de Naoussa, le relief devient plus marqué. Les vignes remplacent les vergers. Les caves viticoles sont signalées par des panneaux touristiques en une roue des vins.

Agios Achilleos – En panne!

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L’île reliée par son pont flottant dans le Petit lac Prespa

 

Agios Achilleos

Le Petit Lac Prespa est séparé du Grand par un cordon sableux à l’arrière duquel se trouvent des roselières et des chenaux. Une petite île est reliée par une digue flottante sous laquelle les barques peuvent passer.sur cette île se trouvent 4églises et un monastère, une taverne et quelques chambres d’hôtes ainsi que quelques fermes avec des vaches.

Le monument le plus fameux est la Basilique Aghios Achilleos construite au 10ème siècle par des bâtisseurs de Larissa sous la commande du Tsar Samuel de Bulgarie.  Basilique à trois nefs avec un narthex, encore dallée de marbre de taille impressionnante. Les fresques rouges ont été datée 1020, il y a aussi des fresques 12ème s. L’écran de marbre séparant la nef du chœur a été déposée au Musée de Florina. Quelques pans de mur, trois fenêtre verticales allongées dans le chœur, ouvertes sur le lac et les montagnes font une ruine très romantique.

la basilique Agios Achilleos

Je renonce à la visite du monastère. L’église Aghios Giorghios entourée du cimetière moderne est fermée. Au sommet de la butte, une petite église crépie de blanc se détache. La vue panoramique mérite une grimpette.

Je retrouve Dominique sur le pont flottant occupée à regarder cormorans, pélicans, grèbes qui plongent d’un côté et surgisse de l’autre et les pêcheurs qui s’aplatissent pour glisser sous les planches.

les haricots du Lac Prespa

On vend les haricots du Lac Prespa : les géants blancs, les petits blancs pour la soupe (fasuolada) les grands noirs pour les salades.

La panne

Nous n’atteindrons pas Aghios Germanos, ne verrons pas l’église à coupole dédiée à Saint Germain du 7ème siècle. Devant la Mairie de Laimos, la Fabia Skoda s’immobilise, le volant bloqué avec un voyant orange allumé. Impossible de repartir. Une autre Skoda est garée. Peut être son propriétaire connait le sens du voyant orange ? A la Mairie, tout le monde est très gentil. La jeune femme très élégante aux talons vertigineux assortis à une robe de maille turquise et aux ongles peints en jaune est la conductrice de la Skoda mais elle ne connaît pas le voyant. Un homme parlant français vient à notre secours. Il n’y a pas de garage au Lac Prespa les plus proches sont à Kastoria et à Florina 65(km). Grâce à nos anges gardiens nous entrons en contact avec AVIS

En attendant la nouvelle voiture : kafenéio

          «  Où serez-vous dans trois heures ? «  demande mon interlocuteur d’Avis Thessalonique.

          « Ici puisque la voiture est immobilisée ! »

Il est 13h30, la Mairie va bientôt fermer. On nous conseille de nous installer au kafénéio. Nous préférons l’ombre d’un noyer juste en face du parking  pour faire une sieste sur un muret cimenté. Moins de trois heures d’attente (et d’énervement), une Toyota Auris venue de Thessalonique remplace la Fabia en panne. Le chauffeur d’Avis a dû dépasser les limites de vitesse !

3heures perdues (et un plein d’essence), finalement, moindre mal. On se félicite de l’efficacité d’Avis et de la gentillesse des gens de Laimos. Nous avons eu de la chance ! Si la panne avait eu lieu hier sur la route des crêtes qu’aurions-nous fait ?

17h, retour à l’hôtel Philippos pour une courte sieste.

18h, je pars pour une petite balade sur la « route française » qui part de l’hôtel désaffecte en face du village. Un kilomètre plus loin, un écriteau jaune bien visible indique le sentier piétonnier. Pas de balisage mais le sentier est bien entretenu. Je marche en direction de la pointe qui marque le petit golfe de Psarades. Végétation de garrigue ou dominent les buis et les genévriers avec quelques cyprès et de rares lentisques, de temps en temps un sous-bois de petits chênes. J’aurais pu descendre à la plage. Seule je ne m’y risque pas.

Deux jeunes français, Elsa et Constantin, sont assis sous nos fenêtres. Nous les invitons à la terrasse de Germanos. Constantin réclame des mezzés avec l’ouzo. Germanos apporte trois petites bouteilles d’ouzo, beaucoup d’eau et une assiette avec un mélange : féta tsatsiki, olives violette, tomates vertes confites, anchois et salade de chou.

Germanos part poser ses filets ; un seul d’entre nous peut l’accompagne

          «  Pas plus à cause des voisins » dit-il

 Constantin  s’excuse de « prendre ma place ». Pour le pêcheur, que le seul homme l’accompagne? est une évidence.

Le dîner est tarde, nous avons commandé 3 portions de petite friture, mais il faut attendre le retour de Germanos  puis qu’il range ses bidon, son moteur… C’est à la nuit tombée qu’on nous sert dans le noir les petits poissons. Je pensais que la terrasse avait un éclairage ! Heureusement qu’on mange tout de la tête à la queue avec les mains. Attaque des moustiques. L’appareil photo tombe en panne. Le festin tourne court. J’en oublie même la clé de la voiture sur la table, qu’Elsa viendra apporter.

 

Psarades : sardines

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Alexandra a sorti deux chaises dans la rue et un caillebotis pour suspendre à une perche de curieux bouquets secs que j’avais pris pour de la sauge. En y regardant de plus près, ce sont de minuscules poissons séchés. On les a mis trois jours dans le sel, puis séché au soleil, enfin rentrés à l’abri. Ainsi salés, ils se conservent un an et même plus. Mais il faut savoir les préparer ?

poisson salé et séché

A l’arrière de la taverne, derrière une barrière, le jeune homme en uniforme de pompiste retire les tout petits poissons qu’Alexandra appelle des sardines ; La jeune femme qui nous prépare le petit déjeuner nettoie et éviscère les poissons qui seront salés.

Promenade en barque sur le Lac Prespa

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Germanos aux commandes

Après le petit déjeuner, nous trouvons Germanos à la terrasse de sa taverne. Sa barque de pêche est ancienne, en bois avec l’étrave pointue, peinte en noir. Le « bateau de croisière »est en plastique, très confortable avec des coussins rembourrés.

La croisière commence dans le petit golfe où se niche le village. L’eau y est noire et très profonde, calme aussi. Une ligne sur la falaise entre la roche patinée et la roche blanche, matérialise les variations du niveau du lac (6 à 7m).

Fresque rupestre du lac Prespa

Sur le calcaire, des fresques rupestres : la Vierge et l’Enfant et un petit ermitage, une grotte protégée par un mur.

A la sortie du petit golfe, l’eau est beaucoup plus agitée (avant-hier, avec le vent du nord, les vagues atteignaient 1m de haut). Germanos nous montre encore les frontières séparant la Grèce de l’Albanie et de la FYROM. La petite île aujourd’hui déserte contenant des ermitages est macédonienne. C’est là que convergent les trois frontières. Une autre petite île est albanaise.

Au cap, se trouve un poste d’observation français pendant la Première Guerre Mondiale. C’est un endroit très poissonneux l’hiver. Dans une grotte une église Micri Analepsi est blottie, on devine les trois cellules des moines. Des escaliers permettent d’y monter.

Petits cailloux blancs  des plages où l’eau est très transparente. En ce moment la température  de 22°  n’incite pas à la baignade. Au plus chaud de l’été, elle peut atteindre 27°. Les plages sont accessibles en bateau mais il existe également des chemins et des escaliers d’accès.

Au dessus, la Route Française  devait relier Psarades au village albanais de Koritza distant de 28km, c’était la première route construite à Psarades. La route actuelle date de 1950.

pélicans de Dalmatie

Sur les rochers, sont perchés de nombreux cormorans et, surtout des pélicans sur l’embarcadère de la Panagia Eleoussa, l’église perchée dans une grotte. Une centaine fuient à notre approche.  150 marches taillées dans la roche pour arriver à l’église, ravissante avec une jolie icône de la Vierge au dessus de la porte. On a imité la brique avec des motifs rouges sur la façade. Construite au 15ème siècle, elle était entourée des cellules des moines. Jusqu’à 25 ermites vivaient là. L’intérieur de l’église est entièrement peint à fresques. Les yeux s’habituent à la pénombre, puis on distingue les scènes.

L’église perchée dans la grotte

Nous rentrons en prêtant attention aux nombreux oiseaux perchés à contre-jour sur les rochers : tête fine et cou sinueux des petits cormorans, air satisfait des pélicans qui s’envolent lourdement, élégants hérons, hiératiques qui chassent à l’affut. L’un d’eux s’envole. Dans son bec, se tortille un serpent.

Germanos a poussé le moteur. Le bateau rebondit à la surface de l’eau comme si elle était solide. Les à-coups sont brutaux pour mes lombaires endolories. Il arrête le bateau devant une croix rouge peinte sur la roche claire qui matérialise le niveau de l’eau le 26 juin 1966.  Avec de bonnes jumelles on pourrait distinguer sur l’icône de Saint Nicolas les impacts de balles d’une patrouille française qui, pour s’amuser a fait un carton. Saint Nicolas, pour se venger a levé le vent du nord en tempête qui a coulé le bateau français. Ce n’est peut être qu’une légende. Le lac est profond de 30m, personne n’a plongé pour retrouver le bateau.

Au retour, Germanos nous signale la petite chapelle Saint Athanase endommagée par les intempéries, protégée par une forêt de pins magnifiques que les gens de Psarades ne coupent pas.

En rentrant à la taverne, Germanos me demande si je n’ai pas perdu 5€ en montant à la Panagia Eleoussa. Il demandera au village.  Si personne ne les réclame, c’est le tronc de Saint Pierre qui les recevra pour les cierges qu’on allumera pour admirer les fresques.

 La promenade en barque a duré une bonne heure et coûté 30€

Psarades : histoires des confins…

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Le soir est tombé sur les  tavernes de Psaradès.

Dominique,  pour lier connaissance avec la vieille dame assise sur le banc de l’autre côté de la place,   a apporté un gobelet de cerises . C’est une dame toute petite, la tête entourée d’un foulard noué à l’ancienne. Je les rejoins pour essayer de lui parler en Grec. Elle le parle très peu.

Nous avons été « adoptés » par Alexandra et Germanos. Avec leur fille Sofia nous nous  s’installons à une table au soleil sur le bord du lac.

Theodora

La vieille dame s’appelle Théodora, elle a 88ans. C’est la tante de Germanos. Son mari est adossé à la taverne avec les hommes. Au village, seuls les hommes de sa génération sont allés à l’école et savent lire le Grec. Les filles n’y allaient pas et parlent le Macédonien. Hier soir, Alexandra était incapable de lire le menu écrit en grec. Germanos, son mari, a étudié à l’école, il lit le grec, parle plusieurs langues, très bien l’anglais mais aussi l’Italien.

 Germanos compare la Macédoine à une pizza composée de nombreux ingrédients différents, que les états voisins, en formation au début du 20ème siècle, se sont disputés. Les Grecs, les Bulgares, les comitadjis macédoniens, les Serbes dans les guerres balkaniques de 1909 à 1910. De ces guerres balkaniques, reste le souvenir entretenu par de nombreuses statues de marbres aux carrefours. Celui qui préside au carrefour de la route de Psaradès est un Pope grec tué par les comitadjis, un autre moustachu, plus loin est un kapitan du 19ème siècle.

les héros des carrefours

Ces montagnes ont été le théâtre de nombreuses guerres après les guerres balkaniques. En 1916, les Français ont installé sur le lac une base militaire et ont laissé au village un excellent souvenir. Ils ont occupé la population du village pour construire une route dans la montagne, payant les gens et leur distribuant de la nourriture. En revenant de la pêche, Germanos a retrouvé une vieille ancre peinte en gris, pièce historique qu’il ne cèderait pas pour une fortune (il cite une grosse somme en drachmes, les € ,’étaient pas arrivés…. Avec une photo, il fait de sa taverne un musée.

Sofia  nous présente le village. Géographiquement d’abord : ci, ce sont les montagnes albanaises, montagnes blanches (je n’ai pas retenu le nom albanais).  La frontière avec la FYROM passe dans le lac, les crêtes éloignées sont macédoniennes, les petites îles aussi. La frontière est fermée. Germanos ne peut pas poser ses filets plus loin. Si la FYROM entre dans l’Union Européenne, il n’y aura plus de frontière. Autant les Grecs sont remontés contre l’Europe (comme les Roumains rencontrés ce matin) autant, ici, on ne sent pas d’acrimonie. L’important ce sont les frontières qui séparent les macédoniens répartis tout autour du lac qui ont de la famille qu’ils ne peuvent pas visiter. Après des années de fermeture de l’Albanie, Sofia y a rencontré des gens qui vivaient comme ses grands parents et qui parlaient macédonien. A propos de l’Albanie, elle nous raconte une anecdote drôle : les macédoniens de Yougoslavie illuminaient leur village la nuit. Les autorités albanaises avaient convaincu les villageois que les Yougoslaves étaient forcés de travailler de jour comme de nuit et que les Albanais qui n’avaient pas l’électricité étaient chanceux de cesser le travail à la tombée de la nuit.

Germanos nous raconte que Saint Germanos, son saint patron, a vécu au 8ème siècle dans la région. Le village le plus proche s’appelle Agios Germanos. Il connait l’équivalent français Saint Germain, ait qu’il y a une église Saint Germain à Paris. UN photographe français vient lui rendre visite. Cela l’amuse d’affirmer qu’il est supporter du PSG dont il connaît les joueurs. Sauf que pour lui Ibrahimovic est bosniaque et non suédois !

Autour de Psarades les gens sont chrétiens orthodoxes mais certains n’observent pas le calendrier officiel. Leurs fêtes sont décalées de 14 jours.

          «  Le Macédonien s’écrit-il en lettres latines ou en cyrillique ? »

          « en cyrillique ! »

Occasion pour lui de célébrer Cyrille et Methode, originaires de Thessalonique, qui ont propagé l’instruction parmi les peuples slaves. Il énumère les langues slaves et affirme que ce sont les Allemands, en emprisonnant Methode qui ont empêché que les Tchèques écrivent eux aussi en cyrillique.

Angelopoulos : Le Pas suspendu de la cigogne

Sofia habite à Florina.

          «  Que voir à Florina ? »

          « des vieux quartiers. »

Je lui parle d’Angelopoulos qui a tourné là-bas. Elle se souvient très bien des tournages. De celui qui a scandalisé les chrétiens pratiquants qui ont fait des manifestations et même endommagé le matériel du cinéaste. On a même parlé d’excommunier le metteur en scène. Le mari de Sofia, policier était sur le pied de guerre pendant tout le tournage. Elle se souvient aussi d’un autre film tourné dans la neige où les villageois furent les figurants habillés en evzones avec des fustanelles.

Hier Dominique avait demandé des souvlakis ou des tomates farcies. Comme ils n’en avaient pas au menu, je suis venue dîner seule. Ils ont donc acheté exprès pour nous des souvlakis qu’ il faudra  manger tôt parce que  Sofia qui les cuisine, veut rentrer à Florina avant la nuit. Nous dînons donc à 19h30 pendant que les pêcheurs vont poser leurs filets et que le troupeau de vaches rentre seul.

cormorans pygmées

Les aigrettes arpentent le marais mais les cormorans pygmées se sont envolés de leurs piquets.

Kastoria

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Annonciation

 

La route vers Kastoria

65km séparent Psarades de Kastoria – plus d’une heure, par des routes de montagne. Les vues sur les Lacs Prespa sont spectaculaires.  Les marais sont très beaux dans la lumière du matin. Tout le fond de la vallée est occupé par la culture des haricots ramés.

La route franchit la colline, s’insinue dans la vallée d’un torrent. Nous repassons devant le poste-frontière avec l’Albanie, retrouvons la Via Egnatia.

Kastoria adossée aux collines

Kastoria

Kastoria est adossée aux collines autour de son lac. L’arrivée est pittoresque. La ville est embouteillée, la rue principale grimpe, très raide, les voitures garées partout. Comment allons nous l’apprivoiser ? L’essentiel de la circulation se concentre dans cette rue bordée de magasins de fourrure. Kastoria est la capitale « mondiale » de la fourrure. C’est assez étonnant de voir dans une si petite ville loin de tout, autant de boutiques de luxe. Certains modèles sont étonnants : tels ces gilets pour homme sans manches en vison gris. Les autres rues sont plus tranquilles.

Le Musée Byzantin est logé dans un bâtiment plat au perron de marbre, dans un jardin arboré.Une seule salle est ouverte à la visite où sont exposées des icônes provenant des églises de la ville rangées par ordre chronologique 12ème – 15ème,  15ème -16ème de l’École de Kastoria, 17ème de l’École Crétoise. En plus du Christ Pantocrator et de Saint Nicolas, le thème le plus fréquent est l’Annonciation traité de façon similaire. Les deux personnages sont debout. L’ange ressemble à un ange, Marie porte un manteau rouge foncé qui lui fait un voile lui couvrant la tête ; à la main une quenouille de fil rouge. Au fil des siècles les icônes  sont plus sophistiqués. Celles de l’École Crétoise sont reconnaissables.

Cosme et Damien –

Kastoria possède 75 églises fermées la plupart du temps, qu’un guide peut ouvrir à la demande.. la dame du Musée hésite à l’appeler pour deux personnes. Entrent deux touristes francophones à l’allure américaine –  roumains. La visite des églises les intéresse. Christos arrive avec son trousseau de clés. Nous nous mettons d’accord pour la visite de cinq églises dans le voisinage

La première est ravissante aux briques artistiquement appareillées. Les fresques sont lumineuses. Christos nous montre le commanditaire offrant l’église et les trois couches de fresques. Ces chapelles sont familiales. Chaque famille se fait un point d’honneur à en consacrer une même s’il y e a des dizaines à proximité. Mes compagnons roumains sont francophones mais ne comprennent pas dun tout le grec. En revanche, le monsieur est professeur de religions comparées à la fac. Il sait toucher du doigt le détail intéressant. Etant orthodoxe, il connait les symboles et les codes et reconnait les saints. Cela aide. Damien et Cosme se tiennent debout à l’entrée en costume finement orné d’un treillis coloré – cotte de maille pour ces médecins ? ou vêtement d’apparat orné de pierreries ? Constantin et Eleni sont représentés en pied  dans la même attitude avec les mêmes vêtements. Au premier regard je les ai confondus avec les précédents.

A chaque église : une surprise. Dans une autre, le plafond de la nef est orné du Père, du Fils et d’une colombe. Cette Trinité est rare dans les églises byzantines. Ailleurs je remarque une joli Nativité dans une grotte.

Ne voulant pas retarder le groupe, ne prends pas de notes et je mélange un peu toutes ces chapelles qui se ressemblent. Mais surtout, j’ai oublié mon appareil photo. J’espère que les Roumains m’enverront les leurs.

Une des 72 églises de Kastoria

Comme nous, ils sont professeurs et voyagent beaucoup, sans plan précis, sans réservations ; Ils privilégient leur liberté mais se plaignent des prix élevés dans les hôtels dans l’Ouest de l’Europe. Ils s’étonnent de  notre intérêt pour l’Europe Orientale qui ne les attire guère.

Descendant du Musée, je remarque une stèle blanche : « Ici furent réunis 1000 juifs de Kastoria en 1944 »

Kastoria, s’étale sur les rives de son lac. Dans deux quartiers règne deux ambiances différentes. Près du marché, des banques des hôtels règne une animation balnéaire. Au bord de l’eau, fast-food, pizzas et magasins de souvenirs (je flashe sur des chaussons fourrés à 6€ mais impossible de garer la voiture). Plus loin, les bords du lac sont plus ombragés, plus calmes, des cafés traditionnels s’étalent. C’est là que nous faisons la pause pour mon traditionnel café frappé.

En plus des églises byzantines, on peut voir à Kastoria de belles maisons de maître, de riches maisons balkaniques à étage, des villas Art Déco. Certaines transformées en musée se visitent. Nous avions pensé les visiter mais nous préférons faire un tour de lac jusqu’à la Panagia Mavriotissa. Calme, verdure, fraîcheur. C’est le plus bel endroit pour un pique-nique.

Le retour vers Kastoria se complique un peu. Sur le Guide Bleu, on indique que le tour serait de 5km. identique à celle où nous avons dormi en Bulgarie à K ? : deux étages de galeries de bois dépassant d’un soubassement de pierre rectangulaire et aveugle. Sauf qu’au village la maison tombait en ruine tandis qu’ici la Maison Sapountisa est cossue. Continuant au bord de l’eau nous sortons de la ville en direction de Florina.

C’est le rôle du GPS de nous remettre sur le bon chemin. Première tentative par de raides ruelles et des propriétés fleures. On atteint presque la route, presque seulement ! la deuxième tentative est la bonne. Nous suivons une roue forestière qui a été asphaltée il y a bien longtemps, beaucoup dégradée. Les panoramas sont vertigineux, les tournants serrés. La forêt est sauvage. On ne rencontrera personne. A peine une flèche qui indique l’Albanie. C’est unpeu angoissant malgré la beauté du paysage. Et si on crevait ? si on tombait en panne ?Le GPS n’enorgueillit de nous avoir fait gagner plus d’une dizaine de km. Est-ce bien raisonnable ? Dernière émotion : un pont de planches pour franchir le ruisseau avant de retrouver la Via Egnatia.

Nous arrivons à 16h30, trop tard pour la sieste.

Arrivée à Psarades, sur les bords du Lac Prespa

CARNET MACEDONIEN

Monoculture originale autour des lacs Prespa : les haricots à rame très hauts qui fleurissent en ce moment. Il faut encore enjamber une colline pour arriver à Psaradès, le petit port du Lac Prespa. Un peu au bout du monde – au bout de la Grèce.

La via Egnatia a longé de très près la frontière albanaise, on a vu le poste frontière. C’est avec la FYROM (Macédoine) que la Grèce partage le lac. Bout du monde très tranquille, un peu désuet. Les pêcheurs ont voulu se convertir au tourisme. Les chambres à louer sont nombreuses. Les tavernes au bord  de lac aussi. Aujourd’hui tout paraît bien vide. Hôteliers et taverniers sont plus nombreux que les clients. Un capitaine nous aborde pour proposer une promenade sur le lac.

Psarades

Un peu sonnées par le long voyage (600km) nous trainons sur le bord du lac. Une dame très entreprenante  qui parle très bien anglais,  vient nous parler. Nous logeons chez sa nièce. Son mari organisera une belle promenade sur le lac…Nous promettons d’aller dîner chez elle.

Germanos, le mari,  est venu nous voir.

Le vent du nord a apporté la fraîcheur. Le lac est agité, il y a des vagues. Aux terrasses du port,  il fait trop frais pour rester assis. Heureusement personne ne s’est précipité pour nous servir. J’ai dessiné la maison bleue, toute de guingois, ancienne taverne où les  pêcheurs remisent  rames, nasses et filets. Puis on est remontées à l’Hôtel Philippos pour se mettre à l’abri.

Les maisons du village de Psaradès sont en pierre, cubiques avec un étage, un balcon de bois ou de fer forgé, un toit de tuiles rondes  à 4 pans.

Notre hôtel Philippos

Je descends à 8 heures pour dîner. Comme il fait très frais je commande une Fasolada – soupe de haricots – spécialité locale – servie avec une tranche de pain et des olives. Je me suis régalée. Impossible de payer. Germanos a disparu, il est allé sur le lac poser des filets. Alexandra, sa femme ne connaît pas les prix.

A l’entrée de la taverne, à une table 4 hommes, deux en short, nikes impeccables viennent d’Australie, les deux autres sont Germanos et un monsieur aux cheveux blancs. De l’autre côté de la porte, la table où j’ai pris place, s’installent alexandra et une cousine à elle. La séparation des sexes a cours ici. Tous parlent une langue incompréhensible, slave. Du Macédonien ? Parfois ils parlent en grec, parfois en anglais. Ce n’est pas ici que je vais faire des progrès en grec !

D’Est en ouest – de la frontière turque à celle de l’Albanie, 590km sur la via Egnatia

CARNET MACEDONIEN ET THRACE

les tournesols dans le matin

Via Egnatia, par très beau temps. Les tournesols sont ragaillardis, à midi ils sont accablés et pendouillent. L’autoroute traverse les collines boisées où je repère les tronçons de la via romaine encore intacts. La  culture irriguée de coton occupe la plaine. Komotiní est précédée par une zone industrielle avec d’énormes cheminées d’usine. Les villages sont pimpants, beaucoup ont un joli minaret blanc effilé comme un crayon.

Entre Komotiní  et Xanthi, le tabac est en pleine floraison. De grands champs de maïs sont irrigués par des canons à eau. Xanthi, très blanche,  est adossée à la montagne. Sur les hauteurs de vilains nuages noirs s’accrochent. Comme par magie, les nuages se dispersent à l’approche de la mer. Les oliviers recouvrent les collines. J’ai toujours associé l’olivier à la Grèce. Dans la Grèce montagneuse en Macédoine et en Thrace, il est remarquablement absent des zones montagneuses. Aux alentours de Kavala, la Via Egnatia est fleurie de lauriers roses, accompagnés de noirs cyprès. Elle traverse des collines boisées de chênes kermès, de pistachiers et d’épineux. C’est seulement en bordure de mer que croît cette végétation méditerranéenne si odorante. Autour d’Amphipolis, le cortège olivier, amandiers et vigne se trouve sur les collines tandis qu’en plaine le maïs occupe toute la surface.

A l’approche du Mont Athos, le ciel très gris crève en une averse de gouttes énormes. Les meules de paille sont protégées par du plastique. Il doit pleuvoir souvent.

Pour éviter de se perdre sur le périphérique de Thessalonique, je branche le GPS.

Dans le Delta de l’Axos les rizières sont vert fluo.

A l’ouest de Thessalonique, les villages ont des toits de tuiles à 4 pentes, il y a de nombreux vergers. Le paysage devient montagneux vers Veria. La Via Egnatia passe dans une succession  de tunnels presque ininterrompue et sur des ouvrages d’art très impressionnants. Cette autoroute a dû coûter des fortunes et les péages sont modiques 4×2.4€ pour plus de 500km. Elle débouche dans une campagne aride et jaunie – chaumes des blés moissonnés, montagnes pelées. Deux très grosses usines arborent nombreuses cheminées, 5 énormes comme celles de centrales nucléaires, 4 fines rouge et blanches, des cimenteries, peut être ?

La via Egnatia est un chef d’œuvre des Ponts et chaussées, mais on a oublié deux installations essentielles : les stations-service et les aires de repos. Il est donc indispensable de faire le plein avant de les emprunter. S’arrêter est impossible. C’est problématique après 4 ou 5 heures de route sous la chaleur de l’été (heureusement aujourd’hui le temps est couvert et il fait relativement frais). Enfin nous trouvons avant Siatitsa une aire rudimentaire. Les voitures à l’arrêt sont immatriculées en Serbie, les camions bulgares. Nous piqueniquons debout. Un chien abandonné et boiteux se présente. On lui donne les restes. Il nous aurait bien adoptées !

Attention ours!

Après Kastoria, les montagnes sont plus hautes et couvertes de forêts touffues. De curieux panneaux préviennent :

          « Attention ! Lieu d’habitat des ours. Soyez prudents ! »

On installe un double grillage pour empêcher les plantigrades de traverser l’autoroute. Un peu plus loin, on a ajouté la silhouette d’un loup à celle de l’ours.

La Via Egnatia devient une route à deux voies. Elle s’engage dans une vallée humide et verdoyante où les saules bordent un ruisseau. Les flancs de la montagne sont couverts de chênes et de merisiers. A nouveau, changement de paysage. Par une trouée on devine les lacs. Celui de Kastoria, tout d’abord puis les lacs Prespa au creux de la montagne.

le petit lac Prespa