Arezzo, Eglises, maison de Vasari

CARNET TOSCAN; AREZZO

via dei pilatrei palazzo pretorio pietra serena

Arezzo est une ville de 90 000 habitants. Le centre historique est enclos dans des murailles. Contrairement à Florence ou  Sienne il semble beaucoup plus habité. Plus de voitures, moins de boutiques de souvenirs, très peu de touristes.
Les Italiens font la grasse matinée le dimanche matin. . Une dame  revient avec le pain. Quelques autres vont à la messe. Le ciel gris accentue l’impression de ville endormie. Nous montons sur le point le plus haut de la ville, pour avoir une vue d’ensemble qui nous permettra de nous orienter.

pietra serena

Arezzo est construite en grès gris très fin : la pietra serena qui semble fragile à l’érosion :les palais s’épluchent par plaques.

Le haut de la colline est occupé par une forteresse Médicéenne (encore une !) et par un jardin public « orné » d’une hideuse statue de style mussolinien(1928) où on reconnaît Pétrarque, la Louve Romulus et Rémus, SPQR, une espèce d’Ange piétine une tête de mort, des soldats . Tout cela est bien blanc, bien lourd. La vue sur la campagne est très étendue. Nous repérons la Cathédrale toute proche San Domenico (recommandé par nos guides).

Duomo et autres églises
La Cathédrale, en grès fin, est comme neuve. On a dû la restaurer. Son porche s’orne de fines colonnettes torsadées ou ornées de rosaces en bon état. Comme le guide dit qu’elle est Néo-gothique, j’en conclue qu’elle date du 19emesiècle. On célèbre la messe, nous ne nous attardons pas.

cimabue

Nous avons plus de chance à San Domenico : les portes sont ouvertes. L’œuvre principale est un crucifix de Cimabue qui vient d’être restauré. J’ai déjà entendu le nom de Cimabue mais aucune image ne vient à l’énoncé de son nom. J’espère que je me souviendrai de es visages douloureux encore qu’un peu stylisés apparentés aux byzantins. Sur les murs, presque effacées, des fresques de l’école de Duccio (de la Maesta de Sienne). Sans aucun commentaire, je trouve une jolie Annonciation et des anges musiciens. Nous avons vu tellement de fresques que maintenant nous pouvons reconnaître de nombreuses scènes des Écritures (pas de la vie des Saints) et même voir des correspondances.

La messe est terminée à la Cathédrale. Nous suivons un groupe d’Italiens avec un guide pour trouver les œuvres désignées par les guides.  Les vitraux de Guillaume Marcillat sont unanimement loués mais personne ne signale qu’il a réalisé les fresques dont le plafond est couvert.Je me démanche le cou mais la nef est vraiment trop haute et l’éclairage insuffisant. Sans la conférencière des Italiens, nous n’aurions pas trouvé la petite fresque de Marie Madeleine de Piero della Francesca. Première rencontre avant d’aller voir les fresques fameuses.. Dans une chapelle nous voyons des sculptures de l’école des della Robia. Nous sommes maintenant habituées à les reconnaître. Je me souviens de la première à la Certosa de Galluzzo !

Maison de Vasari

Cieu bénissant la semence d'Adam

Dès le premier jour à Florence, nous avions fait la connaissance de Vasari au Palazzo Vecchio. Ensuite, soit comme architecte, soit comme critique d’art, ce personnage nous a accompagné tout le mois. Fernandez et l’auteur de l’énorme guide de Florence s’y réfèrent constamment. J’ai donc été ravie de visiter sa maison.
C’est l’occasion de franchir la porte de ces façades sévères. Surprise d’y découvrir également un joli jardin aux bordures de buis ombragé de tilleuls, qui embaument. Vasari a décoré toute sa maison de fresques.
Le plafond de la première salle représente la Renommée et la Fortune piétinant la Mauvaise Réputation, dans la seconde ce sont les Muses. . Dans la Chambre Nuptiale, Abraham présente sa progéniture à dieu le Père qui les bénit pour porter chance. Cela n’a pas marché. Vasari est resté sans héritier. La salle de Cérès est très vaste. Dans cette allégorie mythologique on reconnaît la Lune le Soleil, Saturne, Mars Jupiter Apollon autour du plafond à caisson. Il y avait déjà ces mêmes représentations au Palazzo Vecchio. Les murs sont plus extraordinaires. Vasari a conçu cette salle à sa propre gloire vantant tous ses talents de peintre, d’architecte, de sculpteur et d’écrivain. Dans une porte en trompe-l’œil, Vasari s’est représenté, ses lunettes posées à côté de lui. Je n’ai jamais vu une telle sophistication. Je repense à notre visite au palazzo Vecchio où figuraient les mêmes allégories Muses Dieux de l’Antiquité. Cette fois ci elles ne sont pas à la gloire des Médicis mais à la propre gloire de l’artiste. J’avais été un peu abasourdie, ne sachant pas où donner de la tête. Aujourd’hui cela paraît plus simple. Peut être avons nous appris quelque chose pendant ce mois ? Une autre visite de cette maison aurait pu être l’examen de toutes les toiles accrochées sur les murs.

Entre temps les rues se sont peuplées de touristes. Nous découvrons la rue principale bordée de Palais et de belles façades. La municipalité d’Arezzo a installé des plaques bilingues détaillant l’architecture et l’histoire de tous ces palais ?

Curieuse anecdote du puits

Sur une petite place un joli puits a une curieuse histoire. Une femme harcelée par son mari jaloux décide de le punir en prenant un amant. Elle fait boire son mari et, chaque soir, rejoint son amant pendant que son mari dort. Un soir, le mari découvre le stratagème et ferme la porte. La femme ne pouvant rentrer chez elle, invente une nouvelle ruse : elle lace un objet très lourd dans le puits faisant croire qu’elle s’y est noyée. Quand son mari sort pour voir, il laisse la porte ouverte, lui permettant ainsi d’entrer. Ce genre d’histoire me ravit.

Nous nous promettons d’aller voir la Maison de Pétrarque, natif d’Arezzo, la prochaine fois.

Piazza grande, côté Renaissance loggia dei Laici

La belle place en pente d’Arezzo est une véritable surprise. J’avais imaginé une réplique de celle de Sienne ou de Volterra. Celle ci st encore très différente. Il est midi. La pluie commence à tomber.

Lundi, c’est marché à Foiano


Laissant la voiture au pied des remparts, nous entrons dans la ville ancienne par des marches menant à une belle arche de brique. Dans toute la ville : briques, marches et ruelles. Le  marché s’est installé partout où c’est possible. Il occupe toutes les places et les rues les plus larges. Comme souvent à la campagne, les marchands de vêtements sont plus nombreux que les étals d’alimentation. Le camion de porchetta qui stationne près de chez nous le soir est là avec deux poissonniers et seulement trois marchands de légumes. La ville est très animée. Les hommes sont assis sur des chaises à l’extérieur des cafés.
Après un tour dans les petites rues, nous achetons abricots, oranges, haricots et un melon avec la désagréable impression qu’on nous a appliqué le tarif « touriste ».
Pour sortir de Foiano, c’est toute une histoire. Si le centre historique est tout petit, nous ne nous étions pas rendu compte que le bourg moderne est très étendu avec des lotissements, des usines, des entrepôts. Deux autoroutes à proximité ne facilitent pas l’orientation.

Castiglione Fiorentino

CARNET TOSCAN: ENVIRONS D’AREZZO

loggia de Vasari

La télévision locale annonce une reconstitution historique dans un village des environs d’une bataille  dont on fête le 450ème anniversaire  Laquelle? Il y a bien Castiglione en 1796 mais le dates ne collent pas! Que s’est il passé en 1554? J’aimerais bien y assister mais la télé n’a pas bien expliqué où cela se déroulait.

Castiglion Fiorentino de l’autre côté du Val di Chiana. Castiglione a fière allure sa grosse tour carrée. Ses remparts se détachent et se voient de très loin. Quand on s’approche, on trouve une petite ville tranquille sans monument d’intérêt majeur, mais tout à fait charmante avec ses porches, ses ruelles tranquilles. La Loggia est dessinée par Vasari, avec des arches Renaissance en pietra serena ; elle jouit d’une très jolie vue sur la campagne. Nous montons au donjon et rentrons ravies de notre excursion.

Lucignano, un village en colimaçon

CARNET TOSCAN :ENVIRONS D’AREZZO


Lucignano est le plus joli village que nous avons visité en Toscane !

A l’intérieur de ses remparts ovales, les rues s’enroulent en colimaçon. Le long des murs, dans des pots, de véritables « jardins de rue »dans des baquets, des hortensias et même des oliviers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La petite place bordée de palais est très calme

 

 

 

 

La façade de l’église est  rayée blanche et verte comme à Sienne ou Florence en plus sobre. Elle  renferme des fresques à demi-effacées.

La plus remarquable est cachée par un retable à colonnes. Je ne l’avais pas vue à la première visite. C’est un panneau explicatif situé à l’extérieur qui m’a incitée à rentrer la chercher. C’est un « Triomphe de la Mort »: Sur un cheval

noir, la Mort aux cheveux blancs portant ses attributs, la faux et un bâton, néglige un groupe d’impotents sur leurs béquilles et va frapper un couple d’amoureux ou de jeunes mariés insouciants en habits colorés. Quand je vois ce tableau il me fait penser à Guernica, je ne sais pas pourquoi, pourtant j’ai  déjà vu une autre fresque sur le même thème à Palerme  tout à fait extraordinaire.

Un autre église, plus bas, est tout à fait étonnante : son parvis est ovale. Il est inséré entre deux séries de marches arrondies embrassant la place ovale, une série convexe l’autre concave. Comme je l’admire, une petite bonne sœur partage mon enthousiasme. L’intérieur baroque, est quelconque.

Plus bas, une loggia,  à arcades simples, abrite un joli café, malheureusement fermé .Nous suivons les ruelles qui s’enroulent autour de la colline. Des maisons enjambent les ruelles sur de petites arches. Des bancs sont installés le long des murs pour  que les habitants puissent prendre le frais. Chats et chien dorment très tranquillement, jamais dérangés par les autos. Deux boutiques vendent des cartes postales. Le tourisme de masse n’a pas cours ici. Les rares promeneurs se promènent discrètement deux par deux.

C’est dans ce village qu’Abbas Kiarostami a tourné Copie Conforme . J’attendais avec impatience la sortie du film et malgré la très belle distribution et le cadre pittoresque, j’ai été déçue. L’histoire m’a semblé alambiquée, sans véritable consistance, dans une Toscane pour touristes. Quelle drôle d’idée de jouer le jeu d’un couple qui se défait alors que les préliminaires n’ont pas commencé! Quel manque de goût que de resté pendu au téléphone portable lorsqu’on a un jour pour profiter d’une rencontre!

 

Gargonza : château fort près d’Arezzo

CARNET TOSCAN / ENVIRONS D’AREZZO


Gargonza, château fort est situé en pleine forêt, dans cette montagne boisée et déserte à l’ouest de Monte San Savino, que nous avons traversée samedi en venant de Sienne.

Le donjon carré domine les arbres. Les nombreux cyprès dépassent les chênes, pourtant très beaux.

Il faut laisser la voiture à l’écart : une allée dallée, en sous bois, nous conduit au village fortifié. Pas de brique, ici, de la belle pierre de grès gris et fin. Sous  une arche  on entre dans la cour, au pied du donjon, toute verte d’herbe rase ornée d’une belle citerne octogonale .

Le village a été converti en château-hôtel. Les maisons sont retapées, fleuries, toutes les portes peintes en marron. Belle unité de style, mais le village a perdu son âme. Nous parcourons les ruelles, prenons des photos. Je regrette d’avoir oublié mon carnet de dessin.
Comme la visite a été courte, je propose de rentrer par un autre itinéraire par une strada bianca et de descendre le chemin à pied. C’est une balade magnifique sous les beaux chênes aux troncs moussus et les hauts pins qui embaument .

Dans une clairière dégagée nous retrouvons les oliviers. Au loin, les crêtes, dans la vallée, tournesols, maïs et blé : concentré de la Toscane, un moment exceptionnel.

Arezzo et ses environs

Piazza Grande


Maison de Pétrarque

La belle via dei Pileati avec ses palais couverts de blasons conduit à la Maison de Pétrarque qui abrite une belle bibliothèque avec des livres anciens (aussi en Français et en latin).

Piazza grande et Santa Maria della Pieve

Santa Maria della Pieve est surtout remarquable par ses colonnettes qui décorent la façade, l’abside et le campanile (style Pisan). La nef est impressionnante, très vaste, très haute, très dépouillée.
Nous restons une bonne heure sur la Piazza Grande. Les façades sont très variées. Les arcades de la Loggia de Vasari occupent tout un côté. De beaux cafés y sont installés.

piazza gbrande côté des cafés

 

Le plus grand côté de la Piazza grande est occupé par des façades médiévales  avec des balcons de bois et des maisons-tours décorées de blasons. Les crépis jaunes, ocre, ou gris tranchent avec la pierre. Nous nous installons sur la margelle du puits. Un homme dessine le côté très disparate avec le chevet de Santa Maria della Pieve et son campanile, un Palais XVIIème /XVIIIème occupé par le tribunal et un bâtiment très curieux, très ouvragé la Loggia dei Laici gothique en bas surmonté de frises Renaissance et d’une curieuse horloge. Le dessinateur est d’une dextérité étonnante. Il installe ses lignes de fuite, jongle avec la perspective puis complète les bâtiments et rajoute les détails à la fin. J’avais l’intention, moi aussi de dessiner mais je me sens complètement gourde à côté de lui !

C’est l’heure de l’apéro ou plutôt du caffe freddo. Nous remontons vers les beaux cafés sous les arcades de Vasari. Toutes les tables sont occupées. Encore une fois, pas de café ! La terrasse à côté est vide, on peut s’asseoir à son aise. Je commence le dessin laborieux des maisons médiévales plus faciles.

Les montagnes par delà le Val di Chiana
De  la piscine de la Foresteria, on voit la montagne qui borde le Val di Chiana vers l’est,  d’Arezzo à Castiglion Fiorentino. En fin d’après midi,  par une petite route à travers un village puis des oliviers on parvient à une très belle forêt. La route grimpe puis redescend sur l’autre versant vers Arezzo.

Comme hier, je descends à pied sur la route dans la belle lumière du couchant. La vue est très étendue sur la plaine cultivée : jaune des tournesols, vert vif du maïs et du tabac, or des chaumes, vert foncé des vergers qu’on arrose à grands jets tournants. Au bas des pentes : des oliviers en terrasses – Véritable « résumé  » de la Toscane : oliviers, clochers et fermes massives précédées de leurs haies de cyprès.

Arezzo :Les fresques de Piero della Francesca

CARNET TOSCAN

Amanda a pris rendez vous à 9h, pour nous pour la visite des fresques de Piero della Francesca sous le nom d’Illuminati, le nom de Francesco, le véritable patron et propriétaire de la fattoria mais aussi des vergers et de l’usine .
Les fresques ornent le chœur de San Francesco, grande église romane très haute mais assez simple.

A l’heure dite, on nous laisse entrer, on allume  et nous confie un audio-guide en français.
Les fresques racontent l’ « histoire de la Vraie Croix » racontée dans la Légende Dorée de Voragine.Cette histoire commence par la mort d’Adam. Son fils, Seth plante dans sa bouche un bourgeon de l’arbre de la connaissance  qui donnera le bois de la Croix. Episode intermédiaire : Salomon a fait du tronc de cet arbre, un pont. La Reine de Saba a une vision et refuse de marcher sur ce pont. Salomon fait enterrer l’arbre. De la Crucifixion, rien dans cette fresque.

Rêve de Constantin : un ange porte une croix de lumière qui lui apportera la victoire. Scène de bataille. Hélène va chercher la Vraie croix à Jérusalem. Un Juif, Judas, connaît l’emplacement des trois croix. Pour lui extorquer le secret on l’enferme dans un puits. Titre : torture du Juif (déjà ! Encore !)
Puis nouvelle scène de bataille, contre les Perses cette fois. Le roi de Perse avait volé la Croix, en avait fait un trône sur lequel il avait coutume de s’asseoir à côté d’un coq (esprit saint).

On peut regarder cette fresque comme une BD. Lecture naïve des analphabètes. Les fresques étaient appelées : bibliothèques des pauvres. Ne connaissant pas cette légende, je la découvre sans a priori, sans esprit critique. Une belle histoire, magnifiquement peinte et bien racontée.

Nous repassons la cassette deux fois pour mieux découvrir les détails. Ensuite, le regard essaie de saisir les détails du contexte historique : Jérusalem, c’est bien sûr Arezzo. Mais Piero a voulu faire oriental, il a rajouté deux minarets. Délicieux anachronisme ! Les scènes de batailles sont les plus colorées. Les pattes des chevaux donnent l’idée du mouvement dans la mêlée, elles sont très bien représentées. J’avais déjà remarqué ces pattes de chevaux à Sienne en regardant le pavement. Lances, oriflammes pointent vers le ciel. Les blessures des soldats saignent d’un beau sang rouge. Le thème religieux s’efface devant l’évocation guerrière.

L’audio-guide se contente de raconter la légende. Nos livres en faisaient de même. Je regrette l’absence de visite guidée qui aurait pu donner des notions de technique et d’Histoire de l’Art. Dans la nef, nous sommes livrées à nous même devant des fresques moins connues. Je remarque une curieuse fresque où un âne est agenouillé.

Cortona, une ville en pente! sous le soleil de Toscane

Avec le livre de Francès Mayes pour guide : Sous le Soleil de Toscane

arrivée à Cortona

Cortona est la ville la plus pentue que nous ayons jamais visitée ! On y entre par une arche dans la muraille étrusque (gros blocs arrondis par le temps), on remonte la via Ghelfa pavée de grosses dalles grises entre les maisons grises en pietra serena, endormie à notre arrivée.

 

ruelle en pentte

Halte à mi-pente au couvent Saint Augustin : le cloître est planté d’un palmier et du plus joli althæa à fleurs blanches qui, au lieu de faire une boule, est taillé en berceau et a grandi comme un véritable arbre? Les arcades du cloître sont  en jaune pâle comme dans la plupart des les cloîtres. Je regarde avec plus de curiosité que d’admiration, les fresques narrant les épisodes de la vie du saint. Facile à comprendre: les miracles sont expliqués en Italien (plus facile que le latin) Ces peintures n’ont aucun intérêt esthétique. Nous avons vu tant de belles fresques que nous devenons difficiles !

Piazza della Reppublica

Deuxième étape dans notre ascension : un banc de la Piazza della Reppublica, place où trône sur un large escalier le Palazzo del Capitano del Poppolo(hôtel de ville) surmonté d’une tour et d’une grande horloge. Des échoppes minuscules sont logées sous l’escalier. Frances Mayes décrit dans son livre, Sous les soleil de Toscane, l’horloger installé depuis le temps des clepsydres. Malheureusement il a cédé son atelier à une galerie de tableaux – personne ne fait plus réparer de montre !
Comme le raconte le livre de Frances Mayes, nous trouvons sous les arcades la marchande de frutta e verdura et dans la loggia surélevée, la terrasse du restaurant. On sort le livre et on le lit à voix haute. C’est amusant de visiter les lieux décrits si minutieusement par l’Américaine.

Nous venons tout juste d’arriver,  Cortona nous semble familière. Un petit bémol : la place est beaucoup plus touristique qu’on ne l’imaginait.

San Christoforo
Après cette lecture, nous adoptons notre tactique habituelle : grimper le plus haut possible et faire la visite à la descente. Donc on monte, on monte même très raide. L’église préférée de Frances Mayes est San Christoforo. Selon elle, a porte serait toujours ouverte. Cap sur San Christoforo qui se trouve dans les hauteurs ! Nous passons rapidement devant San Francesco mais on n’aime pas s’interrompre à mi-pente, cette église est vaste et sombre. On a descendu les tableaux pour restauration. Un moine en robe de bure lit en marchant.
Vers le haut de la ville, les constructions sont moins denses avec de beaux jardins. Nous découvrons une vue dégagée sur le Lac Trasimène (on l’attendait, il est dans le livre). De grands bâtiments austères en pierre avec de hauts murs bordent la rue : ce sont des couvents de Santa Chiara delle Povere, della Trinita etc.….On restaure San Niccolo qui a un joli porche abrité par une colonnade.

Pas de visite San Christoforo est vraiment une toute petite église avec un campanile tout simple « à peigne » située à la fourche de deux routes. On ne peut pas vraiment l’appeler une place, mais il y a un banc . Le livre qui décrit l’Ange de l’Annonciation qu’on aperçoit dans une petite chapelle extérieure fermée par une grille. Depuis que Frances a écrit le livre, on a fermé l’église.

Nous poursuivons jusqu’à la Porta Montanina. De là nous avons une très belle vue sur un vallon la coupole de S. Maria Nuova et de belles maisons avec piscine (sans doute agriturismo) ? Nous négligeons Santa Margharita et ratons une belle promenade verte et ombragée (un chemin de croix !) Nous avons déjà assez monté comme cela.
Pour descendre nous choisissons les plus petites ruelles . Un petit chien bâtard fait mine de nous barrer la route, un chat dort tranquillement. Deux femmes en tablier descendent en bavardant …Chaque viccolo apporte une surprise : une volée de marches, une rampe glissante,uneéchappée sur la vallée ou le lac …Nous somme vite rendues à la Piazza della Reppubblica maintenant plus animée.
La via Nazionale est la rue commerçante. J’y trouve facilement le Monde. De jolies boutiques proposent de bien jolies choses. On entre dans un magasin de papier d’art : carnet, agendas, écritoires …recouverts de papier ancien. Une très belle librairie vend du matériel de peinture tubes, pastilles d’aquarelle, papier. J’achète un bloc. Le format du carnet moleskine est parfait pour les croquis rapides mais pour peindre je n’ai plus de papier grand format. Dominique m’incite à « mettre des couleurs »dans mes dessins. Sans couleur, elle ne les regarde même pas.
La Cathédrale est un peu décevante : extérieur roman très sobre, intérieur Renaissance avec les colonnes et arcades gris foncé que nous avons vues maintes fois depuis Florence.

Le Musée diocésain

annonciation fra angelico

En face le « petit musée « diocésain. Je suis toujours méfiante avec les Musées d’Art sacré qui exhibent chasubles, chandeliers, encensoirs et croix qui m’ennuient. Encore une fois je me laisse conduire par Frances Mayes qui décrit une Annonciation de Fra Angelico avec un ange aux cheveux oranges. Nous décidons de faire une visite à l’Ange, je prends l’ audio-guide.
L’Ange est bien là ; sa présence illumine toute la salle. C’est une peinture très connue. Elle m’est familière. J’aimerais rester longuement à la contempler. La Vierge, sous une sorte de pavillon à colonnettes est aussi très douce. Un parterre fleuri à fond vert soutenu fait ressortir les personnages clairs. En dessous une bande dessinée – la prédelle- représente des scènes miniatures qui me plaisent énormément. Une femme, entrée en même temps que moi, s’est assise et écrit dans un carnet. Comme j’ai pris l’audio-guide, je fais une visite complète qui me permet de découvrir un peintre que je ne connaissais pas : Lorenzetti (14ème siècle école siennoise) qui peint des visages grisâtre très doux presque douloureux. Je retrouve Signorelli (et son atelier). Pour Signorelli, je suis partagée. Certains de ses tableaux me plaisent, d’autres pas. Je ne sais pas très bien pourquoi. Ce n’est pas nouveau, déjà à l’Abbazia de Monte Olivetti Maggiore, les fresques m’avaient paru insignifiantes. Certains tableaux paraissent réussis : la Déposition du Christ mort est saisissante. Les autres tableaux semblent bâclés. Avant de quitter le musée, je retourne prendre congé de l’Annonciation. La femme aux cheveux gris écrit toujours dans son carnet.
Il est midi, je n’ai pas envie d’une autre visite de musée. Dominique a pris les renseignements pour les visites des tombes étrusques. Nous terminons la visite par un tour en voiture en haut de la ville.

Nous arrivons sur l’esplanade de Santa Margharita que nous avions négligée. Si la promenade du chemin de croix  devait être une promenade agréable, la découverte de cette église est une déception. C’est une basilique du XIXème siècle de proportions imposantes disproportionnée à l’échelle de Cortona, néogothique, hideuse.
Nous continuons vers la forteresse Médicis perchée au dessus de la ville. Forteresse de pierre, contrairement à celles de briques de sienne de Volterra ou d’Arezzo). Elle abrite une expo d’art Contemporain (contemporaine vacuité et prétentieuse nullité). Nous montons sur le chemin de ronde pour la vue sur le Lac Trasimène, la ValdiChiana et les montagnes bleutées qui ressemblent à des volcans.

Cortona : Bramasole, la maison de Frances Mayes auteur de « sous le soleil de Toscane »

Bramasole maison de Francès Mayes

Cet hiver la lecture du livre Sous le Soleil de Toscane nous a incité à choisir cette destination pour les vacances de Juillet. Lecture facile, lecture sympathique, récit d’une journaliste américaine qui vient s’installer en Toscane et retaper une maison. Découverte de Cortone et de ses habitants, de la vie italienne si différente et exotique pour une américaine.

Dernier temps fort de la journée : Bramasole, la maison du livre !

Située à la sortie de Cortona sur une petite route au dessus d’un vallon sauvage dans les oliviers et les cyprès. Ici, tout le monde la connaît. Deux jeunes gens qui se restaurent de salami à la terrasse d’un café nous pilotent : « c’est après la courbe vous verrez un grand portail et un grand jardin »Bramasole est facile à identifier avec sa madone en terracotta (genre della Robia) et son magnifique jardin.

 

Bramasole madone

Nous sommes surprises. On ne l’imaginait pas si proche de la ville. Moi, je ne la voyais pas si rouge et si grande. Le jardin en terrasse est soigné et fleuri. On la mitraille de photos. Un peu déçues, l’écrivaine n’y habite plus.

Il faudra relire le livre maintenant !

Cortona : tombes étrusques

 

tombe de "Pythagore"tombe de Pythagore

Rendez-vous au parcheggio du torrente Loreto. Nous trouvons le ruisseau ( torrente), pratiquement à sec, mais pas le parking !

Une dame qui arrosait ses fleurs, me fait traverser la  route très passante (Arezzo-Pérugia) pour me montrer le parking.

Visite privée : nous sommes seules. Notre guide est une archéologue américaine, sur son badge : « dottore », en anglais donc. Les conférences en Italien m’amusent mais je suis incapable de poser des questions précises. Comme la visite  sera un dialogue, l’anglais me convient parfaitement.

Le premier tumulus est encore plus imposant que celui de la tombe des chars de Populonia. Des chênes centenaires masquent le dôme de terre. On ne voit pas non plus le tambour de pierre. Les archéologues ont dû creuser sous le niveau du sol. Ce tumulus comporte plusieurs chambres. Il a été utilisé pendant longtemps:  durant six siècles les habitants de Cortona ont pris l’habitude de se faire enterrer ici, Étrusques ou Romains, ou autres.

La structure circulaire a été dégagée pendant les différentes fouilles ainsi, récemment, qu’une sorte de plate-forme (un autel ?) précédé d’un escalier monumental. De grosses palmettes sculptées dans le grès servent de rampe. Des sculptures ornent la base de l’escalier : l’une d’entre elles est bien reconnaissable : un guerrier luttant avec un fauve. Cette tombe est contemporaine de celles de Populonia (VI ou VIIème siècle). Ces tumulus étaient construits à proximité d’un grand axe de circulation devenu la Via Cassia. Ils étaient visibles de la route et marquaient ainsi le prestige du dignitaire et de sa famille. Comme à Populonia, inhumation et crémation ont coexisté. Des fouilles récentes ont mis à jour des objets très nombreux sauvés des pilleurs de tombes grâce ou à cause des inondations du petit torrente. Des bijoux en or sont tombés dans la boue et ont été préservés.

La seconde tombe a été reconstituée au cours de fouilles anciennes (1909). On peut pénétrer dans la chambre.Le matériau employé est remarquable: une belle pierre rose (calcarénite) provenant de Pienza et du travertin. L’utilisation d’un matériau de construction importé de loin (même de très loin, compte tenu de la taille imposante des blocs) est aussi un indice de la richesse du propriétaire de la tombe. Autre intérêt : la fausse voûte. A cette époque, les Étrusques ne savaient pas construire de vraies voûtes. Ils empilaient les blocs en gradins, ce qui aurait dû donner un escalier. Pour faire plus joli, on a scié le bloc en diagonale pour donner un plafond lisse en faisant disparaître les marches. Pas de ciment, les blocs taillés très soigneusement s’emboîtent très proprement les uns dans les autres.

Enfin, des inscriptions ont été retrouvées. L’écriture étrusque utilise des caractères grecs et phéniciens écrits de droite à gauche. On connaît ainsi le nom du dignitaire inhumé ici. Il ne s’agit pas d’un Etrusque mais d’un Ombrien, sa femme étrusque était d’une famille bien connue à Cortona .Malgré la précision de la lecture, ces inscriptions funéraires sont de peu d’utilité pour le déchiffrement de la langue étrusque : sur chaque tombe toujours la même chose « ci gît … ».
A partir du cinquième siècle la pression des Romains sur les villes étrusque se fait menaçante. Les cités étrusques, au lieu de s’unir contre l’ennemi romain, ont continué à guerroyer entre elles. Elles n’avaient aucune chance contre Rome. Cortona a préféré payer un tribut à Rome. La richesse des dignitaires s’est trouvée amoindrie ; la taille des monuments funéraires a donc diminué. Plus de tumulus imposant, seulement des niches pour des urnes contenant des cendres.

La troisième tombe s’appelle improprement « tanella de Pitagore » (confusion avec la ville de Crotone où est mort le philosophe). C’est un monument plus récent, un édicule rond fait de blocs énormes soigneusement taillés. Les sédiments ayant dévalé de la colline ont protégé la moitié située vers l’amont. La moitié aval a été utilisée comme carrière pour la construction des maisons de Cortona.