Le Kef – Dar Alyssa

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

le Kef : mausolée Sidi Makhlouf

Nous achetons à Jendouba un pique-nique sommaire : bananes oranges et dattes ainsi que des yaourts.

La route passe par des champs cultivés de céréales, l’horizon est barré par des crêtes, montagnes à la frontière de l’Algérie toute proche.

Le Kef

Le Kef est une grande ville adossée à une pente, la médina, la kasbah sont sur la colline tandis que la ville moderne s’étale vers le bas.

Le Kef dar Alyssa

Dar Alyssa – la maison d’hôtes – est une maison de ville située derrière l’Hôtel de ville. Sa façade est crépie de rose. Autour de la maison de nombreuses plantes débordent de pots. Impression de luxuriance. A l’intérieur, cette même impression d’abondance provient d’une infinité de sculptures et de beaux objets :  sculptures africaines, étains, collection de bracelets, pots, cuivres…On nous reçoit dans la pénombre. Dans un bassin, une cascade murmure. En décembre c’est un peu étonnant mais il faut imaginer la canicule de l’été : la présence de l’eau rafraîchit et me rappelle La Maison de la Cascade d’Utique.

Nos hôtes nous réservent un charmant accueil et nous conseillent pour demain la visite d’Althiburos site archéologique introuvable sur nos guides mais que GoogleMaps trouve à côté de Dahmani. Ici la Wifi marche parfaitement bien.

Le Kef

Notre chambre a un joli décor aux tons blancs et gris et une belle salle d’eau.

Nous montons à la Casbah qui est un grand fort avec une tour carrée avec une fenêtre à moucharabieh de bois qui dépasse. Le portail est imposant avec son arche maure. Le long de la muraille on a dégagé un autre mur. Tout autour des couples attendent le coucher du soleil. La vue est dégagée sur toute la région. L’horizon est se découpe en plusieurs lignes de crêtes. Le ciel est barré de bancs de nuages donnant un éclairage théâtral. Le soleil fait briller un petit minaret carrelé de noir et blanc à côté de coupoles qui prennent une teinte rose.

Le Kef : coucher de soleil

Une mosaïque de terrasses se trouve à nos pieds. Les pointes acérées des cyprès font des découpes graphiques. Près de nous un chapiteau corinthien devient orange ainsi que la toge d’un romain sans tête. Nous n’attendrons pas le final : il faut redescendre avant la nuit pour ne pas nous perdre. Evidemment on se perd quand même, suivant une rampe cimentée qui longe la médina mais se termine par un escalier. Demi-tour hasardeux.

Diner gastronomique

Dar Alyssa : salle à manger

Servi à 19h30 dans la salle à manger meublée de buffets rustiques, su lesquels on a déposé des ustensiles de cuisine en cuivre, belle collection digne de la cuisine d’un château. La chorba dans une coupelle, est au poulet, orge et pois chiches. Le plat de salade de jeunes fenouils très tendres est parsemé de miettes de thon et décoré d’olives. Le brick à l’œuf est d’une légèreté magique. Le plat traditionnel kéfois le Bourizguène est de l’agneau au romarin accompagné d’un couscous sucré cuit dans le lait avec des dattes saupoudré d’amandes et de pistaches concassées. C’est vraiment succulent ! Nos hôtes viennent nous tenir compagnie ils nous expliquent que le Bourizguène est un plat traditionnel de fête pour célébrer le printemps et les agnelages. En effet l’agneau doit être très jeune la viande est fondante sans graisse ; Nous terminerons la soirée à bavarder avec Leila qui est aussi une voyageuse mais dans le genre associatif, militant pour un dialogue inter-religieux avec des sœurs ; Elle a même rencontré le Pape à Rome.

Chambre d’hôtes à El Aliya – Ghar Meleh

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

Les nuages très menaçants ne tardent pas à crever en une pluie désagréable.

Où déjeuner ? Au bord de la mer ? Nous guettons les gargotes. On mangerait bien des brochettes. Les maraichers ont dressé des pyramides de fenouils blanc nacré, ventrus vendus avec les fanes et des tours de carottes appétissantes habilement construites. Dans des seaux blancs en plastiques, des oranges et des mandarines.

Chambres d’hôtes Henchir Dherb

La ferme se trouve en pleine campagne sur une petite route goudronnée entre champs de fenouils à tous les stades du petit plant à la récolte. Un homme laboure, sa charrue est tirée par un cheval. Des femmes récoltent les olives vertes, violettes et noires. Malgré la pluie tout le monde travaille dehors. Un beau mur fleuri de bougainvillées annonce la résidence touristique. Nous reconnaissons la piscine, c’est bien là ! Deux jeunes filles chaussée d’élégantes bottes en caoutchouc fines, puis notre hôtesse, Leila nous conduisent dans une grande pièce où, dans une haute cheminée de marbre blanc sculptée, brûle une joyeuse flambée. La grande salle aux confortables canapés est ornée de tableaux peints par le mari de Leila. Peinture très colorée et très gaie.

Nous traversons un premier patio aux arcades grises et pavement de marbre (on pense au triclinium d’Utique) fleuri de jasmin et meublé rustiquement, paniers dd piments rouges, tresses d’ail….Pass2e une porte verte, on traverse une petite cour et après avoir poussé une lourde porte ancienne, nous découvrons notre chambre. Dominante bleue, bleu outremer et bleu clair sont réveillés par une frise de créneaux jaunes. La commode originale est patinée de bleue. D’équerre l’entrée est jaune soulignée d’une bande verticale bleue. La salle de bains possède également une belle porte et des placards de bois vert. Dans une niche, des nautiles et un coquillage nacré. Très bon goût, original. Une maison d’artistes.

Leila nous convie au thé dans le salon. Nous avalons d’abord en vitesse un œuf dur et un yaourt. Le thé aux pignons est délicieux. Leila nous conseille d’aller à la mer à Ghar Meleh. Il suffit de monter à El Aliya, le village le plus proche perché sur une colline, de tourner à droite en haut et de suivre la route qui traverse en zigzags la campagne et les villages. Dans le village suivant la rue est occupée par un marché de fruits et légumes : fenoiuls et carottes, petits pois, navets, choux fleurs, bien sûr oranges, mais aussi de grosses prunes violettes. Les étals des boucheries sont moins agréables à regarder, deux têtes de vaches sotnaccrochées ainsi que la toison d’un mouton maculée de sang, suspendue près des carcasses en plein air. Innombrables petites épiceries, une supérette, signe de modernité comme l’enseigne lumineuse clignotante du boulanger. Brusquement je découvre la mer à main droite derrière un rideau de roseaux, tranquille et plate comme un lac – c’est un lac que la route longe avant d’arriver à Ghar Meleh au soleil couchant qui dore les pierres du fort. Les troupes de Charles Quint débarquèrent en 1535. Au 18ème siècle c’était le port principale de la flotte corsaire. Le fort est une tour ronde entourée d’un bâtiment arrondi plus bas. Des hommes coupent des roseaux et lient de bottes. Côté lac il y a quelques  barques colorées, des filets et des pontons de bois.

Ghar el Melh : fort

Le restaurant Porto-Farina est fermé, Porto-Farina est l’autre nom de Ghar Meleh). Nous ne nous attardons pas. Il faut rentrer avant la nuit.

Dîner auprès du feu. La soupe nous réchauffe. Elle a un goût d’orange il y a même des filaments de zeste de citron râpé, lait ou pomme finement moulinées. Elle est veloutée, excellente et très originale. Une douzaine de petites sardines frites très fraîches, viennent justement de Ghar Meleh elles sont servies avec un piment rouge coupé dans le sens de la longueur et un quart de citron, véritable tableau ! Le risotto aux moules de Sfax est décoré d’un toupet de fenouil. Le riz fondant est recouvert d’un glacis de copeaux de parmesan. Le dessert est aussi joli que délicieux : une coupelle de grenades aux grains bien rouges sur de la chantilly colorée par des amandes grillées pilées.

Leila nous tient compagnie. Elle se désole que la Tunisie soit encore désertée par les touristes. Le tourisme de masse a frémi en 2017 mais elle vise une autre clientèle de voyageurs individuels. Ce n’est pas la politique de Trump qui va doper le tourisme ; Manifestations à Tunis ; A la télévision, un jeune chante des lamentations pour El Kuds.

 

 

 

 

 

Arrivée à Tunis – notre gîte : Dar Kenza dans la médina

CARNET TUNISIEN, DU NORD AU SUD

arrivée dans la nuit à tunis

L’arrivée à l’aéroport

Les nuages ne se déchirent qu’au-dessus de la Sicile, les îles éoliennes sont éclairées dans la nuit, l’Etna est invisible. L’avion perd de l’altitude dans le noir complet. La côte tunisienne scintille. L’arrivée sur Tunis  est un feu d’artifice.

L’assistance de Dominique nous fait généralement gagner du temps en court-circuitant les queues et les formalités. Ce n’est pas le cas ce soir. Le camion élévateur tarde tellement qu’on fait embarquer les passagers pour Paris tandis que nous sommes encore à l’avant de l’avion. Nos valises ne sont plus sur le tapis roulant,  jetées dans un coin. Samiha s’est lassée de nous attendre à la sortie. Nous la retrouvons au bureau de Camelcar. Elle a pour nous un sac de cadeaux : un petit téléphone tout neuf, un GPS et deux road books reliés, magnifiques.

La voiture est une Renault Symbol (modèle monté en Turquie, hybride de Clio et de Dacia), vaste coffre mais sans essuie-glace arrière. Le GPS est très récalcitrant. Impossible de programmer, l’adresse de Dar Kenza ce qui n’est pas étonnant puisque la rue Tourbet el Bey se trouve dans la médina, mais plus étrange quand il s’agit de la Place du Gouvernement où se trouve un grand parking et de nombreux ministères. Personne n’y arrive, même pas le loueur de voitures. Tout le monde nous assure que nous ne retrouverons jamais dans Tunis. La solution est de faire venir notre hôte en taxi, il nous guidera ensuite.

21 heures passées nous sommes toujours sur le parking de l’aéroport, le ticket du parking buggue en sortie : temps dépassé !

la médina

les arches pour entrer dans la médina
les azrches de la médina la nuit

Sous la direction du propriétaire, le chemin semble simple, tout droit. La place du Gouvernement est monumentale, éclairée. Nous suivons les murs de la médina pour entrer sous un porche avec de belles arcades de pierres. Nous garons la voiture « Place du Château ». Le « château » Dar Hussein est le siège de l’Institut du Patrimoine, un palais 18ème siècle qui fut investit par le commandement militaire français du temps du Protectorat. Au détour du palais nous passons encore sous d’autres arcades, puis dans des rues blanches aux portes bleues, grilles bleues aux fenêtres à entrelacs et petits auvents bleus « Cette partie a été restaurée par des Espagnols » –  dit le propriétaire, un peu plus loin, c’est moins restauré mais des vignes font des tonnelles gracieuses et leurs ombres des arabesques dans la nuit. La rue Tourbet el Bey est une grande rue avec de nombreuses épiceries et gargotes, plus loin elle conduit au souk des femmes. A 21h30, tout est fermé, seuls les chats occupent la rue.

Dar Kenza

Dar Kenza

Notre appartement à Dar Kenza s’ouvre sur un patio blanc et bleu. La grande pièce à vivre  est entre  les deux chambres. Les murs crème sont ornés de tableaux orientalistes avec chevaux, burnous, turbans. Un tapis rouge, des banquettes rouges, un coffre peint. Des arcades se détachent peintes avec une végétation luxuriante de fleurs et fruits. Une bordure de majolique borde une étagère.   Les lits sont dans des alcôves.  L’une d’elle est voûtée séparée de la salle par des majestueux rideaux bordés de glands dorés.  Ses murs, jaune d’or intense. Le lit est posé sur une estrade aux marches carrelées, il est recouvert de rouge vif. En face, l’autre chambre est séparée par une cloison à fenêtres à ferronneries éclairées par des lampes aux abat-jours délicats et une lanterne. Le plafond vert est bas sous une mezzanine communiquant avec la pièce principale par une boiserie ajourée faisant penser à un castelet peint avec les mêmes feuillages que sur le coffre. Ceci confère un bel éclairage au salon.

Dar Kenza alcôve

Une cuisine et une salle d’eau complètent l’appartement dans lequel on pourrait vivre à 6 ou 7.

Notre dîner tardif se compose d’un bol de soupe de lentilles passées, d’escalopes de poulet panées, d’une salade chou et fromage et d’une coupe de grains de grenade.

Nous avons beau être fatiguées du voyage, je ressors faire des photos de nuit dans les rues de la médina.