Trim est une petite ville plutôt qu’un village. Une haute tour dont il ne reste qu’un pan se détache, dominant le centre-ville. Mais ce n’est pas le château : imposant donjon entouré de remparts, il a servi de décor au film Braveheart.
_ »voulez-vous la visite libre des extérieurs ou la visite de la tour ? »
La visite guidée étant à 17h, je me contenterai des extérieurs à regrets puisque je n’apprendrai presque rien sur l’histoire du château ?
Le donjon a une architecture passablement compliquée avec un plan cruciforme, il est entouré de multiples dépendances, remparts, tours, barbacane. A son pied coule la rivière Boyne Le chevalier normand Hugues de Lacy commença sa construction en 1170, il fut détruit et reconstruit au 13ème siècle et servit pendant les guerres de Cromwell ?
la Boyne et le château
Le long de la Boyne partent 4 itinéraires de promenades. Le château est encore plus photogénique vu d’en face avec les roseaux qui ploient sous le vent et le courant ;
Verte promenade, instructive aussi : on a placé des panneaux illustrés racontant la vie du villages au temps médiévaux. Je passe au pied de la haute tour ruinée, près d’une arche de pierre, traverse un grand pré séparant Trim du village de Newtown( détruit depuis)autour de l’Abbaye dont il reste encore de hauts murs percés d’ogives gothiques. Je presse le pas, coupant à travers le pré. A peine suis-je de retour à la voiture qu’un déluge s’abat sur nous. Nous étions habituées au crachin irlandais, aux brèves averses mais pas à une telle violence.
Le retour par Summerhill et Kilcock est court, nous arrivons par l’ouest sur la M4 qui passe tout à côté d’Alensgrove.
Réveil ensoleillé : la montagne au dessus du B&B Gamekeepers est dégagée. Les fuchsias resplendissent. Le petit ruisseau, de l’autre côté de la route, cascade gentiment. Rita est optimiste « les fermiers ont commencé leurs foins, il leur faut deux jours sans pluie pour l’ensilage. Nous aurons deux jours de beau temps ».
Elle me montre les gousses d’ail qu’elle a disposées sur la table de bois du jardin : pour éloigner les midges. Je regretterai de n’avoir pas discuté plus avec Rita. Son savoir en matière de jardinage et de dictons est inépuisable. Sa prédiction météo ne s’est pas réalisée, à 14h la pluie est arrivée. Fine, d’abord, lourde, après 16h.
Pour arriver à Tralee, la route la plus courte passe par Connor’s Pass et nous repassons le col avec plaisir sous un temps clair qui fait briller l’eau et les bancs de sable. A l’entrée de Tralee, un beau moulin fonctionne. Tralee est une grande ville, avec des immeubles et des industries. Une rocade permet de l’éviter ; je remarque un bâtiment rond, brique et verre, très design : c’est un cinéma. Les flèches du bac de Tarbert nous facilite la route. La route traverse une campagne de bocage, légèrement ondulée avec des haies vives et des bosquets d’arbres.
traversée du Shannon sur le bac de Tarbert
La Rivière Shannon s’étale dans un large estuaire qu’on passera sur un bac (20 minutes, 18€) par véhicule). La traversée n’offre que peu d’intérêt touristique. Il y a quelques usines et une centrale électrique. On nous a promis des dauphins qui ne se montrent pas. Une petite route coupe plein nord de Killimerà Quiltymais nous préférons suivre la côte sur la Wild Atlantic Way qui traverse Kilrush, Kilkee, Doonbeg, Quilty, Spanish Point et Milton Bay où est situé notre B&B. C’est un peu plus long et on voit la mer.
Je me prends à rêver de Fish & Chips ou de soupe bien chaude. Pas de restaurant à notre goût dans les stations balnéaires que nous traversons. Nous n’avons pas envie de nous enfermer à l’intérieur d’un pub par le beau soleil. jamais !
La petite route dans les herbes folles et les fleurs
Sur le bord de la route un panneau indique Blue Horizons, notre gîte, qui ne se trouve pas du tout à la mer comme je l’avais supposé à la réservation sur Booking.com, mais dans la campagne. Une petite roue encadrée de graminées hautes et de fleurs blanches et violettes avec des inflorescences fines et verticales aux fleurettes serrées que je n’arrive pas à identifier. Les blanches, je les ai rencontrées dans les Pays Baltes. La route est si étroite que les fleurs touchent les flancs. Elle monte dans la colline et nous arrivons à une maison neuve, blanche. Par les grandes baies, je découvre une belle salle de réception. Les propriétaires sont absents pour le moment, un petit mot donne un numéro de téléphone.
Je mémorise l’adresse dans le GPS et nous allons à Lahinch « station balnéaire familiale » selon le guide Vert. Le village traditionnel se résume à une rue avec quelques pubs. Le bord de mer est hideux : deux parkings payants bondés, un « aquaworld » à la façade rouillée. Pas de terrasses ni de restaurants sympathiques, juste une pizzeria ans un centre commercial sombre installé dans une sorte de hangar, des marchands de glace. Je découvre un fastfood « Enzo » qui vend hamburger, nuggets et fish&chips. Le menu « fish&chips » 8.5€ suffira pour deux tant la part est généreuse. On mangera dans le parking. La place est inexistante à marée haute. L’eau arrive jusqu’aux blocs accumulés pour protéger la digue. Seule occupante du remblai, une femme en fauteuil roulant coincé, je ne sais comment dans les blocs. Déprimant !
Le soleil s’est caché, ciel gris aux nuages menaçants.
Falaise de Moher
La pluie ne tombera qu’au début de ma promenade sur les Falaises de Moher. Toujours impatientes, nous avons quitté la grande route trop tôt. Au lieu d’arriver au Centre des Visiteurs (6€) nous arrivons sur un parking à un bon kilomètre de la falaise (2€) mais 15 minutes dans les prairies en montée pour trouver le sentier côtier. Le chemin est goudronné, mais interdit à la circulation. Les panneaux sont explicites, le contrevenant n’est pas le bienvenu. La circulation des piétons est encadrée, par des clôtures électrifiées. Parvenue sur la crête, je découvre enfin les vertigineuses falaises. Déjà venue il y a 20 ans, j’avais vraiment éprouvé le vertige – sensation que j’ignore en montagne, j’adore la via ferrata . Aujourd’hui, comme à Mizen Head je suis déçue de ne pas sentir le pincement de l’appréhension. Les randonneurs sont invités à suivre le sentier officiel gravillonné. Aucun danger de glisser, il est sécurisé par un alignement de dalles de schiste gréseux gris foncé haute d’au moins 80 cm. Un talus encore plus haut bouche la vue. Des gens plus hardis marchent en haut. Pendant un certain temps – bien disciplinée – je marche sur le parcours où je ne vois pas grand-chose, surtout pas les oiseaux qui nichent dans la falaise. Puis, je fais comme les autres et grimpe sur le sentier haut. Celui-ci me réserve une mauvaise surprise : il s’interrompt brusquement et la descente est hasardeuse (3m sur un rocher détrempé glissant). Deux Espagnols m’assurent. Je retourne derrière les dalles un moment pour remonter de plus belle. Les goélands se tapissent dans des creux minuscules. Les guillemots et les macareux sont invisibles. La pluie forcit. Je retrouve Dominique sur le parking du Centre des visiteurs, me félicitant de l’itinéraire pris au petit parking. Autour du Centre, cela bouchonne sur le sentier malgré la pluie battante.
B&B Blue Horizons
Le B&B Blue Horizons est beaucoup plus luxueux que nos hébergements précédents. Notre chambre est très vaste et de très bon goût : murs gris perle, long rideaux beiges, un beau coffre sombre précède le lit. Tête de lit de cuir brun, courtepointe piquée marron assortie, literie blanche, coussins écossais camaïeu ; Sur les deux tables de nuit les lampes ont un abat-jour décoré de feuillage brun stylisé. Une glace reflète les tris sous-verres au dessus du lit : herbier d’algues marines. Salle de bain parfaite avec un sèche-cheveux bien utile après la pluie!
Dans la salle de séjour commune, deux canapés de cuir confortables se font face, un rocking chair. La vue merveilleuse sur l’Atlantique peut être magnifiée par une longue vue sur pied. Un couple d’Australiens très sympathiques y est installé. Nous buvons le thé ensemble. Leur jovialité compense l’absence de l’hôtesse qui s’est contenté de noter l’heure du breakfast et de nous ouvrir la chambre.
Trempées, le confort et le luxe nous conviennent bien.
Pour notre dernier jour canarien, nous avons envie de plage et rejoignons Gran Tarajal, annoncé par une zone industrielle, un port et des urbanizations, nous le dépassons pour continuer vers Playitas. La présence du golf, m’irrite encore (dans cette île sans eau). Nous aurions eu bien tort de nous laisser dissuader. Hôtels et appartements se font discrets, bungalows sous une palmeraie en bord de mer, immeubles adossés à la colline.
Dépassant les installations balnéaires, nous découvrons un charmant village : maisons blanches soulignées de bleu, volets verts. Une maison toute bleue, et une autre, jaune, font contraste avec les murs blancs éblouissants. La petite croisette le long de l’eau est dallée, plantée de quelques palmiers, d’un tamaris et de succulentes en pot. Les bancs sont généreusement disposés pour les promeneurs. On y prend l’apéro : aloès canarien. Je pars explorer la plage de sable noir pour marcher une dernière fois dans l’écume. Personne sur les lits de plage. Deux couples se baignent. Misère ! Il y a une sono d’enfer ! En Grèce sévit aussi cette manie de sonoriser les plages.
Comme nous sommes très bien sur notre banc au soleil, nous décidons de prolonger la pause par le piquenique (salade d’artichauts en boîte, œuf dur et thon). Café à la terrasse du restaurant bleu La Rampa il y en a second peint en vert, plus à l’ombre mais complet. Au bout de la promenade, se trouve un port minuscule, 3 barques sont hissées dans la rue. Un pêcheur à la ligne lance son hameçon. Une statue de pierre représente un pêcheur et son fils assis.
Faro de la Entallada
Faro de la Entallada
Un écriteau prévient que la route qui y conduit est étroite. Le ruban de goudron est perché sans accotement, sur le vide de chaque côté. Le phare coiffe un petit sommet. Flanquée de deux ailes basses, la tour carrée fait penser à un château fort. Il se voit de très loin, l’arrivée est impressionnante. Le vent est si fort que je n’ose pas rejoindre le petit mirador accessible par une passerelle de bois, j’ai l’impression de m’envoler.
Tiscamanita.
Le Moulin de Tefia
Pour rester sur l’excellente impression de Playitas, nous préférons finir la journée dans l’intérieur et voir le Centre d’Interprétation des Moulins de Tiscamanita. Un seul moulin. En cherchant à nous garer, je croise le sentir de randonnée 7.5km pour La Vega de las Palmas, 4 km pour Morro, la petite montagne, une rando de montagne dont j’aurais rêvé si nous disposions d’une journée entière ! Je pars avec ma montre 30 minutes dans un sens, 30 dans l’autre. Le sentier est très bien entretenu, balises verte et blanches sur la route et la piste, rangée de cailloux de chaque côté du sentier rouge de terre douce à mes pieds. Au bas de la montagne, un petit abri avec deux tables à pique-nique attend les randonneurs. Ensuite le sentier grimpe tout droit selon la plus grande pente je n’arriverai pas au sommet au bout des 30mn et redescendrai sans voir la vallée de Vega de Los Palmas.
promenade avec des chèvres
Je croise le troupeau de chèvre qui rentre seul. Enfin, pas tout à fait, deux grands rapaces au ventre blanc, planent au dessus d’eux. Le berger n’est pas loin non plus. Il se déplace dans un camion bleu et émet toutes sortes de sifflements et cris pour guider les chèvres qui ont l’air de comprendre et apparemment obéissent. Le chien suit le véhicule en courant derrière, stoppe quand il s’arrête, ne lâche pas le berger d’un pas. Les bêtes se débrouillent sans lui. Les chiens de Fuerteventura se ressemblent tous. Il en existe 2 sortes : les noirs et fauves trapus ressemblant un peu aux Labradors, les jaunes à hautes pattes fines et museau pointu. Dans les cours, ils sont toujours enchaînés. En guise de niche on leur fournit les bobines de bois géantes des câbles électriques. Au grand soleil, ils trouvent de l’ombre en dessous, en cette saison fraîche, ils préfèrent se jucher sur le plancher en haut.
Eolienne
La vallée centrale où se trouve Antigua ,Agua de Bruyes et Tiscamanita est cultivée. Des éoliennes à pales métalliques pompent l’eau, les levées de terre gardent l’humidité. Ca et là on voit les champs ou des serres de tomates.
Itinéraire du J5 : Parc des volcans, La Geria, El golfo Salines
Départ très tôt à 8h15 pour arriver les premières à ‘ouverture du parc. A 9h, s’ouvre la barrière de la route qui conduit au Parc de Timanfaya, le volcan entré en éruption en 1730 ? Le parc s’appelle aussi Montanas del Fuego. La route traverse un immense champ de lave AA correspondant à une surface très irrégulière où la croûte superficielle de la coulée s’est solidifiée très rapidement, fracturée, hachée en écailles plantées à la verticale ou dans le plus grand désordre.
La petite route monte au point de départ des autocars sur une éminence où est édifié un magnifique restaurant dessiné par César Manrique : El Diabolo – le petit diable est aussi la mascotte du Parc.
Faisons un petit geyser!
Dès notre arrivée, les Rangers du parc – chaudes parka et passe-montagnes – nous font garer et nous accueillent. Le prologue à la visite st une démonstration que le volcan respire encore, que le magma est proche et que le sous-sol est brûlant(Dommage qu’il ne nous réchauffe pas, il fait un vent glacial). Le garde me donne dans la main quelques graviers pris par terre, ils sont tièdes ! Des buissons épineux bien secs attendent d’être tassés dans un creux profond de moins d’un mètre, ils s’enflamment instantanément. Puis c’est un seau d’eau qu’on déverse dans un tube fiché dans le sol.
Pfffuuuttt!!!!
Le jet de vapeur fuse à grand bruit. On passe au restaurant voir le barbecue naturel où cuisent en robe des champs de grosses pommes de terre et des demi-poulets rôtissent à la géothermie.
Barbecue géothermique chez El Diabolo
Nous sommes arrivées les premières, occupons le premier rang dans le premier car qui démarre ; le spectacle est grandiose. Le grand car se faufile sur le fin ruban de goudron avec dextérité. Une bande sonore (espagnol-anglais) raconte l’éruption de 1730, lisant le témoignage du curé de Yaiza. La musique dramatique accompagne le voyage. Nous aurions envie de tout photographier et consacrons beaucoup d’énergie pour essayer d’éviter les reflets et autres artefacts. En collant l’objectif en en débrayant le flash les résultats sont meilleurs. Nous aurions peut être mieux fait de nous laisser aller au plaisir de l’excursion et aux points de vue magnifiques.
Vu du ciel l’alignement est parfait
Le nombre de cônes et de cratères est impressionnant. Il n’existe pas vraiment de volcan Timanfaya mais plutôt un alignement de petits cônes sur une faille orientée WSW-INE. L’éruption de 1730-1736 fut une éruption fissurale ;la carte offerte par le Parc montre les cratères alignés. Les petits cônes sont recouverts de matériaux pyroclastiques soit noirs brillants soit rouges. Certains monticules, les Islotes n’ont pas été recouverts par la lave et les cendres mais ne sont pas forcément indemnes de magmatisme. Le restaurant est installé sur l’islote Hilario. Hilario fut un ermite qui vécut 15 ans en seule compagnie de son dromadaire et qui planta un figuier qui ne fleurit jamais en raison de la chaleur du sol.
Vu du car, on se croit sur la lune!
Après le circuit nous visitons le Centre des visiteurs situé à l’entrée du Parc sur la route de Tinajo. Les panneaux racontent le volcanisme, décrivent la faune et la flore. J’y glane le nom de plantes que je cherche depuis longtemps Ulvilla de mar : Zygophyllum fontanasii – et le nom espagnol des Euphorbes Taibabal. Confirmation sur le rôle des alizées dans la colonisation des Malpais par les lichens. La guide du Parc bat le rappel : une simulation de l’éruption du Timanfaya a lieu dans le sous-sol. Le sol est surélevé et nous montons sur une estrade, des rochers nous entourent. Il faut imaginer la panique des paysans du 18ème siècle qui ne connaissaient rien aux volcans. Le son était si puissant qu’il résonnait jusqu’à Ténériffe à 230 km de là. On peut imaginer qu’ils crurent à la fin du monde. 40ù de la population émigra dans les îles voisines. L’éruption dura 6 ans. Nous ‘aurons que 3 minutes d’ »enfer » avec des craquements du sol, des roulements infernaux, des rougeoiements et des fumerolles. Le bruit ne m’a pas terrifiée mais je n’avais pas pensé à la fumée. Après la démonstration nous demandons à la dame très gentille de nous indiquer des promenades.
Volcan los Cuervos
On peut faire le tour du volcan de los cuervos (corbeaux) et même entrer dans le cratère pour environ 1h. Prendre la LZ-67 vers Tinajo tourner deux fois à droite pour trouver LZ-56 en direction de La Geria au km garer la voiture au parking.
Nous avons été trop impatientes, un peu après le km3 nous trouvons sur la gauche un parking avec le départ d’une promenade autour d’un cône orange-rouge. Je suis le parcours pendant une petite heure. Heureuse de marcher sous le soleil. Le chemin est bien balisé, des pierres sont alignées de chaque côté de la piste. Il pousse même des géranium sur le parcours ; malheureusement les panneaux explicatifs ont été enlevés. Il faut que j’imagine les interprétations moi-même. Promenade facile et plate. Je n’ai pas trouvé l’entrée dans le cratère annoncé par la guide. Et si je m’étais trompée de volcan ?
C’est effectivement le cas : au km 4, sur la droite, sont garées e nombreuses voitures. De la route, on voit le cône égueulé ouvert au niveau du sol, béant. Le voilà le volcan de los Cuervos ! Ici aussi la piste est bordée de grosses pierres, il y a du monde. Les panneaux sont bien à leur place. Je les parcours distraitement : il n’y a pas de temps à perdre. Devant les surfaces AA du Malpais, on évoque une « mer de lave » : mer bien déchaînée comme l’est l’Atlantique en ce moment. Un autre panneau détaille les facteurs de dépôt des lapilli : le vent en est un important, capable de dévier les pyroclastes et de les accumuler dynamiquement. Sur certain cônes se forment les mêmes rides que sur les dunes (vu ce matin du car). L’entrée dans le cratère est étroite, de gros rochers comme des guetteurs se dressent de chaque côté, propylées infernales. On devrait imaginer qu’autrefois il y a avait un lac de lave fluide. Il est maintenant tapissé de lapilli gris clair. J’ai mis 25 minutes pour atteindre le cratère. Si je reprends le même chemin cela fera 50minutes alors que si je fais le tour cela prendra une heure. On déjeunera plus tard mais je ne veux pas renoncer au tour ; Avec le vent de face j’ai du mal à marcher vite pour tenir les délais. J’ai plutôt l’impression de faire du sur-place en montant dans les gravillons.
Sous un beau soleil nous prenons la route de Portree (20 miles) traversant une forêt et des landes. La petite route qui fait le tour de la presqu’île de Trotternish est très tranquille et traverse des contrées inhabitées. Les pics déchiquetés de Storr se profilent ; on extrait de la tourbe. Les petites briquettes sont entassées Nous nous chauffions à la tourbe en Irlande. J’aime bien l’odeur qui ressemble à celle du café torréfié. Pour cette même raison D ne l’aime pas.
Arrêt suivant pour voir une jolie cascade. L’eau ruisselle partout. Le sol de tourbière est spongieux. Le ciel est encore bien bleu.
Old Man Of Storr
les aiguilles déchiquetées de Trotternish
Le parking au départ de la promenade au « Old man of Storr » se trouve en face d’une forêt de résineux très dense. Si je craignais de me perdre, me voici rassurée le parking est plein, des touristes descendent de voiture. Le sentier est bien tracé. Le fascicule annonce 4km et 300m de dénivelée – au moins une heure. Dès les premiers pas les premières gouttes de pluies tombent. Je ne les sens pas puisqu’une grande partie de la montée se fait sous les sapins plantés très serrés. Quand je sors à découvert, des écharpes de brouillard se faufilent entre les pinacles volcaniques. 40 minutes après être partie, je suis sous la fine aiguille que je dépasse pour atteindre un petit col. Seuls les randonneurs très bien équipés le dépassent ; Il est temps de redescendre. Je déplie la cape de randonnée.
Diatomite
Nous reprenons la route sous une pluie battante. En haut d’une falaise rose, des panneaux racontent que là, arrivaient les wagonnets de diatomite extraite dans un loch à 4 km. Il reste quelques installations rouillées. Pas de diatomite. J’en aurais bien échantillonné. Sous l’objectif du microscope les diatomées sont des organismes particulièrement gracieux.
Kilt rock
Kilt Rock : prismes basaltiques et roches colorées en strates horizontales
Kilt rockest une attraction du circuit de Trotternish. Cette formation rocheuse rappelle le tartan écossais. Des sédiments jurassiques de différentes couleurs déposés horizontalement (sables, grès, calcaires) sont recoupés par des dykes, intrusions volcaniques perpendiculaires, formant ainsi le motif écossais. Au dessus une épaisse coulée s’est refroidie en formant des prismes verticaux formant des orgues basaltiques spectaculaires. C’est là que nous mangeons nos salades toutes prêtes achetées à l’épicerie de Dunvegan.
La pluie redouble sans affecter notre humeur. Après tout, nous attendions la pluie et nous sommes équipées !
Fossiles
A Staffin, dans une vieille maison de pierre on peut visiter un petit musée (1.5£). Le gardien est un gamin qui enfourche son vélo quand une voiture s’arrête. Dans un coin, des outils, des vieux meubles auxquels je prête une attention toute relative. L’essentiel de la collection consiste en ammonites énormes de 30 ou 40 cm de rayon, de septaria, galets creux comme des géodes et cristallisés, divisés en loges. Il y a même des empreintes de dinosaures et un fragment d’os de sauropode jurassique. Moins spectaculaire mais tout aussi intéressante : une bélemnite entière.
Château de Duntulm
les ruines du château de Duntulm
Dominant la falaise, au dessus de la mer le château de Duntulm est bien ruiné. Le site est magnifique mais il ne reste pas grand chose du fief des Mac Donald. Des légendes effrayantes s’attachent à ce lieu. Un bébé aurait été défenestré. On y aurait rendu la justice en enfermant le condamné dans un tonneau bardé de clous qui aurait dévalé le précipice ! Sous ma cape plastique, je brave la tempête. Je ne veux rater aucune attraction du circuit de Trotternish, ni le château, ni les rochers ni le monument de galets érigé en l’honneur des joueurs de cornemuse.
Kilmuir
les chaumières de Kilmuir
Un groupe de chaumière a été restauré pour installer un écomusée. Deux maisons meublées ont conservé le lit clos par des rideaux, le couvre-lit crocheté avec la laine des moutons de la ferme, tondue, filée, teinte sur place…Sur les étagères, des tasses patriotiques, souvenirs de couronnements anciens de monarques disparus…des lettres, des factures anciennes (pas si antiques puisque l’une d’elles est datée de 1967 !
Age du Fer
La dernière étape est une surprise : un tunnel de l’âge du fer. Le site est récemment ouvert au public. Le tunnel n’a été découvert que dernièrement. On a laissé une torche pour que le visiteur puisse y entrer.
Le changement d’heure procure une grasse matinée supplémentaire pour lire au lit les Louves de Zoé Valdès. Une histoire de pirates caraïbes pour un port breton ? Ce n’est pas le livre le plus réussi de la romancière cubaine. Ses femmes pirates sont belles, forcément, les capitaines sont sexy, forcément. Histoire de travestissement dans un 18ème siècle convenu. Beaucoup de clichés.
Crachin breton : temps de Toussaint ? Voire, il fait doux. La télévision annonce des températures record dans le Midi. La maison est humide, rien ne sèche. On va acheter du linge de rechange.
Sous la pluie, je descends la petite route entre choux- fleurs et fermettes transformées en B&B croulant sous les hortensias. J’ai revêtu ma pèlerine de plastique vert par-dessus le coupe-vent. Je me promène sur la plage. Arrivée au village, je peux enlever tous mes équipements de pluie. Le temps s’est éclairci.
Déjeuner chaud au gîte : boudin et kouing aman.
marée basse et temps de Toussaint
Le circuit N°3 fait le tour de la Pointe de Penharidy limitant vers l’Ouest la baie de Laber. Un petit château de granite, genre manoir hanté, monte la garde devant la digue qui enjambe un ruisseau. A gauche, un marais, joncs, roseaux et plantes d’eau. On s’attend à dénicher les oiseaux. Une aigrette plane.
A la base de la pointe, un lotissement et un grand camping. Le sentier se perd ensuite entre fougères et ajoncs. Des haies de tamaris et d’éléanus en fleurs embaument. Autant la fleur de l’éléanus est discrète autant son parfum est entêtant. Il me semblait que ce pistachier était une plante typiquement méditerranéenne. Ici elle se plait tellement qu’elle forme de hautes haies. Le circuit serpente entre la face est et la face ouest de la pointe. Face à Roscoff nous longeons le cordon dunaire. Les thuyas ont des proportions de cèdres. Nous contournons le centre héliomarin, grands bâtiments blancs, piscine sous une verrière moderne. Un gros rocher forme l’éperon du petit cap. Je m’installe pour dessiner. L’île de Batz est toute proche. La baie de Laber a été abandonnée par la mer. On pourrait presque la traverser à pied sec. Et toujours ces écueils qui affleurent autour de la côte.
De retour par la plage, nous avions oublié l’existence du ruisseau. Je remonte sur la digue tandis que D préfère se mouiller et passer dans la vase.
Kissamos s’appelle aussi Kastelli, souvenir d’un fort vénitien. Kissamos, le dimanche matin, est si bien endormie qu’on trouve juste une pâtisserie ouverte et elle n’a pas encore garni ses rayons. Point de feuilletés pour midi ! C’est encore un village intouché par le tourisme de masse. Le bateau pour le lagon est à quai et ne partira pas aujourd’hui. Il y a un musée archéologique, des thermes romains et encore un autre site mais l’archéologie n’est pas au programme d’aujourd’hui.
La piste de Gramvoussa commence après Kalivani. Unécriteau signale qu’un péage d’1€ est prélevé au km5, mais nous ne trouverons personne. Nous engageons la Suzuki Alto avec appréhension : c’est vraiment une petite voiture le premier véhicule que nous croisons est une vieille BMW, pas un4 x4, ensuite les pickups des bergers, ce qui ne nous rassure pas. C’est au début du parcours que la piste est la plus raide. Le sommet de la péninsule s’élève à 762m mais la piste ne dépassera pas 250m. Dans la pente, elle est escarpée, ravinée et pleine de gros cailloux. La voiture peine. Je parcours la suite à pied pour voir si cela empire. Non ! Au contraire, après la pente s’adoucit. Vers la fin je marche dans un paysage sauvage de garrigue ou phrygane : la phrygane est une garrigue basse, ici c’est bien le cas. Des coussins épineux, des cistes presque rampants. Ici les arbres ne poussent pas. Il y en quand même un à un tournant, deux, pas plus. En revanche, c’est le royaume des chèvres. Livrées à elles mêmes, elles sont couchées sur la piste et ne se lèvent, avec mauvaise volonté, qu’au dernier moment s’agenouillant lentement et se dépliant sans hâte à l’approche de la voiture. Une C1 double la Suzuki, si une si petite voiture peut monter, nous aussi !
Une petite cantine de planches est installée sur le parking au bout de la route. Plusieurs panneaux indiquent des balades à pied : View point (10mn)(mauvais plan on ne voit rien)
Le lagon Bali : 20mn.Un écriteau Natura2000 captemon attention. Il signale une micro-réserve pour Anthemis globerina ou Agria Grambousa qui ne pousse qu’ici et sur l’ilôt d’Imeri. Petite plante annuelle aimant un sol calcaire, germant en automne et fleurissant en avril/mai. Cette plante rarissime devrait être en fleure maintenant ! Ma curiosité est aiguisée. Je veux absolument photographierAnthémis Globerina. Je tiens le regard au sol pour la chercher. Dans mes observations herborisantes je remarque de minuscules géraniums bleus hauts peut être de 2cm aux fleurs à peine plus grandes que celles des myosotis avec de vraies feuilles de géranium, de minuscules iris en boutons que je prends d’abord pour des crocus pas éclos. Toute la végétation est miniaturisée- rabougrie, diraient les Canadiens – un petit chêne vert ne dépasse pas 30cm mais il est bien reconnaissable, de même les pistachiers. Seules les sauges ont évité le rétrécissement. Elles prospèrent ici avec leurs beaux pompons jaunes. Les ajoncs sont aussi fleuris, minuscules, eux aussi.
les nuages s'accrochent sur le sommet
Le sentier est bien tracé, pas de balise à la peinture : une rangée de cailloux alignés sur chaque bord. Il faut dire que les cailloux, ce n’est pas ce qui manque ! Il vaut mieux choisir l’endroit où on doit poser le pied pour ne pas se tordre la cheville. Au début, cela descend. Logique puisque je vais à la plage ! Mais il se met à remonter. La montée est interminable. Le vent qui se lève m’indique que je passe un petit col. Cela ne m’inquiète pas. Cela devrait, je marche depuis 40m,. Je me retourne : le sommet de Gramvoussa a accroché un nuage menaçant. On dirait qu’il va faire mauvais alors qu’au dessus de la mer le ciel est tout bleu. Le sentier ne redescend pas du tout. Il reste sur une crête. Au but d’une heure, j’atteins sur borne : un cadran solaire. J’ai enfin compris que j’ai pris le mauvais chemin !
Au retour, je trouve le sentier du lagon à gauche de la Pancarte Natura2000 qui avait capté mon attention. Si pressée de trouver ma fleur je n’avais pas vu la flèche avec BALOC écrit en grec !
la chèvre préfère les voitures bleues!
Pique-nique au parking : avocat-saucisson puisque tout était fermé à Kissamos. La chèvre blanche et noire a fait sauter le couvercle de la poubelle. Elle y plonge ses pattes antérieures et sa tête et ressort tout ce qui lui plait : peau de banane, épluchures de pommes et papiers gras. Elle ne dédaigne même pas une boîte de conserves de Haricots géants à l’huile… Nos écorces d’avocats ne lui plaisent pas. Une petite chèvre noire s’approche. La grande qui porte une clochette (la chef ?) la pousse d’un coup de tête. Puis elle s’attaque à la poubelle suivante et d’un bond s’élance sur le capot d’une belle Peugeot Bleue et du capot, sur le toit. Ainsi juchée, au dessus de tous, elle joue la star. Tout le monde se précipite pour la photographier. Elle frappe du sabot la tôle de la 207. Notre Suzuki chocolat est garée juste à côté. D’un saut elle aurait vite fait d’atterrir dessus. Non la chèvre a ses goûts et ses couleurs. Elle préfère les voitures bleues et en choisit une autre de l’autre côté du parking !
le lagon de Bali
La descente au lagon est facile, le sentier descend tranquillement. Les passages fréquents l’ont adouci. D’une terrasse maçonnée on découvre l’eau turquoise enchâssée dans el sable blanc, comme une pierre précieuse. Une chaussée de rochers plats ferme le lagon vers le sud. Une île comme une forteresse reliée par un mince tombolo de sable blanc tout juste recouvert d’une faible épaisseur, le sépare de la mer ouverte. Les courants sont matérialisés par des trainées plus turquoises ou bleu profond. La plage est blanche éblouissante, une vraie merveille ! Une surprise dans l’environnement austère et sauvage de la péninsule déserte.
Les plages merveilleuses se méritent : de la terrasse descendent des marches sur au moins 1 km, 10 minutes de descente.
Bali : une plage de rêve
Dès que je foule le sable d’une blancheur incroyable, je quitte mes chaussures. Près d’un rocher le sable est constitué d’une accumulation de coquilles blanches, parfois cassées, parfois entières non loin, les grains sont très doux, très fins. Marcher dans l’eau, me rassasier de cette beauté. En profiter, ne pas repartir trop tôt avant de l’avoir savourée toute. Cette transparence, la finesse du sable, les petits poissons qui filent entre mes pieds…. Au bout d’une cinquantaine de mètre, je découvre la première plaque de mazout qui encroûte la roche du rivage, puis d’autres… Quelle tristesse !quelle fragilité ! Une telle merveille a été souillée par une marée noire, un dégazage. Tout le lagon est pollué. Ce que j’avais pris d’en haut pour des algues, pour des figures de courants, ce sont des boulettes de mazout. J’en suis révoltée. J’aurais dû voter Éva Joly ! Peut-être en est-il encore temps ? D qui a la procuration n’est peut être pas encore allée au bureau de vote ? De la terrasse, j’avais remarqué, alignées, des taches noires. J’avais pensé à des chèvres. Ce sont des sacs-poubelles remplis, noués, qui attendent d’être évacués par mer. Je n’aurais jamais deviné. Je remonte atterrée. Tant de beauté, tant de fragilité.
les poubelles de mazout
L’isolement, la difficulté d’accès a préservé un petit coin de nature sauvage. La menace est venue de la mer.