dernier soir à Yerevan : tapis – musique

CARNET ARMÉNIEN

la grande place ovale et ses bâtiments officiels

Au-delà des grilles du parc, la large rue Beyrouth avec ses plantations et ses fontaines. Un portique prolétarien  nous emmène à des cafés à l’ombre de grands arbres puis à l’immense place Hanrapetyan, la grande place ovale entourée par les bâtiments officiels, ministère, Poste centrale, Musée National, Hôtel Mariott.

Exposition des Tapis Arméniens 17ème -19ème

tapis ancien arménien

J’avais prévu de visiter la Galerie Nationale de peintures et l’exposition des Tapis Arméniens ? Encore un programme trop chargé ! J’ai préféré me concentrer sur l’exposition des tapis. Deux salles au rez de chaussée du Musée National présentent des dizaines de tapis merveilleux. Un texte détaillé explique origine, dates, mais aussi analyse les motifs.  Lire un tapis qui raconte une histoire est une aventure nouvelle pour moi. Les histoires des tapis arméniens sont des histoires merveilleuses d’eau et  de dragons,  associés comme symboles de fertilité. Histoire d’aigles aux ailes déployées, de béliers ou de taureaux sacrifiés. Dragons et eau ont été gravés depuis la Préhistoire sur des pétroglyphes : Vishaps. Mis en regard des tapis, des poteries très anciennes présentent les mêmes symboles : dragons à 7 têtes, zigzag de l’eau qui court…

Les tapis racontent aussi les fleurs, les pommiers en fleur. Les arbres sont parfois arbres de vie ou arbres de Jessé. Des croix affirment l’origine chrétienne du tisserand. . parfois, à côté d’un médaillon central tout l’espace est couvert de figures animalières , certains animaux sont facilement identifiables, les dragons pas toujours.

Il nous reste 18500dram. Le taxi du retour n’excèdera pas 1000 dram. Il nous faut changer l’argent en trop. Toutes les banques sont fermées. Je cours le quartier, tentant ma chance à l’Hôtel Marriott, où je suis éconduite et dirigée vers une galerie commerçante – fermée. aAprès avoir sillonné le quartier j’aboutis dans le hall de l’Hôtel Aviatrans où Jack a son bureau. Miracle, le changiste de l’hôtel travaille et j’échange 17.000dram. Un taxi nous remonte chez Hasmik. Dans le centre de Yerevan, son compteur reste bloqué à 600dram. Avenue Babayan, on arrive à 737dram.

Soirée d’adieu, un peu mélancolique. Hasmik nous a préparé une soupe délicieuse. Jack vient nous voir. Il a apporté un cadeau. Hasmik aussi nous fait une surprise : à la tisane qu’elle nous avait promise elle a ajouté des soudjouks que nous adorons. Puis quand elle me voit photographier ses sets de table en tissage elle nous en donne 4. Dernières photos. Jack se met au piano et nous donne un vrai récital de musique arménienne: Arno Babadjanian Elégia et Tigran Hamassyan.

Il faut se séparer et se coucher tôt : demain réveil à 3h30 !

Yerevan : Marché central – Mosquée et déjeuner dans un parc

CARNET ARMÉNIEN

Entrée de la mosquée de Yerevan

Marché central

Le marché est fermé, nous devions y acheter nos cadeaux : tisanes et fruits secs. Deux marchandes d’herbes proposent des asperges, des orties et l’herbe frisée qu’Hasmik nous a cuisinée la semaine dernière, des radis et même du plantain.

Mosquée de Yerevan

La mosquée se trouve juste en face. L’entrée est assez discrète dans la grande avenue Machtots, mosaïque multicolore et inscriptions en persan.

En bas de quelques marches, on découvre un jardin très frais entouré dans un patio entouré d’arcades de minces briques roses alternant avec de petits carreaux turquoise soulignant les arches orientales.

salle de prière et coupole persane

Au fond, une coupole turquoise ornée d’un bandeau jaune et de médaillons jaunes aux inscriptions persanes, surmonte la salle de prières cubique carrelée de motifs délicats de couleurs fraîches et extrêmement fleuris et compliqués : fond blanc, fond turquoise, fond jaunes arabesques et fleurs. Dans u n coin le minaret de briques aux motifs zigzagants, est surmonté d’une petite coupole assortie à la grande coupole.

Le jardin est organisé autour d’un bassin carré, bleu piscine, tour de marbre de facture peu soignée. Massifs de rosiers rouges, des grands arbres : marronnier en fleurs, acacias, noyers, lilas et chèvrefeuille. En dehors des agents de sécurité et d’un homme qui fume, assis sur un banc, il n’y a que nous. Halte tranquille que j’utilise pour écrire.

jardin tranquille

Pour rejoindre la grande Place de la République (appellation trouvée sur le Petit Futé mais inconnue des habitants), nous coupons par un parc populaire où l’on loue des voitures métalliques pétaradantes d’un autre âge (l’enfant est au volant, le papa sur un strapontin installé sur le garde-boue), où rouille une grande roue et de désuets chevaux à bascule. Dans une arène, des hommes jouent,. Les uns au trictrac, les triangles des « maisons » ne sont même pas dessinés. Debout, ils jettent les dés et font glisser les pions sous l’œil intéressé des spectateurs ; D’autres jouent  aux échecs. Sur une table on peut décorer des masques blancs avec des couleurs….

Les statues des héros de l’Armée Rouge ont reçu hier, 9 mai, leurs couronnes….

Nous nous installons à une guinguette (musique-pop russe en clips sur un écran plat). Nous asseyons à une petite table ronde couverte d’une nappe de lainage à damier rouge et noir. Le serveur est très gentil. Notre commande est facile, 1 kebab, 1 chicken-burger, 1 taboulé, 1 verre de vin blanc et 1 bouteille d’eau. Le vin arrive en double. L’eau est servie dans une élégante bouteille de vodka, élégante mais pas capsulée, gratuite – c’est l’eau de la fontaine. Avec deux cafés l’addition se montera à 5.500dram (11€)Le kebab est servi enroulé dans du pain arménien qui le tient au chaud. Le taboulé est très vert, excellent. Le boulgour est noyé dans la coriandre avec une feuille coupée en lanières, très verte, pas identifiable, sauce à la tomate et beaucoup de citron. On se régale pour notre dernier déjeuner arménien. Demain nous serons arrivées à Roissy.

cascade et maison musée de Martiros Saryan

CARNET ARMÉNIEN

Yerevan vue de la Cascade : le jardin des sculptures et l’Opéra

Les Arméniens font le pont du 9 mai au lundi 13 : vacances scolaires, mais également banques fermées, administrations et même les escalators de la Cascade et le Centre d’Art Cafesjian que je me faisais une joie de visiter. La collection des sculptures de plein  air me laissait présager un musée d ’art contemporain très intéressant. On se console en examinant avec soin les paliers de la Cascade. Le premier présente une piscine carrée où l’eau lisse reflète trois nageurs prêts à plonger en métal argenté brillant. Sous la fontaine deux tortues marines et des nageurs sont en bronze.

la Cascade

Au deuxième niveau : le bassin est à sec : carrés en damiers forment des gradins, chacun porte une grenade d’où jaillira un jet d’eau. Le bas relief du mur représente un oiseau merveilleux dont les ailes sont composées de grenades, grappes de raisin, motifs en amandes, fruits ou poissons. Renversé, sous l’oiseau : un éventail. Sur me rebord vers la ville, un homme est bizarrement agenouillé et grimaçant, du chinois Yu Minjun, lui font face trois mobiles très colorés d’Andrea Carson.

Le troisième niveau illustre le thème « urbanization versus wild life » : un ours polaire de marbre du Chinolis Zhaolui Liu, tourne le dos à une fusée chromée à deux étages polonaise (1980) tandis qu’un lion solitaire occupe tristement le centre du palier. Quand je m’en approche, je découvre que le sculpteur n’a pas fait son lion en bronze mais en pneus de moto lacérés.

 Le 4ème palier est introduit par 4 lettres du mot LOVE ; Dans la piscine à damier, une demi-tête humaine est à demi immergée faisant face à un poisson de bronze exondé.

Lapin acrobate de Flanaghan et soldat de Botero

Enfin ! la descente des marches est terminée. Nous pensions tranquillement les descendre avec l’escalator. Le Chat de Bottero nous accueille en face de la Mouette bleue. Je note les noms des sculpteurs : Saraj Guha pour les impalas, Barry Flanaghan (UK) pour les lapins acrobates, trois sculptures sur ce thème.

Il fait bon ce matin. Il n’y a pas de voitures dans les rues. A l’Opéra nous prenons la rue Moskovian qui décrit une courbe pour aller à la Maison Musée Martiros Saryan.

Maison Martiros Saryan

Martiros Saryan (1880-1972) a étudié à Moscou. Il n’échappa pas à l’influence des impressionnistes puis des Fauves, disciple de Gauguin et de Matisse. La première salle (1909-1917) présente des tableaux colorés sur des sujets orientaux et égyptiens où les animaux sont très présents. Un de mes préférés Night landscape in Egypt montre la gamousse. Dans Persia, des ânes et des gazelles.

En 1921, Martiros Saryan et sa famille s’installent à Yerevan. Les Tableau de cette salle illustrent une Arménie rurale, colorée, orientale avec des maisons aux toits plats, des balcons de bois bleu. L’Ararat mais aussi l’Aragats. Je découvre Ashtarak tel qu’Ossip Mandelstamm a dû la voir, villageoise, orientale, au pied de la montagne. Réalisme socialiste oblige, Saryan peint aussi les usines d’Alaverdi et ses cheminées fumantes.

9 mai à Yerevan

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Home sweet home! la maison d’Hasmik

Nous avons téléphoné à Hasmik qui était avec ses enfants au Parc de la Victoire où se sont déroulées les Célébrations du 9 Mai. Elle arrive en même temps que nous poussant Mati endormie dans sa poussette. Sona, petite fille sage, tient deux ballons de baudruche rouges.

Le nettoyage de la voiture s’effectue à la main et au chiffon. Hasmik a pris rendez vous par téléphone au MOIKA de la rue Babayan. Pour 2000 dram deux semaines de pérégrinations dans les chemins boueux  ou poussiéreux et de piqueniques sont effacés.

Nous invitons Jack à prendre un pot sur une jolie terrasse su le bord d’un frais bassin dans un café chic. Bilan de notre circuit : nous n’avons que des félicitations à lui adresser. Ma seule critique concernerait la belle Kia Rio, bien trop belle, trop neuve, trop basse pour les routes arméniennes. Une Lada Niva aurait été plus indiquée. Jack nous répond que, sans direction assistée, la conduite aurait été fatigante et que les Lada sont spéciales à conduire.

Des questions me trottent dans la tête :

Pratiques : absence de panneaux explicatifs sur les sites : selon Jack certains n’ont pas supporté les intempéries mais la plupart ont été retirés par le Ministère de la Culture pour correction des erreurs. Ils sont consultables sur Internet : armenianmonuments.org.

Désindustrialisation : elle est ancienne. Dans la région de Gümri et de Vanadzor, la fermeture des usines est consécutive au séisme de 1988. La plupart des usines ont été conçues à l’échelle de l’Union Soviétique, correspondant à une demande globale. Elles sont maintenant surdimensionnées pour la petite Arménie. Jack ne regrette pas du tout les complexes chimiques très polluants qui empoisonnaient le pays. En revanche il critique les dirigeants qui ont bradé les usines  et vendu les machines pour s’enrichir pour leur propre compte, privatisé les services. Il aurait fallu favoriser l’industrie légère et les fermes collectives au lieu de les démanteler.

Il soulève un problème douloureux : l’émigration. Sans travail, les hommes partent en Russie comme saisonniers et ne rentrent que les mois d’hiver déstructurant ainsi la vie familiale. Pire, une émigration est organisée par le Quebec et la Russie. 250.000 Arméniens ont quitté définitivement le pays, un dixième de la population totale.

Jack fonde de bons espoirs sur le tourisme pour fournir des emplois. Le secteur est encore embryonnaire. Les hébergeurs qu’il emploie n’ont pas de compte bancaire pour des virements. Il est forcé de les payer cash et ne peut pas déduire ces frais pour ses impôts. Il est donc imposé sur l’ensemble des transactions comme si c’était sa marge bénéficiaire.

Au dîner, Hasmik a préparé des pommes de terre et des croquettes de viande. A côté, comme il se doit, herbes, fromage et salades. Elle tient à nous faire goûter une de ses spécialités : une sorte de chutney à la prune et au paprika ainsi que du pot au feu en gelée.

Avec ses enfants et son mari nous partons sur la plateforme qui domine la Cascade voir les feux d’artifices censés embraser toute la ville comme les années précédentes. Économies ? on n’en a tiré qu’un seul près de Mère Arménie qu’on aurait bien mieux vu du balcon. Mais c’est l’occasion de passer un bon moment ensemble, de faire la connaissance de son mari qui parle un anglais parfait et surtout de converser avec Areg son fils, qui voulait absolument me parler russe la semaine dernière et qui, motivé par notre visite, a fait des progrès spectaculaires en Anglais . Il pose des questions et me fait répéter les réponses jusqu’à ce qu’il ait mémorisé la phrase.

Saghmosavank – Hovanannavank – Aragats

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Aragats Martiros Saryan

Saghmosavank est un monastère célèbre, donc connu du GPS. Malgré tout, on réussit à s’embrouiller dans les bretelles d’accès à la voie rapide. Occasion de traverser une nouvelle fois Ashtarak et d’assister à la cérémonie du 9 mais au Monument aux Morts. En France, le 8 mai est occasion de ponts, vacances, week end, tout le monde a oublié la Seconde Guerre Mondiale. Pas les Arméniens. A Yerevan on se presse au Parc de la Victoire pour assister à la parade.

saghmosavank

Le monastère de Saghmosavank ou monastère des Psaumes (13ème) est situé à l’écart sur le rebord du canyon du Kassakh qui a creusé au moins 6 gradins dans les coulées empilées.

U n panneau raconte :

« Selon la tradition Saint Grégoire, après l’adoption du christianisme en 301, construisit une petite église dans la vallée du Kassakh dont on ne sait plus rien…. »

«  ….quand la partie orientale de l’Arménie fut libérée des Turcs par les princes Zakarian, ces derniers récompensèrent les nobles en leur distribuant des terres. Les princes Vatuchian reçurent une grande partie de l’Aragats et reconstruisirent Saghmovarank… »

L’église date de 1215, le Gavit de 1235, la bibliothèque 1255.

L’ensemble est construit en belle pierre brune contenant des inclusions noires. On entre par une belle porte surmontée de motifs pentagonaux et d’étoiles à cinq branches. Au dessus dans un arc ogival le pavage est plus simple de losanges formant des fleurs à 4 pétales.. Le gavit est grand soutenu par d’épaisses colonnes. Dans l’église, le curé coiffé d’une toque blanche, enveloppé de satin blanc, dit la messe, aidé par deux enfants de  chœur en rouge,  des jeunes hommes, à grand renfort d’encens. L’assistance est clairsemée : un seul homme. Nous ne faisons qu’un passage discret. Dans le gavit une petite porte fait communiquer avec une église beaucoup plus petite. Une guide montre à un groupe allemand avec sa lampe de poche les anges sculptés sur un arc du chœur invisibles dans la pénombre. Elle dirige le faisceau lumineux sur les fresques très colorées : un évêque – Saint Grégoire ? –

le canyon du Kassakh

A la sortie du village la cérémonie du 9 mai réunit une assistance plus conséquente que la messe. Les enfants des écoles sont venus avec des ballons de baudruche, accompagnés par les mères.

Comme il ne pleut pas et même que les nuages se séparent, nous continuons la route vers le nord espérant apercevoir les sommets enneigés de l’Aragats. Sur la gauche de la route M3 ; des lettres géantes accompagnées de statues et sur la haut de la colline une croix métallique moderne en fer, forment le Monument aux lettres arméniennes. Ce n’est pas bien beau, mais c’est un témoignage de l’attachement des Arméniens à leur alphabet si original, à leur culture millénaire liée à cette écriture.

monument des lettres arméniennes

Le plafond nuageux est remonté un peu, laissant entrevoir les névés et une ligne de crêtes dont il faudra se contenter. Je chercherai les Souvenirs Arméniens d’Ossip Mandelstamm qui célèbrent ces paysages et l’Aragats.

Hovanannavank

Hovanannavank est aussi construit sur le rebord du canyon du Kassagh. Il est entouré de fortifications.

tympan d’hovanavank

Comme à Saghasmosavank, le porche est ciselé de frises à entrelacs et de motifs orientalisants.
Le Gavit est étonnamment éclairé et aéré : sa coupole est soutenu par des colonnettes et non pas par un tambour plein. Il sert aussi de clocher : 5 cloches sont suspendues. Les murs sont également percés d’ouvertures en arcades vers l’extérieur.

Au dessus de la porte le tympan est sculpté : de part et d’autres du Christ deux groupes de personnages. A la droite du Christ, les Vierges Sages, bénies, (Kaplanian p.96) brandissent bien haut un bâton, à sa gauche, les Vierges Folles s’en iraient la tête basse….l’auteur note toutefois « l’ennui c’est qu’il semblerait que ce soient des hommes et qu’ils portent tous des auréoles… »  L’interprétation reste donc énigmatique.

L’église fleure bon l’encens, elle est de bonnes dimensions.

Chercher un coin pique-nique dans la campagne par ce jour humide n’est pas facile. Dans les alentours, la campagne est assez urbanisée. Les chemins défoncés sont remplis d’eau après la pluie. On mange donc dans la voiture au petit village d’Ushi : les restes de pastrami acheté à Gümri, du beurek de Gohav, des pâtes de fruits. Rangement de la voiture qu’il faudra rendre propre dans quelques heures.

Ashtarak : église abricot et église rouge

CARNET ARMÉNIE

Ashtarak : l’église rouge par Martiros Saryan

Au petit déjeuner,:fromage blanc et de la crème aigre avec du miel.

Il fait encore gris, la pluie a cessé. La première traversée d’Ashtarak n’a pas été passionnante : barres roses soviétiques, magasins sans intérêt. Nous n’avons pas trouvé le centre-ville. La route passe entre des immeubles et des maisons carrées dans leurs jardins. L’église Karmravor (église rouge) est située derrière notre gite !

Le pont d’Ashatarak dessin de Martiros Saryan

Perché sur un plateau basaltique, au dessus du canyon de Kassakh, se dresse une petite église accessible par de nombreuses marches. La vue est merveilleuse sur le canyon ; la rivière gonflée par la pluie, est enjambée par un vieux pont de pierre. Mais la description ne correspond pas à celle de nos guides. Je suis à l’église abricot et pas à l’église rouge, coiffée de tuiles, que j’aperçois au loin. Tout le creux du canyon est occupé par un petit parc avec des bancs et des tables sous abri, des balançoires et des pelouses. De grands saules cachent le pont. En m’approchant je découvre que le pont a trois arches dissymétriques. Une route bien dégradée gravit une rampe raide. L’église rouge est toute petite. Sa coupole de vieilles tuiles lui donne l’air des églises byzantines.

église abricot

Le ciel s’est dégagé, la lumière est plus agréable qu’hier.

Arouch et arrivée à Ashtarak

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le caravansérail d’Arouch

Le GPS nous renvoie à Talin pour retrouver M1. Epuisée par les routes défoncées, la conductrice est ravie de trouver un axe principal. Repassant par le même itinéraire, nous trouvons le caravansérail bien en ruine, indéchiffrable.

La M1 est bien roulante.

Arouch église et palais des Mamikonian

Dernier arrêt (hors programme) à Arouch signalé par des panneaux. Non loin de la route nous voyons un caravansérail à trois arches au toit à double-pente (panneaux d’explications multilingues). L’église fléchée, paraît intacte. On a remonté les fenêtres vitrées, je ne sais pourquoi, la coupole effondrée laisse un trou béant vers le ciel, par lequel il pleut.

Ici aussi, il y a des panneaux qui décrivent  les structures : église Saint Grégoire (660-700) et palais (661-685) attribué à Grigor Mamikonian. Ici, je retrouve Vardam Mamikonia(388-391) et la bataille d’Avaïr, où les Mamikonians alliés à Rome combattirent contre les Perses, représentés sur la place de Gümri . Certains Mamikonians furent empereurs byzantins. Je me promène avec joie dans le palais fleuri de coquelicots et de moutarde jaune et découvre les grands chapiteaux.

vardam mamikonian

Nous arrivons tôt à Ashtarak. Encore une preuve de la gentillesse des Arméniens vis-à-vis des étrangers : le GPS ignore l’adresse de nos logeurs. Google-map nous a été bien utile mais nous avons dépassé la rue. Je m’adresse à un chauffeur de taxi en attente à la station< ; Très aimable, il se lance dans un long discours en russe, d’où il ressort qu’il faut faire demi-tour et tourner à gauche. On tourne trop tôt et repassons devant les taxis, le chauffeur démarre son véhicule et nous fait signe de le suivre. Quand on propose de payer la course il repart avec un grand sourire.

Nous logeons dans une maison cubique en pierre beige à étage, derrière de hauts murs qui enclosent un grand jardin. Un garçon d’une douzaine d’années, parfaitement anglophone vient à notre rencontre, aide à monter nos valises, propose du thé, allume la télé (très grand écran) et nous apporte même son ordinateur. Sa grand-mère est présente mais elle ne parle que le russe.

Notre chambre est vaste mais vide hormis 2 lits, une armoire et deux chaises les murs gris n’ont pas été peints (ni plâtrés). La salle d’eau est carrelée de neuf C’est très simple mais suffisant.

S’il avait fait soleil nous aurions été ravies de profiter du jardin. Il pleut. Nous nous sentons un peu abandonnées. Nous dînons seules à 7h30. La table est garnie des salades habituelles, herbes, fromage, lavach en plus d’un saladier rempli de dolmas toutes chaudes. La dame apporte un pichet de boisson au sirop d’abricot « fait maison », puis du thé.

Arménie-ouest de Gümri à Yereruik, Aragatsavan, Talin, Dashtabem

CARNET ARMÉNIEN

sous la pluie, le long de la frontière turque, dans le brouillard….

 

Gohav a sorti du four 4 magnifiques beureks dorés. Nous en emporterons un pour le voyage.

Nous faisons nos petits sandwichs roulés, mélangeons fromage blanc, crème aigre et cerises en bavardant. Deux jours, et nous nous sentons en famille. Nous avons tant à nous dire….

Adieux : nous promettons de nous écrire, se revoir, peut être…

Il pleut. Nous quittons Gümri par une petite route qui longe un lac entre Turquie et Arménie. Un peu plus loin nous apercevons le lac derrière les barbelés. La vue serait magnifique s’il y avait un  rayon de soleil. Sous les nuages gris l’eau est d’argent. ON arrive à des collines caillouteuses.

Un écriteau invite à jeter un coup d’œil à la ville d’Ani – en Turquie – 8km de très mauvaise piste. Nous renonçons après quelques minutes. De loin en loin, des miradors surveillent la frontière. Un berger vêtu d’une longue cape garde ses bêtes. Il fait un temps iralandais dans ces verts pâturages.

yereruik très ancienne basilique

La route d’Anipemza conduit à Yereruik où se trouve la basilique Saint Jean Baptiste du 5ème siècle. Notre documentation dit qu’ »elle ressemble aux basiliques syriennes illustrant la transition entre l’architecture romaine et l’art arménien »

Juché sur un piédestal aux marches hautes, ce grand bâtiment clair a un plan rectangulaire tout simple. Sa décoration est très fine et aussi très simple : bouquets de fleurs stylisés, croix et rosaces, chapiteaux aux feuilles d’acanthe.

Yereruyk : grande simplicité du décor

Au débouché de la route principale, un campement de nomades s’est installé avec deux grandes tentes, les moutons, un âne et un camion. Nous rencontrerons par la suite plusieurs très gros troupeaux avançant sur la route, entourant la voiture comme une marée laineuse – têtes noires, laine marron.

le campement des bergers nomades

Le paysage change : on traverse des vergers d’abricotiers. Aragatsavan est un gros bourg avec une gare, des petites maisons, des potagers à l’ombre des abricotiers mais aussi des HLM et une usine désaffectée. La route est de plus en plus défoncée. On circule à 10km/h. le GPS nous ordonne de quitter cette mauvaise route pour une autre, pire encore. Il y a tant de trous qu’on se retrouve plus souvent à l’arrêt qu’en marche. Cette petite route ne traverse pas un village. La conduite est épuisante.

cathédrale de Talin sous la pluie

On arrive par surprise à Talin grosse bourgade qu’i n’a même pas de station-service digne de ce nom, juste une pompe qui ne vend pas de premium. La cathédrale se trouve à l’écart près du cimetière. Aucune information disponible sur place. Le Petit Futé décrit la façade ornée d’arcatures en pierre orange et grise et les vastes espaces intérieurs. Kaplanian souligne la lumière inhabituelle qui arrive par la coupole décapitée par le séisme de 1840. C’est le domaine des oiseaux. Sous la pluie, le jacassement des pies est plutôt sinistre. Je filme les fines frises qui bordent les ouvertures.

le donjon de Dashtabem

Route vers le sud : nous passons sans le voir devant le caravansérail très ruiné et atteignons la forteresse de Dashtabem (10ème – 19ème ). Elle est entourée par un mur d’enceinte en grosses pierres irrégulières avec des tours d’angles et se voit bien de la route. On passe sous un porche décoré avec des animaux fantastiques. Le donjon est étrange, rectangulaire à l’origine, en forme de croix, avec 4 tours qui dépassent.  Haut de trois étages, il est construit en pierres oranges très finement découpées, très lisses. Construction futuriste ? Un médaillon en arabe ou en persan témoigne de l’ancienneté de l’édifice. A l’arrière, une grue rouillée raconte qu’il a été restauré autrefois. Autour du donjon un chantier de fouilles archéologique a creusé de dangereuses tranchées qu’il faut éviter. Evidemment aucun panneau ne renseigne le visiteur. Kaplanian p140 m’informe que « l’inscription au dessus de l’entrée est en arabe et que le bâtisseur appartenait à une famille Shahaddide règnant sur Ani pour le compte des Seldjoukides en 1174 »

Le GPS nous renvoie à Talin pour retrouver M1. Epuisée par els routes défoncées, la conductrice est ravie de trouver un axe principal. Repassant par le même itinéraire, nous trouvons le caravansérail bien en ruine, indéchiffrable.

dîner en famille à Gümri- Recette des noix confites

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noix confites

Retour chez les parents de Jack et de Tatev.

Pour dîner, nous aurons de la soupe parfumée à la coriandre avec des boulettes de viande qui cuisent dans le bouillon, du sarrasin, et une salade de chou avec des lamelles de pommes et, bien sûr, la salade tomate-concombre-coriandre avec le fromage qui figurent sur toutes les tables arméniennes ainsi que l’assiette d’herbes fraîches variées. Nous avons enfin appris à manger le lavach – pain arménien – fin comme une crêpe mais beaucoup plus solide. On en déchire un morceau, on place dessus du fromage et des herbes ou de la salade, ou n’importe quoi, on roule et on mange avec les doigts. Avec la tomate et le concombre il faut un peu se méfier que cela ne coule pas. Fromage et basilic violet vont très bien ensemble (chanson Michelle…)

soupe et boulettes

Ensuite on débarrasse. Le dessert n’est pas prévu tout de suite. Plus tard avec le thé ou le café. A cette heure-ci, thé c’est plutôt tisane. Gohav conserve ses herbes séchées dans un sac de toile. Tatev fait un mélange de thym, baies d’églantines et barbes de maïs qui flottent dans un mug. C’est très joli. Après avoir infusé un quart d’heure elle filtre. Avec les infusions Gohar apporte le gâteau et les noix confites que  nous ne pourrons pas emporter en France parce que le bocal fuit. J’ai demandé la recette des noix sans imaginer que ce serait aussi compliqué. La mère de Jack téléphone à sa sœur et Tatev note sur une très longue page. Certains ingrédients posent problème : la chaux et l’alun ainsi que la cardamome (mais je la reconnais). Il faudra une bonne heure pour collecter la recette et je suis un peu gènée parce que c’est si compliqué et si long que je pense que je les préparerai jamais.

RECETTE DES NOIX CONFITES

 Choix des noix : prendre une allumette. L’allumette doit entrer facilement.

Eplucher les noix avec un couteau ?

Les faire tremper dans l’eau 10 à 15 jours en changeant l’eau tous les jours jusqu’à ce que l’eau devienne blanche.

Préparer la chaux 300g de chaux pour faire du lait de chaux . Mélanger souvent< ;

Mettre de l’eau froide et laisser de 4 à 8 heures.

Piquer avec une fourchette

Pour 1kg de noix prendre 1litre d’eau chaude avec de l’alun

Chauffer à nouveau 15 à 20 minutes

Enlever les noix et les mettre dans l’eau froide pour durcir 2 heures

Enlever l’eau froide et mettre dans l’eau bouillante 15 à 20 minutes.

Enlever l’eau chaude et plonger dans l’eau froide

Sirop : pour 1kg de noix, 1.2 à 1.5kg de sucre

Ajouter les noix chauffer 2heures

Réserver

Chauffer encore 2 heures (goûter pour voir si c’est cuit)

Ajouter les épices 1 heure avant la fin : mettre dans de la gaze : cinnamome, cannelle et clous de girofle.

5 minutes avant d’enlever du chaud mettre de la poudre de citron (sel citronné)

Gümri : francophonie

CARNET ARMÉNIEN

 

l’école francophone de Gümri

Jack et Tatev ont appris leur français parfait à l’Ecole francophone de Gümri. La directrice nous reçoit dans son grand bureau. Autrefois l’école regroupait les classes de la Maternelle jusqu’au Bac. Les effectifs ont fondu et c’est la dernière année qu’elle accueille les Terminales. Je viens de la part du Comité de Jumelage de Créteil, porteuse d’un projet d’E-twinning. Créteil n’est pas officiellement jumelée avec Gümri mais établi un partenariat. Les gens de Gümri se souviennent très bien de la visite de la délégation cristolienne et sont très demandeurs de coopération. Cependant e-twinning est un projet européen assez contraignant . Il faudra travailler dur si on veut le concrétiser.

En attendant, nous visitons l’établissement . Les Terminales répètent dans la Salle de spectacle la chorégraphie pour la fête de la « dernière cloche » (on pense à la chanson de Sheila !). Ils dansent sur la chanson « Aux Champs Elysées ». Sur la vitre de leur salle de classe ils ont déjà peint une cloche (symbole de la fin de leur scolarité) à la manière  des troufions,, une quille.

Grenadier dans le hall

Un homme en uniforme qui passe dans le hall attire ma curiosité : c’est l’instructeur militaire. Pendant 4 ans les jeunes suivent un enseignement de préparation militaire. Très aimablement il propose de visiter sa salle, conforme aux instructions, et identique dans tous les lycées arméniens.

Peinture verte styles camouflage (très discret) . Un mur est occupé par les photos d’un vétéran arborant ses médailles de la 2de guerre mondiale, dans une vitrine, ses effets d’alors, y compris ses chaussures de foot. Un autre mur est consacré à la guerre au Karabagh(avec la liste des victimes originaires de Gümri) Un placard grillagé et cadenassé renferme les armes.

Dans ce lycée il y a un cabinet dentaire.

A côté de l’entrée sont placardés les portraits des meilleurs élèves.

Tous les halls et couloirs sont décorés de panneaux illustrés et colorés. Beaucoup en français racontent les voyages en France, la Classe d’Eau (2003). Il y a aussi des exposés d’élèves sur Paris, la France mais aussi la Journée des Femmes et d’autres sujets…

A 15h, nous sommes invitées du club des Francophones SPFA qui se réunit dans les locaux du lycée sous la direction d’Arévik Mkhoyan. Nous admirons la bibliothèque qui réunit toute une collection de la bibliothèque rose et de la bibliothèque verte. L’animatrice déplore que la lecture n’est plus très fréquente chez les jeunes. Chacun se présente, la plupart sont des lycéens de 10ème et de 11ème. Ils viennent au club pour le Français, bien sûr, mais aussi pour la guittare et l’informatique. Il y a également une écoute psy pour les adolescents et le club accueille aussi des autistes. L’été il organise des colonies de vacances à Vanadzor. Tous ont entendu parler de Créteil. Deux jeunes filles y ont même séjourné.

Nous parlons de jumelage, de pédagogie. J’apprends qu’il existe un groupe d’enseignants retraités qui se consacre à l’enseignement du français à l’étranger (GREFE) cela pourrait m’intéresser…pour plus tard !

Comme les jeunes ne participent pas trop au débat – sauf Sona qui termine ses études de pédagogie –  la rencontre se poursuit en chansons : Zaz dont Charles nous trouve immédiatement une version karaoké, Aznavour, puis des chansons arméniennes. Arrive à point le guitariste du club qui chante  aussi. Thé ou café ?on promet de graver le DVD de souvenir et de leur faire parvenir en souvenir. Une après midi chaleureuse ! Les échanges se poursuivront-ils ? Sous quelle forme ? J’aimerais bien que notre venue contribue à transformer le partenariat Créteil/Gümri en véritable Jumelage. Mais je n’ai pas la main là-dessus, c’est au comité de Jumelage, à la Mairie….aux officiels. Je n’oublie pas que nous sommes de simples touristes.

par  Youtube, un souvenir du passage des jeunes de Gümri à Créteil l’an passé: