Je triche un peu avec l’itinéraire proposé par le topo-guide,commençant au Cabellou.
Alerte jaune « vent violent » sur le Finistère. L’Atlantique est bleu ardoise, hérissé de crêtes blanches et mugit. Le sentier contourne l’anse du Moulin à la Mer, tranquille et abritée bordée de magnifiques pins sur des pelouses vertes tondues comme un golf anglais. 2.8km jusqu’au Moulin à la Mer, tranquille. L’anse, la ria, est vaseuse à marée basse, luisante, argentée sous le soleil. Le sentier suit toutes les anfractuosités, le moulin n’est visible qu’au dernier moment. Il est tout petit, tout mignon coiffé d’ardoises.
Au fond de l’anse la végétation est plus dense, de chênes et buissons. Il faut contourner un chantier naval, le GR traverse un petit bois et arrive à la Pointe de Grignalou face à la mer ouverte. Ce n’est que pour découvrir une nouvelle ria : l’anse de Pouldohan, où de nombreux bateaux reposent sur la vase. Il y a de petites plages de sable clair. En face de la mer ouverte les rochers sont spectaculaires, chaos granitique où de grosses boules sont en équilibre improbable.
Nous déjeunons sur la plage de Pouldohan tandis que le ciel est devenu gris très menaçant. Après Loc’h Ven la côte devient rectiligne avec une longue plage bordée de dunes barrant des étangs curieusement appelés Loc’h (come en Ecosse ?). Je m’aventure sur la plage et m’enfonce dans du sable très grossier où les grains ont gardé la forme de cristaux. Plus la granulométrie est grosse, plus la progression est difficile. Je remonte sur la dune. La marche est à peine plus facile. Il se met à pleuvoir sérieusement fin de la balade au Loc’h Lougar.
Levy- Dhurmer : Ma mère, un soir, a vu la ville d’Ys
De retour de Cornouailles, stimulée par la lecture commune avec Claudialucia et Aymeline, j’ai découvert cette deuxième version de la légende de la ville d’Ys avec plaisir, merci Claudialucia!
Joli livre d’un éditeur breton LIV’EDITIONS. format de poche mais beau papier et livre soigné.
C’est une lecture vivante, avec des dialogues. Trois druides, un enchanteur, nous accompagnent dans la Bretagne païenne des cromlechs, des menhirs, des sortilèges.
Ys, riche cité de commerce (et de rapines) de fêtes (et d’orgies) attire de nombreux visiteurs. Le héros de l’histoire, Gélan, médecin, rencontre le fils du meilleurs tailleur qu’il prend en apprentissage. Ils ramassent des simples, fabriquent pommades et potions. Un roman historique? Non, on n’apprendra rien sur la médecine médiévale, le médecin est un magicien. On suit Gélan dans la quête du Trimillon, ou Aigue Bleue une pierre aux pouvoirs magiques. Là je décroche. Les mondes parallèles, ne m’ont jamais attirée, le monde réel est assez merveilleux pour moi. Et puis les druides qui communiquent par pigeons voyageurs me font penser aux SMS de mes élèves.
Comme la lecture est distrayante et facile je me laisse prendre aux intrigues, espionnages et amours du beau Gélan. Préfèrera-t-il Cypée la blonde ou Dryad la brune? Il est bien volage et peu franc du collier avec les filles.
Dahut, la princesse d’Ys, est décevante. Ses pouvoirs maléfiques, ses croyances païennes sont bien éludées. Sa séduction n’opère pas. Le barde fait « rimer princesse avec fesses » c’est vulgaire et indigne d’un poète médiéval.
Le final est assez réussi mais la fantasy ne m’a pas séduite comme les textes anciens des légendes de Guyot.
Lire aussi l’article de Claudialucia ICI et celui d’Aymeline LA
Une Une Une sérieuse perturbation est arrivée hier soir, grésil, vent et averses ont tambouriné sur le toit et le vélux. Nous décidons une grasse matinée, je me plonge dans Antoine et Cléopâtre. Matinée grise et pluvieuse pour corriger des copies.
chaumière
Nevez est un village à l’est de Concarneau non loin de Tregunc. Un hameau Kerascouet est presque entièrement composé de chaumières. Un vrai village de cartes postales ! Malheureusement il fait bien gris, un rayon de soleil aurait été bienvenu pour les photos et ce jour de Toussaint est un peu triste. Non loin de là, le jardin botanique de Rospico se visite en saison, aujourd’hui fermé.
Comme le soleil fait des apparitions je monte sur le GR34 de l’Anse de Rospico à Raguénez (50mn – 2.8km). L’anse est peu échancrée et j’arrive très vite sur la mer verte et déchaînée. Je marche face au vent d’Ouest et je peine à rester dans les temps sur le sentier qui monte et descend..
Le vent a emporté les nuages mais gonflé les vagues
Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, ni le breton : l’employé communal n’a pas pris la peine d’enfiler un ciré ou un imperméable, il vaque à ses occupations en pull marine. Je troque tennis contre chaussures de marche montantes Goretex, déploie ma cape.Je me lance malgré le grain et descends sur la grève pour m’apercevoir que c’est glissant et que je ferais mieux de chercher le GR.
Un panneau détaille la flore halophyte : j’apprends enfin le nom de ces plantes basses aux feuilles bleutées : l’obione. Les golfeurs du Golf de la Forêt swinguent tranquillement sous le grand parapluie, les joggers courent. Personne n’a l’air dérangé par la pluie.
Port La Forêt, le soleil brille à nouveau. C’est une vaste marina, très moderne, avec de nombreuses passerelles et de très gros voiliers. L’un des plus gros s’appelle Caliban4 appartient-il à un anglais ou à un shakespearien breton ? C’est le port des géants des mers. Vendée Globe oblige, ils sont partis. La supérette propose des brunches avec assiette d’huitres ou plateaux de fruits de mer. Je me sens étrangère à cette société des plaisanciers, comme téléportée dans un autre monde que je traverse au pas de course.
algues vertes sur la plage de Kerleven
La plage de Kerleven est encore presque vierge de constructions. Au milieu, un restaurant, maison bretonne peinte en jaune. La grève est couverte d’algues vertes. les promeneurs sont avertis que les laitues de mer, en grande quantité, se décomposent en donnant un gaz toxique H2S dont je connais l’odeur épouvantable. C’est tout à fait supportable, je marche sans trop me soucier des émanations. Tout de même, tout ce vert me fait réfléchir. Ne peut-on pas le ramasser pour le valoriser?
Le sentier monte sur les rochers. Les champs de maïs sont minables, à peine un mètre de haut, feuilles toutes desséchées, épis rongés. Que leur est-il arrivé ? Un roulement impressionnant se fait entendre : une machine ramasse les pommes à cidre. Des branches entières sont à terre, élagage ou passage de la machine ? Je traverse un camping, mobile-homes de plastique blancs aux faux volets verts ou bleus tous pareils. Pas trop laid hors saison. L’été, il doit être surpeuplé. Je longe un Saint Laurent minuscule, à peine visible dans son anse vidée par la basse-mer. Trois hérons s’envolent. Les bords de l’anse sont escarpés, le sentier fait des montagnes russes dans la forêt, Châtaigniers, houx et chênes sont si denses que j’entends la pluie sans la sentir. Un écureuil roux très foncé grimpe un tronc à quelques pas de moi, fasciné par le pic épeiche au dessus de lui. Qui craindre, le pic bruyant ou la promeneuse? L’écureuil hésite.Peut être ne m’a-t-il pas vue? Le pic si, qui s’envole, laissant la voie libre au rongeur. Au fond de l’anse Saint Laurent la route passe. Au parking un écriteau indique» Les Sables blancs 5km » mon téléphone refuse de fonctionner. Je presse le pas . Je n’arriverai pas à Concarneau avant midi et demie. Le sentier est très bien entretenu, peu balisé, mais impossible de se perdre . Il s’engage dans une deuxième anse, anse Saint Jean, le ruisseau est encore plus petit que le Saint Laurent. La mer maintenant emplit l’estuaire avec grand fracas, les hérons, aigrettes sont remplacés par les mouettes et les goélands. L’arrivée à Concarneau se fait entre deux haies taillées. Les joggers sont nombreux ainsi que les promeneurs de chiens.
Au dessus de la Plage des Sables Blancs, un joli coin pique-nique a été aménagé, nous nous y installons pour les hors d’œuvre de pâté et d’andouille. Le vent a forci. Il fait froid. On terminera le repas dans la voiture . Nous ne sommes pas seules, tout le front de mer est occupé par les gens qui déjeunent.
le beffroi
Un rayon de soleil pour visiter la Ville Close de Concarneau. Le beffroi avec son horloge, son cadran solaire, et sa girouette en forme de bateau. Passé le porche, on entre dans une petite cour triangulaire entre la Maison du gouverneur et la tour du Major(1691). La visite des fortifications commence dans la tour du Gouverneur puis se poursuit sur les remparts d’où on a une belle vue sur le port et sur l’arrière des maisons aménagé en terrasses originales. D’autres tours sont encore visibles : la Tour du Vin, la Tour de la Fortune,
montée sur les remparts….
… Deux rues sont bordées de boutiques à touristes, jolies à défaut d’être originales. J’en ai un peu assez des marinières à rayures, des biscuits dans les boites en fer décorées, des gadgets vintages, ou des bonbons multicolores, les mêmes sur tout le littoral.
La place Saint Guénolé est ornée d’une curieuse fontaine où sont empilés des animaux, un crocodile, une tortue. Les maisons sont belles, on s’y arrête un moment.
place saint Guénolé
Il faudra revenir pour le Musée de la Pêche et le Marinarium un jour de pluie.
La mer a complètement envahi la Plage de Sables blancs, les algues sentent vraiment mauvais. On rentre au gîte.
Soleil radieux, mais gelée blanche. La route serpente dans la forêt, un chevreuil traverse la route juste devant le capot, affolé il fait demi-tour et retraverse. Un petit marché occupe la place de La Forêt Fouesnant.
A Bénodet, les vedettes de croisières sur l’Odet sont parties pour la dernière fois le 7 octobre.
Sur les quais ensoleillés, les cafés sont pleins. L’église ouverte est consacrée à Thomas Beckett mais rien n’explique pourquoi. Nous achetons des langoustines la à la poissonnerie cachée derrière l’église
Le Guide Bleu propose un circuit en voiture de la demi- journée sur la rive gauche de l’Odet. Cartes au 1/25.000ème0519ET.
De Pors Keraign, petite cale sur l’Odet, la promenade va à Pors Guen. La cale est goudronnée; on peut y mettre à flot une petite embarcation. De l’autre côté de la rivière on voit deux manoirs dans leurs parcs. La promenade n’est pas balisée: le sentier est introuvable. Il faut faire confiance au Guide Bleu ! Je m’aventure donc sur le gravier glissant et bien mouillé suivant les traces de pas et même celles des vélos. Quand le parcours est trop mouillé et vaseux , des roches plates sont disposées pour faire un gué. Sous les branches des chênes je marche sur des graviers jonchés de feuilles, l’eau ne doit pas monter jusqu’au muret ! Et la marée haute c’est dans 3 heures ! Je croise un jogger, on passe donc ! Puis des promeneurs : plus loin des panneaux de bois gravé expliquent que le chemin est praticable même par marée haute si elle n’excède pas un coefficient de 70. C’est donc un parcours d’un peu moins d’une heure sous des branches tordues.
Nous piqueniquons au Pors Guen.
Le circuit continue vers Pors Meillou, une autre petite cale d’où un chemin monte dans les châtaigniers. Le visiteur n’est pas le bienvenu : des panneaux annoncent toutes sortes de défenses « Défense d’entrer, chasse réservée, défense de cueillir des champignons ! » pourtant un balisage jaune d’un circuit pédestre indique ce chemin. Après la montée assez pénible parce qu’on s’enfonce dans la terre très molle ravinée par le ruissellement, je découvre une très belle allée bordée de grands arbres sur des talus jusqu’à la route.
fontaine de saint cadou
la chapelle Saint Cadou
la chapelle Saint Cadou
Un peu plus loin, la chapelle Saint Cadou se trouve dans une clairière précédée d’un calvaire avec un curieux édicule carré à toit pyramidal, un peu plus loin il y a une fontaine avec un bassin d’une eau verte recouverte de lentilles d’eau et accompagnée d’une plante verte aux feuilles géantes. Saint Cadou était le patron des chevaliers et des lutteurs, nous explique un panneau, l’oratoire à Saint Herbot patron des bêtes à cornes. Sur les pignons, des décors frisés se détachent avec des gargouilles très étranges : il me vient l’envie d’en faire une collection.
une des gargouilles de Saint Cadou
la Mer Blanche
oiseaux sur la lagune
Entre Bénodet et Mousterlin un fin cordon dunaire enferme une lagune la Mer Blanche. Nous laissons la voiture au grand parking de Beg ar Garrec. De là des sentiers de randonnées sur les bord de la lagune ont été très bien aménagés : cheminement sablé ou garni de planches dans les endroits trop humides, affûts pour l’observation des oiseaux, les talus ont aussi été replantés de haies – plantations très récentes, les plants sont encore protégés par un grillage plastique. Le soin tout particulier est remarquable. Le sentier suit une anse étroite qui s’enfonce dans les terres, on retrouve plus loin le GR34 qui fait un bout de chemin avec le balisage bleu du tour de Mousterlin (16km). Aujourd’hui, dimanche, les promeneurs sont nombreux avec leurs chiens. On devine d’autres marcheurs sur le cordon dunaire de l’autre côté de la Mer Balnche. Aigrettes et mouettes glissent sur le miroir de l’eau stagnante.
coucher de soleil à Beg Meil
coucher de soleil à Beg Meil
Nous terminons la journée au coucher du soleil (on est passé à l’heure d’hiver) sur la petite plage de sable blanc des dunes de Beg Meil, sable très blanc encadré par des rochers où je m’étonne de la taille des cristaux de feldspath dans le granite. De jolies clochettes en bouquets attirent mon regard : des boules des fruits de l’arbousier rougissent. C’est la première fois qu’en je vois la floraison.
Seul reproche à ce Castor Flammarion : sa couverture souple, parce qu’à l’intérieur c’est un vrai livre à l’ancienne avec de jolies frises, lettrines et gravures comme dans mes vieux Contes et Légendes de mon enfance. La préface est tout à fait intéressante – il faut parfois se méfier des préfaces, à ne pas sauter!
Depuis des décennies, je fréquente les environs de la Ville d’Ys dont j’ai forcément entendu parler mais je j’avais jamais lu sa légende. Grâce à la lecture commune avec Claudialucia et Aimelyne je vais combler cette lacune.
Ils sont tous là, : le roi Gradlon qui chevauche fièrement au sommet de la cathédrale de Quimper, Corentin – l’évêque de Quimper, Guénolé du monastère de Landevennec, Ronan l’ermite. Je retrouve les figures bretonnes croisées dans mes randonnées. Même les korrigans sont mis à contribution. La localisation de la ville d’Ys, en revanche, restera un mystère : je la croyais au large de la Baie des Trépassés, peut être se trouve-t-elle en baie d’Audierne, ou ailleurs?
Je me laisse charmer par le ton du conteur. Contes d’autrefois un peu moralisateurs.
Gradlon à cheval sur la cathédrale
Si les moines et ermites s’en sortent bien, Gradlon est loin d’être un chevalier sans peur et sans reproche le roi est un sentimental, abattu par la mort de Malgven il se laisse aller. Reportant son amour sur sa fille Dahut il cède à tous ses caprices.
Il faut se méfier des femmes!
les hommes d’église le savent bien : Malgven, un peu sorcière, tue son époux et livre son château. Dahut est encore plus maléfique, rencontre les anciennes divinités, les Sennes et les korrigans. Jalouse des églises elle édifie un château plus magnifique encore. La christianisation de la Bretagne s’est-elle fait sans heurts. Femmes et sorcières confondues? Elle mérite vraiment son châtiment, la pécheresse qui tue ses amants d’une nuit! ….je ne vais quand même pas tout raconter.
Sans carte, nous choisissons la balade la plus simple : partir du vieux port du village et suivre le sentier côtier. Depuis des années, je parcours le GR34, par tronçons, du Mont saint Michel à Quiberon, en pointillés.
bateau échoué sur la grève
Marée basse, l’anse est brillante sous le soleil, argentée. Le parcours piétonnier partage la route avec la piste cyclable. J’atteins les viviers qui proposent huitres et moules, « cuisent leurs crustacés à l’eau de mer » (on sera déçues en leur demandant des langoustines pour demain, ils n’en vendent pas sauf dans les plateaux de fruits de mer commandés à l’avance.
moulin-mer
A marée basse je préfère marcher sur l’estran . L’anse de Penfoulic est barrée par une petite digue surmontée par une tourelle ronde au dessus d’un déversoir ,( un moulin à marée ) . Au Cap Coz, une flèche s’avance loin. Du côté de la mer s’étend une très belle plage de sable blanc. Les maisons sont blanches à pignons pointus et balcons en bois blanc, très Belle Epoque, aucune fausse note.
Un homme remplit une petite remorque tractée par sa voiture d’algues, mélange de goémon et d’algues vertes qui font un épais cordon au bord du sable sec. Je l’interroge :
– « pourquoi ramassez vous cela ? «
– « Pour le potager, l’hiver cela couvre le sol et empêche les mauvaises herbes de pousser, au printemps après décomposition cela amende le sol »
– « au moins elles servent à quelque chose », je remarque
– « tous les paysans font cela » dit le monsieur étonné de mon étonnement.
A l’extrémité de la plage le GR grimpe sur une falaise se glisse entre les grands pins, les chênes et les belles propriétés bordées de haies d’éléanus qui embaument avec leurs fleurs en clochettes discrètes mais odorantes, les lauriers, les belles maisons sont le plus souvent cachées dans la verdure, on devine des pignons, des tourelles, parfois des gloriettes blanches sont perchées, dominant la mer. Au dessous du sentier, de petites anses sauvages sont enchâssées dans des rochers de granite rose ou orangé, sable blanc à marée basse, inaccessibles sauf parfois par un escalier.
La plage de Kerveltrec est plus accessible . Des véliplanchistes s’y sont donné rendez-vous. Nous y piqueniquons installées sur des rochers.
pique-nique sur la plage
Beg Meil : de très belles propriétés sont bâties à l’aplomb de la falaise à marée haute il n’est plus possible de rester sur le sable. Le GR emprunte les rues de Beg Meil, c’est moins sauvage, plus urbanisé. Je retrouve la mer près du Sémaphore de Beg Meil devant la plage des dunes. En face à l’horizon se détachent les îlots des Glénans. Je termine la balade pieds nus sur le sable blanc de la très belle plage en bordure de zones humides . Déception, la plage ne va pas jusqu’à Mousterlin : une digue récemment construite barre le passage. Je remonte sur la dune. Derrière se le GR serpente dans le marais, des petits ponts de bois enjambent des canaux; la végétation a roussi et ressemble à un camaïeu de tweed irlandais brun.
Au retour, crochet en voiture jusqu’à la charmante chapelle de Kerballer avec son four à pain et un peu plus loin sa fontaine de dévotion dont on faisait boire l’eau aux enfants faibles sur leurs jambes qui tardaient à marcher.
Courses à Fouesnant : la rue principale est très agréable mais les commerces d’alimentation ont été remplacés par des magasins de fringues, de savons ou de parfumerie. Devant l’église la supérette est bien décevante : nous comprenons pourquoi : un Carrefour tout neuf remplace tous les petits commerces.
Église de la Forêt Fouesnant
Nous achèterons les moules au Vivier à la Forêt Fouesnant et le pique-nique à la magnifique charcuterie traiteur qui ne craint pas la concurrence d’un tout petit Carrefour.
Publié dans le recueil Omnibus Le roman des PHARES.
Le personnage de Rachilde m’intriguait, les vacances en Bretagne étaient l’occasion de lire cet ouvrage que Claudialucia avait chroniqué il y a peu.
Je n’aurais pas dû lire la préface. Certaines préfaces éclairent le lecteurs mais celle-la, sous prétexte d’analyse, de symboles…, raconte trop, déflore le mystère qui tient une grande place dans l’histoire et détruit tout l’effet de surprise. On sait ce qu’il y a dans la pièce cadenassée, le héros ne le sait pas, nous si!
Il est vrai aussi que j’ai très peu de goût pour le Grand-Guignol, très peu pour la littérature fantastique. Et là, trop c’est trop! Des naufrages, un meurtre, de la nécrophilie, la folie, la démence-même… rien ne nous est épargné. !a rester enfermé dans un phare dans une mer en folie, ravitaillé tous les quinze jours si le temps le permet, et il ne le permet pas souvent.
Cependant ce roman ne manque pas d’intérêt : le style est impressionnant dans la description des éléments déchaînés, la tempête brisant les vitres du phare, les embruns, les oiseaux tourbillonnant. Quelques morceaux de bravoure: la folie gagne les hommes enfermés qui désapprennent à vivre. Cependant ils ne rachètent pas les tonnes de préjugés désuets et l’enflure des exagérations.
Édité dans le gros Omnibus: Le roman des PHARES,Le Gardien du feu fut publié dans Le Journal en octobre-novembre 1899 et inspiré d’un fait divers survenu au Raz-de-Sein en 1892.
Quelle meilleure lecture pour accompagner des vacances sur la côte de Cornouailles par les temps venteux de la Toussaint quand la mer est rayée de lames écumantes.
Anatole Le Braz recueillit légendes et traditions bretonnes. Ce roman a donc un souci ethnographique dans la précision des descriptions et dans le goût des détails de la vie courantes. La parisienne que je suis ne se doutait pas des nuances locales, des différences entre les régions de la Bretagne. Léonards et Trégorrois n’ont ni les mêmes coutumes ni les mêmes caractères, les Capistes – ceux de l’extrême Finistère sont aussi différents des Îliens de Sein. Toutes ces remarques me ravissent et réservent nombreuse surprises dans un décor dépaysant et maintenant désuet. Étonnement de réaliser que ces pauvres paysans ou pêcheurs sont aussi des marins au long cours. Goulven Denes, naïf Léonard, voué à la prêtrise garde son trésor le coffre à Jim trouvé à Saigon.
Atmosphère étrange que celle de l’Enfer du Raz, de la baie des Trépassés, dont les noms seuls présagent une tragédie à venir. J’ai deviné à mi-parcours l’issue fatale et pourtant je ne me suis pas ennuyée tant est bien racontée l’histoire que je ne veux pas résumer pour laisser la surprise au lecteur. C’est une histoire d’amour, simple et absolue, d’un homme simple.
Ce n’est pas un roman policier même s’il est publié dans la collection Folio policier, pas d’enquête policière. Le lecteur est témoin de l’accident, on connaît le coupable, le chauffard.
C’est plutôt un roman noir.
Roman de la lâcheté et de l’égoïsme.
Roman familial de toutes les mesquineries, les conventions, de l’étroitesse de cette famille de notables. De demoiselles en coiffe et robes bretonnes qui savent compter et commander. Roman de Concarneau, des pêcheurs.
Roman social aussi, confrontation entre l’univers douillet des armateurs et la misère des ouvrières des conserveries de sardines alors que les bancs de sardines ont disparu, que les conserveries ont fermé.