Santa Maria Maggiore vue de la place de l’Esquilin
Nous nous reposons au soleil dans le jardin près de la verte fontaine. Il est un peu tôt pour déjeuner. Pas une terrasse au soleil Piazza Repubblica ni près de la Gare Termini . Quelques snacks et cantines peu attirantes autour de la gare. Nous poursuivons vers l’Esquilin et Santa Maria Maggiore, curieusement là il y a plusieurs pubs irlandais. La terrasse que nous trouvons via S Prassede l’Old Marconi, à l’enseigne d’un vieux poste de radio a aussi un patron british. Mi-taverne à bière, mi trattoria de quartier italien, l’osmose passe bien. Le serveur a le type asiatique mais la carte est définitivement romaine. Je choisis des Tonnarelli pepe e cacia, pâtes maisons excellentes au pecorino. Dominique commande des dés de poulet à la sauce safran. .
Tonnarelli pepe e cacia
Santa Maria Maggiore
Santa Maria Maggiore est une très grande église avec un plafond à caisson de bois doré. De grosses colonnes partagent l’intérieur en trois nefs (une large et deux étroites. Les mosaïques sont vraiment merveilleuses ?
Mosaïques dorées de l’absides
Il aurait fallu apporter des jumelles pour en profiter. L’abside est toute dorée avec le Christ Pantocrator et Marie dans un cercle sur un fond doré orné de volutes. Autour de petites scènes sur des registres sont très colorées. Quelqu’un a éclairé quelques minutes, l’église s’est allumée a brillé puis s’est éteinte sans qu’on trouve le tronc pour la rallumer à nouveau. La crypte est revêtue de marbres précieux un prélat de marbre blanc est agenouillé.
Vaste nef très claire avec le plafond à caissons
Les deux chapelles de part et d’autre du transept sot couronnées de belles coupoles peintes à fresques revêtues de marbre de toutes nuances. Des angelots et putti flottent sur des nuages ou grimpent aux corniches. Photo et visites interdites, réservées à la prière. La Paulina est nommée d’après Pauline Borghèse (Bonaparte) la belle Pauline de Canova.
Chapelle Paulina
Santa Pudenziana
Sa Pudenziana
Elle est située en bas de la place de l’Esquilin à l’arrière de Santa Maria Maggiore, petite église au dehors modeste, en contrebas dans une cour ; Elle est fort ancienne, son campanile a été ajouté au 12ème siècle. La mosaïque de l’abside est de la fin du 4ème siècle, elle est très originale mais fort restaurée et j’ai eu du mal à imaginer qu’elle était si vieille.
Santa Prassede
J’ai dû patienter jusqu’à 16h pour y entrer. Nous avions déjeuné à deux pas. Cela valait vraiment la peine d’attendre ! L’église actuelle date de 817-824 , les mosaïques sont donc carolingiennes. Elles sont originales et très belles.
Retour dans les bus bondés
Le retour est encore une épopée qui a duré deux heures ; Le week end le trafic est dévié en raison de la fermeture des forums impériaux. Les autobus n’empruntent pas les itinéraires de la semaine. Personne n’est capable de nous dire si le bus va s’arrêter à l’arrêt où nous l’attendons. Après avoir vainement attendu le 75, nous nous traînons à la gare Termini. En attendant le bus nous sommes distraite par un vol d’étourneaux qui se posent sur un pin tout proche avec un vacarme infernal. Nous embarquons dans le 64 pris d’assaut par une cohue monstrueuse. Dans le Tram N°8 c’est encore pire. On se demande bien si on arrivera à descendre à Giacchino Belli !
La Galerie d’Art Moderne se trouve à quelques pas de la Villa Giulia. Elle occupe un vaste bâtiment de l’Exposition Universelle de 1911 qui me fait penser – de loin – aux Petit et Grand Palais parisiens. Précédé de 4 double-colonnes soutenant un fronton orné de guirlandes.
Avant la visite nous déjeunons au Caffe delle Arti. Sur la grande terrasse au soleil, des tables sont dressées séparées par de petites haies vives, nappes et serviettes en tissu, beaux couverts. Les garçons sont très stylés, costume noir, cravate noire, tablier boutonner sur le devant. La carte est très complète : viandes et poissons, antipasti variés. Nous nous arrêtons aux primi (13/14€) segundi( hors de prix)choisissons ravioli- ricotta-épinards avec une sauce de tomates fraîches, un brin de basilic et parmesan à volonté. Pur mi des pâtes bizarres à section ronde mais tortueuses, avec des lamelles de courgettes, roquette, gamberi(mi-crevette mi-langoustine), la sauce jaune est un délice. La qualité de la cuisiine est à la hauteur du cadre et du décor.
De Chirico
Tris expositions temporaires à la galerie ? L’une autour du cercle en céramique, une autre célébrant Antonioni : 1400 scati di Enrico Appetito. On voit des images du Désert rouge, de l’Avventura, des dizaines de portraits de Monica Vitti, une interview de Roland Barthes, des séquences de ses films sur des écrans. Retour aux années 60. J’ai envie de revoir ces films de la meilleure époque.
La troisième exposition temporaire « contropittura de Pablo Echaurren » s’appelle aussi Le Questione Murales . Dans ces œuvre de 1977, pas de Street Art ni de fresques murales encore moins de tags, il s’agit de grands tableaux très peints, très colorés. Si l’auteur se définit « parmi les Indiens métropolitains » sa peinture reste sagement sur les toiles.
Giacometti
Dans les salles avoisina les expositions sont exposés des tableaux de la fin du XXème siècle qui occupent de vastes espaces. Beaucoup de monochromes : quel ennui ! De grands tableaux avec de grands motifs répétitifs, c’est à peine mieux. Quelques œuvres sortent du lot des faucilles et marteau d’Andy Warhol, le pont sur le Tibre emballé par Christo, je reconnais les rayures de Buren. Peu d’américains, surtout des Italiens, Grecs, roumains, Bulgare, et pas mal de Français. Mention spéciale à Gastone Novelli pour ses grandes toiles blanches parsemées de petits graffitis poétiques Pour la recherche d’un nouveau langage. Deux silhouettes longilignes devant une longue toile sont signées Giacometti. Un couloir sombre consacré au thème Lumière et Mouvement, réunit des œuvres des années 60 presque toutes sur le même principe de fines rayures verticales. Ce couloir conduit à la salle Duchamp/Man Ray, le célèbre urinoir, le portoir de bouteilles.
Les salles voisines renferment des collections antérieures. Le guide bleu m’avait appâtée avec un Klimt, des Courbet, Monet, divisionnismeet futurisme. Elles sont désespérément bouclées. Pourquoi ? Je ne le saurai pas.
Nous rentrons par le tram19 et le 23. Vers 15h30, nous sommes de retours à la Piazza Trilussa. Il me reste une bonne heure pour traîner autour du Campo de’Fiori, Piazza Navona. Je prends la Via Giulia, un peu le Corso. La piazza Navona est toujours aussi bondée, je découvre le Cloître de Bramante, je rentre en découvrant ici, une colonne antique, là une façade peinte. Je goûte cette flânerie. Bientôt je pourrai me repérer sans carte. J’ai mes jalons.12
En hommage à Ettore Scola, Arte a programmé dernièrement Une Journée Particulière que j’ai revu avec grand plaisir.
Contrairement à certains films-cultes des années 60 ou 70 dont j’avais gardé un excellent souvenir et qui ont mal supporté le temps qui passe, Une Journée particulière n’a pris aucune ride. Au contraire! A l’époque, j’avais fait beaucoup moins attention à la bande-son qui accompagnait de loin l’histoire. la grande Histoire est encore plus présente que dans mon souvenir. Ou peut-être suis-je plus réceptive maintenant? La bande annonce italienne me paraît encore plus pertinente.
Admiration pour les deux immenses acteurs, d’une classe inouïe. Et grand bonheur de retrouver dans les archives cet interview de Sophia Loren:
Mais le reste du film était bien flou dans ma mémoire. De retour de Rome j’ai eu très envie de le revoir.
Le prologue avec la statue du Christ héliportée a un goût de déjà-vu, déjà-vu dans la vraie vie, à Carrare, il y a une trentaine d’années j’ai vu une telle statue transportée (mais pas en hélico), l’ai-je rêvée? Association d’idée, Lénine sur sa péniche dans le Regard d’Ulysse d’Angelopoulos?
Sublime Anouk Aimée, mystérieuse et blasée dans cet univers mondain de Dolce Vita où Marcello Mastroianni et ses copains paparazzi tirent leur subsistance pour un journalisme mondain agressif .
Avec le temps, Mastroianni, latin lover, dilettante, homme de lettres ou parasite, a perdu beaucoup de son charme. Anita Ekberg aussi, en charmante idiote, fantasme nordique et blond des italiens excités. Le monde a changé, les sex-symboles n’y ont plus la même place.
Si le film a conservé sa magie, c’est à la ville qu’il la doit! A la Fontaine de Trevi, aux ruelles qui l’environnent, au mélange de cinéma et de vie populaire.
Quel beau cadeau les Editions Faton et Babélio, dans le cadre de la Masse Critique m’ont fait! Je tenais tout d’abord à les en remercier!
C’est tout d’abord un très beau livre, illustré de très grandes photographies, que j’ai feuilleté avec plaisir. Grand format, belle qualité photographique et surtout grande variété: détail des fresques, comme je m’y attendais mais aussi gravures anciennes du Palais Farnèse, photos de statues provenant des collections Farnèse de Naples, du British Museum… Les dessins préparatoires d’Annibale sont tout à fait extraordinaires, ils sont maintenant dispersés dans les Musées de toute l’Europe, au Louvre, à Turin, en Angleterre ou à Vienne. La richesse et la qualité des reproductions m’ont bluffée.
Ce n’est pas un livre d’images! Il faut prendre son temps pour lire les chapitres rédigés par les meilleurs spécialistes dans des articles passionnants.
Les préfaces, remerciements aux mécènes, sont attendus, exercice obligé. La suite est unemagistrale leçon d’histoire: histoire de la famille Farnese, construction du palais…et glorification de la Famille Farnèse, de sa généalogie supposée antique, de sa puissance aussi bien politique que culturelle. Rien n’est laissé au hasard dans la décoration du Palais, écrin pour la collection de statues, allégories des fresques, armoiries..
De l’Histoire on passe à l’Histoire de l’Art : les Carrache ont su tirer profit des inspirations antérieures, des fresques de Raphaël de la Farnésina, de Michel Angeet des ignudismais aussi des influences lombardes, de Corrège , de Titienaussi … les deux frères Carrache n’ont d’ailleurs pas été les seuls exécutants des fresques de la Galerie, d’autres noms apparaissent Dominiquin, Badalocchio…
Des chapitres plus techniques expliquent comment on réalisait une fresque, les dessins préparatoires, les cartons, les enduits, les giornate. J‘apprends beaucoup.
La fin du volume est consacrée à la Restauration qui vient de s’achever en 2015. Inventaire des restaurations antérieures, problèmes techniques, nouveaux outils pour scanner les fresques, mais aussi parti-pris, nettoyages et restauration. C’est très technique pour la lectrice profane que je suis, mais bien intéressant.
Un regret : je reviens de Rome sans avoir vu – en vrai – la Galerie. J’aurais dû réserver ma visite au moins une semaine à l’avance. J’ai maintenant l‘adresse. Il fallait réserver tant de visites, à La Galerie Borghèse, au Vatican…Je n’ai plus qu’une envie : Retourner à Rome!
Nous n’avons pas envie de nous joindre à la foule des pèlerins devant Saint Pierre.
Que faire à Rome quand tous les musées et les sites sont fermés ? Il reste quand même les fontaines, les arcs de triomphe, les obélisques, les statues, les boutiques de luxe, les parcs….Les églises ne ferment pas non plus mais elles ne sont pas visitables pendant les offices.
Nous avons choisi les fontaines !
fontaine de Trevi
En se levant tôt, nous pensions trouver la Fontaine de Trevi pour nous seules (autobus 23 – tram n°8 – P Venezia bus 80 à). Erreur ! Les Chinois et Japonais s’y sont donné rendez-vous. La fontaine a été nettoyée il y a peu, elle est très blanche, l’eau est très bleue. Mais elle est dans l’ombre. Le must, c’est le selfie. On photographie ceux qui n’ont pas acheté la fameuse perche qui éborgne les autres. Le tourisme le plus hideux a envahi les petites rues des alentours. Un peu plus loin, c’est calme, il y a même un petit marché de légumes.
Quirinal : les Dioscures
Par le vicolo Scanderbeg on monte auQuirinal. Le Palais est perché sur la colline, vide. La fontaine est en travaux les Dioscures émergent des échafaudages sous l’Obélisque à contre-jour. La Via del Quirinale qui longe le Palais est borde de beaux jardins. Le premier est occupé par la statue équestre d’un roi Charles Albert de Savoie (ou de Sardaigne) 1798-1849 entouré de bas-reliefs de scènes de batailles. (Il faudrait que je me documente sur le 19ème siècle !). le second jardin, Giardini di Sant’Andrea al Quirinale, est charmant avec des palmiers, des rocailles, des fougères. Une statue encore, un peu étrange de deux carabinieri enveloppés dans des capes, le visage cachés par leur couvre-chef. Une date 1814-2014, hommage aux carabinieri.
San Andrea
Sant’Andrea al Quirinal : est une œuvre du Bernin. Sa façade est plutôt simple pour une façade baroque, courbes et colonnes sans trop en faire. La coupole dorée est merveilleuse plan en ellipse, marbres colorés.
4fontaines : l’Arno4 fontaines
San Carlo alle Quattro Fontane : de Borromini qui a déployé des trésors d’ingéniosité pour concilier complexité du terrain, les moyens limités des commanditaires. Solution plan en ellipse de la coupole, caissons en stuc en forme d’octogones et de croix. Avec le stuc et le plâtre elle paraît plus modeste que sa voisine dorée aux marbres précieux. En revanche la façade est plus spectaculaire avec ses frontons tout en courbes, ses colonnes sur deux niveaux et ses facettes au croisement des 4 fontaines dont une occupe une niche dans un coin.
Quattro fontane
Au carrefour en haut de la colline, datant de l’urbanisme de Sixte V (1585-1590). Elles ne sont malheureusement pas très en valeur à ce carrefour étroit, coincées dans des bâtiments postérieurs qui les écrasent et dans la circulation automobile arrêtée au feu rouge. (Cauchemar de photographe, il y a toujours une voiture dans le champ). Les deux figures masculines personnifient des fleuves : leTibre avec le Loup, l’Arno et le Lion. Junon et l’oiseau, diane et le chien se trouvent dans une niche dans un décor végétal.
via Sistina
C’est tout droit pour aller à Trinita dei Monti sur la Via delle Quattro fontane qui se poursuit par la Via Sistina (encore Sixte V). la première descend nettement et passe devant le palais Barberini (fermé aujourd’hui, Noël) derrière des grilles qui enferment un beau jardin. Puis la place Berberini avec la fontaine du Triton( 1642) par Bernin.
Barberini : fontaine du Triton
Remontée raide par la Via Sistina. Trinita dei Monti : Déception ! Des palissades, des plastiques blancs, des échafaudages masquent le célèbre escalier emballé, cachent la vue sur la Piazza Spagna, des palissades partout. Dominique est épuisée, il ne reste plus qu’à s’arrêter. La Palazzetto (qui est un hôtel s’ouvrant sur la Piazza Spagna) a installé sa terrasse sur le toit. Ce n’est pas un restaurant mais on peut y manger des pizzas (chères et quelconques) et des « fritures » à manger avec les doigts. Cela compose un repas tout à fait suffisant (pas gastronomique) mais l’important c’est la vue ! Le soleil chauffe. La Villa Medicis se détache sur l’écrin des pins du Pincio, je sors le carnet moleskine pour dessiner. Ce sont les silhouettes des pins qui m’intéressent. La villa Médicis est massive entourée de tourelles carrées surmontées de pyramides de tuiles aplaties, très florentines.
Villa Médicis
La bouche du métro est fermée, l’escalier du métro aussi. Bizarrement l’autobus 117, dont l’arrêt est face à la terrasse, ne passe pas. Comment allons-nous rentrer ? En bas aussi pas de Metropolitana. Sur la Piazza Spagna infirme de son bel escalier, la foule est dense. Ce n’est pas une manifestation mais un regroupement d’Asiatiques (sans doute les mêmes qu’à la Fontaine de Trevi ?), des familles avec des poussettes, quelques touristes français ou espagnols plongés dans leurs plans et leurs guides. Sans compter les vendeurs d’étoles (justement j’ai oublié mon écharpe en cachemire au restaurant, mais je ne le sais pas) et vendeurs de perches à selfies, des vraies guêpes qui attaquent à l’improviste.
Piazza Spagna : Barrcaccia
La Fontaine de la Barcaccia en forme de barque porte les emblèmes des Barberini (abeilles). Selon le Guide Bleu elle commémore une crue du Tibre en 1598)
La Maison de Keats et de Shelley est fermée pour toute la durée des vacances, celle de Chirico également, j’ai renoncé à chercher celle de Goethe.
« Où sont les autobus ? » ai-je demandé aux gendarmes dans leur camion qui stationne sur la place. « Peut-être Piazza Venezia ? » répond le pandore qui n’est pas au courant des restrictions de circulation et qui nous conseille la metropolitana – fermée – « peut être sur le Corso ? » Hasarde-t-il ? C’est un comble, même les forces de l’ordre ne sont pas au courant des restrictions de circulation. Offrir aux Romains un centre historique débarrassé des voitures, du bruit, de la pollution est une excellente idée. Pousser une poussette et voir les enfants sur les trottinettes ou les vélos au milieu de la rue. C’est un cadeau ! Il faudrait quand même prévoir des autobus pour ceux qui habitent loin, pour les vieillards u les handicapés. Quelques taxis se faufilent. A quel prix ? En tout cas, fermer le métro est une absurdité ! Il faudrait le rendre gratuit et, doubler, tripler les fréquences ! Et de toutes les façons faire des annonces compréhensibles pour tous. « Fréquence réduite entre 8h et 13h « était l’information sur les panneaux lumineux. Il aurait mieux fallu annoncer « pas de circulation du tout à partir de 13h ! »
Piazza del Poppolo
Fais seule et à grands pas le détour par la Piazza del Popolo. J’arpente la Via del Babouino aux belles devantures des grands couturiers. Chaque vitrine est cernée d’une garniture de sapins, boules argentées ou noeuds rouges, paquets laqués blancs. Cela ressemble à l’avenue Montaigne, en piétonnier. Grand hôtels, une plaque signale le passage de Jérôme Bonaparte< ;
La Piazza del Popolo est aussi peuplée que la Piazza Spagna toujours piétonnière moins dense parce que beaucoup plus vaste, avec calèches, touristes, vendeurs….. Au centre, la fontaine : obélisque et sphinx sont encore derrière des palissades. Encore une fontaine que nous en verrons pas ! Heureusement que la Piazza del Popolo en possède deux autres et un arc de triomphe pour que je ne sois pas venue pour rien !
Retour, Condotti, Corso, toujours piétonniers. Il semble qu’on ait complètement banni les voitures. C’est une excellente initiative. La ville est propre, calme. L’air sent le buis aux abords des parcs, les feuilles mortes près du Tibre. Une véritable marée humaine marche au milieu de la rue. Cependant l’idée de bannir les transports est tout à fait contestable. Tout el monde n’est pas capable de marcher des heures ! C’est même contre-productif ! Moi, écolo aguerrie, même candidate EELV, me voici à me languir de la circulation. Arrivée au tibre près du Château saint Ange, nous voici épuisées. Les taxis sont pleins. La circulation est rétablie sur le Lungotevere mais de véritables grappes humaines les prennent d’assaut. Nous nous traînons lamentablement en comptant les ponts qui nous séparent du Pont Sisto.
Les alentours de la Piazza Venezia ne semblent guère accueillants, leColisée trop touristique, nous embarquons dans le bus n°80 qui traverse des rues noires de monde. Les gens sont chargés de paquets de leurs achats de Noël. A Barberini deux terrasses couvertes et chauffées conviennent à ce jour frais et humide. Nous choisissons la belle pizzeria Bottega Italia, Via Veneto.
Je commande un risotto gingembre, citron, et coquilles Saint Jacques cuisine fine, excellente (rien à voir avec le risotto fruits de mer décevant pour touristes du Colisée) et Dominique a choisi végétarien avec des beignets de fleur de courgettes et un assortiment de légumes grillés, poivrons, courgettes, aubergine et même radicchio – a priori, bizarre de griller de la salade, mais moi j’aime. Bien sûr c’est un peu plus cher, mais tellement plus confortable avec une jolie table, un bouquet de petit hou, nappe et serviette en tissu et un bon radiateur rayonnant.
Promenade au Janicule
Rome vue du Janicule
Veille de Noël, les musées ferment à 14h. Du Trastevère je monte au Janicule par la Via Garibaldi juste au bout du vicolo Moroni. Cela grimpe dur, surtout la Via Porta San Pancrazio qui se termine par un escalier. La Passeggiata del Gianicolo est une chaussée goudronnée entre deux rangées de platanes dominant de beaux jardins (Jardin Botanique fermé). Les stèles blanches des compagnons de Garibaldi bordent la route jusqu’à l’impressionnante monument de Garibaldi. Ici, ont eu lieu les combats qui m’ont tant ennuyée quand j’ai lu les mémoires de Garibaldi, eut être si j’avais lu sur place….Je cherche parmi les groupes de combattants Anita Garibaldi qui est un personnage intéressant.
Le soleil baisse derrière les grands pins que nous avions remarqués du Capitole. En face du monument, de la terrasse panoramique la vue sur Rome est étendue sous une belle lumière. Les ruines du Palatin ressortent sur la verdure, le Dôme du Panthéon émerge de la mer des toits, impressionnant, le Monument Victor Emmanuele dépasse tous les autres. Je suius incapable d’identifier toutes les coupoles et les clochers. Sur le chemin du retour je fais presser une famille de touristes français « dépêchez-vous, le soleil se couche ! ».
Veille de Noël, le Trastevère est vide, bars à bière et « street-food » baissent leurs rideaux de fer. Heureusement la COOP de l’autre côté du pont Sisto est encore ouverte, les retardataires se pressent devant les rayons de fruits ou de vins. Je rentre avec deux grands sacs pleins, un panettone, du saumon fumé. Je décore la table de notre cuisine à la cave de clémentines avec leurs feuilles.
Salaï est le protégé de Léonard de Vinci qu’il appelle son parrain. Page chapardeur, menteur, séducteur, dégourdi. Espion de Léonard, il adresse une correspondance à un mystérieux Monseigneur florentin où il raconte tous les faits et gestes de son père dans une langue amusante truffée de fautes d’orthographes et de barbarismes.
Lionardo et Salaï arrivent à Rome en 1500 sous le prétexte d’études de sculptures et d’architecture antique. Le pape est alors Alexandre VI Borgia. Léonard ne se préoccupe guère d’Antiquités et se met au service de César Borgia – le Valentinois – qui mène campagne non loin de Rome. Léonard espère tirer profit de ses talents d’ingénieur, de ses dessins de machines de guerre. Tout d’abord il est chargé d’enquêter sur les rumeurs malveillantes courant sur le Pape Borgia. Léonard, par ailleurs voudrait aussi vendre au sultan Bayazid un pont sur le Bosphore….Cette histoire m’intéresse beaucoup au retour de Rome et je me suis lancée confiante dans la lecture de ce gros livre de 500 pages.
Roman historique ou plaisanteries grivoises?
Les lettres de Salaï me plongent dans le doute. Dans un indescriptible fatras de cochonneries, gloutonneries et beuveries Salaï fait des rencontres intéressantes : Copernicet un autre polonais, Burkhardt, le biographe du Pape Alexandre VI, et nombreux Antiquistes (humanistes ou antéchrists?) . Il raconte les faits et gestes de son maître Lionardo avec nombreuses allusions intéressantes à ses œuvres qui sont parvenues jusqu’à nous. La vie à Rome, dans les boutiques et auberges autour du Campo de’Fiori est reconstituée de façon vivante.
Quel crédit dois-je accorder du point de vue de la vérité historique?
Souvent, trop souvent, interviennent des diableries invraisemblables. Le nom-même de Salaï évoque le malin, et que dire ce ce Töfel, et de Diebold? Quand on raconte qu’une des bouches de l’Enfer serait sous la Cathédrale de Strasbourg, on est encore en pleine diablerie fantastique.
Agent double, agent triple, Salaï met au jour une sorte de conjuration contre le Pape Borgia, mettant en cause Tudesques, Alamans et Alsaziens qui sont nombreux à Rome. Seraient-ils les coupables dans les rumeurs qui courraient sur le Pape, le prétendant père du Valentinois et de Lucrèce. Népotisme, simonie, inceste, mœurs dissolues. Burkhardten serait il le propagateur? Il est beaucoup question de la Germanie de Tacite, de Boccace aussi … on devine poindre la Réforme en Allemagne.
Tout cela serait passionnant si Salaï ne passait pas tant de temps à raconter ses fredaines, les tétons comme des melons des Romaines, et le charme de son oiseau dont il se van . Un peu ce serait amusant, mais trop c’est trop. Bien sûr, ce sont ces rencontres sur l’oreiller et les indiscrétions des servantes qui met Salaï sur les pistes et qui font avancer l’enquête… je m’ennuie un peu et j’ai du mal à prendre son histoire au sérieux.
Et j’ai bien tort!
Le dossier très fouillé dans les 100 dernières pages du livre me montre que la vérité dépasse la fiction. Faux, usage de faux, médisances ont persisté pendant des siècles faisant du pape Borgia un personnage décrié. J’ai eu tort de me méfier. Oui, Salaï a bien existé, on a bien fait circuler des rumeurs sur le pape pas seulement pendant le règne des Borgia, jusqu’à nos jours. Les auteurs ont fait oeuvre d’historiens et livrent une abondante et sérieuse bibliographie!
Il tombe une petite pluie froide quand nous arrivons au Capitole.
Castor et Pollux, cavaliers, nous accueillent en haut du grand escalier qui monte de la Piazza Venezia à la belle place Campidoglio dessinée par Michel-Ange, sous la commande du pape Paul III Farnèse pour mettre en valeur la statue équestre de Marc Aurèle. Au pied du double escalier deux fleuves, le Tibre et le Nil viennent des Thermes de Constantin.
piazza Campidoglio
7Nous pouvons contempler la place à loisir, nous avons une bonne demi-heure d’avance sur l’horaire(9h30-14h cette veille de Noël).
C’est un musée très ancien, la « récolte capitoline » fut initiée par le pape Sixte IV (fin du 15ème siècle) qui a donné des bronzes antiques conservés au Palais de Latran.
On entre dans le Palais des Conservateurs.
salle desHoraces et des Curiaces
Au premier étage, l’immense salle des Horaces et des Curiaces est peinte par le Cavalier d’Arpin en 1595. J’aime qu’on me raconte une histoire, cette histoire est celle de la fondation de Rome : Romulus et Rémus tètent la louve, Romulus traçant le périmètre de la ville, attelé à deux bovins (Fernandez livre son interprétation originale), le rapt des Sabines, les Horaces et les Curiaces…peu importe l’esthétique des fresques (je n’aime pas trop), c’est l’histoire qui m’intéresse.
La Salle des Capitaines est ornée de statues antiques et de celle de deux condottieriBarberini et Colonna (noms de stations de métro, on a les références qu’on peut !)Fresques de Laureti.
Hannibal est peint sur son éléphant sur les fresques de la salle d’Hannibal. Les Romains sont identifiés au SPQR écrit sur le bouclier. Le Romain est-il Scipion ? Je prends en photo Hannibal, cela pourra toujours servir, le livre de Rumiz, sur les traces d’Hannibal est en haut de la pile à Créteil. Le Tireur d’épine en bronze est au centre de la Salle des Triomphes où un triomphe est représenté sur une frise colorée. La Louve est la vedette du musée, c’est aussi l’emblème de Rome. Elle était autrefois exposée aux regards de tous dans une loggia.
Le tireur d’épine
La salle des oies fait référence aux Oies du Capitole qui ont donné l’alerte lors de l’invasion par les Gaulois. Exposées dans des niches, elles ressemblent plutôt à des canards. La Tête de Méduse du Bernin voisine avec les marbres antiques. La salle est décorée de grottesques et de petits tableaux délicats encadrés dans le style pompéien. Il faudrait rester plus de temps pour les examiner.
Bernin : Méduse
Nous passons devant un char antique aux plaques vert-de-grisées et la monture : deux chevaux métalliques.
Horti maegenatis
Ces jardins sont très présentés de manière contemporaine. Les marbres blancs se détachent des dalles noires où sont écrites les explications, des cartes situant les jardins sur le plan de Rome. Dans, ces jardins verdoyants autour de la Rome antique étaient construites les villas des riches Romains. Des centaines d’œuvres d’art furent exhumées lors des travaux d’urbanisme en 1870. Nombreuses statues sont grecques, de marbre pentélique ou de Paros. Je retrouve avec joie les Corées, une tête d’amazone est parfaite. Marsyas en marbre rose violacé suspendu à un arbre et écorché vif est criant de souffrance. Je suis heureuse de retrouver « mes » Grecs que j’affectionne plus que les Romains. Ravie aussi de cette présentation sobre qui les met en valeur ;
Exêdre de Marc Aurèle
Marc Aurèle
Une verrière a été aménagée pour la star du Capitole : la statue équestre antique. C’est le moins qu’on ait pu faire, autrefois Michel ange avait dessiné la place exprès pour elle. Celle qui est actuellement sur la place est une copie. Une tête géante en bronze de Constantin est également exposée. En bordure de l’espace vitré, un mur antique. Ce sont les fondations du Temple de Jupiter Capitolin érigé par Tarquin le Superbe en 509 av. JC. Le temple se trouve à l’intérieur du Musée, c’est un temple énorme.
La transition est naturelle vers une exposition La Rome au temps de Tarquin
Pinacothèque
Caravage : la diseuse de Bonne Aventure
Elle est située à l’étage supérieur. Très riche, rangée par ordre chronologique et par ville. Véronèse et Titen. Je reconnais quelques Bassano au passage. Deux Caravage retiennent notre attention : Saint Jean Baptiste nu (en hommage aux nus de Michel-Ange), très jeune enlaçant le cou d’un bélier cornu et La Diseuse de Bonne Aventure, une gitane lit dans la main d’un jeune homme qui lui sourit tandis qu’à l’occasion elle lui subtilise sa bague. Caravage plus apaisé, mais toujours voyou. Admirative du sCaravage j’ai failli rater le Rubens : Romulus et Rémus en train de téter la Louve, bébés blonds très potelés .
Au 3ème niveau : exposition Raffaello, Parmigianino, Barocci, metafore delle Sguardo. L’affiche st tromeuse : portrait de Raphaël sur huile. Pas de peinture dans l’exposition, des études, des dessins des eaux fortes. Parmigianino est dit « Raphael revividus ». Eouvres regroupées par thèmes : l’autoportrait, thème de la fenêtre< ;;;;
Nous retournons dans la cour revoir la grande tête de Constantin, son pied et son doigt.
Statue géante de Constantin
Il faut emprunter une galerie souterraine pour rejoindre le second palais . Dans la galerie collection épigraphique sur plusieurs thèmes : l’écriture, le culte, la mort… De là un couloir conduit au Tabularium loggia dominant le Forum où est exposé l’entablement du Temple de Venus et de la Concorde.
Le Palazzo Nuovo
Galate blessé
Pas du tout neuf, comme son nom ne l’indique pas, est resté dans l’état où les collectionneurs l’ont installé. Les sculptures antiques sont alignées sur deux étagères dans la salle des Philosophes. Dans la Salle des Empereurs, les marbres des murs et des encadrements des portes font un écrin précieux et coloré pour toutes les statues. Le temps (et la patience) nous manquent pour nous intéresser individuellement à chacun de ces Hommes Illustres (j’ai Plutarque dans me liseuse dans le sac à dos). C’est dommage parce que les portraits sont réalistes.
Nous nus contentons de nous focaliser sur les compositions les plus curieuses : Le Galate blessé, que le Guide Gallimard appelle Gaulois, le Faune et les Centaures, la Vénus du Capitole qui occupe toute seule une salle somptueuse, des petits tableaux en mosaïque antique sont charmants : Colombes qui s’abreuvent et masques de Théâtre.
En moins d’une demi-heure je traverse Rome. La métropolitana a des quais sombres et tristes mais dans la rame le voyageur a de la distraction : sur un écran on diffuse de la publicité, des nouvelles et la météo, même l’horoscope. Les stations sont bien annoncées, signal lumineux et sonore. A midi je suis au Vatican et sors à la station Lepanto.
Dominique m’attend au pied du château saint Ange devant un violoniste qui nous régale d’un concert.
Pour déjeuner, nous passons le pont et trouvons un petit restaurant qui a deux tables sur le trottoir, vue sur le Pont Saint Ange et un rayon de soleil. Je choisis des cannellonis épinards et ricotta, Dominique, pennes au saumon.
Nous passons l’après midi dans les quartiers proches du Tibre, évitant le large Corso V. Emmanuele II, parallèle à la via Giulia, la rue Banchi Vecchi est ornée de parapluies rouge et blancs suspendus sur les câbles courant d’une façade à l’autre (comme ailleurs la lessive) .
Je flâne au hasard, à l’inspiration plutôt. J’ai envie de revoir le Panthéon et de chercher les Caravage cités par Dominique Fernandez dans le Piéton de Rome. J’entre dans la vaste Chiesa Nova. Dès l’entrée je repère un Caravage. Un jeune homme me propose un audio-guide gratuit qui parle plus de Philippe Neri, saint fondateur de la congrégation, que des œuvres d’art dont l’église est remplie. Il signale une Rubens mais oublie le Caravage et le Cavalier d’Arpin. J’entre dans Santa Maria della Pace, et sur la Piazza Navona, Santa Agnese in Agone.
Piazza Navona
La Piazza Navona est noire de monde, le marché de Noël et un manège cachant les fontaines, les silhouettes métallisées et immobiles, des peintres à l’aérosol, des militaires occupent le terrain avec les nombreux touristes. Je fais passer mon sac du dos vers l’avant. La Fontaine des Quatre Fleuves est dans l’ombre. Trop de foule, il faudrait revenir le matin.
Saint Louis des Français – Caravage saint Mathieu
Saint Louis des Français est dans l’itinéraire Caravage de D Fernandez. Les tris tableaux du Caravage occupent la même chapelle Saint Mathieu. Saint Mathieu et l’Ange attire tout de suite mon attention avec le manteau rouge et l’ange aux ailes arrondies comme une draperie improbable dans la pénombre. Le Martyre de Saint Mathieu est d’une violence inouïe, suggérée par le contraste de la blancheur des corps dans la pénombre. La Vocation de Saint Mathieu est plus apaisé, surprenant cadrage des personnages alignés dans la lumière tandis que les 2/3 du tableau sont sombres, presque noirs. Il y a beaucoup de monde autour de la chapelle. Chacun met son obole dans la machine éclairante.
Panthéon
Enfin le Panthéon ! Énorme. La façade antique impressionne. Le fronton et les colonnes datent de 27 avant JC. Enfin un édifice antique qui tient debout après les vestiges ruinés du Forum. La coupole immense (43m) couvre du vide malgré le grand nombre de visiteurs. Autour les colonnes de marbres, porphyres, les dorures forment un riche décor. Il faudrait imaginer les statues antiques dans les niches. Trop paresseuse (fatiguée) pour sortir le Guide Bleu, je rate le tombeau de Raphaël « à ne pas manquer ».
Je retrouve Dominique qui m’attend devant une crêperie au Campo de’Fiori. Plus de marché, sauf les fleurs. La place est plus jolie le matin. En face sur la place Farnèse devant le Palais une fanfare joue des airs militaires et en conclusion la Marseillaise. J’ignore la raison de cette sérénade devant notre ambassade.