MITTELEUROPA -2001 – UN MOIS EN AUTRICHE, HONGRIE ET CROATIE
Karlskirche
Karlskirche
La pluie contrarie nos plans, prenons le métro U4 à Pilgram et deux stations plus loin, descendons à Karlskirche. L’église est vraiment curieuse : une coupole précédée d’un fronton, encadré par deux colonnes rondes, évoquant des minarets et deux tours carrées à toit en pagode de cuivre oxydé.
Karlskirche « colonne trajane »
Lorsqu’on s’approche, les« minarets » font place à deux colonnes trajanes avec des bas-reliefs comme à Rome. La façade à fronton triangulaire classique représente l’épidémie de peste de 1713. Charles VI (le père de Marie Thérèse) avait fait vœu de la construction d’une église à la fin de l’épidémie.
Intérieur très baroque
Karlskirche : baroque!
C’est la plus belle église baroque que j’ai jamais vue. La nef ovale est surmontée d’un dôme très haut. Au fond du chœur, Saint Charles Borromée, en habit d’évêque tout en dentelle, est entraîné au ciel par des dizaines de petits anges, les putti siciliens tant aimés par Fernandez, certains crèvent le nuage et seules leurs têtes émergent des rondeurs.
Fresque de la coupole
La fresque de la coupole a été restaurée, elle est bien lisible. Une scène est parlante : un ange armé d’une énorme torche met le feu à la Bible de la Réforme. Ce n’est pas seulement la Peste qu’il s’agissait de combattre. Il y a bien une démonstration flagrante des liens entre la Contre-Réforme et le Baroque.
La pluie a cessé, une timide éclaircie permet de prendre quelques photos.
Nous quittons le Baroque pour l’Art Nouveau : les pavillons du Métro Karlsplatz bien rénovés et le beau pavillon Sécession, pas de chance, c’est aujourd’hui jour de fermeture !
Naschmarkt
Le marché Naschmarkt est très joli avec ses boutiques exotiques grecques ou turques. Cela sent bon les olives et les épices. Après Marrakech et Istanbul nous sommes blasées ! Les épices sont vendues dans des petits godets fermés : cela n’a pas d’allure !
Jugendstil
Majolica haus dessinée par Otto Wagner
Les maisons Jugendstil d’Otto Wagner sont face au marché : la maison majolique est décorée d’un rosier qui s’étale sur toute la façade carrelée tandis que les balcons sont ornés de feuillage vert (nymphéa ou lierre ?) La maison voisine porte des médaillons dorés et les feuilles sur les rambardes vertes sont plus simples.
Le bus à 1€ est devenu presque une routine. Je l’attends place du 19 mars, 9h10, mais j’arrive un bon quart d’heure en avance. J’ai pris un livre pour la route et l’attente. Je connais le chemin d’autant plus que le paysage n’a rien de passionnant. Le bus passe devant les hangars des zones commerciales, au moins trois Intermarché et deux Leclerc, des Gifi à la pelle….et je vois des terrassements pour agrandir les zones commerciales ou en créer de nouvelles. Plus de vignes ni de pêchers, rien que des hangars et des chantiers ; Quelle désolation !
Dali en lévitation place de Catalogne
Maintenant, je connais le chemin, Avenue Charles de Gaulle aves ses hautes colonnes des palmiers, ses petits immeubles avec les balcons en ferronnerie, ou Art Nouveau…Place de Catalogne, je n’avais pas vu Dali en lévitation regardant dans la direction de la Gare : le Centre du Monde ! J’arrive très vite au Centre historique et au Musée. Il faisait beaucoup plus beau la semaine dernière et Perpignan était plus riante. Mon but, le Musée Hyacinthe Rigaud, n’ouvre qu’à 11heures.
Notre Dame des Anges
Notre Dame des Anges
Au hasard, je découvre la chapelle Notre Dame des Anges et le Couvent des Cordeliers (ou ce qu’il en reste). La chapelle était la salle capitulaire du couvent franciscain a été transformée en chapelle de l’hôpital militaire(19ème siècle) dont il reste les bâtiments. Autour de la chapelle, un musée lapidaire de plein air réunit chapiteaux, arcs, et pierres, plus loin des enfeux disposés en équerre délimitent un cimetière comme le campo sancto près de Saint Jean Baptiste. S’il n’y a que peu à voir, les histoires, mythes et légendes abondent.
Saint François d’Assise en pèlerinage à Compostelle aurait fait étape à Perpignan, un riche marchand drapier enflammé par le prédicateur aurait offert des terrains pour construire le monastère ; au cours d’un autre voyage, le poverello aurait rencontré à Perpignan Saint Dominique prêchant contre les albigeois, un tableau à Collioure attesterait cette rencontre.
Blason avec deux perroquets
Un autre détail m’a amusée : un blason avec deux perroquets affrontés ; blason qu’on retrouve aussi à Mallorca sur le tombeau de Berenger Battle, évêque des îles, décédé en 1349. Le nom commun battle désignant un agent seigneurial est devenu ensuite patronyme.
Musée Hyacinthe Rigaud
Musée Hyacinthe Rigaud
Installé dans deux hôtels particuliers du 17ème siècle : Hôtel de Mailly et Hôtel de Lazerme. Le cadre est agréable et l’ensemble vaste.
Un audioguide est offert gratuitement : une tablette et un casque. La tablette dispose d’un système géolocalisé. Un discret bip prévient qu’un commentaire est disponible quand on passe devant un tableau commenté. Les explications sont claires, parfois illustrées , la tablette protégée par un cadre caoutchouc. On peut aussi lire des panneaux très bien faits. Je suis restée deux heures et demie sans m’ennuyer un moment. Au bout de deux heures, j’ai commencé à sentir la fatigue et la faim. La dame de l’accueil m’a permis de sortir manger un sandwich et de revenir. Le musée est très riche ; Il faut prévoir une bonne demi-journée.
PERPIGNAN GOTHIQUE
La Vierge de la Rue de l’Ange – sculpture de bois polychrome portant un enfant et dans la main gauche une rose qui a disparu. Elle est arrivée dans le Musée après la démolition des remparts.
retable de la Loge de la Mer
Correspond à l’âge d’or de Perpignan avec le royaume de Mallorque (1276-1344) mais aussi du temps de la domination d’Aragon. Cette prospérité était due au commerce, principalement au commerce maritime, consulat de la Mer (1388), construction de la Loge de la Mer (1397). Le Retable de la Trinité a été commandé par le consul de la Mer en 1489. Ce retable est formé seulement de deux parties : la Trinité dans une mandorle entouré de douze personnages, Adam et Moïse, et des Prophètes de l’Ancien Testament ainsi que deux évangélistes. Des Textes sont portés par les personnages (mais écrits en gothique difficile à déchiffrer). La prédelle montre un port (peut- être Collioure) un bateau et l’intervention de Saint Nicolas ou peut être saint Elme.
Prédelle du retable de la Loge de la Mer
Dans une vitrine on voit des céramiques mudejar, trouvées dans les remparts de Collioure, mais fabriquées pour partie de la région de Valence, par des artisans maures avec des thèmes de fruits, d’animaux mais aussi des thèmes chrétiens.
La salle suivant e contient une dizaine de retables pour la plupart 15ème siècle des écoles valenciennes, aragonaises ou catalanes disposés sur les murs autour du gisant du Vicomte de Castelnou en marbre blanc.
Notre Dame des désemparés (1469)
Notre Dame des désemparésNotre Dame des désemparés
Est un panneau calcaire sculpté provenant de l’Hôpital de la Confrérie des Tisserands : sous la protection de la Vierge 5 personnages à genoux dont un cul de jatte représentent les tisserands malades, les invalides et les pèlerins secourus par l’hôpital.
J’en ai déjà plein les yeux avec les salles gothiques.
PERPIGNAN BAROQUE
Au 17ème siècle et au 18ème, Perpignan se trouve dans la frontière disputée et même après la paix des Pyrénées, dans une zone frontalière et touchée par des épidémies, il devient plus difficile de peindre en Roussillon.
Saint Elme – GuerraSt Elme
La section Perpignan Baroque s’attache à montrer deux peintres Antoine Guerra (1666 – 1711) et Hyacinthe Rigaud (1659 -1743), contemporains mais dont la carrière s’oppose.
Guerra restera à Perpignan, son inspiration est locale, inspirée de la peinture espagnole et italienne.
Saint Elme – patron des marins – ce peintre catalan fut chois par les Consuls de la Mer.
Rigaud a quitté sa ville natale à 12 ans pour Carcassonne, Montpellier et finalement paris et la cour du roi. Il a peint principalement des portraits. Son Saint Pierre s’inspire de Guido Reni.
Saint Pierre – Rigaud
La salle suivante s’intitule Atelier de Rigaud et montre d’autres peintres. Le tableau principal est le Portrait du Cardinal Bouillon d’un très grand format, raconte comment ce Cardinal ouvrit les portes à Rome au cours du Jubilée 1699 à la place du pape.
Portrait du cardinal Bouillon
Le Portrait de Philippe d’Orléans et plusieurs autoportraits. L’un d’eux montre le peintre et le portrait qu’il a fait du financier Castanier habile composition montrant ensemble un portrait et un autoportrait. L’autoportrait au turban 1699 montre le peintre jeune 39 ans, à la manière de Rembrandt, tandis que l’autoportrait au ruban noir le montre plus âgé avec une décoration et une perruque imposante.
PERPIGNAN MODERNE
Faraill – Catalane
1858 le chemin de fer arrive, 1904 : destruction des remparts, Perpignan s’étend et devient une ville moderne. C’est le second âge d’or.
Une sculpture de Gabriel Faraill introduit la section.Primavera montre le buste d’une catalane portant la croix typique des catalanes, et une coiffe.
En face deux affiches des papiers cigarettes JOB de Bardou , une industrie à laquelle Perpignan doit sa prospérité. Affiches de Chéret et de Mucha.
Dufy : l’atelier Perpignanais
Dufy : l’atelier
Dufy arrive à Perpignan en 1940, y restera jusqu’en 1950. On y voit le Cargo noir (représentant Sainte Adresse en Normandie) Le Jardin abandonné est plutôt cubiste et s’apparente à un tableau de Braque. La console montre l’atelier du peintre à Perpignan.
Dufy: le jardin
Picasso a séjourné à plusieurs reprises à Perpignan, on voit surtout des céramiques. Picasso ne peut pas retourner dans l’Espagne franquiste et se sent comme chez lui en Roussillon.
Lurçat
Lurçat à Sant Vicens : atelier de Céramique : les arts du feu. Lurçat a aussi peint de très beaux tableaux j’ai beaucoup aimé sa Femme Turque(1925) il a assimilé le cubisme, on voit dans le traitement des tissus son goût pour les textiles.
Montfreid, Faillet dans les pas de Gauguin
George-Daniel Montfreid est pour moi un inconnu lié par son amitié à Gauguin et sa peinture est un hommage à son ami.
George-Daniel Montfreid hommage à Gauguin
De même Gustave Fayet s’est inspiré de Gauguin, je croyais voir un Gauguin avant de lire le cartel
Maillol inattendu
Maillol, le sculpteur, bien sûr, mais aussi le peintre que je ne connaissais pas , un tableau le montre comme peintre nabi, s’inspirant des estampes japonaises avec un fond doré sur lequel se détache seulement une branche de marronnier, la jeune fille cachée sous un chapeau. Etrangement le monument à Debussy est un bronze d’une femme sans tête ni bras mais d’une parfaite harmonie.
Je suis passée, affamée et un peu abrutie dans les salles de peintres que je ne connaissais pas : Terrus et Daura qui aurait mérité plus de considération. Il est déjà 13h30 et je suis dans le musée à écouter l’audioguide, à prendre des notes et des photos, bien concentrée jusqu’à Maillol. Maintenant, plus rien ne veut entrer !
Maillol : monument à Debussy
Sandwich baguette, beurre, saucisson cornichon, excellent chez Paul et me voilà prête à recommencer ;
Une exposition temporaire m’intrigue : Jean et Jacques Capdeville
J’ai déjà rencontré les Nanas de Jacques Capdeville(1956) à Collioure, j’avais bien aimé mais j’en étais restée sur ma faim. Les tableaux du peintre de Céret sont ici plus variés. Pas seulement des figures de femmes, beaucoup d’abstraction, presque de la calligraphie.
Jean Capdeville
Jean Capdeville (1917-2011)est l’oncle du premier ; Il peint des tableaux en noir et blanc, avec beaucoup plus de noir que de blanc ; On croirait de loin des graffitis au tableau noir d’une école d’autrefois.
Ces deux Capdeville sont très différenst. Les tableaux mélangés se reconnaissent immédiatement. Si tous les deux sont de Céret, tous les deux privilégient l’abstraction et sont attachés aux Albères., ils font des œuvres très différentes. Cependant ils souffrent du voisinage des très grands que je viens de voir. Aucune comparaison possible !
le Grand Port : en face le Fort San Angelo de Birgu
Fin des vacances pour les écoliers maltais. Nous partons tôt pour trouver une place de parking à La Valette. Un peu avant Pembroke, le trafic est au pas jusqu’à San Giljan. Il se fluidifie après Tas-Sliema. Il me vient à l’idée que bureaux, commerces et écoles se trouvent là et non pas dans le Centre de la Valette. Tous ces immeubles ne seraient pas destinés au tourisme !
Nous allons au Port où accostent les navires de Croisière, il y en a deux ce matin. D’un côté les vieux entrepôts ou magasins d’un port de commerce, de l’autre une criée fermée mais encore carrelée. La rue grimpe jusqu’au fort Saint Elmo, où Dominique trouve une place à la limite de l’arrêt des karozzin.
karozzin en face de San Elmo
Au programme des visites : le tour des remparts, les jardins, le Palais du Grand Maître ;
Je descends le long du Bastion Saint Lazare et du long bâtiment de la Sacra Infermeria – l’infirmerie des Chevaliers Hospitaliers dont la porte est fermée aujourd’hui mais dont j’ai pu entre-apercevoir l’intérieur vendredi : une grande salle de 155m de long. En 1787, l’Hôpital disposait de 563 lits. La vocation première des Chevaliers Hospitalier fut de soigner les pèlerins à Jérusalem. Maintenant un centre de conférence méditerranéen l’occupe.
Les entrepôts et les murs de la ville
Je longe le front de mer jusqu’à la Victoria Gate située un peu plus haut. Je monte des marches, passe une curieuse passerelle qui enjambe une rue étroite très profonde. Après encore des marches j’entre dans l’Upper Barraca Garden – jolie vue, massifs d’œillets d’Inde irrigués par de fins tuyaux, beaucoup de touristes, des toilettes. Nous surplombons le Saluting Battery d’où on tire le canon à midi. Une voix d’une provenance incertaine invite les touristes à s’inscrire pour une visite au Lascaris War Rooms visite des souterrains et croisière pour observer les fortifications. Les batteries d’artillerie, les canons et les souterrains ne me tentent guère. J’ai sûrement tort mais notre temps est compté et j’ai d’autres priorités ! Malte est un point stratégique au centre de la Méditerranée. Les chevaliers de Malte étaient un ordre militaire. Les batailles contre les Turcs, le Grand Siège de 1565 est un moment fort de l’histoire. Plus tard les Britanniques utilisèrent Malte comme relais sur la Route des Indes, ils complétèrent et modernisèrent les fortifications. Enfin, au cours de la 2ème Guerre Mondiale Malte servit de base à l’invasion par les alliés de la Sicile. La Valette a souffert des bombardements italiens et allemands. Malgré cela, la visite de canons d’avions militaires, de sabres ou d’arquebuses m’ennuie profondément ;
Place de Castille : l’Auberge de la Langue d’Espagne
Du jardin Upper Barraca, je débouche sur la Place de Castille, vaste esplanade devant l’Auberge de Castille et Leon , énorme palais baroque où se trouvent maintenant les bureaux du Premier Ministre. Le comte Cagliostro y aurait séjourné (voir Alexandre Dumas, Joseph Balsamo) . Plus bas, se trouvent les bâtiments du Parlement dessinés par Renzo Piano, à la surface hérissée de polygones. Bâtiment élégant, certes, mais plutôt neutre.
Sur la place se trouvent plusieurs statues : des hommes politiques maltais, et une grande commémoration du sommet de 2015 sur les migrations : un socle métallique porte un nœud de marbre blanc, nœud gordien ou nœud de solidarité ? a moins qu’il ne suggère la position de Malte à la croisée des voies de navigation.
Renzo Piano : Parlement de Malte
En contrebas, le théâtre à ciel ouvert avec sa colonnade n’a rien d’antique. Ce sont les restes de l’Opéra royal construit en 1860, détruits par les bombardements allemands en 1942.
Deux églises se font face : Notre Dame des Victoires, la plus ancienne de La Valette (1566) rénovée au goût baroque avec de belles fresques sur le plafond et en face Sainte Catherine d’Italie avec le fameux retable de Mattia Preti.
Je prends mon temps pour photographier le bronze de Jean Parisot de la Valette .
Baroquissime
Je rejoins le Palais du Grand Maître par Merchants street qui porte bien son nom avec de nombreuse boutiques, échoppes de fast-food mais aussi boutiques anciennes, bijouteries vendant des filigranes d’or et d’argent. Les boutiques de vêtements soldent les articles d’été.
Appartements d’Etat
Le Palais du Grand Maître est un énorme palais construit autour de deux patios plantés d’arbres et de massifs : la cour de Neptune et la cour Pinto. Je remarque un clocher avec quatre cadrans. D’un côté on visite les Appartements d’Etat de l’autre l’Armurerie. Dans les Appartements d’Etat cinq vastes pièces s’ouvrent sur deux halls peints à fresques avec des « gardes » en armures à chaque porte, et des blasons de marbres au plancher. Dans une des pièces se trouvent de merveilleuses tapisseries des Gobelins représentant des décors exotiques avec des éléphants dans une jungle poétique. Dans la chambre rouge, une fresque relate de l’Ordre à Rhodes de 1309 à 1522. On y voit force turbans. Dans la chambre jaune, histoire de l’Ordre en Terre sainte.
Croisades : siège de Damas 1220
La hauteur des plafonds est impressionnante, les dimensions des pièces aussi. Je regrette l’absence d’un audio-guide pour expliquer tous ces tableaux.
En revanche l’audio-guide est fourni à l’Armoury, musée des armes et armures dans les écuries du Grand Maître. Armures, casques épées ne me passionnent vraiment pas ;
Armes et armures
Il me reste encore d’autres musées et églises à visiter. Je préfère la promenade suggérée par le guide Evasion, qui me mène devant le Vieux théâtre (fermé pour restauration). J’entre dans l’église OurLady Mount Carmel et St Paul’s anglican cathedral sans intérêt touristique majeur, elles sont sur ma route. Je poursuis devant l’Auberge d’Aragon près de l’eau sur une place tranquille avant de longer la mer pour rejoindre le Fort Saint Elme. Ce qui est remarquable dans la topographie de La Valette c’est que tantôt on descend, et la même rue remonte très dur. Les distances sont petites mais le dénivelé cumulé est rude. Je fais le tour du Fort San Elmo où se trouve le Musée de la Guerre (entrée avec le Multipass heritage) belle promenade en extérieur.
Pour l’après midi, j’ai fait une liste des sites que j’aimerais voir..
Je ne trouve pas le premier : la crypte saint Vincent à l’Almoina où j’ai visité le Musée Archéologique.
Almudin
Derrière, l’Almudin – la halle au grain – du temps de Balentsya. Le nom des rues rappelle cette fonction : rue de la Farine, Rue de la Pesée de la farine. L’Almudin est un bâtiment rectangulaire, très simple qui s’ouvre sur une placette Plaça de Sant LLuis Bertrand : le saint est une petite sculpture en bronze orant une fontaine au bassin octogonal. Le porche d’entrée d’un palais est très ouvragé.
Un peu plus loin, se trouve la massive église S. Esteban avec son mince clocher de brique. L’Almudin sert de hall d’exposition, lorsque l’une est en préparation, on ne visite pas. Je n’entrevois que de la porte les peintures murales représentation de la vie populaire.
Les Bains de l’Almirante qui ont rempli leur fonction de 1313 à 1959 pendant donc six siècles se trouvent à proximité. Malheureusement le créneau des visites est de 13h à 14h selon le panneau (et jamais pour les individuels selon un voisin). Troisième site de ma liste, troisième porte close .
Le Musée du Patriarca est recommandé dans mes deux guides. Peinture ancienne, Caravage, le Greco, Goya sont annoncés sur une énorme affiche suspendue sur les murs du palais ; Impossible de trouver l’entrée. Et sur la place personne ne connait les horaires d’ouverture. Encore raté !
Palais du Marquis dos Aguas
Enfin j’ai plus de chance au Musée des Céramiques qui se trouve dans le Palais du Marquis dos Aguas, construit au XVème rénové en 1740. La façade est ornée de bas- reliefs en albâtre, Atlantes soutenant le linteau du porche, Vierge dans une niche, mais aussi autour des fenêtres. Je n’ai jamais vu une façade aussi surchargée, l’albâtre semble un miel liquide qui dégouline.
Façade rococo ou rocaille?
Les murs des patios intérieurs sont également très décorés mais dans un style plus sage. A propos de style Baroque ? Roccoco ou rocaille ? Le Palais est meublé. Même impression de surcharge, trop meublé, trop riche, trop décoré. Les céramiques sont intéressantes. Après une présentation d’œuvres contemporaines au rez de chaussée, la scénographie est classique : vitrines dans l’ordre chronologique. Beaucoup de très belles choses.
Horchateria Santa Catalina
Après tout ce circuit, j’ai besoin d’une pause que je prends à l’Horchateria Santa Catalina dont je ne me lasse pas. Dominique m’attend à la terrasse du restaurant BonGust à deux pas du gîte sous la dame dans son plat à paella. J’y reste toute la fin de l’après midi et pour dîner (à l’heure touriste) : tartare de saumon avec sauce à la mangue présenté sur une ardoise, très bon !
LePalais Corsini ,via Lunghara, parallèle au Tibre en face de la Farnesina est ouvert le lundi. La Galerie occupe le premier étage du grand palais. Des dizaines de tableaux de tous formats sont accumulés sur les hauts murs du piano nobile, tendus de soieries ou peints. Comme toujours il n’y a ni étiquette, ni explication pour ne pas déranger l’ordonnancement. Il faut se fier aux plans cartonnés et plastifiés pour les chercher, ce qui est finalement un jeu très amusant.
Une exposition temporaire : Mattia Preti un Giovane nella Roma dopo Caravaggio a lieu en ce moment ; occasion de faire connaissance avec ce peintre dont j’ignorais jusqu’au nom. Mattia Pretiest un peintre calabrais (1613-1699). Arrivé à Rome vers 1630, il subit l’influence caravagesque avec les clair-obscur, les éclairages violents sur le personnage principal, les sujets bibliques et les personnages du peuple (et leurs trognes) du maître qui a fait école ; L’exposition est conçue comme une confrontation des tableaux de Preti mis en évidence e par une présentation moderne et les tableaux de la collection du Palais Corsini : le San Giovanni Battista du Caravage, l’Hérodiade de Vouet, les œuvres du Guerchin ou de Joseph de Ribera.
C’est la découverte d’un style pur moi : j’ai découvert le Caravage grâce à Dominique Fernandez en lisant la biographie du peintre : La course à l’abîme lue il y a quelques années avant notre voyage à Naples, et toujours à son instigation j’ai suivi la piste du Caravage avec le Piéton de Rome, à la Villa Borghèse, à Saint Louis des Français, aux Musées Capitolins…
Découverte de Mattia Preti, peinture vigoureuse et intéressante. Le 17 ème siècle n’a jamais été ma période préférée en peinture. C’est l’occasion de m’y intéresser.
Au hasard de la visite, nous découvrons des peintres moins connus et d’autres très connus… Fra Angelico – j’adore ! Je suis passée à côté de Nicolas Poussin. J’ai cherché un Rubens, l’ai trouvée (le Saint Sébastien mais il ne m’a ait aucun effet. C’est la deuxième fois de la semaine que je zappe un Rubens. Je crois que je ne l’aime pas tant que cela.
Guido Reni : Salomé et la tête de saint Jean Baptiste
Sur le même thème Herodiade et la tête de Saint Jean Baptiste de Vouet et Salomé et la tête de Saint Jean Baptiste de Guido Reni. Je préfère le dernier.
Un joli Murillo de caractère.
Le Palais Corsini a une longue histoire : dans la chambre jaune où Christine de Suède s’y est éteinte, on a exposé Pindare et Virgile . De délicieuses fresques avec des grotesques ornent le plafond.
Belle matinée peinture ! Belle matinée ensoleillée aussi !
Le Palis Corsini dispose d’un ascenseur ultra- moderne avec une cabine de verre panoramique d’où la vue est merveilleuse sur le Janicule, les grands arbres et les jardins qui appartenaient autrefois au Palais Corsini et qui sont le Jardin Botanique.
Nous n’avons pas envie de nous joindre à la foule des pèlerins devant Saint Pierre.
Que faire à Rome quand tous les musées et les sites sont fermés ? Il reste quand même les fontaines, les arcs de triomphe, les obélisques, les statues, les boutiques de luxe, les parcs….Les églises ne ferment pas non plus mais elles ne sont pas visitables pendant les offices.
Nous avons choisi les fontaines !
fontaine de Trevi
En se levant tôt, nous pensions trouver la Fontaine de Trevi pour nous seules (autobus 23 – tram n°8 – P Venezia bus 80 à). Erreur ! Les Chinois et Japonais s’y sont donné rendez-vous. La fontaine a été nettoyée il y a peu, elle est très blanche, l’eau est très bleue. Mais elle est dans l’ombre. Le must, c’est le selfie. On photographie ceux qui n’ont pas acheté la fameuse perche qui éborgne les autres. Le tourisme le plus hideux a envahi les petites rues des alentours. Un peu plus loin, c’est calme, il y a même un petit marché de légumes.
Quirinal : les Dioscures
Par le vicolo Scanderbeg on monte auQuirinal. Le Palais est perché sur la colline, vide. La fontaine est en travaux les Dioscures émergent des échafaudages sous l’Obélisque à contre-jour. La Via del Quirinale qui longe le Palais est borde de beaux jardins. Le premier est occupé par la statue équestre d’un roi Charles Albert de Savoie (ou de Sardaigne) 1798-1849 entouré de bas-reliefs de scènes de batailles. (Il faudrait que je me documente sur le 19ème siècle !). le second jardin, Giardini di Sant’Andrea al Quirinale, est charmant avec des palmiers, des rocailles, des fougères. Une statue encore, un peu étrange de deux carabinieri enveloppés dans des capes, le visage cachés par leur couvre-chef. Une date 1814-2014, hommage aux carabinieri.
San Andrea
Sant’Andrea al Quirinal : est une œuvre du Bernin. Sa façade est plutôt simple pour une façade baroque, courbes et colonnes sans trop en faire. La coupole dorée est merveilleuse plan en ellipse, marbres colorés.
4fontaines : l’Arno4 fontaines
San Carlo alle Quattro Fontane : de Borromini qui a déployé des trésors d’ingéniosité pour concilier complexité du terrain, les moyens limités des commanditaires. Solution plan en ellipse de la coupole, caissons en stuc en forme d’octogones et de croix. Avec le stuc et le plâtre elle paraît plus modeste que sa voisine dorée aux marbres précieux. En revanche la façade est plus spectaculaire avec ses frontons tout en courbes, ses colonnes sur deux niveaux et ses facettes au croisement des 4 fontaines dont une occupe une niche dans un coin.
Quattro fontane
Au carrefour en haut de la colline, datant de l’urbanisme de Sixte V (1585-1590). Elles ne sont malheureusement pas très en valeur à ce carrefour étroit, coincées dans des bâtiments postérieurs qui les écrasent et dans la circulation automobile arrêtée au feu rouge. (Cauchemar de photographe, il y a toujours une voiture dans le champ). Les deux figures masculines personnifient des fleuves : leTibre avec le Loup, l’Arno et le Lion. Junon et l’oiseau, diane et le chien se trouvent dans une niche dans un décor végétal.
via Sistina
C’est tout droit pour aller à Trinita dei Monti sur la Via delle Quattro fontane qui se poursuit par la Via Sistina (encore Sixte V). la première descend nettement et passe devant le palais Barberini (fermé aujourd’hui, Noël) derrière des grilles qui enferment un beau jardin. Puis la place Berberini avec la fontaine du Triton( 1642) par Bernin.
Barberini : fontaine du Triton
Remontée raide par la Via Sistina. Trinita dei Monti : Déception ! Des palissades, des plastiques blancs, des échafaudages masquent le célèbre escalier emballé, cachent la vue sur la Piazza Spagna, des palissades partout. Dominique est épuisée, il ne reste plus qu’à s’arrêter. La Palazzetto (qui est un hôtel s’ouvrant sur la Piazza Spagna) a installé sa terrasse sur le toit. Ce n’est pas un restaurant mais on peut y manger des pizzas (chères et quelconques) et des « fritures » à manger avec les doigts. Cela compose un repas tout à fait suffisant (pas gastronomique) mais l’important c’est la vue ! Le soleil chauffe. La Villa Medicis se détache sur l’écrin des pins du Pincio, je sors le carnet moleskine pour dessiner. Ce sont les silhouettes des pins qui m’intéressent. La villa Médicis est massive entourée de tourelles carrées surmontées de pyramides de tuiles aplaties, très florentines.
Villa Médicis
La bouche du métro est fermée, l’escalier du métro aussi. Bizarrement l’autobus 117, dont l’arrêt est face à la terrasse, ne passe pas. Comment allons-nous rentrer ? En bas aussi pas de Metropolitana. Sur la Piazza Spagna infirme de son bel escalier, la foule est dense. Ce n’est pas une manifestation mais un regroupement d’Asiatiques (sans doute les mêmes qu’à la Fontaine de Trevi ?), des familles avec des poussettes, quelques touristes français ou espagnols plongés dans leurs plans et leurs guides. Sans compter les vendeurs d’étoles (justement j’ai oublié mon écharpe en cachemire au restaurant, mais je ne le sais pas) et vendeurs de perches à selfies, des vraies guêpes qui attaquent à l’improviste.
Piazza Spagna : Barrcaccia
La Fontaine de la Barcaccia en forme de barque porte les emblèmes des Barberini (abeilles). Selon le Guide Bleu elle commémore une crue du Tibre en 1598)
La Maison de Keats et de Shelley est fermée pour toute la durée des vacances, celle de Chirico également, j’ai renoncé à chercher celle de Goethe.
« Où sont les autobus ? » ai-je demandé aux gendarmes dans leur camion qui stationne sur la place. « Peut-être Piazza Venezia ? » répond le pandore qui n’est pas au courant des restrictions de circulation et qui nous conseille la metropolitana – fermée – « peut être sur le Corso ? » Hasarde-t-il ? C’est un comble, même les forces de l’ordre ne sont pas au courant des restrictions de circulation. Offrir aux Romains un centre historique débarrassé des voitures, du bruit, de la pollution est une excellente idée. Pousser une poussette et voir les enfants sur les trottinettes ou les vélos au milieu de la rue. C’est un cadeau ! Il faudrait quand même prévoir des autobus pour ceux qui habitent loin, pour les vieillards u les handicapés. Quelques taxis se faufilent. A quel prix ? En tout cas, fermer le métro est une absurdité ! Il faudrait le rendre gratuit et, doubler, tripler les fréquences ! Et de toutes les façons faire des annonces compréhensibles pour tous. « Fréquence réduite entre 8h et 13h « était l’information sur les panneaux lumineux. Il aurait mieux fallu annoncer « pas de circulation du tout à partir de 13h ! »
Piazza del Poppolo
Fais seule et à grands pas le détour par la Piazza del Popolo. J’arpente la Via del Babouino aux belles devantures des grands couturiers. Chaque vitrine est cernée d’une garniture de sapins, boules argentées ou noeuds rouges, paquets laqués blancs. Cela ressemble à l’avenue Montaigne, en piétonnier. Grand hôtels, une plaque signale le passage de Jérôme Bonaparte< ;
La Piazza del Popolo est aussi peuplée que la Piazza Spagna toujours piétonnière moins dense parce que beaucoup plus vaste, avec calèches, touristes, vendeurs….. Au centre, la fontaine : obélisque et sphinx sont encore derrière des palissades. Encore une fontaine que nous en verrons pas ! Heureusement que la Piazza del Popolo en possède deux autres et un arc de triomphe pour que je ne sois pas venue pour rien !
Retour, Condotti, Corso, toujours piétonniers. Il semble qu’on ait complètement banni les voitures. C’est une excellente initiative. La ville est propre, calme. L’air sent le buis aux abords des parcs, les feuilles mortes près du Tibre. Une véritable marée humaine marche au milieu de la rue. Cependant l’idée de bannir les transports est tout à fait contestable. Tout el monde n’est pas capable de marcher des heures ! C’est même contre-productif ! Moi, écolo aguerrie, même candidate EELV, me voici à me languir de la circulation. Arrivée au tibre près du Château saint Ange, nous voici épuisées. Les taxis sont pleins. La circulation est rétablie sur le Lungotevere mais de véritables grappes humaines les prennent d’assaut. Nous nous traînons lamentablement en comptant les ponts qui nous séparent du Pont Sisto.
Je ne connais pas de meilleur guide queDominique Fernandez pour préparer notre prochain voyage à Rome. J’ai de merveilleux souvenirs de Palerme et d’Agrigente après lecture du Radeau de la Gorgone , de Naples avecPorporino , j’ai le Voyage en Italie à portée de main.Nous avions emporté Rhapsodie roumaine en Roumanie , préparé un voyage en Russie….
Avec la recommandation deKeisha j’ai téléchargé le Piéton de Rome sur ma liseuse ; ainsi je l’aurai sous la main pendant notre séjour.
Chronologiquement, Fernandez nous propose des promenades antiques. Forum, voie sacrée, il remonte à la fondation de la ville, au croisement du cardo et du décumanus se « trouvait une fosse faisant communiquer l’univers des vivants et des morts. par dessus, on élèvait un temple à Vesta ». Cette référence originelle m’enchante! ainsi que son interprétation du labour du périmètre de Rome par Romulus avec une charrue attelée à une vache et un boeuf « A chaque sexe était assignée une mission distincte. Cette discrimination initiale a légitimé deux mille ans de servitude féminine… »
via appia antica
Il entraîne le lecteur sur la Via Appia. Rencontre entre entre Saint Pierre et Jésus « Quo Vadis? » . J’en profite pour télécharger le roman de Sienkievicz etdécided’y faire au moins un brin de promenade. la Domus Aurea me tente « labyrinthe et gigantisme« …
Après le chapitre dédié à Néron et à la Domus Aurea, En mémoire d’Hadrien nous conduit à son mausolée – le château Saint Ange – qui ne sera pas trop loin de notre gîte , puis au Panthéon – incontournable ! j’ai bien peur que nous n’ayons pas le courage d’aller à la villa Hadriana, bien excentrée à une trentaine de km de Rome. Je l’aurais au moins parcourue en lecture! Souvenir d’Antinoüs, j’ai relu l’an passé les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar.
Une promenade inédite pourrait nous conduire au cimetière où sont enterrés, Shelley, Keats et Severn et enfin Gramsci . Envie de ressortir le DVD des Nuits de la Cabiria qui attend son tour sur l’étagère des films-cultes…et qui a été tourné dans les environs.
Le Piéton de Rome est beaucoup plus qu’un guide de promenades archéologiques ou artistiques! Les chapitres suivants nous font rencontrer les intellectuels romains, écrivains rencontrés en 1957 : Elsa Morante, Pasolini, Moravia, Bassani, Calvino, Carlo Levi….et bien d’autres. Réceptions chez Wladimir d’Ormesson. Le livre prend un tour mondain. Il nous fait rencontrer un étrange personnage, « Cyclope dans son antre » ou jettatore, écrivain maudit, amateur d’art : Mario Paz. Ma curiosité aiguisée, j’ai cherché sa Casa della vita traduite en français, malheureusement indisponible!
« Y a-t-il encore des écrivains, des personnages de cette stature à Rome ou dans l’Italie?
demande Fernandez qui s’interroge aussi sur la léthargie intellectuelle pendant l’ère Berlusconi. Il raconte la soirée à l’Opéra de Rome le 12 mars 2011 avec la représentation de Nabucco sous la direction de Mutti qui improvisa une harangue et fit chanter le public O mia patria, si bella e perduta.
La promenade du piéton, ou du touriste, reprend par collines, Palais, villas,et jardins, etéglises.Je note, surligne, mais vous ferai grâce de mon inventaire de merveilles à visiter.
il sonno romano
Au détour d’un chapitre Dominique Fernandez rend visite à un peintre Fabrizio Clerici – surréaliste, grand voyageur, un personnage qui m’intrigue. Par hasard j’ai trouvé sur Internet la Toile Il sonno romano dont il est question ici.
Passage obligé : Vatican avec les œuvres de Michel-Ange, de Bernin et de Canova. Occasion unique : il a eu la chance de monter sur l’échafaudage où les restaurateurs s’affairaient à nettoyer la Chapelle Sixtine. La passion ds Romains pour la sculpture ne s’est jamais démentie, en passant Fernandez cite deux statues que j’ai eu la chance d’admirer en Sicile et qui m’on laissé une très forte impression : Le Satyre dansant deMarara del Vallo etl’éphèbe de Mozia. Il note que » le culte de l’homme nu est bien le trait le plus constant du génie romain », de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui.
« Michel-ange, Caravage et le Bernin, on les croise partout »écrit-il et il propose un itinéraire pour chacun de ces artistes.
« Pour Michel-Ange, la tâche est facile. Ce qui compte est concentré à Saint-Pierre »
judith et holopherne caravage
En revanche pour suivre Caravage ,il propose un long circuit qui démarre à S. Luigi des Francesi, passez par la placeNavone puis le corso Umberto, le Capitole, le Vatican et la gallerie Borghese…l’itinéraire est indiqué dans le détail ainsi que les œuvres les plus importantes. j’ai vraiment envie de le suivre.
Il propose également un itinéraire Bernin qui me tente bien.
Pour finir, il recense obélisques et fontaines.
J’ai lu avec grand plaisir cette promenade littéraire qui appelle d’autres lectures, surtout Stendhal et comme je l’ai dans la liseuse je pourrai relire sur place les analyses des œuvres.
Par un temps très gris, nous prenons la voiture pour aller au château. Pour éviter la ville historique, il faut faire un grand détour au dessus d’Uzupis, rejoindre Sainte Anne puis la Cathédrale mais nous ratons le tournant à gauche et nous trouvons sur une 4voies dans la campagne. Avec les collines, les rivières et les quartiers piétonniers, il n’est pas facile de s’orienter dans Vilnius. La topographie et les sens uniques contrarient les trajets directs. Par hasard, on aboutit sur les bords de la Néris près de l’église St-Pierre-et-Paul.
St-Pierre-et-Paul
la chaire : évangélistes
Un guide parlant Espagnol qualifie cette église de « Perle de Vilnius » sous ses dehors quelconques (coquille) elle cache ses stucs blancs « la nacre ». Toute la surface des murs, des plafonds de la coupole, des piliers, de la chaire est d’un blanc éclatant orné de 2000 personnages. Les putti des sculpteurs italiens Giovanni Perti et Giovanni Maria Galli, les évangélistes, les animaux font un spectacle extraordinaire ? Dans la chapelle sainte Ursule, on voit Ursule avec ses suivantes voguer sur un bateau, en face les soldats romains arraisonner le navire, au plafond, la sainte et les jeunes filles flottent sur des nuages. Sainte Catherine, Sainte Appolline et deux autres se tiennent aux quatre coins. Faisant face, une autre chapelle rend hommage aux Saints Guerriers,. Dans celle de Saint Augustin des éléphants remplacent les Atlantes. Et partout aux plafonds, des anges musiciens !
Comment raconter cette ville baroque sans recopier le Guide Bleu ou sans faire la litanie de palazzi, d’églises ou de placettes aux allures de décor de théâtre ? Combien de places ?
Quelle est la représentation jouée ici? la grandeur de l’Eglise en ces temps des Espagnols et de la Contre-Réforme ? Foisonnement de sculptures, de colonnes torses, d’atlantes et de cariatides. Etrange mélange des images pieuses précises, de femmes nues, d’angelots joueurs, de monstres marins, de chevaux…statues colossales de la Justice et de la Piété. Mais aussi bouquets et guirlandes de fleurs. L’intérieur de certaines églises ressemble à une salle de bal avec des moulures en stuc comme une pâtisserie à la crème fouettée. L’ensemble est tout à fait harmonieux.
Lecce est une ville vivante avec de nombreux festivals de musique et concerts. La RAI installe les sonos et l’électricité au Duomo, nous en interdisant violemment l’accès : »via !» me suis-je entendu dire quand je me suis interposée entre leur camion et le portail de la cathédrale pour faire des photos. Partout des estrades et des chaises. Beaucoup de bâches et d’échafaudages cachent les façades en restauration. On ne peut que s’en féliciter, même si, sur l’instant, je les maudis. Heureuse initiative : l’automobile est bannie du Centre Historique. Seuls de petits véhicules électriques, nous surprennent, ils approchent en silence.
Dans un kiosque, je trouve Le Monde. C’est un évènement, je ne l’ai pas eu depuis Naples.
Ce n’est pas la première ville baroque que nous visitons. L’étonnement, la surprise, ce fut à Noto, en Sicile en 1998 . Le village perdu, véritable décor de théâtre d’un autre siècle ! Si décoré, si parait, il se dégageait une impression d’étrangeté. Plus tard, à Syracuse, surtout à Palerme, nous nous sommes familiarisées avec les décors surchargés, les angelots, les pampres… Dominique Fernandez nous avait guidées, pointant du doigt l’humour des putti de Serpotta dans les églises palermitaines ou dans la villa des Grotesques. Grâce à cet auteur, j’avais goûté le baroque sicilien sans me laisser trop impressionner par la grandiloquence. Dans notre lecture des foisonnantes sculptures, il avait attiré notre attention sur un geste insolent, ou inconvenant d’un petit garçon : grâce parfaite des œuvres de Serpotta.
A Lecce, nous n’avons que le Guide Bleu, moins littéraire, pour étudier les façades et les édifices.
Confondant la porte de Napoli et la porte Rudiae, nous effectuons l’itinéraire du Guide à l’envers en commençant par la Chiesa del Rosario (1691 1728). A l’intérieur, un homme gratte son lotto. Cette opération profane est chargée d’une grande angoisse et d’une grande piété. La superstition déborde. Il jette des regards désespérés. A-t-il honte d’être surpris dans cette activité dans une église ou l’enjeu est il d’une importance capitale ? Il ne gratte pas toute la carte à la fois. Un numéro, une prière, un regard affolé de notre côté. Peut être notre présence contrarie l’intercession divine ?
Chiesa del Rosario
Le maître architecte de la chiesa del Rosario est Giuseppe Zimbalo(1620 -1710) . Lui aussi animé d’un humour railleur, ne recule pas devant le grotesque des cariatides ou des monstres qui voisinent avec les statues des saints. Les putti jonglent avec des mitres ou la tiare papale.
Piazza ignazio Falconieri
Il ne faut pas avoir les yeux rivés sur le Guide. La corniche des balcons soutenue par des chevaux, un patio croulant sous la vigne vierge, un escalier monumental découverts au hasard de la promenade, offrent autant de surprises à savourer avec le plaisir supplémentaire de la découverte personnelle.
La grande place Sant’Oronzo est d’architecture disparate : elle comprend un amphithéâtre romain, une très jolie église s Marco (vénitienne ?) avec le Lion de Venise mais aussi des immeubles mussoliniens, des banques des années 60 . Ici aussi le baroque délirant règne : au sommet d’une colonne antique, un évêque baroque semble prendre son envol. Le commentaire du Guide Bleu rajoute dans la surenchère : cette colonne est celle qui aurait marqué à Brindisi la fin de la Voie Appienne. Elle aurait été acquise contre quelques mètres d’excellent boudin. Et voici le burlesque qui revient au galop !
Le Castello Carlo V est ouvert : en restauration on a peu de vues d’ensemble. Des salles abritent deux expositions de peinture contemporaine qui m’ont beaucoup plu surtout celle de Virgilio Vairo qui a pour thème des variations sur les thèmes du trabucco – grandes huiles bleues traversées de lignes sécantes, les perches ou courbes, les filets- tableaux déclinant les lignes de l’olivier . On reconnaît aussi MonteSantAngelo dans des études de villes, figures géométriques, à plat blancs, arches et toits. Cette promenade picturale autour du Gargano nous rappelle les paysages familiers.
Lecce santa Croce
La dame de l’exposition nous recommande de visiter Santa Croce,la plus belle et la plus originale des églises de Lecce avec sa verrière ronde inattendue.
santa croce atlantes et caryatides
Il commence à faire chaud même en suivant les trottoirs à l’ombre. Il est temps de rentrer pour profiter de notre belle piscine de La Fortuna.
Nous rentrons en une petite heure sous la canicule. Le thermomètre de la pharmacie de Manduria marque 38° à l’ombre. Le soleil est écrasant. Le paysage grisâtre, gris le ciel, gris les oliviers, l’herbe sèche…Un mirage, les phares allumés d’une voiture se reflètent sur la chaussée : on dirait un incendie qui se rapproche de nous.
La piscine, à l’ombre des grands pins est un vrai bonheur. Elle est maintenant complètement remplie, mais l’eau est toujours aussi froide. Je lis avec appétit Le Monde, petite déception, il est mince avec le supplément télé inutile.
Un épisode comique : la chienne boiteuse fait irruption. elle se penche pour boire dans la piscine sans y réussir. Je mets mes mains en coupe pour l’aider. Elle est assoiffée et boit dans mes mains. Pour me remercier, elle me lèche. Elle est en chasse et me dégoûte un peu. Les deux autres chiens la suivent. Nous distribuons les derniers biscuits de MonteSantAngelo tellement durs qu’ils sont immangeables. Tandis que nous nageons, la truie arrive en clopinant. C’est tellement drôle cette association : la truie à la piscine ! Je vais chercher l’appareil photo mais cela l’effraie. Il faudra faire un montage si nous voulons raconter cet épisode dans l’album !
Pour terminer la journée, nous retournons à San Pietro en Bevagna et nous installons à la plage désertée par les baigneurs qui rentrent dîner.
Nous traversons de belles oliveraies puis une sorte de maquis. Du côté de la mer, on a installé des villages de vacances assez réussis et discrets.
Nardo est une petite ville de 31 000 habitants qui possède un centre ville baroque. : beaux balcons, une belle place : Piazza Salandra. En son centre une flèche de 30 m de haut rappelant celle de Naples et les plus lointaines colonnes de la Peste d’Autriche et de Hongrie. La cathédrale moyenâgeuse peinte à fresques, nous repose du baroque. En revanche, la façade de San Domenico est surchargée de personnage étranges barbus et de singes. « Encore des églises et des balcons !» Certes, en un mois nous en avons vus beaucoup ! L’année dernière, en Toscane, c’était loggias et fresques !
Nardo baroque
Le Baroque, comme les gâteaux à la crème auxquels il fait souvent penser, ne se supporte pas à haute dose. Très vite on parvient à l’écoeurement de la crème et des sculptures.
gallipoli
Gallipoli est bien différente : le Centre historique occupe une île reliée au continent par un pont. Un gros château Angevin puis Aragonais aux larges tours trapues monte la garde.
Nous faisons un premier tour de la ville ancienne aux maisons blanches par la corniche.On pense à Rabat et à ses maisons blanches, à la Grèce et même au Portugal avec les azulejos sur les façades des églises. En observant mieux les détails nous retrouvons les palazzi avec leurs balcons, les corniches le stuc sauf qu’ici c’est blanc et jaune rarement rose.
Peu de touristes, les femmes de Gallipoli sont très présentes. Elles barrent une route à la circulation, assises sur leurs chaises en tricotant. D’autres le pliant dans une main, le cabas sur l’autre épaule vont à la plage. Aux fontaines publiques, elles rincent leurs claquettes en plastique pour ne pas emporter de sable chez elles.
forteresse angevine ou aragonaise?
Une de ces dames, cheveux gris et tablier, fait un brin de chemin avec nous pour nous montrer le palazzo où se trouve le Frantoio : pressoir à huile hypogée, une des curiosités de Gallipoli. Elle vante sa ville et se félicite de la proximité de la plage. Vers onze heures, nous pensons plus à la baignade qu’à la visite.
Dernier monument : la Fontaine Hellénistique cachée par une palissade de rénovation.Très élégante à ce qu’on peut deviner. Le quai face à l’île se termine par une église de marins. Promenade plus sobre que dans le Centre Historique.