Le Musée du Satyre dansant – Mazara del Vallo

CARNET SICILIEN 2016

Le satyre dansant de Mazara del Vallo
Le satyre dansant de Mazara del Vallo

Installé dans l’Eglise S Egidio (15ème s) surmontée de coupoles rondes rouge foncé évoquant plus une mosquée qu’une église avec sa façade très sobre et ses murs nus. J’ai gardé un souvenir très vif de ma première rencontre avec la satyre de bronze, éphèbe de toute beauté, sorti de la mer on loin de là. Mazara del vallo lui a offert un écrin, un musée à lui-seul. Aujourd’hui, je n’aurais pas de rencontre intime. Les élèves du lycée de Mazara, en costume de cérémonie, jouent les guides touristiques. Je suis escortée de deux garçons et de deux filles qui prennent très au sérieux leur nouveau métier. Ils me racontent l’histoire de la ville qui fut successivement phénicienne, grecque, romaine, arabe, normande, espagnole (et j’en passe). Nomme d’après le nom du fleuve Mazaro qui offre dans son estuaire, un havre, aussi bien aux pêcheurs qu’aux commerçants et aux bateaux de guerre. Le satyre est donc accompagné d’amphores antiques recouvertes parfois de coquillages et d’huitres et d’objets plus récents comme cette gourde de pèlerin aplatie ou deux braseros de terre cuite. Un étrange cylindre est présenté comme une « patte d’éléphant » punique. Il y a aussi une inscription phénicienne.

Le satyre fut découvert en deux temps : en 1997, une jambe et en 1998 le reste du corps. Sa datation reste mystérieuse : peut être 4ème ou 3ème siècle av. JC. On ne sait pas s’il s’agit d’une statue grecque ou d’une copie romaine.

On l’a nommé le satyre à cause de son regard perdu, les yeux un peu révulsés et la bouche ouverte. On a aussi pensé au dieu Eole avec sa coiffure emportée par le vent.

Appartenait-il à un groupe de statues ou était-ce la figure de proue d’un navire ? On pensait qu’il tenait un bâton d’une main et de l’autre une coupe de vin.

Dans la salle attenante, un audiovisuel raconte la découverte et la restauration du satyre. L’archéologue fait remarquer que le corps lisse aux muscles peu marqué est plus féminin que masculin. Pline aurait décrit un groupe sculpté par Praxitèle, représentant l’ivresse – Periboetos – très répandu dans le monde grec à opposer à une autre représentation de satyre assis .  L’archéologue cite aussi Platon qui aurait décrit une sorte d’orgasme quand on a crié très fort ceci expliquerait le relâchement de la musculature, la bouche ouverte et le regard perdu.

Place du Plebiscite et église S Ignazio le musée du Satyre
Place du Plebiscite et église S Ignazio le musée du Satyre

Thermes de Dioclétien Expo Henry Moore

CARNET ROMAIN

Thermes de Dioclétien
Thermes de Dioclétien

Autobus 280 jusqu’à Giacchino Belli, tram8 jusqu’à Piazza Venezia, 60 jusqu’à Termini.

Santa-Maria-degli-Angeli

Les thermes de Dioclétien sont gigantesques ; la voirie les a découpés, une rue passe par la salle octogonale, Michel-Ange a construit dans le frigidarium la grande église Santa-Maria-degli-Angeli, énorme elle aussi. Lorsque nous y entrons, la Messe est dite en anglais, il est donc impossible de la visiter e entier ou de prendre des photos. Le narthex – Tépidarium, est coiffé d’une coupole assez grande pour abriter une grande église – ce n’est que l’entrée ! Marbres, anges et belles fresques, nous ne verrons cela que de loin.

Piazza della Reppublica
Piazza della Reppublica

Il faut faire le tour pour trouvera l’entrée des Thermes. Coup d’œil à la Piazza della Reppublica : encore une fontaine en chantier : tas de pavés et grillages. Encore une qu’on ne photographiera pas ! Rome rénove toutes ses fontaines cette année.

la verte fontaine des Thermes de Dioclétien
la verte fontaine des Thermes de Dioclétien

Le long de la grande salle est planté un jardin.  A l’ombre de grands cyprès, murmure une fontaine : l’eau sort d’une urne moussue garnie de fougères et de légères verdures. La vasque d’eau tares claire est composée de 4 lobes. Autour des carrés de pelouse encadrés par des buis taillés. Une rangée de lavande longe la grille. Des colonnes, de grosses poteries et des stèles gravées meublent le jardin. Des statues de marbre se trouvent dans les niches du grand bâtiment de briques  où l’on voit encore les traces des frises de marbre disparues.

La grande salle haute comme un immeuble d’au moins quatre étages contient de nombreuses statues. EXPOSITION HENRY MOORE

Exposition Henry Moore
Exposition Henry Moore

Les sculptures d’Henry Moore sont mises en valeur dans la salle antique. Elles font bon ménage avec les antiques. Dans l’espace ouvert près de la piscine (Natatio)  les murs gardent des parements de marbre autour des portes, des fenêtres ou des niches.

Le Guerrier blessé
Le Guerrier blessé

Le Guerrier Blessé (il n’a plus qu’un bras et une jambe sans pied) brandit son bouclier pour protéger sa tête. Les bronzes sont soit polis soit rugueux, certains présentent des valûmes lisses, arrondis brillants, difficilement identifiables, d’autres sont plus figuratifs comme ces groupes familiaux, mères et enfants ou ces femmes à moitié couchées. La plus connue est celle qu’il a élaborée pour le siège de l’UNESCO (1957-1961). Les grandes sculptures sont accompagnées d’esquisses, de dessins, d’études préalables.

Hommage à Picasso
Hommage à Picasso

On devine la statue en train de s’élaborer, se simplifier, se concentrer. Certaines gravures n’ont pas de relation directe avec les statues comme ces gravures Hommage à Picasso  ou des abris dans le métro (1941) Tube shelter perspective que j’avais déjà vu au Musée Rodin il y a quelques années.

Thomas Moore (1898- 1986) fur blessé en 1917. Il était antimilitariste  mais aussi convaincu de la nécessité de combattre le fascisme et le nazisme. Influencé par ses contemporains Brancusi, Modigliani ou Picasso il avait aussi étudié les sculptures antiques, sumériennes ou assyriennes ou exotiques. A chaque exposition de ce sculpteur je suis encore plus impressionnée par les facettes de l’artiste que je découvre.

tombe peinte
tombe peinte

Le vaste hall (Aula X) Palestre ou vestiaire ? abrite aussi des tombes de la nécropole de la via Portuense Tomba dei Platorini , Tomba dipinta et Tomba dei stucchi. L’une d’elles ( 2ème siècle après JC )est peinte d’oiseaux de corbeilles et sur le mur du fond 13 personnages jouent, certains au ballon, d’autres à des jeux mal définis.

Les cloîtres

Cloitre de Michel Ange
Cloitre de Michel Ange

Michel Ange aurait aussi dessiné un cloître et une chartreuse. On reconnaît de la rue Parigi les cellules des Chartreux avec  les petites cours plantées d’oranger avec une fontaine ou un puits. Le « cloître de Michel-Ange » (nommé ainsi quoiqu’il ne l’ait pas réalisé, sa construction est posthume après sa mort en 1564) . C’est un des plus grands cloîtres d’Italie (10.000m2 100 colonnes monolithiques) En son centre la fontaine est entourée de très hauts cyprès. Les têtes de 4 paires d’animaux émergent des haies de lauriers : 2 chevaux, 2 bovidés, un bélier et un chameaux antiques auxquels on a adjoint un éléphant à la trompe sinueuse et un rhinocéros (celui des 10.000guitares ?). Autour du cloitre sont alignées statues et stèles, certaines très belles. Sur un sarcophage, deux époux latins sont accordés comme les deux étrusques de la Villa Giulia, moins beaux – le mari est vraiment âgé, moins souriants.

Bovins antiques du Cloître de Michel Ange
Bovins antiques du Cloître de Michel Ange

A côté du « cloître de Michel-Ange », un petit cloître était réservé aux moines. On y voit les bustes des empereurs : Néron, Marc-Aurèle, Dioclétien, Caracalla…des femmes aussi, Faustine, des enfants. De longues listes, des dalles gravées font le régal des latinistes (mon latin du lycée est trop loin !)sans compter les abréviations que seuls savent déchiffrer les épigraphistes. Des litanies s’échappent de micros cachés, prières à chacune des divinités.

Le musée

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Un musée très moderne est logé dans le cloître sur trois niveaux. Salles claires, panneaux bien lisibles, illustrés et de grande taille. Objets rangés par thèmes pour guider le visiteur. Le premier thème traité est l’écriture : toutes sortes de messages, de textes sont écrits sur des supports variés comme la pierre, le métal, l’argile, le cuir. On a utilisé des burins, des stylets.

La salle suivante contient des vestiges retrouvés dans le forum et spécialement dans l’Aire Sacrée : petits récipients, offrandes, ex-votos.

Trois statues de terre cuite à taille humaine, sont confortablement installées dans des fauteuils. Qui sont-elles donc ?

La visite virtuelle de la Maison de Livie est pour moi un échec (comme l’audio-guide-tablette du forum). Un grand écran, notre corps sert de souris. J’accède au menu, entre virtuellement dans une pièce, puis cela se fige. Cela m’énerve, j’abandonne.

Vie quotidienne

 

A l’étage, une longue vitrine en plexiglas expose des balances et des masses. Parmi les  balances romaines, l’une d’elle est fort jolie avec la tête féminine qui se déplace sur le curseur il y a aussi des balances à plateau. En face d’est une série de lampes à huiles, tuyaux en céramique ou en plomb, gouttières…

Un sarcophage est décoré de délicates scènes champêtres avec des animaux et du bétail. Un riche propriétaire terrien ? Non pas, c’est le tombeau de Iulius Achilleus, superintendant des baraques des gladiateurs.

Pour qui prend le temps de lire les inscriptions, tout est personnalisé avec le nom, l’âge, l’occupation, le grade militaire du défunt. Parfois il s’agit d’esclaves.

Au deuxième étage, on traite de religions et de croyances : je photographie  les symboles paléochrétiens pour illustrer va visite aux Catacombes. L’extrémité du palier est occupée par le Culte de Mithra dont je ne connaissais rien avant la visite samedi dernier à Saint Clément. Mithra est représenté portant un couteau et une arme dans chaque main. Deux bas-reliefs montrent Mithra avec ses attributs : chien, serpent, scorpion. L’un d’eux est même peint et doré.

Préhistoire des peuplades du Latium,

Un étage entier d’une aile du cloitre est consacré à la Préhistoire. Je retrouve les urnes en forme de maison comme au Musée Etrusque.

Je suis allée au bout de ma concentration, nous sommes aux thermes de Dioclétien depuis plus de trois heures. Le billet donne droit à l’entrée dans musées de la ville de Rome, et ce, pur une semaine. Nous avions prévu de visiter dans la foulée le Palazzo Massimo qui se trouve tout à côté. Mais c’est un musée encore plus important que ce que nous venons de voir. Nous renonçons malgré les chaudes recommandations du Guide Bleu, du guide Gallimard et du Routard !

Musées Capitolins

CARNET ROMAIN

les Dioscures du Capitole
les Dioscures du Capitole

Il tombe une petite pluie froide quand nous arrivons au Capitole.

Castor et Pollux, cavaliers,  nous accueillent en haut du grand escalier qui monte de la Piazza Venezia à la belle place Campidoglio dessinée par Michel-Ange, sous la commande du pape Paul III Farnèse pour mettre en valeur la statue équestre de Marc Aurèle. Au pied du double escalier deux fleuves, le Tibre et le Nil viennent des Thermes de Constantin.

piazza Campidiglio
piazza Campidoglio

7Nous pouvons contempler la place à loisir, nous avons une bonne demi-heure d’avance sur l’horaire(9h30-14h cette veille de Noël).

C’est un musée très ancien, la « récolte capitoline » fut initiée par le pape Sixte IV  (fin du 15ème siècle) qui a donné des bronzes antiques conservés au Palais de Latran.

On entre dans le Palais des Conservateurs.

salle desHoraces et des Curiaces
salle desHoraces et des Curiaces

Au premier étage, l’immense salle des Horaces et des Curiaces est peinte par le Cavalier d’Arpin en 1595. J’aime qu’on me raconte une histoire, cette histoire est celle de la fondation de Rome : Romulus et Rémus tètent la louve, Romulus traçant le périmètre de la ville, attelé à deux bovins (Fernandez livre son interprétation originale), le rapt des Sabines, les Horaces et les Curiaces…peu importe l’esthétique des fresques (je n’aime pas trop), c’est l’histoire qui m’intéresse.

La Salle des Capitaines est ornée de statues antiques et de celle de deux condottieri Barberini et Colonna (noms de stations de métro, on a les références qu’on peut !)Fresques de Laureti.

Hannibal est peint sur son éléphant sur les fresques de la salle d’Hannibal. Les Romains sont identifiés au SPQR écrit sur le bouclier. Le Romain est-il Scipion ? Je prends en photo Hannibal, cela pourra toujours servir, le livre de Rumiz, sur les traces d’Hannibal est en haut de la pile à Créteil. Le Tireur d’épine en bronze est au centre de la Salle des Triomphes où un triomphe est représenté sur une frise colorée. La Louve est la vedette du musée, c’est aussi l’emblème de Rome. Elle était autrefois exposée aux regards de tous dans une loggia.

Le tireur d'épine
Le tireur d’épine

La salle des oies fait référence aux Oies du Capitole qui ont donné l’alerte lors de l’invasion par les Gaulois. Exposées dans des niches, elles ressemblent plutôt à des canards. La Tête de Méduse du Bernin voisine avec les marbres antiques. La salle est décorée de grottesques et de petits tableaux délicats encadrés dans le style pompéien. Il faudrait rester plus de temps pour les examiner.

Bernin : Méduse
Bernin : Méduse

Nous passons devant un char antique aux plaques vert-de-grisées et la monture : deux chevaux métalliques.

Horti maegenatis

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Ces jardins sont très présentés de manière contemporaine. Les marbres blancs se détachent des dalles noires où sont écrites les explications, des cartes situant les jardins sur le plan de Rome. Dans,  ces jardins verdoyants autour de la Rome antique étaient construites les villas des riches Romains. Des centaines d’œuvres d’art furent exhumées lors des travaux d’urbanisme en 1870. Nombreuses statues sont grecques, de marbre pentélique ou de Paros. Je retrouve avec joie les Corées, une tête d’amazone est parfaite. Marsyas en marbre rose violacé suspendu à un arbre et écorché vif est criant de souffrance. Je suis heureuse de retrouver « mes » Grecs que j’affectionne plus que les Romains. Ravie aussi de cette présentation sobre qui les met en valeur ;

Exêdre de Marc Aurèle

Marc Aurèle
Marc Aurèle

Une verrière a été aménagée pour la star du Capitole : la statue équestre antique. C’est le moins qu’on ait pu faire, autrefois Michel ange avait dessiné la place exprès pour elle. Celle qui est actuellement sur la place est une copie.  Une tête géante en bronze de Constantin est également exposée. En bordure de l’espace vitré, un mur antique. Ce sont les fondations du Temple de Jupiter Capitolin érigé par Tarquin le Superbe en 509 av. JC. Le temple se trouve à l’intérieur du Musée, c’est un temple énorme.

La transition est naturelle vers une exposition La Rome au temps de Tarquin

Pinacothèque

Caravage : la diseuse de Bonne Aventure
Caravage : la diseuse de Bonne Aventure

Elle est située à l’étage supérieur. Très riche, rangée par ordre chronologique et par ville. Véronèse et Titen. Je reconnais quelques Bassano au passage. Deux Caravage retiennent notre attention : Saint Jean Baptiste nu (en hommage aux nus de Michel-Ange), très jeune enlaçant le cou d’un bélier cornu et La Diseuse de Bonne Aventure, une gitane lit dans la main d’un jeune homme qui lui sourit tandis qu’à l’occasion elle lui subtilise sa bague. Caravage plus apaisé, mais toujours voyou. Admirative du sCaravage j’ai failli rater le Rubens : Romulus et Rémus en train de téter la Louve, bébés blonds très potelés .

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Au 3ème niveau : exposition Raffaello, Parmigianino, Barocci, metafore delle Sguardo. L’affiche st tromeuse : portrait de Raphaël sur huile. Pas de peinture dans l’exposition, des études, des dessins des eaux fortes. Parmigianino est dit « Raphael revividus ». Eouvres regroupées par thèmes : l’autoportrait, thème de la fenêtre< ;;;;

Nous retournons dans la cour revoir la grande tête de Constantin, son pied et son doigt.

Statue géante de Constantin
Statue géante de Constantin

Il faut emprunter une galerie souterraine pour rejoindre le second palais . Dans la galerie collection épigraphique  sur plusieurs thèmes : l’écriture, le culte, la mort…  De là un couloir conduit au Tabularium loggia dominant le Forum où est exposé l’entablement du Temple de Venus et de la Concorde.

Le Palazzo Nuovo

Galate
Galate blessé

Pas du tout neuf, comme son nom ne l’indique pas, est resté dans l’état où les collectionneurs l’ont installé.  Les sculptures antiques sont alignées sur deux étagères dans la salle des Philosophes. Dans la Salle des Empereurs, les marbres des murs et des encadrements des portes font un écrin précieux et coloré pour toutes les statues. Le temps (et la patience) nous manquent  pour nous intéresser individuellement à chacun de ces Hommes Illustres (j’ai Plutarque dans me liseuse dans le sac à dos). C’est dommage parce que les portraits sont réalistes.

Nous nus contentons de nous focaliser sur les compositions les plus curieuses : Le Galate blessé, que le Guide Gallimard appelle Gaulois, le Faune et les Centaures, la Vénus du Capitole qui occupe toute seule une salle somptueuse, des petits tableaux en mosaïque antique sont charmants : Colombes qui s’abreuvent et masques de Théâtre.

Vénus du Capitole
Vénus du Capitole

Via Appia – Catacombe de San Sebastiano

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Via Appia
Via Appia

je lis Quo Vadis : la visite de la Via Appia est une évidence. Hors les murs de Rome, c’est une expédition. Piazza Venezia,  pas de trace du bus 118 sur le plan des bus. Un chauffeur de bus me montre la colonne de Trajan : « le 118 tourne là ». Je découvre un arrêt du 118 de l’autre côté. Tous les bus s’y arrêtent sauf le 118. Après 20 minutes d’attente j’interroge les chauffeurs qui marquent l’arrêt. Celui du 51 nous fait signe de monter et nous fait descendre devant le colonne de Trajan. Encore 10 minutes, enfin !

Le 118 contourne le Colisée, arrive au Circo Massimo, prend la Via delle terme de Caracalla, sort dans la campagne à la Porte de San Sebastiano – une vraie porte entre deux tours . La route est goudronnée et la circulation est dense ; j’avais imaginé la Via Appia autrement,  avec de grosses dalles et des pins parasols…

Nous avons dépassé l’arrêt des Catacombes. Nous débarquons Via Ardeatina après le Monument des Fosses Ardéatines qui commémore le massacre de juifs et d’otages pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Que faire ? Nous sommes découragées. La route qui rejoint la Via Appia n’a pas de trottoir, la circulation est infernale. Je suis résignée à rentrer à Rome sans avoir  vu les catacombes. Le 118 dans l’autre sens tarde. Le 218 s’arrête. Je descends à la hauteur du Mémorial, Dominique rentre à Rome. On se téléphonera pour se retrouver.

La route qui rejoint les Catacombe San Sebastiano a un trottoir, elle n’est as fréquentée. La promenade est plaisante (amis pas antique). Je passe devant les Catacombes de Callisto fermées le mercredi, celles de Sebastiano sont un peu plus loin.

Catacombes de San Sebastiano

Saint Sébastien du Pérugin villa Borghèse
Saint Sébastien du Pérugin villa Borghèse

La visite est guidée en français. Mes compagnons de visite sont un monsieur en grand manteau de laine noir, très-comme-il-faut et ses deux neveux et un jeune randonneur. Le guide parle un français parfait avec juste une pointe d’accent italien. Il tient à tordre le cou aux légendes du 19ème siècles ; entre autres, à celles de Quo Vadis. Les catacombes, selon lui, sont des cimetières où sont enterrés des chrétiens mais aussi des juifs et des païens. Elles n’ont jamais servi de refuges aux chrétiens ni de lieu de culte. En revanche c’est un lieu de dévotion aux martyres.

On enterrait les morts dans les loculi individuels ou familiaux plus ou moins luxueux selon les moyens économiques. Le mort était enveloppé dans un linceul puis on mettait de la chaux vive. Le tombeau était celé avec du marbre ou des tuiles (selon la richesse de la famille).

Le guide  nous fait remarquer que ses commentaires ont » l’approbation « du Vatican.

Coonstantin
Constantin

Selon lui, Constantin ne se serait converti au Christianisme qu’au moment de sa mort. Les « rêves » ou miracles n’auraient rien d’historique. Il n’a pas non plus fait du christianisme une religion d’état – au contraire il a rétabli la liberté de culte, principe qui existait dans la Rome républicaine.

Maxence avait favorisé les conflits inter-cultes pour asseoir son autorité. Il s’agit donc ici de politique et non de religion. L’histoire de Constantin a fait l’objet de manipulations ultérieures. A ce moment-là un certain équilibre s’était établi entre Chrétiens, Mithréens et païens. Quand les Chrétiens sont devenus majoritaires il en a été fini de la liberté de culte de Constantin. Les Mithréens furent massacrés et les païens convertis. Le 4ème siècle fut un siècle de décadence pour l’Empire romain. Il fallait alors consolider l’empire par la religion.

Symboles chrétiens
Symboles chrétiens

Le guide nous montre le sceau rond du fabricant de tuiles ainsi que les empreintes de la patte d’un chien qui s’était assis sur la tuile qui séchait, il nous fait remarquer les lampes à huile encastrés dans la paroi. Les Chrétiens utilisaient des symboles : l’orante, silhouette avec les bras tendus vers le haut, le poisson, l’ancre et le monogramme du christ. Nous visitons ensuite le tombeau de Saint Sébastien, soldat de Dioclétien qui aurait subi deux martyres. Au premier, il fut attaché à un arbre et criblé de flèches. Une matrone romaine l’aurait soigné. Au second il fut attaché à une colonne et battu à mort.  Nous arrivons enfin au lieu-dit Kata (près) cumbes (cavité) ancienne carrière abandonnée, nécropole païenne découverte au 20èùme siècle en très bon état de conservation. Les chambres mortuaires avaient une façade décorée de masques de théâtre servant de gargouilles, sur la tombe voisine la plaque de marbre porte des inscriptions latines faciles à déchiffrer. A l’intérieur, les peintures sont en parfait état : peintures avec des perdrix entourant un compotier et une vigne. D’après le Guide Bleu, la vigne pourrait avoir une symbolique chrétienne. Une scène bucolique a été figurée ainsi que trois hémicycles avec des têtes figurant un banquet mortuaire.  D’autres décors prêtent à des interprétations : pioche : allusion au métier du défunt, un  artichaut…Il semblerait que les restes de Pierre et de Paul auraient été conservés quelques temps ici du 1er au 3ème/4ème siècle.  Des témoignages de dévotions des fidèles à ces deux saints sont nombreux : graffitis en latin, grec et même araméen invoquent Pierre et Paul. Une basilique leur fut consacrée (maquette) remplacée par l’église actuelle barque dédiée à Saint Sébastien. Elle a un magnifique plafond à caissons dorés aux armes des Borghèse ; Cette église recèlerait la dernière œuvre du Bernin que nous ‘avons aps pu voir puisqu’on célébrait la messe quand nous sommes arrivés.

palais de Maxence
palais de Maxence

Promenade sur la Via Appia jusqu’au Palais de Maxence : une tour dans la campagne, le mausolée de Romulus, fils de Maxence dont on avait visité le temple dans le Frum. Puis des arches, ruine de la villa ou d’un aqueduc. On distingue encore le cirque de Maxence long de 520m large de 92m, l’obelisque a été transféré Piazza Navona.

Tmbe de Caecilia Metella
Tmbe de Caecilia Metella

Le mausolée de Caecilia Metella , cylindrique rappelle un peu celui d’Hadrien, en plus petit bien sûr. Une frise de marbre blanc avec guirlandes et bucranes tient encore. A l’intérieur on a exposé de nombreuses sculptures. J’ai oublié de prendre le billet des thermes de Caracalla qui donne l’entrée au mausolée. Je renonce à payer à nouveau. Je continue pour trouver enfin les vieilles dalles antiques de la Via Appia. J’aurais aimé voir aussi la borne miliaire. J’avise un autobus garé non loin, le 660 qui va au métro Colli Albani et profite de l’aubaine pour descendre à la première bouche de la Metropolitana à Arco di Traventino.

Château Saint Ange, île Tibérine – ghetto

CARNET ROMAIN

Château saint Ange et Pont saint Ange qui y conduit
Château saint Ange et Pont saint Ange qui y conduit

Le château Saint Ange

La grosse base cylindrique est le Mausolée d’Hadrien . Mausolée mais aussi forteresse, il résista aux invasions barbares puis devint propriété des papes qui le fortifièrent avec des bastions et un mur d’enceinte. Forteresse puis prison. Ses prisonniers fameux furent les Cenci, Giordano Bruno…Pour monter au château j’emprunte d’abord la rampe hélicoïdale conduisant au tombeau d’Hadrien. La rampe papale lui succède, escalier aux minces degrés qui arrive dans une cour occupé par l’Archange Michel( une autre statue de bronze surmonte l’édifice).

Château saint Ange cour et ange
Château saint Ange cour et ange

Un escalier raide passe sous une arche .Du couloir circulaire, la vue sur le Tibre et sur Rome est surprenante. Nous prenons photo sur photo, des ponts sur le Tibre et de la coupole de Saint Pierre.

Le Tibre
Le Tibre

Les appartements papaux sont somptueux : Salle d’Amour et Psyché et (encore !), Chambre de Paul III Farnèse meublée d’un grand lit rouge et d’un clavecin historié. On passe devant la salle des coffres-forts et de très beaux tableaux (Nicolas Poussin). De la Salle du Trésor, je monte enfin à la terrasse supérieure d’où je filme le panorama sur Rome. Une cafétéria a judicieusement installé ses tables dans le corridor extérieur. Les prix ne sont pas excessifs, la vue est incomparable. Nous commandons des tramezzini avec vue sur Saint Pierre(18€ deux sandwiches, un verre de vin et un café).

Le Vatican
Le Vatican

La logique géographique aurait voulu qu’on visite le Vatican dans la foulée. Je n’aime pas empiler les visites. Il nous faut une pause pour être à nouveau capable d’apprécier de nouvelles œuvres d’art. Nous rentrons par le bus 23, et descendons devant l’Ile Tibérine . Deux ponts Cestio et Fabricio enjambent le Tibre. Le courant du fleuve est puissant, il a rompu le vieux pont le pont Rotto qu’on peut encore voir. Pas de promenade autour de l’île : de chaque côté d’une petite place se trouvent deux hôpitaux.

Nous passons devant la Grande Synagogue, le Théâtre Marcello que j’avais découverts le jour de notre arrivée.

Les restaurants du ghetto
Les restaurants du ghetto

Flânerie dans les rues du ghetto occupées par de nombreux restaurants et bars proposant de la cuisine romaine juive typique. Pause sur un banc au soleil à déguster une glace. Non loin je trouve la Fontaine des Tortues, très élégante : quatre personnages de bronze assis sur des coquilles élèvent les bras pour retenir quatre tortues qui semblent glisser de la vasque supérieure. Mélange de textures et de couleurs, marbre blanc du bassin, avec une eau bleue, marbre gris des coquilles, bronze…Dans les rues, à chaque pas une surprise, une galerie, une vieille librairie, un  palais orné de sculptures.

Fontaine des tortues

Nous rentrons à pied par le Campo de’Fiori. J’avise une belle boucherie : enfin nous allons cuisiner de la viande ! Le marché a remballé les légumes, la boucherie n’ouvrira qu’à 16h30. J’attends son ouverture en remontant la via dei Capellari, trouve un café-Internet pour lire mes mails et rentre fièrement à la maison avec des hamburgers aux artichauts, des oranges de Catane et des courgettes bio pour un repas équilibré après le déjeuner de sandwiches.

Forum – Colisée – Palatin

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Forum de Trajan
Forum de Trajan

Lundi est jour de fermeture des musées à Rome. Forum et Colisée sont ouverts, nous leur consacrons donc la journée.

9h –  piazza Venezia, par un froid piquant et un ciel bleu très pur. La colonne de Trajan étincelle. Souvenir de lycée, elle illustrait mon livre de 5ème Latin ou Histoire- Géographie, la même professeur enseignait les deux matières, à l’époque toute l’année de 5ème était consacrée à Rome et Byzance. 30m de haut, 17 cylindres, c’est une véritable bande dessinée. Des centaines de personnages sont occupés à toutes sortes de tâches, embarque sur des vaisseaux, débarquent des marchandises, des vases. Il manque le guide qui aurait pu nous la commenter. Trajan n’est pas un inconnu pour nous, nous avons croisé ses pas en Dacie (Roumanie)  en Macédoine ou en Bulgarie.

Colonne de Trajan (détail)
Colonne de Trajan (détail)

Le Forum de Trajan a été fouillé en même temps que les autres Forum impériaux au 16ème siècle. La promenade qui les surplombe est nommée Via Alessandrina , elle est bien agréable dans la lumière du matin. Il n’y a personne. On voit mieux les monuments du dessus qu’au ras du sol. Le Marché de Trajan est en brique rouge, le marché est en hémicycle sur 6 niveaux. Une exposition de sculptures contemporaine s’y tient. Les sculptures se détachent et sont mises en valeur. Entre le marché et la colonne Trajane les colonnes polychromes de l’ancienne basilique Ulpia se détachent.

Marché de Trajan
Marché de Trajan

A l’arrière,  la tour carrée de la Milizie du 12ème domine le marché. Le Forum d’Auguste jouxte celui de Trajan. Je remarque surtout les degrés blancs de la base du temple de Mars Ultor. Les énormes colonnes cannelées aux chapiteaux corinthiens sont enchâssées dans un mur de brique. Je note qu’il y avait aussi autrefois des caryatides comme celles de l’Erechthéion .

Une passerelle mène à la place du Grillo et à la maison des Chevaliers de Rhodes (fermé lundi) dont la loggia surplombe le Forum d’Auguste.

Forum de Nerva et maisons modernes
Forum de Nerva et maisons modernes

Le Forum de Nerva conserve un beau portique de colonnes géantes blanches qui se détachent à l’avant de maisons contemporaines jaunes ou blanches.

La billetterie du Forum Romain est en face de l’autre côté de la grande Via dei Fori Imperiali . Je prends l’audioguide qui est une tablette avec plan, commentaires, commentaires approfondis. Je n’arrive pas à le faire fonctionner et remonte me le faire expliquer. Il faut 10 minutes par point d’intérêt. Perte de temps ! Je le rends. Nous serons libres  de flâner, de lire les panneaux explicatifs très complets,  de suivre le plan du Guide Gallimard. Au diable les ordinateurs !

Temple de Faustine
Temple de Faustine et d’Antonin

1000 ans d’histoire romaine se jouent au Forum. Les empereurs tardifs ont effacé les vestiges de la des rois et de la République.  Des temples et basiliques primitifs, il ne reste plus grand-chose mais on peut toujours situer leurs emplacements.

Forum Romain
Forum Romain

Nous avons donc retrouvé (sans rien voir) la Cloaca Maxima qui a drainé le marais où passait le petit fleuve Velabre.  Au pied du Capitole , l’umbilicus urbis  qui communiquait avec les puissances infernales, même sans y croire, cela fait rêver….Non loin, le Temple de Saturne était le théâtre des Saturnales qui se déroulaient à partir du 17 décembre (jour de notre arrivée à Rome) 2000 ans plus tôt, nous aurions débarqué dans des fêtes étranges où les maîtres servaient les esclaves. Le Temple ancien a disparu, il fut reconstruit à plusieurs reprises. Le portique qui reste a été restauré après l’incendie de 238 après JC.

Temple de Saturne
Temple de Saturne

De notre visite précédente, il y a 18 ans, un février pluvieux  j’avais gardé le souvenir des Rostres  et du Temple des Dioscures . La Curie, avec ses grandes portes de bronze vues samedi à Saint Jean du Latran, est fermée. Elle ressemble à un bâtiment actuel. Les grandes basiliques Giulia et Emiliennes occupent un vaste espace mais parlent eu à mon imagination. Dans ces décombres, l’Arc de Triomphe de Septime Sévère s’élève fièrement, ses bas-reliefs sont « comme neufs ».

Dans le temple de Rmunlus : les Dioscures trouvés près de la Fonttaine de Juturne
Dans le temple de Romulus : les Dioscures trouvés près de la Fonttaine de Juturne

Quittant la voie sacrée et contournant la basilique Giulia, nous marchons sur le vieux chemin qui descend du Capitole pour aller au Temple des Dioscures et la Fontaine de Juturne. Deux cavaliers étaient apparus à la bataille du Lac Regille opposant Romains et Latins. Ayant donné la victoire aux Romains ils furent identifiés comme les Dioscures. La Fontaine Juturne se trouve près du temple de Castor et Pollux. Juturne était une nymphe, sœur des Dioscures qui possédait un talent guérisseur. Un peu plus loin, dans le petit temple rond de Romulus (pas  celui de la fondation de Rome, le fils de Maxence, mort en 309 ap JC), on a exposé les statues de deux chevaux et de deux cavaliers trouvés à la Fontaine Juturne.

maison des Vestales
maison des Vestales

Derrière la fontaine, adossée au Palatin, l’Eglise des 40 martyres porte des fresques du 8ème siècle rappelant les martyrs du temps de Dioclétien. Une rampe couverte s’enfonce dans la colline pour rejoindre les palais des empereurs. On accède à une terrasse panoramique dominant le Forum avec une vue étendue sur la Ville. De là, je découvre la Maison des Vestales près du petit temple rond de Vesta.

Vestale
Vestale

De l’autre côté de la Via Sacra de grand édifices sont bien conservés : le Temple de Faustine et d’Antonin occupé par une église mais qui a gardé une belle colonnade, plus loin les énormes basiliques de Maxence avec leurs voûtes décorées de caissons hexagonaux.

Nous sortons du Forum à midi passées, temps de déjeuner avant de poursuivre la visite au Colisée. Nous nous attablons à la première terrasse venue en face du Colisée. Belle table, très belle vue mais service calamiteux, on nous tire, nous pousse, pour caser de nouveaux clients. Le risotto très cher est quelconque, juste trois crevettes sans goût dans un grand tas de riz pour 13€, une portion de cannelloni rikiki.

Colisée
Colisée

Plus de queue à 14h au Colisée ; Le billet est combiné Forum-Colisée –Palatin. Ma visite au Colisée est rapide. Le Colisée est à Rome ce qu’est la Tour Eiffel à Paris, symbole de la ville qu’il faut avoir vu sans que ce soit le monument le plus intéressant. Le Colisée d’El Djem ou le Théâtre de Pouzzoles sont plus beaux et mieux conservés.

Palatin
Palatin

Sur la colline du Palatin,  se trouvaient les palais des empereurs romains, c’est même le Palatin qui est à l’origine du mot « palais ». C’est maintenant un vaste parc avec même un verger de mandarines, des pins parasols magnifiques, des lauriers presque noirs, des pelouses et des buis taillés. Promenade très verte après l’aridité du Forum. Les palais se succèdent, de taille énorme, proportionnés aux thermes de Caracalla ou aux basiliques de Maxence. Je me promène au hasard ; découvrant ici un beau point de vue sur le Circo Massimo, là sur le Forum, on voit la coupole de Saint Pierre. Il faudrait un guide pour faire parler les palais. Le petit musée est agréable. Je suis un peu fatiguée. La concentration n’est plus au rendez vous. Je pousse jusqu’à la villa d’Auguste, celle de Livie.

L’ombre d’Hannibal – Paolo Rumiz

VOYAGER POUR LIRE? LIRE POUR VOYAGER?

Hannibal au Musée du Capitole
Hannibal au Musée du Capitole

Rumiz s’attache aux pas d’Hannibal pour un voyage qui commence aux cols des Alpes, au passage des fameux éléphants, en introduction. De Sardaigne à Sant’Antioco, cité punique, à Carthage, bien sûr, à Carthagène, logiquement, il traverse l’Espagne, les Pyrénées, le Rhône, il hésite (Durance ou Savoie?), Piémont (où il hésite encore devant la Trébie). Il trouve à Bologne « l’homme qui se prenait pour Hannibal » avec qui il cheminera jusqu’aux champs de bataille célèbres du Lac Trasimène, à Cannes, goûtera au délices de Capoue….Campanie, Sicile, et retour en Tunisie, pour suivre Hannibal en exil jusqu’en Arménie et en Turquie.

Voyage dans l’espace et aussi dans le temps. Hannibal n’a laissé que peu de traces tangibles, et pourtant la toponymie garde son souvenir, Rumiz cherche donc les « ponts d’Hannibal« , les « fontaines d’Hannibal », ou les noms « barca » dérivés du nom du conquérant.

« tu crois qu’on est fou? [….]Si l’on poursuit un mythe, c’est normal de s’égarer » [….] »mais aujourd’hui, le mythe n’existe plus. Personne ne le cherche.Et, lui La mort du mythe est le phénomène le plus obscène des temps modernes. C’est la fin de l’enchantement  de l’imagination, du désir »

Ils partent à l’aventure avec Polybe et Tite-Live en guise de guides touristiques – heureux érudits qui peuvent les lire dans le texte – et que la lecture des anciens transporte en l’absence de toute évidence du passage d’Hannibal.

Confrontation  entre le monde moderne où ils circulent (en voiture, pas d’éléphant) et le monde antique. Voyage à la limite des souvenirs des anciens qui s’estompent dans la modernité du 21ème siècle, plutôt qu’une carte ou un GPS, il interroge les paysans.

« vingt deux siècle, ce n’est qu’un souffle dans l’histoire humaine. Je repense à ce que me racontaient mes grands-parents et je m’aperçois qu’il existe encore un fil rouge qui me relie à l’Antiquité. Je ne sais pas si mes fils pourront en dire autant, dans cette société qui tue le temps avec l’hypervélocité télématique ».

Interrogation sur le temps qui passe,  interrogation aussi sur l’irrésistible conquête du monde méditerranéen par Rome, qu’il compare aux Américains. Comment Rome, battue par le grand chef de guerre, non seulement n’a pas reconnu sa défaite et s’est retrouvée vainqueur?

Rumiz, L’écrivain voyageur que j’avais découvert dans son voyage Aux frontières de l’Europe nous offre encore un voyage passionnant.

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L’Eneide – Virgile

Enée portant Anchise avec Astiannax - Bernin - Galerie Borghèse
Enée portant Anchise avec Astiannax – Bernin – Galerie Borghèse

LIRE POUR ROME!

« JE CHANTE les combats, et ce héros, qui, longtemps jouet du destin aborda le premier des champs de Troie aux plaines d’Italus, aux rivages de Lavinie. Objet de la rigueur du Ciel et de l’altière Junon, mille dangers l’assaillirent sur la terre et sur l’onde…. »

Ne jamais avoir peur de retourner aux textes antiques!S’ils ont traversé des millénaires c’est qu’ils en valent la peine!

Même si j’ai de cuisants souvenirs d’heures passées  sur une version latine au lieu de sortir…et plus cuisant encore, le retour de la copie corrigée et notée….

De retour de Rome, j’ai ressenti l’urgence de revenir à la Mythologie, à l’Histoire antique.Envie de légender les tableaux et les statues  ou d’illustrer le texte, ce qui revient au même. Visiter la Galerie Borghèse avec l’Enéide dans la tête…ou  même le Musée étrusque de la Villa Giulia, regarder les fresques aux plafonds des palais qui nous parlent des dieux et des héros.

L’Enéide est le récit fondateur de Rome, à la suite de la chute de Troie,c’est,  comme chez Homère, le combat des dieux. Venus chérit Enée, son fils, tandis que Junon le poursuit de sa vindicte. Jupiter et Neptune interviennent à leur tour, métamorphoses, nymphes et

Junon - Musée Etrusque - villa Giulia
Junon – Musée Etrusque – villa Giulia

dieux changent d’apparence . Avec l’Enéide,  c’est l’Iliade et l’Odyssée et en prime l’histoire de Rome racontée sous forme de prophéties. Commande d’Auguste, cette épopée romaine et troyenne contient en germe la grandeur de Rome et de  César, le nom Iule d’Ascagne y réfère.

« vous avez affronté la rage de Scylla, et ses gouffres mugissants ; vous avez vu sans pâlir l’antre affreux des Cyclopes : rappelez le courage et bannissez les sinistres terreurs…. »

L’Odyssée avant l’Iliade, Enée traverse la Méditerranée,contourne la Sicile pour éviter les pièges et les périls,  les allusions à l’Odyssée sont nombreuses et plaisantes. Tout un  périple dans les îles grecque de Mykonos à Délos et en Crète avant d’aborder la Libye et le royaume de Didon.

Enée sous la demande de Didon,  raconte la chute de Troie. Histoire d’amour inattendue.

« Te voilà donc, Enée bâtissant l’altière Carthage! Esclave d’une femme, tu décores pour elle une ville étrangère! Et ton empire et ta gloire, hélas! tu les oublies pour une femme! »

Pour Didon,  Enée oublierait-il la promesse d’un royaume en Italie?

« Le pieux fils d’Anchise s’avance vers la montagne où réside Apollon, et cherche le réduit solitaire de la redoutable Sybille : antre immense , où le dieu de Délos agite l’âme de sa prêtresse d’une sainte fureur et lui découvrit l’avenir. »

Sur les ordre de la Sybille, il va retrouver son père aux Enfers, dans ce lieu funeste l’Arvern..

le Tibre Musée Capitolin
le Tibre Musée Capitolin

Enfin, il aborde le Tibre

« je suis le Tibre, ce fleuve bienfaiteur que tu vois rouler à pleins bords les trésors de son onde, et porter l’abondance aux fertiles contrées qu’il arrose : le Tibre aux flots d’azur, aux rives aimées des cieux. Ici Rome cité pompeuse naîtra pour embellir mes plages et commander au monde. « 

La conquête de son nouveau royaume ne sera pas aisée. De nouvelles épreuves l’attendent. les derniers livres, surtout X et XI, combats des Troyens, des Étrusques et des latins m’ont plutôt ennuyée. Difficile de se retrouver dans les innombrables guerriers. Une reine amazone se distingue ainsi que Turne, la sœur de Turnus, guerrière ou nymphe?

 

 

 

Quo Vadis – Henryk Sienkiewicz

CARNET ROMAIN

Via Appia
Via Appia

Quo Vadis est une de ces œuvres dont on a entendu parler, qu’on croit connaître sans l’avoir lu….

Quo Vadis est le nom d’une chapelle à l’entrée de la Via Appia

Quo Vadis Domine,serait aussi une parole que Pierre, fuyant Rome,  aurait adressé à Jésus  rencontré sur la Via Appia.  

Palatin
Palatin

Avant de partir pour Rome j’ai téléchargé Quo Vadis qui m’a accompagnée jusqu’aux dernières heures de 2015, j’ai commencé L’Enéide aux premières heures de 2016.

Roman historique :

Rome, sous le règne de Néron, ses excès, ses orgies. Vinicius est un chevalier revenant de l’Orient où il a combattu contre les Parthes en Arménie. Il tombe amoureux de Lygie, fille du roi de Lygie, otage dans une famille romaine. Pétrone, arbitre des élégances,  poète dandy à qui on attribue le Satyricon, est un des confidents de Néron, et l’ami de Vinicius.

Cela aurait pu être seulement une histoire d’amour compliquée par les jalousies de Poppée, la favorite du moment de Néron, les réticences de la jeune vierge aux mœurs dépravés de l’époque…..

Inscription funéraire chrétienne avec symboles musée des thermes de Dioclétien
Inscription funéraire chrétienne avec symboles musée des thermes de Dioclétien

 

 

 

 

Lygie est chrétienne, elle fuit le Palatin pour les quartiers pauvres du Trastevère où vivent Juifs et Premiers Chrétiens. Cérémonies secrètes aux Catacombes, solidarités des persécutés. On y rencontre Pierre et Paul de Tarse qui prêchent la nouvelle doctrine. 

 

 

 

 

Incendie de Rome : l’auteur en donne un saisissant récit, s’attardant sur le spectacle hors norme qu’a voulu mettre en scène Néron et son séide Tigellin . Après les destructions de la Ville Néron et ses conseillers rejettent la responsabilité de l’incendie sur les chrétiens. Ce qui a le double effet de dédouaner Néron de sa culpabilité et de pouvoir contenter le peuple romain en organisant des Jeux spectaculaires : chrétiens livrés aux bêtes fauves, chrétiens crucifiés, chrétiens transformés en torches vivantes. Le récit des persécutions est très impressionnant.

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Quo Vadis, a été porté plusieurs fois à l’écran : ici l’interprétation de Peter Ustinov  en Néron

Toutefois, comme documentaire, le livre est beaucoup plus riche qu’un péplum. même si l’historien qui a commenté la visite des Catacombes de Saint Sébastien a émis de nombreuse réserves sur l’aspect historiques du roman et toutes les idées fausses qu’il véhicule.

 

Mémoires d’Agrippine – Pierre Grimal

CARNET ROMAIN

AGRIPPINE

Pierre Grimal, historien renommé, est l’auteur de ce roman historique très sérieux et très documenté. Agrippine la jeune, fille d’Agrippine et de Germanicus a vécu pendant les  règnes, de Tibère,  Caligula son frère, Claude, son oncle, qu’elle épouse et finalement Néron son fils.

AGRPPINE
agrippie et néron

Introduction parfaite à notre voyage à Rome. J’ai donc lu avec beaucoup d’intérêt ce roman très dense et touffu.La lecture n’en est pas toujours facile, les Romains affectionnent les mêmes prénoms. Je rencontre donc deux Agrippine, deux Nero, plusieurs Drusus. Caligula est nommé, par sa sœur Gaius…. Intrigues et mariages d’intérêt font intervenir de nombreux personnages qui se marient, divorcent ou se trucident avec une facilité déconcertante.

J’ai beaucoup aimé le Livre I Le temps de mon père (Germanicus) qui se déroule à Athènes, en Syrie et en Egypte. Agrippine, petite fille, apprend les différentes mythologies, découvre Isis et les Pharaons…Dans le Livre II Mon grand-oncle Tibère nous rencontrons Livie et l’ombre du dieu Auguste est encore très présente. L’empire vient de s’installer mais on évoque encore les temps de la République….Claude, qui n’est pas destiné à devenir empereur, emmène la jeune fille dans les tombeaux étrusques, occasion d’évoquer encore d’autres légendes….

 

messaline camée
Messaline et ses enfants

 

Intrigues et conjurations, exils et persécutions,  Tibère n’est pas tendre avec les descendants de Germanicus. L’espoir d’un Empereur jeune et dynamique à la proclamation de Gaius (Caligula) est vite déçu. Grisé par le pouvoir, il se croit tout permis. Claude aurait été plus sage sans Messaline. Cette dernière évincée, Agrippine épouse Claude et devient Impératrice. Elle intriguera encore pour que Néron son fils, soit adopté par Claude et évince Britannicus….

 

Agrippine, sortie de l’enfance n’est guère sympathique. Imbue de ses origines nobles, elle aspire au pouvoir, pour elle et pour Néron. Quand les conspirations ne suffisent pas elle n’hésite pas à recourir au poison. Les mœurs des Romains sont terribles!