La forteresse coiffant deux collines,rejointe par un mur crénelé, se voit de l’autoroute Sagunto est une grosse agglomération entouré de zones d’activités industrielles ou commerçantes.
Le nom de Sagunto m’est familier. Je pense confusément aux Romains sans bien savoir pourquoi. Hannibal fit le siège de Sagunto et la prise de la ville déclencha la seconde Guerre Punique. En 212 Scipion l’Africain reprit la ville.
La ville historique est pavoisée: un marché médiéval s’y installe ce week end à l’occasion du 9 octobre, la fête de la Communauté de Valence : le 9 octobre 1238, Jacques Ier d’Aragon entra dans Valence (c’est aussi la fête des amoureux).
Théâtre romain
Le Théâtre romain adossé à la colline, est ouvert à la visite. Dès que je franchis les arcades (d’époque), je découvre un théâtre « romain » complètement reconstruit. Les gradins en calcaire genre comblanchien sont prêts à accueillir les spectateurs. La scène st en planches, le mur de scène reconstruit en brique. Le plan antique a été respecté. On a mis des éléments du décor antique, une unique colonne est en place. Le résultat est surprenant, pas franchement réussi pour les puristes.
Hypogée : tombe juive
A proximité du Théâtre, se trouvait les quartier Juif ( au dessus de la route actuelle). Les tombes juives étaient des grottes à l’entrée des maisons. 50 de ces hypogées se trouvent le long d’un sentier creusé dans la roche. A partir de 1492, les tombes furent abandonnées et saccagées. Elles ont servi de refuge pendant la Guerre Civile (1936-1939). Dans la Juderia de Sagunto on produisait du vin cacher, de la cire, les juifs étaient des commerçants, négociant de textiles, soie et laine. Des témoignages écrits attestent que la présence juive remonte à l’Empire Romain. On a retrouvé des incantations écrites en latin sur un support de plomb. Jacques 1er aida les juifs à s’installer renforçant ainsi la colonisation chrétienne. En 1321 on construisit un mur enfermant la Juderia. Le premier bailli de Sagunto était juif.
Le site fortifié est actuellement en restauration – restauration durable est-il précisé – allusion aux restaurations antérieures à grand renfort de ciment et de briques. Le site est immense. D’un aménagement précédent, il reste quelques plaques avec des noms mais pas d’explications. Je grimpe au sommet de la colline, plus pour la vue et le sport que pour l’histoire ;
L’antiquarium est un long bâtiment bas adossé à la muraille. Le jeune homme qui se tient là me fait toute une conférence sur les guerres napoléoniennes : l’antiquarium est installé dans les écuries des armées françaises et sur les inscriptions hébraïques. Comme je suis bon public, il me montre comment les épigraphistes lisent le latin sur les stèles, une seule lettre souvent suffit pour un nom entier.
Nous n’avons plus le temps pour visiter le Musée Historique en bas, en ville, le marché médiéval qui a colonisé la rue, rend le stationnement impossible.
Le GPS nous mène directement à Benicassim. Il est un peu trop tôt, je vais me tremper les pieds sur la plage très bien aménagée. Il y a même une « Bibliothèque de la mer ». Quelle excellente idée ! Plage et lecture vont bien ensemble.
L’appartement de Rosa est encore plus beau que sur les photos. La terrasse est merveilleuse ; C’est là que nous passerons le plus de temps !
Palmyre, perle du désert syrien, était-elle syrienne, hellénistique ou romaine? On y parlait araméen mais aussi grec, avant-poste romain sujette des Césars ou cité caravanière sur la Route de la Soie?
Paul Veyne nous transporte dans le désert aux confins de l’Empire romain, proche de la Perse, et nous décrit une ville différente des villes romaines au plan analogue, du Maroc en Bulgarie. Cette civilisation marchande d’une grande richesse qui a gardé son originalité, ses tribus nomades, ses dieux Bêl et Baalshamîn « traduits » en Zeus, Allat tantôt figurée en Athéna de Phidias, tantôt Artémis…
Si les colonnades sont hellénistiques c’est que « l’hellénisme était toujours la civilisation « mondiale » qui impressionnait tous les peuples, le prestigieux modèle étranger qu’on imitait et en même temps le miroir ou les différents peuples croyaient retrouver leurs propres traits sous une forme plus vraie; S’helléniser c’était rester soi-même tout en devenant soi-même : c’était se moderniser ».
Il raconte aussi l’histoire de Zénobie, reine d’Orient et Vraie romaine… Son mari Odinath, élevé au rang de sénateur romain, leva une armée de bédouins ou de Sarrasins contre Sapor le roi de Perse qui retenait prisonnier l’empereur romain en personne, Valérien. Zénobie, reine hellénistique lettrée et ouverte attirée par le religion juive donna aussi asile aux manichéens. Après une facile conquête de l’Egypte elle se rêva même impératrice romaine , commença une marche sur Rome et fut refoulée par Aurélien.
Architecture, sculpture, religion, politique, tous les aspect de la ville de Palmyre traduisent une hybridation, symbiose entre l’empire Romain et l’Orient lointain. Le résultat est original.
Le mot de la fin :
« Oui, décidément, ne connaitre ne vouloir connaître qu’une seule culture, la sienne, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir »
Sept sites archéologiques aux environs d’Arzachena : trois Tombes de Géants, deux nuraghes, une nécropole très ancienne et un petit temple nuragique.
Nous n’avons jamais vu de Tombe de Géants nous commencerons par la Tombe de Géants Tomba Coddu Ecchiu. On y parvient par la route de Sant’Antonio.
maquette de tombe de Géant (musée de Sassari)
Coddu Ecchiu ou cuddu vecchiu veut dire vieille colline. La tradition populaire attribuait à ces monuments la croyance qu’un géant était enterré dans ce grand monument. C’est une tombe collective et il n’y avait pas de géants chez les sardes.
La construction se fit en deux phases :
1) Une allée couverte 1800-1600avJC, sorte de dolmen dont le couloir serait abrité par des dalles
2) A l’âge nuragique, après 1600, il subit des transformations : la construction de murs périphériques puis de l’exedra formé d’une haute stèle centrale et de pierres orthostatiques de tailles décroissantes vers l’extérieur.
3) Enfin, il faut couvert d’un tumulus de pierre et de terre.
La forme est symbolique, rappelant la tête et les cornes d’un taureau, divinité masculine de force et de virilité tandis que la Déesse-Mère symbolisait la fertilité. La stèle centrale (4mx1.9m) est orientée Est/ouest. L’Est face au lever du soleil représente la vie tandis que le coucher du soleil à l’Ouest, la mort. L’exedra serait le passage entre la vie et l’au-delà.
Dans cette tombe granitique, les ossements n’ont pas été conservés du fait de l’’acidité du sol. L’étude d’autres tombes de géants montre qu’il s’’agissait de tombes collectives pour tout le village. On ensevelissait els morts en soulevant les dalles du couloir puis on les repoussait vers le fond sans faire de distinctions de rang social.
Devant l’exedra, des rites funéraires des déroulaient. Il n’existe pas de textes nuragiques mais la tradition orale a rapporté que les Sardes dormaient plusieurs jours devant la tombe espérant obtenir des réponses de l’au-delà au cours de transes. Ils déposaient aussi des offrandes. On a retrouvé des céramiques.
Le tumulus a été retiré parce que les découvreurs n’avaient pas compris qu’il faisait aussi partie du monument.
Tombe de Géant vue de profil
Tournant autour, nous découvrons le couloir (10mx1m) séparé par une petite entrée, le dromos où peut être, étaient déposées les offrandes. La guide explique dans un français très correct, quelquefois hésitant. En sortant elle nous offre des mûres. Nous lui demandons conseil pour la plage. Comme c’est dimanche, nou redoutons la foule. Elle craint plutôt le vent »le Mistral comme chez vous, mais il y a aussi le Grec, le sirocco… »
Village nuraghe la Prisgionia
La Prisgiona : nuraghe
Le nuraghe La Prigionia se trouve tout près. Notre guide parle très bien français, son enthousiasme est communicatif. La visite passionnante.
Le Nuraghe est une tour qui ressemble à un château-fort sans qu’on ait retrouvé de preuve de guerre. D’ailleurs, l’intérieur est beaucoup trop petit pour servir de refuge aux villageois. Le nuraghe serait plutôt un palais c’est la résidence du chef de tribu. Un chef non pas un roi, insiste-t-il. La vie communautaire serait le mode d’organisation sociale nuragique : tombes collectives à l’extérieur du village, vie communautaire dans le nuraghe ainsi que le témoigne une salle de réunion de 12 (16 selon un papier) pouvaient s’asseoir sur la banquette circulaire. Autour du nuraghe on a retrouvé une centaine de structures : habitations comme structures commerciales. On a mis à jour le marché au pied du nuraghe avec le four pour cuire le pain, des ruelles. Le puits de 8m de profondeur contient une source encore aujourd’hui. On y a trouvé des récipients originaux. Pour quel usage ? quel rituel ? L’eau était vénérée par les nuraghis, ainsi que la Déesse-mère et le système matriarcal.
la Prisgiona : marché
Le guide nous fait entrer dans le nuraghe. Il nous montre son architecture : s’appuyant sur des rochers, puis avec des gros blocs pour former des murs cyclopéens enfin avec des moellons de plus en plus petits. Des connaissances en architecture permettaient à ces constructeurs de tenir compte des problèmes de décharge : au dessus du linteau, une fenêtre de décharge allège la structure, de même à l’intérieur, les couloirs et des niches évident le nuraghe. Autour de la salle centrale il y a trois chambres : dans l’une d’elles on a retrouvé les anneaux pour tisser le lin (on a trouvé des évidences de ce végétal), une autre sans doute la chambre froide contenait des céramiques avec des os d’animaux.
Pour mieux nous faire connaitre les nuraghis, le guide montre les photos de bronzetti. Le chef est identifié avec son bâton, le prêtre , la prêtresse, les guerriers…puis des bateaux sardes retrouvés dans toute la Méditerranée jusqu’à Chypre. Une inscription en
« sémite de l’ouest » atteste du nom de « Sarde »
– « en phénicien ? » je demande.
– – « non en sémite de l’ouest « corrige-t-il
sémite de l’ouest
Je reconnais les lettres hébraïques déformées mais tout à fait identifiables le chin, le resh et le dalet qui forment les lettres de Sarde, se lisant de droite à gauche comme il se doit.
« La guerre est arrivée avec les Carthaginois ! » affirme le guide. Dans la rivalité entre Rome et Carthage, la Sardaigne occupait une position stratégique.
Autre mystère : »pourquoi si peu de sites romains en Sardaigne ? » Demande-t-il.
Après ces considérations historiques, le guide revient aux fouilles qui se déroulent en ce moment. On voit des pierres en surface depuis longtemps patnées et celles qu’on vient de dégager et de remettre en place. Les fouilles n’ont débuté qu’en 1994. Ls méthodes les plus modernes ont pu être mises en œuvre. Tandis que des archéologues anciens auraient pu détruire des indices pendant la fouille. La reconstruction (il y a une grue sur le site) est assistée par ordinateur. Il est désormais plus facile de scanner d’identifier et de répertorier chaque fragment plutôt que de le dessiner comme autrefois. Le site a encore beaucoup à dévoiler.
Necropoli Li Muri
Selon le papier prêté :
« Site Néolithique moyen (4000 av JC) un des sites les plus anciens de la Sardaigne. Composé de 4 tombes circulaires appartenant à la « culture des cercles ». On trouve des sites analogues en corse et dans les Pyrénées. Les tombes portaient chacune un menhir. C’étaient des tombes individuelles. Le mobilier éttait composé de lames de silex, d’une coupe de stéatite et d’une boîte d’offrrande contenant de l’ocre rouge rappelant la couleur du sang ».
Je n’ai pas voulu attendre ¾ d’heures la visite guidée. Même avec le papier explicatif, les anciennes pierres parlent peu. Il aurait fallu un archéologue fervent pour leur communiquer un peu de vie.
Tomba Li Loghi
Cette tombe de Géants ressemble beaucoup à celle de Coddu Ecchiu. J’ai réclamé une viiste guidée avant l’heure (12h) car j’ai peur qu’on n’arrive pas à temps au Supermarché qui ferme le dimanche après midi.
Le guide donne des explications analogues à celles de ce matin. Chaque fois, je pioche un nouveau détail ajoutant des pièces à mon puzzle nuragique.
La stèle centrale joue donc le rôle de porte de l’au-delà. La petite ouverture était consacrée aux offrandes. Plus de précision quant aux cérémonies devant l’exèdre : l’incubation : les fidèles dormaient pour entrer au contact avec les défunts, autre coutume :en brisant de la céramique ils pensaient attirer la bonne chance comme le font encore actuellement les Grecs qui cassent de la vaisselle ou dans les mariages juifs.
Selon ce guide, la longueur de l’allée couverte dépendait de l’importance du village voisin, un village et un nuraghe devaient se situer dans les environs.
Après les explications concernant le site, nous continuons à bavarder et à comparer ce site aux autres que j’ai visité ailleurs en Sardaigne. Lui aussi a été impressionné par les géants de Cabras expressifs avec leurs yeux ronds, tellement différents des bronzetti. Comme je fais une comparaison entre les déesses-mères exposées à Sassari et les idoles cycladique il note deux références sur mon cahier Leonardo Melis et Gigi Sanna.
Quelques longueurs dans la piscine du Citty hotel .
Fluminimaggiore est une bourgade sur la route d’Arbus à Iglesias dans la montagne. Plusieurs attractions touristiques ont attiré mon attention : le Temple Antas, punique et romain, un Musée de la Meunerie,la Grotte Sa Manau, et des balades dans la montagne.
Distant de plus de 60km de Torre dei Corsari, nous sommes parties un peu tard. La route a été longue. Passant par Montevecchio, nous voyons le Monte Arcuente sous le soleil. Les sommets de lave aux formes tourmentées qui m’avaient impressionnée sous la pluie me semblent familiers. Soudain, une colonne de fumée s’élève ; c’est un début d’incendie : une voiture brûle sur le bord de la route. Une douzaine d’autos sont arrêtées. Les gens regardent. Un homme en salopette orange court avec un extincteur. Où sont les pompiers ? sont-ils prévenus ? Il parait aussi dangereux d’attendre comme les badauds que la voiture n’explose et que le maquis s’embrase que de rouler à côté. Nous suivons le pick-up d’un fermier qui dépasse l’incendie. Croisons quelques instants plus tard le véhicule de la protection Civile : l’arrière est chargé de bonbonnes rouges, sans doute d’autres extincteurs. Toujours pas de pompiers. A Montevecchio je descends au bureau de tourisme de la Mine. La guide y vend des billets. Elle est au courant ; Elle a téléphoné aux pompiers mais nous remercie d’être passées.
A la sortie de Montevecchio, sept immeubles de ciment gris, vides, quartier fantôme, logements des mineurs, déserts après la fermeture de la mine. En contrebas, une large plaine et la ville de Gustini.
Arbus, la capitale de la province, s’étage au flanc des collines et dans le creux. Vision d’ensemble coloriée, gaie. Nous ne nous arrêtons pas au Musée de la Coutellerie, couteaux fins et aiguisés au manche en corne ressemblant aux Laguioles. J’ai perdu mon Laguiole remplacé par un petit Columbia trouvé au Marché aux puces de Sofia. Je suis fidèle à mes couteaux, montres ou stylos. Je n’ai pas envie de remplacer le petit Columbia même si les couteaux sardes sont magnifiques.
Entre Arbus et Fluminimaggiore la S126, belle route de montagne avec beaucoup de lacets mais large, traverse des forêts de chênes-lièges et de pins parasols, des vignes parfois mais aussi des zones brûlées, ravagées par les incendies. Pourrons –nous repasser cet après midi par Montevecchio ? Du côté du ravin, des roches vertes affleurent. Une mine abandonnée ? Pas question de s’arrêter pour contempler le panorama, il n’y a pas de parkings.
Nous aurions mieux fait de visiter la Meunerie en arrivant à Fluminimaggiore , le Musée ferme de 13h30 à 17h tandis que le Temple d’Antas fait journée continue. Nous avons raté la Meunerie.
Temple d’Antas à l ‘avant le temple punique
Le Temple d’Antas se trouve sur la route d’Iglesias. Le trajet semble interminable dans un vallon boisé, touffu aux flancs raides. On n’imagine pas un sanctuaire dans un site aussi sauvage,et reculé. Cathaginois et Romains n’avaient pas de berlines confortables ni de routes asphaltées.
Même de la billetterie (4€) on ne voit toujours pas le temple. Munies d’un plan nous le découvrons enfin dans une clairière herbue. La colonnade du fronton a été remontée. On devine les inscriptions datant de Caracalla.
Je traduis et résume les explications du panneau
a) Temple Romain
Découvert par le général Alberti Lamamora en 1832 dans une forêt de chêne, ce dernier a pensé que les colonnes pouvaient appartenir au temple légendaire de la ville cachée de Metalla fondée par les Romains à mi-chemin entre Saki et Neapolis dans le golfe d’Oristano. Ce site fut cité par Ptolémée avec Tharros et le fleuve Tirso. La campagne de fouille commença en 1967.Le temple punique était encore utilisé à l’époque romaine. Il est possible de retrouver un temple d’Auguste mais c’es Caracalla qui le restaura. L’inscription sur le fronton :
Inscription sur le fronton
TEMPLE DE SARDUS PATER BABB(A)I
On a retrouvé un doigt de la statue de 3m qui devait être dans la cella
b) Temple Punique
Reste d’un temple carthaginois qui d’était installé dans la vallée pour profiter des mines de plomb. La Sardaigne était un lieu stratégique entre l’Espagne et l’Europe. Le temple punique avait un autel à ciel ouvert. On y a retrouvé des objets en or et des amulettes égyptiennes et des pièces battues en Sicile, Sardaigne et à Carthage.
Botanique
Sur le parcours les végétaux sont identifiés par des étiquettes : oliviers, lentisque, poirier sauvage, arbousier, aubépine, chêne-liège. Je recopie le nom latin et quelques propriétés qui m’ont étonnée.
Chêne-liège : quercus suber : l’écorce de liège protège l’arbre qui survit aux incendies décidemment c’est le jour !)
Lentisque : Pistacia lentiscus : il rend service par son bois, le fourrage pour les chèvres. On peut faire de l’huile avec ses fruits une fois bouillis ce qui a rendu service pendant les périodes de famine. Ses feuilles, en infusion donnent une teinture jaune.
Aubépine : Crataegus monogyna peutvivre 500ans a donné la couronne d’épine de Jésus.
Poirier sauvage : Pyrus amygdaliformus : bois apprécié en menuiserie. On peut faire sécher ses fruits sur la paille. Le poires deviennent douces et comestibles en cas de famine.
Arbousier : arbre » patient » ses fruits mettent un an à mûrir.
A l’écart, un sentier mène au village nuragique. Des cercles de pierres assemblées avec de la boue forment la base des grandes huttes du village.
Nous renonçons à la promenade vers la Carrière romaine (20mn en plein soleil) en plein midi.
Une autre promenade d’un quart d’heure très agréable parce qu’à l’ombre conduit à un très vieux chêne.
D’autres parcours sont possibles jusqu’à la grotte mais c’est plutôt un trek.
Nous avons déjeuné sur de longues tables à l’ombre d’un magnifique chêne-vert (Quercus ilex) carottes râpées et jambon.
Détour (1km) pour la Grotte de Sa Manau. Le prix (10€) et l’attente m’ont découragée. La route du retour sera longue.
Nous ne saurons jamais si l’incendie s’est propagé. Le GPS a trouvé un autre itinéraire par Guspini où nous sommes passées sans nous arrêter devant la belle église San Nicola di Mira. J’ai admiré de loin la belle rosace catalane (selon le Guide vert). La route a traversé la plaine et longé la lagune de Marceddi où on a vu des flamands roses et une aigrette.
Nous aurions bien poussé jusqu’au Capo di Frasca que l’on voit de Torre dei Corsari c’est terrain militaire.
La journée s’achève sur la plage de Porto Palmas aussi appelée Tunaria. Cette baie abritée est idéale pour nager. La plage est tranquille. Les habitués ont planté leurs parasols. Les zodiacs montent et descendent la rampe. Je fais mes allers/retours.
La pizzeria de la Kambusa sert des plats à emporter. Les tables sont dressées sur une terrasse avec vue panoramique à 360°. Je commande des calamars frits et légumes grillés. Excellents. Les légumes sont des tranches de courgettes et d’aubergines juste passés au barbecue, saupoudrés d’ail et de persil. La peau violette de l’aubergine a gardé sa couleur fraîche. Les tranches sont moelleuses.
Sur la Piazza Museo del Mare, le musée est fermé. Dans le port il y a plus de barques en bois que de bateaux en plastique. Les maisons de pêcheurs – toutes basses – sont alignées le long du quai en terre battue. Façades colorées, jaune, bleu, rose parfois relevées d’un pavage de schiste autour des ouvertures. Unpêcheur à pied racle le fond avec un cadre en bois et ramasse des palourdes.
Un parcours sur des planches de bois conduit à une tour espagnole. Les panneaux explicatifs sont blanchis, abandonnés comme le Musée de la Mer. Au bout du village une pinède borde la lagune. Un homme prend des mesures salinité ou température ? J’aurais aimé lui demander des explications.
Cabras
Géants de Monte Prama
Nous arrivons à Cabras en traversant des rizières très vertes comme en Asie. L’Antiquarium deCabrasest à l’entrée de la ville sur la route de Tharros . Le musée est assez vaste : le spremières salles présentent les objets trouvés à Tharros(fort peu d’explications) et dans les environs. De minuscules figures féminines de pierre ou de terre cuite attirent mon regard dans la vitrine de la Préhistoire (3ème millénaire) les pointes de flèches en obsidienne et les fragments de céramique ancienne ne me passionnent pas (déjà vus à Irgoli) .Dans la salle Phénicienne et Punique, une curieuse « assiette garnie » punique contient des restes de poisson mangés à cette époque. On voit de nombreuses stèles avec Bétyle, avec autel, avec edicola, une autre sculptée en relief évoque la silhouette d’une momie égyptienne. De l’époque punique on a aussi trouvé les poids pour les filets de pêche : anneaux de terre cuite ou de pierre.
guerrier portant son bouclier
A 11h30, commence la visite guidée conduite par une très jeune femme à la chevelure bouclée, très souriante, très volubile, aux jolies fossettes mais dont j’ai beaucoup de mal à intégrer le flot de paroles. Elle semble habitée par son sujet que je cerne mal : une exposition de photos en N&B intitulée UN NOUVEAU MUSEE EST NE : MONTE PRAMA ; les trois autres visiteurs venant de Sassari sont très au courant, ils ont apporté des catalogues. Un dialogue interminable s’engage, assez incompréhensible pour moi où des intérêts de politique locale interviennent. Doit-on développer des petites structures près du lieu de la découverte ou regrouper les pièces majeures à Cagliari. Je m’impatiente parce que je ne comprends pas où ils veulent en venir.
Une photo d’un champ labouré à Monte Prama, une photo des fouilles qui ressemblent à n’importe quelles fouilles. Le suspens est total. La route nuraghe, puis punique, plus tard via romaine, passe entre l’étang de Cabras on y a retrouvé une banquette de 28 dalles qui se révélèrent être les socles de 28 statues nuraghes de grande dimension et les puits circulaires étaient des tombes contenant les restes des défunts inhumés assis. Des études anthropologiques précisent qu’ils étaient des hommes jeunes de 25 à 30 ans, la datation donne 1800ans av JC et les études génétiques, une certaine consanguinité. On en a déduit qu’ils étaient des guerriers d’élite.
Avant de passer dans la salle où sont les statues des géants, la guide nous montre les photos des bronzetti – statuettes de bronze montrant les guerriers nuraghes. Après cette très longue introduction dans le couloir noir, c’est le choc : 6 statues énormes massives, blanches érodées par le temps. L’une d’elle présente la blessure du soc d’une charrue. Les perforations tubulaires (peut être est-ce la nature de la roche) donnent une surface irrégulière à une autre. Ils sont impressionnants les géants de Monte e Prama ! L’un d’eux a brandi au dessus de la tête son bouclier incurvé et nous fixe de ses yeux ronds. D’autres portent des gravures fines au bras et au dessus des mollets : bracelets ou tatouages ? On reconnait le poing et le bras de l’archer, les jambières protège tibia sur un autre. Les autres statues sont exposées à Cagliari. Sur un écran on peut étudier les photos à loisir. La guide choisit les plus intéressantes et zoome sur un détail.
Pêcheries
L’embouchure du fleuve Tirso, les étangs, la lagune de cabras sont des zones de pêche. Cabras est un centre de production de la boutargue (œufs de mulets). Dans une boutique elle se vendait 98€kg, pas le prix du caviar mais un peu cher pour un pique-nique ! Autrefois je faisais moi-même mon tarama avec du pain trempé dans du lait et de l’huile en le montant comme une maïonnaise.
Pendant que je visitais l’Antiquarium, Dominique a assisté au retour des pêcheurset à la vente du poisson à la coopérative de Cabras : bâtiments jaunes construits sur les trois côtés d’un carré, les barques numérotées toutes semblables. Le temps de la visite, toute la pêche a disparu, la boutique a fermé, le camion des pêcheries de Pontis parti.
Nous avons visité les installations des pêcheries de Pontis à 13h. Complètement vide. Je suis montée sur une terrasse pour avoir une vue d’ensemble sur les planches enjambant le canal, les piquets en V formant une sorte de piège. On nous avait expliqué cette technique dans le delta du Pô à Comacchio pour la pêche aux anguilles. Nous n’avons pas vu les embarcations de roseau (sauf au musée) ùaos deux huttes formant une tente en contre-plaqué.
Pour que cette visite soit plus intéressante il aurait fallu se documenter sur les horaires des pêcheurs.
Tour espagnole de Tharros
la Tour espagnole
Nous sommes revenues à Tharros pour le Point Internet. Depuis que les Smartphones et les tablettes se sont répandus les cafés Internet ont disparu. Nous devons réserver les hôtels pour les 3 derniers jours.
L’entrée de la Tour (comme le Musée de Cabras) est comprise dans le billet cumulatif.
La tour espagnole a été restaurée récemment. La citerne recueillant les eaux de pluie a été carrelée et la coupole repeinte en rose. Les logements des gardiens étaient sur la terrasse d’où la vue est très étendue.
Philippe II vers 1500 a fait ériger cette tour de guet au sommet du Cap San Marco pour surveiller les attaques des Turcs et des pirates barbaresques sur l’emplacement d’un nuraghe et d’une tour punique. Ses blocs de grès proviennent des monuments antiques de Tharros. Dans la 2ème moitié du 19ème siècle elle reprit du service contre les contrebandiers.
Baignade au pied de Tharros
la plage avec les vagues
Au pied du Cap San Marco, les plages sont nombreuses. On peut choisir entre les eaux agitées du côté de la mer et celles plus calmes du côté de la lagune ou marcher sur le cap pour trouver de petites criques.la belle plage entre le parking et le site est animée. Parasols multicolores et vagues. De la tour espagnole j’ai vu des gens se baigner dans une eau turquoise limpide dans un petit creux entre la vieille tour et le site, tranquille comme une piscine, claire…
C’est près de la marina, protégée par une ligne de bouées rouge et blanches que je me baignerai. Le fond est un peu vaseux mais l’eau reste claire.
San Salvatore
San Salvatore, village fantôme?
A l’écart de la route, accessible par une route de terre, se trouve le village de San Salvatore. Nous arrivons sur une grande place rectangulaire avec 4 acacias à moitié morts décharnés. Deux petits oliviers et de minuscules maisons basses la bordent. Une porte, une fenêtre, un toit de tuiles romaines. Devant chaque maisonnette, un banc, parfois un bloc de basalte, parfois une dalle sur deux pieds de pierre. L’église est minuscule. Le porche donne de l’autre côté, porche tout simple un toit à double pente repose sur des piliers carrés, un gros acacia bien vert le précède.
l’olivier
Cette place a un aspect étrange, désolé. J’en ai découvert la raison dans le Guide Vert : les maisons ne sont pas habitées sauf à l’occasion de la Fête du saint pendant neuf jours. Ces fêtes sont racontées dans le livre de Grazia Deleddale Vent dans les Roseaux. Cette place déserte me rappelle aussi en Andalousie El Rocio dans la Donana, encore un e zone humide avec le pèlerinage des gitans. Le guide raconte la Course des Déchaussés : vêtus de tuniques blanches et pieds nus, une centaine de jeunes gens courent entre Cabras et San Salvator : procession rappelant une attaque des Sarrazins en 1619.
Nous avons découvert l’hypogée de San Salvatore dans l’audiovisuel du Musée d’Oristano le présentant comme un exemple de syncrétisme religieux ; j’y verrais plutôt un palimpseste.
Aux origines, un puits sacré nuraghe, ensuite un sanctuaire phénicien. Pour les Puniques, il était dédié à Sid – dieu guerrier – pour les romains, à Asclépios. Les graffitis de la crypte ajoutent à l’étrangeté. Mars et Vénus y sont représentés de façon très sophistiquée tandis qu’Hercule semble avoir été dessiné par un enfant. Les bateaux sont aussi schématisés. Une inscription en arabe est encore plus énigmatique.
Le caractère rural et très simple de l’église qui surmonte la crypte ne laisse pas imaginer tant de mystères.
Une demi-journée ne suffira pas pour visiter le Sinis où est situé les site de Tharros .
19km entre Oristano et le Cap San Marco. A l’entrée de Cabras, dans un jardin public ombragé nous pique-niquons notre menu gastronomique composé d’ailes de poulet mexicains et d’aubergines à la parmesane.
La campagne est très plate des champs de maïs alternent avec des champs de blé moissonnés où de grande roues de paille jonchent les chaumes. L’eau est très présente : canaux, lacs lagunes se confondent avec la mer toute proche et l’estuaire du petit fleuve Tirso que l’on ne peut certes pas comparer avec le Pô ou le Danube. Nous aimons bien ces zones humides.
Le site de Tharros au Cap San Marco est très fréquenté. Aujourd’hui, dimanche, les parkings sont pleins. Peut être les gens sont tout simplement venus à la plage : il y en a une belle face à la mer avec de jolies vagues et une autre protégée côté intérieur avec des eaux plus calme. Un petit train touristique va jusqu’au cap, permettant d’atteindre le site archéologique.
Le billet combinativo 9€ donne accès au site, à la tour Espagnole et au Musée de Cabras.
Rue romaine dallée de basalte
Le site s’étend à flanc de colline. Le port phénicien puis romain est maintenant immergé. De gracieux voiliers permettent d’imaginer les navires antiques. Les structures les plus reconnaissables sont les grandes rues dallées de basalte recouvrant les égouts et les adductions d’eau. L’aqueduc ne figure pas dans les éléments visitables. En revanche la première construction que nous abordons est le château d’eau, une vaste citerne, grand bâtiment sans ouverture soigneusement maçonné. Juste en dessous se trouve l’établissement des thermes. Les thermes (il y en a 3) sont facilement reconnaissables construits de brique ou de petits moellons avec les hypocaustes. Les panneaux évoquent. Sur les panneaux on parle de mosaïques que je n’ai pas vues.
Thermes
Dans un creux se trouverait le forum avec des temples ( je ne les aurais jamais trouvé moi-même). Le plan romain facilement lisibles dans d’autres sites romains est confus, Les Romains ont bâti sur une ville punique déjà bien urbanisée et le terrain est loin d’être plat. Le cardo maximum et le décumanus font une sorte de fourchette et non pas un angle droit. Les maisons ont gardé le plan punique, je ne vois ni atrium ni peristyle.
Seules, deux belles colonnes blanches à chapiteaux corinthiens tiennent debout. C’est le sujet les plus photographié. Trois touristes posent. Monsieur en Apollon, puis en discobole. Madame et fiston photographient. Monsieur regarde le résultat puis reprend la pose. Perfectionniste, il re-regarde, re-modifie la gestuelle. Cela dure et ..dure tandis que D essaie elle aussi de faire sa photo. Excédée, je les apostrophe : « cela va encore durer longtemps ces singeries ! » . Ils le prennent très mal – je n’ai pas été très diplomate
Un peu à l’écart, en hauteur les cabanes rondes nuragiques sont bien visibles, elles dominaient le port et le marais. On loin, l’emplacement du tophet phénicien et les fortifications romaines.
J’y retrouve la famille Selfie ils m’agonisent de quolibets : « voila la bêtise avec un chapeau rouge ». Ils me donnent rendez-vous à la Tour espagnole. Peu désireuse de les y retrouver et impatiente de me baigner je renonce à cette dernière visite.
San Giovanni di Sinis
Au bas de la colline, près du village composé d’une seule rue de maisons mitoyennes basses, se trouve la très belle église de San Giovanni di Sinis. Avec sa coupole rose, son toit légèrement arrondi, elle ressemble plus à une basilique byzantine qu’à une église romane italienne. Volumes tout en courbes, façade de pierres nues percées seulement d’arcades à l’arrière. Elle est très ancienne. Commencée au 6ème siècle, 10 ou 11ème. A l’intérieur, calme et fraîcheur, des arcades romanes séparent trois nefs verdies par l’humidité. L’autel est fleuri d’agapanthes bleues. Le bénitier est une très belle vasque de pierre.
Retour direct pour profiter de la plage de Torre dei Corsari. Hélas, le drapeau rouge flotte comme hier. Il faudra me contenter d’une promenade le long de la plage. De jeunes téméraires jouent dans les vagues, les surfeurs laissent la planche sur le sable.
Pour terminer cette belle journée nous assistons à un lever de lune spectaculaire au dessus des maisons qui couronnent la colline.
Le pont sur la lagune fait gagner une vingtaine de km. On le prend malgré la circulation chargée : samedi, tout le monde va à la mer. En repliant les rétroviseurs, en serrant bien le bord deux voitures peuvent se croiser. On découvre le moyen électronique de faire replier les rétros !
Oristano ne compte que 30.000 habitants mais c’est la capitale de sa province et elle a toutes els caractéristiques d’une ville moderne : des industries et des zones commerciales, Leclerc…Nous garons la voiture devant l’archevêché et la cathédrale Santa Maria Assunta. Le clocher octogonal (15ème s.) est élégant coiffé d’un bulbe de tuiles vernissées et décoré d’une frise de masques. Construite en 1228 vous la volonté du Juge Mariano, le remaniement au 17ème siècle fit disparaître le style gothique. L’intérieur est baroque ou néo-classique peint (je n’aime pas beaucoup). Je rate la chapelle Remedio gothique cachée par un échafaudage.
Evêché
Le grand bâtiment austère de l’Archevéché en pierres brunes est orné d’un escalier et d’un portail ciselé en trachyte gris qui tranche avec la façade sobre.
Devant l’Hôtel de Ville jaune aux stucs blancs, sur la Piazza Eleonora, se dresse sur un haut piédestal la statue d’Eleonora Arborea.
Née en 1340 elle épousa le Gènois Brancaleon Doria et fut la Giudicea d’Arborea de 1383 à 1404. Elle s’opposa aux Espagnols et inspira la Carta di Logu code de lois particulièrement avancé pour l’époque reconnaissant des droits aux serfs et dans le droit des femmes. Ce code resta en vigueur en Sardaigne jusqu’en 1817.
Le Corso Umberto est désert ce dimanche d’été et de nombreuses boutiques sont fermées.
La Tour de Mariano II édifiée par des maîtres d’œuvre toscans au 13ème siècle est un vestige visible du mur d’enceinte de la ville médiévale (avec une autre tour que nous n’avons pas trouvée). Cette haute tour carrée est creuse, évidée du côté de la ville close ce qui lui donne une silhouette étonnante.
Le Musée Historique – Antiquarium Arborense est situé dans le Palazzo Parpeglia 18ème siècle. Nous y sommes très bien accueillies : la dame nous fait la visite guidée en français, nous signalant les plus belles pièces des vitrines. Pointes de flèches en obsidienne préhistoriques. Poteries nuragiques entassées dans la vitrine suivante, les cruches entassées en liaison peut être avec le culte de l’eau et les puits sacrés. Dans une troisième vitrine, nous trouvons les moules pour couler le bronze : les forgerons nuragiques excellaient dans le travail du bronze. Je retrouve les mêmes moules découverts à Irgoli ainsi que les pintaderas – moules pour décorer le pain.
Aux murs une série de panneaux raconte les rites phéniciens : les sacrifices d’enfants en bas-âge au Tophet « la ville qui dévore ses enfants ». Souvenir de Sicile de Motzia où des restes d’enfants en bas-âge avaient été retrouvés mais l’hypothèse de sacrifices humain n’avait été retenue que comme une hypothèse parmi d’autres, la mort naturelle était aussi plausible ; la mortalité infantile à cette époque était énorme.
Bijoux phéniciens ou punique ? J’ai déjà oublié.
Certaines pièces de céramique sont extraordinaires comme ce masque punique d’homme aux dents écartées au faciès terrifiant, ce vase en forme de petit cheval portant lui-même un vase, ce récipient figurant un couple accoudé ressemblant étrangement à une urne étrusque vue à Volterra. Notre guide souligne que des échanges avaient bien lieu entre Sardaigne et Etrusques.
Une vitrine est consacrée aux écritures : phénicienne, grecque, romaine, étrusque et hébraïque. On peut retrouver en Sardaigne toutes ces graphies. Une inscription paléochrétienne porte des gravures, un bateau, une colombe une sorte de croix. Une autre est amusante : deux phallus et sous-titré qu’il y en a un troisième, celui qui lit, version romaine, plutôt vulgaire de « celui qui le lit qui y est … »
A l’étage, une salle abrite une maquette de la ville médiévale au 13ème ou 14ème siècle. Aux murs sont accrochées de très belles peintures : un beau saint Martin d’un peintre catalan provenant d’un retable et le martyre des franciscains portant chacun un poignard qui à sa gorge, qui à sa poitrine.
Une salle est consacrée à Tharros : maquette de la ville romaine à l’époque impériale avec son port, son amphithéâtre, l’aqueduc. Les objets provenant de ce site : armes romaines et carthaginoises, projectiles romains, boulets de pierre et même balles de céramiques moulées pour de grandes frondes.
Enfin, on nous projette un très bel audiovisuel sur écrans. Mosaïque de toutes les curiosités des environs d’Oristano. Techniquement ce montage est un chef d’œuvre du genre. Pratiquement : il nous fait découvrir des sites naturels ou des églises négligés par nos guides. On fixe de nouveaux buts de promenade.
Nous n’avons pas pu renoncer à la baignade du matin. C’est vraiment un moment privilégié : il n’y a personne dans l’eau sauf les pêcheurs sur leurs embarcations à rames. L’eau est lisse complètement transparente. Avec le masque, nager prend un nouvel intérêt. Chaque jour, je découvre une nouvelle variété de poissons, de nouvelles couleurs, de nouvelles rayures. Ils sont paisibles, broutent le fond de l’eau. Dominique me montre comment observer en s’accrochant à un rocher. J’ai l’impression d’être tombée à l’intérieur de l’aquarium : abondance de vie insoupçonnée. Le rocher est tapissé d’anémones de mer au contact bizarre quand je les frôle. Les poissons sont très nombreux. L’un d’eux a des couleurs très vives : vert, orange, jaune. J’ai pris de l’assurance avec le masque. J’économise mes gestes. Je flotte entre deux eaux, quasiment immobile .C’est très reposant.
Théâtre d’Epidaure
Théâtre d’Epidaure
Pour arriver à Epidaure, le matin nous avons le soleil dans les yeux. La route était plus belle vendredi soir ; le parking est déjà occupé par de nombreux cars quand nous arrivons. Nous suivons donc un groupe francophone dans le théâtre. La guide dessine sur le sable des triangles isocèles pour expliquer les calculs d’acoustique des architectes. Il y a 12000 places ? Démonstration : le bruit d’un papier froissé, d’une pièce, s’entend du haut des gradins. Puis elle donne rendez-vous à ses ouailles 10 minutes plus tard dans le car. Nous sommes délivrées des groupes dès que nous dépassons le musée
Restauration de la Tholos
Le travail des archéologues ou des tailleurs de pierre : anastylose.
Le site d’Epidaure fait l’objet de restaurations importantes. Plusieurs équipes d’archéologues, des tailleurs de pierre, des maçons, des terrassiers travaillent à remonter la Tholos, rotonde très curieuse figurant au sol une sorte de labyrinthe avec plusieurs cercles de colonnes et de murs . Les colonnes ont disparu mais on remonte les murs avec les blocs pris sur le site. Comme il manque de nombreuses pièces, des artisans façonnent de nouveaux blocs dans lesquels s’imbriquent les vestiges retrouvés. On utilise les techniques en vigueur au IV° siècle, les burins, coins marteaux et les matériaux trouvés sur place : du calcaire rose très dur. Bien sûr il manque la patine, mais c’est un des principes de la restauration : on doit pouvoir faire la différence entre l’authentique vestige et ce qui a été rajouté, sans que l’oeil ne soit choqué, la restauration doit rester visible.
Le calme et la paix qui avaient tant impressionné Miller sont troublées par tous ces travaux, les bruits des pelles, des marteaux, des chaînes et des poulies. Mais c’est un joyeux bruit. C’est fascinant de voir les archéologues, plans et calques en main, retrouver l’emplacement précis d’un tout petit bloc tout cassé qu’on aura enserré dans un gros parallélépipède de calcaire frais dans lequel on a sculpté un vide. Et tout s’encastre. De grosses mâchoires en fer suspendues à des chaînes ne doivent pas différer beaucoup des engins de levage antiques. Seule concession au modernisme : un pont roulant permet d’aligner les gros blocs. Peut être existait il aussi ?
Pèlerins d’Asclépios
Nous ne croiserons que trois personnes sur la grande place. Nous prenons notre temps pour lire que les serpents d’Asclépios étaient gardés dans la petite Tholos. Nous retrouvons les thermes grâce au système de canalisation des eaux et aux rigoles d’évacuation des eaux. Les abatons sont étonnants : ce sont les dortoirs où étaient logés les pèlerins d’Asclépios. Après avoir été purifiés et avoir jeûné ils dormaient là et faisaient des rêves qu’ils faisaient interpréter par les prêtres d’Asclépios. Ici ce n’était pas Lourdes, mis plutôt Freud. . L’endroit paraît très indiqué pour envoyer une carte à Roberte.
Bois sacré
Nous trouvons la Voie Sacrée et les Propylées à l’entrée du sanctuaire. Le charme d’Epidaure, c’est son site boisé. Dès l’Antiquité, il y avait un Bois Sacré. Nous nous trouvons à l’ombre de très grands pins qui embaument. Dans les zones très visitées on a planté des rangées de lauriers roses, magnifiques très touffus, j’avais oublié leur parfum. Quand la chaleur est intense, les vapeurs exhalées par les pins, les cyprès, les lauriers roses épaississent l’air d’un parfum presque suffoquant. Je retrouve ici les odeurs d’Israël. Des images très nettes surgissent un court instant. Peut être est ce aussi une des magies d’Epidaure que de faire émerger des rêves ou des images de l’inconscient ? Pour moi, point de sommeil à l’abaton, il suffit les senteurs.
Pour le pique-nique, nous avions repéré à l’aller une petite chapelle blanche au dessus d’un village. Nous la retrouvons assez facilement. Une piste sablée très raide mais en bon état. Je suis un peu déçue parce que la « vieille chapelle » est toute neuve et que les tuiles rouges qui couvriront la coupole blanche ne sont pas encore posées mais sont empilées à proximité. Pour ce qui est de déjeuner, l’endroit est idéal, la vue est dégagée. Il y a longue table et des bancs, un robinet et de l’eau fraîche. De notre perchoir nous voyons encore des ruines d’une cité mycénienne, nous observons les cigales.
D me rejoint pendant ma baignade matinale, la plus belle de la journée. L’eau est calme, transparente, je nage beaucoup plus facilement sur de longues distances. Avec le masque le spectacle s’anime, les poissons ne semblent pas dérangés par notre présence.
Tirynthe
Murs cyclopéens de Tyrinthe
Tirynthe n’est distante de Nauplie que de 5 km. A l’entrée de la ville nous nous égarons et visitons la campagne : rencontre inopinée de deux paysans juchés sur leurs ânes qui rentrent des champs . Nous demandons notre chemin : on nous expédie à Néa Tirynthe petite bourgade tranquille dépourvue de toute antiquité. Il aurait fallu demander l’Acropole. En revanche nous découvrons une tombe mycénienne à tholos cachée dans une orangeraie. Cela fait penser à un Dolmen avec allée couverte de grosses dalles verticales, une coupole conique recouverte par un tumulus. Au centre une grosse table circulaire creusée (un autel ? un meuble ?).
tombe mycénienne à tholos
Acropole d’Argos
L’Acropole est visible de la route principale de Nauplie à Argos.
Notre carte de prof nous donne l’entrée gratuite . Nous montons une large rampe entre des murs cyclopéen. L’entrée est marquée par deux piliers, dans le mur d’enceinte une cavité triangulaire forme une sorte de guérite. Nous trouvons les Propylées, le Mégaron du Palais Royal et les salles de bain revêtues de dalles très lisses et d’un système d’écoulement des eaux .Vue de la route, avec ses murailles de gros blocs et ses ouvertures triangulaires, la citadelle est spectaculaire.
Théâtre d’Argos
Argos est une ville assez importante, nous ne nous arrêtons qu’au site archéologique. Ici aussi, le professorat est reconnu et l’entrée est encore gratuite.
Du théâtre, très haut, il ne reste qu’une étroite partie de l’hémicycle, la forêt a colonisé les bords. Juste à côté un grand mur en brique appartient à des thermes romains ainsi que de belles colonnes de marbre vert ou blanc gisant à terre ;, des chapiteaux corinthiens , le parement de marbre u sol et des mur témoignent du luxe de ces thermes.
C’est étrange de penser à l’énorme bond dans le temps que nous venons d’accomplir entre la période mycénienne (1600 ans av JC) et la période romaine tardive 2000 ans se sont écoulés. De plus les Byzantins ont rénové ces thermes après les grandes invasions. Et tout se mélange dans le concept fourre-tout de l’Antiquité !
Après midi à Tolo
Nous sommes de retour à Tolo vers midi pour une baignade rafraîchissante puis nous déjeunons sur la terrasse. J’ai repris de la salade grecque mais Dominique a remplacé le poisson par des calamars moins dispendieux. L’après midi s’écoule entre baignade et sieste.
Nauplie au coucher du soleil
Nous arrivons à la forteresse Palamède qui domine Nauplie sous le soleil déclinant à 18h45. L’horaire de fermeture a été avancé et nous devons renoncer à cette visite.
Nous nous promenons le long de la mer derrière la citadelle près d’une plage tranquille longeant les rochers sur une piste bordée de lauriers roses. L’eau est d’un bleu profond, malheureusement inaccessible.
Au coucher du soleil, nous observons le retour des bateaux puis retournons en ville, achetons un gyropita une omelette du tzatziki et une coûteuse salade verte coupée en fines lanières et assaisonnée d’aneth. C’est très frais, la salade ici est un luxe exotique, on se contentera de concombres et de tomates !
Nous dînons sur le quai du port de commerce. La ville toute illuminée se reflète dans la mer. Le fort Palamède fait une couronne éclairée à Nauplie. Des pêcheurs partent en mer sur de petites embarcations, il fait bon.
Le Musée est installé dans une très belle bâtisse de pierre encadré par deux tourelles coiffées d’un bulbe vert et précédé d’une arche orientale ; Un compromis entre un château écossais et un poste militaire turc.
Je suis très bien accueillie (3levas adulte/1leva/pensionnaire). Je suis la seule visiteuse. Une dame m’escorte.
Au rez de chaussée : salles d’archéologie. Des citations d’Hérodote gravées de lettres dorées ornent les murs (en Bulgare). Les vitrines sont bien disposées mais le contenu un peu décevant. Beau coup de Préhistoire (la Préhistoire m’ennuie).
6ème millénaire : jolies figurines, une svastika en néphrite, des idoles en os poli.
Plus récentes: petites figurines de bronze Apollon, Dionysos, Orphée.
Je suis venue dans un but précis : en apprendre plus sur Perperikon et Tatoul. Je suis déçue. Les objets présentés sont insignifiant pour la profane que je suis. Seul un fragment de Linéaire A crétois me frappe.
La plupart des objets venant de Perperikon sont d’époque médiévale, et encore une fois sans explications.
La section Minéralogie qui occupe la moitié du premier étage est une excellente surprise. La région de Karjadjali est riche en minéraux intéressants grâce à son volcanisme. Des géodes d’agates proviennent de Perperikon. Dans une autre vitrine du talc, zéolite, Asbest. De très beaux cristaux sont exposés dans d’autres vitrines ; j’ai du mal à deviner les provenances. Ecrits en cyrillique, le nom des minéraux est facile à deviner (cela ne change guère) mais déchiffrer une origine géographique est une autre question.
Les collections ethnographiques sont très bien mises en valeur. Je passe rapidement devfant le matériel agricole que nous avons vu maintes fois, charrues, jougs…L’exploitation du tabac est très bien mise en scène. Les costumes sont très colorés, accompagnés de photos. Curieuse exposition de gâteaux ou de pains décorés très curieux : pains de mariage, pains des bergers avec des fruits secs, pains de la Saint George avec l’œuf rouge comme à Pâques….
Noces de Pierres
Nous suivons le panneau marron Kamena statba. Les invités d’une noce auraient été changés en pierre pour punir la mère du marié d’avoir jalousé la beauté de la nouvelle épousée. Ce sont de curieuses colonnes de pierre. Dans cette région, les « champignons de pierre » sont fréquents. L’un d’eux « le ventre de pierre » évoquerait un sexe féminin, d’autres des phallus. On dit que les anciens parlaient à propos de ces pierres de « lieux de perdition des Thraces ». Des débauches païennes s’y seraient déroulées, en rapport avec le culte d’Orphée ?
Retour vers 15h à l’hôtel où nous passons toute l’après midi à la piscine ;
La direction nous a confisquée la grande table devant notre chambre où j’avais commandé, sur la recommandation du « Guide de Survie » de Balkania, un patatnik, et D. des boulettes de veau aux épinards et à la crème. Le patatnik s’est avéré bourratif quoique parfumé à la menthe. Les boulettes étaient excellentes avec du fromage fondu et des épinards crus. Ce soir, il faut descendre sur les grandes tables et le voisinage des enfants de la colonie de vacances ne nous enchante guère. Polis mais bruyants. Ce soir, j’essaie les poivrons rouges farcis au fromage. La face est tout simplement une épaisse tranche de siréné (fromage bulgare ressemblant à la féta) le tout est cuit en beignet.