Eleftherna

CARNET CRETOIS

Eleftherna  est un vaste site archéologique à une dizaine de kilomètre au nord est du monastère d’Arkadi.

Nos guides sont muets. Heureusement les autorités crétoises ont posé des panneaux et des cartes. Il faut dépasser Archéo-Eleftherna où les fouilles sont fléchées. On gare la voiture derrière une grande taverne (fermée hors saison) : un plan montre une quinzaine de points d’intérêt : citernes, latomies, puits mais aussi une nécropole bien visible dans le paysage grâce à d’énormes voûtes métalliques protégeant les tombes, deux sites : Katsivelos et Orthi-Petra.

Eleftherna porta successivement les noms de Satra, Saoros, Aeros, Appolonia.

Les fouilles ont mis à jour des vestiges allant de l’âge de bronze (10ème à 7ème av JC) d’époque Hellénistique et même d’époque Romaine  et des restes des Premiers  Chrétiens. Au musée archéologique de Rethymnon une très belle statue venait d’Eleftherna.

 

 

 

 

 

Un sentier balisé (gros points rouges) conduits aux points d’intérêt ; marchant sur la roche nue, je découvre d’abord une tour (pas d’indication chronologique), le sentier descend ensuite dans le vallon et se confond avec le GR E4, sentier Européen, (balisage jaune et noir) qui est en balcon.

Citerne ou latomies?

Sur le bord du sentier se trouvent les citernes (anciennes latomies ?). Pour arriver à la nécropole je quitte le sentier européen et suis les points rouges par des marches de bois. J’atteins le site de Katsivelos : murs épais, colonnes (mais je ne comprends rien). Autant les cheminements sont bien entretenus, autant les explications sont totalement absentes. Il faut beaucoup descendre  pour arriver à un grillage fermé qui protège les tombes. Les toits arrondis visibles de la route sont immenses. Le site est bien aménagé avec des escaliers métalliques, une route asphaltée y conduit. Impossible d’entrer.

site de Katsivelos

Le temps se gâte, il me faut remonter avant la pluie. J’ai quelques appréhensions : et si je ne retrouvais pas les marques rouges ? En remontant je découvre un autre parcours qui mène dans l’autre vallée à l’ancienne ville. Quelques gouttes tombent.

 

Une route goudronnée conduit à des propylées modernes de briques : tonnelles, bancs de bois, billetterie et toilettes (fermé) Le portail est ouvert mais les fouilles sont grillagées. De bancs sont installés à l’aplomb : on peut ainsi voir d’en haut. Il ne manque que les explications.

la ville antique

Nous avons approché les traces des anciens Crétois mais je n’ai pas été capable de les interroger !

 

 

 

 

 

Le ciel est bas, les nuages cachent les sommets.

Le village de Margaritas est spécialisé dans la céramique : de nombreux ateliers et magasins proposent toutes sortes de marchandises du pithoï antique où on peut élever un citronnier, au coquillage stylisé à suspendre au mur, en passant par les photophores d’argile brute aux découpes en triangle ou par les bougeoirs-fleurs vernissés.  Les couleurs des émaux sont assez criardes et vulgaires. Je préfère l’argile nue. Autour de cet artisanat, des tavernes et Rooms to Let.

Juste après Margaritas une tholos minoenne à 300m (appréciation crétoise manquant de précision). Empruntant une piste interminable, nous finissons par trouver la fouille : une tranchée droite soutenue par des poutrelles métalliques. Encore une fois notre poursuite des anciens crétois ne sera pas très parlante.

L’ancienne route traverse des contrées boisées et des oliveraies et rejoint la côte à Stavromenos. Maisons à louer, hôtels font une barrière bétonnée cachant la mer ? Il faut s’engager dans une ruelle au dernier moment pour espérer l’approcher ; première tentative à Stavromenos : taverne fermée en bord de rivière, pas de plage, les vagues battent les rochers. Deuxième un pue plus loin, un beau parking, un café de plage mais gardé par des chiens effrayants. Troisième tentative : un restaurant, des installations de plage qui ne s’envolent même pas dans la tempête : quasi-miracle !Je m’élance sur le sable qu’on croirait tamisé mais je garde mes sandales ; il fait froid, les grandes vagues interdisent qu’on s’approche de l’eau. Le vent soulève le sable mais aussi des morceaux de bois, des coquilles et me fouette les jambes. Encore une fois, une rivière barre le passage. Pas envie de renouveler l’expérience du passage à gué ! Je rentre après un petit quart d’heure.

Rethymnon : musée archéologique

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sarcophage minoen

En face de l’entrée du Fort se trouve le Musée Archéologique :

Les objets proviennent du Nome de Rethymnon. Une carte situe les fouilles : il y e a partout. Certains objets sont préhistoriques : silex, os sculptés, minoens,  mais d’autres beaucoup plus récents sont hellénistiques ou d’époque romaine.  Les sarcophages minoens en terre cuite sont décorés d’animaux : bovins, cerfs et présente aussi des figures humaines stylisés.

sarcophage :motifs animaliers

Un plasticien a eu l’idée de faire travailler des enfants sur les thèmes minoens et de disperser les productions enfantines dans les vitrines en écho aux objets antiques, au milieu des sculptures. Le résultat est tout à fait réussi, coloré, rafraîchissant. Les enfants ont aussi utilisé les sceaux et les pièces pour créer avec les empreintes  ou des photos agrandies des bijoux. Des figurines en plâtre sont déposées sur un échiquier, on les a reliée par un fil de laine rouge formant un labyrinthe ; l’allusion au fil d’Ariane est immédiate.

Villages en montagne, Thronos byzantine Syvritis antique

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Pandanassa, est un village perché où 4 kafénéios se répartissent de part et d’autre de la route. L’un d’eux se pare du titre de supermarché mais ne vend rien de particulier.

A Apostoli,  un panneau indique une église byzantine. Nous engageons bien imprudemment la voiture dans une rue étroite bordée de maisons blanches où les habitants ont laissé leur véhicule devant leur porte transformant le passage en slalom périlleux. (Cela fait des années que nous savons qu’il ne faut jamais entrer en voiture dans ce genre de rue mais nous oublions régulièrement la leçon). Toujours pas d’église byzantine. La plus jolie église minuscule se trouve au cimetière de l’autre côté de la route.

En bas d’Apostoli, à Agia Fotini de trouve une église moderne énorme, un centre de soin, des commerces, dont un supermarché est  ouvert aujourd’hui, lundi de Pâques. Nous y achetons du jambon de dinde, du pain en tranches et des yaourts, menu très ordinaire et peu grec ! Nous le mangeons à la sortie de Gena, minuscule hameau, derrière une chapelle blanche.

Thronos

A Thronos, nous sommes attendues : la patronne du café se tient devant sa porte et propose d’ouvrir l’église. Les voisins guident la manœuvre pour garer la voiture. La Panaghia de Thronos est une église du 11ème siècle, très simple ce l’extérieur : le linteau porte les armes de la famille Kallogeri (le village de Kallogero est voisin). A  l’intérieur, des fresques 13 et 14ème . La dame embrasse la Vierge peinte en se collant au mur, puis elle me laisse admirer les saints. Une peinture est un peu étrange : le Christ est debout dans une mandorle d’où sortent 5 bâtons pointus transperçant les saints, l’un d’eux est même à terre, accroché par son manteau. Je n’ai vu cette scène nulle part.

Après la visite, je commande un café grec. La dame va et vient derrière son comptoir et apporte un plateau avec deux cafés, deux verres d’eau du fromage blanc un peu sec et deux biscuits, sorte de biscotte au goût d’anis. Au café trois clients discutent sans prêter attention à moi. Ils ont ramassé des asperges vertes sauvages.

Sivrytis

Le site minoen de Sivrytos occupe toute l’acropole de la colline de Kefala.  Sivrytos dominait deux vallées, capitale de la Crète de l’Ouest, citée dans les tablettes de Cnosssos.

La grimpette se fait sur un bon sentier fleuri alternant passages raides et faux plats. Le site est fermé, le portail tient par un fil électrique à peine noué. Les vestiges sont dispersés sur un vaste plateau : des murs de pierre subsistent encore, les bâtiments sont identifiés par des numéros ce qui ne facilite pas l’interprétation des profanes. Les ophrys roses font de belles taches colorées. Le Psiloritis semble à portée de main. Encore une belle promenade !

A Kalogéro, , il faudrait demander (selon nos guides) la clé de la chapelle Agios Yoannis à 30 mn de marche. A qui ? au kafénéio ? Il se fait tard et temps de rentrer ;

La route du retour passe de l’autre côté du barrage de Potami, elle est sauvage, dominant un canyon. Partout on a installé des ruches. Existe-t-il du miel d’ »ajonc ? Un bel oiseau au plumage métallique bleu vert se pose sur un rocher.

Un détour par la plage nous tente. Ce n’est pas facile d’y accéder. Des hôtels immenses barrent les accès. Le vent hérisse la mer de crêtes blanches et soulève le sable qui cingle. De gros galets bordent la plage. Je ne peux pas faire ma promenade habituelle les pieds dans l’eau. Une petite rivière barre la plage, je crois pouvoir la passe d’un bond à un passage étroit. Erreur ! Là où c’est étroit c’est aussi assez profond. La rive cède sous mon poids et je me retrouve complètement trempée. Heureusement avec le soleil et le grand vent mes habits sèchent en moins d’une heure.

Patsos et Grotte Saint Antoine

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la Grotte de saint Antoine

De Patsos, une randonnée longe le ruisseau passant par la Grotte Saint Antoine (Andonios spilia) et aboutit au lac de Potami. J’aimerais bien faire cette promenade à condition qu’elle soit balisée.

Nous laissons la voiture à côté de la belle taverne Drimos (signalée dans toute la région) Un petit âne bâté est attaché. C’est le seul que nous verrons des vacances, il y a encore 13 ans nous en croisions partout. Il semble que les paysans crétois soient passés directement de l’âne,  au gros 4×4 noir. Le plan est affiché sans échelle, ni indication de temps ou de distance. Je renonce donc à me lancer dans l’inconnu et ferai un aller retour 35minutes en descente, ce qu’il faudra pour remonter.

petit âne crétois

Le début du parcours est tout à fait soigné : barrières de bois,  sol cimenté jusqu’à la Grotte. Vénérée depuis le temps des Minoens où les cultes sylvestres des sources étaient fréquents, ce fut un sanctuaire d’Hermès à l’époque romaine. Quelques mètres plus loin, se trouve l’autel soigneusement badigeonné à la chaux et l’icône de Saint Antoine accueille les pèlerins. Des béquilles sont entassées contre les murs, de nombreux ex-voto sont suspendus. Il semble que cette grotte soit miraculeuse. Un peu plus loin, un sentier grimpe, les marches ont été taillées, l’ascension est raide mais facile, on parvient à une plateforme : observatoire d’où on n’observe rien de particulier tant la falaise est proche. Montée inutile. Le sentier s’insinue dans les gorges, plus de ciment ni de barrière mais un parcours bien tracé.

Des rondins de bois matérialisent des marches ; les premières sont d’une hauteur raisonnable. Il faut cependant être vigilant : le calcaire est très glissant, presque du marbre et le sentier, étroit. A mesure que l’on descend, les cailloux dégringolent, les rondins n’assurent plus grand-chose. Une marche fait un mètre de dénivelé. Quand bien même j’arriverais à la descendre, comment la remonter ? Seule, ce n’est pas bien prudent, à plusieurs on s’assure. Je rebrousse chemin à regret, il ne reste que quelques mètres pour atteindre une passerelle sur le ruisseau et peut être un meilleur sentier. Au retour, je consulte la carte sans échelle ni distance et découvre qu’il existe deux sentiers un sur chaque rive pour aboutir à a passerelle. Je regrette d’avoir abandonné si près, j’aurais trouvé le chemin du bas et il aurait été inutile de remonter les marches ! Le sentier du bas est aussi mieux balisé avec des points verts fluo indiquant les passages.  D’est désormais trop tard, tant pis ! La promenade très fraîche animée par le vol des hirondelles brunes nichant dans la falaise fut très agréable.

Dimanche de Pâques à Tilissos, villas minoennes et agneau à la broche

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Tylissos vue d'Arolithos

Les oiseaux me réveillent par un magnifique soleil.

Je paresse au lit avec le livre sur Cnossos/ DÉCOUVERTES GALLIMARD qui est passionnant.

Dès que j’ouvre la porte, je suis  éblouie. La neige brille sur les sommets proches. Les couleurs sont ravivées. Nous avons envie de recommencer toutes les photos d’Arolithos prises hier. Je dessine la place triangulaire du petit kafénéion : 4 ou 5 tables métalliques, des chaises de bois, une jolie enseigne. De la place descendent deux rues bordes de grosses jarres crétoises renfermant un hortensia, un aloès ou des géraniums. Les maisons sont toutes différentes et les jardins fleuris. A une porte sommeillent 4 chats. Un sac de pommes de terre entre-ouvert me fait imaginer qu’habite là une vieille dame en noir ….Le four à pain fume abondamment. On y cuira l’agneau pascal.

 

M. Michelis, à la réception nous prévient que tout sera fermé avec les Pâques Grecques. Ils n’ouvriront pas leur petit musée…On part quand même pour Tylissos distant de 4 kilomètres, passant devant des usines modernes – agroalimentaires et bâtiment – le village st animé et moderne. Aucune indication du site archéologique. A la sortie du village, dans une voiture, un homme avec un fort accent américain propose de nous aider, le suivre et tourner à droite puis à gauche dans des rues étroites bordées de maisons. Le site est cadenassé. Une dame en noir qui balaie la rue confirme : il n’ouvrira pas. Il se voit très bien de la rue : les fouilles ont dégagé trois grandes villas. On n’y comprend rien. Les Minoens, beaucoup plus anciens que les Romains ou les Grecs auxquels nous sommes habituées, bâtissaient de gypse ou de pierre friable. Difficile d’identifier quoi que ce soit. Si  le site avait été ouvert, cela n’aurait rien changé, il n’y  a aucun panneau explicatif. A moins de venir en compagnie d’un archéologue…

C’est plus intéressant de regarder 3 demi-agneaux grillant le long du grillage.

la fontaine de Tylissos

Plutôt que de faire demi-tour dans les rues étroites, nous préférons continuer la route dans l’ancien village et découvrons une place ombragée avec 3 cafés occupés par de vieux Crétois bien typiques, vêtus de noir aux épais cheveux blancs, sourcils broussailleux, chapelet d’ambre, très photogéniques. La fontaine turque en calcaire ciselé me donne le prétexte d’un film. Je photographie la fontaine, passe en vidéo et fais un travelling sur les cafés et les consommateurs.

A la sortie du village la route continue dans les vignes, descend dans un  vallon, passe devant d’immenses panneaux solaires visibles d’Arolithos. Sur notre carte, aucune indication  de la route. Sans doute, un chemin agricole récemment asphalté ?

.La route tortille vers la montagne et aboutit à Kamari. Fin de la route : cul de sac ! Il faut revenir en arrière, prendre la route d’Heraklion en passant par Karamoutzi. Partout on grille l’agneau sur le bord de la route : ici un magnifique gigot à la broche, là-bas, un lot de côtelettes, un agneau sans les pattes…A Athènes, nous avions vu des grills en aluminium avec un plateau pour les charbons de bois et une broche tournante. Les Crétois font plus simple : allument des sarments de vigne et plantent des ferrailles toutes simples sur le bord de la route. Les hommes surveillent, les femmes balaient.


 

Retour à Cnossos et Dans le Palais de Minos

CARNET CRETOIS

le megaron du roi et la frise des griffons

–          « tu n’as pas renoncé à ton Cnossos ? »

(nous avons visité le site autrefois)

Non ! Je tiens ferme à Cnossos, à ses mythes, au labyrinthe et à Evans !

 

Aujourd’hui, Cnossos est gratuit. Pourquoi ? On l’ignore. Le patron du bar du site ironise :

–           « Nous autres, Grecs, sommes trop riches et n’avons pas besoin de votre argent ! »

Des guides hèlent les visiteurs qui ont fait l’économie du ticket d’entrée (6€). Ils  proposent une visite guidée à 5€.

Les averses intermittentes interdisent une visite systématique avec nos livres que je n’ose pas exposer aux gouttes.

Je préfère lire les nouveaux panneaux qui détaillent les restaurations récentes.  Les archéologues ne peuvent pas protéger le site comme si Evans ne l’avait pas cimenté et bétonné. Les constructions d’Evans font donc partie de Cnossos même si des découvertes postérieures pourraient infirmer les affirmations de l’Anglais.

singe bleu dans les jardins de Cnossos

Nous avions vu les fresques originales au Musée Archéologique d’Héraklion et je n’avais que peu de souvenir des copies ornant le palais. Cette année, le Musée d’Héraklion est fermé. Je redécouvre avec beaucoup de plaisir les tableaux floraux avec les singes bleus, les lys, les griffons …. Deux petites fresques m’ont étonnée : l’une d’elle montre le Palais avec ses couleurs, l’autre trois arbres bleus qui se détachent sur un fond blanc peuplé de toute une foule tandis qu’une grande tache rouge fait une sorte de vague. De dessous de gracieuses danseuses aux toilettes élégantes avec des jupes à volants sont sur un fond bleu. Elles ressemblent à la déesse aux serpents du musée d’Héraklion don je garde un souvenir très vif.

trois arbres bleus Cnossos

Le taureau, Minotaure (?), est très présent.

Dans le Palais de Minos de Nikos Kazantzaki inclus dans le recueil de l’énorme Omnibus (1150p) » La Crète – Les romans du Labyrinthe » qui pèse lourd dans la valise, je lis la description du Mégaron du roi . Kazantzakis a visité le Cnossos d’Evans!

« Le vieux roi était assis sur son trône. C’était un siège en albâtre ciselé avec art, juste fait pour le corps d’un seul homme. De chaque coté se déployaient d’immenses fresques :  au milieu des lys une étrange bête était allongée, une sorte de grand lion dont la crinière était faite e plumes de paon. Il dressait sa queue roulée en volute et tendait vers le trône du roi sa tête pointue. Trois piliers trapus fait en bois de cyprès soutenaient le plafond, rouges avec des chapiteaux noirs »

Dans ce roman je rencontre aussi Thésée et Ariane . Voici la danse d’Ariane peut être inspirée par la petite fresque ci-dessus :

« La danse de l’Homme et du Taureau

Ariane tendit son pied sur les grandes dalles de la cour comme si elle cherchait sur le sol où le poser, comme si, elle tâtait la terre avec précaution pour ne pas tomber. Elle baissait la tette comme le taureau prêt à donner de la corne et par une brusque secousse du corps, elle se mit à danser »

Bien sûr, Icare et Dédale, préparent les ailes qui leur permettront de s’enfuir….

Le rouge et le noir me semblaient les couleurs de Cnossos le bleu éclatant m’étonne.

Mégaron du Roi, Mégaron de la Reine. Je retrouve avec plaisir les Griffons du roi et son trône. Où sont passés les dauphins de la Reine ? Le palais est moins accessible qu’autrefois. Des plaques en plexiglas protègent les murs des intempéries. Je dois me hausser sur la pointe des pieds pour trouver les oursins empilés.

les dauphins du mégaron de la reine

Je déambule dans le Palais, imaginant le labyrinthe, et découvre les magasins et les énormes pithoïs, le théâtre avec ses  gradins à angle droit.  Il est stupéfiant que le gypse, roche soluble, ait traversé plus de trois millénaires. J’observe les figures de dissolution et recristallisation. Les fouilles récentes sont maintenant protégées par des toitures et la pierre est nue, sans ciment.

sur le culte du taureau d’excellents billets de Claudialucia ICI

 

Les pins embaument dans l’air vif.

Pour piqueniquer nous trouverons un magnifique pont près d’Agia Irini enjambe un ruisseau : 5 arches de toutes tailles, deux grandes en ogive superposées (aqueduc) trois petites sur le côté. Un chemin passe sous l’une de ces arche dans la verdure ; nous pique-niquons au bord de l’eau sous un platane dont les feuilles sont nouvellement écloses : feuilletés, yaourt grec et miel ; un menu grec !

 

 

A l’hôtel, je relis Cnossos,  L’Archéologie d’un Rêve d’Alexandre Farnoux dans l’excellente collection DÉCOUVERTES GALLIMARD Le rapprochement entre les figurations des végétaux minoens et ceux de l’Art Nouveau  est très intéressant.  Évidence d’une coïncidence des goûts.

 

 

 

 

Populonia Parc Archéologique tombes Etrusques, sidérurgie

CARNET TOSCAN -CASALE MARITTIMO

Le but de l’excursion est le petit cap rocheux au dessus de Piombino, port d’embarcation pour l’île d’Elbe. Nos voisins y ont découvert une petite crique sympathique.

Faux départ

Faux départ à 8h, nous passons par les supermarchés de Cecina. Je ne retrouve plus mon porte-monnaie. Retour à la villa Poggetto. Tout a l’air de se liguer pour nous gâcher la journée : un écureuil traverse la route sous nos roues, rien à faire, il a dû s’en sortir vivant.
J’ai retrouvé le porte-monnaie. Nous repartons à 8h50.

Via Aurelia

S1Aurélia, 4 voies gratuite.Jusqu’à San Vincenzo,  station balnéaire : dauphins gonflables, serviettes et autres articles de plage s’exposent dans la rue,  résidences, hôtels et campings ont l’air d’être destinés aux Allemands et aux Hollandais.    San Vincenzo est  plutôt coquette, belles villas, végétation luxuriante. Rien à voir avec Cecina Marina (il semble qu’on ne puisse pas imaginer plus laid !). A la sortie de S Vicenzo : une réserve naturelle : le parc Rimigliano : bande de forêt coincée entre la plage et la route longue de 4km. La forêt est très dense : chênes verts et chênes lièges plantés serrés, plus près de la mer des pins parasols tordus par le vent de la mer, leurs ombrelles penchent vers les terres. Certains sont tout tordus.

Parc Archéologique

Le parc Archéologique de Barati e Populonia n’ouvre qu’à 10h. En attendant, je dessine : au premier plan une prairie fauchée, plus loin les énormes rondelles de paille parsèment un champ. L’allée allant du parking au parc est bordée de jeunes pins et de grands lauriers roses sur tige, comme des petits arbres, vraiment magnifiques qui sentent très fort.
Du côté nord : une belle pinède de pins parasols, vers le sud des maisons basses. Plus loin : la mer d’un bleu intense dans une petite baie arrondie. Pas une vague, pas une ride. Fermant la baie : une colline boisée portant une belle maison et une tour carrée.

L’entrée du parc Archéologique est chère (8€ pour une seule visite, 12€ pour l’ensemble).

Les grands tumulus

tumulus étrusque de populonia

Visite guidée  de l’aire des grands tumulus funéraires et des tombes à édicule. J’essaie de résumer ici l’exposé historique: Populonia, cité étrusque, était composée d’une Ville haute, l’Acropole, où se trouvaient ses temples et où habitaient les gens, et d’une Ville Basse avec son port et ses zones industrielles.

Le fer de l’Île d’Elbe

Le parc se situe dans la ville basse. L’industrie étrusque profitait de la richesse en minerais des monts métallifères : étain, cuivre, on y fondait le bronze. Plus tard, l’industrie du fer provenant de l’île d’Elbe s’est développée . Probablement, la sidérurgie avait ravagé les forêts de l’île d’Elbe et la présence de combustible avait favorisé l’installation des fourneaux. Ne pas imaginer un petit artisanat ! Les scories furent tellement abondantes qu’elles ensevelirent la nécropole sous une épaisse couche d’une dizaine de mètres . Après la 1ere guerre mondiale, l’Italie, manquant de fer, on eut l’idée d’exploiter les scories antiques encore  très riches en minerai. C’est cette exploitation qui a remis au jour les restes étrusques dans la seconde moitié du XX ème siècle
Je pense aux Medullas –mines d’or romaines en Espagne – qui avaient bouleversé le paysage.

Tumulus

Le premier tumulus est en très bon état. Son diamètre mesure plus de 20 mètres .Un tambour d’environ 1m de haut en pierre taillée soigneusement la « panchina » trouvée sur place est protégée par un rebord de calcaire beaucoup plus dur en dalles épaisse de moins d’un décimètre. Un trottoir de ces mêmes dalles entoure la tombe. Il s’agit d’une tombe familiale d’une famille très importante. On y a retrouvé un char étrusque en métal. Un couloir de 12m à section carrée d’environ 1m : le dromos conduit à la chambre funéraire. Il faut se plier pour le parcourir. Cette chambre est à plan carré. Elle contient quatre lits funéraires ornés de colonnes gravées. Dans le dromos, trois cavités. C’est là qu’on a retrouvé le char. Ces tombes ont été pillées depuis l’antiquité. Les archéologues y ont retrouvé de rares objets et pratiquement pas de restes humains. Dans un autre tumulus on a retrouvé une passoire pour le vin. Le vin étrusque très épais, très fort, était aromatisé avec des épices, des fruits et du miel ? On le buvait coupé avec de l’eau. Il fallait donc le filtrer avant de le servir .Certaines tombes « à édicule » ressemblent à de petits temples avec fronton toit à double pente. La décoration en terracotta a été retrouvée : des animaux genre dragon figuraient sur le toit.

Les étrusques plus modestes pouvaient être inhumés dans des sarcophages plus classiques. L’un d’eux a été scellé au plomb (tiens un autre métal !)
Les tumulus les plus anciens ont été datés du VIIème ou du Vième, les plus récents du Vème.

J’essaie de faire le lien avec ce que j’ai vu à Volterra. Impossible! Les rites funéraires précédant les étrusques, les Villanoviens procédaient également à la crémation : les urnes étaient des pots de terre cuite enterrés dans des niches peu importantes ? Les urnes de Volterra paraissent moins anciennes que ce qu’on voit ici.

La conférencière a mentionné la possibilité de crémation à l’époque des tumulus et des lits funéraires. Il ne s’agit pas de chronologie mais plutôt de statut social. Pourtant les urnes en albâtre étaient bien ornées pour correspondre à un statut inférieur. Si j’avais mieux parlé Italien j’aurais interrogé la guide. Je me contente de mon rôle muet. Dans ce cas c’est idiot : elle parle un français parfait sans aucun accent. Forcément, elle est française.

Grottes

Deuxième visite : le circuit des Grottes.

visite de 12h il faut rejoindre le point de RDV situé à 40 minutes. Je fonce, la guide m’indique un raccourci. En compagnie d’une famille italienne nous arrivons en moins de 20 minutes après avoir traversé un bois de chênes verts et de chênes liège. Certains ont une stature imposante. Au sol, des buissons d’arbres à mastic (Pistaccia lentiscus), des salsepareilles. Nous grimpons bien, à l’ombre.

panchina

grottes dans la panchina

Le point de RdV domine une carrière de « panchina » la pierre locale, utilisée pour la construction des tumulus. C’est une calcarénite tendre facile à travailler. Etrange cette calcarénite associée à des nécropoles : à Agrigente, Syracuse, Paphos et Motzia. Il semble que cette roche ait été beaucoup utilisée pour les constructions antiques. Malgré sa relative fragilité à l’érosion, les monuments antiques tiennent toujours debout ! La guide nous montre comment les étrusques sciaient leurs blocs sur place en utilisant la stratification. Puis ils plaçaient des coins de fer pour détacher les moellons. La carrière fut abandonnée à la hâte de nombreuses entailles de blocs presque prêts le montrent. Les visées de Syracuse sur le fer de l’île d’Elbe auraient provoqué la fuite des Etrusques. La conférencière nous montre les traces des outils des carriers, des coins mais aussi des traits verticaux gravés parallèlement : sans doute des comptes.

La falaise de la carrière a été utilisée plus tard comme nécropole : des niches ont été creusées dans la roche tendre. La taille des loges est beaucoup plus petite qu’en bas. Cette fouille est récente, commencée en 1997, les travaux n’ont pas encore été publiés. L’archéologue souligne qu’il s’agit d’hypothèses de travail. En descendant, elle montre des grottes taillées dans la roche. Dans des sortes de fentes  verticales, on a aménagé un escalier. Ces tombes ont été décorées: l’une d’elle avec un motif d’onde ou plutôt de crêtes de vagues dans l’autre on distingue un dauphin et un autre animal marin.

Cortona : tombes étrusques

 

tombe de "Pythagore"tombe de Pythagore

Rendez-vous au parcheggio du torrente Loreto. Nous trouvons le ruisseau ( torrente), pratiquement à sec, mais pas le parking !

Une dame qui arrosait ses fleurs, me fait traverser la  route très passante (Arezzo-Pérugia) pour me montrer le parking.

Visite privée : nous sommes seules. Notre guide est une archéologue américaine, sur son badge : « dottore », en anglais donc. Les conférences en Italien m’amusent mais je suis incapable de poser des questions précises. Comme la visite  sera un dialogue, l’anglais me convient parfaitement.

Le premier tumulus est encore plus imposant que celui de la tombe des chars de Populonia. Des chênes centenaires masquent le dôme de terre. On ne voit pas non plus le tambour de pierre. Les archéologues ont dû creuser sous le niveau du sol. Ce tumulus comporte plusieurs chambres. Il a été utilisé pendant longtemps:  durant six siècles les habitants de Cortona ont pris l’habitude de se faire enterrer ici, Étrusques ou Romains, ou autres.

La structure circulaire a été dégagée pendant les différentes fouilles ainsi, récemment, qu’une sorte de plate-forme (un autel ?) précédé d’un escalier monumental. De grosses palmettes sculptées dans le grès servent de rampe. Des sculptures ornent la base de l’escalier : l’une d’entre elles est bien reconnaissable : un guerrier luttant avec un fauve. Cette tombe est contemporaine de celles de Populonia (VI ou VIIème siècle). Ces tumulus étaient construits à proximité d’un grand axe de circulation devenu la Via Cassia. Ils étaient visibles de la route et marquaient ainsi le prestige du dignitaire et de sa famille. Comme à Populonia, inhumation et crémation ont coexisté. Des fouilles récentes ont mis à jour des objets très nombreux sauvés des pilleurs de tombes grâce ou à cause des inondations du petit torrente. Des bijoux en or sont tombés dans la boue et ont été préservés.

La seconde tombe a été reconstituée au cours de fouilles anciennes (1909). On peut pénétrer dans la chambre.Le matériau employé est remarquable: une belle pierre rose (calcarénite) provenant de Pienza et du travertin. L’utilisation d’un matériau de construction importé de loin (même de très loin, compte tenu de la taille imposante des blocs) est aussi un indice de la richesse du propriétaire de la tombe. Autre intérêt : la fausse voûte. A cette époque, les Étrusques ne savaient pas construire de vraies voûtes. Ils empilaient les blocs en gradins, ce qui aurait dû donner un escalier. Pour faire plus joli, on a scié le bloc en diagonale pour donner un plafond lisse en faisant disparaître les marches. Pas de ciment, les blocs taillés très soigneusement s’emboîtent très proprement les uns dans les autres.

Enfin, des inscriptions ont été retrouvées. L’écriture étrusque utilise des caractères grecs et phéniciens écrits de droite à gauche. On connaît ainsi le nom du dignitaire inhumé ici. Il ne s’agit pas d’un Etrusque mais d’un Ombrien, sa femme étrusque était d’une famille bien connue à Cortona .Malgré la précision de la lecture, ces inscriptions funéraires sont de peu d’utilité pour le déchiffrement de la langue étrusque : sur chaque tombe toujours la même chose « ci gît … ».
A partir du cinquième siècle la pression des Romains sur les villes étrusque se fait menaçante. Les cités étrusques, au lieu de s’unir contre l’ennemi romain, ont continué à guerroyer entre elles. Elles n’avaient aucune chance contre Rome. Cortona a préféré payer un tribut à Rome. La richesse des dignitaires s’est trouvée amoindrie ; la taille des monuments funéraires a donc diminué. Plus de tumulus imposant, seulement des niches pour des urnes contenant des cendres.

La troisième tombe s’appelle improprement « tanella de Pitagore » (confusion avec la ville de Crotone où est mort le philosophe). C’est un monument plus récent, un édicule rond fait de blocs énormes soigneusement taillés. Les sédiments ayant dévalé de la colline ont protégé la moitié située vers l’amont. La moitié aval a été utilisée comme carrière pour la construction des maisons de Cortona.

34. Sur les frontons de Banteay Srei : combat de singes

 

Le combat des deux singes est encore une histoire tirée du Râmayana que Prun nous conte à sa façon :

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 » Le buffle Touphi était très, très fort. Il a tué tous les buffles de la forêt pour prendre les femelles. N’ayant plus d’adversaire à sa mesure, il décide de quitter la forêt en quête d’un partenaire à défier. Il trouve le singe Valin. Le combat indécis dure une semaine sans que la victoire ne se dessine. Le singe, plus malin que le buffle, propose de continuer la lutte dans une grotte où le buffle sera gêné par ses cornes.

Auparavant Valin va chercher son frère Sugriva et lui demande de surveiller la grotte. Si Le singe tue le buffle, un sang épais et foncé s’écoulera, au contraire si c’est le singe qui est tué il coulera du sang clair. Sugriva devra murer l’issue de la grotte pour emprisonner le buffle et venger son frère.

Le singe est protégé par un ange tandis que deux anges se trouvent au bout des cornes du buffle. Encore une fois, le singe veut utiliser la ruse. Il demande au buffle : « pourquoi es-tu si fort ? » le buffle ne veut pas parler de la présence des anges. Le singe lui redemande « Pourquoi es-tu si fort ? » cela énerve le buffle qui répond qu’il est fort parce qu’il est fort. Le singe réitère sa question jusqu’à ce que les anges protégeant les cornes se vexent et disparaissent. Sans ses anges, le buffle devient vulnérable et le singe est vainqueur.

Le sang noir du buffle coule mais une pluie de fleurs célestes s’abat sur le sang foncé et l’éclaircit induisant le frère du singe Varlin en erreur. Suivant les ordres de son grand frère, il mure la grotte et emprisonne son frère ce qui le met très en colère ; le singe pleure. Ses larmes forment une rivière et ses crottes de nez une montagne.

Rama passant par là, veut se désaltérer, il trouve le goût de l’eau bizarre. Il remonte à la source. De son épée il libère le singe. Les deux frères en viennent alors aux mains et Rama aide son allié.

Nous avons déja vu d’autres représentataion du combat des deux singes : à Phnom Penh au musée et à Angkor Vat.

33. Shiva sur les frontons de Banteay Srei

 

Shiva le dieu dansant détruit le monde par sa danse. Dans un coin, un musicien joue, dans l’autre une dame.

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Shiva, le dieu dansant

 Le fronton de la bibliothèque raconte un autre épisode de la légende de Shiva. Dans le registre du haut Siva est assis, sa femme Ouma sur sa cuisse. A la base du triangle le démon Râvâna à dix visages, le gardien du Mont Mérou, est à moitié couché. Les compagnons de Shiva sont assis et s’amusent à taper sur la tête de Râvâna qui se plaint à Shiva qu’il a mal à la tête. Pour le consoler Shiva lui confère un pouvoir. Chaque fois qu’il pointera son index sur celui qui lui fait du mal, ce dernier disparaîtra. Râvâna abuse de son pouvoir magique et se retourne même contre Shiva.

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Râvana

 Le guide de Jacques et Freeman  une autre interprétation est donnée: Râvâna secoue le mont Mérou et Ouma effrayée se réfugie sur les genoux de Shiva.