Angus – Brechin, Pictavia B&B à Saint Cyrus

JUILLET ÉCOSSAIS

 

les enseignes des fermes dans l’Angus


  Montrose et Arbroath sont des villes de l’Angus, une province plutôt agricole avec des villes et des villages beaucoup plus peuplés que dans les Highlands ou dans les Trossachs. Nous sommes surprises par la densité de population. Nous avions l’habitude de nommer village un groupe de quelques maisons sur le bord d’une route. Ici, plus de lande inhabitée, de moutons dispersés ou de forêts denses. Le blé est mûr dans les champs. L’or des céréales nous étonne après le vert fluo de Skye ou le camaïeu brun rose des bruyères. Les grosses fermes ont de vastes hangars fraîchement repeints.

Brechin

cathédrale de Brechin avec sa fine tour ronde

Brechin est situé à 7.5 miles à l’Ouest de Montrose. Cette petite ville tranquille est presque entièrement construite d’un  grès rose qui semble gris violacé sous le ciel plombé et orangé  quand le soleil paraît. Les maisons ont des façades austères, plates. Pas de bow-window ou d’entrée de fantaisie, pas de suspensions fleuries, une extrême simplicité. Seule la rue principale avec les devantures des magasins et l‘Hôtel de Ville transformé en musée présente quelques couleurs.

Depuis le 8ème siècle, Brechin est le siège épiscopal. La cathédrale est flanquée d’une haute tour ronde très fine. Les tours rondes sont irlandaises et n’y en a que deux dans toute l’Ecosse. On a pensé aux touristes étrangers : des traductions en toutes les langues sont disponibles sur des cartons plastifiés. La traduction française est peut être l’œuvre cybernétique et automatique d’un logiciel. A sa lecture, nous piquons un fou rire: « A partir de la Réforme, le chœur était devenu inutile, pendant la Sainte Communion, on y pratiquait des mises en plis !!! » Grande simplicité de cette église réformée, plafond de bois magnifique. Des pierres sculptées très anciennes sont exposées : une croix picte, une tombe « à dos de cochon » décorée d’animaux entremêlés.

croix picte

Pictavia

A quelques kilomètres de Brechin sur la route A90 Pictavia est un centre d’Information sur les Pictes. Difficile de qualifier Pictavia de musée. Il ne renferme que quelques pièces authentiques et des répliques en plâtre. C’est du grand art de faire venir les visiteurs, quand on a si peu à montrer! La mise en scène doit être spectaculaire.

La visite commence donc dans un couloir obscur arrondi où on a inscrit la chronologie de l’Histoire des Pictes commençant à l’invasion romaine en 79 AD. Ce sont les Romains qui ont donné le nom de Picti. Elle se termine en 848 avec la victoire de Kenneth Mac Alpin et la fondation du royaume d’Ecosse. On visionne une vidéo assez générale moins intéressante que celle de Rosemarkie. On débouche dans un  autre couloir semi circulaire décoré par une fresque représentant la bataille de DunNechtan où les Pictes vainquirent le roi de Northumbria. Cette fresque est inspirée d’une pierre d’Aberlemno. Dans la salle suivante on peut jouer avec des ordinateurs : apprendre les différents symboles gravés, localiser les différentes pierres, résoudre des énigmes…Finalement on aboutit dans la salle d’exposition pour ne pas découvrir grand-chose. Difficile de s’émouvoir devant des moulages en plâtre après toute cette débauche de virtuel ! Et pourtant je suis admirative : si peu de choses connues sur un tout petit peuple qui n’a laissé que des gravures et quelques objets usuels et pourtant nous avons passé une bonne heure sans nous ennuyer.

Détail : pictes partant à la bataille

Nous ne sommes que plus impatientes de rencontrer les vraies stèles sur le terrain. Comme dans les Highlands on nous a donné au musée un « Pictish trail ». L’étape suivante est tout près : Aberlemno sur la route B9134 reliant Brechin à Forfar, 6 ou 7 miles plus loin. Trois pierres dressées nous attendent sur le bord de la route sur un tapis vert vif et sous un ciel tourmenté, nuages d’orage mais soleil brillant. Elles sont beaucoup mieux mises en valeur qu’à l’intérieur d’un musée. Nous reconnaissons les symboles, le serpent, le croissant, les double disques…les scènes de chasse et les croix décorées. La quatrième stèle se trouve dans le cimetière entourant la petite église. Elle est vraiment très belle. L’église  nichée dans un vallon, est très dépouillée comme celle de Nigg. Nous nous promenons parmi les tombes sur la pelouse verte. Je remarque l’inscription : « décédé à Turin, 1918 », je gamberge, je mélange les guerres mondiales. Turin n’est pas en Italie, c’est le nom du village d’à côté ! Comment je peux inventer des choses en voyage ! Je remarque un détail et mon imagination se met en route. Méfiance !

Sur la piste des Pictes

La route Picte nous emmène à Forfar, agglomération assez grande pour que nous nous perdions. Forfar dont je n’avais jamais entendu parler me semble au nœud de toutes les communications de l’Angus : il y a la route de Montrose, celle de Dundee, celle d’Arbroath, de Brechin…

Dernière étape de la journée : le Prieuré de Restenneth sur la route de Montrose dont il reste une tour carrée haute et très simple, des pans du mur du chœur et pas grand-chose de l’Abbaye. Encore une ruine poétique et très ancienne puisqu’elle fut fondée par Nechtan, roi Picte 706- 724 AD.

B&B à la ferme Eskview

Nous nous installons à 4heures  dans notre très beau B&B à la ferme Eskview de Saint Cyrus près de Montrose. Les oies ne sont pas là pour nous accueillir. Notre chambre est très soignée, mobilier rustique de bois clair, une belle commode assortie, des petits abat-jour en papier écossais plissé, une moquette moelleuse et des parures de lit brodées de fleurettes bleues avec des taies d’oreillers en dentelle. La salle d’eau est très claire. Sur le rebord de notre fenêtre des jardinières avec un mélange de fleurettes rouges et de bleues. C’est vraiment une très jolie chambre !

sur la falaise

La promenade le long de la plage est un rite qui me repose de toutes les visites. Je marche vite, les pieds dans l’eau, curieusement pas froide et j’atteins les rochers volcaniques qui masquent une cascade. Au retour, vent fort de face. Le ciel est devenu très menaçant. Nous ne nous attardons pas à la plage. Il fait froid lorsqu’on reste immobile. On a envie de monter sur la falaise et d’aller voir ce qu’il y a à la pointe. Nous montons donc en voiture un raidillon et nous retrouvons sur la grande route en direction d’Aberdeen. Après avoir traversée le village de Saint Cyrus  nous descendons dans un creux où un petit port est caché : Johnshaven. Dans le port, quelques bateaux colorés sont affalés en attendant le retour de la marée. Des casiers à crustacés sont empilés. Des hangars abritent sans doute une criée. C’est un vrai port de pêche, minuscule mais actif. Les maisons, presque partout de grès grisâtre sont toutes sur le même modèle qu’à Beauly. Apéro sur le port. Je dessine. Nous rentrons au gîte alors que les premières gouttes s’écrasent sur le pare-brise.

Johnshaven

 

Château de Dunvegan, fleurs, vaches et phoques

JUILLET ÉCOSSAIS

Les tables de Mac Leod

 Courses

Nous avons décidé de profiter de notre agréable cottage et de rester dans les environs . Il y a trois épiceries au village. La plus grande, une superette offre des produits de base, des surgelés et a un distributeur de billets. En face, le marchand de légumes propose des produits bios y compris des médicaments. Plus loin, le Magasin Général, épicerie à l’ancienne vend de la viande fraîche et des poissons fumés artisanalement. Problème : il ouvre tard  – 10heures – et ferme à 17 heures.

Jardins à l’anglaise

Géraniums bleus et mélange coloré

Le château de Dunvegan est entouré de jardins et d’un parc qui, à eux seuls, valent le déplacement. Des jardins à thème : jardin rond avec des buis taillés à la française, « jardin entouré de murs », jardin d’eau, jardin sauvage. Le contraste entre les paysages austères de la lande désolée et des prairies rases, et l’exubérance des jardins, leur variété, me rappelle l’opposition entre désert et jardins, au Maroc. Là-bas, le jardin est symbole du Paradis. La couleur verte et l’eau de la fontaine sont objets de délices  inouï. En Écosse, le vert est une banalité et non un luxe, c’est plutôt la profusion des fleurs qui croissent à l’abri des murs ou des grands arbres. Grande sophistication du jardin à l’anglaise, rien ne doit trahir l’artifice. Tout doit sembler naturel. On mélange géraniums simples, campanules et digitales qui poussent à l’état naturel mais avec des variétés extrêmement élaborées. Au lieu de rares clochettes sur une hampe unique, les campanules forment des touffes bleues fournies avec des tiges ramifiées portant de véritables bouquets. Peu de place est accordée aux rosiers en buissons taillés bas comme chez nous. Les rosiers d’Ecosse sont grimpants, leurs fleurs sont simples comme de églantines à peines teintées de jaune, mais au parfum suave, ils s’appuient sur des arbres ou arbustes. On ne sépare pas la clématite aux fleurs rouges éclatant du rosier. Les lianes s’enchevêtrent avec bonheur. De même, on laisse se développer mousses, lichens et fougères sur les arbres. Ces épiphytes deviennent un élément du décor. Un sorbier est envahi de lichens velus ? Peu importe ! Son tronc et ses branches revêtus de gris vert seront plus décoratifs que son feuillage atrophié.

 

Le château des MacLeod

Le château des MacLeod, propriété de famille depuis le Moyen Age, a  la silhouette d’un château fort malgré les rajouts du 16ème au 19ème .Un crépi gris cache les pierres anciennes et gâche un peu l’aspect extérieur .

Comme à Cawdor, c’est un château habité. Il ne faudra pas chercher l’authenticité historique ou la reconstitution des décors d’époque. Plutôt une accumulation de beaux objets à travers les siècles. Le plus intéressant : la collection de portraits des différents châtelains. Jusqu’au 19ème siècle, ils portaient l’habit et la culotte de soie de la noblesse et non le kilt. C’est sir Walter Scott qui a fixé « l’accoutrement » (sic) du seigneur pour la cérémonie en l’honneur de la venue de George IV à Édimbourg (cette cérémonie, nous en avons entendu parler plusieurs fois). C’est depuis cette époque que les MacLeod se sont fait peindre en kilt.

Pas de leçon d’histoire comme à Armadale, des anecdotes concernant des objets précieux conservés au château. Le drapeau des fées est le plus précieux d’entre eux. Soierie tissée à Rhodes, elle apporte la victoire à qui livrerait bataille en sa présence. A-t-elle été donnée par une fée ? A-t-elle été rapportée de Croisades ? Est elle parvenue par le commerce des Vikings avec Byzance ? Autres trésors : une corne de bovins décoré d’argent ciselé pour en faire une corne à boire, des tabatières…On nous montre le cachot, les escaliers dérobés dans l‘épaisseur du mur.

 

Rencontre avec un berger en kilt

rencontre avec des vaches écossaises et leur berger

Retour  à la plage de Corail pour terminer la promenade retrouver les phoques à marée  basse. Le troupeau des vaches chevelues paît tout près de la route. Occasion de faire des photos « typiques ». Pour une fois, nous nous comportons en touristes exécrables. Nous approchons de bien trop près ces pauvres ruminants qui aimeraient brouter en paix. Je m’avance d’un air décidé vers celle qui porte les plus belles cornes effilées. Du haut de la colline d’en face, on m’interpelle en français : – « Reculez en arrière ! –laissez cette vache ! »D prend la mouche, croyant qu’il s’agit d’un touriste muni d’un téléobjectif  furieux parce que nous lui gâchons la photo. Elle lui répond de manière peu amène et même grossière. J’ai bien vu que l’individu portait un kilt de tartan, en regardant mieux, il n’a pas d’appareil photo mais de grosses jumelles. C’est peut être le berger ou le propriétaire des vaches. Nous regrettons notre confusion. Nous aurions pu aller le voir, bavarder, le questionner au sujet du troupeau, de Skye…Survient un Français narquois :

–          « Alors, comme cela, vous embêtez un berger écossais ! »

qui remonte dans son camping car immatriculé en Savoie.

 

La sieste des phoques

Les phoques sont bien là, sur leur îlet. C’est l’heure de la sieste.  L’eau s’est retirée très loin. La plage de corail est frangée d’un cordon de galets gris. Un passage permet même de gagner à pied la petite île situé en face. Plusieurs touristes s’y aventurent. Ils m’agacent parce j’ai peur qu’ils ne dérangent la colonie de treize phoques en train de prendre leur bain de soleil.  Dimanche dernier, à la marée montante, les phoques faisaient des cabrioles. Ils étaient plus amusants.

 

Les Tables de MacLeod

Les Tables de MacLeod sont les deux sommets de Dunvegan. Leur nom local Healabhal vient du norvégien.

 «  La légende raconte qu’autrefois ils étaient pointus. Lorsque St Columba vint évangéliser Skye le moine fut chassé après que le chef local li ait dit qu’il ne trouverait aucun abri sur ses terres. Aussitôt eut il prononcé ces paroles, un énorme grondement vint  des profondeurs de la Terre et l’ai se remplit de poussière. Quand la poussière se dissipa les sommets étaient aplatis faisant ainsi un lit et une table pour Columba.

Le nom anglais de Table de MacLeod vient du 16ème siècle quand MacLeod rendit visite au roi Jacques V à Edimbourg. Au cours du banquet, provoqué par les chefs du continent, MacLeod se vanta d’avoir une plus belle salle de banquet sur Skye. Le défi fut lancé. Tous les participants au dîner d’Edimbourg, le roi compris, furent conduits sur Healabhal où un anneau d’hommes portant des torches faisaient le tour du sommet. Par chance il faisait beau et les étoiles brillaient «  (traduit d’après Chris Touwnsend, livre de randos sur Skye)

 

Filets et casiers

Le petit port de Dunvegan est bien caché. C’est  un vrai port de pêche avec des casiers à crustacés et de vrais bateaux de pêche. Nous rentrons au gîte sous un beau soleil mais aussi un vent frais. Encore une belle journée !

Sud de Skye

JUILLET ÉCOSSAIS

Vers le sud

paysage de Skye, eau et nuages

Pour aller au sud il faut plus d’une heure, 50km sur une route à 2 voies où la circulation est plus dense que sur autres routes de l’île. D’abord nous passons entre le vert fluo et l’eau qui s’insinue partout dans des bras de mer tortueux et compliqués. Après Sligachan l’imposante silhouette du Cuilin domine tout le paysage et accroche les nuages. Les couleurs changent : brun, rose des bruyères, vert foncé des fougères. Des dégoulinades pierreuses évoquent des coulées anciennes décolorées. Peut être des pierriers dus à l’érosion ? Vers Broadford, Skye est plate. Les cottages avec leurs panneaux B&B se succèdent. Le tourisme n’est pas agressif, pas de faute de goût, pas d’immeubles, des petites maisons blanches derrière leur jardin. Mais le charme est rompu. Plus de solitude, de landes ou de vertes prairies peuplées seulement de moutons.

Des petits panneaux bleus étoilés signalent que la route de Sleat est financée par la Communauté Européenne. Elle est large de 2 voies, avec (luxe !) des bas côtés faisant trottoir et même une piste cyclable ! La route la plus large que nous ayons fréquentée depuis bien longtemps. Là aussi, cela casse l’ambiance !  La côte sud est la « Côte d’Azur de Skye » : le climat est plus doux, les agaves fleurissent, les fuchsias forment de gros buissons rouges, presque des arbres, poussant, sauvages, sur le bord de la route. La côte est également plus construite de jolies villas avec des jardins magnifiques.

  Armadale

Chardon de collection? ou chardon écossais?

  Le Château du clan Macdonald est entouré de jardins. Le « château » est une ruine gothique de 1815 et qui a brûlé quelques dizaines d’années plus tard. L’aile plus ancienne est une belle  bâtisse rectangulaire. Une autre ruine se trouve dans le jardin devant le lavoir. Les jardins sont plus intéressants : mélange « naturel » de plantes cultivées et de fleurs sauvages. Des primevères composées, super-coucous à plusieurs étages de 60 cm de haut. Des fuchsias arbustifs, des agaves au feuillage et aux hampes florales violettes.

Le musée est ultra moderne. On y prête un audio guide très bien fait. Sans cet auxiliaire, l’exposition de textes et de photos aurait été bien austère et indigeste. Mais le commentaire est intelligent. Nous entendons une nouvelle version de l’histoire de l’Ecosse à travers la version du clan Macdonald.

Les origines celtiques des Gaëls sont bien expliquées. Comment faire des Hébrides et de Skye le centre du monde ? En affirmant que les Vikings ont « découvert l’Amérique », en étendant leur domaine d’influence jusqu’à l’Empire byzantin et même à  la route de la Soie. On imagine alors que les marins abordant Skye échangeaient des informations venant du monde entier. L’ancêtre des Macdonald, Sommerled, marié à une princesse norvégienne, établit – dit on – sa supériorité en dotant son drakkar d’un gouvernail. Les Macdonald étaient les Seigneurs des Iles. Leur domaine s’étendait jusqu’à l’Irlande.

Le nom de Flora Macdonald est lié à celui de Bonnie Prince Charlie. Les guerres Jacobites sont aussi très bien expliquées. C’est une bonne mise au point après notre visite au château d’ Édimbourg.

Une pièce est consacrée aux tartans, cornemuses, et autres accessoires romantiques ou folkloriques mis en scène par Walter Scott puis par l’Angleterre victorienne. Ce folklore est repris à son compte par une Écosse actuelle toujours nationaliste.

Je n’ai pas appris grand-chose de nouveau qui ne soit pas dans le Gallimard mais c’est une bonne illustration. A force de répétition, l’histoire de l’Ecosse commence à rentrer !

 

végétation exotique

Pointe de Sleat

Vers la Pointe de Sleat, la route à 1 voie monte et descend comme sur les montagnes russes de la foire. Pendant la montée on ne sait ce qu’on va trouver en haut de la côte. Il vaudrait mieux ne pas se croiser dans la pente. Heureusement il y a peu de voitures pendant l’heure du déjeuner et chacun fait bon usage des passing places. Pour aller au bout de la Pointe il faut continuer à pied sur une grande piste qui pourrait être carrossable et qui, comme la route, monte et descend. A la Pointe : une petite plage de sable blanc, quelques maisons, un petit port. C’est une agréable promenade – un peu sportive – d’un peu plus d’une heure et demie en marchant d’un bon pas.

Les fuchsias égaient et ensoleillent la côte sud

Les loutres de Kylerhea

Des naturalistes ont installé une cabane d’affût pour observer une colonie de loutres. Le parking est aménagé 1 km sur un bon chemin qui descend progressivement. On a de très  belles vues sur le Sound of Sleat, très étroit, qui sépare Skye de l’Ecosse. Un petit ferry fait des navettes entre des débarcadères rudimentaires. A l’affût des magnifiques jumelles sont attachées au rebord de bois. On cherche les loutres et on trouve des phoques sur un îlot couvert de laitue de mer. Un cormoran et perché. Deux hérons parcourent gravement  la grève. Les goélands escortent bruyamment le bac. Après une bonne demie heure d’affût nous rentrons.

Le retour est encore bien long sous un soleil radieux jusqu’au Cuilin qui est comme auréolé d’un nuage comme aspiré vers le sommet donnant une impression d’estampe japonaise. Le soleil baigne le nord de Skye.

 

Retour à Cromarty et fête à Beauly

JUILLET ÉCOSSAIS

Une audience au Tribunal de Cromarty

Les courses à Beauly sont amusantes : un brin de causette chez le boucher, la caissière de la Co-op me demande si je veux une carte de fidélité…Les légumes qui se vendent chez le fleuriste, la Poste à la papeterie..

 Dauphins ?

A 10 heures,  sur parking de North Kessock juste après le pont suspendu qui enjambe le Firth of Beauly. Dans un cabanon, les naturalistes surveillant les dauphins ont établi leur base. Des microphones installés dans l’eau permettent d’entendre arriver les dauphins.

L’animatrice nous conseille d’aller plutôt à la Pointe de Chanonry qui est un meilleur point d’observation, le Firth  est très étroit. Si les dauphins passent ils seront plus près. C’est marée haute la mer commence à descendre, une heure très favorable, selon elle.

Malgré des prévisions météo exécrables, il fait très bon. Le pâle soleil finit par percer. Pas un souffle de vent. La surface de l’eau est plate comme un miroir. Le moindre aileron, la queue, le museau devraient être repérables. A peine sommes nous arrivées, que quelque chose de noir sort de l’eau et replonge. Mon premier dauphin ? Un instinct de chasseur enfoui quelque part dans mon code barre fait monter l’excitation, comme la proximité des fauves. Je sors les jumelles et scrute dans la direction du triangle noir disparu. Un peu plus loin sort la tête fine et le long cou d’un cormoran. C’est lui que j’avais pris pour un dauphin ! Très conscient du nombre de jumelles braquées sur lui, le cormoran joue les stars. Il a même l’air de me narguer. Il ressort plus loin avec un gros poisson frétillant dans son bec. C’est tout un spectacle que de le voir faire pivoter sa proie pour pouvoir l’engloutir. Je vois le cou de l’oiseau se dilater. Puis il s’enfuit en rase motte, bientôt rejoint par deux autres.

Guettant cormorans et dauphins derrière le phare

Que faire en attendant les dauphins ? Je sors le carnet moleskine et  dessine. Des touristes ont repéré quelque chose. J’ai tout juste le temps d’empoigner les jumelles et d’observer la gueule moustachue d’un phoque qui fait surface et disparaît. Au bout d’une heure, nous nous décourageons.

  Rosemarkie

Je rejoins Rosemarkie par la plage sur la fine bande laissée par la mer descendante. Le sable est clair, par endroits il y a des accumulations de graviers rose foncé et des galets variés plutôt gris. Vers Rosemarkie, les galets sont plus gros et situés sur le haut de l’estran. Je n’ai aucune interprétation sédimentologique pour expliquer cette répartition. Peut être tout simplement a-t-on voulu dégager la plage pour les estivants ?

 

Rosemarkie est une station balnéaire plutôt coquette avec de jolies villas en grès rose sur le front de mer. Le sable de sa plage est rosé également. Rosemarkie se déclare « free of alcohol ». La consommation à l’extérieur entraîne une amende faramineuse. La prohibition américaine vient elle des puritains écossais ou les Écossais imitent ils les Américains ?

 

  Musée Picte

Le minuscule Musée Groam est gratuit. Une vieille dame arborant le badge « volunteer » nous questionne longuement. Un DVD présente les Pictes, premiers habitants du Nord de l’Ecosse, peuplade plutôt mystérieuse qui a laissé des pierres gravées de toute beauté de l’Age de Bronze au 9ème siècle de notre ère. Les pierres gravées portaient de gracieux symboles en croissant, double disque, fer à cheval ou miroir. Des animaux étaient également gravés ainsi que des scènes de chasse. Enfin des entrelacs compliqués et savants complétaient la décoration de certaines de ces pierres levées qui font penser à des menhirs.

Une autre partie du musée est purement décorative. Des artistes contemporains ont réinterprété les motifs pictes qui rappellent les graphismes celtiques bretons ou irlandais. Des tampons encreurs sont même proposés pour l’amusement des enfants. Je tamponne plusieurs feuilles en prévision de la décoration de l’album photo. Dans un coin, sur une harpe. D joue Scarborough Fair que j’immortalise dans un petit film.

Déjeuner

Au menu : le saumon des fumeries de Grantown On Spey que nous voulons déguster dans un bel endroit. La table que nous convoitions en bord de plage est occupée. La quête de l’endroit sera longue : détour par Eathie, galère dans Cromarty. Nous échouons sur le bord du Firth de Cromarty sur un parking pas très propre.

 

 Musée du Tribunal de Cromarty

On nous a même fourni le déguisement!

Le Musée installé dans le Court House a reçu de nombreuses distinctions. L’attraction principale est la reconstitution d’une audience  au 18ème siècle. Dans la salle historique des mannequins parlent et même se meuvent à notre entrée. Le shérif a l’air vivant. La présentation du tribunal n’est pas une attraction gratuite. Elle veut démontrer les différences entre juridiction anglaise (Commonlaw) et la juridiction écossaise avec l’individualisation de la peine (comme dans le Droit Français). C’est cette différence dans le Droit Ecossais qui permettait aux jeunes couples de se marier sans le consentement des parents. Autrefois, en 1969 Eti et Tchouka avaient fait le voyage d’Ecosse pour se marier.  Ce n’est qu’un élément de visite parmi d’autres.

 

On a aussi reconstitué la prison Des objets donnent une foule de détails.. Une autre figure animée fait revivre Sir Thomas Urquhart, châtelain de Cromarty au 17ème siècle, traducteur de Rabelais, gentilhomme excentrique.

 

  Histoire de Cromarty

La prospérité de Cromarty, au 18ème siècle, est due à sa situation géographique exceptionnelle : un port naturel permettant d’abriter nombreux navires. Le châtelain entreprenant : George Ross (1760) favorisa l’implantation de trois usines : une fabrique de clous, une brasserie et une filature de toile de chanvre, importé de Saint Petersbourg. Ces usines, en plus de la conserverie de harengs et l’abattoir de porcs, faisaient de Cromarty une ville très prospère. En plus du château de George Ross on construisit de belles demeures en grès rose. Cette industrialisation draina les paysans des Highlands. Certains d’entre eux ne parlaient pas Anglais. George Ross construisit pour eux la chapelle Gaëlique. Des épidémies en 1830 puis l’arrivée du chemin de fer en Écosse scellèrent le destin de la petite ville. Les voies d’eau avaient perdu  leur importance. La petite ville s’assoupit vers la fin du 19ème. Actuellement Cromarty ne vit pas que du tourisme. Une nouvelle industrie s’est développée : la construction des plateformes pétrolières dans son Firth très profond. Un énorme tanker passe sous nos yeux, escorté par deux remorqueurs.

Eglise écossaise très dépouillée

Nous avons aussi appris, dans la reconstitution de la prison, ce qu’était la Disruption (1843), scission de l’Eglise écossaise. L’Eglise Libre réclamait que les prêtres soient choisis par les fidèles et non par les autorités. Ces querelles religieuses semèrent de véritables révoltes. Une femme fut emprisonnée puis libérée sous la pression populaire. Ces schismes expliquent peut être le grand nombre d’églises dans le pays. Ce qui est le plus étonnant c’est l’utilisation actuelle des lieux de culte. On ne les laisse pas fermées comme en France. On les transforme, souvent en galerie d’art, parfois en restaurants ou en salle des fêtes qu’on peut louer pour faire des parties. L’installation d’une cafétéria dans la cathédrale saint Gilles où l’office se déroule régulièrement ne choque personne. La délicieuse odeur de bacon m’a paru inédite dans ce  lieu du culte !

Cromarty et ses Stutors

 

Légendes

L’histoire du village ne serait pas complète sans les légendes de géants, de sorcières et de lutins. Deux géants, les Stutors, deux collines symétriques, gardaient  l’entrée du Firth. J’en ai gravi un dimanche.

Nous étions passées devant deux belles maisons sans nous douter non plus qu’elles fussent hantées.

Quant à la Femme Verte, celle qui fait mourir les bébés, les enlève pour les remplacer par les Changelings, j’aurais dû suspecter son rôle quand j’avais déchiffré les pierres tombales et vu que tant d’enfants étaient morts en bas âge

 

  Visite de la Ville

On visite la ville avec un audio-guide.  Hugh Miller – une autre célébrité de Cromarty, –  maçon devenu géologue puis journaliste – est notre guide. Ce stratagème donne de la vivacité au commentaire.

Nous reprenons la promenade de dimanche dernier « accompagnées » par Hugh Miller qui nous raconte la vie au début du 19ème siècle à l’époque de la prospérité quand les rues étaient très animées.

 

 

 

 

 

la Fête à Beauly

La fête à Beauly

Un nuage bas envahit la vallée juste à notre retour à 18heures. La fête du village sera-t-elle annulée pour cause de pluie ? Non ! bien sûr ! On a installé une  plateforme bâchée avec une toile cirée verte qui sert d’estrade sur la grand place du village juste en face du Fish and chips « the Friary » (allusion au Prieuré) qui ne désemplit pas. Les familles se sont abritées dans les voitures garées sur la place dînant de frites, de poisson ou de glaces en attendant le spectacle. Un accordéoniste, Frankie, essaie de mettre de l’ambiance. Il joue des airs écossais  très connus, des marches, des polkas. Les gens se trémoussent sur place mais personne n’ose se lancer. Nous piétinons une bonne demie heure avant que les petites danseuses n’arrivent sous des capes en nylon rouge ou violettes, chaussées de sabots en plastique rose ou bleus. Toutes ont les cheveux tirés en un chignon rond très haut sur le crâne, elles portent des kilts ou des jupes plissées sur des jupons blancs avec un justaucorps de velours assorti sur un chemisier blancs à manches bouffantes. Les plus vieilles ont peut être douze ou treize ans mais les plus jeunes ont à peine 5 ans. Le musicien est un piper de 13 ou 14 ans en grande tenue. Les danses ont des chorégraphies compliquées mais paraissent terriblement monotones aux non-initiées que nous sommes. Les petites filles se penchent très bas pour une sorte de révérence avant de commencer. Elles lèvent les bras et font des entrechats. Deux plus grandes dansent sur des sabres croisés. Nous attendons les cornemuses. Pour nous faire patienter Frankie a repris l’accordéon avec plus de succès, des toutes petites filles dansent pour imiter leurs aînées, même des petits garçons se laissent entraîner. Les cornemuses ne jouent pas un morceau pour nous, elles défilent avec les tambours descendent la rue principale, exécutent un demi tour de revue militaire au bout de la place de façon à repasser une deuxième fois, demi tour ! Et nouveau passage. En regardant bien on voit que de nombreuses femmes portent le kilt, différence au niveau des chaussettes, les hommes ont glissé un gros couteau, presque un poignard

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Loch Ness

JUILLET ÉCOSSAIS

 

Château d’Urquart


 

De Beauly à Drumnadochit (comment cela se prononce – t il ?) – 17 miles – par une jolie petite route dans la lande. D’après les cartes postales, le château d’Urquhart semblait posé sur une île dans le Loch Ness. Pas de bac, ni de pont : on l’atteint à pied sec !

 

 Histoire d’Urquhart

Les visiteurs sont accueillis par une vidéo très bien faite sous titrée en espagnol et en français.

En 580 AD s’arrêta à Urquhart et convertit le vieux chef Picte Emchath.

Le château fut construit au 13ème siècle par la famille Durward

En 1276 il fut conquit par Edward 1er d’Angleterre

En 1308 Robert le Bruce chassa les anglais du nord de l’Ecosse

Au 15ème et au 16ème siècle la menace venait de l’Ouest, des MacDonald, seigneurs des îles

En 1500 le château passe aux mains des Grant

Au 17ème, pendant les guerres jacobites, les Grant firent sauter le château et l’incendièrent pour qu’il ne puisse pas servir de base aux Jacobites.

   Ruines médiévales

Les ruines du château

On visite un château en ruines dont les vieilles pierres sont mises en valeur par l’écrin vert d’une pelouse fine qu’une escouade de jardiniers tondent aujourd’hui.

Poterne, salle des gardes, prison, donjon… Même si nous avons visité cent fois leurs analogues, nous avons plaisir à les découvrir dans ce site grandiose et à regarder le Loch Ness à travers les meurtrières. Un dispositif frappe mon imagination : pour consommer le grain, il fallait le sécher dans une sorte de cuve de pierre à proximité d’un feu, un peu comme un four. Cela en dit long sur l’humidité du climat !

  Souvenirs

Souvenirs!

La boutique de souvenirs propose un échantillonnage complet de tartans, écharpes, bijoux mais aussi des cartes anciennes, des livres, des CD. Pour Maman, j’achète une carte ancienne, pour Valou deux livres de recettes de cuisine, pour nous  des toffee et pour moi, une Histoire de l’Ecosse illustrée 3.99 £.

   Sentier CraigMonie

A l’Office de tourisme,  les employées sont très agréables et prodigues en cartes et plans. Je pars  sur le sentier de CraigMonie munie d’un topo détaillée et d’une carte. Monie était un chef Viking norvégien, les balises sont décorées d’un viking casqué. Le sentier fait une boucle sur une colline boisée. Les explications naturalistes sont présentées sur des panneaux de bois qui se range en coulissant à l’intérieur des poteaux. Il suffit de faire basculer la flèche pour avoir une leçon très complète concernant toutes les essences : frênes, sorbiers, pin sylvestre, pin douglas, « spruce » ? Le sentier monte et descend la dénivelée cumulée compensera la courte distance (3miles). Je dérange trois gros rapaces – des buses probablement- et un pinson. Je grappille les framboises.

Le tour du Loch Ness

La route A82 qui emprunte « The Great Glen » d’Inverness à Fort William est très fréquentée. On s’y croise sans difficulté  mais la présence de nombreux camions rend la conduite désagréable. On ne peut pas s’arrêter pour jouir de la vue sur le lac.

 

C’est en miles!

Fort Augustus

A Fort Augustus, au bout du Loch, c’est la cohue. Le parking payant est complet. Un écossais joue de la cornemuse. On y vend des fraises. L’attraction, ce sont les écluses en série dans lesquelles une demi douzaine de petits bateaux blancs à moteur attendent attachés à des crochets. Quand la porte s’ouvre les plaisanciers détachent leur embarcation et marchent en tenant le bateau en laisse. La manœuvre est facile des enfants la réalisent – très fiers- .

 

Les écluses de Fort Augustus

La route qui nous ramène à Inverness par la rive opposée  monte dans une lande de bruyères très sauvage. Sous le ciel gris, elle paraît encore plus rude. Des petits lacs se sont formés dans les creux. Un ruisseau serpente en décrivant de larges boucles. On est très loin de Fort Augustus et ses écluses soignées.

 

Lande et bruyères

Au col (400m) Suiche Chuimein View Point la vue est très étendue. A côté des panneaux, une sorte d’échelle permet aux piétons d’enjamber la clôture et de suivre le chemin qui monte vers les sommets. Il traverse des tourbières gonflées d’eau comme une éponge. Il faut rester sur le sentir empierré ou sauter de touffe en touffe pour ne pas se tremper les pieds. L’air est très vif, le vent souffle. Je me croirais en haute montagne et pars à l‘assaut d’une petite colline comme si c’était un sommet des Alpes. Derrière, il y a une autre crête, encore derrière, un petit pic, chicot rocheux que je grimpe avec un grand plaisir. Je reviens, dévalant les pentes, ravie de mon expédition.

 

Cascade de Foyers

La promenade est très aménagée avec des rampes et des marches de bois dans une pinède. Des écriteaux préviennent qu’il y a des caméras de surveillance en action …pour les écureuils roux (les écureuils gris américains sont en train de supplanter les écureuils autochtones). Quand aux caméras ! C’est un débat qui revient en ce moment tous les moments à la télé sur BBC1 Scotland. Récemment les caméras ont permis de confondre les terroristes de Londres et de Glasgow. Leur efficacité a d’abord rassuré les britanniques mais maintenant elle les inquiète. Big Brother est une invention britannique !

La balade à la Cascade a été courte, je la poursuis en descendant à Lower Foyers sur le Loch Ness, découvrant une autre cascade et des marmites de géant. La petite route de foyers à Inverness suit le lac. C’est une route à une seule voie et passing places beaucoup plus agréable que l’A82. Des parkings permettent d’admirer le château d’Urquhart. Les cartes postales qui le font croire dans l’eau ont dû être prise en bateau, de cette rive, il est beaucoup trop petit !

Nous arrivons à Inverness par les quartiers résidentiels sur les bords du canal Calédonien. Les berges du canal ont été aménagées pour la promenade. Nous avons une vision ensoleillée d’Inverness avec les flèches de ses églises.