Kpalimé – notre hôtel La Détente et promenade vespérale

3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

l’hôtel La Détente

L'hôtel, La Détente

 

D’après Kamal, Kpalimé compte 250 000 habitants. C’est une ville animée au carrefour de plusieurs routes. Nous passons à travers le marché important, devant nombreux petits commerces mais aussi des cybercafés et des bars.

L’hôtel La Détente se trouve dans une rue perpendiculaire à la grande route juste après le grand lycée. Un bâtiment blanc d’un étage aveugle longe la rue : il referme la réception très simple qui est aussi l’épicerie du quartier ; au dessus un toit abrite une « salle de conférence ».

On entre par une grille qui s’ouvre sur 4 chambres précédées de terrasses individuelles faisant suite au restaurant précédé d’un jardinet où poussent de beaux rosiers et de nombreuse plantes tropicales. Derrière une haie, dans un jardin une autre enfilade de chambres à terras où se semblent être les chambres les plus agréables. Derrière on a construit une grande bâtisse à étage où une double rangée de chambres petites et sans balcon, s’ouvrent sur un long couloir. C’est là qu’on nous conduit.

–    « les chambres avec terrasses sont elles plus chère ? », je m’enquiers,

–    « non, c’est le même prix ! »

On nous donne la chambre N°1 attenante au restaurant, climatisée avec une grande salle d’eau et une belle terrasse. Inconvénient, elle se trouve dans le passage et bruyante à cause du restaurant. Mais la terrasse n’a pas de prix.
Nous prenons notre temps pour nous doucher et nous reposer avant de sortir à 17H45 en short et en T-shirt, un peu étourdiment. J’ai oublié que la nuit tombe tôt au Togo.

 

Promenade du soir à Kpalimé

Borne fontaine togolaise typer station-service

Au coin de la grande route se trouve un bar peint en jaune et une curieuse « station service » où les femmes du quartier viennent remplir leur bassine d’eau propre. Les tuyaux recourbés sont très hauts au dessus de 2 mètre : il faut prévoir une grande togolaise de plus d’1.70m, son foulard enroulé pour faire un petit coussin, la grande bassine de 50L, le total monte bien autour de 2 .20m ! Ce poste à eau me sera un repère bien utile pour le retour.

Sur la route règne une grande animation, partout des stands de nourritures variées. Les lycéens sortent,  les motos rasent les passants. Je vais jusqu’au marché sans me rendre compte que la nuit tombe. Un étal de légume et particulièrement réussi avec des mini tomates cerises rouges, des mini-aubergines blanches, des gombos, des petits poissons séchés. La marchande radine quand je sors l’Olympus :

–    « avant, tu me fais le cadeau ! »

–    « un cadeau pour photographier des tomates ! Si je veux payer, je les achète ». Je peux éventuellement payer des gens mais pas des tomates qui sont de toutes les façons à vendre. Des tomates-top-model ! » je m’esclaffe !

Je ne sais pas si elle a compris. Dépitée elle laisse tomber :

–    « de toutes les façons, elles ne sont pas à moi ! »

Il fait maintenant complètement nuit. Les stands ont allumé leurs lampions, les bars, leurs néons. Il y a même un dancing avec la boule à tango et les lasers avec de petites taches colorées qui dansent sur la route. C’est très bruyant : ils font des « essais de sono ». Plus on s’éloigne du marché, plus il fait sombre. Il est dangereux de marcher sur la chaussée à cause des motos. Les bas-côtés  sont remplis de chausse-trappes : trous, parpaings, tiges métalliques…Je marche en tongs espérant ne pas me blesser. Heureusement que j’ai repéré les bars et le kiosque à eau. Dans l’obscurité totale je n’aurais jamais vu le panneau indiquant l’hôtel.

De Lomé à Kpalimé

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La route vers Kpalimé suit la frontière du Ghana qui date du partage du Togo allemand entre l’Angleterre et la France en 1914. A la sortie de  Lomé on circule sur une route goudronnée avec quelques nids de poules mais sans encombres. Je guette les immenses kapokiers dont le haut fût domine toute la végétation.

Je commence à mieux lire l’organisation de l’espace rural qu’au cours de nos voyages précédents. De la forêt primaire, il ne reste que ces arbres gigantesques. Les hommes plantent les palmiers à huile et le manioc ou les ignames en défrichant le plus souvent par brûlis. Ce qui paraît dévasté est souvent un champ prêt à être semé. Quand les palmiers à huile sont encore petits on plante ou on sème à leurs pieds autre chose. Ils ne poussent pas tous seuls, ce sont les hommes qui les ont mis, signe que des hommes cultivent ici. Par ailleurs, la vitesse de croissance des végétaux, l’absence de mécanisation font que les mauvaises herbes prennent des proportions énormes et font un fouillis qu’on ne grattera à la houe que vraiment si c’est nécessaire. Si on regarde bien les champs de manioc, ils sont propres.

Les tecks serrés les uns contre les autres sont aussi des plantations. Mais pourquoi sont ils aussi serrés ? Ils croissent en hauteur formant de minces poteaux pour les charpentes, du bois de chauffe mais sûrement pas des planches pour la menuiserie.
120km séparent Kpalimé de Lomé. Vers 13h50 après un peu moins de deux heures de route, l’horizon est barré de hautes montagnes très escarpées. C’est le Mont Agou (986m). Kpalimé se trouve derrière.

 

Lomé : tour de la ville en voiture

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mosquée de Lomé

Kamal nous fait visiter sa ville : la corniche très agréable, le quartier officiel avec le Palais Présidentiel, les ministères installés dans d’anciens bâtiments coloniaux au milieu d’agréables jardins. Les hôtels sont modernes, les bâtiments des banques flambant neufs.

La Poste

Peu de circulation, pas de pollution.  Un petit détour par la Grande Mosquée nous mène dans des quartiers plus populaires dans des rues plus poussiéreuses. La grand Poste est jaune et bleue, comme au Bénin, ou au Maroc ou anciennement en France, architecture postale avec un mur occupé par les boites postales métallique qui fait un plaquage brillant rappelant un peu les moucharabiehs métalliques de l’Institut du monde Arabe de Jussieu.

A un carrefour, une grande affiche souhaite une bonne intégration aux migrants et aux réfugiés : accueillant Togo ! L’initiative est sympathique mais d’où viennent-ils ?

Nous jouons au jeu des ressemblances et des différences entre Bénin et Togo :
Ressemblances:  les succursales d’Eco Bank qui fait une publicité voyante, le marché africain.
En revanche les marchants d’essence illicite ont disparu. Pourtant l’essence à la pompe est chère 500f au lieu de 300f au Bénin. Les moto-taxis ne portent pas le dossard jaune des zems de Cotonou, perdant leur visibilité. Moins de saleté et de pollution qu’à Cotonou. Les bâtiments officiels se trouvant à Porto Novo, ceci explique peut être cela.  Notre traversée est bien rapide pour porter un jugement fondé.

 

 

Lomé : Le Musée International du Golfe de Guinée

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Musée de Lomé, j'aime particulièrement cette statue que j'avais prise pour avatar

En route vers Lomé

Des champs de manioc bordent la route ;  les petits étals de gari et de tapioca sont aussi  garnis de ficelles que les gens fabriquent ici avec des fibres de palmier. Au hasard des pancartes, je note : Obama Beach, l’enseigne d’un vétérinaire  vouée à saint Antoine de Padoue ornée d’un magnifique doberman. Le coiffeur a peint sur sa devanture : « tant que j’ai de l’espoir » –tant qu’il y aura des cheveux ! (c’est moi qui complète !).

Et toujours les énormes affiches de la campagne contre le Sida sont intercalées avec  les publicités pour MOOV une compagnie de GSM. La société de consommation n’est pas encore arrivée aujourd’hui, inutile de vanter des marchandises que personne n’achètera, sauf les téléphones mobiles qui sont en grand usage. On verra les jours suivants de la publicité pour le savon.
L’urbanisation gagne, les constructions se densifient, nous approchons de Lomé. Voyons d’abord la raffinerie Shell puis des maraîchers, enfin la zone portuaire et une zone franche où sont installées des industries pharmaceutiques et une énorme cimenterie CIMTOGO (groupe Heidelberg). Plus nombreux encore qu’à la frontière, les camions qui attendent, certains vides d’autres chargés des ballots de coton.

Musée International du golfe de Guinée : entrée

Lomé est une grande ville d’un million et demi d’habitants, près d’un tiers de la population totale du Togo qui en compte 5. La route longe la plage bordée d’une double rangée de palmiers ; cette croisette est     accueillante, propre et gaie.

 

Musée International du golfe de Guinée

cavalier

 

une collection privée d’une grande variété

 

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Lomé : Le Musée International du Golfe de Guinée

 

Sur la route, dans un bâtiment bas à l’abri d’un mur, rien ne laisse soupçonner l’existence du Musée si ce n’est une grande statue cornue et colorée. Un guide fort aimable nous commentera les pièces les plus remarquables. Cette collection privée regroupe des sculptures, des masques venant aussi bien du Mali que du Congo. Certaines sculptures sont contemporaines  d’autres très anciennes comme celle des Noks qui date de plus de 2000ans. Elles sont si nombreuses qu’on ne sait plus où donner de la tête. Il faudrait prendre le temps de focaliser l’attention sur une œuvre en particulier et ne pas se laisser distraire par les autres.

Heureusement que nous avons déjà rencontré l’art africain pour disposer de quelques repères.  Je découvre avec grand plaisir les Senoufo de Côte d’Ivoire et l’Art Ashanti du Ghana. Les bronzes du royaume de Bénin ont fait l’objet d’une très belle exposition au Quai Branly, ce sont donc des retrouvailles. La salière en ivoire est elle celle qui était présentée lors de l’exposition ? Et l’explorateur Portugais, il me semble le reconnaître ? L’art des Noks du Nigéria est tout à fait étonnant. La grande sculpture en argile au visage très allongé ressemble à celle que nous avons vue à Daoulas. Je n’avais pas compris alors, que c’était une statue africaine tant elle est exotique.

Ces retrouvailles avec des œuvres d’art sont un vrai plaisir. La surprise de la découverte,  nous l’avons éprouvée au Musée Dapper en 2006. Les œuvres y sont particulièrement mises en valeur mais les explications réduites.  Aujourd’hui le guide est disert et raconte des anecdotes, montrant le caractère magique de tel fétiche. Je connaissais les fétiches à clous mais je n’avais pas compris à quoi chaque clou correspondait : chaque clou est planté par le féticheur pour marquer un vœu qu’un fidèle fait.

Malheureusement, la communion avec les œuvres d’art est troublée par une famille d’expatriés français particulièrement déplaisants : le Grand-père qui connaît toute l’Afrique, les ethnies, et le fait savoir, les deux petits enfants qui balaient tout sur leur passage.

 

A l’Auberge du Lac de Kpessi

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Coucher du soleil sur le lac Togo à Kpessi

coucher de soleil

 

Le retour en pirogue se fera à la perche. Le vent soulève maintenant des vagues qui passent par dessus bord. Il faut moins d’une heure pour revenir à l’hôtel  à la tombée de la nuit à 18h15. La nuit tombe vite au Togo, nous avons changé de fuseau horaire. La surface du lac est métallique, du plomb avec des reflets dorés. Les silhouettes noires à contre-jour des piroguiers sur leurs embarcations se détachent épurées. Un peintre de Ganvié lors de notre première visite avait voulu nous vendre des tableaux que nous avions méprisés – trop clichés, pensais-je – ils traduisaient parfaitement le spectacle qui se déroule sous nos yeux.

les cases rondes de l'auberge du Lac

18h15, il reste peu de temps pour nous livrer à la bataille contre les moustiques : revêtir des vêtements imprégnés, se tartiner de répulsif (j’aime son odeur de coco), barricader la chambre aussi hermétiquement que possible, trouver une prise qui fonctionne pour le diffuseur électrique, allumer les spirales et les bougies à la citronnelle. La totale ! Cela aurait été si simple si nous avions eu une moustiquaire ! Un employé de l’hôtel arrive avec une bombe et nous dit de sortir 10 minutes.
L’ennemi n’a pas paru et j’ai pu rester tranquillement sur la terrasse avec ma bougie.
Diner dans la quasi obscurité. Le bar est délicieux et de belle taille, la sauce accompagnant le riz est composée de courgettes, carottes tomate et céleri, très douce. Pour dessert : un ananas. Notre voisin vient chercher des cigarettes au bar. C’est un Chinois qui parle français. Pour les Africains, les Chinois sont ils des Blancs ?

Lever du soleil sur Kpessi

 

Émerveillement du lever de soleil sur la lagune de Kpessi. Calme et harmonie, l’eau immobile prend des teintes opalines. Les gros nuages gris sont gonflés comme des montgolfières. Une dame et un homme balaient le sable sous les cocotiers. Je retourne à la case chercher l’appareil photo et mon carnet moleskine. C’est la première fois depuis notre arrivée que je ressens l’urgence de dessiner pour ne rien perdre de l’instant. Kamal est rentré voir sa famille à Lomé, il ne viendra nous chercher qu’à 9heures, j’ai donc le temps de croquer la balayeuse, ses épaules nues, son corsage glissant négligemment sur le bras, son foulard noué, les plis de son pagne coloré.
Le petit déjeuner est servi sous un kiosque rond : omelette aux herbes, pain chaud et confiture de mangue.
Nous  n’avons pas entendu chanter les enfants que nous voulions enregistrer : l’école est vide.

 

Togoville catholique et animiste

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la lagune de Kpessi

 

Kpessi : baignade et pirogue

 

Je me laisse tenter par une baignade dans la lagune. Cela commence mal : le fond est vaseux. Dans le doute, je préfère garder mes sandales. Les tongs sont aspirées par une succion du fond. Je n’arrive plus à les décoller.

Un peu plus loin 4 enfants pataugent. Peut être le fond est il plus propre ? Non ! Ils me défient : « savez vous nager ? »Nous jouons ensemble. Le plus petit prétend avoir quinze ans, je lui en donne huit. Je le traite de menteur et cours chercher crayons et stylos.

les enfants et les stylos

Pirogue sur la lagune

Je me harnache en conséquence : mon turban à la sénégalaise pour ne pas avoir de coup de soleil et mon voile turc pour protéger la nuque,  le cou et les joues. Comme il fait frais sur l’eau, la superposition des étoffes n’est pas inconfortable.

Kamal nous accompagne. Tandis que la pirogue s’éloigne de Kpessi parviennent des tambours et des chants. Kamal nous explique que c’est la reprise à l’école. Les enfants se tiennent dans la cour et chantent l’hymne togolais. La demi-journée peut commencer et c’est ainsi tous les jours au Togo. L’école est juste derrière l’auberge et nous pourrons les enregistrer demain matin.
La traversée est un enchantement : nous naviguons « à la voile » : un drap vert est attaché à un mât tenu par deux ficelles. Le vent souffle et soulève de vraies vagues. Un épervier tente de pêcher et part bredouille ; les sternes sont plus habiles, elles ne se contentent pas de raser la surface elles plongent. La pirogue se rapproche de la rive opposée (4km).

 

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Togoville catholique

 

Des baobabs défeuillés se détachent au dessus d’une végétation dense et embrouillée. La rive nord n’est pas plate et sableuse comme celle du côté de l’océan. Une falaise rouge surplombe la lagune portant un village : Togoville : 8000habitants, autrefois la capitale du Togo.
Dès que la pirogue accoste, un guide se présente. La visite démarre mal. La première attraction est un canot bleu abandonné à l’envers dans un pré, assez gros mais très ordinaire : le canot du Pape Jean Paul II. Nous arrivons ensuite au débarcadère du Pape peint en rouge. Le Saint Père est venu en saison pluvieuse, l’eau montait lus haut. La passerelle rouge se trouve un mètre au dessus du sol, incongrue. On remonte la rue très raide qui mène au sanctuaire marial. La Vierge est apparue ici. Une statue en ciment bleu et blanc très conventionnelle est placée sous un arceau de fleurs blanches. Je prends la photo comme celle du canot et de la passerelle pour faire plaisir à notre guide. L’église est allemande. A sa construction c’était un temple protestant. Pour la venue du Pape on a fait venir un peintre d’Italie ou d’Ouganda (je n’ai pas bien compris) pour la décorer à fresques et des vitraux ornent les fenêtres comme dans une église européenne. Des bancs en ciment ont été rajoutés pour la visite papale. Jusqu’ici, la visite ne nous passionne pas.

 

Togoville : les enfants contribuent au chantier en apportant le sable

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Togoville centre artisanal

Passage obligé au Centre Artisanal. Un groupe en ciment orne la placette : un jeune homme vêtu de jeans assis cavalièrement sur une chaise à l’envers, s’appuyant sur le dossier, les manches roulées au dessus du coude fait face à un vieil homme en costume traditionnel. La Modernité faisant face à la Tradition.
Je trouve ce que je cherche pour la pièce : un petit gong double et une gourde végétale emmaillotée dans un filet où sont enfilés des boutons de nacre. C’est un joli instrument de musique. Les boutons sonnent de manière plaisante. Je négocie à 6000F les deux, je donne 10€, il me rend 650f et fait un reçu pour 9€. Le compte est bon, la facture manuscrite aussi. L’artisan qui a fabriqué la gourde sort pour la photo. Il est content de sa vente et moi de mon achat.

 

Togoville animiste

Face à face, la tradition et la modernité

 

 

Après la visite catholique commence la visite aux fétiches qui sont bien vénérés ici à en croire la fraîcheur des offrandes répandues sur le fétiche mâle. Le fétiche femelle est une statue enfermée dans un enclos. Un peu plus loin un arbre est enrubanné. A sa base, une calebasse. Une petite chèvre est attachée.

Nous écoutons de plus en plus distraitement ; le guide préfère bavarder avec Kamal dans leur langue.

Nous  sommes plus attentives à l’animation de la rue. Une file d’enfants se dirige vers un portail sculpté portant les symboles des fétiches  puis remonte le village. Les filles portent des bassines les garçons des seaux. A quoi correspond cette joyeuse procession ? Un camion a livré du sable au village. Les ruelles ne permettent pas l’accès au chantier. On a donc fait appel aux enfants pour terminer la livraison. Le propriétaire donnera quelque chose à l’école.

Ici aussi, la campagne contre le VIH a laissé des tableaux peints et il y a une baraque en bois verte ornée du ruban rouge. D’autres panneaux rappellent des règles d’hygiène simples : les eaux souillées rendent malade !

 

Nous rendons la visite traditionnelle à la maison du roi. Dans la salle d’audience, les chaises sont alignées le long du mur de part et d’autres du trône royal sur une estrade sous la photo de l’ancien monarque de Togoville  – celui-là même qui avait signé le traité de Protectorat avec les Allemands. Une femme en bigoudis nous apporte le Livre d’Or, le roi ne se déplacera pas.  Nous n’avons ni le temps ni la patience d’attendre son fils qui viendrait peut être.

 

Togo : route inter-états d’Aneho à Kpessi

 

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la mer à Aneho



La route inter-états, très fréquentée, est bordée de terres cultivées et prospères. Cette richesse apparente au Togo s’arrêtera-t-elle dès que nous quitterons le grand axe de circulation ?
Un pont  traverse la lagune : le train du phosphate exploité non loin de là.
Comme au Bénin, les routes bien entretenues, sont barrées de péage. Des jeunes filles y proposent des alocos que j’achète avec joie. Le petit sachet plastique bien fermé en contenant 6 vaut 125F ?
Plus loin, un épervier emporte un rongeur dans ses serres. Avait –il été percuté par une voiture ?

Porto Séguro : Maison des esclaves

la maison des esclaves, l'entrée dees maîtres et le soupirail des esclaves

 

La Maison des Esclaves de Porto Seguro
Dans des ruelles blanches de sable, la maison Woods est bien cachée derrière une porte en fer. C’est une maison coloniale de style Afro-Brésilien avec un perron haut de quelques marches agrémenté de plantes vertes. Un beau manguier orne la cour. Seuls les soupiraux trahissent l’horrible fonction de cette demeure. C’est là qu’était le lieu de stockage des esclaves attendant le passage vers le Nouveau Monde. Les entrées des soupiraux étaient si basse qu’il fallait ramper. Dans le salon des négriers,rien ne laissait soupçonner la présence des esclaves. Le guide ouvre une trappe qui ressemble à celle d’un bateau et nous propose de descendre. J’hésite un peu : il n’y a pas d’échelle. Il faut se laisser couler en se retenant à la force des bras. Une fois en bas, impossible de se relever : on doit marcher à 4 pattes. La cave ressemble à la cale d’un navire, ainsi les hommes devaient s’habituer à l’exigüité et à l’enfermement.

 

Il faut imaginer  cette maison clandestine cachée dans une épaisse forêt. Après le traité de Lagos ces maisons furent détruites mais celle-ci était bien cachée et discrète.

A Porto Seguro nous faisons quelques achats : des bouteilles d’eau Voltic (imitation de Volvic ?), des bananes, des oranges que nous mangerons à Kpessi dès que nous serons installées.

Togo : Aného- Musée Ethnographique de la Région Maritime

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Musée ethnographique d'Aneho

Juste après la frontière, une allée ombragée conduit à des bâtiments coloniaux bien usés par le temps et patinés à la terre rouge. C’est Aného (prononcer le H comme le CH dur allemand). Le Musée Ethnographique de la Région Maritime fait revivre les souvenirs de la colonisation allemande 1884-1914 installé justement dans un bâtiment de cette époque.

Le 5 juin 1884, le Protectorat allemand a été signé par le commandant Nachtigal et le roi de Togoville. Trois gouverneurs allemands se sont succédés .

Le Togo allemand était beaucoup plus vaste que le Togo actuel, partagé entre le Protectorat français et le protectorat britannique en Gold Coast (Ghana actuel) en 1914 et non pas à l’issue de la Première Guerre Mondiale comme je l’imaginais.

Autre surprise : l’attachement des togolais à la colonisation allemande. Certes, c’est une originalité par rapport aux voisins béninois ou ivoiriens que d’avoir d’abord été sous Protectorat allemand. On montre une curieuse photo de classe où les enfants africains sont affublés d’une belle casquette recouverte de velours rouge. Ce couvre-chef fut utilisé comme argument dans la scolarisation des garçons qui rentraient chez eux très fiers de la porter.

Les Allemands ont construit trois lignes de chemin de fer : la ligne du coprah à Aného, la voie du coton à Lomé et celle du cacao-café à Kpalimé.
En plus des fac-similés des traités, on montre des photos anciennes et dans les vitrines des instruments de musique : hochets, gongs pour annoncer des messages, tamtam parlant. Dans une autre vitrine on voit les attributs royaux : la sandale portant le crabe-symbole d’un souverain. Les sceptres servaient de convocation : le porteur du sceptre avait droit à tous les égards qu’on réserve au souverain ainsi que l’obéissance.

 

Passage au Togo/campagne Prévention VIH

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Frontière côté béninois


La route inter-états est bien  entretenue. Même  signalisation routière qu’en France, 50 en agglomération . Les  jardins de maraîchers bordant la route, sont très soignés. Comme à Cotonou, on arrose avec la double pomme d’arrosoir fixée sur des tuyaux jaunes. L’arrosage est l’essentiel du travail.

Plus loin, on cultive le manioc. Sur le bord de la voie, on vend de grands cylindres de gari et de tapioca. Kamal insiste : le tapioca est très nourrissant et plein de vitamines. Cet amidon de maïs ne me plaisait pas du tout quand j’étais petite. Cela ressemblait à des œufs de grenouille dans le bouillon.

A l’approche de la frontière, les camions en stationnement sont de plus en plus nombreux. Certains viennent de très loin. Ils sont chargés de tuyaux, de grosses bobines de fil de fer et de chargements très hauts cachés par des bâches  Certains sont décorés. Je lis « Heaven helps » sur l’un « Body Body » sur le suivant. Kamal nous montre ceux qui sont nigérians, ceux qui vont jusqu’au Niger ou au Burkina  Faso. Ils sont pris leur chargement à Lomé, peut être au Ghana. Jamais de tels monstres ne circuleraient en Europe. Sur la route de Pobè nous en avons vu un qui avait perdu l’équilibre et basculé dans le fossé en cherchant à éviter un autre en panne qui encombrait la voie. Les sacs de charbon étaient déversés sur le talus.

 

Passage de la frontière du Bénin/Togo

 

On passe la douane à pied. Il faut d’abord se rendre au poste de contrôle béninois. Le fonctionnaire, en uniforme bleu, bien en chair, le crâne rasé avec des épaulettes fait consciencieusement et lentement  son travail.

–    « l’adresse du passeport est elle encore valide ? »
    « Quel est votre hôtel à Cotonou ? »
–    « Votre profession ? », « encore en exercice ? » s’étonne-t-il ? Au Bénin, la retraite des fonctionnaires est à 55 ans.
–    – « il faut maintenant plus de 40 ans de service » , je réponds, un peu vexée.
Ce n’est pas la première fois au Bénin qu’on me traite en vieille dame. Il recopie puis revient à la question de la retraite qui semble l’intéresser :
–    « pourquoi la France a-t-elle reculé l’âge ?  »
–    « pas assez d’enfants ! », je réponds.
Cette idée lui plait. Sans doute les africains remplaçant les enfants manquants, seront-ils mieux accueillis ?
Premier tampon.

–    « numéro du véhicule ?  » Juste derrière moi, Kamal a surgi comme par enchantement.

On remonte en voiture. La frontière se passe à pied par une porte étroite qui donne dans un couloir noir. Le policier Togolais cherche le visa et appose un autre tampon. Ce n’est pas le dernier. Il faut aller à l’Emigration où deux fonctionnaires officient à un comptoir. Même questionnaire que chez les Béninois.

–    « numéro du véhicule ? encore une fois Kamal est arrivé sans qu’on s’en rende compte.

Un jeune passe dans tous les bureaux béninois et togolais ; il distribue des boîtes à gâteaux. Les premiers l’avaient reçue d’un  air distrait. J’avais cru qu’on lui livrait son déjeuner. Son collègue l’avait ouverte. Elle était pleine de sachets argentés. Quelle utilité ?

Du côté Togolais, on n’est pas prude. On distribue les préservatifs à tous les passants (pas à nous, à cause de notre peau blanche ou de nos cheveux idem ?). Une femme se rebiffe:
–    « mon mari ne met pas ça ! »
Le policier est rigolard :
–    « il n’est pas forcé ! »
Le nombre des camions explique peut-être cette initiative. Il est connu que l’épidémie se propage, entre autres, par les voies de communications, les routiers loin de leur domicile, fréquentant des prostituées. Et puis, ce passage obligé devant les autorités est un excellent prétexte.

 

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Campagne de Prévention VIH au Togo

 

Affiches
Au Togo,  la campagne d’information par affiches est très active. Un panneau publicitaire sur deux est consacré à la prévention contre le VIH, en français mais aussi en anglais.

Bilingue :    Le Sida ne connait pas les frontières.
Protège-toi !

Illustrée par une carte des pays traversés par la route inter-états :
« Pour un corridor sans Sida »

Sympa
: deux collégiens souriants, décor de rubans rouge, Ils ont écrit au feutre sur la paume de leur main : « C’est ma vie », une petite main jaune genre « touche pas à mon pote.
Nous sommes trop jeunes pour le sexe.
L’abstinence c’est mon choix


Une publicité pour les condoms
:
Un ami dans la cité

Ciblé adultes : 3 couples d’origines sociales différentes, de l’homme d’affaire à l’ouvrier :
Nous avons fait le test
Nous sommes sereins

Plus surprenant et martial : 6 militaires brandissent une pochette :

Les forces Armées s’engagent pour le combat du Millénaire
Contre le VIH

 

La chute rend sympathique le ton provocant et militariste du début.

Les autres affiches se répondent :
Deux basketteurs, un ballon, un panier
On n’attrape pas le Sida en jouant ensemble

Deux femmes goûtant la cuisine dans un fait tout
On n’attrape pas le Sida en mangeant avec une personne séropositive

Plus sobre :
Les personnes séropositives sont aussi utiles à la société

Je ne sais pas qui a réalisé cette campagne tonitruante mais plus personne au Togo ne peut ignorer la maladie ni les moyens de se protéger

 

Etape à Grand-Popo

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Après le pont sur le fleuve Mono, nous arrivons à Grand Popo .

L’auberge de Grand Popo est très chic avec ses bâtiments à étage de style colonial. Sébastien a réservé pour nous à l’annexe, pudiquement appelé « chambres sur Jardin ». L’endroit est charmant : un carré d’herbe verte de très beaux tamaris des bignonias jaunes en fleur. La chambre est ventilée : les grandes pales tournent au dessus de la moustiquaire blanche installée de façon originale. Au lieu des quatre piquets disgracieux à chaque coin du lit on a construit un cadre renforcé de deux traverses soutenu par un piquet central. La mousseline est très fine presque invisible mais apporte une impression de sécurité absolue. Le mobilier est de bon goût : un plateau de rotin sert de store masquent l’ouverture en demi lune au dessus de la porte. La lampe de chevet en toile écrue est jolie, malheureusement il n’y a pas d’ampoule.

les pêcheurs de Grand Popo

Nous partons  la découverte du village de pêcheurs bien différent des  chaumières de Hiyo ou de Togbin sur la Route des Pêches. C’est un vrai village avec des maisons en dur, parfois écroulées, une belle maison coloniale jaune (habitée par des yovos), des boutiques…Sur la plages, des jeunes s’affairent à réparer des filets. Ils me proposent une promenade en pirogue sur le fleuve Mono.

Je termine la journée à la plage : baignade avec de l’eau jusqu’aux chevilles, puis à la piscine à peine plus profonde et beaucoup trop chaude pour rafraîchir.

Dîner au restaurant sur le bord de la plage. Le vent souffle très fort, la température est agréable. Il y a peut être 10°C d’écart avec notre jardin ? Musique cubaine de  tout à fait de saison. Je commande un bar grillé (3800F) très petit et très sec avec un petit bol de riz renversé. Après dîner, je reste à écrire au frais jusqu’à ce que le sommeil me gagne.

 

Grand Popo et départ pour le Togo

 

 

6h50, comme chaque matin,  ma promenade sur la plage.

Sur la voie, les enfants en uniforme, un cahier à la main, ou une ardoise pour les plus jeunes, vont à l’école. Je les suis jusqu’à un très grand groupe scolaire peint autrefois en rose, encore soigné. L’église qui m’a réveillée à six heures avec ses cloches, a un vieux clocher jaune ébréché. Elle est fermée.Il y a de belles maisons, l’une d’elle est au nom de Ma Ramotswe  . Un terrain de jeu a été offert par des Finnois (Lappset).

Je rentre par la plage marchant dans l’écume mousseuse.

Le petit déjeuner – contrairement au dîner, cher et mesquin – est à la hauteur de l’établissement, la confiture de coco est fameuse.

Kamal a fixé le départ à 10heures ce qui nous profitons de de la plage.La baignade est très agréable : les rouleaux sont moins puissants et se brisent sans violence. C’est la première fois que l’eau au- dessus de la taille.

Un homme nous attire avec un curieux manège : il balance un curieux ustensile ressemblant à un minuscule panier à salade conique ou à un encensoir.  Que fait –il ? – du thé à la menthe. C’est ainsi qu’il attise le charbon de bois dans le vent. Quand il y aura suffisamment de braises, il le rechargera petit à petit.