Où les eaux se partagent – Dominique Fernandez

VIAGGIO 2018

Où les eaux se partagent par Fernandez

« Seules vivantes dans ce désert restent les eaux qui changent sans cesse de couleur. juste au pied de la maison, elles se séparent en deux masses distinctes dont la jointure se marque par une ligne plus pâle indiquant un soulèvement du sol à cet endroit. Cette bande sous marine moins profonde, qui tantôt disparaît sous l’action des courants et tantôt se discerne à l’œil nu, relie la terre au fortin rose. la Mer Tyrrhénienne qui longe la côte occidentale de l’Italie se termine ici, où commence la Mer Ionienne, qui s’étend à l’est jusqu’à la Grèce. les deux fosses de la Méditerranée se rencontrent sur cette frontière tracée à l’époque où l’Afrique s’est détachée de l’Europe »

Depuis nos premiers voyages en Italie et en Sicile, nous avons choisi Dominique Fernandez pour passeur. Nous avons vu la Sicile avec ses mots et je ne rate aucune occasion de refaire le voyage en lecture. Le Radeau de la Gorgone est le meilleur des guides. Nous y sommes revenues après chaque visite, chaque promenade.

Cette fois-ci, il s’agit d’un roman. Romans historiques, ou plus personnels, j’ai dévorés ceux qui retracent la vie d’un artiste comme celle du Caravage, de Porporino , ou plus près de nous Pasolini. J’ai lu autrefois L’Ecole du Sud, Porfirio et Constance, qui m’ont semblé plus personnels. En résumé, je suis une grande fan de Fernandez!

Je me suis régalée dans les premiers chapitres de Où les eaux se partagent avec la découverte de cette pointe sud est de la Sicile.J’ai cherché avec Googlemaps la localisation de Rosalba et de Marzapalo : introuvables! Ce roman est bien une fiction! Quoique, en suivant la côte sur l’image satellite, on voit bien les deux couleurs des eaux, la ride sous-marine qui partage la Méditerranée. on voit aussi à Porto Palo, une vieille Tonnara, et plus au sud l’Isola delle Corrente, en direction de Syracuse une localité a pour nom, Marzamemi. La géographie est transparente.

Après la géographie, l’histoire!

Le roman est récent : il vient de sortir. L’action se déroule dans un passé mal défini. Je me jette sur les rares  indices . Quand ils rencontrent le propriétaire de la casina à Rome, le Guépard est sorti,  donc après 1958. Une allusion à la Dolce Vita (1960) repousse donc cet achat aux années 60. La chanson Nel blu dipinto di blu est datée 1954. L’histoire se déroule donc dans les années 60 un peu après, sans doute, puisque le peintre et sa femme reviennent chaque année pour les vacances d’été. La  compréhension du roman est donc ancrée dans un temps bien défini quand le souvenir du fascisme et de l’arrivée des Américains en 1943 est encore vivant.

Maria est ethnologue.  Elle préfère étudier les Aborigènes d’Australie que les mœurs des Siciliens. Lucien, au contraire,  se complaît dans l’exotisme des habitants. L’excentrique Prince Mazzarola delle Campane, propriétaire de la tonnara, avec son valet aurait pu   fréquenter les salons du Guépard de Lampedusa. Le ragionere, Cazzone, (quel nom!) à figure d’aubergine, ouvertement fasciste est un autre personnage haut en couleur, comme le sont les commerçants de Rosalba dont Fernandez nous livre des portraits saisissants, pittoresques et plein d’ironie.

Où les eaux se partagent est une sorte de roman de désamour, plutôt que roman d’amour. Deux jeunes amoureux achètent une villa au bout du monde, au soleil pour vivre leur amour …. les années passent. Maria se sent rejetée dans le monde machiste de la Sicile où les femmes quand elles veulent prendre le soleil tournent leur fauteuil le dos à la rue. Le premier malaise se traduit en agression, les jeunes la harcèlent quand elle prend un simple bain de soleil. Lucien ne réagit pas à ce rejet. Au contraire, il prend grand plaisir à la compagnie des adolescents sauvages. Le couple éclate quand Maria lui reproche d’aimer les garçons.

C’est là que mes efforts de datation prennent de l’importance. L’homosexualité date de l’Antiquité, peut être bien avant. Cependant, dans les années 1960, elle est refoulée et ne s’exprime pas au grand jour. Ce refoulement est aussi un des thèmes abordé dans ce livre.

La fin est donc amère, comme le désamour et le délabrement de la casina.

Le Bâtard de Palerme – Luigi Natoli

LIRE POUR LA SICILE

 Palerme :Quattro Canti
Palerme :Quattro Canti

Jubilatoire! 

Un très gros roman de cape et d’épée se déroulant surtout à Palerme, mais aussi dans la campagne sicilienne, justement sur les lieux où nous avons passé les vacances de Pâques 2016!

luigi-natoli

 

 

 

Palerme, en fête, regarde partir les Espagnols en 1698 et accueille le nouveau roi de Sicile, savoyard. La ville est parée de tribunes, d’arcs de triomphe, des tapisseries pendent du palais royal, le spectacle est solennel. On savait festoyer en ce temps-là!

20160422_153008-copie-2

Juillet 1718, une armada espagnole est de retour. Le roi savoyard a déçu la noblesse sicilienne qui regrette le temps où les Espagnols « dont l’oeuvre en Sicile se résumait à une formule simple : « faire de l’argent, enrichir le clergé et la noblesse, pendre le plus de monde possible et ne se préoccuper de rien d’autre… » 

Blasco de Castiglione monté sur une sorte de rossinante arrive dépenaillé, provoque en duel le prince d’Iraci,  corrige les valets des grandes familles. Il vient à Palerme rechercher un religieux qui connaît le secret de ses origines….

Batailles, duels, fêtes,  secrets de famille. Mais aussi intrigues amoureuses, rapt d’une religieuse, scandales et sérénades tournant au charivari nocturne. Intervention d’une société secrète les Beati Paoli. On ne s’ennuie pas un instant dans ce très gros livre qui me fait penser aux Trois Mousquetaires que j’ai dévoré il y a bien longtemps.

J’ai adoré cette lecture et n’attendrai pas longtemps pour lire la suite : il reste encore deux gros volumes!

Candido – Sciascia

LE MOIS ITALIEN D’EIMELLE

Sciascia raconte la Sicile de 1943 aux années 70. Il s’inspire du Candide, recherche l’esprit de Voltaire. Il avoue dans une note :

« cette alacrité, cette légèreté, impossible de les retrouver : moi-même qui crois n’avoir jamais ennuyé mes lecteurs…Sinon du résultat, que l’on veuille bien tenir compte du propos : j’ai cherché à être vif, à être léger. mais notre temps est pesant, très pesant. »

Candido , dépourvu de parents, et de tout préjugé, cherche des réponses simples, des évidences dans un monde compliqué. Né à la fin du fascisme dans les bombardements américains il évolue dans une Sicile partagée entre la Démocratie Chrétienne et le Parti Communiste. Son grand père, général fasciste, choisit la Démocratie chrétienne et le confie à un précepteur l’archiprêtre Lepanto – son Panglosse, prêtre fasciné par la psychanalyse tout d’abord qui se défroquera et deviendra communiste. Le Parti, comme une Eglise!

Candido a la chance d’être un élève brillant et d’avoir des terres qui lui procurent le bien être matériel. Il a aussi la chance d’être aimé de Paola (sa Cunégonde?) et tout devrait bien marcher dans le meilleur des mondes possibles….mais il n’en est pas ainsi. Le Parti n’aime pas les esprits trop libres, et finira par l’exclure. Sa famille cherchera, et réussira à mettre la main sur les terres…

Mais dans le meilleur des mondes possibles, il partira en voyage et finira ses errances à Paris, la patrie de Voltaire et celle de Mai 68!

Anna – Niccolo Ammaniti

LE MOIS ITALIEN D’EIMELLE

Anna ammaniti

Quand Babelio a proposé de « lire toute la rentrée littéraire 2016 », j’ai choisi Anna qui cadrait avec le thème du Mois Italien d’Eimelle du 1er Octobre : un livre paru en 2016 et aussi parce qu’il se passait en Sicile. Je ne me suis pas inquiétée du thème post-apocalyptique. les romans apocalyptiques, ou la science-fiction ne sont guère à mon goût (sauf chef-d’oeuvre, on ne sait jamais). J’ai lu deux ouvrages de Niccolo Ammaniti : Emmène moi que j’ai bien aimé et La Fête du siècle, moyennement.

Anna raconte la survie des enfants après qu’une épidémie – La Rouge – ait éradiqué tous les adultes. Pour des raisons hormonales,  les enfants en sont indemnes, la maladie ne se déclarera qu’à la puberté.  La mère d’Anna lui a laissé un Cahier des Choses Importantes, sorte de manuel de survie et la responsabilité de son petit frère à qui elle devra apprendre à lire et léguer le Cahier en espérant que d’ici -là, un vaccin ou un remède leur permettra de survivre.

La Sicile se trouve donc peuplée uniquement d’enfants plus ou moins sauvages, de chiens en bandes. Les enfants trouvent leur survie dans des centres commerciaux ravagés et pillés. Ils se nourrissent de boîtes de conserves. Ils s’organisent  en bandes, inventent des rituels étranges pour conjurer la menace. Omniprésence de la mort, ossements, cadavres, charognes. Meme dans la Préhistoire la plus anciennes, les humains enterraient leurs morts. Pas ici. On trouve des cadavres dans des voitures abandonnées, dans des maisons.

Atmosphère de violences, de destructions, de brutalités, affrontement entre les enfants, affrontement entre enfants et chiens.

J’ai failli abandonner très vite cette lecture. Puis je me suis attachée à Anna, à son énergie de vivre, même dans cet enfer, à son projet de sauver son petit frère, à son désir de vivre pleinement le temps court qu’il lui est imparti de vivre, à vivre un amour…vivre malgré tout.

Himera

CARNET SICILIEN 2016

Himera temple de la Victoire
Himera temple de la Victoire

Pour le petit déjeuner, je suis allée au verger chercher des mandarines.Trois grosses oranges attendent sur l’arbre d’être pressées demain !

Les scavi di Himera dépendent de Termini Imerese, à 12km de notre gîte sur la SS113.  se dresse d’un côté de la route, le musée est perché de l’autre. Le musée est riche de nombreuses collections provenant du site d’Himera et d’autres fouilles dans le voisinage jusqu’a Petralia Sottana et Cefalù.

o
Phiale aurea

Les plus belles pièces sont une coupe aplatie en or finement ornée la Phiale Aurea de forme omphalos (nombril) et un lion qui ornait une fontaine du temple de la Victoire.

Peu d’objets spectaculaires sont présentés mais il y a beaucoup de lecture (en italien exclusivement). les auteurs anciens sont abondamment cités, surtout Diodore de Sicile et Cicéron (Verrines).

Gorgone d'or vue sous la loupe
Gorgone d’or vue sous la loupe

Les habitants légendaires de la Sicile furent les Cyclopes et les Lestrigons (ces derniers m’évoquent Ithaque de Cavafy). Il est dit qu’Himera fut fondée dix générations après la chute de Troie. Diodore de Sicile date sa fondation par des colons d’Eubée en 618 av. JC. Son destin fatal fut scellé en 409 sous la fureur d’Hannibal. Les premières vitrines rendent compte des fouilles des trois temples d’Himera : seul le Temple de la Victoire subsiste (construit après la victoire en 480 sur les Carthaginois). D’après Cicéron ce fut un Athénaion. On a exposé des vestiges du fronton et de métopes en terre cuite : plusieurs têtes de cheval des griffes de félins, têtes viriles. Une gorgone ornait le fronton. Le thème de la Gorgone est récurrent : une très jolie Gorgone en or s’observe derrière une loupe. En plus des temples on a mis à jour des quartiers d’habitation.

Scilla
Scilla apokopeusa

Les poteries domestiques sont très simples mais parfois délicatement ornées comme les autels domestiques en terracotta : la Scilla apokopeusa ressemble à une sirène dont la queue formerait des vagues ; un atre montre Dédale et Ikare (avec des ailes) chevauchant un bovidé (le minotaure ?) . Les nécroppoles ont livré des squelettes, mari et femmes ont été inhumés ensembles comme dans le lit conjugal, d’autre sont recroquevillés dans une sorte de grosse jarre. Les rites funéraires ont donc varié au cours de l’Antiquité. Des trouvailles tardives, médiévales complètent les vitrines. En sous sol ont peut voir une étonnante quantité de caisses en plastiques contenant des tessons ou d’autres débris – incroyable puzzle pour occuper les spécialistes. Nous sommes les seules visiteuses, toutes les gardiennes sont  fort empressées. Peut être ont-elles d’autres tâches que d’accueillir les visiteurs.

Temple de la Victoire
Temple de la Victoire

Le Temple de la Victoire, construit en calcaire coquiller poreux est bâti sur un socle haut de quatre marches. La base des grosses colonnes sont bien visibles comme les structures internes. Un mince et long serpent me barre le chemin – immobile – mort ? plutôt que de l’enjamber je m’arrête à 50cm. La vipère sort de sa torpeur et file se cacher dans les buissons. Le gardien ne s’étonne pas, « il faut faire attention, elles sont nombreuses ».

Grenadier en fleur
Grenadier en fleur

Une voiture entre sur le site : toutes les gardiennes et le gardien accourent et nous font signe : c’est le boulanger. Chacun achète une part de pizza. J’avise une fougasse qui serait très bien pour demain. « elle est vide » remarque le boulanger qui nous recommande deux rouleaux plein de sucre ; peut être contiennent ils de la crème comme les croissants ?

Dernière promenade sur la plage de Salinelle avant le déjeuner au restaurant La Voce Del Mar que Marina nous a recommandé. Nous nous installons dehors malgré la fraîcheur et le vent. Dominique commande un risotto aux asperges, crevettes, crème et parmesan présenté avec du paprika sur le tour de l’assiette. J’ai pris les spaghetti de la mer avec moules, palourdes, poulpes, tomates -cerises, huile, persil et ail. C’est excellent. Nous avons attendu longtemps mais j’en ai profité pour consulter mes mails.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cefalù : la cathédrale et le Musée Mandralisca

CARNET SICILIEN 2016

Cefalù côté port
Cefalù côté port

Matinée nuageuse; arrêt au café Eolo sur le port où j’ai maintenant mes habitudes pour Internet. La météo de Google me rassure : pas de pluie.

Duomo
Duomo

Du port, un quart d’heure à pied pour arriver au duomo  en passant par la Porta Giudecca. La grande cathédrale normande avec ses deux clochers carrés surmontés de pyramides pointues, trônant sur un parvis auquel on accède par un escalier imposant.

DSCN6895 - Copie
cloître de Ceffalù

Je visite d’abord le cloitre situé plus bas : les colonnettes géminées sont toutes différentes, certaines sont torses, d’autres droites agrémentées de chevrons. La feuille décrivant chaque chapiteau est intitulée CALUSTRUM SIGNIFICAT PARADISUM, on reconnait Adam et Eve très usés, Noé et son arche sont lisibles, viennent ensuite des Harpies et Ibis très décoratifs avec des acrobates aux bras repliés dans la même pose que les télamons. Le plus souvent il y a des feuilles d’acanthes.

Cathédrale

Christ Pantocrator
Christ Pantocrator

Le porche en pierre très blanche est finement sculpté mais un filet anti-pigeons m’empêche de faire une photo nette. Dès l’entrée, le regard est attiré parla mosaïque du chœur :  le Christ Pantocrator très byzantin sur fond doré.  En  dessous,  la Vierge entourés par des anges et des saints, beaucoup trop loin pour les identifier. Plus près de nous un décor baroque pâtit de la proximité avec l’éclat de la mosaïque dorée. Je ne le remarque que longtemps après. Les statues baroques semblent surgir des parois. Par comparaison avec la rigidité byzantine paraissent bien agitées, chacune en déséquilibre ce qui suggère le mouvement. Deux chapelles encadrent le chœur avec des autels surchargés, l’un d’eux est tout argenté.  La nef est très simple et dépouillée. De très hautes colonnes lisses avec des  chapiteaux à feuilles d’acanthes, certains historiés avec des personnages,  supportent un magnifique plafond de bois. Des Une magnifique croix de bois peinte est suspendue. Il faudrait des jumelles pour bien voir.  La lumière est tamisée par des vitraux modernes au dessin abstrait et au verre translucide.

Antonio da Messina : prtrait d'un marin iconnu
Antonio da Messina : prtrait d’un marin iconnu

Il suffit de descendre la rue qui descend juste en face pour arriver au Musée Mandralisca. Le Musée est le palais du Baron Mandralisca, né en 1809 à Cefalù. La visite commence au 1er étage par un vestibule orné des portraits de famille ; A droite, s’ouvre la très belle bibliothèque du baron, collectionneur d’œuvres d’art mais aussi érudit, s’intéressant à l’histoire naturelle et à l’archéologie. Une salle rassemble des icônes du 17ème siècle de l’Ecole Crétoise que j’aime beaucoup(j’en ai vues à Ravenne, Corfou et bien sûr en Crète). En face, des tableau religieux d’époques et origines diverses de 15ème à 18ème siècle. Dans l’obscurité les deux chefs d’œuvre d Musée sont mis en valeur : le Portrait d’un marin inconnu d’Antonello da Messina et Saint Jean Baptiste de Sogliani. Le portrait d’un inconnu fut acheté à Lipari à un pharmacien et servait de porte de placard. Lui seul vaut le déplacement. Une section archéologique occupe une autre aile du palais. On y trouve des sarcophages, cassés, des inscriptions grecques, peu « touristiques », j’ai retenu deux cylindres funéraires musulmans à écriture coufique (12ème 13ème ). La salle suivante est remplie de poteries  grecques provenant pour la plupart de Lipari avec des ushabtis égyptiens et quelques flèches en bronze. Mes préférées sont toujours les statuettes en terracotta – tanagras – en particulier une petite danseuse qui ondule.

Le deuxième étage est moins intéressant. Un service de vaisselle occupe une vitrine : porcelaine blanche avec une frise sur fond noir et un liseré rouge. Des peintures, surtout napolitaines sont souvent sombres, noircies. Dans la lumière crue il y a des reflets, ils ne sont pas mis en valeur. La visite se termine par une salle contenant des animaux empaillés. La collection de passereaux est intéressante.

Midi, temps de faire les courses, les rues de la ville historiques sont occupées par le commerce touristique, ce n’est pas ici que je trouverai des sardines ! Pour trouver pescherie et Orto et Fruta,  mieux vaut chercher dans la ville moderne. Les sardines sont terminées, il ne reste que de minuscules anchois. On achète donc du poisson-sabre et des pommes de terre que nous mangerons sur la terrasse profitant aussi des chaises longues et du jardin.

acanthes sous les oliviers du jardin
acanthes sous les oliviers du jardin

J’ai eu envie de prolonger la corniche vers Messine. La route est coincée entre la voie ferrée et la mer. Avec le relief escarpé il y a peu de constructions mais l’accès à la mer est très compliqué. Passant St Ambrogio accroché à la falaise, nous traversons Finale et Tusa. Le premier est précédé d’une grande usine à moitié démolie, carcasse d’un aspect désolant puis traversons des rues d’habitations rébarbatives (peut être les quartiers des ouvriers allant à l’usine) Le second est plus touristique  comme l’attestent les nombreuses flèches marron, l’une indique un château, une autre un point panoramique, le monument du 38ème parallèle, des ateliers d’art, un restaurant….Le château est perché. Aujourd’hui il est gardé par des militaires lourdement armés ce qui nous rebute, la voiture fait demi-tour au point de vue, la pyramide du 38ème  parallèle est en ferraille perchée sur la colline de l’autre côté de la SS113. Un panneau proclame que la bellezza sauvera le monde (ateliers d’arts, fermés hors saison !).

DSCN6910 - CopieNous descendons sur le lungomare bordant une plage de galets où je me tords les pieds. (pour la baignade j’affectionne les galets, l’eau est plus limpide, mais pour marcher c’est différent). Dans les rues, il n’y a que des vieillards et des éclopés. Par ce jour gris c’est déprimant. Lot de consolation :  la très belle terrasse du restaurant Le  Lanterne en face de pittoresques rochers aux formes contournées non loin d’un petit port aux barques multicolores hissées sur les galets. La terrasse est déserte même si le couvert est mis ; la fraîcheur et les nuages n’engagent pas à y paresser. La rampe pour remonter sur la route est très pentue. Elle est bloquée par un petit camion chargé de meubles. Les déménageurs le rangent après qu’on aie parlementé (la rampe est à sens unique et reculer sur cette pente est hasardeux. La Fiat cale et on découvre qu’il faut négocier un virage à angle droit dans une ruelle si étroite qu’il faut replier els rétroviseurs.

Retour morose  après ces villages tristes et vides.  On voit au retour d ‘autres plages(accessible à pied). Suprise ! les îles éoliennes sont bien visibles dans la brume. Par les jours de tempête dans les embruns je ne les avais pas vues ;

Pour terminer cette après midi un peu ratée nous retournons sur la plage de Lascari pour une longue promenade (5km aller-retour pratiquement seule) je n’ai vu qu’une jeune fille qui promenait ses deux chiens et une grand-mère qui joue au frisbee avec des petits enfants. Nous nous promettons de revenir demain déjeuner à la pizzeria.

le soir tombe
le soir tombe

Le rocher de Cefalù et la plage de Lascari

CARNET SICILIEN 2016

Cefal vue du rocher
Cefalù vue du rocher

 

9h30,  je monte à l’assaut  du Rocher de Cefalù d’abord par des ruelles en pente puis un escalier arrive au poste de péage (4€) le chemin est pavé et glissant (il ne faudrait pas qu’il pleuve). La base du rocher est très raide. La végétation fait penser à celle des Canaries : grosse raquettes d’Opuntia, Euphorbes en buissons ronds aux tiges charnues et au feuillage en étoile, Aloès aux hampes florales jaunies. Plus haut le substrat est plus terreux et on retrouve les plantes méditerranéennes communes. Les marches arrivent à une poterne, on passe sous une arche en ogive. Un peu plus haut des rectangles sont les vestiges des casemates.  Le Rocher était une forteresse.

poterne
poterne

A l’altitude 130, une muraille crénelée fait un chemin de ronde. Une grande citerne profonde de 11m (6ème -9ème ) a servi à l’époque byzantine pour protéger la forteresse des attaques arabes. Les marches ralentissent le cheminement de l’eau qui restait pure (je recopie).

Cefalù temple de Diane
Cefalù temple de Diane

A la cote 150m : s’élève l’édifice mégalithique appelé Temple de Diane (5ème – 4ème av. JC) bâti des grosses pierres extraites du rocher. Plus tard, une chapelle byzantine dédiée à sainte Venera confirme le caractère sacré du lieu. Juste en dessous se trouve une « citerne dolménitique » (avec un pilier en son centre) 9ème ou 8ème siècle av. JC liée également au culte de l’eau.

Vue du chemin de ronde : église et cloître
Vue du chemin de ronde : église et cloître

Le Château coiffait le sommet à 270m ; iil n’en reste plus grand-chose. En revanche, le chemin de ronde est en excellent état. On explique que le site était d’une grande importance stratégique : de là on pouvait vir aussi bien l’Etna, les îles éoliennes et le Golfe de Palerme (le Golfe de Palerme, oui, l’Etna, peut-être, mais pas les îles Eoliennes). Selon la même source, le château fut érigé du temps du Roi Roger ( 1095 –  1154) et rénové du temps de Frédéric II ((12951337) . En 1256, il passe sous le contrôle de  l’évêque de Cefalù. De 1284 à 1288 Charles d’Anjou y fut emprisonné. Il est 11h quand j’amorce la descente. Les visiteurs sont arrivés et forment une colonne montante presque continue. Cependant comme les pierres sont très glissantes il faut descendre prudemment ;

le château au sommet du rocher avait une vue étendue jusqu'aux îles éolienne et l'etna
le château au sommet du rocher avait une vue étendue jusqu’aux îles éolienne et l’Etna

11h30, j’arrive au Centre Historique bien plus calme que le week end et coupe par les vicoli et cortile. J’ai acheté des petites bouteilles de cette boisson rouge et amère pour un apéro au bout du lungomare battu par des vagues déchaînées. De noirs nages courent menaçants. Nous renonçons au programme pizzeria en bord de la  plage de Lascari pour hamburgers et courgettes sur notre terrasse ; A peine ai-je fini mon café avec la mini-cafetière qu’une grosse pluie s’abat. Repli stratégique. J’ai mis les grosses chaussettes de laine et le pull irlandais.

Plage

Deux heures plus tard, le soleil est revenu. Le grand vent a balayé les nuages et nous vo3ilà partie à la plage.  La marée est basse. Il y a quand même des marées en Méditerranée (elles étaient même très notables à Gabès de Tunisie). Je marche dans les embruns des déferlantes, les pieds dans l’écume mousseuse que le vent fait rouler sur le sable sec. En plus de l’écume blanche la mer a déposé de petite cornes mousseuses roses (œufs de mollusques ou de poissons ? ) et des plaques transparentes ovales ornées d’ellipses concentriques probablement des méduses. Je marche une heure avec grand plaisir sous le soleil sur cette plage presque déserte.

Nous allons plus loin à Lascari explorer d’autres plages. La route est coincée entre un chantier et la vie ferrée. Ce n’est pas agréable ; Il semble qu’il y ait un sérieux problème de ramassage des poubelles. Les nombreuses petites villas sont construites entre les vergers de façon anarchique.

au jardin oliviers et agrumes
au jardin oliviers et agrumes

La tempête a lavé l’atmosphère. La lumière est très crue ; les montagnes se détachent très nettement. Je profite de cet éclairage pour descendre au jardin faire des photos. Je n’avais pas remarqué qu’en plus des oliviers taillés très soigneusement, des agrumes en fleur et en fruits ainsi que des troncs greffés. Sous les arbres il y a également des cultures : un véritable champ de fèves, une rangée d’aubergines, de poivrons, de melons (ou courges). En observant bien, je trouve un pêcher, un grenadier, un goyavier et même un manguier. Plus prosaïquement un prunier ? Notre propriétaire doit être un spécialiste des arbres.

DSCN6846 - Copie

A la télévision : commémoration du 25 Avril : jour de la Libération de l’Italie du fascisme ; je commence mieux à comprendre l’affluence ce week end : il y avait trois jours !

Geraci – Petralia Soprana – Petralia Sottana

CARNET SICILIEN 2016

Le chêne de Geraci
Le chêne de Geraci

La statale SS113 court en corniche au bord de la mer à l’est de Cefalù jusqu’à S Ambrogio, village construit au dessus sur une pente très raide. La route de Castelbuono passe sous le viaduc de l’autoroute de Messine. Je remarque les frênes dont on tire un  sucre de la sève la manna qui entre dans la composition des fameuses brioches de Fiasconaro.

A la sortie de Castelbuono,  direction  Geraci, la route s’élève  en nombreux virages avec des points de vue magnifiques sur la mer. Les oliveraies sont souvent laissées à l’abandon. Plus on monte, moins il y a de vergers. Les chênes-lièges remplacent les oliviers. On les a écorcés pour le liège. L’un d’entre eux est désigné comme « chef d’œuvre naturel » ou « monument »: Le chêne de Geraci vieux d’ au moins 400ans. Les sommets culminent vers 1500m. Ils semblent tout proches. Sur les crêtes,  est-ce Pétralia, Geraci  ou tout simplement des rochers ? Les bois ont cédé la place aux prés vert vif égayés par les massifs jaunes de genêts en pleine floraison. Au loin on entend le coucou. Sur les bords de la route, des fleurs multicolores : cistes roses et coquelicots. Dans les prés des asphodèles.

Geraci : clocheton couvert de majolique
Geraci : clocheton couvert de majolique

A l’entrée de Geraci, comme partout, des immeubles hideux. On les oublie vite en atteignant le centre historique par une rampe le long des maisons qui semblent faire corps avec la falaise : 3 ou 4 étages de maison de pierre brune – du grès, semble-t-il –les même que pour les pavés des ruelles. A la base de la rampe, une fontaine sous une arche de pierre est adossée à la paroi. En face une petite église est chapeautée d’un cône de majolique multicolore.

les hommes de Geraci sur la piazza
les hommes de Geraci sur la piazza

Quelques centaines de mètres plus haut, la Piazza del Poppolo est comprise entre deux grandes églises : la chiesa Sta Maria Major, la plus grande, très sobre et l’Eglise de la Sainte Trinité qui possède de curieuses ouvertures grillagées comme des moucharabiehs renflées vers le bas comme les balcons prévus pour les robes à panier des dames. Des vieux messieurs se tiennent à la fontaine curieusement installée en angle. Pour monter au château on emprunte une rue étroite, pavée,  très pentue. Je suis étonnée d’y rencontrer des voitures(vieilles Pandas)Cette « rue principale » se nomme, comme de juste, la Via Roma. Les ruelles qui la coupent sont la Via dei Greci, dei Arabi, des Saraceni…Après 15mn de montée je découvre l’ancien donjon des Vintimiglie(avant qu’il ne préfèrent s’établir à Castelbuono)vraiment très ruiné, un souterrain, rien à voir en dehors du magnifique panorama.

Geraci : l'ancien chaâteau des Ventimiglie
Geraci : l’ancien chaâteau des Ventimiglie

Deux villages sont nommés « Petralia » : Petralia Soprana, le plus haut village des Madonie (1160m) Petralia Sottana, un peu plus bas.

Petralia soprana
Petralia soprana

Des belvédères de Petralia Soprana , on peut découvrir le sommet enneigé de l’Etna. Le village n’a pas été touché par l’urbanisation. Un mardi matin, hors saison, c’est le désert. Ce qui permet de s’aventurer en voiture sans crainte. En face de l’Office de Tourisme un bar est ouvert, en revanche la place de l’Hôtel de Ville est en chantier avec des palissades. Nous débouchons sur une charmante placette nommée Quattro canoli ornée en son centre d’une jolie fontaine à quatre vasques arquées (canoli ?). Un peu plus bas la placette est minuscule avec une église aussi minuscule.

petralai quattro Canoli
petralai quattro Canoli

Descendant à l’étage inférieur, on se gare sur la « grande » place devant la Chiesa Madrice SS Pietro e Paolo, église blanche précédée d’une loggia à arcades. Autant Géraci est brune, autant Petralia est blanche d’un calcaire qui se cisèle bien. Dans deux niches jumelles se trouvent les deux statues de Pierre et de Paul. L’intérieur de l’église est blanc et or, sobre, point de folie baroque ici. Un majestueux escalier occupe un côté de la place et conduit à la curieuse église ronde S Salvatore qui fut avant une mosquée, hélas fermée. Le porche 17ème siècle très élégant est un peu incongru.  Ici aussi s’élevait un château, je remonte la via Castello sans trouver les ruines.

Petralia sottana
Petralia sottana

C’est l’heure de déjeuner, nous n’avons pas emporté de pique nique,  nous pensions déjeuner de spécialités locales.  Sur les menus de Castelbuono, j’avais remarqué risotto aux champignons, spaghetti aux cèpes….Hélas c’est mardi et non dimanche ; Pétralia n’est pas touristique comme Castelbuono. Tout ce que nous trouvons ce sont de misérables parts de pizzas desséchées, l’une rouge (jambon blanc, tomates, mozzarella) l’autre jaune recouverte d’une garniture indéfinissable où je crois reconnaître des rondelles de pommes de terre.

Sur la route, joli aperçu des toits et de la  coupole d’une église baroque de Petralia Sottana. Dans le village d’en bas, il y a plus d’animation qu’en haut : c’est la sortie de l’école. Les parents venus en voiture bloquent la rue principale. Nous en avons un peu assez du gymkana dans les ruelles et cherchons le chemin du retour. Si on trouvait un  sentier de randonnée ce serait parfait !

Mais il faut sortir de Petralia ! Oubliant que nous avons un GPS nous demandons à une dame très gentille qui nous renvoie « en haut ». Passent les carabinieri  « Où voulez-vous aller ? » – « Castellana Sicula ». Le carabinier est perplexe. « suivez-nous ». Ils sont bien aimables, nous les suivons par un itinéraire compliqué dans la campagne passant par de nombreux hameaux non rrépertoriés sur ma carte, un pont romain…pourquoi se déroutent-ils si loin ? Peut être ne sont-ils pas très occupés ? Après une grande descente à vive allure (les carabinieri roulent nettement au dessus des limites permises) un gros bruit se fait entendre. On a crevé ! Les aimables policiers reviennent donnent des coups de bottes dans les pneus « les pneus sont très bien ! ». Mais le bruit continue : les freins. La jante est toute noire.

A Castellana Sicula, arrêt devant une gelateria  Où se trouve le garage le plus proche ? (j’apprends le mot correct « Autofficina ». la serveuse lève les yeux au ciel. Avant 16h, il n’y a rien. Après, peut être !On cherche le mecano qui se trouve en face de la Station d’essence. En attendant pique-nique sur le muret en face de l’autofficina. La pizza ne passe pas ; La panne nous a coupé l’appétit. Téléphone à Firefly qui nous dit de changer les pastille et d’apporter la ricivuta. (un loueur sérieux serait arrivé avec une voiture de rechange. Le mécano est très gentil, pour 45€ et en une demi-heure il fait le changement après avoir envoyé son fils chercher les pastille dans une autre garage.

Fin du tourisme ; on suit les directives de Madame GPS.

Consolation : un magnifique coucher de soleil.

Castelbuono

CARNET SICILIEN 2016

la place de Castelbuono
la place de Castelbuono

L’autoroute  de Messine est impressionnante avec la succession des tunnels. On passe sous Cefalù dans la montagne pour trouver à la sortie de la galerie un viaduc sur une étroite vallée. Combien de temps sommes nous restées dans les tunnels mal éclairés ? Sans doute très peu mais le parcours a paru interminable. La route de Castelbuono s’élève dans une colline boisée de magnifiques chênes. Frênes aux folioles lancéolés. Vigne aussi, on voit des coopératives viticoles à l’entrée du village. Les oliviers en revanche sont grands mais à moitié desséchés.

Castelbuono : piazza et fontaine
Castelbuono : piazza et fontaine

Castelbuono est un village médiéval entouré d’une périphérie de quartiers modernes d’immeubles quelconques et une couronne de belles maisons dispersées dans la verdure. Le tut fait une petite ville plutôt qu’un village. Qu’est-ce qui distingue un village d’une petite ville ? Négligeant la ville moderne nous allons directement au Centre Historique – piétonnier, bien sûr -. Le problème est de trouver une place de parking pas trop bas. La police municipale veille et déloge la Fiat 500 d’une place « handicapé » disponible malgré la carte avec des explications vaseuses. « c’est une place pour le lundi, le mardi …mais pas le dimanche » s’il avait dit que c’était pour un handicapé-résident on aurait mieux compris.

Castelbujono chiesa madrice
Castelbujono chiesa madrice : polyptique

Pendant que nous descendons la Via Sa Anna les cloches tintent d’un son aigrelet, presque une clochette pour appeler à la messe. Nous nous précipitons avant que l’office ne commence dans la Chiesa Madrice vecchia – belle église 15ème précédée d’une loggia Renaissance à belles arches en ogives. Deux jeunes filles avec des guitares et un groupe d’enfant forment une chorale ; Le temps qu’elles s’accordent que les voix s’échauffent et répètent, nous pouvons aller et venir. Je remarque d’abord un magnifique polyptique au dessus de l’autel, aux nombreux panneaux verticaux enchâssés dans des dorures. Sur les piliers ronds et lisses se trouvent des fresques ainsi que sur un mur. Dans une chapelle le retable sculpté est baroque mais en mauvais état. Un enfant de chœur tire sur une chaînette la clochette. La messe commence. Nous nous retirons discrètement non sans nous étonner de la proportion masculine de l’assistance.

castelbuno chiesa madrice vecchia : fresques
castelbuno chiesa madrice vecchia : fresques

La place de l’église est ornée d’une belle fontaine. En bas les touristes font la queue aux stands de dégustation des deux magasins Fiasconaro, pâtissier fameux qui a su adapter la recette milanaise du panettone au goût sicilien qui est tartiné d’une pâte à la noisette. C’est excellent mais je préfère acheter des minicanoli et minicassate.

La via Umberto 1 est bordée de boutiques pour touristes tandis que sur la Via Roma sont installés les notables (plaques de cuivre signalant des dentistes, médecins, avocats). Les restaurants ont installé des tables dans des ruelles. Par le climat frais d’avril, en altitude, la salle serait  plus appropriée. Je regarde les menus : la plupart des plats sont garnis de champignons, dont l’air est parfumé. Plus haut, un magasin bio vend des paniers entiers de champignons géants blanc-beiges à lamelles(genre de grands pleurotes). Le musée d’histoire naturelle est fermé pour cause de conférence ;

Le château

Castelbuono : château
Castelbuono : château

Le château est une grosse bâtisse carrée où s’encastrent des tours latérales cassant l’aspect cubique par des ajouts irréguliers.

marionnettes
marionnettes

Au rez de chaussée une exposition temporaire « tra i sentieri dei Ventimiglia di Mimmo Cutichio » présente des marionnettes comme celles que nous avons vues à Palerme, chevaliers en armures et casque empanaché, belles dames, dragons, un paysan et son âne rappellent un environnement campagnard. Les Ventimiglie régnèrent  sur les Madonie pendant des siècles. Les toiles naïves présentées dans les autres salles figurant une fête médiévale, un château fort ou la campagne sont probablement les décors de scène des marionnettes. Une salle « archéologique » raconte l’histoire du château ; il fut bâti au 13ème siècle sans fonction militaire. C’était plutôt une tour de guet et de contrôle, la colline entière était propriété d’Eglise. Fin 13ème/début 14ème on édifia des fortifications. Les murailles englobaient la piazza Castello jusqu’à l’arche qu’on peut encore voir. En 1439 ; le marquis de Geraci déménagea pour s’établir à Castelbuono emportant avec lui les relique sde Sta Anna. En prenant des notes j’avais omis ce détail – ce qui était une erreur. Si le château n’a pas d’histoire en tant que forteresse, les reliques, elles, ont suscité la construction de 17èm siècle a très belle chapelle décorée par Serpotta au 17ème siècle. Le déclin du château commença dès le 18ème siècle et deux séisme en 1818 et 1820 lui causèrent des dommages. Les vitrines n’offrent guère à voir si ce n’est une cruche vernissée.

Le 2ème étage est occupé par la Pinacothèque rassemblant des collections d’art moderne et contemporain mais rien n’a vraiment retenu mon attention en dehors de deux tableaux de paysans en armes avec drapeau italien et drapeau rouge, dominante jaune peut être des moissons. Au dessus se trouve le Trésor de la Chapelle Palatine. Ces trésors ne m’attirent pas vraiment, je traverse d’abord la salle distraite à pas pressés. Et j’ai bien tort ! Les vêtements sacerdotaux ou destinés à l’autel sont d’une grande beauté et d’une grande finesse surtout une très grande cape aux tons délicats d’orange et de jaune au décor floral et un « tapis » d’autel brodé de petites perles de corail rose(fin 17ème )formant un bouquet de pivoines. Je reviens donc sur mes pas pour regarder l’argenterie et découvre la curieuse masse d’argent, symbole du pouvoir dans les processions.

 

La chapelle Palatine Sa Anna est la plus belle surprise. Elle est entièrement recouverte de stucs, putti, feuilles d’acanthe, volutes, jeunes hommes dévêtus, femmes (vêtues). Au sommet de l’autel, un aigle bat des ailes curieusement. Les angelots font des acrobaties, l’in d’eux se cache les yeux dans un linge. cliquer ICI pour plus de détails

sant-anna-castelbuono-2

Dominique Fernandez consacre un chapitre à Serpotta et aux putti :

« Ce goût du mouvement, cette virtuosité pur rendre l’instable, le fugace, le précaire le désignent comme un surdoué de la famille baroque. Et expliquent sa prédilection pour les putti tout petits qui ne tiennent pas en place et ne savent que jouer »

Toujours ce monde blanc, blafard, sans couleurs dont la matité spectrale tranche avec l’animation et l’enjouement des petits galopins »

Hasard ? je tombe sur le chapitre « Les mystères du Rosaire » le lendemain de ma visite à la chapelle Palatine. Si j’avais lu Fernandez avant j’aurais été encore plus attentive. A chaque voyage en Sicile, à Rome, Fernandez est le meilleur des guides. J’aurais mieux été inspirée de relire le Radeau de la Gorgone avant le départ.

Réserve Naturelle des Madonie

CARNET SICILIEN 2016

Castelbuono au ceur du massif des Madonie
Castelbuono au cœur du massif des Madonie

Autre but de notre visite à Castelbuono : la nature sauvage de la Réserve Naturelle du Parc des Madonie. Au début je suis déçue de l’étendue des constructions autour de Castelbuono. Nous cherchons un coin tranquille pour le déjeuner et il nous faut plusieurs tentatives au dessus de S. Guglielmo et Liccia pour trouver un endroit tranquille avec une belle vue.

Cascade
Cascade

Le sentier D part de Pizo Foca en direction de la Casa Gonato jusqu’à Vallone Canna (3.5km/1h20 – 145m de dénivelée) Ce sentier n’est est pas vraiment un : c’est une petite route carrossable entre les grillages et les barbelés tout neufs. Cette manie sicilienne de tout grillager m’agace même si on a pratiqué des passages pour piétons au dessus des grillages à la manière britannique. Pourquoi enfermer de la lande de genêts et des broussailles ? Peut être à cause des vaches et des chèvres qui paissent ? Cela ne me rassure pas parce qu’il y a aussi des chiens. Il semble qu’il n’y ait pas 1m2 , Sicile qui soit accessible au passant. On grillage, on installe un magnifique cancello pour garder des chardons ?Je marche dans la lande odorante qui embaume le genêt. Dans le creux du vallon bruisse une petite cascade. Plus haut les sommets s’élèvent à 1420m au P. Canna et même 1900m au Mte Ferro juste derrière. On se sent en montagne. Juste avant d’arrive au Vallone Canna, un curieux tunnel protège la route, plafond de béton soutenu par des piliers, ouvert sur un côté. On y a répandu de la paille et cela sent très fort la bouse. Sans doute les vaches viennent s’y abriter, de la brûlure du soleil ou de la pluie et du vent ?

DSCN6811 - Copie

Bien qu’on soit dans un parc naturel, le sentier est peu balisé. Qu’en est-il des autres sentiers plus longs dans la montagne ? En revanche il y a des panneaux explicatifs. L’un d’eux raconte l’introduction du châtaignier en Sicile par les Romains, le nom de « châtaignier » viendrait de la ville grecque de Kastanis en Asie dans le Pont Euxin.

A Cefalù nous faisons un petit détour par le port où je trouve un petit café bien sympathique avec la Wifi pour avoir quelques nouvelles.