Le Palais du Bargello a très belle allure, surtout le Cortile : arcades hautes et cintrées peintes, murs décorés par les écussons des armes des Podestats. Autour de la cour, de nombreuses statues. Un groupe de musiciens nous plaît. Bacchus ivre Les chefs d’œuvre sont réunis dans la salle de Michel-Ange. Dès l’entrée, le Bacchus ivre attire le regard. Je pense au Satire dansant ou à l’Ephèbe de Motzia. Seuls, ils meublaient un musée. Le Bacchus pourrait avoir cet honneur. On pourrait prendre son temps pour l’admirer. C’est une statue étrange. Peu de sculpteurs ont représenté l’ivresse. On peint plutôt un personnage dans une attitude honorable et digne.
Un beau médaillon Tondo Pitti, représente une Madone, Jésus et Jean Baptiste. Encore un témoignage de l’originalité de Michel-Ange, cette madone ne ressemble à aucune Madone.
Nous examinons de nombreuses statues de cette salle. Retrouvons Ammanati avec un curieux Leda et le Cygne.
Je découvre un sculpteur que je ne connaissais pas : Giambologna, Jean de Bologne. Nous retrouvons Persée de Cellini.
J’ai du mal à analyser mes sentiments devant tous ces chefs d’œuvre. La première impression est la curiosité. Dans toutes mes lectures, j’avais entendu parler de tous ces sculpteurs fameux sans pouvoir fixer une image. Mon premier élan est de classer : un artiste, une époque, une œuvre. Après seulement, je peux me demander ce qui me plaît vraiment. Est ce que c’est beau ? Sauf dans les cas exceptionnels de quelques chefs d’œuvre où la réponse saute aux yeux. La question ne se pose pas.
Je retrouve Donatello avec qui j’avais fait connaissance hier au musée de l’Opera del Duomo. Tout le bestiaire de Giambologna me ravit. Plus vrais que nature, le dindon, le hibou ou l’aiglon. Les représentations d’animaux me font toujours craquer.
della Robia
Nous retrouvons aussi les médaillons émaillés et les compositions de terre cuite vitrifiée des Della Robbia. L’atelier comprenait toute une famille : Luca, Andréa. Cela me rappelle les Gagini en Sicile. Je n’ai pas repéré lequel était le plus doué. Tous ont la même facture : tête des madones blanches, vêtements bleus et pourtour décoratif. C’est extrêmement reconnaissable. La dame d’hier pouvait bien frimer !
Nous passons devant des objets de prix : ivoires, horloges, art islamique. Impression de bric à brac.
Après un dernier regard à Bacchus, nous nous séparons.
L’exposition temporaire est consacrée à Botticelli mais aussi à Filippino Lippi et à d’autres peintres florentins du Quattrocento. Elle a pour titre L’Inquietudine e la Grazia.
J’ai renoncé à visiter les Offices pour cause de queue
Ne pas voir Botticelli me chagrinait. Je suis comblée. Les expositions thématiques sont plus abordables que les grands musées. Dans chaque salle, je choisis mes tableaux préférés, je retourne les voir plusieurs fois et je m’imprègne de l’atmosphère de l’expo. Je choisis donc l’Annonciation ou plutôt la moitié, côté ange, les madones et surtout le visage des anges. Le visage de la femme au centaure (ce n’est pas le nom du tableau). L’adoration des Bergers
Un tableau m’a ravie : l’adoration des bergers de Ghirlandaio (retable de l’église Santa Trinita). Ce tableau est d’une richesse incroyable. Au début l’œil est attiré par la crèche, Marie, Joseph, l’âne et le bœuf (le bébé » trop potelé ne me plaît pas). Les visages des bergers sont étonnants de réalisme. Puis je me suis attachée à regarder le paysage ravissant, et enfin la foule qui descend la route. Finalement, tout en bas du tableau sous le berceau, je découvre un petit oiseau. Je crois que je pourrais regarder des heures ce tableau sans m’ennuyer.
Santa Croce est une des plus grandes églises de Florence.
Sur la place se déroule le Calcio en costume. Les tribunes masquent la belle façade peinte d’un palais.
La façade de Santa Croce est en marbre blanc incrusté de marbre vert comme San Miniato comme le Duomo, le Baptistère…Elle ne date que de 1863. C’est une sorte de gothique un peu raté. L’architecte se serait inspiré d’une niche de Orsanmichele. Nous sommes blasées des façades blanches et vertes et ne lui consacrons qu’un regard distant.
Tombeaux des hommes célèbres
L’intérieur, très vaste et gris fait aussi penser à la nef du Duomo. Mais l’espace a été largement rempli pendant les siècles. Sur les deux murs de la nef, on a installé des tombeaux monumentaux. Le premier est le plus grand : celui de Michel-Ange, à côté, le cénotaphe de Dante, le tombeau de Machiavel, Rossini, Galilée et même Marconi (il y en a d’autres mais leurs noms ne me dit rien). Des traces de fresques apparaissent entre les décorations plus récentes. Chapelles
Dans les nombreuses chapelles nous voyons des fresques mais nous sommes pressées par le temps. A 13h14, il faut reprendre la voiture D’ailleurs, la troisième visite est toujours un peu bâclée.
La Chapelle des Prizzi est vide mais tout à fait différente : œuvre de Brunelleschi (1446-1470) ? C’est le premier chef d’œuvre de la Renaissance. La coupole, les arches et les corniches sont soulignées par des cannelures imitant les colonnes antiques avec des faux chapiteaux corinthiens de couleur grise tranchant avec le blanc des murs.
Les seules décorations sont des médaillons ronds de Luca Della Robia. Il y a également des guirlandes de terre cuite vernissée représentant des fruits.
Depuis deux jours, nous commençons à nous familiariser avec ces artistes qui ont travaillé aux divers monuments que nous visitons. Nous traversons le petit musée de l’Opera de Santa Croce sans nous arrêter, nous sommes arrivées à saturation des visites. La salade du traiteur de Galuzzo
Juste avant d’arriver à Galluzzo, nous remarquons un traiteur à l’angle des deux routes et achetons de la salade de pâtes. Par cette journée la plus chaude de la semaine nous n’avons envie, que de salade. Celle-ci est délicieuse. Les pâtes en torsades de plusieurs couleurs sont assaisonnées avec du basilic frais (on en achète tout un bouquet), du piment, invisible mais bien fort, de l’huile d’olive, bien sûr, parmesan gratté et tomates fraîches écrasées. Les tomates donnent tout le goût. Avec cela, croquettes de pomme de terre, jambon cuit roulées dans la chapelure.
A la grille, j’ai dessiné l’allée des lavandes avec la petite entrée arrondie, ses bancs de pierre tachés de lichens, les poteries de géraniums rouges. Au dessus de la piscine, paysage de campagne toscane avec de beaux bâtiments massifs, des haies de cyprès, un chataigner splendide et au premier plan l’oliveraie. Les petites bornes arrondies de pietra serena, gravées d’un côté de motifs enroulés, de l’autre en arêtes de poisson, m’apparaissent comme très distinguées.
Petit déjeuner très chic: jolie vaisselle de porcelaine blanche, des sets verts sur la toile cirée aux lierres.
Oltrarno
l’Oltrarno, quartiers sud de Florence;
parking gardé à l’intérieur de la muraille près de la Via Ariosto près de la Piazza Tasso.
L’église Santa Maria del Carmine est ouverte pour la Messe mais la chapelle Brancacci où se trouvent les fresques est inaccessible. (Le musée n’ouvre qu’à 10h).
Nous nous dirigeons vers le Palais Pitti par une rue commerçante très agréable. Ce quartier est moins touristique que ceux situés de l’autre côté de l’Arno. Il y a des boutiques d’alimentation, des quincailleries, un petit marché de fringues pas chères, des Italiens dans la rue, beaucoup de vélos et de vespas. . Les voitures sont tolérées seulement pour les livraisons.
Ce palais est monstrueux, ses dimensions imposantes et sa façade austère. Peu de décor en dehors du bossage des blocs qui la composent. On ne peut pas appeler cela des moellons ou des pierres. Ce sont des blocs de grès brun. Devant la façade, une étrange esplanade nue en pente, très inhospitalière et déserte. Pourquoi cette pente ? Les portes sont très hautes.
Pour parvenir à la Galerie Palatine, je compte les marches de l’escalier théâtral, 20 marches par volée, et il y a 4 volées. J’ai grimpé l’équivalent de cinq étages d’un immeuble moderne pour arriver au premier de ce palais !
Les murs sont couverts de cadres. Quelquefois trois, sont accrochés les uns au dessus des autres autour de toiles énormes. Des fresques 19ème décorent le plafond. Les salles ont des noms antiques : les Muses, Apollon, Mars ou Jupiter. Le Guide Vert est d’une précieuse aide. Nous serions perdues devant des tableaux si nombreux. Dans chaque salle nous cherchons la sélection du Guide Vert grâce aux descriptions. Nous cherchons donc les Rubens, les Titien et les Raphaël. Peintres tellement connus qu’on a l’impression de les avoir déjà vus. La découverte est totale. Les étiquettes ne sont pas toujours d’un bon secours .Avant le départ à Florence, deux rendez vous pris dans mes lectures de Dominique Fernandez : Caravage et Andréa del Sarto.
Un seul Caravage ici, et le pire : l’Amour Endormi, plutôt le Bébé Mort ! Il est sinistre à souhait comme l’avait suggéré Fernandez. Andréa del Sarto, admiré par Gian-Gastone, le dernier des Médicis, et sans doute par Fernandez, est beaucoup moins discret : de nombreuses toiles grand format très colorées.
Dans la même salle, deux Assomptions se font face : la Vierge trône avec les angelots sur un épais nuage gris. Les personnages en dessous diffèrent dans les deux tableaux. Dans l’un, ils sont âgés dans l’autre, jeunes. Je trouve une troisième Assomption un peu plus loin Sur l’étiquette à la place d’Andréa del Sarto : Agnolo.
Sans l’aide du Guide Vert je reconnais Botticelli et Lippi.
Les tables aux incrustations de pierres dures sont magnifiques. En revanche, les décors des appartements royaux (Victor Emmanuele comme à la Pétraia) sont pompeux, toujours de style empire sans surprise.
Le ciel s’est obscurci. Il tombe quelques gouttes. Nous renonçons aux Jardins Boboli
préparation à la visite
Dans le cloître clair, aéré, accueillant : nous relisons nos livres, et soufflons un peu.Avant la visite de la chapelle, on projette un Audiovisuel « L’œil de Masaccio ». Le CD-Vidéo fait appel au dessin virtuel. Pour une fois le résultat est satisfaisant. Nous nous promenons dans Florence à la construction de l’église en 1426 et retrouvons la place presque à l’identique (le film de la place actuelle se sur-imprime sur le tableau). Puis, on nous explique la construction de la fresque : l’utilisation de la perspective, alors révolutionnaire pour l’époque, découpage des scènes de chaque tableau.
Le cycle retrace la vie de saint Pierre, reconnaissable à son manteau orange éclatant. Les grands tableaux contiennent plusieurs scènes correspondant à un épisode. Ce cycle a été peint par Masolino, Masaccio et repris par Lippi. Malgré cela, il est tout à fait homogène. Il faut être prévenu pour s’en rendre compte. Le profane n’y voit que du feu. Les trois artistes ont utilisé les mêmes couleurs. Le dernier épisode :la Crucifixion peint par Lippi est celui qui me plaît le moins. Peut être est ce plutôt le thème qui me rebute ? A l’aide de l’informatique, des personnages sont supprimés ou au contraire animés.
15 minutes pour les fresques!
Nous avons le droit de rester 15 minutes dans la Chapelle; mais personne ne surveille. On peut profiter des fresques aussi longtemps qu’on le veut. Ces fresques nous plaisent énormément. Retour au gîte
Chez le traiteur à l’angle des deux routes :croquettes de pommes de terre, beignets de fleurs de courgette et une salade de blé, origan, mozarella, tomate. Les beignets sont un peu décevants : on sent la pâte mais pas les fleurs.
Nous restons à la piscine de 15h à 18h30 malgré quelques gouttes. Je relis les guides, parcours Le Monde, nage, somnole.
Vers le soir, je retourne me promener dans notre domaine. J’emprunte l’allée bordée d’iris touffus qui descend au grand pin solitaire que je dessine.
Nous garons la voiture au parking souterrain de la Gare (2+3€/h).
Nous sommes à deux pas de Santa Maria Novella que nous négligeons préférant San Lorenzo. Je tiens à ce pèlerinage au tombeau de Laurent le Magnifique dont j’ai lu la biographie de Marcel Brion.
Pèlerinage Médicis
Les Médicis que nous avons rencontrés précédemment sont plus tardifs. Je les connais mal. J’avais donc très envie de voir cette église commandée par le fondateur de la dynastie : Giovanni de Bicci à Brunelleschi, la bibliothèque Médicéenne, la tombe de Côme le Vieux et l’imposante Chapelle Médicéenne.
marché
La rue est occupée par une sorte de marché pour touristes : cuirs et fringues. Dans le marché couvert des épiceries de luxe proposent des champignons séchés qui sentent merveilleusement bon, des mélanges secs de tomates, herbes, piments, des « tomates séchées au soleil » toutes sortes de pâtes de toutes tailles, formes et couleurs. Il y a même du riz précuit à l’encre de seiche, des risottos variés …Bien sûr de l’huile et une liqueur au citron dans des flacons de fantaisie. Difficile de résister, j’achèterais bien tout.
Les légumes et les fruits sont magnifiques et bien moins chers que dans les supermarchés ou les fruterias des petites rues. Construit sur deux niveaux sous des verrières, il ressemble à de nombreux marchés en France à Budapest ou à Porto. Mon marché préféré reste le marché de Funchal
Chapelle Médicéenne
Chapelle des princes
On arrive à la Chapelle Médicéenne par une crypte basse à épais piliers. Au sol les dalles funéraires de nombreux Médicis (il y a un arbre généalogique pour les curieux). La Chapelle des Princes (Cappella dei Principi) est un monument funéraire gigantesque, un puzzle de marbres de toutes couleurs, de porphyre et de granite. Du pavement à la coupole le décor est brillant, coloré, magnificent. Malheureusement, un échafaudage gâche la vue d’ensemble. Les sarcophages sont surchargés, nous ne nous y arrêtons pas. Je suis admirative devant les incrustations de pierres des de l’autel et celles des blasons des villes de Toscane. Cette technique vraiment originale atteint un degré de perfection absolue. Même si l’ensemble est kitsch, la géologue se réjouit.
Sagrestia Nuova
La Sagrestia Nuova est l’œuvre de Michel-Ange qui a tout simplement copié Brunelleschi : murs blancs parements gris foncé, pilastres cannelés. On reconnaît le style de la chapelle des Pazzi. Les sculptures de Michel-Ange sont dans une chapelle très claire et vide. Elles sont bien mises en valeur face à l’autel, les tombeaux de Lorenzo et de Giuliano, son frère, sur les autres murs: les tombeaux de Laurent II de Médicis et de Julien de Médicis (fils et petit fils de Laurent le Magnifique) . Dans des niches, les deux défunts sont représentés l’un en général romain, l’autre en penseur. Sur les tombes des allégories : le Jour et la Nuit, le Crépuscule et l’Aube.
Le groupe Marie, Côme et Damien, surmonte le tombeau de Laurent le Magnifique.
Parfaites! Trop parfaites!
Les sculptures parfaites, trop parfaites, ne m’émeuvent pas. En revanche, je suis contente d’être sur les traces de Laurent le Magnifique.
Basilique San Lorenzo
La visite à la grande basilique San Lorenzo va nous occuper un bon moment. On commence par laSagrestia Vecchia de Brunelleschi qui ressemble étonnamment à la chapelle de Pazzi en plus orné : sculptures de Donatello, fresque des constellations, belles portes en bronze ciselées de Donatello.
Dans une petite chapelle latérale, je reconnais une Annonciation de Lippi qui me plaît bien.
Nous admirons d’autres bronzes de Donatello sur les chaires qui ressemblent à des tombeaux juchés sur des colonnes.
Donatello et Michel-Ange ! Voici réunis, les sommets de la sculpture pour notre dernier jour à Florence ?
Le cloître est très sobre, très clair dans le style de Brunelleschi. Il y règne un calme agréable. Sur les murs clairs de grosses grilles qui protègent les fenêtres, se détachent. Quand on monte à l’étage, on a une très belle vue sur le Campanile et le Duomo tous proches.
La Bibliothèque Médicéenne est fermée. On peut juste voir le Vestibule de Michel-Ange, énorme, avec ses grosses colonnes gris foncé et son escalier à volutes presque baroque. C’est surprenant un peu monstrueux.
Enfin, nous longeons le Palais Médicis. Il est tard pour une troisième visite. Nous n’avons plus la tête à cela. Je me suis fait une raison, nous ne verrons pas tout Florence. Autant bien voir quelques monuments plutôt que d’entreprendre un marathon épuisant.
Nous allons plutôt dire au revoir à la Cathédrale et au Baptistère .Je déguste une glace à la cerise sur les marches de la cathédrale.
A l’angle des deux routes, chez le traiteur, on achète des croquettes de patates et de la salade de pâtes : pennes au pistou avec des pignons de fines lanières de basilic et de l’origan.
15h, à la piscine, nous avons installé nos chaises longues sous l’olivier . Je me fixe le défi de nager 1 km. « Au cœur de Florence »
Je lis Au cœur de Florence de Damien Wigny, un énorme guide de 800 pages tellement lourd qu’il est intransportable. C’est une mine de renseignements, il y a tout ! Le plus intéressant, c’est une série de courts articles, classés par ordre alphabétique : biographies et articles généraux. C’est très bien fait avec des renvois. On peut naviguer dans ce livre un peu comme dans un document multimédia avec des liens. Je révise donc : les artistes rencontrés, les monuments visités.
Cela m’attriste de quitter Florence. Je viens tout juste de faire connaissance avec les principaux sculpteurs, peintres et architectes. Parfois ils sont tout cela à la fois. Je commence à peine à être capable d’identifier un tableau de Botticelli de Lippi, Andréa del Sarto ou Raphaël…
Dans une œuvre, je cherche tout à fait autre chose que le beau ou le laid. Je cherche le sujet de l’œuvre, le contexte historique, la technique utilisée. Tout cela suffit à me captiver. Ensuite, bien après avoir cherché tout cela, je cherche des liens avec les autres œuvres que j’ai vues. Simplement, quand elles ont perdu toute leur étrangeté, se pose la question de savoir si cela me plaît ou pas. L’exaltation devant le « Beau » est finalement un plaisir supplémentaire, une sorte de bonus mais pas une fin en soi. D’ailleurs, mes goûts évoluent au fil du temps et des voyages tandis que la curiosité est toujours neuve.
La première condition pour que cette curiosité soit satisfaite, est que j’ai des repères et des indices d’analyse. La deuxième condition est d’avoir l’esprit encore frais. Des révisions sont nécessaires pour assimiler toutes les nouveautés.
Ces révisions, à la piscine, mon travail d’écriture, m’aident à retenir des noms, des dates dans le contexte historique.
Dernière promenade dans le « domaine » de la Villa Palagi. La lumière est très belle. Le vent a balayé toute l’humidité. La vue est très étendue. Nous découvrons un château avec une tour très haute et deux cubes massifs sur une colline au dessus de Florence.
Nous nous installons sous l’arcade de la belle maison parmi les grands pots de citronnier qui ressemblent à des pithoi crétois. Les grosses jarres portent de petites anses et des rosaces et des guirlandes, la marque de fabrique « Domenico e figli-Impruneta »
Nous avons quitté à 10heures notre belle demeure florentine. Comme nous ne sommes attendues que l’après midi à notre prochain gîte, nous faisons un tour dans le Chianti et empruntons l’ancienne route de Sienne qui serpente dans les collines. Il existe aussi une voie rapide sans aucun intérêt touristique.
Val di Pesa
San Casciano in Val di Pesa est un bourg perché sur une colline d’où on a une très belle vue sur les vignes du Chianti. De très hautes murailles protègent le centro storico piétonnier, très chic, très cher, avec ses magasins de luxe : œnothèques, épiceries fines, poteries, vannerie. Je trouve même Le Monde. Cette région est vraiment très touristique !
Bibbione
La route de Sienne suit la vallée du Pesa très verte avec de beaux arbres feuillus : acacias, tilleuls et grands chênes. Des panneaux indiquent un château, une galerie d’art, une tombe étrusque. Nous grimpons un raidillon avec quatre épingles à cheveux pour découvrir une énorme bâtisse au sommet de la colline avec un parking. Nous laissons la voiture et nous promenons dans les jardins très soignés de cette ferme fortifiée. Une piscine, une table de ping pong, la réception, des appartements à louer ont été aménagés. C’est à peine plus cher que nos locations (680€, pour la dernière semaine de Juillet, il reste un appartement que nous visitons : luxueux).
La petite route suit la ligne des crêtes. La vue est magnifique sur les vignes et les oliveraies. Tous les villages sont très pittoresques. D’énormes bâtisses sont souvent transformées en gîtes touristiques.
1ère tombe étrusque!
Le chemin de la tombe étrusque fait des zigzags pour éviter les belles propriétés. C’est une jolie promenade. De la tombe au sommet d’une colline, il ne reste que des gros blocs, montants et linteaux. Une petite maquette à l’échelle 1/10ème reconstitue l’ensemble. Rien de bien spectaculaire ? Je suis ravie : c’est ma première tombe étrusque ! Depuis quelques temps le monde antique se diversifie dans mon imagination. En plus des Égyptiens, des Grecs et des romains que je connais depuis le lycée, nous avons rencontré en Sicile Sicanes, Elymes et Phéniciens. Voilà les Étrusques ! Je rentre par une allée dans les oliviers bordée de grosses touffes de lavande.
Passignano
L’Abbaye de Badia à Passignano, surgit au sommet de sa colline. Elle ressemble à un château. Ici, tout pourrait être qualifié de château : les villas, les fermes, les églises. Les solides bâtisses cubiques à deux étages avec tour carré et créneaux sont très fréquentes. Je serais curieuse d’apprendre la date de leur construction.
un coin pique-nique avec vue…
La recherche d’un coin à pique-nique donne lieu à un long périple en voiture. Il faut une place pour la voiture (le plus compliqué), de l’ombre, et si possible une belle vue. On roule doucement sur une piste qui grimpe et qui traverse un bois. En vain! nous mangeons au creux de la vallée à l’ombre d’un olivier.
Le compteur indique que nous avons parcouru 1500km depuis Créteil.
La voie rapide Florence-Sienne nous mène rapidement à Colle val D’Elsa, grosse agglomération. La ville basse est assez étendue et semble industrielle. La Ville Haute est perchée sur un promontoire très allongé. Je ne sais pas pourquoi, quand je regarde la Ville haute, il me vient à l’idée l’image d’une île ou plutôt de deux îles reliées par un pont.
Tana di Lepri
Notre résidence, Tana di Lepri, est située à la lisière de la ville tout près d’un quartier de pavillons . D’après la brochure, c’est un ancien couvent. J’avais imaginé un cloître, de hauts murs, l’isolement dans la campagne… Au premier abord, je suis déçue.
Colle Val d'Elsa
Une grande bâtisse cubique de deux étages sur le plan des fermes toscanes, crépie de ciment gris. La belle piscine est malheureusement flanquée d’un édicule de ciment laid, des parasols oranges à rayures tout ce qu’il y a de plus commun. Entre la maison et la piscine,des juniperus et des thuyas rampants couvrent mal la terre envahie de chiendent. En contrebas : trois emplacements pour le pique-nique abrités par des parasols rectangulaires tendus sur 4 piquets, sièges et tables en plastique blanc.
Nous sommes loin du raffinement florentin de Certosa et des splendeurs du château Bibbione visité ce matin (pour plus cher !).
En revanche, l’accueil est chaleureux : une dame vient à notre rencontre et nous fait entrer dans le bureau. Elle est ennuyée : Cuendet et une autre agence ont pratiqué le surbooking. Notre appartement, Lepri3, a été réservé deux fois. Des Belges, arrivés avant nous, y sont installés. La catastrophe est évitée de justesse. Elles disposent d’un autre appartement, mais il n’est pas prêt. Nous ne pouvons pas visiter Lepri 3 que nous avions retenu, selon elles, le nouveau serait mieux.
On y pénètre par une porte légèrement cintrée sous l’escalier extérieur. Ce qui donne un petit vestibule aéré. La salle de séjour-cuisine est très vaste meublée d’un canapé, d’une table rectangulaire, un petit buffet de bois sombre avec de jolis anneaux de cuivre et la télé. La cuisine est meublée d’éléments modernes avec frigo et plaques intégrés. Murs blancs, une reproduction de Signac figure Venise. La merveille : les plafonds voûtés en briques rouges formant un joli motif. Un arc roman coiffe le coin-cuisine, le volume au dessus du reste de la pièce s’inscrit dans un carré mais j’ai du mal à le nommer.
La salle de bains, toute neuve, a également un plafond voûté avec des volumes compliqués. On a gardé une sorte de mangeoire avec une poutre inclinée. La chambre claire et vaste est occupée par un immense lit de fer forgé très élégant. Au rez de chaussée, dans ces vieux murs, l’appartement devrait être très frais. J’utilise le conditionnel car le temps a changé. Le vent souffle fort, il fait tout juste 26°C et je dois me forcer pour aller à la piscine. Une fois dans l’eau tiède je fais 20 bassins en redoutant la sortie de l’eau.
Ville haute
En un petit quart d’heure de marche, nous sommes dans la Ville Haute. Le centro storico s’allonge sur une rue bordée de palais XVII et XVIème siècle. Un pont relie deux éperons rocheux. L’entrée est commandée par une arche très haute surmontée d’un palais à la façade soulignée de colonnes et de corniche. Du pont, on a une jolie vue sur la campagne toute proche. Un champ de tournesol couvre une croupe arrondie. Malheureusement la floraison semble terminée. Quelle belle photo nous aurions faite ! A l’horizon, les crêtes bleue, le jaune contrastant avec le vert des arbres et au premier plan la ville avec ses toits de tuiles patinées, ses clochers…
La route S2 traverse une campagne agréable de champs qui ondulent avec les tournesols en fleur, les blés moissonnés, la paille en grosses roues. Le long de la route je découvre de nombreuses industries, petites usines modernes, propres et discrètes : cristalleries, composants électrique, agro-alimentaires. Pendant que j’en fais l’énumération D; me conseille plutôt de regarder les hautes tours qui se profilent sur une colline : Monteriggioni, entourée d’une enceinte à si grosses tours que Dante les a comparées dans l’Enfer à des géants L’ensemble est spectaculaire. La route continue ensuite dans un paysage vallonné assez boisé ? Ici, ni vigne ni oliviers, des acacias, des sureaux, des chênes. Je ne sais pas pourquoi ce paysage m’évoque plutôt la Dordogne que la Méditerranée. Forteresse Médicis
Hauts murs, bastions, tours de briques. A l’intérieur, une vaste esplanade avec un amphithéâtre. Un écran est installé pour des projections « sous les étoiles ». De magnifiques escaliers baroques sont en cours de restauration. Du haut de la forteresse, nous découvrons les toits de la ville, le campanile à rayures, le Duomo, le beffroi du palais Municipal et des dizaines d’églises .
Aujourd’hui, dimanche, les parcmètres sont gratuits, autant en profiter et rapprocher la voiture. Nous passons devant une église massive de briques S Domenico et Santa Catherine puis montons une rue piétonnière. Nous sommes dépaysées. Habituées aux grands palais sévères de Florence et aux décors Renaissance, nous voici au Moyen âge dans des petites ruelles sombres avec toujours des boutiques de luxe mais moins de mode, plus d’épiceries fines proposant les spécialités locales : Chianti, pâtes de luxe, charcuterie. C’est aussi plus calme. Pas de motos ni de vélos (peut être parce que c’est Dimanche ?)
Je reconnais la place Salimbeni avec le Palais Gothique du Mont de Piété vus à notre visite précédente il y a plus de vingt ans. Au centre de la place la statue d’un ecclésiastique. Une plaque précise qu’il s’agit d’un économiste, un théoricien du Libre Echange et que c’est le Mont de Piété qui a fait ériger la statue. Etrange monument ! Le Palais Gothique Salimbeni a été restauré au XIXème siècle ce qui explique la fraîcheur des décors.
Au coin de la via Bianchi, le Palais Spannochi est très décoré aux couleurs de la Contrade de la chenille : jaune et vert. Nous apercevons la belle place en forme de coquille : la Piazza del Campo sans nous y arrêter et continuons vers le Duomo, le but de notre promenade.
La Cathédrale de Sienne
On parvient à la Cathédrale par un escalier. Sous une arche très blanche, très haute nous découvrons la silhouette fine du Campanile blanc rayé de vert et la façade très très ouvragée du Duomo : dentelle de pierre, pinacles, gargouilles, statues dans des niches, statues de vieillards et apôtres aussi lions, chevaux et bovins qui se détachent sur le ciel.
Duomo
Le Duomo est fermé aux touristes aujourd’hui Dimanche matin. Nous nous asseyons en face pour détailler la façade puis descendons l’escalier qui mène à la Crypte. Le Billet collectif de 10 euros donne droit à 4 visites : la crypte, le Baptistère, le Musée de l’Opera del Duomo et l’Oratoire San Bernardino.
Crypte
La Crypte est une surprise totale. Nos guides ne la mentionnent pas : elle vient d’être ouverte au public. On entre par une porte blindée et on découvre des fresques dans un état de préservation exceptionnel. Située sous le Duomo, elles étaient ignorées, enterrées dans les fondations, préservées de la lumière et de l’oxydation. Les bleus sont exceptionnels : l’azurite n’a pas été oxydée pour donner de la malachite vert turquoise. Il s’agit de l’église d’avant le XIIIème siècle avant la construction de la cathédrale. Quand nous pénétrons accompagnée d’une guide parlant français, la crypte est vide. Nous avons l’impression de faire nous même une découverte !
Un CD ROM très détaillé et très scientifique explique comment on établie la cartographie des différentes altérations des fresques : calcifications, abrasions, dissolution, action des mousses et des algues, salinisation, apparition de croûtes de sel…
Procession
défilé de la contrade de la Chenille
Des tambours résonnent à l’extérieur. Nous abandonnons l’écran pour nous précipiter à la rencontre du défilé de la contrade de la chenille. Les hommes sont costumés comme au Moyen Age : jambières jaunes et vertes une moitié de jambe de chaque couleur, hauts, de chausses en velours vert, bonnet moyenâgeux. Les tambours sont également jaunes et verts. Des porte-étendards jouent avec les grands drapeaux, ils les font tourner en occupant toute la rue.
Baptistère
Après ce spectacle inattendu, nous visitons le Baptistère. La grande façade gothique de marbre blanc ne laisse rien soupçonner de la structure octogonale du bâtiment. Au sol, le arbre blanc est gravé et incrusté d’une scène de femmes portant leurs enfants au baptême.
A l’intérieur les fonts baptismaux sont de forme octogonale (toujours le huit qui égale les 7 jours de la Genèse plus celui du Baptême). De très beaux panneaux de bronze doré racontent la vie de Saint Jean Baptiste. On retrouve avec bonheur les œuvres de Ghiberti et Donatello (nos vieilles connaissances de Florence !). Nous étudions les fresques ; celle qui représente Saint Antoine de Padoue me plaît parce qu’une ville est représentée avec de nombreux personnages.
Musée de l’Opera del Duomo
Le Musée de l’Opera del Duomo abrite les sculptures de la façade fragilisées par l’érosion. Elles sont très bien présentées au rez de chaussée. Au dessus des peintures de Primitifs siennois. Au sommet, un escalier en colimaçon monte au sommet d’une arche. De là on découvre un panorama fantastique sur les toits de Sienne, la Cathédrale, le Campanile, la piazza del Campo…On lève la tête, au dessus de nos têtes s’élève une arche encore plus haute qui donne le vertige à Dominique. Un nouvel escalier encore plus étroit permet de monter à la seconde arche. On avait imaginé construire une cathédrale gigantesque plus vaste que celle de Florence. Ces arches vertigineuses sont des ébauches du transept jamais achevé. La peste et la domination de Florence ont mis fin à cette construction ambitieuse.
Maesta duccio
En redescendant, nous allons voir les peintures : le retable du Duomo jusqu’en 1505 ; cette peinture absolument merveilleuse se composait de14 petits tableaux ravissants. On voit également une Maesta : Madone entourée des anges sur fond doré.