La Montagnola est un petit massif aligné Nord/ Sud à l’Ouest de Sienne. Au programme des visites : trois monastères dont deux ermitages. Ermitage de Lecceto
L’ermitage de Lecceto est le plus difficile à trouver. Sur la carte, il ne semble situé sur aucune route. On erre dans les petits pays en lisière de Sienne. On demande. Tous les gens connaissent Lecceto mais leurs indications sont plus ou moins fiables. Nous tournons en rond avant de trouver le chemin de cailloutis, qu’ils appellent « une route blanche ». Nous grimpons dans un bois de chênes sûrement plus que centenaires. L’ermitage est un véritable monastère, ce n’est pas un monument ouvert à la visite. Des pancartes invitent au silence . Nous entrons sur la pointe des pieds dans le cloître vide. C’est un très beau cloître planté de cyprès de paliers à l’ombre d’une belle tour carrée en pierre blanche ornée de mâchicoulis et couverte d’un toit .De nombreux jeunes hommes entrent et sortent certains habillés en civil d’autres en robe blanche. Le crucifix est bizarre : le Christ de bois est penché vers l’avant. C’est une statue grossière évoquant presque le sadomasochisme.
Lecceto ermitage caché dans la Montagnola
San Leonardo al Lago
Dans cette montagne sauvage, pourtant proche de Sienne, aux chênes impénétrables il y a un autre ermitage en haut d’un sentier très pentu : San Leonardo al Lago. Le bâtiment est austère, l’église très haute, fermée, le cloître, en ruine. Pas d’animation, pourtant, un écriteau invite à sonner pour la visite guidée.
Le troisième monastère du dépliant devrait être le plus beau (photo d’un cloître sur 3 niveaux à décors noirs et blancs). Malheureusement nous arrivons trop tard : il ferme à 12h.
Ses soufflards : la géothermie, pourtant écologique, n'est pas très décorative!
Longue route pour contourner les Monts Métallifères
Nous avons tellement tournicoté à la recherche des ermitages que je ne sais plus où est le nord, le sud, l’est et l’ouest. Le plus simple serait de prendre la 4voies de Sienne à Colle puis la route de Volterra. Dommage de revenir à notre point de départ!
J’improvise donc le contournement de la Montagnola. Impossible de couper. Il faut donc partir plein sud vers Grossetto pour remonter au nord. La Montagnola n’est pas le seul obstacle naturel. Beaucoup étendus sont les Monts Métallifères. Ce ne sont pas de hautes montagnes : les sommets culminent vers 600m. Pourtant, ils forment une barrière incontournable. Les paysages sont monotones : forêts très denses, peu d’échappées. Pas de village pendant des dizaines de km. Et cette route qui ne cesse de tortiller! Sur les pancartes je repère la distance qui nous sépare du prochain carrefour (bivio). 4 km me paraissent une éternité. L’aiguille du compteur de vitesse semble se coincer entre 30 et 40. Je n’ose plus compter les kilomètres qu’il reste à parcourir. Je ne sais quel itinéraire choisir : la « grande route » qui conduit à Massa Marittima mais qui nous fait descendre beaucoup trop au sud? ou au contraire tenter de traverser les montagnes par une route toute petite?
Lardarello
Lardarello : bouche de l’enfer d’où s’échappent des fumerolles malodorantes. Hier lors de la visite du Musée de la Géothermie à Radicondoli, je n’imaginais pas l’ampleur des captages de ces fumerolles. Des énormes cheminées grises comme des cheminées de Centrales nucléaires, des kilomètres de canalisations en métal inoxydable parcourent la montagne. Les tuyaux se regroupent, se superposent, se chevauchent. Paysage industriel très moche. Et pourtant, c’est l’énergie la plus naturelle, la plus écologique. Nous finissons par retrouver un paysage plus paisible avec des villages perchés.
Arrivée à Casale Marittimo
Encore 6km et nous arrivons à Casale Marittimo.
Comme nous le craignions, nous sommes déçues par la résidence Poggetto : complexe résidentiel moderne. Autour d’un bâtiment carré au toit en pente, des appartements sont alignés sur des terrasses. La piscine est minuscule.
Il fait déjà très chaud . Le distributeur automatique d’essence avale les deux billets de 10 € refuse de délivrer le carburant. Je vais protester au bar voisin. La serveuse téléphone au pompiste qui vient nous dépanner. C’est vraiment très sympa !
Autour de Volterra, les collines sont dorées par les chaumes. La moisson est terminée, les grosses bottes rondes sont déjà rentrées.Les pentes sont en argile grise ravinée comme dans la Région des Crêtes, en moins pittoresque, pas de fermes perchées ni d’allées de cyprès.
Nous reconnaissons Volterra avec ses tours et sa coupole.
San Francisco : fresques de Sodoma
Une chapelle de l’église San Francisco est décorée de fresques parSodoma représentant l’histoire de la Vraie Croix. Les fresques couvrent les murs et le plafond. Décidément Sodoma n’est pas mon peintre préféré. Les personnages sont expressifs. La naïveté des fresques plus anciennes me touche plus. Les décors sont moins colorés il y a moins de détails.
Baptistère et Duomo
Les rues sont désertes. On découvre de jolis passages, des échappées par les portes de la ville sur la campagne. Promenade tranquille pour arriver au Duomo dont la façade romane est plus sobre que celles de Sienne ou de Florence. Ici aussi, un Baptistère octogonal à rayures blanches et vertes. C’est la messe, on ne peut pas voir les détails des tableaux.
Place dei Priori
De là, nous rejoignons la Place dei Priori avec l’Hôtel de Ville, son beffroi et de hauts palais aux belles fenêtres à colonnettes géminées. Air de déjà-vu : est ce le souvenir ancien qui surgit ou la ressemblance avec les places des autres villes que nous venons de visiter ?
Musée Étrusque
Le Palais Guarnacci renferme le Musée Etrusque
Luxe : je me paie un audio guide. Dans les premières salles : des urnes de poterie conique de l’âge du bronze et de l’âge du fer, rasoirs, fibules, haches décorées : tout un artisanat très élaboré. Rien d’étonnant dans cette région des monts métallifères .Les urnes sculptées en albâtres retiennent toute mon attention. Les personnages à demi -couchés comme pour un banquet sont très différents des Grecs ou des Romains . On imagine le caractère du défunt : le sculpteur a ait œuvre de portraitiste. Les femmes sont très nombreuses : chez les Étrusques, elles participaient à la vie sociale et étaient présentes dans les banquets. Sur les côtés de l’urne les décors sont très élaborés. Certains thèmes sont récurrents : l’Adieu du défunt à sa famille ou à ses amis, le voyage au Royaume des Morts est souvent effectué à cheval en compagnie d’un serviteur, Combats avec les monstres du Royaume des Morts, et aussi scènes de la mythologie grecque. L’Odyssée ou le Minotaure ont beaucoup inspiré les sculpteurs étrusques.
Encore une fois, il faut envisager une civilisation du point de vue de son originalité (égalité homme/femme) mais aussi en fonction des échanges avec les civilisations voisines : Rome et la Grèce.
Les spécialistes verront les spécificités étrusques, moi, je vois les ressemblances avec des modèles connus.
Dans le monde méditerranéen, les échanges étaient incessants (même réflexion dans les musées phéniciens de Sicile !) Les chefs d’œuvres du musées sont très bien mis en valeur au premier étage : Urne des Epoux, l’homme et la femme vieillissants en terre cuite, criants de vérité. Une curieuse statuette allongée au nom très poétique de l’Ombra della Sera, presque un Giacometti. Cette statuette ne ressemble à rien de connu, sauf peut être à d’autres statuettes votives de bronze. Je suis restée près de deux heures dans le musée. Si Dominique ne m’attendait pas je serais sûrement restée plus longtemps.
Nous avions rendez vous sur la Place dei Priori avec le projet de nous asseoir à la terrasse . J’aurais pris un café glacé. J’attends ce café depuis le début des vacances !
Au pied des remparts, un petit théâtre romain est bien conservé avec son mur de scène décoré de colonnes corinthiennes. Il ne reste plus que les fondations d’un établissement de thermes. L’acropole étrusque est malheureusement fermée à cette heure matinale. Elle est tellement perchée qu’on ne recommencera pas la montée plus tard sous la chaleur.
Tout près, la Forteresse Médicis avec quatre tours rondes et un grand mur, domine la vallée surveillant le côté Nord Est.
Pinacothèque
La Pinacothèque est installée dans un joli palais. Peu de tableaux mais bien mis en valeur et bien expliqués. C’est ainsi que j’apprécie le mieux. Comme je suis la seule visiteuse, je peux rester longtemps devant chaque tableau à chercher les détails du paysage, les ornements des costumes.
Je commence à me familiariser avec les peintres toscans. Je retrouve avec plaisir Ghirlandaio que j’avais découvert à l’exposition Botticelli, avec plus de surpriseSignorelli dont j’avais très modérément apprécié la fresque du Monte Oliveti Maggiore. Le clou du musée est la Déposition de Croix de Rosso Fiorentino éclatante de couleurs, rouge orange vif sur fond d’azurite. Aucun décor de campagne de ceux qui font en général mes délices, le tableau est théâtral et s’apparente à ceux d’Andréa del Sarto.
Je suis contente d’arriver à distinguer certains styles ainsi que le sujet de la plupart des scènes religieuses. Cela me rend plus disponible pour observer les détails : les ailes si fines de l’Ange de l’Annonciation de Signorelli. Bizarre ! Une girafe se promène dans le paysage de Ghirlandaio. Que fait donc cette girafe ! J’ai peut être la berlue !. Plus je vois des tableaux et des fresques et plus je les apprécie. Je suis contente de retrouver un peintre, de me consacrer aux détails de la vie quotidienne, de chercher et trouver des ressemblances. C’est comme apprendre une langue étrangère. Au début, je me contente du sens général : les personnages, l’auteur. Puis viennent les détails, les correspondances, la syntaxe…Il manque la phase d’assimilation. Après viendront les symboles cachés, mais je n’en suis pas encore là.
Albâtre
J’ai cherché le Musée de l’Albâtre. En désespoir de cause j’ai demandé mon chemin dans une salle d‘exposition d’un magasin d’albâtre:
– « non c’e piu ».
Le travail de l’albâtre est tout en transparence et en finesse. Les formes sont contemporaines très épurées. Elles me font très envie. Nous avons acheté nos cadeaux : des plateaux à fromage en pierre verte avec une rainure et le fil pour couper le fromage.
Balze
Il nous reste une curiosité à ne pas manquer à Volterra : le Balze, le ravin d’argile qui a englouti une partie de la ville, des nécropoles étrusques, une église. On voit les lentilles de décollement, les ravinements gris qui tranchent sur les chaumes. Et encore des haies de cyprès en zigzag. Cela ressemble au paysage des Crêtes.
Le camping où nous étions en 1983 se trouve juste derrière le Balze. Nous effectuons notre pèlerinage, retrouvons l’emplacement de notre tente. La tente -château était toute neuve cette année là!
Il fait très chaud, heureusement, il n’y a personne à la piscine de Poggetto . Nous avons installé les chaises longues à la meilleure place face à la mer. Le vent souffle. L’eau de la piscine rafraîchit bien. je compte mes 50 bassins’(très petits bassins). Agréable après-midi à lire le Monde et à nager.
Casale Marittimo
Vers 18h, visite de Casale Marittimo, notre village perché, admirablement bien situé en vigie sur la plaine et la mer. L’air est saturé d’humidité, ce soir, on ne voit pas les îles. Le village n’a pas de monument particulier. Lacis de ruelles et de passages couverts. Ce qui m’enchante le plus : les maisons qui enjambent les ruelles. Et aussi une plaque de marbre datant du XIX siècle qui explique les unités du système métrique.
Il fait très chaud. La piscine minuscule joue bien son rôle, à défaut de pouvoir nager comme dans celle de Colle V.d’Elsa, on se rafraîchit. J’y fais trois petits tours et me sens toute ragaillardie. Le vent souffle sur la terrasse bien aérée. La chaleur y est supportable. De là, on voit la mer qui brille sous le soleil. Au ras de l’eau, un curieux nuage allongé ne bouge jamais. Au bout d’une heure, je finis par me douter que ce n’est pas un nuage mais une île sur l’horizon. Mais laquelle ?
Nous allons explorer les plages. On a rapporté une très mauvaise opinion de Cecina où on a fait les courses hier. Trois hypermarchés : on dirait Créteil. La dame de Colle nous avait prévenues :
– « il mare e bruto ! »
Le Pavillon bleu de Bibione
De grands panneaux annoncent fièrement le Pavillon Bleu de la ]Marina de Bibione au sud de Cecina.!
18h30, Nous garons facilement la voiture à proximité de la plage. Toute une file de vélos, de familles chargées de glacières, parasols, bouées remonte de la plage.
En arrivant c’est le choc ! On ne voit ni la mer ni le sable mais un entassement de transats et de parasols. A droite, alignés sur une douzaine de rangées des transats de toile rouge avec parasols rouges. Tous pareils, et tous collés les uns aux autres. Un peu plus loin même équipement sauf que les parasols sont oranges, plus loin sièges bleu marine, parasol à rayures bleues et blanches ! Pas un mètre pour jouer au ballon ou s’ébattre. Les sièges sont plantés de la dune au ras de l’eau. Entre chaque « plage privée » quelques dizaines de mètres sont laissés à ceux qui préfèrent planter leur propre matériel mais toujours aussi serrés. De temps en temps des cordes matérialisent des couloirs de plage destinés aux bateaux .On s’installe dans la zone réservée aux bateaux et on s’adosse à deux grosses poires en caoutchouc, bouées à sec ?
Je me livre à ma promenade favorite en lisière de l’eau.
Ici, c’est plutôt il faut marcher dans l’eau jusqu’aux mollets, tant les gens sont installés sur le bord ! Souvent, la vague mouille mon short. Pas de grandes foulées sportives non plus. Il me faut doubler ceux qui sont plantés. L’espace est dérisoire ! Mais l’eau est tiède et le sable fin.
La page de l’album -photo décrira la plage sur le mode humoristique. , les pieds dans des chaussettes peu esthétiques sur la plage. Un peu provocatrice ? je m’étonne que tous ces gens qui rentrent aient l’air content, quelque fois même béat, de ceux qui ont passé un bon dimanche en famille à la mer. Ce qui nous paraît le comble de l’horreur est pour eux un bon souvenir de vacances.
J’ai eu envie de voir la plage de Cecina : encore pire !
Nous rentrons réconciliées avec la Villa Poggetto ses oliviers, ses fleurs et sa piscine !
Je faisait une fête de la visite au parc naturel de Maremma présenté dans le guide Gallimard comme un endroit sauvage avec des bœufs, des chevaux en liberté.
Nous sommes donc parties de bon matin pour 120km de chemin (dont une centaine en autoroute). Il nous a fallu deux bonnes heures en nous trompant au moins quatre fois ? Quand on roule sur l’autoroute, l’itinéraire paraît facile : c’est tout droit. Le problème est de trouver la bretelle d’accès pour entrer, puis, la bonne sortie. L’autoroute est construite dans la plaine côtière. Nous voyons des champs de tournesols et de maïs, du blé et de très beaux pins parasols alignés pour former de belles allées couvertes. Après 15 jours en Toscane, nous avons compris que cyprès et pins ne poussent pas par hasard : quand on suit leurs double rangées on découvre de grosses villas. Sur les collines les oliviers plantés en quinconce sur les pentes font des motifs à carreaux avec les ombres du matin. Au loin des bois touffus couvrent les collines plus hautes.
La réserve de Maremma est très contrôlée : on prend son ticket de parking et on doit circuler sans s’arrêter sur la route qui traverse la pinède. Dans des enclos, de beaux chevaux bruns et noirs. Les bœufs gris ont des belles cornes recourbées. Malheureusement tous les accès sont interdits par les panneaux. On ne peut se promener qu’accompagné par des guides. Les visites guidées sont parties à 8 et à 9 heures. Trop tard ! Un seul circuit à pied est accessible en visite libre : le long de la plage et dans la pinède.
La plage de sable est très étroite. Elle est encombrée de nombreux pins morts, troncs et branches blanchis par le sel et les embruns Pourquoi ces arbres ? Pour retenir le sable ou pour entraver la circulation ? Les visiteurs tirent parti de tout ce bois mort en construisant des cabanes. Ils sont venus équipés de parasols, de chaises et de glacières. Les habitués n’emportent que des bandes de tissus, ramassent des bouts de bois et font des tentes. Chacun se sent une âme de Robinson.
On a squatté une cabane toute faite et a posé sur le toit nos draps de bain. On peut donc rester à l’ombre t. Promenade le long de l’eau comme j’aime le faire mais il faut contourner des obstacles. Baignade très agréable dans les vagues. L’eau est tiède. Les vagues assez hautes pour être amusantes, pas assez fortes pour me déséquilibrer. Nous restons jusqu’à 14h30 et rentrons plus vite qu’à l’aller.
Le but de l’excursion est le petit cap rocheux au dessus de Piombino, port d’embarcation pour l’île d’Elbe. Nos voisins y ont découvert une petite crique sympathique.
Faux départ
Faux départ à 8h, nous passons par les supermarchés de Cecina. Je ne retrouve plus mon porte-monnaie. Retour à la villa Poggetto. Tout a l’air de se liguer pour nous gâcher la journée : un écureuil traverse la route sous nos roues, rien à faire, il a dû s’en sortir vivant.
J’ai retrouvé le porte-monnaie. Nous repartons à 8h50.
Via Aurelia
S1Aurélia, 4 voies gratuite.Jusqu’à San Vincenzo, station balnéaire : dauphins gonflables, serviettes et autres articles de plage s’exposent dans la rue, résidences, hôtels et campings ont l’air d’être destinés aux Allemands et aux Hollandais. San Vincenzo est plutôt coquette, belles villas, végétation luxuriante. Rien à voir avec Cecina Marina (il semble qu’on ne puisse pas imaginer plus laid !). A la sortie de S Vicenzo : une réserve naturelle : le parc Rimigliano : bande de forêt coincée entre la plage et la route longue de 4km. La forêt est très dense : chênes verts et chênes lièges plantés serrés, plus près de la mer des pins parasols tordus par le vent de la mer, leurs ombrelles penchent vers les terres. Certains sont tout tordus.
Parc Archéologique
Le parc Archéologique de Barati e Populonia n’ouvre qu’à 10h. En attendant, je dessine : au premier plan une prairie fauchée, plus loin les énormes rondelles de paille parsèment un champ. L’allée allant du parking au parc est bordée de jeunes pins et de grands lauriers roses sur tige, comme des petits arbres, vraiment magnifiques qui sentent très fort.
Du côté nord : une belle pinède de pins parasols, vers le sud des maisons basses. Plus loin : la mer d’un bleu intense dans une petite baie arrondie. Pas une vague, pas une ride. Fermant la baie : une colline boisée portant une belle maison et une tour carrée.
L’entrée du parc Archéologique est chère (8€ pour une seule visite, 12€ pour l’ensemble).
Les grands tumulus
tumulus étrusque de populonia
Visite guidée de l’aire des grands tumulus funéraires et des tombes à édicule. J’essaie de résumer ici l’exposé historique: Populonia, cité étrusque, était composée d’une Ville haute, l’Acropole, où se trouvaient ses temples et où habitaient les gens, et d’une Ville Basse avec son port et ses zones industrielles.
Le fer de l’Île d’Elbe
Le parc se situe dans la ville basse. L’industrie étrusque profitait de la richesse en minerais des monts métallifères : étain, cuivre, on y fondait le bronze. Plus tard, l’industrie du fer provenant de l’île d’Elbe s’est développée . Probablement, la sidérurgie avait ravagé les forêts de l’île d’Elbe et la présence de combustible avait favorisé l’installation des fourneaux. Ne pas imaginer un petit artisanat ! Les scories furent tellement abondantes qu’elles ensevelirent la nécropole sous une épaisse couche d’une dizaine de mètres . Après la 1ere guerre mondiale, l’Italie, manquant de fer, on eut l’idée d’exploiter les scories antiques encore très riches en minerai. C’est cette exploitation qui a remis au jour les restes étrusques dans la seconde moitié du XX ème siècle
Je pense aux Medullas –mines d’or romaines en Espagne – qui avaient bouleversé le paysage.
Tumulus
Le premier tumulus est en très bon état. Son diamètre mesure plus de 20 mètres .Un tambour d’environ 1m de haut en pierre taillée soigneusement la « panchina » trouvée sur place est protégée par un rebord de calcaire beaucoup plus dur en dalles épaisse de moins d’un décimètre. Un trottoir de ces mêmes dalles entoure la tombe. Il s’agit d’une tombe familiale d’une famille très importante. On y a retrouvé un char étrusque en métal. Un couloir de 12m à section carrée d’environ 1m : le dromos conduit à la chambre funéraire. Il faut se plier pour le parcourir. Cette chambre est à plan carré. Elle contient quatre lits funéraires ornés de colonnes gravées. Dans le dromos, trois cavités. C’est là qu’on a retrouvé le char. Ces tombes ont été pillées depuis l’antiquité. Les archéologues y ont retrouvé de rares objets et pratiquement pas de restes humains. Dans un autre tumulus on a retrouvé une passoire pour le vin. Le vin étrusque très épais, très fort, était aromatisé avec des épices, des fruits et du miel ? On le buvait coupé avec de l’eau. Il fallait donc le filtrer avant de le servir .Certaines tombes « à édicule » ressemblent à de petits temples avec fronton toit à double pente. La décoration en terracotta a été retrouvée : des animaux genre dragon figuraient sur le toit.
Les étrusques plus modestes pouvaient être inhumés dans des sarcophages plus classiques. L’un d’eux a été scellé au plomb (tiens un autre métal !)
Les tumulus les plus anciens ont été datés du VIIème ou du Vième, les plus récents du Vème.
J’essaie de faire le lien avec ce que j’ai vu à Volterra. Impossible! Les rites funéraires précédant les étrusques, les Villanoviens procédaient également à la crémation : les urnes étaient des pots de terre cuite enterrés dans des niches peu importantes ? Les urnes de Volterra paraissent moins anciennes que ce qu’on voit ici.
La conférencière a mentionné la possibilité de crémation à l’époque des tumulus et des lits funéraires. Il ne s’agit pas de chronologie mais plutôt de statut social. Pourtant les urnes en albâtre étaient bien ornées pour correspondre à un statut inférieur. Si j’avais mieux parlé Italien j’aurais interrogé la guide. Je me contente de mon rôle muet. Dans ce cas c’est idiot : elle parle un français parfait sans aucun accent. Forcément, elle est française.
Grottes
Deuxième visite : le circuit des Grottes.
visite de 12h il faut rejoindre le point de RDV situé à 40 minutes. Je fonce, la guide m’indique un raccourci. En compagnie d’une famille italienne nous arrivons en moins de 20 minutes après avoir traversé un bois de chênes verts et de chênes liège. Certains ont une stature imposante. Au sol, des buissons d’arbres à mastic (Pistaccia lentiscus), des salsepareilles. Nous grimpons bien, à l’ombre.
panchina
grottes dans la panchina
Le point de RdV domine une carrière de « panchina » la pierre locale, utilisée pour la construction des tumulus. C’est une calcarénite tendre facile à travailler. Etrange cette calcarénite associée à des nécropoles : à Agrigente, Syracuse, Paphos et Motzia. Il semble que cette roche ait été beaucoup utilisée pour les constructions antiques. Malgré sa relative fragilité à l’érosion, les monuments antiques tiennent toujours debout ! La guide nous montre comment les étrusques sciaient leurs blocs sur place en utilisant la stratification. Puis ils plaçaient des coins de fer pour détacher les moellons. La carrière fut abandonnée à la hâte de nombreuses entailles de blocs presque prêts le montrent. Les visées de Syracuse sur le fer de l’île d’Elbe auraient provoqué la fuite des Etrusques. La conférencière nous montre les traces des outils des carriers, des coins mais aussi des traits verticaux gravés parallèlement : sans doute des comptes.
La falaise de la carrière a été utilisée plus tard comme nécropole : des niches ont été creusées dans la roche tendre. La taille des loges est beaucoup plus petite qu’en bas. Cette fouille est récente, commencée en 1997, les travaux n’ont pas encore été publiés. L’archéologue souligne qu’il s’agit d’hypothèses de travail. En descendant, elle montre des grottes taillées dans la roche. Dans des sortes de fentes verticales, on a aménagé un escalier. Ces tombes ont été décorées: l’une d’elle avec un motif d’onde ou plutôt de crêtes de vagues dans l’autre on distingue un dauphin et un autre animal marin.
La crique de Populonia forme un cercle presque parfait. L’eau y est très calme et transparente. Je retrouve ici le plaisir de la baignade en Méditerranée. Dommage que je n’ai pas pris mon masque ! Une petite marina a été aménagée à côté d’un hôtel, grande bâtisse rose très belle.
Populonia : Acropole
chateau fort perché à Populonia
La route monte très raide parmi les chênes pour arriver au village perché de Populonia sur le site de l’Acropole antique. Très belles vues sur la crique ronde et l’eau bleu profond.
Le village est dominé par un très beau donjon carré avec créneaux et mâchicoulis qui se détache sur le vert de la forêt et le bleu intense du ciel. On entre dans le village par une arche. L’unique rue est occupée par des boutiques de souvenirs, galeries de peinture et un unique bar où je mange une glace (le déjeuner, il est près de 15h) je commande enfin le caffe freddo que j’attends depuis longtemps. Décevant ! Peu de mousse pas de glaçons !
Nous poursuivons la visite archéologique sur l’Acropole. Les fouilles ont dégagé un temple étrusque construit en très gros blocs dessinant un rectangle. Une belle rue dallée descend, la rue romaine se superpose à une rue préromaine avec rigole pour récolter l’eau de pluie qui se déverse dans des citernes. Adossées au rocher, de belles arcades d’une construction romaine la villa delle Logge. On ne peut pas y accéder, des fouilles s’y déroulent. Le gardien, très aimable, nous commente la photo d’une très belle mosaïque à motifs maritimes représentant le naufrage d’une barque au milieu de poissons, poulpes, crabes. Les fouilles récentes remettent en cause l’existence de la villa. Ce serait plutôt un sanctuaire, la mosaïque dans le bassin serait un ex-voto.
Plage de Remigliano
Nous terminons cette excellente journée par une baignade sur la plage de S Vincenzo de l’autre côté du parc de Remigliano. Longue plage de sable. Les estivants sont dispersés. On ne se gêne pas. Le sable est assez fin. Des boulettes d’origine végétale jonchent la plage. On dirait qu’un énorme troupeau de dromadaire a laissé d’innombrables crottes
Négligeant la 4voies S1- Aurelia, nous prenons la SP20,l’ancienne Aurelia (c’est écrit sur les maisons rouges des cantonniers), bordée de platanes et surtout d’énormes buissons de lauriers roses qui embaument. Des allées de pins parasols mènent à de belles demeures.
Traversons San Vicenzo et trouvons la route de Campiglia Marittima qui tourne le dos à la mer et grimpe dans les collines.
Le parc Archéominier San Silvestro est bien indiqué . Comme l’autre parc archéologique, il ouvre à 10h . La première visite guidée est à 10h30. C’est un horaire idiot : le parc a balisé six itinéraires de randonnée dans le maquis. Après 11h, il fait beaucoup trop chaud pour partir pour une expédition de plusieurs heures sans ombre en montagne.
La mine
mine de san silvestro
La carte de fidélité obtenue à Populonia offre une réduction de 50%(6€au lieu de 12).
Pour visiter la mine, on nous équipe avec des casques jaunes et les cirés habituels. Nous marchons dans une galerie confortable qui s’enfonce d’abord dans le calcaire à ammonites puis dans un autre calcaire plus ancien clair pour arriver dans les zones minéralisées d’une roche foncée parfois noirâtre parfois oxydée en orange jaunâtre, la limonite servant d’indice pour les minerais de fer.
Les différents affleurements : limonite, goethite, pour le fer, hedenbergite en faisceaux rayonnés forment des couches qui ondulent,je découvre des minéraux : Ilvaïte (le nom vient de l’île d’Elbe)- blende, galène pour le plomb argentifère (exploité plus pour l’argent que pour le plomb). Egalement cuivre natif, chalcopyrite, malachite et chrysocolle. Il y a également de l’étain mais je n’ai pas reconnu la mâcle caractéristique de la cassitérite.
Rien que pour l’aspect minéralogique, cette visite est passionnante. Couleurs presque fluo de la limonite jaune et du chrysocolle bleu. Ne pas toucher au chrysocolle! on empêcherait que la concrétion ne continue de se former.
Une exploitation très ancienne
La conférencière nous parle de l’exploitation minière commencée aux temps des étrusques poursuivie au Moyen Âge et fermée seulement à la fin du 20ème siècle. Les techniques n’ont pas varié de l’âge de Bronze, jusqu’au17ème siècle, à la main, au foret, au marteau et au burin. Un mineur avançait dans le filon de 20 cm par jour. Les galeries étaient très étroites. Très récemment, on a boisé les galeries avec du châtaignier. Le châtaignier n’est pas le bois le plus résistant à l’eau mais il a la caractéristique d’émettre des craquements qui préviennent les mineurs du danger.
Carrières
A côté de l’activité minière proprement dite, la montagne est aussi creusée de différentes carrières : calcaire pour la construction et le ciment. Des wagonnets passent au dessus de la route à San Vicenzo comme à Grenoble. Exploitation du granite porphyroïde. musée, centre d’Interprétation
La géologie de cette région est particulièrement compliquée. Le petit musée présente des coupes extrêmement variées et compliquées dans des terrains sédimentaires (calcaires et argiles) avec de nombreuses failles et intrusions magmatiques. Je les ai regardées avec curiosité mais sans trop y comprendre tant les terrains m’ont parus chahutés. A cela, se rajoute une érosion karstique dans le calcaire.
Le Musée présente de belles collections de minéraux. Pour les cartes il faudrait les interprétations d’un géologue.
la colline et la forteresse
La deuxième partie de la visite est historique. Un autobus nous emmène dans la colline (environ 300m d’altitude. Il faut encore gravir une belle montée sur un sentier très raide à travers le maquis pour atteindre la forteresse Rocca San Silvestro .Il ne s’agit pas d’un château comme on pouvait le supposer de loin, mais d’ un village fortifié. Les minerais de cuivre, de plomb argentifère excitaient la convoitise des seigneurs et des villes de la région. En effet l’argent et le cuivre servaient à battre monnaie aussi bien à Florence, Pise qu’à Naples ou Venise. Les seigneurs ont donc fortifié le village et construit une tour de guet sur ce piton rocheux dominant la campagne.
le grand pressoir à huile pour l'éclairage domestique et dans la mine
Le village a été habité du 10ème au 13ème siècle. Ensuite, il a périclité à la suite de la peste mais aussi en raison du manque d’eau. L’utilisation de la force hydraulique s’est généralisée à cette époque et le travail entièrement à la main n’était plus compétitif.
Le village est entouré de deux enceintes, la première, la plus haute du 10ème siècle, la seconde, plus basse, mais équipée de merlons. Le chemin de ronde compris entre les deux murs servait de lieu de rencontre. Pas de place du village sur un tel rocher. On a retrouvé une sorte de « marelle » gravée en deux endroits sur le dallage. En contrebas, les maisons des mineurs et des ouvriers travaillant dans les forges avaient une très petite surface, en moyenne 27m2 au sol. Dans les murs on voit les traces des poutres : la maison avait un étage ; au rez de chaussée vivaient sans doute les animaux. On a retrouvé les emplacements des fours et des forges. A l’extérieur des murs, les forges pour le fer. Le fer était moins prisé que le cuivre ou l’argent. Les habitants pouvaient se fabriquer les outils dont ils avaient besoin. A l’extérieur aussi, le four à pain, four communal. Dans les murs, en revanche, les fours à ciment et à céramique ainsi que les fonderies du plomb argentifère.
L’église, très simple, fut construite avec beaucoup de soin. Les pierres sont taillées, le sol revêtu d’un mélange de marbre et de ciment rouge. Le même mélange servait à l’étanchéité de la grande citerne. En dessous de l’église : un gros pressoir à huile : 5000l d’huile étaient fabriqués chaque année. L’huile était utilisée pour l’éclairage- éclairage des galeries de mine. Dans ce village tout se rapportait à la mine.
Vers le sommet : la maison des seigneurs, plus grande et plus soignée. Les seigneurs devaient habiter ailleurs, dans un endroit moins inconfortable. Enfin, posée sur le sommet : la tour de guet qui servait aussi de magasin.
Nous avions prévu de rentrer à pied par un itinéraire balisé d’un peu mois de deux heures de marche. A la fin de la visite, il est déjà 13h et il fait une chaleur accablante. Nous voyons de loin le sentier qui monte dans la montagne pelée. Sans espoir d’ombre nous renonçons à la promenade. Le retour en car est la solution de facilité. Je regrette cette occasion de marche perdue. Si le Parc avait été ouvert à 8 ou 9 heures, nous aurions pu marcher dans la fraîcheur du matin. Cet horaire tardif est le seul reproche qu’on puisse faire à ces parcs archéologiques. En Italie, les vacanciers se lèvent fort tard. Les visites avant 10h30 qui ne font pas recette et ont été supprimées. Tant pis pour les randonneurs ! A ce détail près, l’organisation de ces parcs modernes est tout à fait remarquable : accueil parfait, en plusieurs langues (j’aurais pu prendre un audio-guide en anglais à la mine). Les explications très fouillées aussi bien pour les enfants, les profanes que les spécialistes : jolies maquettes, panneaux illustrés, collections très bien présentées. Tableaux sur le cycle de la métallurgie du fer, du cuivre ou du plomb argentifère avec formules chimiques à l’appui .Au Centre de Documentation des livres de tous niveaux peuvent être consultés. Les deux restaurants sont agréables. Tout est prévu.
Campliglia marittima
Campiglia Marittima (comme Casale Marittimo) est située assez loin de la mer. C’est aussi un village perché avec des murailles, un bel Hôtel de Ville aux murs couvert des blasons, une jolie placette et des restaurants, des ruelles étroites et une vue merveilleuse sur la plaine et les îles au loin.
Il a fait très chaud cette nuit, au matin le ciel est rose de petits nuages. Déjà hier, la nébulosité était remarquable. La mer était noyée dans les brumes de chaleur, invisible de la piscine de la villa Poggetto alors qu’elle scintillait les autres jours.
Nous traversons la Toscane d’Ouest en Est sous un ciel grisâtre, le soleil dans les yeux, peu propice aux photos. Pourtant la route est tout à fait pittoresque
Volterra. Je n’avais pas remarqué qu’il y avait tant de virages dans la montée de Volterra. La ville domine les chaumes.
De Volterra à Colle Val d’Elsa : 36km sur une route de crêtes. On aperçoit au loin Lardarello, puis hérissée de tours San Gimignano où nous retrouvons les vignes et les paysages familiers.
Nous contournons Colle val d’Elsa, prenons la voie rapide jusqu’à Sienne, passons devant les tours de Monterregioni. Après Sienne, nous reprenons la route des crêtes et regardons s’éloigner Sienne sur sa colline.
Une voie rapide toute neuve rejoint l’autoroute Bologne–Florence–Rome. Nous la quittons à Colonna del Grillon pour une route de montagne traversant de magnifiques forêts de chênes et de pins dans un relief très escarpé sans rencontrer aucun village.
Intérieurement, je commence à m’inquiéter. Autour de Sienne ou de Volterra nous avons vu d’innombrables panneaux « Agriturismo ». Ici : rien. Nous voulions éviter les foules et nous voici dans un véritable désert.
Cela ne m’empêche pas de profiter du paysage, des crêtes, à perte de vue : des forêts bleutées, loin à l’écart de la route : un village perché – Gargonza ? –D a bien préparé cette nouvelle étape avec nos livres: Monte San Savino nous a paraît êtreun bon point de chute : pas trop grand, entre Arezzo et Cortona.