Alexandrie promenade hivernale sur la corniche

ÉGYPTE 2010


Arrivée à Alexandrie

A l’entrée de la ville de nombreuses industries bordent le lac, des complexes pétrochimiques, des usines sidérurgiques. Puis des roselières. La ville est précédée d’un  beau centre commercial avec des pelouses, un magasin Carrefour et un  pseudo-phare d’Alexandrie.
Le bâti est  moderne, serré, très homogène, de très hautes tours
des ronds-points, des voies rapides.

hôtel Windsor

L’hôtel Windsor est situé sur la Corniche non loin du célèbre Cecil. Comme le Cecil c’est un immeuble blanc Belle Époque. Les salons aux hautes fenêtres habillées de draperies s’ouvrent sur la mer. Des marquises en fer forgé abritent les entrées. Les deux ascenseurs en bois  grillagés et  marquetés sont souvent bloqués comme à Cosmopolitan ; il manque le liftier préposé à la fermeture des portes.

Notre chambre est pomponnée à l’anglaise, draperies vertes et roses masquant une fenêtre aveugle, papier peint à rayure rose bonbon, moulures dorées.

Corniche

egypte-oasis-2010-mp-035-copie.1294839300.JPG

Le long de la corniche jusqu’à Qaitbay sous le crachin. Début mai 2008, il faisait un temps radieux, chaud et ensoleillé, la circulation était très dense et les passants nombreux. Aujourd’hui, peu de voitures. Les jeunes nous identifient comme touristes « Welcome to Alexandria ! » et même un « kalimera ! » qui me fait plaisir.

Une calèche nous emboîte le pas.  Un jeune garçon  porte des barbes-à-papa roses dans des sachets cylindriques suspendus à un bâton qu’il porte comme une palanche. Étudiants ou Lycéens flânent, les filles en longues jupes en jeans égayés d’un voile fantaisie et coloré, les livres de classe sous le bras, le téléphone portable vissé à l’oreille.

egypte-oasis-2010-mp-031-copie.1294839483.JPG

Un musée d’un autre âge présente des vitrines des fonds marins autour des ossements d’une baleine, belle collection de coquillage.

Nous rentrons en calèche après avoir âprement marchandé le prix de la course.  Notre cheval a pour nom Prince ce qui s’accorde avec le Windsor !

A la nuit tombée, je sillonne le quartier. Aucun intérêt, des magasins de chaussures ou de téléphonie mobile. Vide vers 19h30, presque sinistre. J’achète des nuggets chez KFC qu’on dévore devant TV5 Monde.

La route d’Alexandrie à El Alamein

EGYPTE 2010

Sur la terrasse du Windsor, le petit déjeuner est somptueux,avec vue sur la baie d’Alexandrie ensoleillée.

Le littoral se bétonne jusqu’à El Alamein. Une barre uniforme s’étend sur des kilomètres et remplace les dunes de sable blanc.

Il faut croire que c’est l’Espagne qu’on imite ici ! Les résidences s’appellent Granada Resort, Valencia ou Marbella, Costa del Sol. Elles  sont aux couleurs espagnoles jaune et rouges avec des rayures.  Hier, illusion de Californie, aujourd’hui plutôt Benidorm !
Les publicités géantes de l’autoroute faisaient allusion aux Marinas et à la vie des riches égyptiens qui paient très cher pour se retrouver entre eux sur cette côte méditerranéenne.

El Alamein : cimetières militaires

EGYPTE 2010

El Alamein cimetière britannique

egypte-oasis-2010-mp-040-el-alamein-copie.1294838786.JPG

–    « Quel cimetière militaire préférez-vous ? » demande Samer
–    – « britannique ! », sans hésitation.

Il est hors de question d’aller honorer les morts des forces de l’Axe

A ma grande surprise la promenade est agréable et l’endroit beau. Des bougainvillées bordent l’allée centrale. Les tombes de pierre blonde sont gravées au nom du soldat avec l’emblème de son régiment. Dans le premier  carré une fougère marque les Néo-Zélandais, les plus nombreux sont Anglais ou Ecossais. Des aloès, des graminées décoratives, des succulentes alternent si bien que je suis prise d’une frénésie photographique.

El Alamein : musée militaire

EGYPTE 2010

egypte-oasis-2010-mp-043el-alamein.1294838674.JPG

Nous avons peu de goût pour les armes, les insignes et les uniformes. Une leçon d’histoire n’est pas superflue.

El Alamein fait partie de ma saga familiale. Alors que Rommel menaçait Le Caire, le Grand Père avait demandé un  visa britannique « Anywhere in the British Empire » Ils auraient pu se réfugier en Inde ou en Birmanie ! Tous prirent le train. Montgomery arrêta Rommel alors qu’ils étaient en Palestine ; l’exode s’arrêta à Beyrouth chez les cousins.

Un tableau synoptique et une grande maquette de l’Afrique du Nord  retracent les six étapes de ces campagnes. Des ampoules clignotantes  signalent  les différentes batailles : Siwa, Tobrouk. Au lieu se cantonner à la stratégie locale l’approche historique globale a été privilégiée. Les cartes de l’ensemble du bassin Méditerranéen montrent les véritables enjeux de la campagne africaine de l’Axe. Algérie et le Maroc neutralisés par Pétain, les troupes italiennes occupant Érythrée et la Libye, Rhodes italienne, la Grèce, les Balkans, la Crète sous contrôle de l’Axe, Égypte était vraiment encerclée. Je comprends mieux le danger que représentait alors l’avancée de Rommel.

A la sortie de El Alamein nous passons encore devant des marinas. Enfin! arrivons dans le désert – désert relatif avec des maisons plates, des vergers de figuiers, des buissons rabougris et quelques oliviers.

Marsa Matrouh : étape

EGYPTE 2010

Marsa Matrouh plage et mosquée

egypte-oasis-2010-016-copie.1294838319.JPG

 

La petite ville de Marsa Matrouh n’a pas encore été défigurée par les promoteurs. C’est une cité balnéaire à l’ancienne avec des maisons blanches surlignées de bleu, un peu à la grecque, des ronds-points carrelés de mosaïques multicolores, un marché de légumes et de fruits, coloré sous des parasols et des charrettes à ânes. En cette saison, les plages sont désertes magasins et restaurants pour les estivants fermés.

egypte-oasis-2010-mp-050mazrsa-matrouh-copie.1294838446.JPG

Samer nous accompagne au marché, il commande, paie (et porte les sacs). Les prix sont fixes et écrits bien visibles . Pour une livre de dattes fraîches, un kilo d’oranges, un kilo de pommes et des bananes cela coûte 15£E (2€). Nous achetons chez l’épicier trois boites de thon, une boite de fromage fondu et  6 bouteilles d’eau : nous voilà parées pour le désert !
Pendant que Samer et les chauffeurs vont au restaurant manger du poisson, nous profitons de la mer sur une plage minuscule au sable très blanc. Deux femmes sont assises sur des chaises en plastique, deux fillettes jouent à s’éclabousser dans l’eau. Je vais me tremper les pieds : l’eau est presque tiède.

Une petite fille  nous apporte une chaise, puis l’autre. Sa mère s’est installée sur le rebord pierreux.. Pour remercier on lui offre une sucette au caramel, elle revient avec des chicklets emballés. Échange de sourires. La dame propose sa bouteille d’eau. J’apporte les dattes.

de Marsa Matrouh à Siwa

EGYPTE 2010

le désert entre Marsa Matrouh et Siwa

 egypte-oasis-2010-dt-siwa-desert-sable-copie.1294838262.JPG

Enfin c’est le vrai désert!

Sans figuiers, sans chantiers.

D’abord des étendues de cailloutis et quelques épineux. Un troupeau de chameaux broute les maigres buissons. Les petits tètent leurs mères. Ils semblent libres et sans entraves.

Mirages! Classique qui fait voir de l’eau sur la chaussée, mais aussi  « fuite » des buissons en sens inverse comme les trains dans une gare.

Etendue plate  teintes rosées, rien n’accroche le regard.

Une seule buvette,  pylônes et  antennes GMS.

Mustapha et Cherif bavardent en croquant des pépites, l’endormissement du chauffeur est un danger automobile.

Je pense à Cambyse et son armée perdue dans une tempête de sable.
D, vaguement inquiète envisage une panne.

De temps en temps  on voit les traces des chenilles des engins qui ont tracé la route aussi des cairns, le départ d’une piste ? A quel rythme l’érosion fera-t-elle disparaître ces artefacts. Une tempête de sable les enfouira-t-elle ou au contraire les traces subsisteront pendant des milliers d’année ? La géologue en moi se creuse la tête : et si les artefacts humains faisaient disparaître les causes naturelles. Désert, lieu de méditation.
Le soleil descend, le ciel est incandescent, les ombres accentuent les reliefs.

Arrivée à Siwa

EGYPTE 2010 SIWA

sIwa de nuit

egypte-oasis-2010-mp-053siwa-copie.1294739389.JPG

 

 

De la lecture de l’Oasis de Blottières, j’avais retenu le choc de l’arrivée  après 300km de désert.

La nuit est tombée, nous privant de cette surprise. Le retour à la civilisation et à la lumière électrique se fait presque sans qu’on s’en rende compte.

Le minibus s’arrête sur la place du village occupée par les carettas tirées par des ânes. Les boutiques multicolores sont illuminées, olives dans de gros bocaux, oranges dans des cageots ou suspendues dans des sacs, dattes. Au dessus de la place les silhouettes étranges de la ville de Shali qui a « fondu » dans un orage cataclysmique en 1926.La campagne est dominée par une montagne multicolore éclairée par des projecteurs ce qui lui donne un aspect artificiel pas forcément  plaisant au début. Ensuite on s’habitue.

Siwa: Notre hôtel : Shali Resort

EGYPTE 2010 OASIS ET DESERT BLANC

Shali Resort

 

Le Resort est composé de bungalows ressemblant aux  maisons oasiennes de terre, répartis le long d’une sorte de canal. Très classe, volontairement sobre, jamais banal.

Dans la chambre, la peinture beige imite l’adobe, une frise de triangles blancs court à mi-hauteur. Pas de mobilier en dehors des lits: des niches aux formes fantaisistes. Au choix : ventilo ou clim. L’appareil disgracieux de la climatisation est  camouflé par une cagette en côtes de palmier. De beaux kilims sont jetés sur le dallage.

La salle de bain est éclairée par des  grappes de raisin de verre coloré. Sur la pierre, une vasque très haute tient lieu de lavabo, une coupelle en albâtre pour le savon, le verre à dent est aussi en albâtre.

La porte est sculptée d’une tête d oiseau stylisée, patinée de vert. Dans une grosse jarre, trois yuccas, de l’autre côté, une table  et des fauteuils en palmier. Les bungalows sont séparés par des jardinets avec des jeunes palmiers et des arbustes aux fleurs jaunes et aux feuilles ressemblant à celles des acacias ou des sensitives.

Le dîner est servi dans un  pavillon rond au bout de la rivière. Sur le buffet, entrées d’aubergines, salades de haricots, carottes tomates, poulet grillé accompagné de riz, pâtes, pommes de terre, et un gâteau délicieux.

Après le dîner nous tardons à rentrer dans la féérie de l’eau et des lumières. La montagne est illuminée, les loupiotes en vannerie ressemblent à des champignons se reflètent dans l’eau. La lune est entourée d’un large halo.

Siwa, le matin

EGYPTE 2010 OASIS ET DESERT BLANC

egypte-oasis-2010-dt-siwa-shali-030-copie.1294738765.JPG

 

Calme de l’oasis et silence : les volets de bois ne laissent rien filtrer. Quelle heure peut-il être ? Les oiseaux ne se décident pas à chanter. 6h30, le jour pointe à peine. Avec 600km à l’Ouest du Caire, le soleil retarde d’une bonne demi-heure.

Une haie nous sépare du désert de sable beige, désert tel qu’on le rêve.

Lever du soleil de la terrasse.

Sous les palmiers, les petits jardins carrés sont peu entretenus. La montagne montre ses couches multicolores, bancs durs rosés, marnes blanches parfois veinées de vert ou soulignées de marron. Les éboulis sont beiges, je compte 5 marches quand je dessine le panorama, deux collines pointues, la dernière ressemble à un chicot avec un chaos de boules roses autour de sa base. Le tout est posé sur un plateau clair, niveau dur qui se retrouve dans tout l’ensemble. Dessous, une pente douce et sableuse, beige. Puis la palmeraie vert foncé. De grands arbres dépassent, peut être des eucalyptus. Non loin le grand bâtiment de ciment de l’usine d’embouteillage de Siwa – eau minérale vendue dans toute Égypte. Je dessine comme autrefois sur mes carnets de terrain de géologue.

Nous sortons manger le petit déjeuner : fromages, tomates concombre délicieuse tehina.

Le village de Shali a moins de charme le jour que de nuit. Des voitures remplacent les caretas, les boutiques n’ont pas encore ouvert, la citadelle déploie ses pauvres ruines gris de boue séchées (karshif), abandonnée depuis 1926. Les hommes partent aux champs avec les ânes, les enfants sont à l’école. Les rues presque vides.
La route est bordée de palissades de feuilles de palmier tressées  qui abritent les jardins. Jardins beaucoup moins soignés que dans les oasis marocaine. Samer explique que la terre est difficile à cultiver, l’eau ferrugineuse et salée. Cette explication ne me satisfait qu’à moitié. Les motos commencent à remplacer les ânes. Elles n’ont pas besoin de luzerne. Les camions peuvent aussi approvisionner les magasins.

Siwa : Gabal el Mawta

EGYPTE 2010 OASIS ET DESERT BLANC

Gabal el mawta

egypte-oasis-2010-mp-064siwa-gabal-mort-copie.1294738418.JPG

La montagne des Morts est une colline pointue trouée comme un gruyère.

Les tombes sont creusées dans un beau calcaire coquiller. Je reconnais cette roche ressemblant à celle de la nécropole de Paphos à Chypre ou à celle des catacombes de Syracuse. L’entrée des salles est souvent sculptée avec des moulures.
Le gardien en galabieh bleu passé nous ouvre des tombes peintes. Dans la première, Isis porte une robe très colorée aux jolis motifs. Elle fait face à Osiris. Dans la seconde tombe tout le panthéon égyptien est représenté, ici aussi Isis a une belle robe et Osiris est emballé d’une résille. Amon a sa tête de bélier, un dieu ou un homme ressemble à un grec barbu et frisé mais de profil comme un égyptien en tunique. Au plafond, Nout allongée dans la nuit que traversent deux barques.
Dans une troisième tombe le Pharaon est face à trois bestiaux, vaches ou taureau ? Un fil rouge fait penser à un harpon. Est-il en train de chasser ? Ou est-ce un sacrifice ?

Je grimpe au sommet de la colline conique. C’est un peu glissant, rien de spécial à voir. Juste pour le fun !

La vue est magnifique : en face la ville de Shali avec sa ville haute en ruines dominée par son minaret en forme de cheminée. Dans la ville basse d’autres minarets se détachent sur un fouillis d’immeubles bas, roses, beiges ou gris. Plus loin, le miroir lisse d’un lac bleu opalescent, immobile, brillant sous le soleil.