Carrières de Calcaire : Limestone Heritage et plage de Gnejna bay

CARNET MALTAIS

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Front de taille de l’ancienne carrière

10h30, trop tôt pour aller à la plage.

IS-Siggiewi : Limestone Heritage

C’est une visite chère 9€ (pas de Multipass, pas de réduction senior) dans un cadre luxueux, restaurant ou salon de thé privatisable pour des évènements dans une ancienne carrière réhabilitée. La visite commence par une projection vidéo. On m’équipe à la sortie d’un casque audio-guide pour la visite extérieure (texte un peu redondant). Dans l’ancienne carrière on a reconstitué l’explication traditionnelle du calcaire à globigérine, le plus tendre qui se taille facilement en pavés réguliers.

taille des blocs de calcaire (reconstitution)

Les carriers creusaient des rainures au pic puis inséraient des coins métalliques sous une plaque de tôle pour faire éclater la roche. Ensuite on découpait des pavés réguliers et on récupérait les  morceaux irréguliers pour les murettes et les abris de jardin. Rien n’était gaspillé. On chargeait une vingtaine de pavés sur de légères charrettes peintes en rouge. Dans les années 1950 la reconstruction après les destructions de la guerre et l’expansion démographique, la mécanisation est arrivée avec des machines diesel montées sur rails qui découpaient avec des scies rotatives des pavés réguliers de 26cm (ce qui est approximativement la longueur d’une main aux doigts écartés).

Les camions Dodge

Les fines charrettes furent remplacées par des camions Dodge qu’on a peint en rouge comme les charrettes. Les chauffeurs les ont décorées, ils ont donné des noms à leurs véhicules, prénoms féminins, ou stars … L’ancienne carrière est plantée de hauts palmiers et d’un verger d’orangers ; un ruisseau descend en cascade le long du front de taille où subsistent les rainures de l’exploitation manuelle(l’exposition mécanique laisse un mur lisse). Ensuite une exposition montre les différents aspects de la vie traditionnelle maltaise : canaux d’irrigations taillés dans la pierre, Girna abri de jardin rond conqiue ou en forme de dôme, cuisine avec réchauds de pierre , niches ou cachettes dans la pierre des murs…C’est une jolie visite mais j’espérais en apprendre plus et voir une exploitation plus authentique.

gneja bay et tour

Sur la côte Est de Malte, deux baies Gnejna bay ou Golden  Bay se trouvent à proximité de L-Imgar. Il faut retourner à Rabat . La plage de Gnejna Bay est bordée de sable orange. Il y a deux kiosques dans des containers avec quelques tables pour déjeuner. Les plagiste ont installé une caravane et louent des lits de plages et des parasols à rayures bleue et blanches, des parasols verts, canoës et Kayaks et même des bateaux à moteur pour le ski nautique ou la promenade. L’eau est moins limpide que sur les plages rocheuses, peut être à cause du sable ou des estivants pas très soigneux. La zone de baignade est bien délimitée. Je pars pour une « expédition lointaine »vers la crique rocheuse suivante et c’est magique : l’eau reflète la couleur dorée de la falaisesj’ai l’impression de nager dans des paillettes dorées ou dans la moire vertes aux reflets d’or. L’eau bouge plus qu’ihier. Cela m’amuse de chercher des différences entre les différentes baignades.

Sous un grand parasol, sur une table en plastique, nous déjeunons de calamars en anneaux frits et de fish&chips. Il faut faire le service soi-même. Simple et cool, rien à redire.

Vers 16h nous rentrons à Qawra pour visiter l’Aquarium (12.90€ mais gratuit avec  le Multipass) . Bel aquarium mais j’en ai vus de plus intéressants.

 

 

 

 

 

Parc National du Connemara – promenades naturalistes et poétiques

CARNET IRLANDAIS 

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Mont diamond

Le Parc est situé à Letterfrack sur la Wild Atlantic Way à une quinzaine de km au nord de Clifden. On  est très bien accueilli au Centre des visiteurs. l’exposition, dans  une petite salle obscure, raconte 10.000 ans d’histoire du Connemara :

  • de la fin de la dernière glaciation lorsque une végétation rase de prairie portait seulement des buissons de genévriers et de saules nains(analogue à ce que nous avons vu au Quebec en montagne).
  • Il y a 7000ans, la forêt de chênes et de pins couvrait le Connemara ainsi que les houx et les bouleaux.
  • L’Homme est arrivé il y a 5000ans au Néolithique. Avec lui, le début des cultures de céréales et l’élevage.
  • Il y a 2500ans, la tourbière a remplacé la forêt. Deux hypothèses expliqueraient sa formation. Selon certains spécialistes son origine serait anthropique, les hommes auraient brûlé la forêt, la production d’une grande quantité de charbon aurait imperméabilisé le sol et empêché son drainage. L’autre cause serait climatique : la pluviosité en Irlande est telle qu’elle excède largement l’évaporation. (il tombe en moyenne 1650mm d’eau et ne s’en évapore que 550mm). Cet excédent et les conditions anoxiques forment un milieu très acide contribuant à la formation de la tourbe.

Dans une salle du musée consacrée à la tourbière, on a construit une haute colonne figurant une coupe stratigraphique de 10.000 ans. la conservation des pollens permet d’établir avec certitude les environnements végétaux. En plus de ces expositions, un audiovisuel de 17 minutes présente de très belles images du parc. J’ai été  étonnée d’apprendre que les rhododendrons sont considérés comme  invasifs et nuisibles pour la biodiversité. Trop touffus, ils ne laissent pas les autres végétaux se développer. On les « élimine » dans le Parc.

A 11h, j’ai la chance de participer à une promenade guidée. Carol, la guide, munie d’un bâton de marche, harnachée avec des guêtres, observe avec sévérité nos chaussures. « Nous allons dans des endroits très humides, vous allez être trempés ! « . Elle décourage deux jeunes couples qui feront la promenade  du Mount Diamond(445m) sur le sentier gravillonné. Les Allemands protestent. Ils ont du rechange dans la voiture. Je proteste : mes Columbia toutes neuves sont  Gortex ! Trop basses .

maisons pastels de Letterfrack
maisons pastels de Letterfrack

Première pause à l’aplomb du village : histoire de Letterfrack : Des Quakers anglais, James et Mary Ellis s’installèrent en 1849 pour aider les Irlandais frappés par la Famine.Ils louèrent 1000 acres de terre qu’ils bonifièrent, plantèrent des arbres, construisirent une école, un Tempérance hôtel. Depuis, le village est connu comme « village Quaker » alors que tous sont catholiques et qu’il n’y a plus de quakers. Aujourd’hui, Letterfrack abrite une antenne de l’Université de Galway, on y enseigne le design des meubles, l’ébénisterie. Un bâtiment est consacré à la restauration de meubles anciens des chantiers plus importants sont aussi exécutés . Letterfrack s’enorgueillit de sa radio locale, importante pour les personnes isolées dans la campagne.

apparition furtive et embrumée
apparition furtive et embrumée

Après avoir traversé une prairie bien mouillée (il vient de pleuvoir) deux cerfs se détachent sur l’arête d’une colline. Jolie apparition, assez rare selon la guide. Ce n’est qu’à la période du brame qu’ils se rapprochent du parking.   Carol nous montre les fleurs de la prairie : les

casse-lunettes euphrasia pratensis
casse-lunettes euphrasia pratensis

 

 

Casse-lunettes (Euphrasia officinalis pratensis) dont on faisait bouillir les racines pour soulager la conjonctivite.

 

 

 

Il y a plusieurs espèces d’orchidées et plusieurs espèces de bruyères : la « crossleaved

Erica tetralex
Erica tetralex

heath » Erica tetralix en français Bruyère tétragone ou bruyère des marais, est l’emblème du parc. Certaines plantes font partie de la flore lusitanienne, endémiques au Portugal et en Espagne Atlantique.

 

 

 

bog asphodel

Une plante m’a étonnée Bog Asphodel(narthecium ossifragum) n’a rien en commun avec les asphodèles que je connais, c’est un e petite plante de 10 à 15 cm aux fleurs jaunes étoilées.

 

 

Les Linaigrettes sont nommées  Bog Cotton . Carol leur a cherché une utilité : la seule linaigrette_wolfqu’elle a trouvée est de servir de bourre pour des boutons.

 

 

 

 

Sphaigne et drosera
Sphaigne et drosera

Dans un endroit encore plus humide, nous trouvons les plantes carnivores Drosera intermedia  Sundew qui pallie la pauvreté en nutriments de la tourbière en piégeant les insectes. La plante la plus importante, celle qui va  être transformée en tourbe, c’est la sphaigne. Carol en saisit une poignée, l’essore, une énorme quantité sort, et il en reste ! Il en existe différentes espèces. Ces sphaignes furent utilisées comme pansement pour les blessés, leurs propriétés antibiotiques prévenaient les infections. Les Indiens d’Amériques les utilisaient comme couche pour les bébés.

Plus loin dans la montagne, on voit des carrés plus verts et des tas de pierre. Là vivaient des gens avant la Famine. Les villages abandonnés se remarquent à peine. A nos pieds, des blocs de granite recouverts de lichens parmi les fougères : une tombe préhistorique. Quand Carol nous la montre, je reconnais bien les deux blocs levés comme à l’entrée d’un dolmen. La grosse dalle du toit a glissé.

séchage de la tourbe
séchage de la tourbe

De retour dans le milieu humide, Carol nous parle de l’exploitation de la tourbe , combustible traditionnel pour le chauffage mais aussi pour la cuisson des aliments. Il existe même une centrale électrique fonctionnant à la tourbe. Autrefois, on creusait à la pelle. Il fallait déblayer la végétation, puis creuser en découpant des briques de tourbe. Aujourd’hui, des machines débitent des sortes de « saucisses ». le travail n’est pas terminé avec la découpe. Il y a le séchage au soleil, dans un  pays où il pleut autant. La tourbe contient énormément d’eau qu’il faut éliminer. Il faut retourner, mettre debout les briques et enfin les rassembler en tas. D’après ce que j’ai compris, les gens obtiennent une concession pour aller creuser, on en confie une pour 6. La tourbe réserve parfois des surprises : les objets sont très bien conservés dans ce milieu anoxique où la décomposition ne s’opère pas. On a retrouvé des cadavres en parfait état ; de l’état manucuré des mains, on a pu déduire  que l’homme retrouvé était le fils d’un noble assassiné. Telle jeune fille morte il y a des siècles a été retrouvée avec ses cheveux, mais éviscérée : mort étrange qui pourrait inspirer des romans policiers.

On a également retrouvé des mottes de beurre. La tourbière fut utilisée comme réfrigérateur. Le beurre était conservé dans un sac, puis oublié, il pouvait se conserver éternellement. Il s’imprègne malgré tout de l’odeur de la tourbe.

Ce soir, une conférence a pour sujet La boue, les fossiles et les pollens. J’aurais bien aimé l’écouter si nous avions été logées à proximité.

Pour pique-niquer nous retournons au dessus de Ballybakill harbour, la vue est merveilleuse.

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Letterfrack a aussi organisé un parcours poétique au départ du Centre des visiteurs. Le sentier descend dans le bois profond, passe une chapelle, un petit pont, sur un panneau, un poème qui me plait bien. Le sentier serpente dans le bois et revient au bassin et à la cascade. Il sort du domaine pour rejoindre le cimetière des enfants : sur la pelouse des cœurs en marbre noir poli, un prénom, 12 ans, 13 ans, 14 ans au plus; Dans le bâtiment du Centre des Visiteurs, il y avait autrefois une école réputée très sévère, les enfants sont morts pendant leur scolarité.

La promenade se poursuit dans le village où je découvre une série de maisonnettes de teintes pastels. Au rebord des fenêtres, des corbeilles de fleurette bleue, bégonias rouge orangé. Les poèmes sont introuvables, je m’arrête là.

Depuis 6 jours à Clifden, nous n’avons pas encore visité son musée. Il est temps de réparer cet lacune ! La Musée est installé dans l’ancienne gare (avec un hôtel et un restaurant). A la place des noms de rue, on a conservé les plaques des quais. Les rails courent encore sur la chaussée . Pour renforcer l’illusion, l’odeur de la tourbe ressemble à celle des anciennes gares du temps des locomotives à vapeur.

Joli cadre, mais exposition sans intérêt sauf si on est passionné de chevaux. Le rez de chaussée est consacré au Poneys du Connemara.  Palmarès de récompenses, rosettes, diplômes décernés aux éleveurs, ne m’intéressent nullement. En mezzanine une petite histoire de Clifden. Fondée en 1812 par John d’Arcy dont nous avons vu le château. L’arrivée du train à la fin du 19ème siècle devait favoriser le développement de la « capitale du Connemara » avec l’essor du tourisme. Des paysans l’empruntèrent pour leur départ vers l’Amérique. Quelques objets rappellent cette époque : une balance pour peser la laine, une machine à écrire…rien de passionnant.

Derrimlagh :

Retour pour terminer la promenade sur les lieux de la Station Radio de Marconi. Je marche sur une vraie route goudronnée puis par des chemins de cailloutis dans une tourbière exploitée actuellement, un peu plus de 5 km sous un ciel menaçant, d’un bon pas. « Archéologie » du début du 20ème siècle. Des bâtiments, il ne reste que de vagues fondations (un peu comme dans les ruines antiques de Crète). Sur des socles artistiquement rouillés (ils sont neufs) on a planté des explications, des photos anciennes : ici, le condensateur qui vibrait avec un bruit infernal, là la centrale électrique fonctionnant à la tourbe, là le bungalow du contremaître… Au début, c’est amusant, ensuite je passe rapidement (il pleut) devant l’étang où les employés pêchaient la truite. Parcours plus sportif que culturel ! Quelques jours plus tard, je verrai à la télévision l’inauguration de cette attraction qui vient tout juste d’être réalisée.

Après dîner j’ai le projet d’aller au Pub. Tous les restaurants, tous les pubs de Clifden affichent de la musique live. Lequel choisir ? Tous sont peints de couleurs vives et avenantes. Je ne connais rien à la musique celtique (que je préfèrerais) ni au rock irlandais. Le « Griffins » en bas de chez nous peint en bleu me semble plus attirant. Nous garons la voiture devant. Les autres font plus « restaurant pour touristes » avec leurs menus en français, ou trop chic comme celui d’en face. A neuf heures je descend vêtue de mon Sweatshirt neuf  habillée « pour sortir ». Déception, la salle est  presque vide. Seules deux tables sont occupées. L’une par une famille française  avec deux petites filles sirotant un coca avec une paille. L’autre avec des touristes regardant les photos prises pendant la journée. Deux échalas coiffés de stetson sont perchés sur les tabourets du bar, ils grattent une guitare sans conviction sur des airs du far west. Je m’assieds seule à une troisième table. Personne ne vient prendre la commande, il aurait peut être fallu que j’aille au bar me servir… Dans cette ambiance morose, je ramasse mon sac et me tire. Je suis venue trop tôt, sans doute, et pas le bon jour, ni à la bonne adresse…piège à touristes.

Le Burren et la routeà travers le Connemara

CARNET IRLANDAIS

Kilfenora Croix Doorty
Kilfenora Croix Doorty

 

Réveil dans le brouillard, les Blue Horizons sont bouchés. Le petit déjeuner irlandais est servi sur des ardoises (black pudding, 2 saucisses, 2 tranches de bacon, 1 œuf et une ½ tomate. Le lait dans une bouteille d’une pinte, comme celle du laitier ; service raffiné.

Hier au soleil, nous avions pensé à photographier la petite route et ses herbes folles et ses fleurs. Sous la pluie, les fleurs trempées ont moins d’allure.

Kilfenora

la plus petite cathédrale
la plus petite cathédrale

Kilfenorra, la cité aux 7 croix, possède la « plus petite cathédrale de la chrétienté ». Nous nous perdons ans la campagne. Le facteur qui passait par là, nous remet dans le bon chemin « faites demi-tour et suivez moi ! – je suis désolé pour ce qui s’est passé à Nice ! ». Il nous montre d’abord la Haute Croix (high cross) à l’extérieur du village puis la cathédrale au milieu du cimetière. Le cimetière est encore en fonction, certaines croix n’ont pas un siècle, on remarque des Mac Mahon, Mac Namara. Les croix anciennes sont à l’abri dans la petite cathédrale (1152).Cathédrale St Fachtaan ? L’évêque est encore là ! La plus belle, la Doorty Cross (17ème siècle) est décorée sur les deux faces. Sur l’une l’évêque est représenté avec des oiseaux sur les épaules (peut être des anges), en dessous deux personnages nommés Croiziers – des Croisés ? – et en dessous, un monstre. Sur l’autre face, le Christ surmonte un cavalier et sa monture.

Doorty Cross détail des Croisés
Doorty Cross détail des Croisés

Les autres croix sont plus simples, ornées de motifs d’entrelacs rappelant de la dentelle ou des nœuds marins.

Leanneh le château hanté de Marie la Rouge
Leanneh le château hanté de Marie la Rouge

A la croisée des routes R476/470 se dresse le Château de Leaneh : coquille vide. Sa façade de  quatre étages est percée de belles fenêtres. Son allure fantomatique cadre bien avec la légende de Marie la Rouge, mariée 25 fois, dont le fantôme hanterait le château.

Imprévue, la ruine de Carran Church dans un pré à vaches. Comme les autres touristes, je rampe sous la clôture électrique et marche entre bouses et flaques pour visiter les ruines (il reste le mur du chœur. La croix et les tombes qui se trouvent à l’intérieur de la petite église ne peuvent pas rivaliser avec Kilfenora. Carran church a été construite en 1200, son nom dériverait de cairn (tas de pierres). Pour retourner aux voitures tout le monde trouve le passage dans la murette – passage à l’irlandaise avec des marches de chaque côté d’une dalle verticale que le bétail ne franchit pas.

Non loin – il suffit de suivre la caravane des touristes nombreux dans le Burren – le Fort de Caherconnell très aménagé pour les touristes : grand parking, boutique, salon de thé, billetterie, ppour un supplément on peut assister ç une démonstration de chiens de troupeaux qui poursuivent  les moutons au sonde sifflets. On offre aussi un livret explicatif très complet et on peut visionner une vidéo de 6 minutes (images de synthèse très laides) .

Des étudiants en archéologie tamisent de la terre très sombre (peut être de la tourbe). Leur cuvette se trouve sur un support, ils ont un tamis et une douchette. Ils sont étudiant à l’Université de Galway, souvent des américains qui gagne nt ainsi des crédits validant leur études.

Fort de coherconnel
Fort de Caherconnell

Comme les forts que j’ai déjà vus Staigue sur le Ring of Kerry, Donbeg à Dingle,  c’est un anneau de pierres sèches. Le vocable « fort » m’avais induit en erreur. J’imaginais quelque chose de militaire. Il n’en est rien. Pas de garnison mais une exploitation agricole à l’abri de la muraille circulaire. J’imaginais aussi que ces constructions étaient préhistoriques. Si le site était occupé depuis l’Age de Bronze, le fort circulaire a été construit au 10ème 11ème siècle et il fut occupé jusqu’au 17ème.   Au 15ème on reconstruisit une nouvelle entrée. A la Préhistoire, les hommes étaient installés dans  une doline à proximité. Le site de Caherconnell est étudié en détail, il est l’objet de campagnes archéologiques. Des charbons et des ossements ont permis les datations au Carbone14. Ces fouilles systématiques ont livré de nombreux objets, des aiguilles et des peignes en os, une perle d’ambre. Le plus joli est une fibule à tête de chien. Ces objets ne sont pas visibles, Suzan, l’archéologue montre les photos, elle n’est pas peu fière de dire « celui-là je l’ai trouvé ! » . On a également retrouvé des tombes datées 6ème/7ème siècle, à l’extérieur du fort, c’ étaient des tombes chrétiennes (à cause de l’absence de vaisselle et d’objets qu’on trouve dans les tombes païennes). Les tombes chrétiennes se trouvent en général autour d’une église. Elles témoigneraient donc d’une période de transition du paganisme au christianisme postérieure de peu à l’arrivée de Saint Patrick en 453 en Irlande.

Poulnabrone

Dolmen de Poulnabrone
Dolmen de Poulnabrone

Le dolmen de Poulnabrone est un petit dolmen très élégant, très différent des dolmens de granite que nous avons vus en Bretagne ou au Portugal. Le calcaire local se débite en dalles plates, il paraît beaucoup plus fin que les lourdes tables de granite. Une tombe néolithique a aussi été retrouvée (4000 -3000 av.J.C.). A l’époque préhistorique, le paysage était différent : des forêts de pins, d’aulnes et de noisetiers le recouvraient. Il y avait peu d’espaces ouverts.

Burren : lapiaz
Burren : lapiaz

Sur le parcours touristique, de nombreux panneaux sont consacrés au karst. Le Calcaire carbonifère (320Ma) a d’abord été érodé par le passage des glaciations. La flore associe le thym, la sauge, les cistes, le Géranium herbe à Robert ainsi que la gentiane. Ce paysage de causse m’est familier. Les lapiaz du Dévoluy ressemblent au Burren, ce qui ôte pour moi, l’effet de surprise. Toutefois, le point de vue de Ballyallagan est tout à fait extraordinaire la blancheur du grand plateau raviné contraste avec le bleu de l’océan (nous avons de la chance, le temps s’est éclairci).

Déjeuner sur le port de Ballyvaughan . Nous avons raté l’Abbaye de Corcomroe – introuvable.

Nous programmons le GPS pour Clifden. Le temps est redevenu maussade. Le paysage devient quelconque et même franchement laid aux abords de Galway que nous évitons sur une rocade embouteillée. Nous traversons les beaux paysages du Connemara ave une idée fixe : arriver ! La journée a été longue, passionnante dans le Burren. Nous sommes fatiguées et impatientes de découvrir notre nouveau gite.

Une adresse sur Main road , un digicode pour ouvrir la porte d’entrée sur la rue. Un cadenas avec une combinaison chiffrée pour ouvrir la petite boite qui contient la clé de l’appartement. Des instructions plastifiées. C’est trop impersonnel !

L’appartement est vaste, clair, très bien équipé décoré sobrement. Il va falloir apprivoiser la ville et prendre de nouvelles habitudes.

 

 

Shannon – Falaises de Moher

CARNET IRLANDAIS 

Moulin de Tralee
Moulin de Tralee

Réveil ensoleillé : la montagne au dessus du B&B Gamekeepers est dégagée. Les fuchsias resplendissent. Le petit ruisseau, de l’autre côté de la route, cascade gentiment. Rita est optimiste « les fermiers ont commencé leurs foins, il leur faut deux jours sans pluie pour l’ensilage. Nous aurons deux jours de beau temps ».

Elle me montre les gousses d’ail qu’elle a disposées sur la table de bois du jardin : pour éloigner les midges. Je regretterai de n’avoir pas discuté plus avec Rita. Son savoir en matière de jardinage et de dictons est inépuisable. Sa prédiction météo ne s’est pas réalisée, à 14h la pluie est arrivée. Fine, d’abord, lourde, après 16h.

Pour arriver à Tralee, la route la plus courte passe par Connor’s Pass et nous repassons le col avec plaisir sous un temps clair qui fait briller l’eau et les bancs de sable. A l’entrée de Tralee, un beau moulin fonctionne. Tralee est une grande ville, avec des immeubles et des industries. Une rocade permet de l’éviter ; je remarque un bâtiment rond, brique et verre, très design : c’est un cinéma. Les flèches du bac de Tarbert nous facilite la route. La route traverse une campagne de bocage, légèrement ondulée avec des haies vives et des bosquets d’arbres.

traversée du Shannon sur le bac de Tarbert
traversée du Shannon sur le bac de Tarbert

La Rivière Shannon s’étale dans un large estuaire qu’on passera sur un bac (20 minutes, 18€) par véhicule). La traversée n’offre que peu d’intérêt touristique. Il y a quelques usines et une centrale électrique.  On nous a promis des dauphins qui ne se montrent pas. Une petite route coupe plein nord de Killimer à Quilty mais nous préférons suivre la côte sur la Wild Atlantic Way qui traverse Kilrush, Kilkee, Doonbeg, Quilty, Spanish Point et Milton Bay où est situé notre B&B. C’est un peu plus long et on voit la mer.

Je me prends à rêver de Fish & Chips ou de soupe bien chaude. Pas de restaurant à notre goût dans les stations balnéaires que nous traversons. Nous n’avons pas envie de nous enfermer à l’intérieur d’un pub par le beau soleil.  jamais !

La petite route dans les herbes folles et les fleurs
La petite route dans les herbes folles et les fleurs

Sur le bord de la route un panneau indique Blue Horizons, notre gîte, qui ne se trouve pas du tout à la mer comme je l’avais supposé à la réservation sur Booking.com, mais dans la campagne. Une petite roue encadrée de graminées hautes et de fleurs blanches et violettes avec des inflorescences fines et verticales  aux fleurettes serrées que je n’arrive pas à identifier. Les blanches, je les ai rencontrées dans les Pays Baltes. La route est si étroite que les fleurs touchent les flancs. Elle monte dans la colline et nous arrivons à une maison neuve, blanche. Par les grandes baies, je découvre une belle salle de réception. Les propriétaires sont absents pour le moment, un petit mot donne un numéro de téléphone.

Je mémorise l’adresse dans le GPS et nous allons à Lahinch  « station balnéaire familiale » selon le guide Vert.  Le village traditionnel se résume à une rue avec quelques pubs. Le bord de mer est hideux : deux parkings payants bondés, un « aquaworld » à la façade rouillée. Pas de terrasses ni de restaurants sympathiques, juste une pizzeria ans un centre commercial sombre installé dans une sorte de hangar, des marchands de glace. Je découvre un fastfood « Enzo » qui vend hamburger, nuggets et fish&chips. Le menu « fish&chips » 8.5€ suffira pour deux tant la part est généreuse. On mangera dans le parking. La place est inexistante à marée haute. L’eau arrive jusqu’aux blocs accumulés pour protéger la digue. Seule occupante du remblai, une femme en fauteuil roulant coincé, je ne sais comment dans les blocs. Déprimant !

Le soleil s’est caché, ciel gris aux nuages menaçants.

Falaise de Moher
Falaise de Moher

La pluie ne tombera qu’au début de ma promenade sur les Falaises de Moher. Toujours impatientes, nous avons quitté la grande route trop tôt. Au lieu d’arriver au Centre des Visiteurs (6€) nous arrivons sur un parking à un bon kilomètre de la falaise (2€) mais 15 minutes dans les prairies en montée pour trouver le sentier côtier. Le chemin est goudronné, mais interdit à la circulation. Les panneaux sont explicites, le contrevenant n’est pas le bienvenu. La circulation des piétons est encadrée, par des clôtures électrifiées. Parvenue sur la crête, je découvre enfin les vertigineuses falaises. Déjà venue il y a 20 ans, j’avais vraiment éprouvé le vertige – sensation que j’ignore en montagne, j’adore la via ferrata . Aujourd’hui, comme à Mizen Head je suis déçue de ne pas sentir le pincement de l’appréhension. Les randonneurs sont invités à suivre le sentier officiel gravillonné. Aucun danger de glisser, il est sécurisé par un alignement de dalles de schiste gréseux gris foncé haute d’au moins 80 cm. Un talus encore plus haut bouche la vue. Des gens plus hardis marchent en haut. Pendant un certain temps – bien disciplinée – je marche sur le parcours où je ne vois pas grand-chose, surtout pas les oiseaux qui nichent dans la falaise. Puis, je fais comme les autres et  grimpe sur le sentier haut. Celui-ci me réserve une mauvaise surprise : il s’interrompt brusquement et la descente est hasardeuse (3m sur un rocher détrempé glissant). Deux Espagnols m’assurent. Je retourne derrière les dalles un moment pour remonter de plus belle. Les goélands se tapissent dans des creux minuscules. Les guillemots et les macareux sont invisibles. La pluie forcit. Je retrouve Dominique sur le parking du Centre des visiteurs, me félicitant de l’itinéraire pris au petit parking. Autour du Centre, cela bouchonne sur le sentier malgré la pluie battante.

B&B Blue Horizons
B&B Blue Horizons

Le B&B Blue Horizons est beaucoup plus luxueux que nos hébergements précédents. Notre chambre est très vaste et de très bon goût : murs gris perle, long rideaux beiges, un beau coffre sombre précède le lit. Tête de lit de cuir brun, courtepointe piquée marron assortie, literie blanche, coussins écossais camaïeu ; Sur les deux tables de nuit les lampes ont un abat-jour décoré de feuillage brun stylisé. Une glace reflète les tris sous-verres au dessus du lit : herbier d’algues marines. Salle de bain parfaite avec un sèche-cheveux bien utile après la pluie!

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Dans la salle de séjour commune, deux canapés de cuir confortables se font face, un rocking chair. La vue merveilleuse sur l’Atlantique peut être magnifiée par une longue vue sur pied. Un couple d’Australiens très sympathiques y est installé. Nous buvons le thé ensemble. Leur jovialité compense l’absence de l’hôtesse qui s’est contenté de noter l’heure du breakfast et de nous ouvrir la chambre.

Trempées, le confort et le luxe nous conviennent bien.

Dingle : Connor’s Pass et le nord de la Péninsule

CARNET IRLANDAIS

Connor’s pass

Connorspass
Connorspass

La route 560 part de Dingle. Avant de la trouver, nous faisons un nouveau tour en ville. Je suis frappée par les couleurs et les décors des façades. Nous reviendrons faire des photos.

Au col, la vue est étonnante sur les deux côtés de la péninsule, surtout vers le nord que nous ne connaissons pas.

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Leçon de géologie : histoire du West Kerry

Ordovicien: l’Irlande est dans l’océan sous l’Equateur : sédimentation de boue et sable

Silurien : volcanisme, îles, laves et cendre, dépôts sédimentaires fossilifères à Dunquin

Dévonien : fermeture de l’océan sur le continent désertique l’érosion donnera des sables et des grés Old red sandstones

Carbonifère : transgression marine laissant des coraux et des coquillages.

De 2 Ma à 10.000ans les glaciations.

Les couches volcaniques, je les avais remarquées près de la plage hier, les anciens grès rouges se rencontrent partout. Quant à l’érosion glaciaire, les petits lacs suspendus, les cirques glaciaires, les vallées en U, le verrou de la moraine retenant un petit lac sont des exemples tout à fait pédagogiques. Tout est encore frais de la  déglaciation, il y a 10.000ans, rien ne vient masquer les structures, ni les forêts ni les constructions humaines. De joli ruisselets serpentent dans la vallée. Au col la vue aérienne montre le dessin des murettes, des enclos ronds : reste de forts ou de monastères  ou plus simplement enclos des bergers pour les moutons ?

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Au parking, un musicien gratte sa guitare. Il vend des CD de musique celtique « perfect music for driving » . je regrette que nous les ayons méprisés, nous aurions pu sonoriser notre voyage en glissant une galette dans la fente de l’autoradio et cela aurait donné le son de ma petite vidéo.

La descente vers le nord est spectaculaire. La route est taillée dans le roc. On ne peut pas du tout se croiser, la marche arrière vers le refuge est impressionnante, surtout pour le véhicule du côté du ravin. Une dame allemande à bord d’un énorme camping-car nous intime l’ordre de replier le rétro. Echange plutôt aigre.

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Après nous être arrêtées à la cascade, nous arrivons au charmant village de Clochan qui a un pub pimpant Pub O’Connors : trois maisons de couleurs vives jeune/vert/violet. Une étrange statue est formée par le moteur d’un avion crashé dont on a cimenté les ouvertures puis rainuré le filetage dans le ciment. De loin, on croit voir des crânes. C’est fantastique, un peu macabre.

Tout à côté, la plage de Carragh Beach est bien cachée dans un creux, selon le Guide Vert, c’est un  spot de pêche au saumon.

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Brandon point est au bout de la route ; Pour rejoindre Brandon Creek, il faudrait emprunter à pied le Dingle Trail randonnée pentue et herbeuse au flanc du Mount Brandon qui semblait être une grosse colline bombée et arrondie du côté de Brandon creek tandis que du côté de Connor’s Pass il est déchiqueté et creusé d’un cirque glaciaire. Des moutons à pattes et tête noire paissent tranquillement. Sous le soleil, le très beau paysage m’incite à dessiner.

La plage de Fermoyle  se poursuit jusqu’à une pointe fermant la Brandon Bay  sur une douzaine de kilomètres : belle promenade pieds nus et pique-nique.

La suite du circuit se termine de l’autre côté de la pointe à Castel Gregory,  est moins pittoresque. La pointe est occupée sur son flanc ouest par un golfe, donc fermé pour nous, à l’extrémité et à l’ouest la pointe est construite de lotissements modestes peu soignés et des mobil homes gâchent le paysage sans aller jusqu’à Camp nous rentrons par une après midi ensoleillée à Connor’s pass où nous recommençons les toutes les photos du matin.

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Dingle est une ville très colorées, boutiques et pubs rivalisent d’imagination dans les couleurs, les motifs et les vitrines. C’est un plaisir que de photographier. De retour chez Rita, je m’installe dehors. La soirée est assez douce pour écrire au soleil sur le petit banc sous la fenêtre de notre chambre

Le Sillon de Talbert

CARNET DU TREGOR

Le sillon de Talbert
Le sillon de Talbert

 

La D6 nous conduit à Tréguier que nous contournons sans nous y arrêter.

Pleubian est un  beau village aux maisons de granite, plusieurs bars, des commerces. En ce moment, bien tranquille,  peut être plus touristique en été. Je peste contre l’automobiliste qui s’est garé perpendiculairement au porche de la jolie église. C’est le curé qui affiche un papier. La cloche résonne, le glas. Ce n’est pas l’enterrement. Un jeune homme vient de mourir la cloche l’annonce au village. Les clientes de la boulangerie toute proche viennent aux nouvelles, chacune porte un paquet de pâtisseries.

Pleubian : chaire
Pleubian : chaire

L’église a de beaux vitraux colorés, mais elle est fermée. Ce n’est pas le moment de demander au curé qu’il l’ouvre pour la visite touristique. Derrière l’église, une croix sur un cylindre sculpté. Je reconnais la Cène, des soldats, (les romains ?). Surprise le cylindre est creux ! C’est une chaire à prêcher quand des prêcheurs venaient et que l’église était trop petite.

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Le sillon de Talbert  est un peu plus loin après L’Armor. C’est un cordon de galets long de plus de 3 km abritant un marais très mouillé vers l’est. Un sentier commence sur une dune plantée d’oyats. On conseille de descendre sur la plage pour ne pas piétiner les galets ni déranger les oiseaux qui font halte sur le sillon au cours de leurs migrations ou qui nichent au sol. D’ailleurs c’est beaucoup plus confortable de marcher sur le sable mouillé que sur les galets. Ils sont roses, de granite rose, ou de grès, gris, de granite gris, verts de schistes ou gris foncé presque noirs de dolérite. Un panneau émaillé raconte que ces galets proviennent du temps des glaciations. Le gel a fractionné  les rochers en éclats. Les courants ont construit ces cordons à l’abri des récifs et des ilots. Certains sont même en queue de comète. Les cordons se sont accumulés pour former ce long sillon.

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Dans ce coin les algues sont nombreuses, goémon mais aussi grandes laminaires dont le « pied » -grosse boule décorée de cupules – est décoratives.

Près du sillon, dans la mer, les roches sont alignées, et encore plus loin, il y a un phare. Je croyais que j’y arriverai à pied à marée basse, mais un bras de mer les sépare. Quand je rentre la mer est montée, le sable mouillé sur lequel la marche était facile est immergé. Je suis forcée de marcher sur les galets. L’idéal aurait été de piqueniquer à la pointe et d’attendre la marée haute.

Nous avons de belles crevettes roses, un avocat et des gâteaux achetés à Pleubian. Beau pique-nique.

limicoles
limicoles

Le sentier côtier le long de la presqu’île de Lézardrieux entre Trieux et Jaudy  est recouvert d’un sable jaune. C’est une promenade agréable le long des plages de galets, les rochers. Je passe entre une lande de fougères et des champs, choux, artichauts et maïs desséché. Cette région est très agricole, pas touchée par l’urbanisation touristique. De temps en temps il y a des petites maisons de granite. Parfois des gîtes ruraux. De belles plaques émaillées commentent le paysage : géologie et phares. Un grand phare en mer est le Héaut de Bréhat. Nous nous retrouvons au phare de La Chaine. Tout d’abord on cherche le phare : c’est une petite maison blanche au fronton rouge !

Cette maison est un phare!
Cette maison est un phare!

Dernier arrêt : une allée couverte  de Men ar Rompet près de Kerbors « pierre des druides » (néolithique) non loin du Jaudy caché dans une prairie.

Allée couverte
Allée couverte

Les Salines de Rio Maior

CARNET PORTUGAIS

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Un peu avant 10h, nous partons de Fanhais, par Alcobaça et la route C2 qui descend vers le sud. Juste avant Rio Maior un panneau marron indique les Salines.

Les Salines de Rio Maior sont à l’extrémité sud du Parc Naturel des Montagnes d’Aire et de Candeeiros qui couvre un massif allongé Nord/sud à l’est de Leiria et d’Alcobaça. Nous l’avons traversé sans nous en apercevoir en allant à Tomar. Nous avions bien remarqué les panneaux indiquant des grottes et des promenades. Si nous avions connu l’existence de ce parc naturel nous aurions trouvé les pistes de dinosaures (pegadas de dinossauros) à Fatima en direction d’Ourem et plus au sud à Barrerinhas non loin d’Alcaned. En rentrant je regarderai si le parc a un site Internet.

Les salines de Rio Maior sont éloignées de 30km de la mer. Le sel vient du sous-sol. Un diapir(masse rocheuse de faible densité traverse les formations situées au dessus mais de plus forte densité, le sel forme comme un gros champignon remontant en surface. Le massif montagneux calcaire est un karst. Les eaux de pluie circulent dans les fissures et dissolvent le sel. Le cours d’eau salé alimente le puits. Une motopompe remonte l’eau mais on voit deux balanciers comme dans les puits turcs ou hongrois. Autour des puits, les œillets sont dallés et cimentés. Ils sont très peu profonds ; l’eau n’y excède pas 10cmet s’évapore en 6 jours. Il y donc une récolte par semaine.

ancien grenier à sel
ancien grenier à sel

Le sel, explique un panneau, est exploité depuis la Préhistoire. Les historiens n’ont de documents qu’en 1770. Actuellement les salines sont en exploitation, le sel est commercialisé et même exporté. Autour des bassins les greniers à sel étaient des cabanes e bios aux toits de tuiles rouges. Les auvents étaient soutenus par de grosses branches tortueuses. Bars, restaurants et commerces occupent les greniers à sel. On y vend du sel sous toutes ses formes, en sacs de 25kg, en sachets de quelques grammes, aromatisé, de toutes les couleurs, en gâteau de sel, en fromage de sel cylindrique. La boite à sel est déclinée dans toutes les formes et couleurs. Les poteries sont variées. On trouve les inévitables torchons et tabliers.

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Les hommes qui travaillent à la récolte du sol sont chaussés de bottes en caoutchouc blanches, les brouettes en plastique jaune sont impeccables. Les saulniers grattent inlassablement la croûte blanche avec des pelles in inoxydable. Autrefois les outils étaient de bois : le métal est sensible à la corrosion. On ratissait avec des râteaux de bois. Même les serrures des greniers à sel étaient de bois. Le sel sèche en petite pyramides blanches sur des plateformes de bois surélevées. Les tas étincellent au soleil.

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Un sentier de randonnée part des collines dans la campagne, monte à travers une pinède, arrive dans les vignes. Plus haut, sur l’arête sont posés trois moulins mais il est temps de reprendre la route.

Les dinosaures de Lourinha

CARNET PORTUGAIS

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Lourinha se trouve au sud de Caldas da Rainha. Sur A8 on dépasse Obidos dont la silhouette nous est familière, on la quitte à Bombarral sud. Le Musée de Lourinha est au centre ville piétonnier. Il faut se garer un  peu loin. Le quartier est très vivant, il n’y a pas de boutiques à touristes mais des boucheries, des coiffeurs….

Nous avons fait le voyage pour les dinosaures mais il y a également une fort jolie section ethnographique que nous parcourons , talonnées par un groupe d’enfants en visite guidée. Les environs de Lourinha comptent de nombreux gisements de fossiles. Une des vedettes du Musée est Lourinhosaurus antunesi  matéus (allausaure) découvert en 1982 par un agriculteur. Le fossile est incomplet, on a trouvé les vertèbres cervicales, dorsales sacrales et caudales, la ceinture pelvienne, un fémur, un tibia et péroné. IL mesurait environ 4.5m, était carnivore et vivait il y a 150Ma limite

os d'embryon de dinosaure dans l'oeuf
os d’embryon de dinosaure dans l’oeuf

Tithonique/Kimméridgien. En 1977, un nid comprenant 120 œufs a été découvert sur al plage de Paimogo ; plusieurs embryons ont été identifiés : on voit les minuscules vertèbres et deux fémurs en position encore dans l’œuf.

En 2013, à Porto das Barcas, des œufs et embryons de Torvossarus ont été mis à jour.

Mais ce n’est pas tout !

Un autre dinosaure a été nommé d’après le toponyme de Lourinha : Supersaurus Lourinhensis Jurassique supérieur (152Ma). Super dinosaure, donc énorme ! Dans son estomac il y avait des gastrolites aidant à la digestion.

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Miragaia Longicolum (ornithoschia) a également été retrouvé à Lourhina. C’est un dinosaure au long cou et à épines : sur le haut du dos il portait des épines triangulaires et plates tandis que vers le bas c’étaient de fines pointes.

Enfin, le Musée présente aussi Zby Atlanticum (150Ma).

Six dinosaures d’espèces différentes pratiquement contemporains c’est vraiment une grande richesse pour un petit musée.

Et ce n’est pas tout !

Metoposaurus algarvensis (fin du Trias 220Ma) vient d’un  peu plus loin. Ce n’est pas un dinosaure mais plutôt une salamandre géante.

Le Musée de Lourinha est aussi partie prenante dans deux projets africains depuis 2005. PALNIASSA au Mozambique et PALEOANGOL. Cette collaboration a permis des découvertes significatives dont le Niassodon, un petit mammifère de 30cm de long trouvé au Lac Niassa et daté du Permien. A côté du fossile encore dans sa gangue on a reproduit l’animal avec une imprimante 3D. Le résultat est impressionnant : un petit squelette blanc en plastique bien plus parlant our la profane que je suis ; On imagine la taille, la démarche du petit animal.

En plus, on présente la tête d’une tortue jurassique, des restes de crocodiles et une jolie collection d’invertébrés : des oursins et leurs piquants dans une argile fine< ; plus étonnant encore : les tentacules d’un céphalopode.

cephalopode
cephalopode

Les végétaux ne sont pas oubliés : equisetum (prêles) fougères et bois fossiles retracent une frise de l’Evolution des végétaux.

Ce musée est très bien présenté. Les panneaux illustrés sont bilingues (Portugais/Anglais). Des répliques des animaux permettent d’imaginer la silhouette à côté des restes fossiles (forcément incomplets).

J’ai oublié de noter le nom du petit reptile volant suspendu au plafond.

paléontologues en herbe
paléontologues en herbe

Pour compléter cette intéressante visite, on voit les techniciens et les paléontologues au travail, dégageant les fossiles, les nettoyant à la brosse à dents ou aux outils de dentistes, vernir ce qui a été dégagé. Des enfants se sont joints aux spécialistes(leurs propres enfants ou ceux d’un club local ?

Goris – cheminées de fées

CARNET ARMÉNIEN

les lilas et les cheminées de fée

Une arche de pierre annonce l’arrivée à Goris. De là, un beau point de vue sur la ville permet de découvrir les cheminées de fées. On voit également les quartiers soviétiques  avec les immeubles roses et d’autres plus modernes en verre. Le plan en damier annoncé par nos guides ne nous empêche pas de galérer même avec le GPS. Il faut une bonne demi-heure avant de trouver l’hôtel Mirhav. Les noms des rues sont introuvables (après avoir comparé les plans google-map et Kaplanian, je constate que le nom des rues a changé. La rue Machtots que nous cherchons s’appelait autrefois Lénine). Un homme nous dépanne. De tout son long discours en russe, je comprends qu’il faut rejoindre la station-service en haut de la ville. Bon  conseil ! Un panneau indique l’hôtel Mirhav. Nous sommes passées devant sans le voir.

La rue Machtots est bordée de belles maisons de pierre anciennes du 19ème siècle avec un ou deux étages et des balcons. Au 19ème siècle Goris était la 4ème ville d’Arménie après Gümri, Yerevan et Gavar. Grand bazar où l’on vendait des tapis, des cuirs, des clochettes, fruits secs, métaux et textiles venant de loin. Les maisons anciennes et leurs jardins, les arbres plantés sur les trottoirs donnent à Goris un charme tranquille.

L’hôtel est une grande maison de pierres irrégulières s’ouvrant sur un jardin.Il est meublé de très beaux meubles anciens aux tiroirs marquetés ; des bandes de kilim ont été cousus aux voilages et sont du meilleur effet. Notre chambre est claire, avec  tout le confort, un beau carrelage dans la douche, la télé a les branchements adéquats pour visionner les photos.

Cheminées de fées à Goris

Les cheminées de fées du vieux Goris ressemblent à celles de Cappadoce (aussi de nature volcanique). De nombreuses ouvertures montrent qu’elles ont été habitées. Le village troglodyte est maintenant abandonné. Le cimetière s’étend au pied des cônes, fleuri de lilas violets qui embaument. Je grimpe la pente raide pour m’approcher des rochers.

Juste avant le dîner Jacques a appelé. Il a choisi pour nous du bœuf sauce géorgienne quelquechosevili et du pilaf aux fruits secs (raisins, abricots et amandes caché sous une croûte de pain feuilleté  jaune, aérienne et croustillante. La sauce géorgienne est faite avec des tomates fraîches et des oignons. Après le plat principal on attend que la serveuse propose un thé ou un café, à cette heure du soir c’est plutôt une tisane qu’elle accompagne d’un gâteau.

Vers le sud – émotions au Vorotan Pass – Karahunj

CARNET ARMÉNIEN

La route M2 qui va vers le sud et l’Iran traverse des montagnes très vertes découpées par le ravinement où des roches rougeâtres dépassent – chicots rocheux – vers les sommet? il y a encore des névés. Un troupeau de vaches est gardé par le berger  à cheval. Dans un creux,  coule la rivière Arpa, tumultueuse, bordée de saules. Quand le terrain est plat on cultive la vigne et des arbres fruitiers. D’énormes rochers arrondis proviennent d’une ancienne coulée que la route a découpée.

Vaik : grosse bourgade composée de quelques barres HLM roses carrelées de tuf mais aux balcons rouillés.

Dans une étroite vallée, sous des pitons rocheux le torrent Darb,  gonflé par la fonte des neiges, est sorti de son lit, les arbres  au milieu du courant. Les rives sont aménagées pour le pique-nique : tables et bancs sous de petits auvents. Le paysage est  volcanique  Le col est à 2344m, à  cette altitude, les arbres sont encore hivernaux. La route fait des épingles à cheveux Un lourd camion iranien gravit la côte au ralenti. Je le croyais arrêté. Il négocie les virages avec lenteur.

asperges et bulbes près du Vorotan pass

A Saralanj, des paysans vendent des asperges sauvages vertes et violettes ainsi que de curieux petits bulbes blancs. La montagne ruisselle de partout. Juste après le village, nous nous arrêtons  derrière un buisson d’aubépine aux bourgeons prêts à éclater. Petit film panoramique. Je me retourne et découvre le Mont Ararat, dans le creux de la vallée ! Un peu plus loin,, le village d’Ughedzor est adossé à la pente. Les névés sont proches.

le buisson de la photo

Nouvel arrêt-photo sous le col.  Mon cahier a disparu. Il était presque terminé : 6 jours de voyage, 90 pages de notes, des heures à écrire. J’en aurais pleuré. Le matin-même comme il était presque fini, j’avais pensé le remiser dans la valise. Je n’arrive pas à me résoudre à cette perte. De plus, il souffle un vent puissant qui pourrait l’entraîner au loin dans le vallon. En courant je descends la route pour rejoindre les emplacements où j’ai pris des photos. Rien ! je cherche à reconnaître le buisson d’aubépine. J’enjambe la glissière métallique  pour fouiller les buissons. On retourne jusqu’aux vendeurs d’asperges. Rien !

Il avait  glissé sous mon siège.

la route de la soie me fait rêver

Vorotan Pass (2344m) est souligné par un étrange monument : sorte d’arche inachevée avec un aigle sculpté. Un panneau avec un dromadaire annonce « Route de la Soie ». On peut rêver aux caravanes remplacées par les énormes camions iraniens. Sur le côté, un peu plus bas, une bizarre installation ressemble à un chevalet de mine abandonné, des bâtiments en ruine. Qu’a-t-on extrait ici ? Un grand lac occupe la vallée. Les affleurements sont hétérogènes : blocs de différente taille, moraine ou débris pyroclastiques ? Les silhouettes des vaches se détachent sur ces alpages très verts.

Gorhayk est un village aux maisons basses et aux meules de paille très hautes en pyramides pointues. Grande station-service – moderne caravansérail. Auprès du lac  une zone humide, ressemblant à un delta où serpentent les bras d’eau d’une rivière inconnue. D’innombrables pylônes de tout calibre se dressent dans la plus grande anarchie. Sur une éminence on a construit une tour carrée surmontée d’un fatras d’antennes et de paraboles. La route rénovée file droit en mont gagnes russes sans un virage et entaille des mamelons révélant des couches de cendres de différentes couleurs finement stratifiées.

Le plateau est une pelouse de pâturages verts en cette saison, en été on doit imaginer une steppe. L’image des caravanes occupe mon imagination. Près du village, les champs sont labourés. Six tracteurs sont garés dans les champs. Sur le bord de la route : un étrange pont en ciment permet de faire de la mécanique en plein air.

Zorats Kar

Karahunj

Peu après Sissian une route de gravier conduit aux alignements mégalithiques de Karahunj : menhirs et cromlech, en ligne ou en cercle. Certaines mégalithes sont percés de tous arrondis ce qui conduit à interpréter le site comme un observatoire astronomique. Je m’amuse à cadrer les photos dans ces ouvertures. Les Arméniens sont très fiers d’affirmer que ces alignements sont plus anciens que Stonehenge (7500ans selon le Petit Futé, 5000-4000 selon Kaplanian) . Les supports des panneaux explicatifs sont encore sur place mais les explications se sont envolées.

Retour sur M2. Dans un  petit bar, je demande les toilettes. La dame, d’un geste, m’indique la petite cabine métallique à une cinquantaine de mètres de là, toute rouillée. Il faut d’abord trouver l’entrée. Deux planches écartées sur une fosse profonde de 2 ou 3m. C’est aéré ! Heureusement que mes poches étaient bourrées de kleenex !

Le route est maintenant très mauvaise, creusée de nids de poules. Chaque conducteur a sa stratégie personnelle pour les éviter, descendre sur le bas côté, se déporter à gauche. Des réparations sont en cours. Une équipe de cantonnier creuse au marteau-piqueur des carrés, une autre équipe remplit les trous à la pelle avec un mélange de gravier et de goudron. Pas de rouleau compresseur en vue.