Lituanie : Klaipeda

http://youtu.be/OWgqia9TVbc

Vue de Smiltyné, Klaïpeda est étrange, difficilement lisible. Derrière la  rangée de grues étrangement immobiles nous ne voyons ni tours ni clochers annonçant une ville ancienne. Seuls émergent quelques buildings dont deux tours jumelles K et D qui ne semblent ne faire qu’une sous un certain angle alors qu’elles sont séparées. Le château  des chevaliers Porte-Glaive (13ème ) a été détruit au cours de l’histoire. Klaipeda  a souffert des bombardements en 1944, les clochers ont été détruits et les soviétiques ne les ont pas reconstruits.

Les vieux quartiers, en revanche, ont été réhabilités de manière harmonieuse si bien que la promenade dans les maisons à colombages et celles à façades classiques, est très agréable.

le Théâtre de Klaipeda d'où Hitler prononça l'annexion de Memel

Nous garons la voiture rue Turgaus, devant l’Office de Tourisme et suivons l’itinéraire du Guide Vert à partir du théâtre qui a une façade néoclassique blanche. Du balcon Hitler annonça lui-même l’annexion de Memel (nom allemand de Klaipeda).

Ännchen von TharauJuste devant le théâtre une figure plus pacifique : la statue d’Ännchen von Tharau, poème écrit par Simon Dach(1603-1659). Ce poème me rappelle mes cours d’allemand du lycée

 

 

 

 

 

La rue Turgaus est large, elle est bordée de façades classiques.

billet Meme: 50 mark 1922

Le Musée de la Lituanie Mineure se trouve dans une belle maison dans une rue perpendiculaire. L’histoire de Klaipeda commence à la Préhistoire dès 1800av. J.C. : des bijoux de métal et d’ambre ont été retrouvés. En 1237, les Chevaliers Porte-Glaive unis aux Chevalliers Teutoniques, Croisé des bords de la Vistule, s’unirent pour christianiser la région. Les Chevaliers Porte-Glaive construisirent le château de Klaipeda en 1252. Après la Réforme, le Grand Maitre de l’Ordre, Albrecht von Brandeburg a transformé l’état en Dûché de Prusse (1525-1701). L’histoire de Klaipeda est associée à celle de Königsberg ou de Dantzig. Etrangement, de la Lituanie et de l’éveil national au 19ème siècle, il est peu question. C’est une histoire allemande que raconte le Musée de la Petite Lituanie. la salle de numismatique présente des billets en marks de 1922. Une carte de géographie des écoles montre tous les villages avec leur noms allemands Klaipeda/Memel, Smiltyné/Süderspitz, Juodkranté/Schwartzort et Nia/Nidden.

L’ultimatum de Hitler prend un nouvel éclairage. « Mourir pour Dantzig » est connu, l’ultimatum de Memel l’est moins. C’est la présence des sous-marins allemands qui justifia les lourds bombardements russes de 1944.

En 1944, 100 000 à 200 000 Allemands quittèrent la région avec l’évacuation des troupes allemandes. Les opposants furent déportés en Sibérie. Klaipeda devient soviétiques et de nombreux Russe repeuplèrent la ville.

Nous allons à la recherche des maisons à colombages et des jolies façades. L’ancienne poste est très pittoresque. Nous y achetons des timbres que la postière nous vend en Allemand.  Derrière la rivière, la Dane, nous cherchons deux petites sculptures : un chat de granite poli avec une tête en bronze et plus loin une souris.  Nous complétons la visite par un tour en voiture : arrêt à la Poste Centrale Art Nouveau : briques, tours, clochers dragons à l’intérieur des oiseaux messagers au dessus des guichets sculptés.

 

Liepaja : Karosta base navale des Tsars et des soviétiques

Les halles de Liepaja

Les Halles – fin 19ème –  façade briques et pierre, plafond vitré. Les étals sont très bien achalandés : poissons fumés de toute espèce : thon, espadon, maquereaux, harengs et même un carrelet entier fumé. Nous achetons un poisson blanc épais et moelleux ! Espadon ? Ou thon ? La boulangère accepte de couper en deux un gâteau tressé. Plus loin nous achetons des poivrons farcis. Ce sera le meilleur pique-nique des vacances.

les HLM rouillés mais habités de Karosta

Karosta

Karosta est l’ancienne base navale russe. Liepaja était  l’un des rares ports russes libres de glace l’hiver. JP Kauffmann raconte le départ de l’escadre russe en 1904 pour la guerre Russo-Nippone en faisant le tour de l’Afrique.

Pour rejoindre Karosta on longe encore de vieilles usines de briques désaffectées. Un pont métallique enjambe le canal de Karosta. On trouve des barres de 4 ou 5 étages en très mauvais état mais habitées. Des tilleuls magnifiques bordent les rues. Les habitations sont minables mais le cadre est très verdoyant. Une escouade de jardiniers tondent, ratissent, balaient. Jamais vu des effectifs si pléthoriques !

La cathédrale orthodoxe Art Nouveau est surdimensionnée. Nicolas II en a posé la première pierre (brique ?). Au dessus de l’iconostase une fresque 1900 est originale – photographie interdite ! Ce n’est pas la seule interdiction : un panneau porte les pictogrammes habituels, pas de cigarette allumée, pas de téléphone, des vêtements décents….mais d’autres interdictions surprennent : pas d’alcool ! ni de mauvaises pensées ! La détection des mauvaises pensées se fait comment ? Foulards et tissus sont prévus pour les mécréantes.

les bâtiments de la flotte tsariste

Les anciens bâtiments tsaristes tombent en ruine. On a l’impression de traverser une ville-fantôme et pourtant encore habitée. Par qui ? Condensé extrême de ce que nous avons découvert à Liepaja.

Espérant en apprendre plus, j’attendais beaucoup de la visite à la prison de Karosta. Mais je serai bien déçue.

Visite à la prison : appel

Le guide est déguisé en officier fusse, casquette plate ave l’étoile rouge, bottes de cuir et vareuse khaki trop courte, moustache grisonnante. Il nous entraine à grand pas vers une cour et nous aligne derrière une ligne blanche. Appel, les visiteurs se présentent. A mon tour on me demande « vous parlez Russe ? » – « Niet ! ». Cela fait rire tout le monde, c’est plutôt un bon point de ne pas parler Russe ! D’ailleurs le guide traduit très bien en anglais. Cette prison est une prison militaire. En 1905 elle a hébergé des opposants politiques mais depuis 1918 sept armées différentes l’ont utilisée pour incarcérer les soldats désobéissants et les déserteurs : armées du Tsar, allemande, lettone, à nouveau russe allemande, soviétique jusqu’en 1994 pui lettone. La visite a pour but de nous faire revivre quelques minutes la vie de cette prison militaire ; rien à voir avec ce que je recherche.

le paquetage du soldat russe

Nous entrons dans le bâtiment sombre, peint en noir. Dans une salle consacrée à la 2ème guerre mondiale sur un mur est exposé l’équipement allemand avec sac à dos et matériel ad hoc, en face un sac en toile de jute à peine mieux qu’un sac de patates, une corde et une sorte de marmite en fer blanc : l’équipement du soldat russe. Les armes, grenades, mines interessent plus mes compagnons que moi. Le guide raconte qu’après 1945 ; 70 unités étaient  basées à Karosta avec jusqu’à 25 000 soldats et que Karosta était fermée à la vie civile. Pendant 49 ans les mauvais soldats se trouvaient emprisonnés, une moyenne de 5 jour avec rééducation politique et entraînement militaire. Une cellule toute noire était destinée aux fortes têtes. Dans la pièce réservée aux interrogatoires

Ce qui est étrange c’est que cette prison, aujourd’hui, peut faire fonction d’hôtel bon marché (plutôt auberge de jeunesse) Ont-ils vraiment des clients ? Tourisme de l’extrême ? Bêtise ?

Pärnu : station balnéaire estonienne

Pärnu l'église baroque de Catherine II

Au petit déjeuner, du B&B de Upa, les meilleures pommes de terres que j’aie jamais mangées servies avec du lard et de l’oignon, et bien sûr charcuterie et harengs !

Traversons Saaremaa sans nous arrêter et nous retrouvons sur la digue qui relie à Muhu, étonnées de nous retrouver entourées d’eau. Des cygnes croisent avec leurs petits.

Queue pour le ferry de 9h40. Une mouette sautille de voiture en voiture ; elle quémande. Amusée j’ouvre le coffre pour chercher une tranche de pain. A peine ai-je lancé le premier morceau que le chauffeur derrière notre voiture me morigène « davai ! ». La traversée dure à peine 25 minutes;  sous le ciel gris, nous avons moins l’impression d’une croisière.

Il reste 60km à parcourir entre bois et champs de colza.

 Villa Eden ou plutôt à son restaurant Paradise : Il est trop tôt nous fait comprendre une jeune stagiaire-étudiante (c’est écrit sur son badge) qui ne parle pas du tout anglais. Revenez à 15heures !

L’Office de Tourisme,à l’Hôtel de Ville, a édité une brochure proposant 4 itinéraires.

« promenade historiques dans le Centre ».
L’Hôtel de ville , l’origine une maison de marchand,  a logé le Tsar Alexandre 1er en 1806.

Non loin de là, l’église Sainte Catherine (1786) fut construite sur une commande de Catherine II. Elle est tout à fait charmante, de petite dimension, jaune surmontée de 5 bulbes. L’intérieur est  peint en crème avec des moulures blanches. L’iconostase est arrondie, décorée de personnages recouverts d’argent< ; Au dessus, autour de la Cène, trois tableaux triangulaires très élaborés sont surmontés de médaillons ronds. On dit que cette église baroque est la plus belle d’Estonie.

la maison du marchand Mohr

La Maison du Marchand Mohr, rue Rüütli datant de 1681 fur reconstruite en 1820. Sa façade est classique bleue pâle. Elle a accueilli successivement Karl XII, roi de Suède et Catherine II de Russie. Au fronton de la façade reste accroché un fer à cheval que le Roi de suède aurait perdu.

L’ancien Relais de Poste se trouve rue Vee, initialement dans une boucherie russe caractéristique avec ses colonnes rondes. Dans le Relais de Poste il y avait des écuries, un sauna et la forge du maréchal-ferrant.

 

 

maisons de marchands

LaRue Kuninga est bordée de maisons de marchands. Deux maisons de pierre encadrent une maison de bois rappelant que les Russes avaient interdit qu’on construise des maisons de pierre. Suivant l’itinéraire nous découvrons un bel Hôtel 1923 et dans un parc la statue de la poétesse Lydia Kodule (1843-1886)

Pärnu est une ville très verte avec de nombreux parcs.

 

L’après midi, nous suivons l’itinéraire : Promenade dans les villas balnéaires.

Villa Ammende

Plutôt que le Deauville Estonien comme nous le lisons dans les brochures, on penserait plutôt à Arcachon avec les belles villas sous les arbres. De nombreuses villas sont en  bois, d’autres en béton. La plus belle est la Villa Ammende (1905).

Sur le front de mer, les places de parking sont chères et rares.  Après avoir traversé un parc planté de très grands arbres, j’arrive dans une dune sur la plage des femmes qui n’est pas spécialement occupée par des femmes et qui est presque déserte. L’air est à 24°, l’eau à 21°. Quelques uns se baignent. Je vois ressortir un homme tout nu, je crois avoir mal vu. Une femme s’avance dans la mer sans rien non plus. Les autres baigneurs sont » habillés » mais personne ne prête attention aux naturistes. Rien n’indique non plus que la plage est naturiste. A l’extrémité de la plage, la rivière et en face les plus grands tas de bois que j’aie jamais vus. Une machine soulève des troncs et les range dans une sorte de couloir.

De l’autre côté de la plage entre les établissements de bains et l’Hôtel Moderne Tervise Paradise, il y a plus de monde, mais curieusement, pas dans l’eau. Des rectangles délimitent des terrains de jeux. Volley, bien sûr mais aussi foot où évoluent des joueurs en tenue complète. Il y a même des pom-pom-girls. Un autre sport m’a étonnée : des jeunes gens sont habillés en tunique blanche avec ceinture, à l’antique, sont couronnés de laurier (ou de chêne). Ils s’alignent sur deux files pour un relais; ils courent sur une dizaine de mètres et au lieu de se passer un témoin, ils boivent une canette de bière ou de Red bull. Le maître de jeu porte un manteau court pourpre sur les épaules. Qui sont ces Romains ? Ce jeu est en tout cas viril, pas une fille autour d’eux.

Deux manoirs estoniens : Vihula et Sagadi

manoir de Vihula

Manoir de Vihula

Le manoir de Vihula a été transformé en château-hôtel.

Une noce est venue pour un banquet : cortège de voitures, un car de touristes, des voiturettes électriques de golf sont arrêtées devant le perron du manoir qui a été repeint en jaune d’or tout neuf. Ce manoir, censé être le plus romantique (Guide Vert) est bien trop animé pour être charmant. Toutes les annexes, la buanderie, le grenier sont converties en chambres. Les écuries et les remises à carrosses en spa, jacuzzi et salle de fitness ultramodernes.
Le moulin à eau se visite sur trois niveaux : au rez de chaussée ; la turbine « francis » actionnée par le ruisseau, au dessus les meules et les entonnoirs de bois carrés à l’étage un plancher pour mettre le grain et le verser par une trappe au dessus des entonnoirs. Il y a également une boutique de souvenir, objets de luxe, bijoux de verre, robes en tissage local très simples mais très chic (90€)ainsi qu’un livre de cuisine illustré de photos magnifiques que l’on achèterait volontiers même si les recettes sont en estonien.

L’histoire du manoir est  contée :

on connait les  propriétaires depuis 1402,  tous germano-baltes jusqu’en 1912.

Vihula était un petit manoir : au 13ème siècle, il employait seulement 5 laboureurs, en 1586, 8 et 12 en 1771. Ses revenus provenaient de l’élevage sa  production était vendue à Saint Petersbourg. On cultivait la pomme de terre.Il y avait également une distillerie: l’année 1817-1818, 227 tonneaux de vodka furent expédiés en Russie. Des tisserands travaillaient.15 bateaux de pêche et un four à ciment complètent l’activité économique du manoir.

 

Sagadi

manoir de sagadi

Le manoir de Sagadi est beaucoup plus grand que celui de Vihula. On passe sous un porche dans un jardin à la française. Il y a également un hôtel  dans les communs.

Le manoir  est un musée ;  on y donne également des concerts.

De chaque côté  du vestibule installé pour un concert se trouvent les appartements de la maîtresse de maison avec son boudoir, la grande salle destinée aux enfants, une salle de réception. Dans l’aile symétrique, les appartements du Maître de maison. Symétrie parfaite. A la salle des enfants correspond le bureau-bibliothèque où était administré le domaine avec une carte d’exploitation forestière. Il y avait également une salle de billard à l’étage et même une salle de réunion. Au grenier on a entreposé de nombreux meubles et même un piano à queue.

On nous confie un « livre » relié en cuir avec un plan et des explications sur la vie du château que nous pouvons visiter à notre guise et laisser courir notre imagination.

Nous apprenons  que les invités étaient nombreux, ils égayaient la vie retirée. Jusqu’au 19ème siècle, point de salle à manger. Le repas de chacun était livré sur un plateau recouvert d’une cloche métallique. On raconte aussi que l’étang derrière le château fut un cadeau d’anniversaire d’un châtelain à son épouse. Le maître des lieux convoqua tous ses paysans et leur demandant d’envelopper les sabots des chevaux de manière à ne pas réveiller son épouse. Et en une nuit, l’étang fut creusé !

Dernière anecdote : « le bonnet de nuit ». Mari et femme vivaient côte à côte, chacun dans ses appartements. Si le mari voulait partager le lit de sa femme, il jetait son bonnet de nuit sur le lit. Celle-ci était libre de le garder en signe d’acceptation ou de le lancer pour signifier son refus ;

Aux murs quelques tableaux représentent des paysans estoniens ou les portraits des propriétaires.

Après avoir fait le tour de l’étang à l’ombre d’arbres magnifiques, nous découvrons les bâtiments annexes. Une serre contient une vigne, une passiflore et des plantes tropicales. Plus loin on aperçoit un grand verger très soigné.

Les communs sont des bâtiments bas qui bordent le jardin. Installé dans l’un d’eux, le Musée de la Forêt est remarquable. On a choisi de présenter chaque essence, sorbier, saule, chêne sapin… avec un tronc portant l’écorce, un autre coupé de biais dont on a poli le bois pour montrer le grain, la texture, la couleur. A l’arrière plan, une grande photo de l’arbre en été et une plus petite l’hiver. A chaque arbre est associée la faune petite et grande, parasites, insectes oiseaux. Des explications fournies rendent compte de l’usage du bois : construction, chauffage ou ébénisterie. Il faudrait une bonne demi-journée pour tout lire, tout étudié.Je regrette de ne faire que passer sans prendre de notes. Cette approche écologique est pédagogique. On a même prévu des questionnaires et des crayons pour les enfants et les visiteurs studieux.

Vastseliina : château épiscopal à la frontière de la Russie

Il est prévu dans notre circuit de grimper au « sommet de l’Estonie », le Suur Munamagi, environ 300m d’altitude, la tour d’observation (avec ascenseur) n’ouvre qu’à 10heures.

châéteau de Vaastiliina

En attendant, Maryke nous propose une autre visite : le château de Vastsellina dont elle nous montre des photos et mime la légende : une femme aveugle aurait vu une croix qui brûlait en haut du château.

Le GPS nous indique une distance de 40km au lieu des 15km par la piste. Il faut ruser et faire passer l’itinéraire par de petits villages dont le mari de Maryke nous a fait la liste.

Le GPS nous promène sur des chemins de terre parmi les prairies odorantes. Les fermes sont cachées dans le creux des collines. Le château de Vaatseliina dresse encore de belles murailles, une tour a été équipée d’un escalier de bois. Une autre assez ruinée porte un nid de cigogne ? D’une dernière, il ne reste plus que l’axe de l’escalier en colimaçon où de gros galets de granite s’enroulent parmi les briques. Il est trop tôt mais les site est ouvert. Je monte à la tour précédée par un petit oiseau très coquin au plumage fauve et au bec pointu. Du haut on devrait apercevoir les bulbes des églises de Pskov dépasser des forêts. Un écriteau prévient « attention aux abeilles ! » qui ont installé une ruche dans une cavité de la muraille. Je lirai cet après midi au Musée National Estonien de Tartu l’importance du miel dans l’économie estonienne. Les paysans exploitaient les ruches sauvages et un impôt était acquitté au Seigneur sous forme de miel. L’Eglise également en avait besoin pour les cierges.

Vastseliina : château épiscopal

Une ceinture de forteresses fut construite dès le début du 13ème siècle, aux frontières de la Livonie mais aussi à l’intérieur du pays. En 1340 la situation avec la Russie s’est détériorée. On construisit en 1342 le château de Vastseliina Les communications avec la Russie et Pskov passaient là.

Une lettre de l’Archevêque de Riga au pape Innocent VI de 1354 dans le registre des doléances en Avignon décrit un miracle arrivé à Vastseliina : en septembre 1353, de la musique se fit entendre au château vide et deux cierges brûlaient avec une lumière surnaturelle. La Croix, détachée du mur,  flottait  au dessus de l’autel. Elle y était encore en janvier 1354. Vastseliina fut appelé le Château de la Vierge.

L’Archevêque de Livonie demandait une remise des pêchés pour les visiteurs de Vastseliina. Le pape Eugène renouvela les indulgences au 15ème et au 16ème. Les guerres épargnèrent le château qui fut assiégé sans succès en 1463, mais se rendit aux Russes en 1558, passa aux mains des Polonais en 1582 puis des Suédois en 1625.

Du haut on devrait apercevoir les bulbes des églises de Pskov. La forêt russe ressemble bien à la forêt estonienne.

Un petit musée tout neuf n‘a guère d’objets authentiques à présenter. Des panneaux  racontent la vie au château et les échanges commerciaux. Après la visite de Turaïda et de Césis, celui-ci soutient mal la comparaison.

La Livonie(carte de 1573) comprenait l’Estonie actuelle et la Courlande. Les relations avec la Russie étaient complexes. En 1501-1502, la Russie demande un tribu à l’Evêque de Tartu, un impôt sur les paysans et sur les ruches. Tartu appartenait alors à la Hanse sur la route de Novgorod.

Vers Tartu

Confiante dans les injonctions de Catherine-GPS, nous nous promenons dans la campagne. Parfois nous désobéissons, elle ne se vexe pas. Nous arrivons à l’arrière d’une menuiserie artisanale, les ateliers sont ouverts mais déserts sur la pelouse des statues de bois plutôt fantastiques. Nous poursuivons sur un chemin de terre. Une rocade contourne Vöru. Nous ne verrons pas la ville construite par Catherine II ni le musée du Grand Poète estonien. Dans la campagne le colza est éblouissant. Dire qu’en France les fleurs étaient déjà flétries fin Avril ! Le blé (ou le seigle) commence à dorer. La route Vöru-Tartu est excellente, on a même le droit de rouler à 100km/h !

Un détour par un petit lac pour pique-niquer nous arrivons à Tartu en début d’après midi.

Litgatne, Parc Naturel de la Gauja – Cesis, château fort

 

Château de Césis


De Sigulda, par la route de Pleskov, avec beaucoup de circulation, nous devons tourner à gauche à Ausligatne.

Premier essai, voie sans issue.

Deuxième tentative : on demande notre chemin devant un bar à un homme complètement à l’ouest.

Troisième essai : l’homme ne parle que Russe, il nous envoie sur la « chaussée » et nous fait comprendre qu’il faudra tourner après l’arrêt de l’autobus.

Le guide Vert nous a fait peur : depuis sa parution, la signalisation a progressé, un grand panneau est installé. On a goudronné la « piste ». Le Parc National a fléché toutes les promenades et les visites.  Nous trouvons donc facilement Ligatne et le bac qui traverse la Gauja. Un radeau glisse le long d’un câble entre deux cylindres de bois. Un gaillard bond aux mains gantées est à la manœuvre et tire le câble, péage 2 LAT .

Litgatne : bac sur la rivière Gauja

A la sortie du radeau, une piste dans la forêt,  le GPS que j’avais programmé pour Cesis se réveille : « tournez à droite ! » à l’intersection d’une mauvaise piste de terre. Miracle de la technologie!

Le château de Cesis est une forteresse des Chevaliers teutoniques commencée au 13ème remanié  au 15ème début 16ème. Il a subi des dommages pendant la guerre de Livonie (1558-1583) puis pendant  la guerre du Nord(1703).

La visite du château est toute une aventure : on accède aux prisons au sous-sol de la tour sud par une échelle métallique que je descends avec une pointe d’appréhension. Puis tour des jardins pour la deuxième épreuve : la visite de la Tour Ouest  à la lanterne métallique contenant une bougie. L’escalier en colimaçon est étroit. On ne peut pas se croiser. Pas de rampe, des marches bien usées. D’une main je tiens ma loupiote, de l’autre l’axe central. Au 2ème étage, se trouve une très belle pièce, avec le plafond nervuré de brique, la chambre du Grand Maître de l’Ordre de Livonie Walter von Flattenberg au 16ème    

Les fouilles archéologiques se poursuivent dans la cour du château. Deux trésors ont été trouvés dans les murs. En 1971, 965 pièces de monnaie d’argent, puis un squelette féminin portant autour de sa taille une belle chaîne en argent. En 1985, un squelette d’un soldat russe tué en septembre 1577 est enterré sous les blocs éboulés, une flèche fichée dans le genou. Ce n’était pas un simple soldat : sa croix orthodoxe était ornée d’une perle et il portait une bonne somme de monnaie du Tsar Ivan IV (1533-1584).

le trésor

Je ne me suis jamais intéressée à la numismatique ; Généralement les pièces de monnaie m’ennuient. Celles de Cesis racontent toute une histoire. Parmi elles on retrouva de curieuses pièces frappées en urgence par le Maître de l’Ordre Livonien, Wilhelm Von Fürstenberg en 1538 pour payer ses mercenaires. Des pièces de Philippe II d’Espagne (1556-1598)  portent à l’avers la contremarque du roi de Pologne Sigismond II. La mère de Sigismond, princesse napolitaine, Bona Sforza, en 1556 avait prêté 430 000 ducats d’or au roi d’Espagne. Le roi de Pologne a payé une partie de ses dettes en utilisant la monnaie espagnole rendue à Bona Sforza, en y apposant sa contremarque. Cette monnaie circulait dans les dominions polonais. (je lirai plus tard la suite de l’histoire au château de Trakai en Lituanie). Les archéologues ont également retrouvé des chaudrons enterrés en 1577.

Dans les jardins, dans un énorme coffre de bois, dort la statue de Lénine dévoilée le 7 novembre 1958 et descendue le 17 octobre 1990.

Au musée du château de Cesis, les explications manquent de traduction. Ils racontent la restauration du château des Comtes von Sever, 18ème . Au bout d’un couloir, dans une pièce obscure le trésor est exposé dans des vitrines, pièces et bijoux.

De Cesis à Valmiera, la voie ferrée coupe la route maintes fois. Il faut s’arrêter aux passages à niveau non  gardés.  Nous regardons passer un train interminable de citernes de carburant venant de Russie. Le GPS nous facilite Pique-nique sur les berges de la Gauja : salade de chou, betteraves, boulettes de foie et Käsekuchen aux raisins secs.

Nous traversons de magnifiques forêts, de très grands pins mais aussi d’autres essences. Le Parc National de Gauja s’étend jusqu’à la frontière avec l’Estonie. De nombreuses promenades sont balisées.

Monte Sant Angelo

CARNET DES POUILLES

Saint Michel, l'Ange

L’histoire de l’Ange

L’Ange,  Saint Michel,   est apparu trois fois au cours de l’époque byzantine.

Au cours des guerres entre Byzance et les Lombards,  à l’évêque de Siponto, apparenté au Basileus de Byzance, il a promis de l’aider à la quatrième heure au cours de la bataille contre les Lombards. A l’heure dite,la terre trembla.

Une autre apparition concerna un taureau qui aimait paître seul. Son maître ne le retrouvant plus, organisa une battue à sa recherche, avec ses gens et ses serfs. Ayant trouvé l’animal, le maître, irrité, lui décocha une flèche. Celle-ci fut déviée par la main de l’Ange et retournée contre le méchant homme.

Toute la petite ville est donc vouée à l’Ange qui veille sur de nombreuses portes, au dessus des églises et des belles demeures. Monte Sant Angelo est un lieu de pèlerinage très fréquenté depuis l’époque byzantine ainsi qu’une étape sur la route des Croisades.

Une église « française »

A l’entrée de l’église San Michele, un homme nous aborde en Anglais puis en Allemand, il nous regarde mieux « Vous êtes italiennes ? »- coup d’œil à notre Guide Bleu – « françaises ». Il a habité à Paris. Il est ravi de nous expliquer en français que c’est une église angevine, donc française, avec ses arcs gothiques. La pierre très blanche est sculptée de bas reliefs très fins.

Crypte

Ce n’est pas une église, seulement une façade d’église : on descend 86 marches pour arriver à la crypte, dans la grotte où se déroule la messe. Nous essayons discrètement d’observer les portes de bronze faites à Constantinople en 1076 et la statue de l’Ange de Sanseverino toute dorée.

Un couloir nous conduit à une deuxième grotte. Sur les murs, des panneaux racontent l’histoire de MonteSantAngelo ainsi que la vie de Jean Paul II.

Nous remontons à la lumière pour photographier le beau campanile octogonal rappelant le château de Castel del Monte de Frédéric II . Justement, ce matin, j’ai lu le texte sur Castel del Monte dans le Voyage en Italie de D Fernandez.

La ville blanche

Nous nous promenons au hasard dans le village, ne manquant pas de visiter San Pietro et Santa Maria Maggiore, deux églises romanes tout à fait originales avec une décoration extérieure en losange et des fresques « de facture » byzantines.

La ville est toute blanche, tout en escaliers aussi ! Des enfants jouent au ballon sur une placette. Les escaliers ont l’avantage d’interdire la ville aux voitures garantissant le calme. Certains quartiers comportent de beaux palais du 17ème et du 18è.D’autres sont construits de plusieurs rangées de maisons identiques et mitoyennes coiffées de toits à double pente couverts de tuiles romaines.

Château

chateau normand - souabe - angevin

Nous terminons la visite par celle du château normand souabe angevin Le grand Frédéric II y installa ses quatre épouses. Manfred, Constance et Violante, ses enfants y naquirent ? C’est de Manfred que Manfredonia tire son nom. Le château devint une prison où furent enfermées Filippa d’Antioche et ses enfants puis Giovanna d’Anjou. Sous la domination aragonaise le château prit l’aspect qu’il a encore maintenant. De 1552 à 1802 il appartint aux Grimaldi. Toute cette série de personnage m’enchante. J’aimerais en apprendre plus surtout sur Frédéric II dont j’ai croisé les pas en Sicile et rencontré fortuitement en lisant Baudolino d’U. Eco, il y a quelques années, il faudrait le relire.

Le château a encore une très belle tour ronde aux murs très épais, un chemin de ronde et les murs d’un donjon rectangulaire. Le noyau le plus antique, la Tour des Géants pentagonale est moins reconnaissable  .La feuille commentant la visite en français parle de domination durazzese – qui sont ils ? Düres, en Albanie est juste en face mais rien de sérieux n’étaye cette hypothèse.

les Daunes

Dans une belle salle décorée d’oriflammes on a installé des vitrines contenant des témoignages archéologiques des premiers habitants du Gargano : les Daunes : poteries, outils et lances de bronze. Ces trouvailles ne sont pas spectaculaires à l’exception d’un très joli cheval en terracotta. Les Daunes élevaient des chevaux. Ici intervient un personnage homérique : Diomède qui est associé, je ne sais comment, aux chevaux. je devrais relire l’Iliade et l’Odyssée. Comme Ulysse, à son retour de Troie, échoue dans la région et mourut aux îles Tremiti où ses compagnons furent transformés en oiseaux ressemblant aux cormorans : les oiseau de Diomède.

De l’Ange Michel aux oiseaux de Diomède, mythe et histoire s’entrelacent et ce village blanc perché sur son arête est baigné de poésie

Castel del Monte – hymne au chiffre 8

CARNET DES POUILLES

castel del Monte

Nous sortons de l’autoroute à Andria pour aller voir le Castel del Monte – château mythique raconté par Fernandez dans son Voyage en Italie.

Perché sur une colline dominant la plaine côtière, il se voit de loin.Inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO , une gestion intelligente a éloigné les parkings de deux kilomètres. On y accède par une navette.

Mais il a l’air tout neuf, peut être un peu trop restauré. Conçu sans fortifications, jamais habité, c’est une construction énigmatique, un hymne au chiffre 8 : huit tours octogonales, sur une cour octogonale, huit pièces …Le portail et l’entourage des fenêtres sont sculptés dans une brèche rouge qui tranche sur la pierre calcaire blonde. A l’intérieur on a utilisé du marbre gris très fin pour les chapiteaux aux motifs végétaux. Aux arcs gothiques, on croit deviner une courbure en fer à cheval mauresque. Il faut imaginer les mosaïques et les décors en stucs arabes comme à Palerme.

Ce château « inutile » ne se visite pas comme n’importe quel château fort, il se rêve : rêve de Moyen Age baigné d’Orient de Palerme, de Jérusalem. Raffinement d’un souverain lettré. Dans les belles salles vides, une exposition de photos et des panneau racontant la vie de Frédéric II, l’enfant de Palerme, réussissant très jeune à se faire élire Empereur du saint Empire Romain Germanique, puis sa rivalité avec la Papauté son  excommunication par  Grégoire IX ainsi que ses femmes : Constance qui a régné à Palerme, deux autres dont Isabelle sont enterrées tout près à Andria. J’imagine les chevauchées entre la Souabe et la Sicile, la caravane traversant les Pouilles.

La suite du voyage, entre midi et deux, se fait sous la grosse chaleur : le pays est écrasé de soleil. Les oliviers s’en sortent bien, leur feuillage est juste un peu plus gris. Nous photographions des constructions rondes en pierre sèche, déjà des trulli ? Nous contournons Bari par des zones industrielles et des grandes surfaces, puis prenons l’autoroute Bari/Tarente, 80km, le plus vite possible, avec l’envie d’arriver.

Dominique FERNANDEZ – Le dernier des Médicis

Fin d’une dynastie, fin de règne, le dernier des Médicis, Gian Gastone, est un personnage décadent. Comme le Caravage, il vit son homosexualité de manière tragique cherchant plus la déchéance que le plaisir. Dans la Florence des Médicis, l’amour des garçons est presqu’aussi admis qu’aux temps des Grecs. Il plonge dans l’ivrognerie, la goinfrerie et l’abjection pour déchoir encore. Il en résulte une fin pénible et une lecture assez pénible. J’ai terminé avec peine ce livre pourtant intéressant.

Les jours brillants de la Renaissance sont terminés, l’histoire se termine au milieu du 18ème siècle .L’Italie est dominée par l’impérialisme des Habsbourg,  d’où un déferlement de touristes allemands sur Florence. Les Médicis se sont alliés aux Bourbons, influences françaises donc, et toujours celle de l’Espagne .

Florence est la ville des peintres. Gian Gaston, le dernier des Médicis  a une préférence pour Andrea del Sarto. Je fais donc la connaissance de ce peintre

villa petraia

.Description de la vie dans les villas médicéenes et au Palais Pitti.

Clin d’œil à Stendhal : le livre se présente comme la traduction d’un manuscrit écrit par le médecin de Cosimo III et de Gian Gaston. Ce parti pris médical autorise une analyse d’un « fléau », épidémie vénérienne,  qui ressemble au développement du Sida. Autre anachronisme, une « analyse viennoise » de l’homosexualité. Une description assez plaisante du tourisme : ces touristes allemands étrangement contemporains, qui auraient pu être drôles dans un contexte plus léger.