Pärnu : station balnéaire estonienne

Pärnu l'église baroque de Catherine II

Au petit déjeuner, du B&B de Upa, les meilleures pommes de terres que j’aie jamais mangées servies avec du lard et de l’oignon, et bien sûr charcuterie et harengs !

Traversons Saaremaa sans nous arrêter et nous retrouvons sur la digue qui relie à Muhu, étonnées de nous retrouver entourées d’eau. Des cygnes croisent avec leurs petits.

Queue pour le ferry de 9h40. Une mouette sautille de voiture en voiture ; elle quémande. Amusée j’ouvre le coffre pour chercher une tranche de pain. A peine ai-je lancé le premier morceau que le chauffeur derrière notre voiture me morigène « davai ! ». La traversée dure à peine 25 minutes;  sous le ciel gris, nous avons moins l’impression d’une croisière.

Il reste 60km à parcourir entre bois et champs de colza.

 Villa Eden ou plutôt à son restaurant Paradise : Il est trop tôt nous fait comprendre une jeune stagiaire-étudiante (c’est écrit sur son badge) qui ne parle pas du tout anglais. Revenez à 15heures !

L’Office de Tourisme,à l’Hôtel de Ville, a édité une brochure proposant 4 itinéraires.

« promenade historiques dans le Centre ».
L’Hôtel de ville , l’origine une maison de marchand,  a logé le Tsar Alexandre 1er en 1806.

Non loin de là, l’église Sainte Catherine (1786) fut construite sur une commande de Catherine II. Elle est tout à fait charmante, de petite dimension, jaune surmontée de 5 bulbes. L’intérieur est  peint en crème avec des moulures blanches. L’iconostase est arrondie, décorée de personnages recouverts d’argent< ; Au dessus, autour de la Cène, trois tableaux triangulaires très élaborés sont surmontés de médaillons ronds. On dit que cette église baroque est la plus belle d’Estonie.

la maison du marchand Mohr

La Maison du Marchand Mohr, rue Rüütli datant de 1681 fur reconstruite en 1820. Sa façade est classique bleue pâle. Elle a accueilli successivement Karl XII, roi de Suède et Catherine II de Russie. Au fronton de la façade reste accroché un fer à cheval que le Roi de suède aurait perdu.

L’ancien Relais de Poste se trouve rue Vee, initialement dans une boucherie russe caractéristique avec ses colonnes rondes. Dans le Relais de Poste il y avait des écuries, un sauna et la forge du maréchal-ferrant.

 

 

maisons de marchands

LaRue Kuninga est bordée de maisons de marchands. Deux maisons de pierre encadrent une maison de bois rappelant que les Russes avaient interdit qu’on construise des maisons de pierre. Suivant l’itinéraire nous découvrons un bel Hôtel 1923 et dans un parc la statue de la poétesse Lydia Kodule (1843-1886)

Pärnu est une ville très verte avec de nombreux parcs.

 

L’après midi, nous suivons l’itinéraire : Promenade dans les villas balnéaires.

Villa Ammende

Plutôt que le Deauville Estonien comme nous le lisons dans les brochures, on penserait plutôt à Arcachon avec les belles villas sous les arbres. De nombreuses villas sont en  bois, d’autres en béton. La plus belle est la Villa Ammende (1905).

Sur le front de mer, les places de parking sont chères et rares.  Après avoir traversé un parc planté de très grands arbres, j’arrive dans une dune sur la plage des femmes qui n’est pas spécialement occupée par des femmes et qui est presque déserte. L’air est à 24°, l’eau à 21°. Quelques uns se baignent. Je vois ressortir un homme tout nu, je crois avoir mal vu. Une femme s’avance dans la mer sans rien non plus. Les autres baigneurs sont » habillés » mais personne ne prête attention aux naturistes. Rien n’indique non plus que la plage est naturiste. A l’extrémité de la plage, la rivière et en face les plus grands tas de bois que j’aie jamais vus. Une machine soulève des troncs et les range dans une sorte de couloir.

De l’autre côté de la plage entre les établissements de bains et l’Hôtel Moderne Tervise Paradise, il y a plus de monde, mais curieusement, pas dans l’eau. Des rectangles délimitent des terrains de jeux. Volley, bien sûr mais aussi foot où évoluent des joueurs en tenue complète. Il y a même des pom-pom-girls. Un autre sport m’a étonnée : des jeunes gens sont habillés en tunique blanche avec ceinture, à l’antique, sont couronnés de laurier (ou de chêne). Ils s’alignent sur deux files pour un relais; ils courent sur une dizaine de mètres et au lieu de se passer un témoin, ils boivent une canette de bière ou de Red bull. Le maître de jeu porte un manteau court pourpre sur les épaules. Qui sont ces Romains ? Ce jeu est en tout cas viril, pas une fille autour d’eux.

Saaremaa : journée de mer à l’ouest de l’île

plage déserte


Il a plu toute la nuit. Au petit matin, l’érable se secoue sous le vent. L’eau crépite sur la toiture du chalet. L’arrivée d’une perturbation plus importante que les averses des derniers jours s’accompagne d’un net refroidissement : dans la voiture on met le chauffage.

Le petit déjeuner est somptueux. Nos hôtes sont peu bavards mais prévenants. J’ai apporté l’e-book pour lire le Monde. Pour les gros titres cela va, mais pour les textes c’est vraiment petit. Je ne maîtrise pas encore l’écran tactile.

Dès qu’on se met en roue, le soleil sort. Nous traversons la partie Ouest de Saarema, de Kuressaare à Kihelkonna sur des routes tranquilles dans des bois de trembles et de bouleaux. Saaremaa est une grande île plate. Si les côtes sont échancrées avec des caps et des baies, on ne s’en aperçoit guère. Les routes relient les villages ou les fermes sans suivre le littoral.

Le Centre d’Interprétation de la Réserve de Vilsandi est dans le manoir à côté de Kihelkonna. La dame est charmante, elle parle un anglais chantant un peu étrange et nous recommande deux promenades. Lees expositions sur les migrations des sternes et sur la flore endémique sont sans doute passionnantes mais il manque la traduction.

Nous mettons le cap sur la pointe de Harilaid où se trouve un phare. La promenade pédestre fait le tour de la petite presqu’île rattaché à la terre ferme par un tombolo formant deux belles plages de sable. 8km, je pars à 11heures comptant être de retour pour le pique-nique. Le sentier est une route de graviers et de galets dans une pinède. J’’entends la mer mais ne la vois jamais. Les jeunes pins  sont plantés serrés. Au bout de ¾ d’heure je trouve un petit lac mais toujours pas de mer ni de phare. Le sentier n’est plus balisé Je renonce.

Entretemps, D a trouvé une plage magnifique. Quand j’arrive , elle est encore sous le choc de sa  mésaventure. Ayant mis dans les poches, l’appareil-photo, le téléphone, les clés de la voiture, elle est allée dans la cabane -WC tout à fait primitive : une planche et un trou. Les clés tombent sur le plancher. Les ayant   récupérées, c’est le téléphone qui est perdu. Aller le chercher dans la merde ?

La dune est plantée d’oyats très vigoureux et très hauts. Point n’est besoin de les protéger des pas des promeneurs ! Ces derniers sont absents. Seuls deux surfeurs remballent leur planche à notre arrivée. Et c’est pleine saison, le 15 juillet !

Je marche à la limite de l’eau sur la longue plage de sable. L’eau n’est pas froide. Il y a très peu de différence entre la température de l’air et celle de l’eau. Mais l’air est très frais et cela n’incite pas à la baignade.

galets et choux marins

Nous roulons sur des pistes au jugé. Comment trouver la mer ?

Neem, face au phare de Harilaid, que j’ai raté ce matin, 5 km de piste le long d’un petit cap :des paysages surprenants ces fameux jardins de pierre où ne pousse que le genièvre et les taches roses du serpolet ras mais très fleuri. Descendant de voiture, j’effraie des oiseaux noirs et blancs qui s’enfuient en criant. Sur les galets, poussent des choux marins.

Nous poursuivons notre exploration jusqu’à Vere, découvrons une digue de ciment avec deux gros bateaux de pêche et le gros bateau gis des gardes-côtes. Nous passons devant des bâtiments blancs estampillés CCCP et une magnifique maison de bois marron aux fenêtres condamnées par du contre-plaqué.

château épiscopal de Saaremaa

17heures à Kuressaare, un peu trop fatiguées pour entreprendre une visite systématique de la ville.

Ville très hétérogène, à l’entrée des centres commerciaux flambant neufs, temples de la consommation. Plus loin, des quartiers HLM gris délabrés ou en brique rose plus avenants.Vers l’intérieur de la ville, ce sont de jolies maisons dans des jardins, souvent en bois ; Un quartier plus chic et pittoresque au centre ville. Nous arrivons au château de l’Evêque : château-fort avec ses tours rondes et carrées et ses douves. Devant le château, un bel établissement de cure en bois peint.

Saaremaa : Orissare, Maasilinn, moulins, cratère de météorite

les oiseaux de Maasilinn


De Muhu, on passe la digue pour trouver Orissare dont la taille des bâtiments officiels dans un si petit village surprend. Le port, en revanche, est minuscule. Un bar avec des tables de bois, trois ou quatre bateaux de plaisances. Trois garçons d’une quinzaine d’années trainent sjur des vélos ; Un caillou atterrit non loin de nous. C’est malin !

le château de Maasilinn

Plus à l’Ouest, à Maasi, se trouvent les ruines de Maasilinn (Sonneburg) cité dans la chronique de Wartburg où l’on raconte que « Maître Burchard construisit un bon et fort château sur Saaremaa qui fut agrandi plus tard par frère Goswin ». Après la Nuit de la Saint George, le peuple de Saaremaa, en rébellion, fut défait par B. von Dreileben en février 1345. En décembre de la même année Goswin von Herike devint Maître de l’Ordre de Livonie.

Maasilinn fut reconstruit en 1518 avec des tours de bastion et des salles de canons.

La forteresse  fut ensuite prise par les Danois et les Suédois et le roi danois Frederik II ordonna de la détruire en 1576.

En arrivant, je vois qu’une sorte de hangar, puis  découvre les murailles de belle pierre blanche. Je grimpe sur le tertre sans trop comprendre et descends une échelle de bois dans le noir. Brusquement des spots s’allument : sous les ruines, de belles salles voûtées s’éclairent  avec des plafonds en ogive. Je suis impressionnée. Je ne m’attendais pas à cette surprise.

Non loin de là, les mouettes font un vacarme assourdissant. Il y a également un cygne, quelques foulques, une cane et une douzaine de canetons. C’est une cane très fine mais chez les anatidés toutes les femelles se ressemblent.

Sur la carte, la route longe la côte nord, mais la mer n’est visible  que par intermittence, cachée par les arbres et la végétation. Nous faisons un petit détour par le port de Trigi  qui relie une île située plus au nord. Ce n’st pas l’heure du bac. Le port est désert.

moulins de Saaremaa

Nous  entrons dans les terres à Leisi et découvrons les 5 moulins d’Angla, moulins de bois, ronds ou carrés avec leurs ailes de bois sans la voilure.

L’église de Karja possède aussi des fresques païennes destinées à faire fuir les démons – un peu décevantes. Sont-ce ces personnages dont la tête est en relief ou celui dont la tête parit entouré de ses membres inférieurs tordus ?

Le ciel s’est assombri. Les nuages gris forment une couche homogène.

 

 

Cratère de Météorite de Kaali

Cratère de météorite

Il est très bien indiqué sur la route, avec un hôtel, un restaurant, un grand parking et les inévitables marchands de souvenirs. Le sentier monte sur le rebord du cratère boisé. Dans le creux, résultant de l’impact, un petit lac tout vert, tout rond.

Le petit lac entouré par un mur circulaire n’est pas le seul cratère, autour on en dénombre 9.

Diamètre du cratère : 105-110m

Profondeur 22m

Age : 4000 ans d’après les analyses des pollens

Masse de la météorite : 400 à 10 000t

Masse à l’impact 20 à 80 t

Vitesse 15 à 45 km/s

La journée a été longue et nous avons hâte d’arriver à Upa (3km de Kuressaare, la Capitale de l’île de Saaremaa.)

notre gite

Le B&B Jurna Turismitalu est une vaste propriété. Le logement principal est une belle chaumière. Nous sommes logées un peu plus loin dans un chalet. Je traverse un verger de cerisiers (avec échelle et cerises) passe devant de magnifiques buissons de framboisiers et des groseilliers portant de jolies grappes. Je complimente mon hôte :

–          « vous avez de beaux fruits, les oiseaux ont mangé tous les miens » espérant qu’il m’invitera à y goûter. Nenni ! il ne relève pas le sous-entendu.

Les Russes, nos voisins, font moins de manières et font autant de ravages dans les groseilles qu’un vol de merles.

Le studio est  vaste, dans un chalet tout neuf  ressemblant à un jeu de construction. Bicolore, murs lazurés vert, plafond et plancher bois naturel, deux fenêtres. Tout est en bois, les tringles à rideaux, les porte-manteaux, table de nuit. Comble du confort : un vrai réfrigérateur et une bouilloire.

Vers les îles estoniennes: Muhu

Koguva, village préservé Muhu

140km entre Tallinn et Virtsu d’où part le ferry pour les îles.

La route traverse une campagne cultivée et boisée. Il fait frais, 16°C, les fenêtres fermées nous privent du parfum du foin fraichement coupé.

Bac

On peut retenir le passage de la voiture sur le bac par Internet. Il suffit de passer le code-barres sur un écran, on peut également payer à la caisse (9.87€ pour la voiture et deux personnes). La traversée est rapide, moins d’une heure, attente et embarquement compris. Des dizaines de voiliers, disputant une régate,  égayent la croisière.

Muhu 

 

A Liiva, visite de l’église Sainte Catherine (1267) précédée de 4 croix qui émergent de guingois, les tombes sont recouvertes d’une épaisse couche de terre. L’église est blanche, dépouillée, sans clocher. A l’origine, église catholique, peinte à fresques qu’on a retrouvées en enlevant l’enduit. On distingue des personnages sous des arcatures gothiques qui alternent avec d’étranges tours très minces comme des minarets portant des sortes de flammes.

Koguva

Le petit village de Koguva est l’ancien port de Muhu, face à Orissare sur l’île de Saaremaa. Quelques familles y vivent encore mais les chaumières ont été restaurées et se visitent comme le Musée de Plein Air.

Les fermes sont encloses par des murettes de pierres moussues sur lesquelles reposent des barques retournées. L’une des maisons est celle de Juhan Smuul, écrivain et poète qui a également écrit des récits de voyage. Une grande sculpture du poète a été érigée, assis face à la mer; portant un corbeau sur son épaule.

Comme dans les autres villages-musées, on visite la maison meublée, le sauna, les étables, les greniers….Sur le chemin du port, l’ancienne école est ouverte. Une vingtaine d’enfants pouvaient prendre place sur les bancs et pupitres de bois. L’instituteur y était logé. Sur le bureau du maître se trouvent  un boulier, une mappemonde et des bordereaux divers. Au mur, la carte est en Russe. Muhu est colorée de la même couleur que l’Estonie tandis que Saaremaa est rattachée à la Lettonie. Cette école dépendait de l’Eglise Luthérienne. Quand la République Estonienne rendit l’enseignement laïc, l’école dut fermer faute de financement.

Sur le petit port : une jetée en ciment  et une maison de bois rouge sombre. Un peu plus loin sous une grande tente on reconstruit à l’identique le bateau Uisk qui servait de bac entre Koguva sur Muhu et Orissare sur Saaremaa. Le vieux port est un peu plus loin au sud. Il en reste tout juste une chaussée en grosses pierres rondes. C’est de là que faisait la navette Uisk. Le passage coûtait 25 kopecks pour une voiture à cheval, 15 kopecks par bête à cornes et 5 par personne. Le dernier naufrage en 1875, par un orage automnal fit 11 victimes. En 1876, la digue reliant Muhu à Saaremaa fut mise en service. On organise des compétions de natation entre Orissare et Koguva, (2.4km). Le panneau met en garde les imprudents qui voudraient faire la traversée sans une préparation et un entrainement sérieux.

Nous déjeunons face à la mer d’un hareng fumé et de salades « vinaigrette » rouge avec de la betterave, choux, tomme de terre et d’une salade de riz étrange sucrée-salée avec des cubes de poisson mais aussi des pommes-fruits parfumée à l’aneth. On pourrait se baigner ; Il y a même une cabine pour se changer.

Tallinn : Kumu

 

Kumu


L’averse m’a tirée du lit ; la pluie en voyage me rend idiote. Au lieu de chercher un musée , je traîne, si bien que la cave bavaroise du petit déjeuner est bondée. Le porte monnaie de l’argent est introuvable. Nous regardons la pluie tomber.

Kumu

L’appellation comique en français ne nous étonne même pas ; les Estoniens utilisent la voyelle U très fréquemment ! Ku pour Kunst Mu pour Museum.

Le Kumu est un musée très récent ressemblant un peu à l’institut du Monde Arabe. Architecture intéressante mais pas que…

Nous éliminons d’emblée le 5ème étage avec les créations électroniques et trouvons au 4ème une exposition temporaire : Alone in the City avec deux peintres des années 70-80 Ludmilla Siim et Jüri Palm, sous-titrée dialogue avec l’espace urbain.

La perception de Jüri Palm est généralement sombre, violente. Les titres Sanatorium, Gang sont explicites. Les thèmes : la maladie, la violence, la mort. Les couleurs dominantes : le bleu électrique, le noir et parfois le rouge. L’environnement est essentiellement urbain. Les chiens sont déchaînés, les loups derrière les barreaux.

L’approche de Ludmilla Siim est différente, beaucoup plus colorée mais toujours violente, onirique, étrange comme di Chirico. Il y a de nombreuses correspondances avec le peintre italien : présence de ruines antiques, de statues incongrues, trains et gares. Un des tableaux nommé « On the margin of the city » est une curieuse nature morte avec un quartier de jambon, des fruits au premier plan, et à l’arrière-plan un immeuble-barre, une cheminée d’usine et les flèches d’une église d’autrefois. Étrange diptyque dans une gare où un effet cinétique se produit lorsque l’observateur se déplace devant le tableau.

Les collections permanentes peinture estonienne 1945-1990 ont pour titre Difficult choices. En 1944, les artistes sont sommés d’accepter les canons du Réalisme soviétique exaltant le monde industriel. Une certaine monumentalité se traduit par des personnages à l’échelle humaine. Un tableau du port de Tallinn me rappelle les docks italiens exposés à Ravenne dans l’exposition « L’Italia se desta ». Henn Rood, déporté en 1949 réhabilité en 1956 a peint des tableaux qui me plaisent bien. Ces tableaux colorés, un peu cubistes ressemblent à un kaléidoscope : une foule à la mer, une manifestation… . Tous les mouvements picturaux sont abordés avec plus ou moins de bonheur : surréalisme, Pop’art, Hyperréalisme..

Au 3ème étage sont présentées les collections estoniennes du 18ème siècle à 1945, extrêmement variées Du 18ème siècle, on voit surtout les portraits des barons et baronnes compassés, ancien régime, qui auraient pu être les Nobles de n’importe quelle région d’Europe. En revanche les bourgeois souvent vêtus de noir, guindés, austères, me font penser au film Le Ruban blanc. Mon tableau préféré est Cour rococo au château de Poltsama de Gottlieb Welte et Barisien.

19ème siècle : les paysannes estoniennes de Carl von Thimoleon sont bucoliques mais presque « folkloriques » avant l’heure ;


Début du 20ème siècle : sur de nombreux tableaux colorés on voit des affinités avec les Impressionnistes, les Fauves, influence de Munch aussi. Konrad Mägi a retenu mon attention. Il a peint par petites touches colorées Un paysage norvégien 1910, Méditation 1915, Paysage avec pierre1913.

Une exposition confronte deux artistes belges Ensor que j’aime beaucoup et Jules de Bruycker que je ne connaissais pas. Si nous n’étions pas déjà gavées de peinture j’aurais beaucoup apprécié, mais je ne suis plus d’humeur et les gravures présentées sont très petites.

Arrivée à Tallinn

leds remparts de Tallinn

L’autoroute de Tallinn n’est pas une vraie autoroute, plutôt 2x2voies,  chaussées séparées  sans grillage ni échangeurs.  Les faubourgs de Tallinn n’ont rien de séduisant. Une rocade traverse des quartiers interminables de tours toutes semblables de style soviétique. Vers le centre apparaît un urbanisme contemporain verre et béton et une curiosité locale : des briques très sombres pourpres avec un décor de triangles et carrés en relief comme au point de croix.

Hôtel St Barbara

Notre hôtel Santa Barbara est en belle pierre de taille. L’édifice est carré et massif, haut de 4 étage. L’entrée est plutôt sombre. Ici non plus, on ne fait pas d’effort de décoration superflue, sobriété et efficacité. Accueil agréable et efficace. A l’arrière de l’hôtel, un parking, un ascenseur. Et surtout la vieille ville est à deux pas.

Notre chambre est très vaste. Épaisse moquette verte et surtout, luxe, des rideaux opaques.  Dans les hôtels précédents, un store blanc laissait passer la lumière du soleil dès 4h du matin. Mobilier classique des hôtels internationaux bois foncé, appliques et lampe de bureau façon étain brossé. Bon goût.

première promenade dans le Centre

10 minutes à pied (650m dit le GPS) pour rejoindre la Place de l’Hôtel de Ville. Un souterrain permet de traverser un large boulevard parcouru par des tramways et débouche sur une esplanade moderne – résultat des bombardements du 9 mars 1944. Des jeunes y font du skate. Un très grand panneau lumineux donne, entres autres, la météo et la température. De l’autre côté le monument aux combattants de la Liberté est composé d’une grande croix de verre. La première impression qui vient au visiteur est une ville moderne qui se veut branchée, un peu comme Tartu. Un pianiste au milieu de la vaste esplanade joue Angelina et de la musique d’aéroport sur un piano à queue largement électrifié. La rue qui rejoint la place de l’Hôtel de Ville n’est pas séduisante non plus, bordée de restaurants installés derrière des baies vitrées.

La Place de l’Hôtel de Ville tranche sur la médiocrité architecturale. Les maisons de marchands colorées avec leurs pignons pointus, l’hôtel de ville et son beffroi forment un bel ensemble. Impossible de s’asseoir sans jouer les mendiants assis sur les marches. Impossible d’acheter une bouteille d’eau non plus. Les rues environnantes sont un véritable restaurant à ciel ouvert. La rue Dunkri est encombrée de tables et de bancs fleuris de capucines et sonorisés, les serveurs habillés  « à la bavaroise » lederhose et  hautes chaussettes en prime. Cette ambiance de kermesse germanique m’incommode un peu. Le charme des rues médiévales est remplacé par une sorte de Disney-ville à l’allemande Dès que je m’éloigne de la Place la frénésie restauratoire se calme et les rues sont moins encombrées.

Rue Pikk presque tous les bâtiments sont intéressants. La Grande Guilde,  la Maison des Têtes Noires,  ne ressemblent pas du tout à celles de Riga. Au bout de la rue Pikk, je trouve les remparts et je décide de faire un  tour des remparts.

Au pied des remparts se tient une exposition de jardins. Les plantes ne sont pas particulièrement recherchées mais les compositions sont très sophistiquées.  Utilisant des objets prosaïques ou décoratifs, ou les graviers ratissés des jardins japonais, les pierres isolées ce sont des jardins très intellectuels où une page entière analyse les intentions du paysagiste.  

Presqu’île de Rüske, Vinistu et manoir de Kolga

l'art moderne fait revivre le port abandonné

Locksa et tour de la presqu’île de Rüske, Vinistu

La route faisant le tour de la presqu’île de Rüske n’offre que de rares échappées sur la Baltique côté ouest. De nombreuses installations de l’armée soviétique hérissent le rivage, bunkers, bâtiments, digues. Nous piqueniquons assise sur de gros rochers de granite sans nous attarder, des bouffées pestilentielles nous chassent.

L’autre côte de la presqu’île, Vinistu, est plus construit, avec de jolies maisons de bois. Sur le port il règne une atmosphère étrange de bout du monde : un port sans bateaux, une jetée en ruine, des plaques de ciment dispersées, des usines désertées. L’art moderne et contemporain fait revivre de vieux entrepôts et un restaurant chic a sorti tables et chaises en tek. Jan Manetski ; un industriel expose ses collections. L’accrochage est un peu étrange et mériterait plus d’ordre et de logique. Certaines peintures sont intéressantes d’autres, moins.

Prenant une photo des rochers ronds éparpillés près de la plage et des herbes drues sur les bords de l’eau, je sens le vent qui se lève et les vagues gonfler la surface si lisse de la Baltique. Traversant la forêt de pins, de grosses gouttes de pluie s’écrasent sur le pare-brise. Un éclair déchire le ciel noir.

Kolga

manoir de Kolga

Quand nous arrivons au manoir de Kolga il pleut à verse. Le bâtiment lépreux a un air sinistre. Le fronton triangulaire est retenu par de lourdes colonnes Une épicerie de village se tient dans une aile. Des flèches indiquent l’hôtel et le musée. La pluie n’engage pas à la visite. Un écriteau raconte que ce manoir appartient depuis le 17ème siècle à la même famille suédoise. Les barons suédois vivaient ils dans le même décor que leurs homologues allemands ?

Palmse visite du manoir

Petit déjeuner très allemand « Guten Morgen ! ». Il  paraît évident à tous dans la salle à manger que nous sommes en Allemagne. Comme le reste de l’hôtel, la salle à manger est fonctionnelle mais sans recherche, un peu « cantine ». En revanche, il y a trois sortes de poissons : sprats à la tomate, thon en miettes et rollmops. Je me régale de rollmops.

En attendant l’heure de visite du château nous faisons un tour dans le magnifique parc.

Comme Saggadi et Vihalu, Palmse a une longue histoire. Le premier document écrit attestant de son existence est de 1287 sous la tutelle ecclésiastique. De 1677 à 1923 il est resté aux moins de la même famille von Pahlen.

Le mobilier n’est, bien sûr, pas celui qui avait appartenu aux von Pahlen mais il a été acheté en Estonie et typique des manoirs baltiques. Poêles magnifiques et cheminées sont authentiques. Comme à Saggadi, les appartements du Baron et de la Baronne sont séparés.la boîte à musique du salon de Madame fabriquée à la fin du 19ème siècle à saint Petersbourg a la taille d’une armoire et les cylindres mesurent bien 40cm. On la remonte avec une manivelle et une musique tonitruante retentit en grinçant. Dans le salon gris, les meubles Biedermeyer en bois rare sont très beaux. La plupart des tableaux sont de mauvaises reproductions des portraits des habitants de ces lieux, on sent ainsi leur présence. Les personnages les plus fameux sont Carl Magnus von Pahlen (1779-1863) qui fut général du Tsar et son fils Alexander (1819-1895) qui créa le chemin de fer Tallinn-Saint Petersbourg en 1870. Etrange mélange entre cette noblesse allemande de longue date au service du Tsar. Nous l’avions également deviné en Roumanie dans les villages saxons. Difficile d’appréhender cette histoire quand on vient d’un état centralisé depuis Louis XI. Tout paraît allemand mais c’est vers Saint Petersbourg que se tournent les relations économiques.

 

cuisine du manoir


Nous poursuivons la visite à la cave où les cuisines originales sont préservées : une grande cheminée au centre du bâtiment et vers la fenêtre une autre ressemble à un grill. Le fumoir tout à fait confortable avec des tapis et des canapés est attenant à une vaste « salle des chasseurs » communiquant avec la cave à vin.

Fin de la visite dans les serres qui permettaient d’avoir de la laitue, des pois, des légumes frais. Le raisin y est déjà mûr. Aujourd’hui elles contiennent une collection de plantes exotiques.

Illumae

La chapelle est en travaux, elle est bien grande pour mériter le nom de chapelle. Un écomusée est installé à l’arrière d’une ferme avec un bric à brac de charrues, mobylette, de bidons de la Wehrmacht.

Palmse – le manoir et la plage de Vosu

 

plage de Vosu

Plutôt que d’ aller directement à Palmse, nous allons faire un tour à la mer à Vosu – station balnéaire crée par le baron de von Pahlen – le maître de Palmse – en 1880 pour la bonne société de saint Petersbourg. Les maisons de bois sont cachées dans la forêt de pins. La circulation automobile a été canalisée dans une seule rue et dans de vastes parkings. La plage est encore sauvage. On a seulement construit un chemin de planches, une cabine pour se changer- rudimentaire- et aménagé des WC dans de charmantes cabanes de bois. Pas de parasols sur les bords de la Baltique. On n’y craint pas le soleil. Peu de sièges de plage. A l’abri du vent, les jeunes jouent au volley. On fait trempette avec l’eau qui arrive aux mollets. La côte est tellement plate qu’il faudrait aller loin pour nager. Un panneau donne la température de l’eau et de l’air : 19°-21°C le matin 24°-21° en ce moment. Le sable est blanc et fin. Une végétation aquatique pousse jusque dans la mer (j’avais oublié qu’elle est peu salée). On a tondu, labouré au bord de l’eau si bien qu’une bande d’une dizaine de mètre ressemble plus à un champ qu’à une plage. C’est propre mais pas très agréable sous les pieds nus. Certains endroits sont boueux. Le meilleur emplacement se trouve sur les petites îles entourées de bâches peu profondes. On y a étalé des couvertures et les enfants font des châteaux de sable.

Notre hôtel dans la distillerie du manoir de Palmse

La distillerie du manoir a été transformée en hôtel. C’est une grande bâtisse blanche de trois étages aux toits en pente avec des fenêtres en chiens assis et surplombé par une haute cheminée d’usine. Un escalier de pin clair mène au premier étage à un salon meublé de larges canapés et d’une bibliothèque, face à la salle à manger.

Norte chambre est au second. Les fenêtres s’ouvrent sur un petit étang vert de lentilles d’eau. Elle est légèrement mansardée. Des murs blancs, de la frisette au parquet et plafond, des meubles en pin, belle armoire table de chevet. Tout est simple, de bon goût sans chichis. La pièce de belles dimensions, la petite entrée qui isole du couloir et la belle salle de bain signent le trois étoiles mais dans la sobriété.

la distillerie

Le parc du château

Le château jaune est construit devant un étang. Commencé en 1695, terminé en 1720, bâtiment carré précédé d’un escalier embrassant un perron arrondi souligné de balustres blancs. Deux terrasses symétriques sont fleuries de petits buissons roses qui dessinent des arabesques tandis que des delphiniums dressent leurs hampes fleuries. Une rangée de petits tilleuls taillés en boule délimitent les côté et précèdent un beau mur de pierres blanches où sont incorporés de gros galets. A l’arrière du mur : les dépendances, longues remises pour les carrosses et écuries, magasins divers. Dans une grande serre, une palmeraie. Nous nous installons un moment sur le bord de l’étang. Je dessine la gloriette et la distillerie.

Nous n’osons pas piqueniquer dans une telle splendeur et reprenons la route par de hautes pinèdes où le soleil éclaire le sol entre les fûts ou des bois de bouleaux et sapins plus touffus.

Pique nique sur la presqu’île de Rüske

blocs erratiques presqu'île de Rüske

La presqu’île de Rüske est très pittoresque. Le littoral est découpé en face de la côte plate de Vosu. Coin piquenique idéal : deux grands tables et des bancs à l’intérieur d’une barque. Des rochers ronds émergent : blocs erratiques laissés par les glaciations.

Lumière spéciale du nord rappelant les couleurs de l’Ecosse ou du Canada. Un mirador militaire surplombe la mer. Les petites maisons de bois sont toutes différentes. Certaines sont peintes et très fleuries. Une petite cabane est toute doublée du bois de chauffe soigneusement empilé jusqu’au toit ménageant seulement une ouverture pour la fenêtre.

23 heures nous descendons le store : il fait encore jour !

Deux manoirs estoniens : Vihula et Sagadi

manoir de Vihula

Manoir de Vihula

Le manoir de Vihula a été transformé en château-hôtel.

Une noce est venue pour un banquet : cortège de voitures, un car de touristes, des voiturettes électriques de golf sont arrêtées devant le perron du manoir qui a été repeint en jaune d’or tout neuf. Ce manoir, censé être le plus romantique (Guide Vert) est bien trop animé pour être charmant. Toutes les annexes, la buanderie, le grenier sont converties en chambres. Les écuries et les remises à carrosses en spa, jacuzzi et salle de fitness ultramodernes.
Le moulin à eau se visite sur trois niveaux : au rez de chaussée ; la turbine « francis » actionnée par le ruisseau, au dessus les meules et les entonnoirs de bois carrés à l’étage un plancher pour mettre le grain et le verser par une trappe au dessus des entonnoirs. Il y a également une boutique de souvenir, objets de luxe, bijoux de verre, robes en tissage local très simples mais très chic (90€)ainsi qu’un livre de cuisine illustré de photos magnifiques que l’on achèterait volontiers même si les recettes sont en estonien.

L’histoire du manoir est  contée :

on connait les  propriétaires depuis 1402,  tous germano-baltes jusqu’en 1912.

Vihula était un petit manoir : au 13ème siècle, il employait seulement 5 laboureurs, en 1586, 8 et 12 en 1771. Ses revenus provenaient de l’élevage sa  production était vendue à Saint Petersbourg. On cultivait la pomme de terre.Il y avait également une distillerie: l’année 1817-1818, 227 tonneaux de vodka furent expédiés en Russie. Des tisserands travaillaient.15 bateaux de pêche et un four à ciment complètent l’activité économique du manoir.

 

Sagadi

manoir de sagadi

Le manoir de Sagadi est beaucoup plus grand que celui de Vihula. On passe sous un porche dans un jardin à la française. Il y a également un hôtel  dans les communs.

Le manoir  est un musée ;  on y donne également des concerts.

De chaque côté  du vestibule installé pour un concert se trouvent les appartements de la maîtresse de maison avec son boudoir, la grande salle destinée aux enfants, une salle de réception. Dans l’aile symétrique, les appartements du Maître de maison. Symétrie parfaite. A la salle des enfants correspond le bureau-bibliothèque où était administré le domaine avec une carte d’exploitation forestière. Il y avait également une salle de billard à l’étage et même une salle de réunion. Au grenier on a entreposé de nombreux meubles et même un piano à queue.

On nous confie un « livre » relié en cuir avec un plan et des explications sur la vie du château que nous pouvons visiter à notre guise et laisser courir notre imagination.

Nous apprenons  que les invités étaient nombreux, ils égayaient la vie retirée. Jusqu’au 19ème siècle, point de salle à manger. Le repas de chacun était livré sur un plateau recouvert d’une cloche métallique. On raconte aussi que l’étang derrière le château fut un cadeau d’anniversaire d’un châtelain à son épouse. Le maître des lieux convoqua tous ses paysans et leur demandant d’envelopper les sabots des chevaux de manière à ne pas réveiller son épouse. Et en une nuit, l’étang fut creusé !

Dernière anecdote : « le bonnet de nuit ». Mari et femme vivaient côte à côte, chacun dans ses appartements. Si le mari voulait partager le lit de sa femme, il jetait son bonnet de nuit sur le lit. Celle-ci était libre de le garder en signe d’acceptation ou de le lancer pour signifier son refus ;

Aux murs quelques tableaux représentent des paysans estoniens ou les portraits des propriétaires.

Après avoir fait le tour de l’étang à l’ombre d’arbres magnifiques, nous découvrons les bâtiments annexes. Une serre contient une vigne, une passiflore et des plantes tropicales. Plus loin on aperçoit un grand verger très soigné.

Les communs sont des bâtiments bas qui bordent le jardin. Installé dans l’un d’eux, le Musée de la Forêt est remarquable. On a choisi de présenter chaque essence, sorbier, saule, chêne sapin… avec un tronc portant l’écorce, un autre coupé de biais dont on a poli le bois pour montrer le grain, la texture, la couleur. A l’arrière plan, une grande photo de l’arbre en été et une plus petite l’hiver. A chaque arbre est associée la faune petite et grande, parasites, insectes oiseaux. Des explications fournies rendent compte de l’usage du bois : construction, chauffage ou ébénisterie. Il faudrait une bonne demi-journée pour tout lire, tout étudié.Je regrette de ne faire que passer sans prendre de notes. Cette approche écologique est pédagogique. On a même prévu des questionnaires et des crayons pour les enfants et les visiteurs studieux.