Le sentier et Aghios NikolaosLe sentier et Aghios Nikolaos
Quelques nuages glissent sur les sommets. La cloche aigrelette d’Aghia Marina nous rappelle que c’est dimanche, puis celle de l’église du village qui appelle aux liturgies. Les Grecs qui ont veillé si tard se lèveront-ils pour la messe ?
Deux sentiers de randonnée9A(45mn) et 9 (35mn) combinés ensemble font une belle promenade de 6km. Topo-guide SifnostrailICI
A côté du gite, à Aghia Marina une petite route goudronnée monte vers Aghios Simeon et Troullaki puis rejoint la route principale et gagne Heronissos. La petite route est sinueuse, elle parcourt un paysage désolé d’où on peut observer sur l’autre versant de la vallée les vestiges des mines de fer au-dessus de Kamares. Kamarès était le port du fer avant d’être le débarcadère des touristes. Pierriers rouges dégoulinant de la mine sont bien reconnaissables à leur couleur rouille caractéristique de l’oxyde de fer.
Dans une épingle à cheveux, une belle ferme avec de nombreuse chèvres enfermées dans un enclos. La route s’élève dans la montagne couverte de genévriers arbustifs bien verts. Encore une fois je me demande pourquoi ceux de Naxos et de Milos avaient des aiguilles bleutées. Au détour de la route, de gros oiseaux planent au-dessus d’une décharge – les ordures sont toujours un problème sur une île, surtout touristique. Au débarcadère, enjoint les touristes d’éviter les sacs en plastique.
Des hommes chargent un âne de planches, ceci explique que les sentiers soient en aussi bon état : ils servent encore ! De nombreuses maisons, bergeries, chapelles ne sont pas desservies par des voies carrossables. Les ânes et mulets sont encore bien utiles !
Troullaki est un très petit village : quelques maisons, des champs et des jardins soignés mais rien d’autre. Nous espérions y faire des courses. le sentier n°9 se trouve à 3.5 km de Troullaki.
le chemin et les buissons épineux
Au début de ma promenade, je croise un berger qui me souhaite bonne route « kalo dhromo ! » . Le sentier court entre des murettes, schiste, gneiss et une roche caverneuse, dolomite peut-être. Je suis passée sans la voir devant la tour de Kabanario , La Tour Ambourdektis est bien signalée sans ce panneau, je n’aurais pas fait la différence entre les vestiges et les restanques et les murettes bordant le sentier ; cela m’amuse de penser à tout ce réseau de tours à signaux que les anciens avaient élevées pour protéger leurs richesses. Le sentier suit l’arête d’une colline rocailleuse. Je devine les bulbes d’asphodèles, tout est sec. Le vent souffle à 31km/h « Jolie Brise ». Je n’avais pas vu d’Aghios Nikolaosse trouvait au niveau de la mer. Je descends le sentier en pensant à la remontée. Elle est plus facile que je ne le craignais. A la Tour Ambourdektis, je trouve le second sentier qui descend sur Heronisos sur l’autre versant de la colline, plus loin de l’eau et moins beau que le précédent.
La descente vers Heronissos
Heronissos est un petit port niché au creux d’une baie protégée. Seuls les caïques des pêcheurs sont à l’ancre, une douzaine de petites barques, un bateau de pêche un peu plus gros, sur des toiles plastiques les filets jaunes sont soigneusement rangés. Une minuscule plage avec quelques tamaris, une cabine pour se changer, deux tavernes et une boutique qui vend des biscuits de l’épicerie de base et des cartes postales. En nageant, je compte les maisons, pas plus d’une trentaine, maisons de pêcheurs et maisons de vacances, rien ne les distingue. Pas de terrasse chichiteuse, du linge qui sèche, des serviettes et des maillots.
La plus jolie terrasse est un restaurant de poisson. Les poissons au poids sont bien cher, nous piochons dans les mezzés végétariens : aubergines frites, croquettes de pois chiche (falafels), beignets de courgette (courgettes râpées dans une pâte spongieuse et saganaki (une tranche de fromage cuite). Le saganaki est un fromage dense, presque dur. Nous aurions été mieux inspirées de prendre de la salade plutôt que des beignets. Tout cela est sec et manque de crudités.
la baie de Heronissos
Sur un promontoire qui s’enfonce dans la mer, un monastère Aghios Giorgios, cube blanc dans un enclos. La vue sur la baie est fantastique.
Aghios AndreasJ’avais prévu une randonnée sur le sentier 1A (topo ICI)de Firogia au site mycénien D’Aghios Andreas puis de retrouver Dominique sur la route vers la Panaghia Vrisi.
Le plus compliqué en randonnée est de trouver le point de départ deu sentier. Sur la carte c’est l’ intersection juste après Katavati. En réalité, 50 m à l’écart, sur une autre route. Nous continuons vers le sud, dépassant un petit parking en face des marches qui montent vers Aghios Andreas (montée courte mais raide) et découvrons une belle route asphaltée qui va au site Mycénien. Dominique m’attend sur un vaste parking qui est une aubaine parce que je ne pensais pas rester si longtemps sur le site. Des cordelettes balisent les cheminements pour éviter le piétinement de vestiges.
Ces sites, très anciens, sont très difficiles à interpréter pour le non-spécialiste. Avant de m’aventurer sur l’acropole je préfère commencer par le petit musée. Une vitrine contient de petits objets : vases cassés, petites têtes de statuettes en terracotta. Quelques pièces de monnaie, un scarabée égyptien, témoignent des échanges commerciaux lointains. Une grosse jarre est aussi exposée. Les objets ne sont pas extraordinaires. Les murs, en revanche sont couverts de panneaux et de tableaux racontant l’histoire de Sifnos. Histoire passionnante racontée par des témoignages écrits antiques : ou Pausanias !
Voyager avec Hérodote ! (c’est un livre de Lacarrière que je viens de commander !)
Ceux d’entre les Samiens qui avaient entrepris cette guerre contre Polycrate, se voyant sur le point d’être abandonnés des Lacédémoniens, s’embarquèrent aussi, et tirent voile pour Siphnos, parce que l’argent leur manquait. Les Siphniens étaient alors dans un état très florissant, et les plus riches des insulaires. Leur île abondait tellement en mines d’or et d’argent, que, de la dîme du revenu qui en provenait, ils offrirent à Delphes un trésor qu’on peut comparer aux plus riches qui soient en ce temple. Ils partageaient tous les ans entre eux le produit de ces mines. Tandis qu’ils travaillaient à ce trésor, ils consultèrent l’oracle, et lui demandèrent s’ils pourraient conserver longtemps les biens présents. La Pythie leur répondit : « Quand le Prytanée de Siphnos sera blanc, et que la place publique aura le même aspect, vous aurez alors grand besoin d’un homme prudent et sage pour vous garantir d’une embûche de bois et d’un héraut rouge. »
LVIII. La place publique et le Prytanée de Siphnos étaient alors de marbre de Paros. Les Siphniens ne purent cependant comprendre le sens de cet oracle, ni dans le temps qu’il leur fut rendu, ni même après l’arrivée des Samiens. Ceux-ci n’eurent pas plutôt abordé en Siphnos, qu’ils envoyèrent à la ville un de leurs vaisseaux avec des ambassadeurs. Autrefois tous les navires étaient peints en vermillon ; et c’était là ce que la Pythie avait prédit aux Siphniens, en les avertissant de se tenir sur leurs gardes contre une embûche de bois et contre un ambassadeur rouge. Les ambassadeurs, étant donc arrivés, prièrent les Siphniens de leur prêter dix talents (09). Sur leur refus, les Samiens pillèrent leurs campagnes. Les Siphniens, à cette nouvelle, coururent sur-le-champ aux armes, livrèrent bataille, et furent battus. Il y en eut un grand nombre de coupés dans leur retraite, et qui ne purent rentrer dans la ville. Après cette défaite, les Samiens exigèrent d’eux cent talents (10).
Hérodote Livre VII Thalie : quand les Siphniens refusèrent l’asile aux Samiens exilés par Polykrates (532-522), les samiens pillèrent l’île. Cet évènement fut considéré comme une punition divine d’apollon pour leur hybris et l’étalage de leurs richesses
Sifnos dans l’Antiquité
le Trésor de Sifnos à Delphes
Son premier nom Sounios serait celui du petit fils d’Apollon et de la nymphe Rhoio – j’ai cherché sur Internet et n’ai trouvé aucune confirmation de ce Sounios la fils de Rhoio serait Anios ????
On dit que le nom de Siphnos serait en relation avec les galeries de mines (siphnos = vide)
Siphnos aurait exploité depuis l’Antiquité des mines d’or, d’argent, de cuivre, et de plomb
On a des preuves d’activité humaine sur l’île dès le Néolithique (4ème millénaire avant JC)
Kastro contrôlait les routes maritimes sur la Mer Egée
La citadelle d’Aghios Andreas fut construite autour du 13ème siècle av. JC, de forme ronde « terrasse cyclope »il est également possible que ce soit une tombe d’un mycénien.
Siphnos fut conquise par les ioniens conduits par l’Athénien Alkinor
Le trésor de Siphnos
La frise du Trésor de Sifnos
Siphnos était florissante à l’époque archaïque L’exploitation des mines au 6èmesiècle av. JC, fait de Siphnos la plus riche des îles, comme le témoigne le Trésor de Siphnos à Delphes construit en 525 av JC en marbre de Paros. C’est le seul monument en marbre. On raconte que les Siphniens, pour s’assurer des faveurs d’Apollon et la priorité dans la consultation de l’oracle, offraient chaque année un œuf d’or au dieu et qu’une fois ils trichèrent et recouvrirent d’or un œuf de fer, provoquant ainsi la colère d’Apollon.
Même après le pillage des samiens, l’abondance continue à régner comme le témoigne le tribut annuel à la première ligue d’Athènes.
Les Mines de Siphnos
Le sous-sol composé de schiste, gneiss et marbre contient du plomb argentifère, du fer et du zinc
Les tours de Siphnos
76 tours de 4 m de diamètre et 13.5 m de haut avec un escalier en spirale faisaient un réseau de surveillance. Les plus anciennes furent construites au 6ème siècle après le raid des Samiens (525av JC). Ce système de signaux de communication avait pour but de protéger les mines d’or en surveillant la mer protégeant en même temps les agriculteurs. Les signaux par fumée et miroirs réfléchissants comme les boucliers furent décrits par Hérodote lors de la bataille de Marathon (490 av JC) L’acropole d’Aghios Andreas et le Kastro (Asty) étaient des nœuds de communication.
Fouilles
Les ruines de la citadelle furent reconnues en 1841, fouillée en 1898 puis systématiquement en 1970/
murs d’enceinte de la ville
Parmi les vestiges, je trouve l’ancien sanctuaire, mais qu’y célébrait-on ? Seules les enceintes sont reconnaissables ; le sommet de la colline est occupé par la coupole éblouissante d’Aghios Andreas. La porte est ouverte, cela fleure bon la cire. Comme je suis en short, je n’ose pas y entrer.
Descente sur Firogia : sentier 1A
Sanctuaire mycénienLe sentier qui descend à Firogia (1.5 km – 35 mn) est bien balisé. C’est une aimable descente au flanc de la colline. Je découvre la chapelle Aghii Anargiri, chaulée de blanc avec son enclos très propre. La phrygana est bien desséchée, sauf le thym qui est encore bien fleuri en grosses boules violettes. La sauge est fanée de petits lentisques pistachiers et des cyprès sont bien verts. Toute la colline d’Aghios Andréas est couverte de ces buissons. Ces cyprès verts remplacent les genévriers bleutés de Milos et de Naxos pourtant plusieurs articles dans la littérature citent les genévriers de Phénicie. Il faudrait que je sois plus attentive dans mes déterminations. Ce qui ne facilite pas la tâche c’est cette manie de tout nommer « cèdres ».
Le sentier est pavé de schiste aux dalles bien plates sous els pieds et bordé d’un muret. Il n’y a pas de barrière à ouvrir et refermer : pas de chèvres non plus dans cette promenade.
A Firogia : on a construit un abri pour que les randonneurs attendent à l’ombre le taxi ou le véhicule qui les ramènera.
Sentier n°2 décrit à l’envers de la carte Skai : Flério– Pano Potamia – Agios Mamas 5km 1h40
Permet de visiter le Parc Archéologique où se trouvent encore 2 Kouros.
En principe les rendez-vous seront faciles puisqu’on part du parc archéologique et au je suis censée arriver à un terrain de sport près de Sagri.
Au départ, nous nous sommes trompées à Galanadho et nous retrouvons sur la route de Halki. Qu’importe, on fera trajet à l’envers ! Cela se complique : le stade marqué sur la carte est introuvable. En revanche, un panneau signale bien Aghios Mamas, sauf que le numéro n’est pas le 2 mais le 6. Ce sentier n°6 est fort mal balisé. Du haut de la colline, j’aperçois la très belle église Aghios Mamas dans le creux du vallon et m’y dirige à l’instinct puisque les marques sont inexistantes et trouve une piste de terre qui conduit à l’église.
Aghios Mammas
Aghios Mamas est une église byzantine du 9ème siècle qui fut la cathédrale de Naxos avant l’arrivée des Vénitiens en 1207. Cette jolie église de pierre brune est abandonnée. Des grilles interdisent d’y pénétrer. Je n’ai donc pas pu voir les fresques mais j’ai admiré les parements de marbre autour des ouvertures sur la façade qui m’ont rappelé les églises carolingiennes des Pyrénées orientales .
A l’église je retrouve le balisage du sentier ce qui me rassure. Dans le vallon, il y a un petit verger d’orangers ; Ce sont les premiers que je vois depuis notre arrivée dans les Cyclades. Je passe un petit ruisseau sur un pont de bois, des lauriers roses fleuris, une petite église Panaghiatisa et une aute annoncent l’arrivée aux villages de Potamia . Ce nom m’évoque des rivières, des fleuves, peut être à cause des hippopotames, j’oublie les petites rivières et les ruisseaux. Potamia porte bien son nom avec ses ruisseaux et ses sources. Potamia est composée de trois hameaux Kato Potamia (Potamia du bas, Mesi Potamia (du milieu) et Ano Potamia. Le sentier court de l’un à l’autre sans croiser la route qui frôle Potamia par le haut. Je passe donc sous les maisons de lavoir en source, puis deuxième source, troisième…entre deux murettes, parfois entre les maisons et les jardins. Promenade rafraîchissante.
A l’intérieur du village, le balisage s’interrompt. Je passe par des ruelles blanches, des marches, arrive devant une grande église. Un homme qui balaie la place me remet dans la bonne direction. J’ai eu la bonne idée de photographier la carte sur mon téléphone portable. Je tends le téléphone et mes interlocuteurs comprennent ce que je cherche puisque la carte est écrite en grec.
Le sentier n°6 traverse la route pour rejoindre Melanes. C’est à cette intersection que je devrais retrouver Dominique. Elle m’appelle pour me dire qu’elle est garée devant une maison de pierre qui a un bougainvillée particulièrement fleuri. Ici, toutes les maisons sont en pierre ; elles sont toutes fleuries de bougainvillées ! Après une dizaine de téléphonages (heureusement que les frais de roaming sont abolis dans l’Union européenne depuis 2017), nous renonçons à la rencontre ; On se retrouvera à la fin de la promenade à Melanes. Je continue donc vers le kouros de Flerio. Le sentier est maintenant bien tracé et bien balisé. A mesure que je monte sur la colline, la végétation se rabougrit, le sol devient pierreux, les bergeries sommaires, les crottes de chèvre signalent une activité pastorale intense. A une fourche j’ai le choix ente le Kouros Melanon ou le kouros de Flerio. Lequel choisir ? Au hasard Flerio ! La descente est rapide sur un chemin dallé. Les dalles ont été piquetées pour éviter les glissades. Qui a construit ce chemin avec tant de soin ? A la fin de la descente : le parking du Parc archéologique avec une dizaine de voiture mais pas Dominique qui m’attend ailleurs à Melanes. Il faudra une bonne demi-heure pour se trouver.
Le Parc archéologique de Flerio est vaste et très intéressant.
Le Kouros de Flerio est couché sous les arbres et beaucoup plus fini que celui d’Appolonas. La statue de marbre repose depuis 26 siècles à côté du « jardin du paradis » je n’invente pas, c’est un verger planté d’arbres fruitiers : agrumes, pruniers, abricotiers…La route qui conduit au deuxième Kouros de Potamia ou de Melanes est deabord sous de grands arbres. Il faut grimper dans la colline pour le trouver ; C’est encore un géant allongé de 5m pour 6 tonnes. IL paraît encore plus fin. On reconnait une parenté avec les statues archaïques avec la chevelure longe les épaules larges. Le sentier passe par les anciennes latomies (carrières de marbre antiques). . Dans la région de Flerio affleurait une state de marbre de bonne qualité permettant le développement de l’architecture et de la sculpture en marbre : les plus importants monuments de Naxos et de Délos.
Dans le parc archéologique de Flerio, un panneau signale l’ancien aqueduc de Flerio :
Mélanes rappelle par son nom que le site était ombragé : mélanes = noir = sombre = ombragé. Dans cette région il y a de nombreuses sources et du 6-me siècle avJC au 8ème après JC un aqueduc de 11km de long apportait l’eau à Naxos. Un tunnel avait été creusé.
Sanctuaire Flerio Melanes
Kouros de Melanes
Au 8ème siècle on rendait déjà un culte au-dessus d’une source où des traces de burin ont été identifiées, on a retrouvé une petite construction contre un bâtiment d marbre imposant. Au 7ème siècle on construisit un temple plus grand ; Il semble qu’on vouait un culte à une déesse de la fertilité qui assurait aussi la protection des carriers. Le culte était rendu à l’air libre avec des foyers qu’on a reconnu à la roche rougie. On creusait ensuite un puits dans lequel les cendres des offrandes étaient enterrées recouvertes de plaques de schiste.
Carrières modernes
Carrières modernes
Nous rentrons pas le chemin des écoliers par Kinidharos, Moni, Halki et Sagri. Sous le ciel gris les paysages déserts sont sévères, dominés par l’impressionnant front de taille des carrières modernes du marbre de Naxos qui parait gris. On exploite le marbre jusqu’au sommet. Les chutes de la taille forment un gigantesque pierrier blanc au-dessus des boules caractéristiques du granite altéré.
le vent des Cyclades
Le vent a chassé les nuages, la mer est agitée d’un vent frais qui convient aux kite-surfers. Les véliplanchistes ont aussi sorti leurs voiles. Joli spectacle mais baignade impossible. Ce soir, la météo promet une légère brise ; Peut-être aurais-je le plaisir de nager le long de la plage. En attendant il faut être vigilantes, fermer la fenêtre quand on ouvre la porte si on veut éviter la casse.
Pittoresque village perché du centre de Naxos, entre 600 et 700 m. Sa position géographique le protégeait des pirates, d’où son nom (a- privatif – et pirate) selon le Petit Futé. Village chargé d’histoire, peuplé depuis 3000 ans av JC d’après les idoles cycladiques du Musée, aux temps minoens par les Crétois. A l’époque contemporaine le 1er résistant de la 2ème guerre mondiale Manolis Glezos décrocha le drapeau nazi de l’Acropole le 30 mai 1941. Homme de gauche il faut à nombreuses reprises incarcéré, député du PASOK puis de SYRIZA est à l’initiative d’actions contre l’austérité.
Apeiranthos possède 5 musées et de nombreux cafés et tavernes qui attirent les touristes.
Pour y parvenir, nous passons par Halki, Filoti et par un itinéraire spectaculaire qui contourne le mont Zas avec des échappées sur la mer. La route embaume l’odeur sucrée et entêtante des genêts qui forment des pyramides ou des boules jaunes au feuillages et aux fleurs minuscules et très serrées. La route contourne le village et il existe un grand parking à l’entrée, on trouve aussi des places près de l’église. Aujourd’hui, dimanche, il y a affluence à l’église pour la messe.
Les Musées n’ouvrent qu’à 11h sauf le Musée d’Archéologie à 10h. je me promène donc en attendant l’ouverture dans les rues désertes où les cafés attendent les touristes qui arriveront après 11h. Village aux murs blancs, aux rues étroites soigneusement dallées de marbre aux belles maisons à étage avec des balcons en ferronnerie aux encadrements des portes en marbre. Ici on peint sa porte et ses volets en marron – cela change du bleu si usité dans les Cyclades. Les boutiques de produits locaux (huile, herbes et aromates) sont présentées avec beaucoup de goût et de variété. Les enseignes des restaurants sont peintes, les menus semblent originaux. Sur l’ardoise le plat du jour : beignets de fleurs de courgettes. Le plus beau kaféneion se trouve sous le platane en face du bâtiment contenant les musées.
Petroglyphe
Le musée archéologique occupe une grande pièce en rez-de-chaussée. En face de la porte on voit des pétroglyphes trouvés dans le sud-est de Naxos (3ème millénaire av. JC) représentant des scènes de chasse et plus loin d’autres non figuratifs avec des spirales et des cupules datées 2700 av JC).
Des armoires contiennent de la vaisselle en céramique fine aux formes originales.
Les idoles cycladiques sont malheureusement à l’état de fragments, 2 jambes, le torse. L’harmonie de ces petites sculptures n’est pas perceptible dans ces morceaux ;
Aucune explication. Le gardien téléphone sans prêter attention à moi.
L’exploitation de l’émeri
Un tout autre accueil m’est réservé au Musée de Géologie. Un seul ticket(3€) pour les 4 autres musées, folklore, Beaux-Arts ou Histoire Naturelle (dans un autre bâtiment).
La conservatrice du Musée de Géologie , souriante, me fait l’honneur d’une visite guidée. La première salle est dédiée à la Géologie de Naxos, la seconde est plus généraliste.
La géologie de Naxos est complexe. Le trésor local d’Apeiranthos est l’émeri exploité autrefois dans des mines des environs. La visite commence donc par une vitrine contenant de l’émeri. C’est du Corindon (Al2O3) et des spinelles. L’émeri est une roche contenant un mélange pour 57% Al2O3, 23% Fe3O et divers oxydes. On voit différents agglomérats de corindon et d’autres cristaux comme le grenant et la sillimanite.
La Naxite est une autre roche originale de Naxos : roche blanche contenant des cristaux bleus, des saphirs et des traces d’amphibolites. Les minéraux blancs ne sont pas des carbonates formant le marbre comme je m’y attendais mais des minéraux riches en alumine, des micas, silicates.
La formation du corindon est expliquée :
La bauxite Al(OH)3 subit l’érosion pendant des périodes de pluies tropicales
Elle se dépose en milieu aquatique dans des plaines côtières ou dans des pièges karstiques, elle est altérée en Al OOH
Dépôt de calcaire
Métamorphisme : le métamorphisme est envisagé dans le cadre de la tectonique des plaques. Avec la subduction, la Pression et la Température augmentent les oxydes d’alumine AlOOH sont transformés en Corindon Al2O3
La carte géologique de Naxos montre l’extrême complexité de l’île divisée en 4 grandes régions
Zone métamorphique avec marbres et schistes
Migmatites
Intrusion granodioritique
Sédiments récents
Je comprends alors le chaos granitique de Mikri Vigla tandis que nous avons traversé des régions de marbres et schistes.
Le métamorphisme a toujours été pour moi difficile à saisir ; Métamorphisme de contact autour de l’intrusion granodioritique ou métamorphisme général dans le cadre de la tectonique des plaques ?
La dame me montre une autre curiosité de Naxos : les cherts de Stelida . Stelida est la petite colline pointue près de l’aéroport qu’on voit de la plage de Mikri Vigla. Dans ces cherts on trouve du quartz, du zircon et de l’hématite. Ces cherts ont été utilisés dans la Préhistoire pour faire des outils.
Encore une curiosité : les fossiles de vertébrés d’une faune africaine et des dents d’éléphants nains (comme à Malte) .
J’aurais pu rester beaucoup plus longtemps dans ce musée mais il en reste 3 autres à visiter !
Le Musée folklorique est sympathique avec quelques meubles et des photos anciennes de fêtes avec des musiciens.
Le Musée des Beaux-Arts est décevant. Aucune œuvre ne m’a vraiment parlé.
Le petit Musée d’Histoire Naturelle se trouve tout en haut du village ? Il occupe une pièce ? !bien sympathique mais bien poussiéreux : coquillages, éponges, coraux m’ont intéressée. Les champignons tombent en poussière ;
Le départ du sentier de randonnée N°5 est en face du Musée, sous un petit pont. Sur la flèche je lis Aghia Kiriaki (1h) Ag. Theologos (25mn). Aghia Kyriaki contient des fresques intéressantes iconoclaste mais avec le retour il faut compter 2 heures et il est déjà midi ! je n’arriverai pas au bout !
Le chemin est une allée dallée avec des marches qui descend. Il est très bien tracé et passe d’abord entre des buissons de cistes roses (ciste de Crète ?) puis se transforme en chemin creux à l’ombre de chênes-verts. C’est une promenade fraîche (on est en altitude) dans une campagne cultivée. De temps en temps un grillage doit être poussé (et remis), par moment je retrouve le dallage du chemin, parfois grossier (il fait mal aux pieds) on passe dans le creux d’un ruisseau. Je n’ai pas vu Ag. Theologos des flèches pointent Aghia Kyriaki, j’ai déjà marché 35 minutes, je reg=brousse chemin à regret. La remontée est beaucoup plus facile que je ne le craignais.
A Apeiranthos, Dominique a dû subir l’envahissement par 4 cars de touristes qui n’éteignent pas leur moteur (pour la clim) et qui se sont déversés simultanément dans ce petit village.
La route d’Apeiranthos à Moutsouna sur la côte orientale de Naxos est une route spectaculaire avec des vues étendues sur les îles ? C’est aussi une route vertigineuse et étroite. Nous n’aurions pas aimé croiser un autre véhicule. Le thym en grosses boules violette s’étale sur la chaussée.
Nous découvrons les vestiges de l’exploitation minière de l’émeri : le télétransporteur qui relie la mine au port, les pylônes sont encore reliés par les câbles. On voit même les bennes de l’émeri.
Moutsouna : l’ancien port de l’émeri
Moutsouna : une petite plage, un port, deux barques de pêcheurs, un haut portique et le rail de l’émeri qui rouille sur place. Deux ou trois tavernes. Nous choisissons celle qui a des chaises bleues et qui est à l’ombre des tamaris. La carte comporte un classeur avec les photos des plats. Les prix sont sensiblement plus élevés qu’hier. On prend encore petite friture et sardines. 9 sardines sont alignées dans une sauce à l’huile et au citron. Dalaras chante « s’agapo.. ». Dès que j’ai fini mes petits poissons je vais me baigner. Dominique me fait de grands gestes : on nous offre le dessert, entre fromage blanc et blanc-manger avec un glaçage coulis de fraise et un petit verre de kitron, glaçage citron et un sorbet à la fraise. C’est sympa, on ne prend jamais de dessert dans les tavernes.
Après une nouvelle baignade je commande du café grec. Au village j’ai lu une nouvelle appellation du café grec « café-ibrik », je connaissais café turc devenu café grec, café byzantin. Encore une gentille attention, le serveur a mis les billets de 10 € de la monnaie en cornet autour d’une fleur de géranium. Sympa et original !
Le musée a été une excellente introduction à notre visite aux mines d’émeri. Dans une boutique d’Apeiranthos j’a trouvé deux feuilles imprimées sur l’Emeri de Naxos. J’y apprends que le nom émeri viendrait du grec « smiris », roche noire bleutée très dure (la dureté du corindon est inférieure d’un degré à celle du diamant). L’émeri est commercialisé sous forme de poudre pour le polissage des métaux, du verre, du marbre, on connaît la toile d’émeri, on l’incorpore aussi aux revêtements antidérapants. Depuis 1852 les dépôts d’émeri appartiennent à l’Etat Grec qui en a cédé l’exploitation aux villages d’Apeiranthos et de Koronos. L’extraction se faisait dans des tunnels et occupait en 1913-1914 mille mineurs. En 1930 un « télé-transporteur » fut mis en service pour acheminer l’émeri à Moutsouna. Il a fonctionné avec 72 pylônes jusqu’en 1978/ Maintenant hors d’usage il marque encore le paysage. On peut accéder au site par, une petite route 5 km avant Moutsouna. En face gardé par une grille on voit un dépôt de roches noires. Il faut encore parcourir 3.5km pour découvrir les tunnels cimentés et les bâtiments anciens qui tombent en ruine. Le creux du vallon est fleuri de lauriers roses ; Je marche, essayant de repérer parmi les cailloux des cristaux brillants, noirs de corindon, ou brillants de muscovite ; j’en sélectionne 3 puis les jette ; Quand on voyage en avion il n’y a pas de place pour les cailloux. J’aurais rêvé d’une visite accompagnée par un géologue qui m’aurait entraînée dans les tunnels (je n’ose pas y pénétrer seule). J’aurais aussi aimé comprendre pourquoi cette activité a cessé.
Suivant les conseils du Petit Futé qui lui consacre deux grandes pages, nous choisissons Sagri (ou Sangri) . Ce nom serait dérivé du français « Sainte-Croix », nom de l’ancien monastère.
sur la route vers Sagri : chapelle moderne mais charmante
Panne d’Internet, pas d’accès à Google Maps, la carte du loueur de voiture est confuse. Nous quittons Mikri Vigla par le sud et trouvons en face de Kastraki une route de terre qui rejoint la route asphaltée qui remonte vers Sagri. Sur la piste nous nous arrêtons devant une église blanche au toit de tuile à l’abside compliquée, je prends en photo des buissons roses (est-ce possible que des liserons prennent la forme de buissons et aient des épines ?) et des fleurs jaunes aux pétales froissés comme ceux des coquelicots.
Qui peut déterminer ce buisson rose : fleurs ressemblant au liseron
Après avoir rejoint la route nous remarquons encore une chapelle au plan octogonal surmonté d’une coupole. La grande piste qui débouche en face nous y conduira peut-être ? Non, elle mène à une carrière, entrée interdite. Plus loin une piste agricole monte mais s’arrête devant des ruches…odeur de bouses, il y a plein d’étables. Une troisième chapelle se trouve au milieu d’un champ de blé, à l’arrière se trouvent des rochers ronds d’un chaos granitique.
Sagri : Aghios Nikolaos
Arrivées à Sagri, nous avons le choix entre Ano (haut) Sagri et Kato( bas)Sagri. Lequel choisir ? Le premier venu a une tour en ruine et une église. Est-ce la tour Barozzi ou la tour Bazeos citées dans le petit futé ? il semble que non. Je fais un petit tour à pied dans le village tout à fait authentique, peut être moins blanc que les villages cycladiques d’Amorgos, sans kafénéios pittoresques ; les gens reviennent chez eux avec des sacs de courses mais les magasins sont invisibles. Un sculpteur a réalisé des plaques ciselées (comme à Tinos ou à paros) oiseaux ou fleurs pour la fontaine ou pour la rue. Dans une ruelle poussent toutes sortes de plantes dans des pots de conserves : pépiniériste ou amateur. Je cherche les maisons vénitiennes et les tours. Peut être sont elles dans l’autre hameau ?
Malgré la dénomination Ano et Kato, je ne sais pas bien où est le haut et le Bas., on a installé un café pour touristes près de deux moulins sans ailes (avec un toit pointu en bon état) avec des pelouses d’un vert choquant qui me fait renoncer à la photo.
Juste en face, une flèche en bois pyrogravée :
Sentier N°7 Aghios Nikolaos (10 mn) Temple de Demeter (30 mn). Un bon chemin descend entre des murettes entre les oliviers. Des figuiers de Barbarie remplacent parfois les murs, ils fleurissent jaune en ce moment. Aghios Nikolaos est une jolie église byzantine (10ème s) brune aux tuiles brunies. J’ai de la chance : elle est ouverte. Deux femmes et un homme restaurent les fresques. Ils bouchent les fissures à l’enduit et peignent par petites touches les fresques à peine visibles. Si l’une des restauratrices n’avais pas eu un petit roquet bruyant je leur aurais peut-être posé des questions mais les aboiements aigus interdisent toute conversation.
Le sentier est étroit et pas du tout balisé. Je ne suis rassurée qu’au croisement suivant quand je retrouve les traces rouge et blanches, parfois seulement un point rouge. Il descend dans les oliviers, passe par le lit d’un ruisseau à sec, remonte et débouche au niveau du Musée, gratuit, moderne et très bien fait. Les marbres anciens et les colonnes, le fronton (puzzle) sont protégés ici tandis que sur le site, du marbre de Naxos neuf se trouve exposé aux intempéries. Le temple au sommet de la colline est tout blanc, tout brillant.
Temple de Demeter sur le site de Giroulas
Temple de Demeter
Trois époques, trois constructions coexistent sur un même site et compliquent ainsi la tâche des archéologues : un temple archaïque, une basilique et une église.
Dans les temps anciens, au 8ème siècle av JC le culte était pratiqué en plein air sur un plateau au sommet de la colline arrasée. Des puits pour les offrandes ont été retrouvés : des jus de plante étaient consacrés aux divinités de la fertilité. L’orientation Est-ouest symboliserait le commencement de la vie et de renouveau de la nature . Dans les anciens temps la vallée était peuplée d’agriculteurs qui vivaient en unités dispersées. Au 8ème siècle les divinités de la terre, Koré et Demeter devaient assurer la fertilité de la région.
Le culte d’Apollon traduit l’intention des paysans de s’unir à la divinité ancienne de Délos pour leur intégration à la cité-état de Naxos
En 530 av JC sous la tyrannie de Lygdamis. La région de Giroulas était particulièrement prospère et le temple fut érigé de marbre sous l’ordre ionique très simple recouvert d’un toit de tuiles de marbre.
La première église fut démolie sous Justinien pour construire une basilique plus spacieuse à 3 nefs. On utilisa le matériel antique.
La recherche d’une taverne à la mer nous a pris un long moment. Curieusement elles sont rares et loin de la plage. L’usage doit être de manger à l’intérieur des grandes salles situées sur une estrade. A Kastraki, la taverne Glyfada a perché ses tables en haut d’une volée de marches. Le menu affiché me conviendrait mais nous lui préférons Blue lagoon, plus simple : des tables en plastique et des sièges de salons de plage. Aucun signe de grec, le menu est affiché en anglais. Je choisis des okras (en anglais) je les appelle comme les Grecs bamias ou cornes grecques en français. Dominique a pris des saucisses villageoises accompagnées de poivrons de riz et de sauce tomate. Aucune prétention à la gastronomie mais une cuisine familiale sympathique.
Retour à Mikri Vigla pour les baignades toujours aussi agréables et longues.
Le soir, je découvre les rochers tarabiscotés du chaos granitique très pittoresques au coucher du soleil.
Nous cuisinons les courgettes offertes par notre hôtess, 6 petites courgettes avec la fleur encore accrochéen 2 oignons blancs et des olives maison. Dîner offert et délicieux.
Tholaria et Lagkada sont deux villages perchés dans la montagne, souvenir du temps des pirates.
Le sentier de randonnée N°4 relie les deux par des chemins muletiers en très bon état, empierré, suivant les courbes de niveau, randonnée facile d’une petite heure. Sur la crête au-dessus de Lagkada une série de moulins en ruine.
Pour les fleurs, malheureusement, c’est terminé. Les sauges de Jérusalem (les jaunes) sont fanées, les asphodèles ont séché, seuls quelques chardons subsistent. Les terrasses sont encore bien visibles, il y a encore des oliviers, des cyprès et des citernes cimentées mais vides.
le vallon perché d’Astrakos
En arrivant à un petit col, je découvre l’église blanche du tout petit vallon perché verdoyant d’Astratos. A l’arrière de l’église, une vigne, deux chevaux (peut être des mulets). Le chemin tourne, passe près d’une arche à Stroubos , traverse une région boisée. Je marche presque à l’ombre : figuiers (sans figues) , amandiers, caroubiers (petits) pistachiers lentisques, oliviers des fleurs d’acanthe et des fenouils. Amorgos me paraissait rocailleuse et inhospitalière est beaucoup plus verte que je ne le croyais, il suffit d’un peu d’eau et pas trop de pente et la végétation s’épanouit.
Le sentier franchit un petit ravin : les gorges d’Arakou, il descend très raide puis contourne un éperon rocheux au milieu du vallon : un village s’y était installé, des ruines s’étagent au flanc du rocher coiffé d’une belle maison blanche avec une cheminée comme une tourelle.
Lakgada : kafeneio vert
Un large chemin et des marchent montent à Lakgada. Le village blanc est pimpant, ses rues décorées à la chaux. Deux jolis cafés se font face : un turquoise est abrité par un auvent à claire-voie qui projette des rayures sur le mur blanc. En face, des tables vertes, chaises jaunes, Dominique m’attendais à l’ombre d’une glycine fournie et fleurie. Le patron – tignasse grise en queue de cheval entre berger et pirate – apporte un café grec très parfumé que je prends le temps de savourer.
le kafénéio turquoise
Le sentier N°4 descend à Aegiali tout droit à travers le village puis par un chenin dallé dans une oliveraie. Mais le parcours est fantasque : au lieu de suivre l’allée, les balises montrent un petit sentier dans les broussailles qui remontent dans la colline jusqu’au village haut d’Aegiali. Le port et son village ne se sont développés qu’après 1830 avec la disparition des pirates et l’indépendance de la Grèce. Un âne me barre la route, je le contourne rapidement (il peut toujours ruer).
13h à la taverne Remezzo au bord de la plage. Après mes deux aller-retours nous déjeunons de boulettes de viandes et d’aubergines cuites au four recouvertes d’une couche d’oignons, tomates concassées et parsemée de petits cubes de feta et de rondelles d’olives violettes et de câpres. Délicieux !
petit âne
La plage d’Aghios Pavlos
Il fait presque frais à l’ombre des tamaris qui bordent la plage d’Aegiali. La langue de galets de la plage d’Aghios Pavlos est en plein soleil. J’ai sorti le masque de plongée pour observer les fonds. Avec ses aglets blancs, loin de toute civilisation, l’eau est d’une transparence exceptionnelle. Malheureusement, il n’y a rien à voir quelques touffes de posidonies, ni oursins(tant mieux !) ni éponges ni coraux, seulement deux petits poissons. La Mer Egée est si transparente qu’elle en est presque vide ; Je renonce au snorkelling pour nager dans cette presque-piscine abritée par l’île de Chalara, pas de vagues, même pas de risée. Je m’émerveille devant ces couleurs si rafraîchissantes.
Détour par Potamos pour le panorama sur Ormos Aegiali et ses plages isolées.
17h retour au studio, il faut déjà penser au départ demain matin.
Une seule route traverse Amorgos du nord au sud. On ne risque pas de se tromper. Il faut être attentif aux départs des randonnées pédestres. Les sentiers sont bien balisés et fléchés mais pas forcément repérables de la voiture. Vers le sud, nous dépassons la plage d’Agios Pavlos très jolie baie arrondie fermée par l’île de Chalara. Une passe étroite sépare la petite île de la grande et une langue de galets (tombolo) pointe vers Chalara. L’eau au-dessus des galets est peu profonde et très transparente, d’une couleur merveilleuse. Un complexe hôtelier est construit à l’arrière de la plage, mais assez discret pour qu’on ne l’ait pas remarqué au premier passage. De la route on voit une église comme suspendue à mi-pente ; Un peu plus loin, un panneau signale une « ancienne tour » à mi-hauteur (aucune indication dans nos guides ni sur Internet). L’accès est barré par une grille mais j’apprendrai vite que ces barrières concernent le bétail et que les randonneurs peuvent ouvrir les portes à condition de les refermer derrière eux.
Chèvres
La route est occupée par un troupeau de chèvres confortablement installée. Le berger dans son pick- up tirant une citerne, klaxonne pour les faire avancer. Les chiens sont à l’ombre d’un rocher. Elles sont toutes petites, leur poil est très long et soyeux de toutes les teintes passant du noir au blond platiné uni ou tacheté.
Sentier N°1
Sentier n°1 en balcon
Après plusieurs virages le sentier N°1 emprunte une piste qui passe sous le sommet de l’île (Profitis Ilias 702m) et qui continue en balcon jusqu’à la caravane du berger. Ensuite il faut être attentive aux marques (points rouges) parce que le sentier n’est pas bien marqué et s’insinue entre les gros coussins épineux et les rochers qui affleurent. Je regrette mon bâton de randonnée et surtout les chaussures achetées exprès, je marche en sandales. Sur un épaulement, de gros rochers rectangulaires semblent posés comme des menhirs (ils sont probablement éboulés de la falaise située au- dessus). Des bergers (ou des gens de la Préhistoire) en ont empilé certains pour former un abri et un enclos.
Amorgos côte orientale
Le sentier descend raide, il est caillouteux ; j’avance avec précaution. Deux randonneurs surgissent, enturbannés comme des hommes du Sahara et me préviennent « il faut passer par un pierrier et à la fin c’est éboulé ». Voilà assez pour provoquer un peu d’adrénaline ! Le pierrier se passe très bien, même en sandales. Juste après le monastère se profile, blanc il se détache de la falaise orange.
Monastère Chrissoviotissa
la descente par les marchesau monastère
Pour visiter le monastère il faut une tenue « décente », pour les filles une jupe et les épaules couvertes, un pantalon long pour les hommes. Mon paréo ne suffit pas. J’enfile une vieille jupe en laine qui tombe quand je gravis les marches. Le monastère est plaqué à la roche sur plusieurs étages. Des trésors sont accumulés dans l’église est très petite. Dans le parloir, on nous offre un verre de raki parfumé au clou de girofle et à la cannelle, un verre d’eau et des loukoums. Aux murs, une galerie de portraits, photographies ou gravures de popes à la mine sévère. Les grands révolutionnaires du début du 19ème siècle sont à l’honneur. Un guide énumère le nom des héros devant son groupe de touristes. L’un d’entre eux lui demande s’il est historien « non je suis Grec ! » répond-il. Une vieille dame confirme « on nous a fait un tel lavage de cerveau ». Ce nationalisme grec est-il permanent ou correspond-il à la période des colonels ? (D’après l’âge de la dame)
La légende raconte qu’une icône de la Vierge peinte par Saint Luc a dérivé dans une barque jusqu’aux côtes d’Amorgos et que justement les outils pour construire un monastère étaient suspendus à l falaise, signe qu’il fallait en construire un pour abriter l’icône. J’ai déjà entendu cette histoire d’icône ailleurs, il semblerait que Luc ait eu une production industrielle de portraits de la Panaghia ! le guide ne croit guère à cette légende. Plus prosaïquement des moines auraient été chassés de Palestine et auraient retrouvé ici un environnement qui leur aurait rappelé leur monastère d’origine.
Pour retrouver Dominique au parking, il faut encore descendre quelques centaines de marches. Le monastère est encore plus saisissant vu du bas, si étroit, si mince, tenu par deux contreforts en bois de cyprès.
Amorgos : Aghia Anna
En dessous, la crique d’Aghia Anna avec ses eaux aux couleurs changeant avec la profondeur serait le lieu de tournage du Grand Bleu. Le film est devenu une véritable attraction touristique sur Amorgos. On peut même le visionner tous les soirs dans un café des environs.
J’ai beaucoup aimé cette balade. Pourquoi ne pas la refaire sous le soleil ? J’ai pris mon bâton, pas tant pour me faciliter la montée qui n’est pas énorme, plutôt pour m’assurer là où le ruisseau a envahi le chemin. Je prête plus attention aux végétaux dans la chênaie, petit hou, salsepareille, ronces au bas de la pente, plutôt bruyères et genêts, plus haut ; Je croise un monsieur d’un certain âge, aux pantalons fendus comme ceux des ados. Il a dû capter mon regard :« je vais aux asperges qui sont dans les ronces, je ne vais pas abîmer un bon pantalon ! » annonce-t-il je lui réponds que j’aimerais bien en trouver mais que je n’ai pas mon couteau. « Pas besoin de couteau pour les asperge, il suffit de les casser ! En revanche, pour les pissenlits il faut un couteau ! ». Je continue la balade en cherchant les asperges que je ne trouve pas.
Toute la journée je vais croiser des gens avec un bouquet d’asperges dans la main. Cela doit vraiment être la saison !
Cap Béar
Port Vendre
A la sortie de Port Vendre en direction de Cerbère, le Cap Béar. Le vent marin a apporté une brume et un éclairage un peu bizarre. Le vent souffle en tempête soulevant des vagues spectaculaires. Les romarins sont couverts de fleurs bleues. C’est le début de la floraison des asphodèles. Je les aime beaucoup mais depuis que j’ai lu qu’elles étaient les prairies blanches des morts de l’Enfer dans l’Odyssée, je les trouve funèbres.
Asphodèles
En dessous du phare, des marches conduisent à l’anse Sainte Catherine, invisible de la route. Je découvre des petites maisons blanches ; on se croirait dans les cyclades. Des agaves aux belle feuilles lancéolées dépassent des épineux et des romarins. Ici aussi c’est la chasse aux asperges. Un sentier mène à un petit promontoire. Pour y arriver, il faut descendre dans les schistes argentés ; je marche avec précautions et agrippe les romarins, au moins il ne pique pas ! A la montée ce sera moins impressionnant, d’ailleurs je trouve un autre passage avec des marches.
Anse Sainte Catherine
Collioure
La mer est tellement agitée que la promenade sous le fort n’est pas possible ; de très grosses vagues viennent s’y briser sur la banquette de ciment.
Les vagues sur Collioure
Au retour, le Canigou semble irréel dans la brume, blanc, spectral. On le devine plus qu’on ne le voit.
J’avais beaucoup aimé la promenade samedi soir au coucher du soleil. Nous y revenons à la lumière du matin.
Le Centre d’Interprétation – La Bartola – se trouve dans une belle maison à étage crépie de jaune.
Arbutus
Le jardin est un arboretum planté des végétaux présents dans le massif : 4 espèces de chênes deux de pins, la plupart des buissons sont également étiquetés. Je reconnais le Genévrier qui a ici un port vertical, l’arbousier(Arbutus unedo) avec ses baies jaunes orange ou rouges,
laurier tin
le Laurier tin (Viburnum tinus)
le « Palmito » (Chamaerops humilis) petit palmier endémique qui a donné son nom au Désert de palmes. Je retrouve également le caroubier (Ceratonia siliqua) leSorbier (Sorbus domestica) qu’on appelle aussi Cormier, le Pistachier Lentisque (Pistacea lentiscus) et Rhamnus alaternus le Nerprun alaterne. Ainsi que le figuier (Ficus carica). En revanche, Colutea arborens reste pour mi mystérieux, Google m’apprend qu’il s’appelle en français Baguenaudier (je ne connaissais que le verbe baguenauder, ne rien faire). Et bien sûr Cistus montpeliensis Cyste de montpellier et le Laurier-rose (Nerum oleeander).
Le sentier vers le château au premier plan chamaeropsis humilis palmito
A l’intérieur du centre, je reçois un très bon accueil : sur la maquette du massif, la guide me montre les promenades. La plus courte et la plus facile est celle du château de Montornes – forteresse arabe construit au 10ème siècle habité jusqu’au 15ème – peu de dénivelé, flirtant avec la courbe de niveau 400m. le sentier est très bon mais vers la fin j’ai dû m’aider des mains. Du Centre d’interprétation on peut aussi monter au sommet au pic Bartolo (729m). je regrette de ne pas avoir mon bâton de marche.
Déjeuner de magnifiques soles d’une fraîcheur irréprochable. Temps merveilleux, 23°C à l’ombre, et baignade dans l’eau calme encore tiède. Après midi écriture. La brochure du Centre d’Interprétation me conforte dans mon intuition : le mot « désert » doit être compris comme une retraite spirituelle loin du siècle. Pour les Carmélites, dans la contemplation et la prière. Les palmes sont les Chameropsis humilis dont les frondes forment des touffes au sol que je n’avais pas vus pensant aux hautes colonnes des fûts des palmiers-dattiers.
Douceur du soir. De très gros cargos stationnent au large du port de Castellon, certains sont illuminés comme des bateaux de croisière.
Un « chemin vert », piste cyclable et piéton relie Benicassimà Oropesa sur le tracé de l’ancienne voie ferrée sur 5.5km.
Il commence au bout de la corniche et de l’avenue Jaume 1er à proximité de l’Hôtel El Palasiet. Un pont ferroviaire en marque l’entrée. La piste emprunte une tranchée taillée net dans la roche.
Piste cycliste sur le trajet de la voie ferrée : tranchée
Des panneaux botaniques jalonnent le parcours. Ils m’amusent d’autant plus qu’ils mentionnent le nom scientifique et la famille. Au début la piste est enfermée dans la tranchée, on ne voit la mer que par des échappées. On traverse un bois de pin. La côte est très proche avec de beaux rochers rouge battus par les vagues.
Deux tours, une carrée et une ronde sont sur le parcours. Il y a beaucoup de monde, surtout des vélos. Les cyclistes de club avec maillots, casques et cuissardes, foncent. On ne les entend pas arriver. Il faut être attentif avant de traverser la piste. Des familles roulent sans se presser. Les joggers doublent les marcheurs, certains équipés de bâtons de marche nordique. le parcours est plus sportif que touristique mais bien agréable.
A l’entrée du long tunnel de 600m, certains joggers empruntent un sentier qui monte au flanc de la colline. J’aurais été bien inspirée de les suivre. 600m de tunnel, quelle pénitence ! Sur le topo-guide il était précisé qu’il fallait se munir d’une torche. Peut être dans le noir cela aurait été plus amusant, ma lampe de poche est inutile ; la galerie possède un éclairage électrique.
La sortie du tunnel se fait au dessus de la marina d’Oropesa puis je passe la belle plage de la Concha bordée de palmiers, de restaurants d’immeubles assez neufs et assez chics. En face un très haut, très rectangulaire, très massif, immeuble gris vert écrase tout. Au bout les deux tours las Vegas ont au moins 10 étages. Ce n’est pas tout. A l’arrière du front de mer, toute une ville de béton vétuste forme un ensemble déprimant. Sur la côte, encore une tour ronde et un phare.
9 octobre
Après avoir fait trois fois le tour (on a oublié le GPS) nous sommes arrêtées par une procession : des chevaux, des tambours ; des Templiers, des Sarrazins, des femmes voilées, d’autres médiévales….ils rejoignent la tente blanche de Jacques 1er. L’assistance fait silence : « Au nom du roi Jacques 1er, comte de Barcelone, Comte de Montpellier, roi d’Aragon… ». Toute l’assistance écoute religieusement mais personne ne se pousse pour me laisser faire une photo. Le discours est longuet, personne ne bouge, ni paysan, ni templier, ni sarrasin, ni cheval.
La direction de Benicassim est bouchée par la fête. Nous nous dirigeons au jugé. Nous suivons l’avenue de Benicassim qui logiquement devrait nous y conduire. Pas du tout : elle aboutit sur la N-340 mais en direction du nord. Impossible de la couper et même de faire demi-tour. On dépasse Oropesa (d’où on vient) à la première sortie, fléchée Cabanes on la quitte. Impossible de retrouver la N-340 vers le sud. Sur la carte, il y a bien une petite route vers un château dans le Desert de las Palmas. Le château perché a fière allure ; il semble se dissoudre dans le paysage quand on l’approche et nous ne le reverrons plus. En l’absence du château il y a une source fuente Metivet « tu veux t’arrêter avec tous ces gens ? » Présenté comme cela, la réponse est non. Pourtant nous aurions bien dû leur demander notre chemin. Cabanesest très loin. Il faut se souvenir que la région est montagneuse et peu peuplée, les villages sont très éloignés et les route ne passent pas par les sommets. On a parcouru 80 km au compteur, pris trois autoroutes, dépassé Castellon. Tout ce détour alors que j’avais fait 5 km à pied !
Tour saint Vincent et plage
Entre la tour Saint Vincent et l’extrémité de la plage, il y a 2.3 km sur le sable ou sur une très belle promenade piétonne plantée de palmiers, le long de très belles maisons, de jardins et de haies fleuries en face de plages de Torre San Vicente l’Almadrava et Voramar. Dès 1887, on a construit les premières villas sur le front de mer de plain pied, orientées vers la mer avaient un porche donnant sur le jardin. La vie sociale s’organisait selon deux pôles, la Cour céleste qui se caractérisait par la tranquillité de ses veillées, l’allure modeste et le nom de saintes (villa Santa Cristina, Villa Sofia, Villa Marina, Carlotta, Maria del Carmen…et « l’Enfer » où des soirées trépidantes se déroulaient dans un cadre luxueux.
villa luxueuse
La villa Solamar, construite du côté cour Celeste fit scandale par les statues de nus, que le Directeur des Beaux Arts de Valence, pour plus de pudeur, eu l’idée de retourner ce qui valut à sa maison le surnom de la villa des culs. Un code strict régissait les bains de mer : le décalogue des baignades.
Villa solamar
Ces villas eurent des visiteurs fameux, des peintres, des écrivains…Au début de la Guerre Civile un changement radical s’opéra dans la fréquentation des villas avec la fuite des propriétaires et l’arrivée des brigadistes qui les ont converties en hôpitaux, cantines, bibliothèques et centres de réunion. La grande Villa Amparo de style colonial américain, fut aussi le lieu de l’histoire d’amour entre Hemingwayet Marta Gelhorn, Dos Passos et Cartier Bresson y résidèrent aussi.
Villag Amparo
Il n’est pas facile de faire des photos des maisons privées cachées derrière d’imposantes grilles ou des jardins, je manque aussi de recul. Certaines sont devenues des restaurants et sont plus accessibles.