Bignonia à Ziguinchor : les billets du retour

CARNET DE CASAMANCE

mangrove
mangrove

A l’entrée de Bignonia sur un grand caïlcédrat, une dizaine de vautours sont perchés. Comme partout il y a un marché, je remarque le « parkings des ânes » qui m’amuse. Bignonia est au carrefour de la route de Banjul en Gambie. La route traverse ensuite une magnifique forêt verte malgré la saison sèche. Les cases rondes ont disparu. A la place il y a de grandes maisons carrées recouvertes de tôle au toit à 4 pans. Les vergers d’anacardiers contribuent à la végétation verdoyante. Puis des étendues très plates salées annoncent la rivière Casamance. Ici aussi on replante la mangrove. Nous voyons de nombreux oiseaux : aigrette noire, aigrette grise, chevalier gambette, martin-pêcheur noir gris et blanc, cormorans.

Ziguinchor :

Aline Sitoeé Diatta à l'escale de Carabane
Aline Sitoeé Diatta à l’escale de Carabane

Nous sommes arrivés vers 10h après un voyage très agréable et découvrons, en passant le fleuve Casamance le port et le bateau Aline Sitoé Diatta, que nous prendrons Jeudi 3 mars, l’usine d’arachides avec le grand tas de cacahouètesque picorent de nombreux oiseaux.

Plusieurs ponts avant d’arriver à la ville. De nombreux oiseaux picorent un gros tas d’arachides à l’entrée du port. Non loin, les bureaux de la Cosama, la compagnie qui assure le trafic entre Dakar et la Casamance. Il nous faut réserver nous même nos places. Je croyais une simple formalité sur la route. Surprise, on ne peut pas pénétrer dans le bureau on donne les passeports et on attend. Sous un auvent il y a trois rangées de bancs métalliques, tous occupés. Il faut patienter ! toujours cette antienne en Afrique. Je suis d’une patience africaine mais je ne comprends pas comment ces réservations fonctionnent. Abou avait dit qu’il n’avait pas pu acheter les tickets parce que les réservations pour mars n’étaient pas ouvertes. On s’apercevra que c’est un mensonge. Le bâteau est presque complet. Nous sommes donc debout, à 10h du matin il fait déjà très chaud à Zinguinchor, Mor a disparu. Je pensais qu’il se chargerait de la corvée, au contraire il est à l’ombre de l’autre bâtiment et nous est d’aucun secours. Nos passeports sont dans les mains d’un employé  qui de temps en temps appelle des noms inaudibles dans le brouhaha. Même si on nous appelait, on ne reconnaîtrait pas nos noms. Au bout de quelques temps, on demande à Mor d’appeler son patron, nous voulons savoir pourquoi les billets n’ont pas été pris par l’agence. Réponse évasive : notre voyage est au mois de mars, les réservations n’étaient pas ouvertes. Plus d’une heure plus tard, après s’être fait repoussé par la police appelée au renfort pour mettre de l’ordre dans la queue, après avoir parlementé avec la « Carte handicapé » de Dominique qui ne peut pas rester debout des heures, quand enfin, donc, nous parvenons au guichet, c’est pour apprendre qu’il ne reste plus de cabines à 2 lits et que les lits du bas des cabines de 4 sont également complets. Si tout a été réservé, c’est que les réservations étaient ouvertes depuis un bon moment ! » Vous auriez dû réserver à Dakar » dit la dame très gentille. C’était exactement ce que nous attendions de l’agence qui ne l’a pas fait ! Heureusement la Carte handicapé débloque la situation. Il y a une cabine handicapé prévue dans le bateau. Elle nous sera attribuée puisqu’il n’est pas possible à Dominique d’escalader pour occuper la couchette du haut. Midi, nous avons, enfin, après avoir gâché la matinée, nos billets en main. Mor réapparait, il a enregistré le véhicule, dit-il. Je me demande bien pourquoi il n’a pas fait la queue pour les billets.

Ziguinchor : rue principale
Ziguinchor : rue principale

Il faut aussi changer de l’argent. A la banque, queue encore. Mor connaît un changeur libanais qui fera le change rapidement. Pas d’officine, c’est une épicerie, particulièrement prospère, clean, bien rangée ; la vitrine est protégée par des barreaux artistiquement ferronnés et peints en rose.  Le commerçant ne m’adresse pas un regard. Il tend une calculette à Mor avec le change 650 (correct) Mor fait la multiplication, me montre le résultat. Je tends la liasse  de 15 billets de 20€, je compte à  haute voix en français (ils conversent en wolof), Mor recompte, le libanais recompte et va chercher dans la caisse 195000Fcfa en coupures de 5000, il compte, Mor recompte, je recompte et les range. Fin.

Le restaurant où Mr nous entraîne est bien caché. Rien  n’indique du dehors qu’il s’agit d’un restaurant. Dans la cour,  3 tables et des parasols. Je demande le plat du jour « gombos ! » et m’en réjouis, c’est exotique et j’adore, le serveur revient « il n’y en a plus ! » on prend ce qu’il y a : un ragoût de viande succulent. Malgré les allures modestes, c’est un bon restaurant. D’ailleurs nous ne sommes pas les seules occidentales à venir déjeuner.

Après déjeuner nous n’avons guère envie de nous attarder dans les rues poussiéreuses de Ziguenchor. Mor propose la visite d’une « Ferme de Crocodile » à la sortie de la ville sur la route d’Enempore. La « ferme » est un zoo bien délabré. La visite des petits crocodiles n’a lieu qu’à 15h. Pas question d’attendre ! On fera le tour des enclos aux grillages rouillés. Les antilopes ne sont plus là, les oiseaux non plus. On voit juste trois crocos endormis qui semblent à moitié crevés (ce n’est pas très vivant un crocodile repu ! Seul intérêt, les végétaux la « ferme des crocodiles » est aussi une pépinière.

Badiouré

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Arrivée au Relais Fleuri
Arrivée au Relais Fleuri

Avant d’arriver à Badiouré nous passons une belle forêt verte avant d’arriver au Relais Fleuri. Des clochettes délicates sur de hautes hampes accueillent les voyageuses épuisées de chaleur ( 42°C à Tambacounda) et affamées  (nous n’avons mangé que les bananes de Gouloumbou, tant nous étions pressées d’arriver. La piscine me fait de l’œil : bleu nuit recouverte de petite mosaïque avec des lits de plage sous des baldaquins, un beau mobilier de bois lourd. Les hautes colonnes des palmiers, un caïlcédrat géant, et des massifs de fougères font un écrin de verdure à la piscine. Je nage en regardant les oiseaux qui vont de branche en branche. La piscine est bien à l’ombre, la fraîcheur de l’eau revigorante.

la piscine dans la forêt
la piscine dans la forêt

Notre case est ronde, très simple. Un mur au milieu, peint en orange, délimite la salle d’eau. Le mobilier est sobre, simple et chic, en fer et corde. Pas d’armoire, de la toile écrue sur des cadres de fer. Rideaux bariolés ; Une lame sort d’une corne de zébu. Des masques en applique : seuls les yeux s’éclairent.

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le petit marché de Badiouré

Promenade au village : un petit marché se tient le long de la route : huile de palme rouge dans divers récipients, bidons, bouteilles diverses récupérées. Citronnade dans des bouteilles d’eau en plastique. Clémentines dans des petites écuelles en plastique : 500F le bol.

J’achète un bol, d’abord parce que les bananes de Gouloumbou n’ont pas suffi, ensuite pour bavarder avec les marchandes. Réticentes d’abord aux premières photos (je filme en panoramique puis leur montre) elles prennent la pose toutes ensembles et réclament des portraits qu’il faudra leur envoyer – pas en numérique elles veulent des photos papier.

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Le village est très petit. Son charme principal réside dans les clôtures qui entourent les jardins : grosses planches mal équarries, bâtons irréguliers. Le village est en pleine forêt. Ce n’est pas le bois qui manque ! Des cendres volettent. A la piscine nous croyions qu’elles venaient du barbecue. La dame de la boutique coiffée du plus beau turban orange qui soit, avec un nœud très sophistiqué m’a détrompée. Cela vient de la forêt. Brûlis pour les cultures ? charbon de bois ? On en vend au marché. La proximité de la forêt, l’abondance de bois explique que le bois remplace la paille tressée des régions que nous avons traversées. Les palissades ont repris vie, mélange de haies vives et des planches ; Dans le jardin, je reconnais le manioc.Nous arrivons au puits où des gamines puisent l’eau. Elles ont 11 ou 12 ans. Certaines ont déjà une poitrine de nourrice. Le puits est très profond, peut-être 50m . La corde est engagée sur une poulie. Avec plusieurs seaux on remplit une bassine. La porteuse d’eau enroule une mousseline en un coussin rond, elle se baisse en pliant els genoux et sa copine lui pose la bassine sur la tête. Quelques instants plus tard la même fille revient. La poulie est un excercice physique qui leur développe une sérieuse musculature sauf pour la plus mince engoncée dans son hidjhab noir qui lui enveloppe la tête et les épaules. Ce couvre-chef plutôt sinistre est égayé par une jupe jaune et rouge aux couleurs criardes et un haut jaune criard. Ses jambes et ses bras sont très maigres, elle s’escrime sur la corde en faisant de grands mouvements et en grimaçant. Elle est tout à fait d’accord pour que je la filme.

La soirée s’écoule doucement. Je me suis tartinée d’Insect’Ecran au parfum de coco mais on ne voit pas un seul moustique. Dans la salle à manger seulement deux tables, la propriétaire, son mari et des amis nôtre qui est décorée comme pour une fête : des fleurs de bougainvillées sont dispersées sur la nappe, deux chemins de table étroits se croisent. Dans des photophores, des bougies clignotent – ce sont des fausses, ampoules et piles – mais du meilleur effet. La salle est peinte en jaune orangé. Excellent dîner qui se termine par une mousse au chocolat.

De Tambacounda vers la Casamance

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un banc de pélicans sur la Casamance

7h réveil avec la sirène qui annonce l’embauche à l’usine de coton. Nous allumons la télé et tombons sur une curieuse chaîne francophone i24 où nous reconnaissons le journaliste Paul Nahon qui était sur FR3 autrefois, le i c’est pour Israël, c’est surprenant !

Pour poster nos carte postales, nous allons à la Poste.  A l’arrière, la vaste cour contient la mosquée de la Poste et le restaurant de la Poste ainsi que la cabine téléphonique. Comme partout, la poste est devenue une banque, Banque Postale. Le bureau est vaste avec les guichets d’époque (avant les Indépendances ?) , il y a de bancs confortables en skaï pour patienter.

La ville de Tambacounda est très animée avec des marchés et de nombreuses motos et charrettes. Nous la quittons par une route bordée de caïlcédrats bien verts. Nous traversons ensuite une savane arborée très sèche. En saison humide,  le paysage doit être très différent.  Je devine les champs bien propres préparés pour les cultures. Il y a des chevaux et quelques termitières. Nous traversons aussi des forêts mais il est difficile d’identifier les arbres défeuillés, je ne vois plus de baobabs. Un camion jaune est chargé d’une pile d’une hauteur impressionnante de sacs blancs contenant de la paille.

les bananes de
les bananes de Gouloumbou

Gouloumbou est situé  près de la rivière Gambie. En raison de la proximité de la frontière gambienne mais aussi de la Guinée Conakry ils y a des contrôles de Gendarmerie et de Douanes. Ici, on cultive la banane.  Les femmes du marché se précipitent à la fenêtre pour nous en vendre. Elles sont vertes mais mûres. Pour 500f on en achète un bon kilo. Deux ponts métalliques enjambent la rivière Gambie, un vieux pour les piétons, et un plus neuf gardé par des militaires qui nous interdisent de photographier. La Gambie est assez large. C’est un endroit très vert. Un joli village avec des cases de chaumes, des manguiers et des anacardiers aux feuilles lisses et vertes. Sur la route il y a plus de charrettes que de véhicules à moteur, on croise quand même quelques taxis-brousse bien chargés. Arrivée de la modernité : les antennes de téléphone mobile.

A Manda, nous retrouvons les contrôles de douane  et de police. Il y a une grande gare routière. Sur la ville, nous assistons à une offensive du parpaing tandis que les villages gardent leur belle architecture traditionnelle de terre. La route est toute neuve, elle est surélevée, bien roulante. Nous croisons des camions portant des grumes de taille impressionnante, voyons des zébus aux petites cornes – des vaches ? –

Velingara est une vraie ville avec des hôtels, des restaurants plein de motos et de monde, des manguiers et des eucalyptus. C’est aussi la fin de la bonne route goudronnée. Nous roulons sur une piste dans la poussière rouge que les camions soulèvent devant nous. Mor a mis de la musique très agréable d’Oumar Penn ! je note le titre des chansons qui serviront d’accompagnement dans la vidéo.

A Kounkané nous retrouvons le goudron et deux voies. Des panneaux annoncent que la « Route N°6 est financée par le peuple américain » .

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Nous roulons depuis plus de 3 heures avec la piste cahotante. Nous devons nous détendre les jambes et le dos. Mor arrête la voiture devant la maison de la famille Diallo à l’entrée de Diabo le plus grand garçon se précipite il s’appelle Amadou et va au CM1

Diabo : mardi, mercredi, jeudi, marché des Femmes Braves, que nous ne verrons pas puisqu’on est lundi. Encore des contrôles de police à cause de la proximité de la Guinée Bissau. Les maisons sont encore couvertes de chaume, le village a gardé son style traditionnel mais elle possède une mosquée avec trois minarets. Un troupeau de chèvres en rang dispersé se déplace sur la route tandis que les chiens préfèrent rester à l’ombre sous la charrette à bras chargée de bois poussée par son maître.

Kolda : nous passons deux postes de police, les taxis-brousse sont contrôles, on nous laisse passer. Nous passons la Rivière Casamance. Les rizières sont à sec et servent de pâturages pour les bovins, des petites vaches. Le paysage devient de plus en plus verdoyant avec les anacardiers et les manguiers.

Vol de pélican sur la Casamance
Vol de pélican sur la Casamance232

Pont de Diaroumbé : un banc de pélicans se trouve au milieu. Nous admirons le spectacle des pélicans tournoyant dans les airs . Nous passons un check-point avec des militaires. A l’entrée de Diaroumbé encore un barrage de militaires casqué et en armes. Les troubles en Casamance sont terminés depuis longtemps mais il y a toujours une présence militaire visible et on ne circule pas de nuit.

La route de Tambacounda

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Amarante
Amarante

le matin à MBour

6h ; le muezzin m’a éveillée. Nous allons regretter notre case rouge au  plafond de paille, son ventilateur à trois pales, décoré de rouge avec des motifs d’avions (peinture artisanale ou collage d’un wax ?) Rideaux, couvre-lits sont du même tissu à dessins géométrique blancs sur fond rouge. Un grand batik rouge représente un enfant. La salle de bain est carrelée de rouge, même l’abattant des toilettes est rouge.

MBour, pirogues
MBour, pirogues

7h15 :  les oiseaux fêtent le lever du jour. Promenade sur la plage. De nombreux hommes font de la gymnastique pour entretenir une musculature impressionnante. Un vieil homme, assis sur un billot de bois, lit le Coran. Devant un café de plage, on brûle des déchets sur un petit feu où chauffe la bouilloire du thé. Des hommes courent. L’un d’eux, un peu rondouillard, essoufflé, s’arrête à mon niveau, me demande une photo « je suis lutteur » annonce-t-il fièrement. Après un cap, la plage change d’aspect, elle est couverte de belles pirogues, peintes de dessins colorés, certaines ornée de petits drapeaux français ou belges fichés sur la proue. Des chats traînent à la recherche des restes. Quatre hommes écorchent un oiseau marin comme si c’était un lapin. La plage, ici est jonchée de saletés, les égouts s’y déversent. Contraste avec la plage des hôtels, gardée par les vigiles.

La Gambie taxe de façon inconsidérée les véhicules sénégalais qui tentent de la traverser (17km).  Aujourd’hui, la frontière est fermée. L’itinéraire est donc modifié : nous ferons un grand détour pour la contourner, nous ferons étape à Tambacounda. Le départ est fixé à 10 heures.

Baobabs sur la route
Baobabs sur la route

La RN1, route vers le Mali est bondée de lourds camions le plus souvent maliens qui emportent la marchandise à Dakar, désenclavant ainsi le Mali qui ne dispose pas d’accès à la mer. Au mois de février, la campagne est sèche. Les diverses silhouettes des baobabs défeuillés font l’attraction du voyage. Dans les villages il y a partout de petits marchés ou des vendeuses de fruits : melons, oranges. Je remarque les vergers de manguiers mais c’est trop tôt dans la saison.

Fatick : deux aigrettes dans les salines
Fatick : deux aigrettes dans les salines

Après Fatik la RN1 n’est pas praticable, on s’engage dans un grand détour vers le nord jusqu’à Diakhao. On traverse des marais salants (le sel est vendu sur le bord de la route), ensuite de vastes étendues très plates grises, inondables. Des plantations d’eucalyptus y prospèrent. Des buissons bleutés leur succèdent avant de retrouver des baobabs et des graminées sèches. Les zébus en troupeaux sont nombreux ainsi que les ânes en liberté. Les villages sont composés de cases recouvertes de chaumes aux toits à 4 pans. Le plus souvent les concessions sont entourées de murs en paille tressée. Seules les petites mosquées sont construites en ciment. Le progrès et le ciment n’ont pas encore défiguré ces villages sous les baobabs. A Diakhao un écomusée est indiqué – fermé –  Un homme aiguise sa machette à une borne kilométrique.

Retour sur la RN1 à Kaolack où on voit une grande mosquée avec deux minarets. Nous déjeunons au restaurant Le brasero   tenu par un supporter de l’OM qui a décoré aux couleurs du club, mais les affiches les plus récentes sont de 1993. Le plat du jour : poulet yassa.

village et baobabs
village et baobabs

Sur les bords de la route nous voyons un grand tas d’écorces d’arachides. Arrêt-photo : quelques hommes et femmes attendent sur le bord de la route. Des chevaux et des chèvres sont à l’ombre des grands baobabs. Dès que j’approche j’entends « toubab ! »Une volée de petites filles sort de la palissade. L’une d’elle porte un très petit bébé « cadeau ! Bébé cadeau ! », Elle me tend le bébé pour que je le tienne dans mes bras. Je n’ai pas de cadeau à leur offrir, nous avons bien des peluches mais elles sont au fond du coffre de la voiture. Les petites filles m’escortent, suivies bientôt d’autres. Mor sort un billet de 500F et leur dit de partager. « il faut acheter des bonbons » dit-il.

Au village suivant, nous achetons pour 5000F un gros sac contenant de nombreux petits et deux gros sacs de sucettes.

La carte signale des monuments mégalithiques. Nous en trouvons dans un village. Les habitants sont tous d’accord pour dire que c’est très vieux mais je ne tirerai rien de plus précis. Mor commence la distribution des sucettes.

mégalithes
mégalithes

Sur la route un camion est en panne. La remorque est décrochée. On aligne le chargement en faisant un mur de sacs.

 

Arrivée vers 17h à Tambacounda à l’hôtel Le relais de Tamba ; il fait une chaleur écrasante frôlant les 40°C,  le voyage a été long, je n’ai qu’une envie : nager dans la piscine pour me rafraîchir. La chambre donne sur le patio de la piscine. Nous avons le confort moderne mais la déco est funèbre : de grandes draperies violettes, une chambre très sombre n’incite pas à la gaieté. On se croirait à la morgue. Nous nous installons dans le patio. On ne rentrera que pour dormir.

La piscine, indispensable au dessus de 40°C !
La piscine, indispensable au dessus de 40°C !

Joal – poissons – Fadiouth – île aux coquillages – pirogue au coucher de soleil

CARNET DE CASAMANCE

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la grande pêche

Traversant Mbour, Abou, nous explique que le M ne doit pas se prononcer mais qu’il n’est pas muet pour autant. Mbour avec ses 150 000 habitants est un grand port de pêche jumelé avec Concarneau. D’un urbanisme assez diffus, le centre-ville ancien se repère au caïlcédrats de chaque côté de la rue. Une foire et des marché ont envahi les bords de la route : tissus, canapés, étals alimentaires où l’on vend les produits locaux mais aussi d’importation : les clémentines viennent du Maroc, les pommes d’Europe.

La route passe par des stations balnéaires. Un grand complexe est fermé : crise économique, peur d’Ebola,  l’an passé a été catastrophique pour le tourisme.

 

Des palmiers très hauts et des baobabs dépassent des acacias dont il existe 2 sortes une espèce défeuillée aux branches rouges et une espèce qui garde ses feuilles en hiver.

En face de leur village de cases rondes,  des femmes vendent du lait caillé de zébu. Juste après, les zébus traversent la route. Leur robe est grise et leurs longues cornes sont effilées et recourbées.

Avant Joal, à Ngazobil, nous passons devant le séminaire où Senghor a étudié.

L’entrée de Joal est occupée par un marché local où on trouve de tout.

Le port de Joal

Cymbiums
Cymbiums

De nombreux camions frigorifiques attendent derrière la criée. La halle est vide, ce n’est pas l’heure et surtout les grosses pirogues ne sont pas sorties avec le mauvais temps. Sur la plage la « petite pêche » a rapporté des coquillages, on s’affaire autour des tas de Cymbium et de Murex. Les Cymbium, escargots de mer, sont gros comme des melons, leur chair grisâtre enveloppe la coquille. Ils sont découpés en grosses tranches qui sèchent au soleil et fermenteront plusieurs jours. Leur chair donnera du goût à la sauce. Abou les qualifie de « camembert sénégalais ». Les Murex sont décoquillés ; l’opercule est aussi récupéré, expédié à Dubaï il sera transformé en encens. Les monticules de coquilles serviront à faire de la chaux. Il faut faire attention dans la grande animation de ne pas se trouver sur le passage des dockers qui déchargent les coquillages de coquillage en courant la caisse sur la tête. Des femmes vendent des boissons, des arachides ou des beignets. Cette animation est plaisante.

murex avec son opercule
murex avec son opercule

Les grandes pirogues partiront ce soir pour la grande pêche.

Les fumeries de Joal

Une zone vaseuse sépare le port des fumeries. Pour gagner du terrain à bâtir en remblayant avec des ordures. Sur ces  infects polders de sacs en plastiques des maisons de parpaings se construisent déjà.

les fumeries de Joal
les fumeries de Joal

Plus loin, les fumeries, comme au port, pas de poisson, nous visitons les installations vides. Abou anime la visite en racontant la chaîne des travailleurs qui vient de cette activité. Les hommes déchargent le poisson qui n’a pas été vendu frais, surtout des harengs que les femmes rangent méthodiquement sur des grilles métalliques tendues au dessus des foyers de ciment. Les hommes après le déchargement deviennent les « bergers du feu » alimentant les foyers avec des fagots de branchages mais surtout de paille apportés par les paysans de la région. Les poissons ainsi fumés seront nettoyés par les femmes. Les femmes, payées à la bassine se font aider des enfants. On emballe la marchandise dans des cartons récupérés. Les harengs sont cuisinés avec des haricots. Les têtes de poisson sont pilées pour faire la provende des animaux, les zébus en raffolent. Les écailles servent d’engrais. On balaye soigneusement pour tamiser la poussière. Rien ne se perd. Cette activité qui semble traditionnelle n’a que 20 ans. Celui qui l’a initiée serait devenu millionnaire. Des centaines, peut être des milliers de gens vivent autour de ces fumeries.

Fadiouth, l’île au coquillages

la passerelle conduisant au cimetière de Fadiouth
la passerelle conduisant au cimetière de Fadiouth

La route de Fadiouth est barrée par une procession, les femmes devant, les hommes derrière. C’est donc un enterrement chrétien.  Chez les Musulmans les femmes restent à la maison. D’ailleurs, voici les hommes musulmans qui débouchent d’une autre rue pour présenter les condoléances. Fadiouth compte 90% de catholiques, 10% de musulmans, à Joal la proportion est inverse.

Tout les long de la visite de l’île aux coquillages, David, le guide local, répètera à l’envie, la tolérance et le vivre ensemble des deux communautés. A chaque fête les dignitaires musulmans sont invité à l’église et les chrétiens à la mosquée. Au cimetière de Fadiouth  ils sont réunis (dans des carrés séparés).

Nous avions déjà visité l’île par une matinée chaude et ensoleillée. Sous de gris nuages je renouvelle la visite. David raconte les coquillages, huitres, coques tandis que nous franchissons la passerelle qui relie l’île au continent. Seules les ambulances sont autorisées à y circuler. En dessous le courant électrique et l’eau approvisionnent l’île. De nombreux cochons pataugent sur les rives. Les truies en liberté sont suivies d’adorables porcelets roses, blanc ou tachetés. David explique longuement que ce sont les animaux des chrétiens, les musulmans ne les mangent pas « sauf les musulmans de gauche, tu m’as compris ?».Les rues sont tapissées de coquillages blancs, même les parpaings des maiosns contiennent une grande quantité de ces coques. La promenade serait très agréable sans l’insistance des vendeurs de souvenirs. Aujourd’hui je sui la seule acheteuse à l’horizon. Ils se donnent donc beaucoup de peine pour me convaincre d’acheter des assiettes en bois (j’en ai rapporté la dernière fois) des boîtes à bijoux en corne de zébu (jolie matière) ou des sculptures en ébène, bois bicolore, écorce claire cœur noir qu’on croirait verni. Le vendeur frotte avec un chiffon pour montrer le poli naturel. Il explique les profils de l’homme et de la femme qu’on peut disposer à sa manière….Je suis désolée de devoir me justifier de ne rien leur acheter, ils sont si gentils, mais cela va se reproduire tout le séjour.

les rue de coquillages
les rue de coquillages

L’église est très vaste avec sa couverture de tôle en pyramide, les bancs forment une sorte d’amphithéâtre (comme à la cathédrale de Créteil). L’île cimetière est reliée par une passerelle. Sa montagne de coquillage est surmontée d’une grande croix (lumineuse la nuit). Les baobabs du cimetière se détachent sur les coquillages. Des greniers à pilotis se trouvent sur l’autre rive.

Baobab du cimetière de Fadiouth
Baobab du cimetière de Fadiouth

Nous retrouvons Dominique dans la pirogue de Philippe, belle pirogue monoxyle de caïlcédrats qui vient de Guinée-Bissau. Le reconstitution de la mangrove est une protection du littoral contre l’érosion qui s’aggrave avec le réchauffement climatique. On nous montre les petites pousses de palétuviers plantées il y a juste  jours. Quel plaisir de côtoyer les oiseaux ! Un héron blanc d’une taille exceptionnelle, farouche s’envole avant qu’on ne puisse l’approcher. Un martin-pêcheur zèbre les feuillages de son éclat métallique bleu. Les hérons noirs sont très élégants. Bécasseaux et courlis se réunissent sur de minuscules îlots. Moins rares, les mouettes, sternes et goélands sont partout. « Ne gaspillez pas les batteries, vous les verrez de beaucoup plus près au reposoir ! » nous conseille David.

Le reposoir aux oiseaux
Le reposoir aux oiseaux

A la tombée de la nuit, des îlots de palétuviers deviennent des dortoirs peuplés d’espèces variées. Les pélicans sont les plus amusants avec leurs becs qu’ils déploient pointe en l’air d’un mouvement synchronisé. Aigrettes blanches, hérons noirs cohabitent avec eux. Des vols d’oiseaux se succèdent rasant l’île. Des centaines de mouettes ou de sternes. Spectacle fascinant que de suivre les groupent qui volent tous dans la même direction.

Le soir tombe. La grande mosquée avec deux minarets ouvragés comme de la dentelle se détachent à la pointe de Fadiouth. Les maisons basses en ciment sont hérissées d’antennes. Depuis qu’on a construit la passerelle eau et électricité arrivent dans l’île mais ils ne sont pas à la portée de tous. Les plus pauvres ne sont pas raccordés au réseau. Le ciel rosit encore, il se reflète dans l’eau calme. Nous le tenons, notre coucher de soleil.

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Au restaurant  Finio, Abou montre des photos spectaculaires d’un très beau coucher de soleil au reposoir. Mais les pélicans étaient absents !

Pour dîner : une très belle sole accompagnée d’une sauce verte à l’ail et au fines herbes. Pour dessert, une banane flambée.

Retour,

 

30Km dans la nuit noire à petite vitesse. Abou connait les traquenards, nids de poule ou ralentisseurs qu’il anticipe. En revanche les charrettes à ânes sont invisibles, on ne les découvre qu’au dernier moment.

Premier matin à MBour : Hôtel NDaali

CARNET DE CASAMANCE

couleurs sénégalaises
couleurs sénégalaises

7h19, les oiseaux ont couvert la rumeur des vagues qui m’avait bercée. Ma première visite est à la plage mais la fraîcheur m’a surprise. La mer est étale, vert opaline. Des hommes courent, survêtement chaussures de sport, d’’autres font des pompes et de la musculation. Je marche dans l’eau tiède. De grandes pirogues sont posées sur le sable.

L’hôtel N’daali est très coloré. De hautes cases rondes crépies de rouge-latérite, sont nichées dans une végétation luxuriante, mélange du rose-fuchsia des bougainvillées, du bleu des plumbagos, vert des grosses feuilles vernissées, orange d’inflorescences d’un arbre qui ressemble à un flamboyant, . les allées cimentées sont peintes de motifs ronds multicolores entre des places de coquillages entiers ou brisé d’une blancheur éclatante. Sur les murs de la paillote-restaurant, un damier à cases jaunes et brunes. Les plafonds sont doublés de rouleaux de paille en fins boudins luisants se prêtant à toutes sortes de décors. L’auvent est soutenu par des branches noueuses lisses et brillantes où sont suspendues des calebasses et des vanneries. Fauteuils, chaises et tables sont habillés de wax à dominante orange, motifs géométriques orange et noirs, masques et chasseurs stylisés noirs sur orange, damiers bordeaux-orange. La variété des couleurs et des motifs des wax africains me fascinent. De grands batiks et des statuettes de bois complètent la décoration.

Ndaali est construit en bordure de plage, on traverse deux terrasses ombragées, l’une avec tables et fauteuils, l’autre avec des lits de plages.

la terrasse
la terrasse

Au petit déjeuner – thé ou café – la baguette est cachée dans un panier profond au couvercle en forme de couvercle de tagine. La confiture de bissap n’est pas rouge comme je l’imaginais mais sombre comme la gelée de cassis dont elle a l’acidité et un peu le goût.

Pour aller à la banque je dois dépasser le » carrefour avec la route des charrettes « et dépasser l’hôpital où je trouve des petits se déplaçant en groupe portant des seaux de plastique comme des pots de margarine ou de mayonnaise. Une dame à qui j’ai demandé mon chemin me dit :

« Ce sont des mendiants, ils quémandent la charité »

«  la charité », mot qu’on n’emploie plus guère chez vous. Ces petits talibés sont si nombreux, ils ne s’approchent pas de mi, on ne les voit pas sur la plage non plus.

La plage est gardé par des vigiles en uniforme noir, ceinturon militaire, brodequins. Ni militaires, ni policiers, ils ont été engagés par la municipalité de Mbour. Nous avions vu les mêmes vigiles à la Somone autour des  grand hôtels-clubs, leur présence m’avait choquée. Elle s’étend maintenant aux petits hôtels comme N’Daali et Africa Blue où nous avions séjourné. La plage me paraît beaucoup plus propre qu’à notre premier passage (alors c’était dimanche, elle était plus fréquentée).

Abou, le Tour-Operator qui a conçu notre circuit, vient nous rendre visite. Il m’emmène à la Librairie Claire Afrique à Mbour pour chercher le livre de Mariama Bâ indisponible en France. Il est également épuisé au Sénégal. Le libraire, très sympathique me conseille autre autres bouquins. Conversation aimable : « Nous valorisons trop l’oral et pas assez l’écrit », se plaint-il. Il vend surtout des manuels scolaires et des classiques pour les lycéens. Il reconnaît l’effet bénéfique de la loi Lang sur les éditions francophone. Pour ma part, je lui promets de faire connaître les trois livres sur Babélio et Facebook.

retour de la pêche en face de l'hôtel
retour de la pêche en face de l’hôtel

Retour 11h30 sur la plage où des pirogues colorées abordent face aux hôtels. Des enfants aident les pêcheurs à tirer leurs filets. Je filme la scène et dessine les enfants souples et fins qui courent partout, font des démonstrations de roue et de roulades. Au milieu de l’eau l’un d’eux danse au son des tambours.

Déjeuner à l’hôtel N’Daali où nous sommes en demi-pension : crevettes sautées à l’ail et au basilic ou crevettes en beignets puis brochette de lotte ou thioff. Le thioff(mérou blanc) est un poisson allongé un  peu sec. Les plats sont servis avec des petits légumes : courgettes, carottes et haricots succulents.

L’écharpe des jumelles – Mamadou Samb

FESTIVAL SÉNÉGALAIS

DT Bénin 2009 332GAND POPO - Copie

Merci au libraire de La  Librairie Claire Afrique de MBour, qui m’a recommandé ce livre.

C’est exactement le roman qu’il fallait pour un circuit en Casamance!  Nous sommes passées à Kolda où se déroule une partie du livre, à Ziguinchor et nous avons pris le ferry pour rentrer à Dakar. Heureusement le nouveau ferry Aline Sitoé Diatta.

C’est l’histoire du naufrage du Joola (2002) qui a fait près de 2000 victimes. C’est aussi l’histoire tragique des jumelles peulh Awa et Adama. Elle commence comme un roman d’amour. Un jeune vétérinaire de la ville débarque pour soigner le bétail du village, inexpérimenté, les vaches le ridiculisent, Adama lui explique comment s’y prendre, pour la remercier, il lui offre l’écharpe qui donnera le titre du roman.

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Mais l’amour ne fait pas partie du quotidien des adolescentes du village. Elles sont promise au mariage très jeunes. Mariages précoces et forcés, polygamie, les jeunes filles n’ont pas leur mot à dire. Leur seule richesse, leur virginité. Et si elles la perdent c’est toute la famille qui est couverte de honte, la mère en mourrait…On fait moins cas de l’avis de la jeune fille que des génisses que le promis apportera. L’histoire est  un réquisitoire contre ces traditions misogynes.

C’est aussi un document racontant les fêtes de circoncision, de mariage, la vie au village… et cela m’a beaucoup intéressé.

En revanche, l’analyse psychologique est trop manichéiste, les bons, les jeunes filles, les personnages éduqués, médecins, vétérinaire, sage-femme, les mauvais (très mauvais) les hommes qui profitent des jeunes filles, la tante qui poursuit Awa pendant des décennies..

MLomp – Fromagers géants, la case à étage de Martine

CARNET DE CASAMANCE

 

un fromager de Mlomp
un fromager de Mlomp

Mlomp éloigné une  dizaine de km d’Oussouye – traversons la campagne par plusieurs villages cachés dans la forêt. On croise des écoliers, dépasse une école, un poste de santé.

Mlomp est un village diffus.  Nous avons à peine dépassé le panneau de signalisation routière que nous retournons dans la campagne. Mor s’arrête au pied de fromagers géants, où  Gilbert, le guide local, tout de vert vêtu, nous attendait. Il présente la grande place royale. Un triangle n’a pas été ni balayé ni défriché: l’emplacement royal, intouché, donc plein de mauvaises herbes  entoure le fétiche royal. Les trois fromagers sont considérés comme sacrés.

Leurs racines sont d’une taille considérable, pan vertical de plus de deux mètres, pour la plus haute. On coupe les racines des fromagers pour faire des portes, des volets ou des cercueils sans porter préjudice à l’arbre qui cicatrise, et se régénère. Mais on ne touche pas aux trois fromagers sacrés. Du tronc, on peut faire des pirogues. Les fromagers qui dépassent les autres arbres de la forêt, sont des repères pour les voyageurs qui seraient perdus. Les fromagers sont des arbres plantés par les villageois.  Un fromager signale un village. Le nom de fromager ne fait nullement référence à un fromage quelconque. Le fromager est un kapokier, son fruit fournit le kapok qui garnit les oreillers. Son nom dérive de l’expression « l’arbre à la forme âgée ». Les arbres séculaires ont 4 ou 5 siècles. Jeune, le  tronc est recouvert d’épines qui protègent le jeune plant. Ces dernières disparaissent à la maturité de l’arbre et reviennent sur les racines des vieux arbres (la forme âgée).

naissances au pied du fromager
naissances au pied du fromager

Une truie a mis bas dans le labyrinthe des racines, les porcelets roses ou tachetés ne tiennent pas sur leurs pattes. Je m’approche avec précaution pour la photo, parce que j’ai peur des réactions de la mère « elle va te gronder ». La place sert de lieu d’assemblée pour les hommes et d’arène pour les lutteurs.

La case à étage de maman Martine

la case à étage de Martine
la case à étage de Martine

Martine a près de 100 ans, elle a perdu la vue mais continue à monter son escalier pour rejoindre sa chambre à l’étage. Comme elle ne veut pas rester les bras croisés, il lui arrive de balayer sa cour plantée de beaux manguiers. Son mari, Etienne, a combattu pour la France pendant la seconde Guerre mondiale. C’est de cette guerre que datent les escaliers de la case à étage. Avant les Diolas ne connaissaient pas les escaliers. Leurs échelles étaient des perches à encoches (les mêmes que celles que nous avions vues chez les Tatas Sombas au Bénin). S’il y avait une guerre entre les villages, les femmes et enfants se réfugiaient à l’étage et n retirait les échelles. La case est construite en banco, la charpente en rônier. Les piquets de palétuviers soutiennent la dalle de l’étage. Toute les maisons sont bâties sans fondations ni coffrage, elles ont un ennemi implacable : les termites qui magnet le bois et creusent la terre. On cimente les endroits fragilisés, on remplace les traverses mais il n’y a rien à faire.

le grenier à riz
le grenier à riz

Ici aussi  le riz est stocké en gerbes qui se conservent des années mais les diolas achètent aussi du riz importé. Dans les héritages, le riz est la part de la femme, les hommes, la terre.

Une case à impluvium est aménagée en petit musée de la culture diola. On y expose des armes anciennes, lances, vieux tromblons, arcs et flèches, boucliers en écaille de tortues, en ventre de rhinocéros, utilisées dans les guerres entre les villages. Plusieurs fétiches sont conservés. Intéressant, le fétiche-confesseur : celui qui a commis une faute apporte du riz et se confesse, il y a aussi des crânes de porc et un  curieux instrument pour entraver les prisonniers qui étaient parfois sacrifiés. Il y a aussi un fétiche contre les voleurs. Si on trouvait un objet dont on ne connaissait pas le propriétaire on  pouvait l’y déposer. En revanche, s’il se l’appropriait le voleur subirait des catastrophes en punition. Il y a également un fétiche contre la stérilité. Comme Conakry, Gilbert  nus parle de la tradition du Cagnalen, il montre une calebasse ornée de perles multicolores, rouge, jaunes vertes que les femmes prises en charge dans le rituel devaient porter sur la tête et s’en servir de bol pour la nourriture, forcée d’ingérer même les saletés qui pouvaient tomber dedans.

Selon Gilbert, la case à impluvium n’est pas un moyen pour recueillir l’eau de pluie mais plutôt une forteresse imprenable en cas de guerre entre les villages. Femmes et enfants pouvaient s’y retrancher pendant que les hommes guerroyaient. On pouvait y cuisiner sans sortir, recueillir l’eau de pluie, s’y regrouper. J’ai demandé à Gilbert les causes de ces guerres cruelles où l’on prenait des otages. Sa réponse :

« les Diolas sont généreux, ils donnent tout ce qu’ils ont mais il ne faut pas toucher 1cm de leurs terres ».

Gilbert nous promène dans le village pour admirer des fromagers curieux : les deux qui ont mêlés lerus racines, les trois qui proviennent d’un même tronc formant un mur vertical d’où s’échappent les trois fûts.

Les femmes préparent une fête afin de lever des fonds pour la coopérative agricole. La fête n’a pas encore commencer mais de la musique sort de baffles XXL. On a abattu des animaux et les vautours planent.