Bords de Rance et Malouinière

CARNET DU MONT SAINT MICHEL ET SAINT MALO

 

la Rance vue du parc du Chateau de Montmarin

Nous passons le barrage sur la Rance, et trouvons une plage à Le Minihic bien calme, un peu verdie par les ulves,  A la recherche  d’un coin pique-nique digne du menu : langoustines, avocat et gâteaux. Trois gamins jouent au rugby après le match, arrivent des véliplanchistes qui ont bien du mal à porter leur voile dans le vent jusqu’à l’eau.

sentier au bord de la Rance

De la plage du Goret, part le sentier côtier « domaine du piéton » qui monte à couvert sous des châtaigniers, des chênes et des frênes. Il est très bien entretenu, abrité par cette voûte d’arbres automnaux, le sol est jonché de feuilles ce qui demande une vigilance accrue. Il est peut être piégé par des racines cachées ? Le chemin en balcon ne reste jamais à niveau, des marches ont été pratiquées soutenues par des rondins, dès qu’on s’approche de l’eau, il faut remonter. Les promeneurs sont assez nombreux mais pas trop. . Cette promenade est délicieuse.  La Rance ressemble un  peu aux abers du Finistère-nord en plus doux et plus civilisé

Après les deux Pointes du Crapaud et du Thon, je descends à la cale sèche où autrefois on construisait des bateaux de bois, bisquines et gabares ou doris. Je découvre un restaurant chic à la cale de Jouvente, une Ferrari bleue est même garée devant. Bleue ? Cela n’a pas d’allure, une Ferrari doit être rouge ! Je retrouve D. à l’Anse du Mont Marin, jolie crique barrée par une construction en ruine : l’ancien moulin à marée et dominée par le château de Mont Marin.

Malouinière

malouinière architecture classique

Le château de Mont Marin est une Malouinière, gentilhommière construite par les armateurs de Saint Malo(1760). Le parc, tout à fait remarquable,se visite.

(6€) ouvert jusqu’au 31 Octobre.

La cour d’honneur est ornée d’un bassin de marbre blanc de Carrare aux sculptures originales. La façade est classique (Louis XV). Le parc comporte deux parties : un jardin « à la française » sur les terrasses, inchangé depuis le XVIIIème siècle, et un parc à l’anglaise créé vers 1885. Les hortensias, agapanthes dont s’enorgueillit le parc sont défleuris fin octobre mais les tapis de cyclamens roses à la base des grands arbres sont tout à fait merveilleux.  On descend par des pelouses jusqu’à la Rance.

tapis de cyclamen

Traversée de la baie du Mont Saint Michel au rocher Tomblaine

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

 

en passant par les prés salés, traversée d'un canyon glissant


8h15, enfin la confirmation de l’heure du départ avec le guide!

9h17 : lever de soleil éblouissant (malgré des prévisions médiocres), départ pour le Mont Saint Michel. Le GPS annonce 45km et 47 minutes. Le rendez vous est à 9h45, nous sommes déjà très en retard, la route longe la mer puis oblique vers la voie rapide à la hauteur de Dol de Bretagne,  jusqu’à Pontorson, ensuite on se traine dans les chantiers et les feux. Le guide m’attendra-t-il ?

9h52, les autres randonneurs sont en train de payer, j’ai préparé mes 12€, me voici prête.

Deux écoles dans le groupe : les pieds nus et les bottés. Je suis pieds nus. Dès la sortie du parking,  il faut maîtriser la glissade sur la tangue grise .  On traverse les prés salés. Les salicornes roses, les immortelles et les plantes halophytes ne sont pas trop dures sous nos pieds. Le pré est haché de petites rigoles, canyons qu’il faut traverser d’un bond. Pieds nus, c’est plus difficile de prendre son élan, et je crains l’atterrissage en terrain inconnu.

Cancale vu du sommet du rocher Tomblaine

Heureusement on rejoint la vase rapidement. Sur les bords de petites lamelles se détachent. Chaque marée laisse une feuille dans la mille-feuille varvé. Souvenirs de sédimentologie !  Des pelures se détachent en petits galets plats.

Cap sur le Rocher Tomblaine, à travers des étendues humides mais pas trop glissantes. Le guide rassemble le groupe pour nous raconter la Baie:

Les règles de sécurités tout d’abord.

Trois dangers guettent les imprudents : la marée, les sables mouvants et les lâchers du barrage destinés à chasser le sable autour du Mont. Il est donc très dangereux d’entreprendre seul la traversée,  D’autant plus que la rivière le Couesnon change son lit très fréquemment et que les itinéraires doivent sans cesse s’adapter.

Les sables mouvants sont traîtres dans le lit de la rivière, la noyade est presque inévitable alors. Le guide veut nous montrer ces sables mouvants : une lame de sable recouvre une poche d’eau. Sous le piétinement du groupe,  le sol se modifie, se liquéfie, on s’enfonce. Pour s’en sortir il faut faire des ronds de jambes ( ?) poser genou à terre  et même s’allonger pour répartir le poids et sortir ses jambes.

Ainsi  édifiés, nous formons un groupe discipliné qui attendra la permission pour traverser un cours d’eau et qui ne se dispersera pas.

sur la tangue

Les oiseaux sont peu nombreux. Quelques goélands se reposent. Au loin la tache rose du flamant échappé du zoo de Jersey qui s’est installé dans la baie. Une dame demande s’il y a encore des phoques. Une trentaine, ils se reposent parfois sur le banc de sable blanc qu’on voit au loin. Pour les observer il faut faire du kayak de mer.

11h30,  à la base du rocher de Tomblaine.

Moins haut que le Mont Saint Michel, il fut autrefois habité, par des moines de l’abbaye et même occupé par les Anglais au cours de la Guerre de Cent Ans, qui, chaque jour, à marée basse ils lançaient une expédition contre le Mont Saint Michel  imprenable, sauvé par la marée haute qui faisait fuir les assaillants.

L’ascension est délicate pour les pieds nus sur les rochers de granite rose d’abord puis sur un sentier tracé dans les ronces et les épines. La récompense au sommet est une vue étendue jusqu’à Cancale, les rubans de différentes couleurs font comme de la moire.

Le Rocher Tomblaine devrait son nom à une légende datant de Guillaume le Conquérant. Hélène et Simon de Montgomery s’aimaient. Leurs familles étant ennemies, ils se retrouvaient sur le rocher. Simon accompagna Guillaume en Angleterre mais périt à la bataille de Hastings. Hélène allait fidèlement l’attendre sur le rocher quand elle vit une procession passer de retour d’Angleterre. Là un soldat lui apprit la mort de son bienaimé. Hélène retourna sur le rocher et se jeta du sommet. On l’enterra sur place et on appela le Rocher la Tombe d’Hélène.

Retour direct sur le Mont

12h, retour  par le chemin le plus direct droit sur le Mont. On traversera à deux reprises le Couesnon et il faudra quitter les bottes et remonter le plus haut possible les pantalons. Six heures après la marée basse le barrage sur le Couesnon relâche l’eau emmagasinée à marée basse, les quantités déversées dépendent du coefficient de marée. Nous passons « en Bretagne » puis retournerons  «  en Normandie » puisque le petit fleuve est censé délimiter les deux provinces. Le Mont est Normand et porte les couleurs Normandes avec les deux lions jaunes sur fond rouge. Entre deux gués, nous affrontons une petite « tempête de sable » que j’essaie de filmer.

ripple-marks, plus loin le Couesnon

Le chantier

Le guide  sculpte dans le sable une maquette des travaux entrepris pour rendre le Mont à la mer et en faire une île en cassant la digue et en déplaçant les parkings. Une nouvelle digue se terminerait par une passerelle sous laquelle l’eau de la marée pourrait encercler le Mont.  Le courant, ainsi libéré, aurait pour effet de chasser le sable accumulé plus loin. Le déplacement des parkings à plus d’un kilomètre du Mont serait aussi du meilleur effet. Mais le guide est sceptique sur l’aspect écologique de l’opération. Une gare TGV serait à l’étude mettant le Mont saint Michel en liaison directe avec Paris. On espère doubler ainsi le nombre de touristes.

Bien mouillée, je me rechausse à la base des remparts du Mont. Le ciel s’est couvert. Nous piqueniquons au même endroit que vendredi sur le polder sous les premières gouttes de pluie. Pâté aux châtaignes, andouille de Vire et babybel.

Pour de très belles photos, aller voir le blog d’Aifelle que je remercie encore de m’avoir donné le lien pour le guide de la traversée.

la route de la Baie

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Nous rentrons par le chemin des écoliers, traversons Pontorson avec ses belles maisons de pierre. Ses commerces sont fermés à 14heures.

La Route de la Baie  serpente  dans les polders cultivés de maïs et où les moutons de prés-salés paissent.

télégraphe de Chappe

Détour par Saint Marcan pour aller voir le Télégraphe de Chappe. La route s’élève dans la colline recouverte de bocage, prés et haies font une campagne pittoresque et charmante. Le télégraphe de Chappe surmonte de petits bâtiments de granite, joli groupe de maisons près d’un bouquet de chêne au sommet de la colline. La vue est très étendue, sûrement on pouvait voir de loin les signaux. Un petit musée dédié au télégraphe est fermé ainsi que la crêperie-bar « Au Télégraphe ». Dommage. Ces petites visites m’enchantent.

Un écriteau annonce la Chapelle Sainte Anne, haute chapelle de granite près de deux étangs au bord de la Digue de la Duchesse Anne. C’est à Anne de Bretagne qu’on doit les premières digues créant le polder. Le chemin de randonnée longe la digue : c’est une très belle promenade en bord de mer ; malheureusement il pleut à verse. Sans la randonnée de ce matin j’aurais sans doute sorti la cape de pluie mais j’ai été assez mouillée pour aujourd’hui !

Féval : La Fée des Grèves
–  » On va de Cherrueix au Mont-Saint-Michel à travers les tangues,les lises
et les paumelles1, coupées d’innombrables cours d’eau qui rayent
l’étendue des grèves ; on y va des Quatre-Salines et de Pontorson : ceci
pour la Bretagne. »….

moulins du Vivier

Le bord de mer est bordé de jolies maisons de pierres des villages de Cherrueix et de Hirel, bien sûr touristiques mais de belles constructions traditionnelles et aussi des moulins à vent de pierre ronds au toit pointu en poivrière couvert d’ardoise. On achète des moules à Saint Benoit des Ondes.

Dinan

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la Rance et le port de Dinan


Dinan est une jolie ville dominant la Rance qui est maintenant un petit cours d’eau tranquille, enjambée par un tout petit pont de pierre arrondi au port, et par un très haut viaduc aux arches étroites à la hauteur de la ville.

Chateaubriand la présente mieux que moi:

Dinan orné de vieux arbres, remparé de vieille tours, est bâti dans un site pittoresque, sur une haute colline au pied de laquelle coule la Rance que remonte la mer ; il domine des vallées à pentes agréablement boisées.

Le propriétaire du gîte  a conseillé de garer la voiture au port. Ayant peur de la côte, nous suivons les panneaux Parking Ville Historique.

La place Saint Sauveur est bordée d’arbres taillés, face  à l’église Saint Sauveur une belle maison aux volets bleus et un clocher recouvert d’ardoises, des boutiques anciennes l’une d’un graveur, l’autre d’une librairie de livres anciens. Le porche de l’église saint Sauveur est roman, de grès clair, très usé par le temps il garde des colonnes posées sur des lions (nous les avons vus à Ferrare). L’intérieur de l’église est composite : un côté est roman tandis que de hautes arcades gothiques soutiennent le plafond. Les vitraux sont modernes, très lumineux et très colorés. Bien sûr, ils n’ont pas le charme de ceux du XIIème, mais ils sont  historiés et racontent la Bretagne : Anne de Bretagne, Duguesclin.. Ils ne dénotent pas dans cette église composite.

le maisons à pan dde bois de la ville haute

Les rues de la ville haute sont aux noms des corporations : place des merciers, des poissonniers, de la Laine… les maisons à pans de bois abritent des boutiques touristiques, biscuits bretons, faïences de Quimper, vêtements de marins, tourisme de bon aloi et de bon goût. Autour de l’église Saint Malo ce sont les restaurants crêperies et fast-food, on peut même trouver du fish and chips britannique.

Sur le parvis de l’église Saint Malo, un homme s’étale, ses santiags ferrées ont-elles glissé sur le granite rendu glissant par les premières gouttes de pluie ou a-t-il une démarche embrumée ? Dans l’église, une femme plantée devant la statue de la Vierge,invective la Madone avec véhémence. Dans son discours incohérent,  elle parle d’un certain André, celui qui s’est étalé ?

Anne de Bretagne

Anne de Bretagne a posé la première pierre  de l’église dont le toit n’ été ouvert de pierres  qu’au 19ème siècle. Là aussi, les vitraux datent du 20ème siècle, sont  moins originaux et moins colorés qu’à Saint Sauveur. Cette vaste église n’est pas des plus passionnantes.

Rue du Jerzual

Sur le conseil du guide Gallimard nous descendons la rue du Jerzual aux pavés inégaux et aux maisons anciennes, maisons à colombages et maisons de pierres, jardins et vergers de pommiers, la rue tourne, les maisons sont de guingois, des artistes travaillent dans les galeries et les ateliers. La maison du potier est très fleurie ses productions sont amusantes : théières ou soupières en citrouille avec des escargots qui grimpent, énorme théière-luminaire aux fenêtres de contes de fées, Hansel et Gretel avec les petites fenêtres, les personnages ont une esthétique un peu convenue mais la vitrine est charmante. Des bronzes filiformes dans une autre galerie, des danseuses de bois  ou de bronze. Des bijoux, des sacs à main en fermetures-éclairs, rien d’exceptionnel mais une animation sympathique.  La rue passe sous la Porte de Jerzual, une grosse tour percée d’une arche gothique, et continue hors les murs, encore plus pentue, plus agreste mais avec quelques très belles maisons dont une qui a à l’étage des greniers de bois à clairevoie très originaux et un toit avec des tourelles pointues.  J’arrive au port où sont amarrés des bateaux de plaisance. C’est là que nous piqueniquons en face des remparts et le viaduc.

porte du Jerzual

L’après midi est ensoleillée, contredisant les prédictions  météo. Je tente un tour des remparts, malheureusement incomplet. J’apprends le vocabulaire militaire : courtine (mur reliant deux bastions), escarpe, contrescarpe, mots charmants recouvrant une réalité moins joyeuse.

Sur le GR 34 : de l’Anse du Guesclin au havre de Lupin

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sur le sentier côtier

Quelques gouttes, un bel arc-en-ciel sur la mer. Sous ma cape verte? je trouve le sentier côtier à l’extrémité de l’anse Du Guesclin. Il s’élève sur la falaise, protégé par une haie de pruneliers dans lesquels on a pratiqué une entaille. Les prunelles  à terre, sont ridées. Peut être sont elles comestibles ? J’en goûte une puis deux, une gelée leur aurait fait perdre l’âpreté. On pourrait les cueillir et faire de la compote.

Les nuages se dispersent, la mer est bleue.  Après la pluie, la terre est glissante dans les descentes, aujourd’hui je préfère le côtes. D’ailleurs, je ne fais que cela monter et descendre. Les prunelliers sont remplacés par des ajoncs fleuris. Trois quarts d’heure plus tard, sur une belle plage, une famille construit un château de sable. Un escalier de bois permet de remonter sur la colline et immédiatement  je trouve une deuxième anse de sable d’or. La pointe de Meinga s’avance dans la mer,couverte de fougères brunies et d’ajoncs. A la pointe je découvre de nombreux rochers, îlots, îlets et une très belle plage de plus d’un kilomètre et demi  qui forme un tombolo jusqu’à l’Ile Besnard. Je retire mes grosses chaussures et marche pieds nus dans le sable mouillé.

A l’abri des rochers de l’Ile Besnard,  nous trouvons un coin ensoleillé à l’abri du vent pour un pique-nique de luxe : les meilleures langoustines des vacances, achetées à la plage de la Houle à Cancale,  et des crevettes sous l’œil d’un goéland pas du tout farouche qui préfère les têtes de langoustines à celles des crevettes qu’il dédaigne. Pour dessert des palmiers à la framboise.

marée basse

Après déjeuner je fais le tour de l’île.  La baie, le Havre de Lupin, est découvert à marée basse, de nombreux pêcheurs à pieds fouillent le sable, le ratissent, ou pêchent les crevettes.

les rochers sculptés de l’abbé Fouré à Rotheneuf

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Entrée du site à côté d’un  restaurant classieux, cher,  jardins modernes dans des jardinières de bois brut.

Le site est  escarpé, pour l’heure peuplé avec de gens bruyants qui escaladent les figures de granite qui couvrent la pente.

On reconnait une sorte de monstre qui ressemble à une lotte, des hommes chapeautés des femmes potelées aux membres courts. Amusante imitation des bas reliefs khmers : un homme tire les cheveux à une femme, cela nous n’avons vu à Angkor, ce que nous n’avons pas vu c’est qu’il donne un coup de pied aux fesses de la femme, à côte une pagode et des palmiers.

le Musée Historique du chateau de Saint Malo

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Le Musée de Saint Malo se trouve au château.

Une tour est consacrée aux corsaires et à la marine : on voit les outils des ouvriers de voilerie, avec une paumelle qui sert de dé et protège la main de l’ouvrier. Outils des charpentiers et des menuisiers, avec de très belles figures de proue.

Dans la présentation de  la pêche à la morue sur les bancs de Terre Neuve, des maquettes de Terre-neuvas à voile et à moteur, hameçons pour les morues mais aussi pour pêcher les appâts… on voit aussi la maquette de la cale-sèche  de la Rance que j’avais vu sur le sentier allant de Le Minihic à la Richardais.

Les peintures du XXème siècle sont de qualité : Othon Friez, La Priseuse de François Millet, un grand tableau pointilliste de Signac., De grand tableaux consacrés à Charcot et  aux expéditions polaires du Pourquoi Pas n’ont aucune prétention artistique mais sont documentaires.

La grosse tour  raconte l’histoire de Saint Malo. Une salle présente des objets ecclésiastiques et un portrait de Lamennais. Au dessus, la salle XIXème siècle est consacrée à Chateaubriand et Surcouf qui étaient contemporains.  Au deuxième niveau XVII et XVIIIème siècle, le temps où les Malouins régnaient sur les mers avec la figure emblématique : Duguet- Trouin.

Au sommet de la tour, un grand tableau du début du XXème montre l’entrée d’Anne de Bretagne à Cancale : Hénin et à cheval. Pas de prétention artistique, du documentaire.

Visites de l’abbaye du Mont saint Michel et du scriptorial d’Avranches

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

diagonale!


L es grandes marées ont inondé les prés salés . Pourrons nous accéder au Mont saint Michel?  Dans la brume, sa silhouette se détache sur l’eau.   Les parkings sont inaccessibles. La file des voitures fait demi-tour.

Extraordinaire! il n’y a presque pas de touristes. Je monte,  ravie d’éviter les marchands du temple,  les magasins viennent juste d’ouvrir,. La rue pavée escarpée se termine par des marches jusqu’à l’abbaye.

9€ (gratuit avec le Pass Education que j’ai oublié) +4.5€ l’audio-guide.

nef et choeur

Saint Michel, archange très puissant, était  vénéré dans le Gargano (Pouilles). Le premier sanctuaire, sur le rocher normand, avait une forme ronde imitant la grotte de MonteSantAngelo dont on a rapporté des reliques. Le pèlerinage, très populaire, fut effectué par de nombreux souverains de Normandie et de France.

le Mont Saint Michel, normand mais à la limite de la Bretagne, avait donc une grande  importance stratégique. Pris par le Bretons, repris par les ducs de Normandie,  assiégé par les Anglais pendant la Guerre de Cent ans.

Une terrasse sert de parvis. La  vue est magnifique. Le fronton de l’église est classique(1760),   un incendie ayant détruit le porche original, plusieurs travées se sont écroulées. L’église  est très vaste nef romane ( 17m) et chœur gothique flamboyant (25m). Qu’on ait perché une église si grande et si haute au sommet d’un rocher est déjà extraordinaire. Qu’on ait apporté autant de pierre est aussi un exploit : elle venait par mer de Chausey.  Les architectes médiévaux ont su alléger la masse par des baies qui rendent l’église très lumineuse, par un plafond de bois. Ils ont aussi élargi la base du monument  par des cryptes que nous verrons plus tard.

cloitre

Le cloître,  entouré d’une double rangée de colonnes très fines rouges en pierre anglaise, semble suspendu. De là, on entre dans le grand réfectoire des moines, lui aussi très lumineux,  éclairé des baies comme des fentes verticales entre des rangées de colonnes, invisibles de l’entrée. Allégé par un plafond voûté de bois.

Juste en dessous se trouve la salle des chevaliers chauffée par trois cheminées où mangeaient et festoyaient les pèlerins et grand seigneurs. Des cryptes soutiennent la nef : la salle des gros piliers est juste en dessous du chœur. J’admire encore l’adresse des bâtisseurs qui ont construit des piliers et des nervures qui correspondent  à celles de l’étage plus haut.

Féval dans la Fée des Grèves décrit mieux que moi l’abbaye:

– « Au-dessus de la salle des chevaliers, le cloître.
L’Aire de Plomb, comme on l’appelait, parce que la cour, comprise entre
les quatre galeries, était recouverte en plomb, pour protéger la voûte de
la salle inférieure.
À mesure qu’on montait, le roman disparaissait pour faire place au gothique,
car l’histoire architecturale du Mont-Saint-Michel a ses pages en
ordre, dont les feuillets se déroulent suivant l’exactitude chronologique.
Le soleil de midi éclairait le cloître, qui apparut aux pèlerins dans
toute sa riche efflorescence : Un carré parfait, à trois rangs de colonnettes
isolées ou reliées en faisceaux qui se couronnent de voûtes ogivales, arrêtées
par des nervures délicates et hardies.
Le prodige ici, c’est la variété des ornements dont le motif, toujours le
même, se modifie à l’infini dans l’exécution, et brode ses feuilles ou ses
fleurs de mille façons différentes, de telle sorte que la symétrie respectée
laisse le champ libre à la plus aimée de nos sensations artistiques : celle
que fait naître la fantaisie.

Aussi, cette échelle de soixante pieds que nous venons de gravir, depuis
la base des tourelles jusqu’à l’aire de plomb, en passant par la salle
des gardes, le grand réfectoire, le dortoir, la salle des chevaliers, le
cloître, avait-elle reçu, des visiteurs éblouis, le nom générique de la
Merveille.

Nous descendons par des escaliers et des courtines des remparts. Des ifs vénérables ont perdu leurs baies rouges qui tapissent un cercle à leur base. Entre temps la mer est descendues et les parkings se remplissent, les touristes arrivent tandis que nous repartons.

Pique-nique au même endroit que les dernières fois, les habitudes se prennent vite.

Lettrine

Les manuscrits des moines ont été entreposés à Avranches, dès la Révolution, l’Abbaye est devenue une prison. Le Scriptorial est un musée moderne près du donjon d’Avranches. Les premières salles racontent l’histoire du Mont Saint Michel, cela nous sert de révisions. Une grande carte ancienne montre les cours d’eau : le Couesnon, la  Silune  et la Sée qui passent à Avranches. Une  forêt  sauvage couvrait la région du Mont Saint Michel jusqu’à Chausey qui était rattaché au continent. Une sorte de ras de marée à la faveur des Grandes Marées au VIIIème siècle noya la forêt et fit du Mont- Tombe, une île.  Le rocher Tomblaine ne devrait pas son nom à la dame Hélène mais plutôt à un sanctuaire ancien d’un  dieu Bellénus. La légende du raz de marée reste une jolie histoire, les transgressions, les alluvions des trois rivières suffisent à expliquer la sédimentation actuelle. Un diaporama  alterne gravures anciennes et photos, c’est agréable d’imaginer le mont avec ses moines. Une autre salle est consacrée aux manuscrits, on voit les matières premières, la peau qui donnera les parchemins, les ingrédients pour fabriquer les pigments. Enfin une dernière salle analyse les lettrines et les enluminures. Je commence à m’énerver : trop de fac-similés, trop d’audiovisuels, trop d’écrans informatiques et si peu de vrais témoignages ! je m’impatiente, je suis frustrée. Je pousse une porte et arrive dans une salle ronde noire à l’hygrométrie contrôlée, et enfin, les voilà les manuscrits ! Ils sot ouverts aux pages portant les lettrines et les enluminures étudiées précédemment. Je suis éblouie.

Combourg et Dol de Bretagne Sur les pas de Chateaubriand

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

 

le château de Combourg


Sous la pluie, nous traversons champs de poireaux et de choux.  On récolte les choux-fleurs. Passons par Dol de Bretagne.

Combourg

Le château, en Octobre, n’ouvre que l’après midi pour deux visites guidées 14h et 15h30.  L’Office de Tourisme édite un plan de la ville avec les  maisons remarquables.

la maison de la lanterne

Le circuit commence justement à la Maison de la Lanterne, siège de l’office de Tourisme,   très belle maison de pierre flanquée d’une tourelle fine, bâtie en 1597 par Perrine Jonchée, « dame de la chasse » comme nous l’apprend une inscription gravée. Fille d’armateurs malouins, son frère reprit Bréhat aux Anglais en 1591, selon le guide Gallimard. La lanterne  attachée à la maison était censée éclairée le corps de garde à l’occasion de la fête de l’Angevine (Gallimard).

combourg : relais des Princes

Une autre maison remarquable est le Relais de Princes : un restaurant dans une maison à pans de bois peint rouge foncé:

Au XVIIème siècle, Benoit, le propriétaire du relais des diligences de Combourg. Ce relais, fort réputé à l’époque, au pied du vieux château féodal s’appelait déjà relais des Princes.

Cette auberge du relais de poste étaie déjà i, lieu où il faisait bon séjourner. Elle devint plus célèbre encore lorsque le cousin de Madame de Sévigné, le Marquis Pierre-Philippe de Coulanges, homme plein de vertu et bon vivant, l’adopta comme rendez-vous de chasse.

Plus tard, l’auberge fut cédée à Bonnaventure  Courtel qui fit supprimer le relais de poste pour prendre à son compte le transport des voyageurs. Il possédait deux diligences et son personnel ne se composait pas moins de garçons et de 4 Postillons.

Au XIX ème siècle, les écuries du Relais tenues par Lydie Corvoisier étaient familières des Combournais. Au fil des siècles les diligences, les postillons et les chevaux ont disparu, mais les pierres sont restées.

Nous avons cherché la Maison du Pendu qui a aussi une histoire : rivalité amoureuse de deux amis qui se termine mal : un duel, l’un des deux amis succombe, l’autre défiguré se pendit.

Le circuit passe devant la statue de Chateaubriand, inévitable! Sur un  mur, en trompe l’œil, Chateaubriand est à la fenêtre.

Un détour par l’Abbaye nous promène dans une rue tranquille bordée de très belles maisons de granite fleuries avec des portes cintrées.

Rien d’extraordinaire, mais une balade très sympathique sous un ciel voilé.Le soleil fait de rare. Le village, La Chapelles aux Fitzméens  a une église au toit remarquable avec  des mansardes en relief assez étrange. A la sortie du village, le Logis, un château du XVIIème a belle allure, juste derrière, un camping de luxe est installé. Nous pique-niquons dans son parking.

Château de Combourg

château de Combourg vu du parc

Le château de Combourg, propriété des Chateaubriand depuis les Croisades, se visite accompagné.  Avant la visite je parcours le parc sur des allées sablées entre des châtaigniers  et découvre l’étang beaucoup plus sauvage et joli que le lac qui borde la ville. Revenant sous une allée de beaux chênes je vois traverser un écureuil à la queue fournie. Cette rencontre m’enchante. A mon approche il grimpe sans se presser le tronc d’un chêne s’arrête à la fourche d’une branche à 3 ou 4 mètres. Assis, il tient entre ses petites mains un gland qu’il croque tranquillement en me regardant.

Un  haut escalier droit conduit au perron. L’entrée est décorée au goût du XIXème avec murs peints et trophées de chasse.  Dans la chapelle, la mère de l’écrivain, très pieuse, passait  beaucoup de temps à méditer et prier.  La cour, ouverte au temps de François-René a été couverte lors de la restauration un escalier de bois monumental.  De même, la grande salle, où Chateaubriand enfant, passait des soirées interminables auprès de sa mère et de sœur tandis que son père arpentait la pièce  jusqu’à ce que la cloche du village sonne l’heure du coucher, a été partagée en salle à manger et salon, deux cheminées Renaissance de belle pierre blanche. L’atmosphère assez lugubre du temps de l’enfance de Chateaubriand ne subsiste plus. De beaux tableaux décorent les murs : un Bellini me plait particulièrement.

La salle des archives occupe l’étage d’une tour. C’est émouvant de lire la grande écriture pointue  de Chateaubriand, de voir son portefeuille ministériel comme ministre des Affaires Etrangères, un cartable de maroquin, ainsi que des documents romains de son Ambassade à Rome. Par escalier en colimaçons et courtines nous accédons  à lachambre d’enfant de Chateaubriand justement dans la Tour du chat : tour hantée par un chat  noir et un fantôme à jambe de bois. L’enfant de huit ans dormait loin de tout. (Lire le texte du blog de Claudialucia ici)

voici comment Chateaubriand présente le château :

Le château se montrait entre deux groupes d’arbres. Sa triste et sévère façade présentait une courtine portant une galerie à mâchicoulis, denticulée et couverte.

…le château entier avait la figure d’un char à quatre roues….

Mêlez à cela dans les diverses parties de l’édifice, des passages et des escaliers secrets, des cachots et des donjons, un  labyrinthe de galeries couvertes et découvertes, des souterrains murés dont les ramifications étaient inconnues ; partout silence, obscurité et visage de pierre : voilà le château de Combourg;

Dol

Dol rue ceinte

Dol est une jolie ville animée. Nous cherchons les maisons remarquables Grande-Rue-Des- Stuarts, certaines à pans de bois d’autres à piliers de granite. La petite Rue Ceinte avec ses pavés semble d’un autre âge. La Cathédrale a une allure originale de forteresse avec une tour bizarre qui dépasse, l’intérieur est gothique et ne rappelle en rien l’extérieur.

 

GR 34 : de Cancale à la pointe du Grouin puis plage du Verger

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

La télévision ayant annoncé un temps maussade,  maillots et serviettes sont dans le sac pour la Thalasso de Saint Malo, certes chère (26€).

Dimanche du changement d’heure,par un  soleil radieux, nous sortons le plan B : randonnée de  Cancale et la pointe du Grouin vers saint Malo.

Cancale

La promenade commence à la plage de la Houle. La mer est haute et verte, la bisquine,  au port, les quais ruissellent. On a interdit le stationnement jusqu’à 10h pour cause de grandes marées. Les restaurants et les maisons brillent au soleil. Les tentes bleues et blanches à rayure du petit marché aux huitres occupent le bout du quai.

Le chemin de ronde est très bien entretenu ( bancs à chaque échappée)   souvent caché entre les murs des belles maisons et sous les châtaigniers. Des polypodes poussent dans les interstices entre les pierres. Le sentier fait des montagnes russes. Il n’y a pas de tronçon plat. On redescend au niveau de la mer : dans les petits ports de nombreux bateaux sont accrochés à des bouées blanches, régulièrement. Les bateaux, même en plastique blanc, sont plus sympathiques que les voitures ! (on dirait un parking !)

Cancale vu du chemin de ronde

Rendez vous à Port- Picain : une auberge de Jeunesse, une plage,  et des tables de pique-nique. Un bateau blanc arrive, la voiture qui doit le tracter recule pour l’amarrer, la voiture repart, patine sur des graviers, et …le bateau se détache il faut aller à pied à l’eau pour le rattraper. Vont –ils être capables de le remonter ?

Des marches   conduisent au le sentier en balcon sous de beaux pins odorants.  Des mimosas fleuriront  peut être bientôt ?  Des solanacées jasminoïdes font des bouquets blancs contre le ciel bleu. Quand on s’éloigne de Cancale le paysage devient plus sauvage, pruneliers et épineux remplacent les jardins puis la lande avec ses fougères sèches.

Pointe du Grouin

A la Pointe du Grouin,  un sémaphore se dresse au bout d’un parking bondé aujourd’hui, dimanche. Nous piqueniquons sur un rocher face à une  ile allongée. C’est de la Pointe du Grouin que s’élancent, tous les quatre ans, les voiliers de la Route du Rhum. On imagine le spectacle. Nous avons vu partir la course de Québec à Saint Malo autrefois.

Au sémaphore: exposition d’’Art Brut : l’œuvre de l’Abbé Fouré qui a sculpté les rochers à Rotheneuf. Ce qui reste de son œuvre ne m’avait pas impressionnée mais les cartes postales anciennes présentées ici montrent qu’elle était plus importante que sous le restaurant et qu’il y avait une foule de personnages que je n’ai pas vus, effacés ou inaccessibles.

Le sentier traverse la lande, toujours en montagnes russes. Dominant la mer verte et les rochers . j’arrive à la plage  du Verger. Très belle plage et je ne résiste pas au plaisir de me déchausser et et faire ma promenade dans la mousse blanche de l’écume.