Matera avait surgi comme un miracle au Belvédère du parc de Murgia. En arrivant de Metaponto, on se retrouve sur le plateau et, on entre par la ville moderne pour rejoindre le centre rapidement. Matera n’est pas une ville facile pour les automobilistes. Notre chambre d’hôte, Alberosa, est Via Lucana, une artère bien roulante qui contourne la ville historique, accès et parking facile. Sa fenêtre et le petit balcon s’ouvrent sur la Via Castelnuovo, faisant allusion à des maisons « neuves » au 16ème ou 17ème siècle , appartenant déjà à la ville historique. Nous avons de la chance, il reste une chambre au rez-de-chaussée, toute blanche, proprette, simple mais très confortable. Notre hôtesse nous organise deux excursions, l’une cet après midi en touktouk, la seconde demain matin à pied.
J’aime bien apprivoiser une ville, me repérer sur un plan, avant de l’étudier plus avant. Le matin, nous avons essayé d’aller le plus loin possible avec la voiture. Nous avion fixé comme but la Casa Ortega dont nos guides font une description très tentante. D’après la carte, c’est facile avec le nom de la rue confié au Navigatore. Nous demandons aux passants « c’est dans les sassi ! »Impossible d’accéder en voiture, le Navigatore de la voiture n’est d’aucune utilité ! La présence des voitures portant une carte « handicapé » est tolérée mais il faut téléphoner au numéro inscrit sur le panneau. Selon les Italiens, il n’y a pas de problème. Le problème c’est qu’on ne tombe pas sur un policier au commissariat mais sur une boîte vocale. Déjà en français, les boîtes vocales, je n’aime pas trop mais en Italien c’est mission impossible. La voix artificielle me demande des détails sur la date d’obtention de la carte….J’espère que nous n’aurons pas de mauvaises surprise au retour. Les contraventions nous suivent. C’est cela aussi l’Europe !
Un bar dans un monastère?
La Casa Ortega est introuvable. Je descends demander de l’aide dans un bar situé au Monastero de Santa Lucia le serveur nous recommande de nous gare près de la montre molle (en face de l’Exposition Dali) et de monter l’escalier. Aucune indication visible ! Dans ce coin, les sassi sont bien restaurés mais transformés en B&B ou en restaurants. Je ne croise que des touristes ou des commerçants affairés. IL y a beaucoup de jolies terrasses, j’y déjeunerais volontiers, mais comment faire avec toutes ces marches ?
San Pietro caveoso
Nous continuons la promenade en voiture jusqu’à la Piazza San Pietro Cavenso. Panorama spectaculaire, arrêt photo. L’église est très belle. Le plafond est peint. Encore des fleurs pour un mariage. On se marie beaucoup à Matera, on vient même du Luxembourg pour s’y marier, comme l’a raconté le guide, l’autre jour.
le plafond peint de San Pietro
Pour déjeuner nous retournons au bar installé dans les ruines du Monastère Sa Lucia. Au menu, bruschetta, panini au pain de Matera. Nous commandons deux panini, roquette, pecorino et moi jambon- provolone. Des tranches en forme de cœur, l’intérieur d’une belle croute craquante, un pain dense, un peu jaune, délicieux. Et bien, sûr un espresso !
Comment est-il possible que le Guide Vert et Geo ignorent le site d’Herakeia et surtout le vaste musée de Policoro et que le Guide Bleu le cite en passant?
D’habitude, nous consacrons le dernier jour de la semaine à des révisions ou au farniente à la plage. Policoro ne figurait pas à nos plans de visite.
Le Museo Archeologico Nazionale della Siritide – Policoro est vide de touristes, une délégation d’archéologues roumains fait une visite (une recherche sur Internet m’apprend que le fondateur de ce musée en 1969 était Dinu Adamesteanu roumano-italien). J’ai le musée pour moi toute seule !
la Gande Grèce sites de Siris et d’Héraclée
Une gravure ancienne illustre les premières découvertes de la ville d’Hérakleia en 1732. Voyage pittoresque et la Description des Royaumes de Naples et de Sicile, l’abbé Saint Non décrit le site. La réforme agraire de 1960 donne lieu à des photographies aériennes qui sont exploitées lors de la campagne ou fouilles archéologiques de 1965 à 1973.
Préhistoire
Comme d’habitude, je passe un temps infini à étudier les cartels traitant de la Préhistoire : la région fut peuplée dès la fin de la glaciation vers -10.000 ans . Au Néolithique de 6000 à 4000, agropastoralisme. Les céramiques portent des motifs géométriques.
Age de Bronze
Les échange avec les civilisations mycéniennes apportent de nouvelles technologies et les cultures de l’olivier et du blé.
Grande Grèce
Deux villes se sont succédées sur le site de Policoro : Siris et Hérakleia
Siris fut fondée par, après Grecs d’Asie Mineure au 7ème siècle après un siècle de prospérité elle fut soumise par la colonisation des Achéens et incluse dans le territoire de Sybaris. Hérodote et Strabon évoquent l’histoire de Siris et sa destruction par la coalisation des Colonies de Grande Grèce : Crotone, Sybaris et Métapunto.
amphore et bâtonnets de plomb
Dans une vitrine : une amphore contenant 102 bâtonnets de plomb et des outils de bronze.
Coutumes funéraires : les ossements et les cendres étaient mis dans de grosses amphores de fabrication locales ou importées, les importations étaient parfois aussi lointaines que Milet, Chios, Rhodes ou Chypre.
La déesse de Siris était une divinité féminine dédiée aux sources. A la fondation d’Hérakleia, elle sera assimilée à Demeter.
Herakléia fondée en 433 av. JC après la destruction de Sybaris. Selon Strabon, Hérakleia devint le port de Siris. L’acropole (que l’on peut visiter) était très peuplée. A sa base coulait le fleuve Varatizzo et les sources où se trouvaient les lieux de culte de la déesse de Siris. On construisit le temple de Démeter et celui de Dionysos.
En 374 av. JC Herakleia prit la tête de la Ligue Italiote pour combattre les populations indigènes, les Lucaniens, et plus tard Rome dans la Seconde Guerre Punique (212 av JC)
Herakléia était une cité riche, un centre artisanal important avec des potiers (Divers objets en terre cuite : tanagras, bas-reliefs et moules pour les reproduire) et des joaillers, bijoux très finement ouvragés (boucles d’oreilles, colliers, camées sont été retrouvés dans des « trésors » des pièces de monnaie).
Dans la salle Espace public & lieux de culte, on présente les temples de Déméter et de Dyonisos .
Le temple de Déméter était près du fleuve. Une série de terrasses créait une impression visuelle d’architecture et un chemin cérémoniel. Sur els terrasses on faisait des libations.
Ces tables ne sont pas visibles au Musée de Policoro . Comme c’est une découverte majeure, on en présente une photographie et le texte est traduit en italien et en anglais. Le texte présenté ici représente un contrat très détaillé, où il est question de chemins au-dessus de Pandosia séparant les Terres de Dyonisos (celle du temple) et celle de Koneas fils de Dion. On y détaille les vergers, broussailles et terres arables. C’est une source d’informations considérable en ce qui concerne la vie économique de la cité.
Dionysos
La tomba del Pittoredi Policoro est un important complexe funéraire qui a livré une vaste collection de vases antiques aux figures rouges sur fond noir. Cette production locale a été attribuée au Peintre de Policoro. J’ai adoré cette visite parce que ce peintre a illustré les œuvres littéraires : Médée et Le Heraclides d’Euripide, Europe d’Eschyle…..
J’ai adoré (et filmé) l’extraordinaire hydrie représentant Médée sur un char avec des dragons, cadeau de son père Hélios, tandis que le pédagogue pleure les enfants morts à ses pieds, et qu’on voit Jason horrifié.
Non seulement la facture est exceptionnelle mais c’est une véritable « bibliothèque de Bandes Dessinées » qu’on pourrait lire dans cette salle. Les cartels sont très bien faits ; j’aurais pu rester de heures à « lire » ces BD…
Mais ce n’est pas tout, en plus de Siris et Herakléia, villes grecques, le Musée a consacré une salle entière aux populations locales Chones et Enotri avec des objets étonnants comme ce casque retrouvé dans la tombe d’une femme ; On racontait que les Chones descendaaient des réfugiés de la Guerre de Troie.
Vers la fin du 5ème siècle av ; JC les Lucaniens firent leur entrée en scène. Les lucaniens se sont hellénisés au contact des Grecs puis plus tard romanisés. Une dernière salle leur est consacrée.
Acropole
Acropole d’Heraclée
Par un escalier de briques qui soulignent ainsi la position de la ville haute, je suis montée sur l’Acropole d’Hérakeia, où j’ai été surprise par la densité du bâti (ou ce qu’il en reste). Les fondations sont bien visibles. Les mosaïques sont protégées ainsi que l’intérieur des maisons. Cependant l’absence de cartels m’a laissé sur mes pauvres hypothèses personnelles. J’observe les canalisations en terre cuite, des structures arrondies avec une margelle (puits ou citerne ? peut-être des pressoirs ? A quoi correspond ce cylindre de pierre au milieu de la structure arrondie ? Et ce sol carrelé en terre-cuite était-il à l’intérieur de la maison, ou un patio ? Cet évier en terre cuite ? J’élabore des hypothèses sur la récupération des eaux de pluie avec une citerne par maison et des rigoles. C’est un peu frustrant de rester avec tant de questions sans réponses.
A la base de l’Acropole, le petit cours d’eau se devine dans une abondante et verte végétation. Une grosse vache grise s’en délecte. C’est ici que doive se trouver les temples de Demeter et de Dionysos. Une promenade a été aménagée avec un sentier cimenté et de lourds bancs enfouis dans les herbes.
Il fait vraiment très très chaud. Pour aller se rafraîchir à la mer, nous faisons une tentative à la Réserve naturelleBosco di Pantano au sud de Policoro. Nous devrions trouver une forêt verdoyante, un refuge WWF pour les tortues marines et une plage sauvage. Quand nous arrivons le Refuge est ouvert mais la présentation aux touristes n’est prévue qu’à 18h30. Pas de restaurant ni d’ombre. Il fait 39° dans la voiture.
A la Marina di Pisticci, nous trouvons le restaurant de nos rêves au Lido San Basilio : une plage de sable fin avec des parasols, sagement repliés dans des étuis blancs. Il n’y a pas beaucoup de clients. Cet établissement fait une promotion : 5€ le parasol et les deux lits en semaine en Juin et en Juillet. Sous une tente blanche, le joli restaurant n’a rien en commun avec l’horreur de Metapunto. Nappes en tissu, service sympathique et attentif. Il y a aussi des cabines bleu et blanc pour se changer. Pour une dernière fois je prends les spaghetti di Scoglio (moules, vongole, poulpe et langoustine) et Dominique, des filets de dorade servis sous une chapelure parfumée au jus d’orange, décorés avec trois tranches d’oranges multicolores et une petite rose en feuille de chou rouge. Contorno : les aubergines et courgettes grillées sont accompagnées de champignons marinés bien vinaigrés.
3
L’eau est claire mais agitée ; Le vent qui souffle provoque un courant qui me fait dériver vers sud et le rivage. il faut en tenir compte.
39°, on étouffe sous le toit de la tente.
La maison bien calfeutrée est relativement fraîche. Tout fermer, volets stores et vitres exige une certaine discipline mais cela marche. La propriétaire a lavé à grande eau son carrelage et l’escalier pour faire descendre la température de quelques degrés. Je me lance dans des activités aquatiques : lessives et douche.
Vers 18h, assises sur la petite terrasse à l’ombre nous observons les rotations du petit avion jaune et rouge qui tente d’éteindre un feu de broussailles le long de la route. Déjà, hier on avait brûlé les mauvaises herbes du bas-côté de la route et les pompiers avaient dû intervenir. Quelle folie de faire du feu par un temps si sec et si chaud !
Le parc de la Murgia materana contient des dizaines d’églises rupestres. C’est aussi un milieu naturel exceptionnel, classé en Réserve Naturelle intégrale.
Je trouve sur le Guide Vert l’adresse d’un Centre d’Interprétation à la Contrada Murgia Timone qui organise des visites guidées (9h30 – 18h30). Nous nous laissons guider par Googlemaps et mon téléphone jusqu’à Ginosa et nous retrouvons piégées dans le labyrinthe des rues étroites du centre-ville. Pour tout compliquer, le marché occupe les voies les plus praticables ; Nous voulions arriver à l’heure ; Arrivée prévue 9h20 ; Nous avons perdu 7 précieuses minutes à Ginosa.
Une petite route relie Ginosa à la Statale 7 (Via Appia), est bien tortueuse. Cela n’explique pas pourquoi le GPS annonce 30 minutes pour parcourir 14 km. Au bout de 6km, « tournez à droite » bizarre. Il n’y a pas de route, juste un chemin caillouteux au milieu des champs de blé ; on circule donc à très petite vitesse. Un peu plus loin on arrive à une belle masseria. « tournez à droite ! », « tournez à gauche ! », le chemin s’interrompt. Nous continuons la piste et arrivons dans la cour d’une ferme où trois chiens noirs, petits mais furieux, vont à notre rencontre. Leurs maîtres les suivent. Bien sûr ils connaissent le Parc et les églises rupestres. Mais impossible de conduire à travers champ. Il vaut mieux retourner sur l’asphalte, rejoindre la SS7 où nous trouverons des panneaux.
En retournant à la route nous remarquons, les paraboles, antennes, un petit dôme géodésique de la base e-Geos Maratea. e-Geos participe au Programme Copernicus pour donner des images satellites en cas de séismes ou de désastres en tout genre (inondation, incendies …..).
Le plateau de Murgia est bien différent des paysages argileux que nous avons vus ces derniers jours. C’est un plateau calcaire légèrement ondulé couvert de champs de blé et de pâtures sèches. Un panneau du Parc caractérise cet écosystème : Pseudo-steppe méditerranéenne à la flore de Lino delle fate capillare (stipe chevelue), poéacée plumeuse et par Lino di Tommasini(lin à fleurs bleues), plantes de montagne calcaire. Le faucon Grillaio (faucon crécerellette) est l’emblème du Parc. C’est un faucon migrateur hivernant en Afrique subsaharienne dans les steppes. 5000 couples nichent dans la région Basilicate/Pouilles.
C’est étrange comme deux paysages si différents peuvent être si proches !
Nous arrivons à la masseria avec un bon quart d’heure de retard mais la promenade n’est pas partie. Je peux me joindre à un petit groupe composé de deux couples italiens. Le guide a une belle chevelure ondulée très longue et un bermuda en treillis militaire avec une gourde fluo. Très décontracté.
San Falcione
La visite commence à l’église San Falcione. Falcione n’est pas un saint répertorié ; peut être est-ce la déformation de San Canone correspondant à une église italo-grecque. Il est très difficile de dater une église rupestre ; On peut imaginer que tout a été fait à la même époque. On peut imaginer des remaniements postérieurs ; On pourrait dater les fresques. Rien n’autorise à penser qu’elles sont contemporaines du creusement de la grotte. ON peut faire l’hypothèse que l’église creusée corresponde à un projet architectural avec un plan précis. L’église en creux correspondrait à une église bâtie en suivant le même plan. Le pilier central suggère une église grecque, le pilier jouant le rôle de l’iconostase séparant la partie sacrée où officie le pope de la partie publique. Ce serait donc une église byzantine. Deux fresques encore bien reconnaissables sont celles de Saint Nicolas, saint vénéré à Bari. Quand on se réfère à une église orthodoxe le saint aurait dû se trouver de l’autre côté de l’iconostase. D’autres fresques bien abimées, presque invisibles sont connues grâce à une description antérieure. Le guide montre des croix gravées sur les parois. Pour laisser une trace de leur passage certains pèlerins écrivaient sur le rebord d’une fresque ou emportaient une petite partie grattée.
Contiguë à cette église une grotte a ses murs noircis par la fumée, une cheminée existait pourtant. Cette pièce était une laiterie où l’on confectionnait le fromage. De l’autre côté on reconnaît une mangeoire, il s’agissait d’une étable ou d’une écurie. Dans un coin, une citerne : cercle parfait, enduit imperméabilisant rougeâtre, on voit la trace d’une canalisation externe collectant les eaux de pluie. Dans une niche, il y avait des ruches. Une exploitation agricole dont les murs extérieurs étaient construits avec des moellons soigneusement taillés.
Le guide nous montre comment étaient extraient les moellons, la grotte était aussi une carrière : il suffisait de pratiquer une entaille et d’introduire des coins de bois qui gonflent à l’eau ; Cette technique est couramment employée par les carriers. Il reste des poteaux de bois beaucoup moins antiques qui date du tournage de Ben Hur (2016).
En sortant de l’enclos notre guide referme soigneusement le cadenas. Les guides se considèrent les gardiens des églises. Les touristes qui viennent sans guide se heurtent à des grilles et doivent se contenter des explications sur les cartels à l’extérieur.
la gravine de Matera
La Gravine de Matera est un petit canyon, une incision dans le plateau qui peut atteindre 100 m. Si on met bout à bout les gravines latérales ont obtient 40 km pour la longueur totale du réseau. Cette entaille correspond à l’érosion du torrent mais pas seulement, l’encaissant remonte également dans cette région très sismique. Du thym fleurit sur le bord du sentier, les feuilles sont très épaisses et parfumées.
Nous découvrons enfin la ville de Matera de l’autre côté de la gravine. « Nous sommes sur le Golgotha » plaisante le guide. C’est ici que les cinéastes ont choisi pour filmer la crucifixion : Pasolini, Mel Gibson et bien d’autres. Cette arrivée sur Matera est extraordinaire. Je ne m’y attendais pas du tout. Toute la ville s’offre à nos yeux : les sassi, les églises, un château-fort avec des tours rondes, le campanile très haut . Sur le plateau, la ville moderne se fait discrète. Le guide commente :
« avant que l’Europe n’élise Matera Capitale de la culture 2019, on me considérait comme l’homme des cavernes, maintenant on me félicite d’avoir la chance d’y habiter »
les sassi de Matera vus du belvédère
Matera fut longtemps la plus pauvre des villes d’Italie et enclavée : le chemin de fer ne la dessert pas (malgré une gare ultra-moderne qu’on vient de construire. Selon lui, cette élection se fit sans la délégation italienne qui préférait Sienne ou Ravenne plus prestigieuses. Maratéa2019 a considérablement amplifié l’afflux touristique.
Eglise de la Madone aux trois portes
la madone aux 3 portes
Datée de la 2ème partie du 11ème siiècle, elle est décorée de belles fresques. Une Déisis : Saint Jean Baptiste est reconnaissable à ses jambes velues, le haut de son corps a disparu, la Vierge est très douce, très touchante.
Une madone à l’enfant (Glycophilosa) il faut deviner lez parties manquantes de la fresque en référence aux icones qu’on connaît. Elle porte une grenade qui est hautement symbolique , pour la femme c’est l’annonce de la fertilité, pour l’enfant la couleur rouge annonce le sang de la Passion.
Sur un mur face à la gravine, se trouve une autre fresque de la Vierge, bien abîmée. Elle contemple son reflet dans une église située exactement en face où se trouve une autre fresque.1
« fin de la visite ! »
Je suis un peu frustrée, pour 25€, j’attendais un peu plus. Sans le guide, je n’aurais jamais vu les fresques et surtout je n’aurais rien compris et la visite fut passionnante.
Montescaglioso
Montescaglioso Abbaye San Michel Archangelo
Cette petite ville est située à la limite du parc de la Murgia materana. Sur la route nous passons par des champs de blé. L’ombre est rare. La température a dépassé depuis longtemps 35°C et pourtant l’altitude dépasse 400 m. Il y a peu de circulation mais beaucoup de lacets. Nous traversons d’abord une grande place avec un obélisque et une église au clocher ajouré, pour trouver l’Abbaye San Michel Archangelo. 12h40, on me ferme la porte au nez. Je proteste, elle devrait être ouverte jusqu’à 13h. « alors juste pour un coup d’œil ! ». Je fais un tour dans le cloître, très blanc, très classique avec des chapiteaux intéressants et des fresques représentant Saint Michel, un autre cloître lui succède, toujours aussi blanc et vide au milieu. Si nous étions arrivées un peu plus tôt j’aurais pu visiter la cellule des moines et l’église.
Montescaglioso rue blanche
La ville haute, bien tranquille, est très agréable. A côté du monastère, la grand piazza del Popolo est ornée d’un monument aux morts imposant très blanc, elle s’ouvre par une sorte de porte sur la campagne, petit arc encadrant le paysage du meilleur effet. Une rue étroite serpente entre des maisons blanches, certaines ont le même fronton arrondi et le toit de tuile voûté que j’avais remarqué à Bernalda et à Pisticci. Au sommet une terrasse avec des bancs permet d’admirer le panorama très étendu sur les vallées du Gradano et du Basento et sur le Lac de Giuliano avec la campagne irriguée toute verte contrastant avec l’or des chaumes du blé de la Murgia.
Sur la rue qui descend de l’abbaye il y a une petite terrasse ombragée avec 3 ou 4 tables. Pour déjeuner, des pizzas(qu’on appelle ici pinsa) quelques salades et la parmiggiana. Nous choisissons la parmiggiana bien garnie avec courgettes et aubergines ; comme il fait très chaud je me laisse tenter par un café glacé. C’est un vrai café avec de la glace pilée servi dans su verre à cocktail. C’est l’Italie, le café est fort, bon, mais petit.
Nous essayons la plage de Castellaneta Marina on arrive par une belle pinède mais le front de mer est bien construit avec des résidences de luxe, de belles villas, bitumé avec de larges parkings. Nous allons sur la plage publique où le sable est bien dégagé. Comme partout sur la côte ionienne, il faut marcher loin pour trouver assez de profondeur pour nager.
Aliano est le village où Carlo Levi a été relégué en résidence surveillée 8 mois. De cette expérience il a tiré le récit Le Christ s’est arrêté à Eboli, livre magnifique que j’ai lu à deux reprises. Carlo Levi repose au cimetière d’Aliano et le village a conçu un « parc littéraire » dédié à son souvenir. Je tenais absolument à faire cette visite.
Nous avons donc repris le Circuit des ravins d’argile abandonné à Montalbano : Route côtière S106 jusqu’à Policoro puis S598 dans la vallée de l’Agri traversant des plaines fertiles plantées de vergers, agrumes surtout, oliviers bien sûr, actinidia (kiwi), pommiers, pruniers….Tous ces arbres fruitiers sont irrigués. De minces caoutchoucs noirs courent à 1.50 m du sol retenus par des poteaux en ciment. Le plus étonnant c’est qu’ils poussent sous des tunnels. A la vitesse où nous roulons je ne distingue pas la matière des tunnels : plastique ou mince toile ? Il semble que les deux soient employés ; la vigne bénéficie aussi d’une protection mais ce ne sont pas des tunnels retenus par des arceaux mais plutôt une couverture horizontale. A quoi peut servir ce système, sûrement pas à lutter contre le froid, en plaine et au bord de la mer, les gelées sont rarissimes. Protège-t-on les fruits des ravageurs, oiseaux, chauve-souris ou insectes ? Veut-on faire de l’ombre et limiter l’évaporation. J’envisage toutes les hypothèses possibles. Qui me renseignera ?
D’énormes tuyaux conduisent l’eau captée au barrage sur l’Agri près de Tursi et du grand barrage sur le Sinni. Dans le lit de la rivière il ne subsiste qu’un mince filet d’eau. Alors que la plaine est cultivée, les ravins d’argile sont stériles et désolés. Parfois à mi-pente on voit le tapis des chaumes du blé moissonné, parfois ce sont des graminées folles qui donnent l’illusion de céréales. Certaines pentes portent des buissons arbustifs ? je retrouve avec plaisir le pistachier lentisque.
callanche d’Aliano
A l’arrivée à Aliano est spectaculaire, ces terres ravinées nous évoquent les demoiselles coiffées non loin de Gap, sauf qu’ici, l’argile est fine et homogène, pas de chapeau pour protéger la colonne. Le ruissellement a creusé de profondes entailles verticales tandis que l’argile plastique et gonflée, quand elle est mouillée, a coulé. Ces « badlands » sont nommées ici callanche. Un belvédère des callanche est installé avant l’entrée à Aliano. Un pont métallique franchit le ravin.
L’Office de Tourisme organise deux visites guidées : le matin à 11h30 et une autre dans la soirée. Que faire en attendant ? Nous montons au cimetière fermé sous de hauts cyprès ; la tombe de l’écrivain est devant la grille. Puis visiter l’église, bien fraîche décorée des bouquets blancs d’une noce. Je me souviens du récit de la messe de Noël dans le livre de Carlo Levi, je ne l’imaginais pas ainsi.
Carlo Levi à Aliano
Dans la rue des panneaux portent des citations du livre. L’urinoir incongru sur la place a été démoli, l’école ne se trouve plus à l’étage surplombant cette place. J’ai encore dans la tête les passages dont on a tiré les citations. Je m’arrête devant la fosse du bersagliere.
En 80 ans, le village a grossi, des maisons modernes ont été construites. Je cherche le chemin que les paysans empruntaient en revenant de leurs champs, très loin. Les hommes sont assis à l’ombre des arbres plantés devant le café le long de la route. Encore à Aliano, en 2019, les hommes sont assis et les femmes debout, marchent. La policière, la dame avec son cabas qui sort de l’épicerie, les dames de l’Office de Tourisme…
Aliano : la place du village
La « passeggiata litteraire » se résume à une marche rapide entre les petits musées. Il fait si chaud sous le soleil. Les dames font peu d’effort pour commenter les lieux désignés par les panneaux portant les citations. D’ailleurs, je les ai lus tout à l’heure. J’imaginais une promenade plus animée. Dans une maison, il y a une galerie d’exposition : dans la première salle, la plus vaste les murs sont couverts de photos anciennes. Je découvre le visage de Carlo Levi adolescent, puis homme jeune à Aliano, enfin son retour après la guerre. On le voit aussi à Matera en compagnie de Pasolini. Les photographies sont agréablement commentées, datée. Je m’attarde devant chacune d’elles.
Dans la pièce suivante, je suis un peu déçue par les tableaux Les grandes compositions pleines de personnages que j’avais découvertes sur Internet ne sont pas ici, seulement des petits formats, les oliviers avec leurs filets me plaisent, les autoportraits me plaisent. Les petits tableaux représentant un hérisson., une miche de pain, ne me semblent pas extraordinaire. La dernière salle est celle des lithographies, intéressantes.
Carlo Levi : le dsépart de l’émigrant
La maison qu’a occupé Carlo Levi se trouve au bout du village. C’est une grande maison crépie de blanc avec une belle terrasse. Le rez de chaussée est occupé par un musée ethnographique paysan avec un intérieur meublé, cuisine et chambre ainsi que deux pressoirs à huile qui prennent beaucoup de place. L’un d’eux a trois meules de pierre. Les masques de carnaval m’ont beaucoup intéressée(j’ai raté le musée de Palmi qui en présentait). Ils sont cornus, très colorés et me rappellent ceux que j’ai vus autrefois en Sardaigne à Mamoiada au Musée des Masques Méditerranéens.
masques de Carnaval
Carlo Levi vivait à l’étage supérieur dans un appartement de trois pièces, confortable pour l’époque. Il n’est pas meublé et il ne resta pas de souvenirs tangibles de son passage. La plus grande pièce est utilisée comme pièce de projection d’une vidéo d’une vingtaine de minutes. Les détails de ses tableaux alternent en fondu enchaîné avec des photos du village, ou avec les visages des habitants représentés, soit la photo est ancienne et le visage peut se superposer sur la peinture, soit la photo montre le personnage vieilli mais on retrouve les traits. Le feu qui brule dans la cheminée réchauffe mais aussi nous plonge dans l’univers des sorcières dont l’auteur avait reçu certains secrets, ou ans le carnaval. C’est un document très immersif qui me donne encore envie de relire le livre.
Tursi : la Rabatana
Le circuit nous ramène vers Tursi par une route qui longe la retenue d’eau ; le niveau de l’eau me paraît bien bas pour l’été qui n’a pas encore commencé. Nous montons à La Rabatana , dont le nom rappelle ses origines arabes. Vais-je trouver une medina? C’est un hameau presque abandonné et qui tombe en ruine mais qui possède deux restaurants ; Le plus grand, le Restaurant des Poètes est tout en haut, les tables sont dressées, il semble chic. Comment les clients arrivent-ils ? Au somment je découvre un escalier bien dallé qui descend commodément au bourg de Tursi. J’aurais volontiers fait la promenade mais comment retrouver Dominique dans ce gros village ?
Santa Maria d’Anglona
Sa Marian d’Anglona
Le sanctuaire de Santa Mariad’Anglona est perdu dans les collines, en direction de Policoro. Isolée, mais très bien indiquée ; la petite route tortille avant de parvenir à une oasis de verdure. Petite église normande à campanile carré entouré d’un jardin fleuri de rosiers, à l’ombre des palmiers. Tout est organisé pour la visite des touristes ou des pèlerins : parking, toilettes, tables à pique-nique. Miracle ! l’église est ouverte, fleurie de bouquets blancs.
Nous pique-niquons confortablement : salade de pommes de terre, anchois, olives ; œufs durs.
Ce sanctuaire est un lieu de culte, pas une attraction touristique. Aucune explication donnée concernant les fresques. Qui sont ces saints ? Je reconnais Saint Sébastien qui a un air doux, presque féminin. J’aime beaucoup celui qui a deux lévriers à ses pieds. Je ne reconnais pas les scènes aux couleurs délicates avec de nombreux animaux.
Saint Sébastien
Baignade à la Marina di Policoro
A l’arrière d’une belle pinède ; parking sous les arbres., plage aménagée avec des parasols et même une « douche commune » gratuite. Un cordon de galets se trouve juste à l’entrée de l’eau. Voyant une belle étendue de sable je n’avais pas mis les chaussons. Il faisait chaud et nuageux dans les collines. Sur la plage, le vent s’est levé. Les parasols claquent. La mer est agitée ; prudente je reste à m du bord, la où les vagues se brisent. Si je vais plus loin, c’est plus calme mais un courant entraine vers le sud. J’ai l’impression de nager dans une piscine à courant d’eau. Je nage vigoureusement et fais du sur-place. Même avec les chaussons, impossible de tenir debout immobile sans efforts. Au bout d’un certain temps je suis fatiguée de nager à contre-courant.
Nous avions imaginé un restaurant de poisson, rien de tel sur le Lungomare ni dans les quartiers chics alentours. Pour compliquer nos recherches, les sens uniques de la circulation nous entrainent là où on n’a pas envie d’aller et nous nous retrouvons au sud de la ville dans des bretelles d’autoroutes vers Lecce ou Brindisi ; nous demandons au Navigatore de nous conduire à l’opposé, Via Garibaldi dans la vieille ville et lui obéissons servilement. Une demi-heure plus tard, nous retrouvons le pont tournant, longeons le Mare Piccolo où se trouve le port de pêche.
Tout au bout de l’île, une place avec une grande vasque : Piazza Fontana est proche de la halle aux poissons. Sous cette halle métallique se trouvent quelques tables disposées près de l’eau. Il nous faut attendre un peu qu’une table à l’ombre se libère. Il est passé 14h mais qu’importe ! Nous commandons de la frittura di paranza (anchois petits poulpes, crevettes roses, anneaux de calmar tendres et frais) dans une fine pâte à beignets) et des légumes grillés(courgettes, aubergines et poivrons d’une finesse exceptionnelle) avec un café et un calice de vin blanc 40€ un peu plus cher que d’habitude mais nous consolant des expériences désolantes de dimanche. Le poissonnier vient chercher ses moules dans un sac qui trempait dans l’eau du port.
Taranto ; port de pêche sur Mare Piccolo
Promenade dans la Citta Vecchia commencée à la Tour de l’Horloge , je suis la rue Cava. A travers les ruelles de grosses poutres vont de maison à maison pour empêcher que les façades ne s’écroulent. Les maisons sont souvent en ruine, fenêtres et portes condamnées avec des parpaings mais la rue n’est pas déserte. Il y a encore des boutiques à l’ancienne ouvertes, dans les garages sont rangés les filets et le matériel de pêche. En ruine mais vivante ! Je furète dans les cours. Une Madone étonnante est peinte sur un mur, entourée de toutes sortes de coquillages, des rames, des articles de pêche. Représentation naïve. Je n’ai pas trouvé le Duomo ?
Taranto città vecchia : une barque dans la ville
Retour sur la route littorale à la recherche d’un Lido pour une baignade. Nous négligeons le Lido Azzurro trop proche de la zone portuaire et des raffineries pour tourner à Chiatona toute petite station balnéaire avec des villas cachés sous de hauts pins. Au bout de la route un parking privé gardé mais surtout ombragé avec des toiles posés sur des structures métalliques (3€).
Baignade fabuleuse dans une eau limpide et très calme. Pour baliser mon parcours je nage de bouée orange en bouée orange ? Je nage seule dans la félicité ; Il semble que les maitres-nageurs aient peu de travail ; Les rares baigneurs restent au bord de l’eau avec de l’eau leur arrivant aux genoux. A mon deuxième parcours de bouée en bouée, je suis hélée par une embarcation rouge (je croyais qu’un original faisait du paddle). Ce sont les maîtres-nageurs qui m’interpellent
« Tout va bien ? vous voulez venir avec nous ? »
Bien sûr que non ! Ma brasse n’est pas rapide mais je suis toute à la joie de la baignade que je ne souhaite pas écourter.
« Ne dépassez pas les bouées rouges ! »
D’abord je ne les dépasse pas ensuite, elles sont oranges !
Situé 10 rue Cavour, non loin du château dans les quartiers de la ville moderne Borgo Nuevo où de larges artères bordées de grands et beaux immeubles avec de belle boutiques, des banques, des cafés luxueux. Le musée est situé dans le cloître du couvent des Frati Alcantarini (18ème siècle très élégant) .
A la billetterie, on me prévient : les salles sont ouvertes alternativement. Le second étage n’est pas accessible en ce moment. Au premier, les tanagras et bijoux, au 3ème les vases.
En attendant l’ouverture du 1er étage, on me conseille de visiter l’exposition temporaire « Les Mythes et les Héros ». De très grands vases peints sont présentés avec un luxe de détail : je peux donc identifier chacun des héros à ses attributs Héraclès et sa massue, Orphée et sa lyre…je reconnais Achille sous sa tente (symbolisé par deux colonnes). Je découvre un épisode de la guerre de Troie que j’avais oublié : Achille caché sous son fameux bouclier tend une embuscade à Telos, le plus jeune fils de Priam qui aurait peut-être refusé ses avances.
Enfin ! l’heure sonne pour mon rendez-vous avec les tanagras.
Les statuettes en terre cuite présentant encore des traces de peinture sont présentées avec les bijoux. Ces figurines n’ont pas forcément les prétentions esthétiques des marbres classiques qui répondent à des canons de beauté. Elles en sont d’autant plus émouvantes. Ce sont souvent des femmes. Parfois ce sont des statuettes votives figurant une déesse. Parfois toute une saynète est figurée comme cette naissance d’Aphrodite sortant de son coquillage d’une simplicité merveilleuse. Des mortelles sont aussi représentées dans les scènes de la vie quotidienne, même un couple dans un baiser explicite. Le musée a été récemment rénové et les vitrines sont particulièrement agréables à contempler. Chaque visite regroupe une statuette et des bijoux qui lui correspondent : or précieux pour cette dame élégante drapée dans un tissu plissé…Je suis surprise par les couleurs rose et violine des drapés. Je ne sais pas pourquoi je me représentais les Grecs et les Romains vêtus de blanc. Pas du tout ! Comme pour les bâtiments, ils aimaient la couleur. . Nous avons la chance de contempler 2000 ans plus tard certaines pièces encore très colorées.
De rose vêtue
Un casse-noix est d’une élégance unique : deux mains de bronze portant bagues et bracelets. Certains colliers étaient faits de coquillages, parfois imités. Merveilleuses perles en forme de petits dauphins en ivoire ou en os. . Diadèmes et colliers en feuilles d’or. Travail très fin d’orfèvrerie de fils d’or tressés en filigrane ou de minuscules grains d’or. Nous avons vu un travail analogue au nord de la Grèce à Thessalonique ou en Thrace bulgare.
Danseuse et acrobates, musiciennes ou amazones, ces statuettes racontent la vie de la cité, les divertissements, le théâtre, le cirque. On a réuni des couples, des groupes de guerriers qui luttent des athlètes avec leur strigile.
acteur
Je suis tentée de filmer la vitrine qui raconte le Théâtre avec les acteurs masqués, cette autre des jeux. Parfois un vase complète la représentation.
Ce musée est absolument fascinant.
Il contient aussi d’autres objets, des stèles funéraires, une collection lapidaire juive avec des inscriptions hébraïques ou bilingues grec/hébreu.
On a aussi regroupé la Cité Grecque, la ville romaine, byzantine…
Les mosaïques me déçoivent un peu (difficile de trouver plus beau que celles du Bardo ou d’El Djem)
Le 3ème étage qui présente les vases tarde à ouvrir. Il est temps de songer au déjeuner. D’ailleurs mon billet est valable toute la journée.
J’ai toujours regretté d’avoir fait l’impasse sur Taranto lors de notre précédent voyage dans les Pouilles. Les fumées des raffineries, les grues du port nous avaient effarouchées. Taranto est à moins de 40 km de Marina di Ginosa à parcourir sur une route bien roulante la Statale 106. Je suis impatiente du rendez-vous avec les tanagras du Musée archéologique.
Nous traversons les zones portuaires, terminal de containers, raffineries et citernes, et arrivons rapidement au centre-ville devant le château et son pont-tournant. Parking sur le Lungomare Victor Emanuele III, le long d’une promenade bien à l’ombre sous de grands chênes verts, avec des bancs de pierre. A ses pieds, une marina ; En face, des immeubles énormes dominés par des constructions mussoliniennes.
Le Château se trouve de l’autre côté du canal navigable qui relie la Petite mer de la Grande Mer enjambé par le Pont tournant (Girevole) . Je m’inquiète, sera-t-il ouvert à mon retour ? Pas de souci, son ouverture est exceptionnelle motivée par le passage de bâtiments militaires de très grande envergure comme le porte-avion Cavour.
Taranto : architecture monumentale mussolinienne
Le château aragonais a fière allure avec ses grosses tours rondes de pierre claire, entouré d’eau sur trois côtés. Propriété de la Marine Italienne, il est ouvert pour des visites guidées. Visite gratuite, il faut toutefois remplir un formulaire d’identité. Une jeune femme marin m’accompagne à travers la cour pour rejoindre un groupe constitué d’une famille italienne très motivée pour les choses militaires et un américain qui comprend l’italien mais ne le parle pas. Notre guide est un officier qui a beaucoup d’allure en uniforme bleu marine.
Les italiens s’étonnent de la présence de femmes parmi les marins. Depuis 2003, la Marine Italienne enrôle des femmes, leur effectif atteint 10%. Cette présence féminine enthousiasme les visiteurs mais pas forcément notre conférencier qui estime qu’elles posent des problèmes. Dans cette visite il sera autant question de la marine que du château, lui-même. La dame d’âge mûr fredonne des hymnes militaires et compare les fortifications à celle de Padoue dont elle semble originaire. Je me passerais volontiers de ces interventions qui ralentissent la visite.
En dehors de l’aspect purement touristique de ces visites en Italien sont une véritable aubaine pour moi d’entendre autre chose que le vocabulaire basique des courses ou de la vie quotidienne, elles me permettent aussi de côtoyer des Italiens. Hier, ils étaient plutôt artistes aujourd’hui militaristes, il en faut de toutes sortes !
La forteresse aragonaise fut construite vers 1481 par Ferdinand d’Aragon sur les fondations d’une forteresse byzantine construit par Nicephore Phocas en 931. Ce dernier n’a pas hésité à employer les matériaux provenant des temples et des édifices de la Tarente antique dont l’acropole était proche. Au 15ème siècle, les Turcs étaient les maîtres en Méditerranée. Contrairement aux châteaux-forts médiévaux avec leurs hautes tours et leurs hauts murs, le château aragonais a été conçu pour résister à l’artillerie : tours et murs bas très épais (8m) avec des angles d’attaque annonçant les fortifications à la Vauban. Seulement 7 m dépassent le niveau du quai. On peut voir maquette du projet initial avec 5 grosse tours rondes et un bastion triangulaire à la pointe du cap. Une de ces tours a été abattue à la suite de la construction du Canal Navigable au 18ème siècle. Au cours de la promenade notre guide aura à cœur de nous montrer les différences de construction, d’appareillage, les grandes et belles pierres antiques retrouvées dans les fouilles, la poterne médiévale, une tour enfouie dans les murs postérieurs. Nous passons d’une galerie angevine-souabe, plus ancienne pour passer dans une galerie espagnole tardive.
tour saint Christophe : casemate, artillerie
La Tour Saint Christophe, la plus exposée face à la mer, devait être la plus résistante. 4 casemates ont été reconstituées dans l’épaisseur des murs équipées de leurs canons et de boulets de pierre.
Dans des vitrines on voit divers objets retrouvés sur place. Dans les monnaies antiques, l’une d’elle a été datée 48 av JC et présente l’inscription Caio Giulio Cesare avec un éléphant à l’avers.
Une maquette explique le mécanisme du pont tournant inauguré en 1887, il faut électrifié en 1957 et le. premier pont tournant datait de 1800. Avant l’électrification lemoteur était mu par un système hydraulique nécessitant une citerne énorme et un tunnel pour actionner l’autre côté. Ces installations hydrauliques sont encore visibles dans l’une des tours.
En mon honneur, le marin raconte l’histoire du père d’Alexandre Dumas, Thomas Alexandre Dumas (1762-1806). Mulâtre de Saint Domingue, il devint général de Bonaparte et fut prisonnier au château de Taranto dont il chercha à s’évader. On dit que son journal inspira Alexandre Dumas pour la rédaction du Comte de Monte Cristo.
Ecrire le matin sur la terrasse de 5h30 à 7h pour profiter de la fraîcheur avant la canicule. A la frontière entre Pouilles et Basilicate, les températures au-dessus de 30°C ne sont pas extraordinaires ; Il suffirait de faire la sieste, d’aller se plonger dans la mer et de profiter de la douceur des soirées. La rue principale est réservée à la passeggiata de 21h à 1 heure du matin, c’est le moment de sortir !
La via Catania,en plus du bruit, détient un autre exemple de folie : la folie architecturale ! La maison d’en face possède trois étages et trois escaliers séparés : un rouge en tomettes sur le devant du bâtiment conduit à la terrasse de bois du premier. Le second en marbre, sur le côté au second, le troisième, strictement parallèle au précédent et vertigineux avec une soixantaine de marches sans un palier, arrive à la terrasse grise…
ravins d’argile
Nous inspirant du Circuit des Ravins d’Argile du Guide Vert (115 km au départ de Piscicci), nous improvisons une excursion plus courte. En quittant Metaponto en direction de Pisticci nous faisons le détour par Bernalda, espérant encore trouver un office de tourisme avec des brochures ou des cartes.
Bernalda
Bernalda, est perchée comme il se doit sur une colline son château-fort et le clocher pointu qui lui fait face, dépassent. La petite ville se réveille, nous pouvons tranquillement traverser le centre et le centre historique, et parvenir sur la Place San Bernardino où château et église se font face. Le château bâti au 15ème siècle, réaménagé au 16ème garde une silhouette médiévale. Il est fermé tout comme l’église. A un coin de la place, un restaurant est installé dans une maison au toit voûté recouvert de tuile avec une façade blanche aux arcs marqués de briques. Construction originale que je n‘avais jamais vue ais que nous allons retrouver toute la journée dans la région.
Les maisons voûtées de Bernalda
Googlemaps situe Proloco (office de tourisme) sur le Corso Italia à 150 m, une dame qui balayait devant sa porte corrige : Proloco est maintenant à l’école secondaire rue Anachréonte. Cette toponymie me rappelle que nous sommes bien en Grande Grèce. Proloco est à l’intérieur de l’établissement scolaire. J’entre, on me prend pour le metteur en scène d’un spectacle et on m’ouvre la réserve des costumes ; Quel quiproquo ! Les deux jeunes qui officient au bureau de tourisme n’ont jamais vu de touristes. Ils sont très serviables et recherchent sur Google tout ce qui pourrait me servi, mais ils ne disposent ni de cares ni de brochures.
Pisticci
Pisticci est également perchée, toute blanche. Elle couronne la colline. Une tour ronde et des coupoles se détachent. Les collines argileuses ravinées par l’érosion sont pittoresques. Déception : un tunnel long d’1.4 km tout en courbes, nous cachera l’arrivée et la traversée des « badlands » . suivant l’indication « centro storico » la voiture monte aussi haut que possible sur une place devant une église de brique construite dans les années mussoliniennes.
Pisticci : pompe et puits
De là, un parcours touristique conduit vers le Dirupo : quartier construit à la suite du glissement de terrain causé par le séisme de 1688 qui a entraîné la destruction de tout le centre historique. Maisons blanches accolées les unes aux autres. Escaliers, labyrinthe, dans lesquels je perds le sens de l’orientation. Alors que je photographie une pompe et un puits, une femme jeune en robe noire à pois blancs m’interpelle : – »d’où viens-tu ?tu aimes Pisticci ? ». Pour le plaisir de la promenade touristique on a placé des plaques en majolique avec des poèmes. Rues en pente, escaliers, tournants impromptus, il faut de bonnes jambes pour se promener dans cette ville blanche. Je parviens enfin à la Chiesa Madre au sommet de la ville, elle est ouverte et bien fraîche.
collines argileuses
La route de Craco est étroite et tortille dans les collines argileuses. Sur les versants érodées et nues, il ne pousse rien. Dans le creux des vallées les champs d’artichauts sont bien desséchés, sur les pentes des oliviers et quand la surface ondule à peine, le tapis du blé a déjà été moissonné.
La campagne autour de Craco
Craco se voit de loin avec sa tour carrée, et décalée un peu plus bas, la coupole d’un monastère. Quand on s’approche, le village prend un aspect étrange. Un scalpel géologique a tranché les maisons, les caves béantes. Quelques kilomètres avant Craco, dans un creux, le village de Craco- Pescheria rassemble de mornes HLM dignes des pires quartiers des pays baltes, de Roumanie ou de Bulgarie. C’est ici qu’on trouvé refuge les habitants de Craco après l’évacuation du village en 1963.
Les quartiers ruinés
Le village de Cracoest saisissant. On ne visite le village qu’accompagné et protégé par un casque de chantier. J’ai de la chance : la visite est à 13 h, une petite demi-heure à attendre à côté du camion de panini sous le grand parasol où sont installées des tables bleues. Grande convivialité de tout ceux qui attendent également. Le patron accueille magistralement les touristes : pour nous c’est la Marseillaise, les Italiens éclatent de rire, ils ont eu droit à l’hymne belge, puis un rock endiablé une dame en barboteuse blanche se trémousse. Les panini sentent bon. Le guide arrive, il nous coiffe d’abord de casques de chantier puis raconte le village. D’habitude je prends des notes. Impossible, il parle très vite et d’abondance, je ne peux pas à la fois, écouter, prendre des photos, trouver la traduction française et écrire.
Craco : Tour normande
Craco fut fortifié par les Normands au 11ème siècle, c’était un avant-poste, le village de Tursi était musulman comme le rappelle son ancien quartier La Rabata. L’éperon rocheux sur lequel s’accrochait le village est formé de conglomérat et d’argile, cette structure géologique hétérogène sur une faille tectonique a scellé le sort du village qui s’est effondré par des éboulements successif. Ce phénomène n’est pas rare dans la région, Pisticci a préféré reconstruire les quartiers effondrés en 1688. Pour limiter les glissements de terrain, on a essayé de construire une sorte de digue en béton censée retenir l’argile, puis une seconde pour renforcer. Cela a eu la désastreuse conséquence d’empêcher le drainage naturel des eaux de ruissellement. Non seulement cela n’a rien retenu, mais cela a accéléré le glissement.
On entre dans le village par la rue Cavour, dallée de belle pierre, bordée autrefois de belles maisons dont les façades sont intactes, puis, plus rien. Tout un quartier a disparu. Des moutons bien tondus trois ânes paissent tranquillement ; un berger s’est installé ici, et, malgré l’interdiction refuse de partir.
Certaines façades béantes laisse voir les pièces ouverte à tous les vents ; souvent les plafonds étaient peints en bleu ; Cette coutume répandue dans le bassin méditerranéen aurait la vertu de combattre les insectes ; Le paludisme sévissait encore en Basilicate au temps du Christ s’est arrêté à Eboli . la peinture bleue contenait des traces d’arsenic pouvait être insecticide d’autant plus que les insectes leurrés par la couleur imitant celle du ciel allaient s’y poser et s’empoisonner.
Malaria, peste, séismes rien n’a épargné Craco !
Le décor tragique a séduit bien des cinéastes : Francesco Rosi pour Le Christ s’est arrêté à Eboli (1979), La Lupa (1953, d’après le roman de Giovanni Verga (1880) bien connu de mes compagnons de visite que je devrais bien chercher à mon retour. La Passion du Christ deMel Gibson Le guide énumère d’autres films dont le titre italien ne m’évoque rien.
Les maisons du village sont cadenassées seules quelques-unes sont visibles. On découvre alors que même les étables avaient le plafond bleu, pour le confort des animaux, peut-être ou peut être les gens logeaient-ils avec leurs animaux ? Au milieu du quartier, à un angle, un poulailler occupait le rez de chaussée tandis que le propriétaire était moins grandement logé que ses volailles. Une toute petite construction de la taille d’un placard, collée au poulailler principal était occupée par un petit poulailler ouvert sur la rue à la disposition des indigents. Solidarité de quartier ! Les pauvres venaient-ils ramasser les œufs ou mangeaient-ils les poulets ? L’histoire ne le dit pas.
Craco : coupole byzantine
L’église possédait une petite coupole byzantine. C’est à l’époque des Normands que l’église orthodoxe et l’église catholique romaine se sont séparées par le Grand Schisme (1054) . Les byzantins occupaient la région avant les Normands. Cette architecture témoigne du passage du rite byzantin au rite latin et les hésitations au cours du 11ème . Le clocher de l’église latine est coiffé d’un petit bulbe de majolique brillante où poussent les herbes.
Un Palazzo qui a encore gardé des balcons et des fresques qu’on devine de l’extérieur occupe deux côtés de la place de l’église.
Nous montons à la Tour normande, propriété primée, défense d’entrer. Elle faisait office de château d’eau, les installations de plomberie sont encore visibles.
Montalbano
L’intérêt de ce village perché réside plutôt dans sa position au-dessus des ravines que dans le bourg, cerné par des constructions modernes. Il y a bien un quartier historique où l’on pénètre en passant sous le porche, entrée du Castillo. Mais nous sommes blasées après les visites de la journée. Le belvédère, d’où part une promenade longeant les remparts nous offre la vue la plus spectaculaire sur ces terres ravinées. La promenade est fleurie de plantes méditerranéennes : lavande, santoline de Corse, romarin, thym qui embaument.
Nous terminons le circuit par une baignade à la Marina di Pisticci. Plus de cohue dominicale. Parasols et lits sont repliés. Le sable blanc est dégagé. Me voici réconciliée avec la côte ionienne. Les bouées sont même assez loin pour me donner un cap.
Via Catania, Tanio, avec ses grands parents ne fait plus de caprices bruyants. La soirée est calme et presque fraîche.
Nous visitons le site archéologique sous un soleil de plomb. Là, au moins, nous sommes tranquilles. Il était fermé le matin, quelle idée de ne l’ouvrir qu’à 14 h ! De la ville grecque, il reste les fondations visibles de trois temples qu’on identifie facilement d’un perchoir construit près du parking et qui permet d’embrasser la ville d’un seul regard.
Site de Metapunto : temple ionique d’Artemis
On a remonté les trois grosses colonnes du temple d’Héra et deux colonnes ioniques d’un temple plus petit dédié à Artémis. Je suis surprise de l’élégance du chapiteau ionien. Quand la colonne est entière on ne se douterait pas que la partie supérieure de cette sorte d’escargot qui s’enroule est si soigneusement ornée d’écailles ou de feuilles ni que le haut de la colonne est gravé de frises. Il faut aussi imaginer les décors du fronton, les figures en terracotta. Les amateurs de ruines romantiques n’imaginent pas la sophistication de ces décors ? Avec les reconstitutions virtuelles on commence à se faire une idée colorée de la vie antique.
Temple d’Héra
Une digue borde le cours d’eau . Il y a d’autres canaux de drainage. Il faut se représenter le rivage beaucoup plus proche et non pas à l’emplacement actuel du Lido de Metaponto. Près de l’agora, que je n’identifie pas exactement, le petit théâtre a été restauré pour y faire des spectacles. C’est là que s’est déroulé la nuit dernière le concert de piano. Les gradins ne sont visibles que partiellement, cachés par les structures métalliques. Un panneau m’apprend que l’Ekklesasterion d’un diamètre de 60 m pouvait réunir 8000 personnes pour l’assemblée de la ville.
Il est trop tôt pour rentrer dans notre gîte infernal (équivalent sans la mer du Lido de Metaponto). Je retourne au Musée où se tient une exposition patronnée par Matera2019, installation contemporaine sur le Thème de la Poésie des Nombres Premiers en hommage à Pythagore mort à Metaponto/ Si Pythagore a fondé une école, il n’a pas laissé d’écrits. C’est donc un exercice visuel illustrant le fameux théorème et d’autres théorèmes et conjectures mathématiques.
Dans le couloir d’entrée de nombreuses citations concernant la poésie des mathématiques de nombreux savants mathématiciens ou littéraires comme Borges ou Einstein et Cantor… Comme elles sont en traduites en italien, je ne les recopie pas. Un enregistrement me permet d’entendre un exposé sur Cantor et les infinis dont certains sont plus infinis que d’autres. J’ai du mal à suivre…Une vidéo : une pièce de théâtre à laquelle je ne comprends rien et un vidéogramme sur le thème des puissances de 10, dans l’infiniment grand de l’espace comme dans l’infiniment petit.
L’avantage avec cette exposition ambitieuse et difficile c’est que c’est climatisé et qu’il n’y a personne.
Escher
A côté de la grande exposition il y en a une autre « Remplir le vide » consacrée à Escher et à ses successeurs qui ont exploité le même procédé : comment le vide entre les oiseaux se métamorphose en poissons, comment entre les anges on voit apparaître des démons, qui se cachent si bien qu’à l’autre bout du tableau on ne voit plus qu’eux….Les tableaux d’Escher sont presque tous en noir et blanc, les autres plasticiens ont plus joué avec les couleurs. Exposition très séduisante.
Pour déjeuner, nous avions pensé au Lido di Métaponto. Nous nous serions attablées en bord de mer, j’aurais pu me baigner.
Le dimanche, il y a affluence, les parkings sont complets. Après avoir bien cherché une place nous arrivons sur une sorte de promenade où sont installés les restaurants correspondant aux installations balnéaires. Aujourd’hui, tous les parasols sont déployés, les lits occupés.
Il y a foule dans les restaurants populaires qui sont plutôt des self-services rustiques avec de grandes tables en bois peintes en bleu ou en brun et des bancs sous des auvents laqués. Il faut d’abord chercher le scontrino au bar, payer et commander. Quand l’assiette est garnie, une jeune femme appelle le client avec un micro, il emporte son assiette en plastique . Pour les pizzas, pareil sauf qu’il faut apporter le scontrino au pizzaiolo et que c’est beaucoup plus long. Avec mon italien timide et hésitant, je me fais dépasser dans la queue par les culottés qui annoncent à voix haute, et de loin, leur commande. Problème : je ne sais pas du tout quoi commander. Pour une bouteille d’eau, je dois attendre que le serveur ait préparé 25 espressos, mis 25 touillettes, et compté 25 sachets de sucre. Ensuite il remplit à peu près autant de petits verres de limoncello, grappa et autres alcools. Avec ma p’tite bouteille j’avais l’air d’un con …Ici on commande en grand, on vient en famille, ou plutôt en tribu.
Sur l’ardoise, il y avait des lasagnes, quand vient mon tour, elles sont terminées. Il fallait les commander dès le matin. Il reste des pâtes aux fruits de mer (7€) servies avec moules et palourdes, mais sans couverts, les pâtes ressemblent à des grains de blé géants, sauce tomate. C’est infect.
Pendant que j’attendais les pâtes, Dominique s’est fait chasser par un groupe d’une douzaine d’adultes, comprenant la grand-mère, et autant d’enfants installés sur la table voisine. Comme elle protestait, un homme lui dit qu’elle ferait mieux de retourner chez elle en France. Ambiance !
Au comptoir de la pizzeria, certains commandent 8 pizzas à la fois, le pizzaiolo les cuit 4 par 4 mais, pour une seule, il faut patienter ! Le spectacle est dans la salle. Les femmes font le service pour maris et enfants. Parfois, l’homme fait la queue au bar, la femme portera plus tard la commande mais les enfants ne bougent pas. Leur maman apportera une barquette de frites chacun, une pizza chacun, et des beignets pour terminer. Ici, personne ne mourra de faim. On dévore !
Et pourtant ils ont l’air tous contents dans le bruit et les allers/venues. Pour se baigner, il faut se frayer son chemin jusqu’à l’eau entre les glacières et les serviettes. Une dame lit, comment fait-elle dans ce vacarme? Dans l’eau, uniquement des enfants. Les parents les surveillent du bord. Ils ne risquent pas grand-chose, l’eau est très peu profonde. Il faut aller très loin au-delà des bouées pour avoir assez d’eau.
C’est une expérience à faire une fois, mais pas à renouveler ! vivre quelques heures au milieu de ces gens en famille et au naturel et basta !