Sites mégalithiques du Plateau de Cauria – Plage à Tizzano

CARNET CORSE 2024

Alignement de Stantari

 

Itinéraire vers Cauria

Avant d’arriver à Sartène quitter la route principale T40 pour la D21 à gauche, puis la D48 et la D48A. la D48 est une petite route tranquille qui passe par des bois de très beaux chênes. La taille des arbres et leur vigueur est étonnante si on les compare aux petits arbres/arbustes du maquis.

Un parking ombragé est prévu face à la piste qui mène aux sites mégalithiques. Le chemin est bien entretenu, même sablé, des plans sont affichés. Aucun risque de se perdre. J’avais des souvenirs de galères à la recherche de menhirs et de nuraghe en Sardaigne. C’est donc par un très bon chemin et une petite marche que je découvre les alignements de Stantari dans la belle lumière du matin et les chants des oiseaux. Cette promenade bucolique seera interrompue par l’arrivée de 6 quads au vacarme de bulldozers. Arrêtés, c’est pire encore, les teutons parlent plus fort que leurs engins.

Alignement de Stantari

L’endroit est impressionnant, deux rangées de menhirs et de stèles armées regardent vers le soleil du matin. Ils ont fière allure. Leur décoration s’est estompée avec le temps et la patine. J’ai bien en mémoire les statues-menhir du Musée de Sartène, je reconnais al tête, les épaules, mais n’identifie ni les armes ni les visages.

Statue -menhir Cauria

Notes recopiées sur place :

L’alignement fut visité par Prosper Mérimée en 1839. De 1964 à 1968 Grosjean restitue l’alignement en deux files  de 11 menhirs, parallèles orientée N/S

Le site comporte plus d’une centaine de monolithes et fragments.

Les petites stèles ont été datées Néolithique moyen (4500-4100avJC)

Un monument fut édifié au Bronze moyen puis un deuxième au Bronze final. A cette éposque le plateau de Cauria était densément peuplé et fortifié.

 

Non loin de là, sous un bosquet de chênes, se trouve l’alignement de Rinaghju

alignement de Rinaghju

Les menhirs ne sont pas en rang d’oignon mais plutôt regroupés

 

Notes recopiées sur place

1840 Mérimée ; 1964-68 Grosjean ; 1975 jean Liégeois redresse et replante les menhirs.

170 monolithes.

Les archéologues distinguent ici aussi trois phases

5700av JC des agriculteurs-pasteurs s’installent au bord d’une source (pas de monolithes)

4500-4300av<JC 60 petits menhirs en 2 files + un grand menhir

Fin Néolithique/âge de Bronze : à côté du premier monument érection d’un second de 70 grands menhirs en 4 files.

 

Dolmen de Funtanaccia

Dolmen de Funtanaccia

C’est une sépulture collective naguère qualifiée  « A stazzona di u diavulu » formée de 6 dalles.

 

Plage à Tizzano

Plage Arinella di Tizzà

Par la D48, nous rejoignons la station balnéaire de Tizzano au bout de la route : villas et petites résidences sur la colline. Des graffiti en Corse « halte à la spéculation », en effet, l’immobilier balnéaire s’étend. Une grue en action indique que ce n’est pas fini. Les restaurants s’alignent au bout de la route au bord de l’eau. Sympathique, mais nous avons le pique-nique prêt dans la glacière. Nous nous aventurons sur une piste à l’autre extrémité du village et découvrons la belle plage Arinella di Tizzà accessible en voiture. Sable rose plutôt grossier, encadrée de rochers orange. Eau turquoise transparente. Le vent souffle faiblement la risée n’est pas gênante pour nager de belles traversées. Sur le sable quelques estivants : un couple sous un parasol (en tout 4 ou 5 parasols sur toute la plage) des familles allemandes avec des enfants en bas-âge blondinets qui construisent des alignements en bois flotté. Cela change des châteaux de sable impossibles à construire avec ce gros sable.

Après deux belles baignades nous rentrons pour profiter des senteurs du tilleul fleuri qui embaument la terrasse.

Filitosa site archéologique et baignade à Olmeto-plage

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Statue menhir

La route de Sartène traverse des vignobles et des prés fauchés, paysage agricole qui m’étonne, contrastant avec le maquis si dense et si sauvage en formant une parenthèse. Elle s’enfonce ensuite dans la forêt épaisse : oliviers très hauts, chênes touffus. Puis s’élève en nombreux virages avant d’arriver à Sartène, ville adossée à la pente. Descente sur Propriano très urbanisée, entourée de zones commerciales et hypermarchés. La D157 longe le Golfe de Valinco avec de belles échappées sur la mer bordée de résidences discrètes, puis montée au site de Filitosa.

Filitosa

Torre et statues-menhirs

Entrée 9€. L’audioguide est à télécharger (QR code) un peu décevant.

Des lauriers roses formant une allée conduisent à une très haute statue-menhir (2.25 m +0.30 m sous terre). Sur la face antérieure le visage est à peine marqué mais on reconnait bien l’épée dans un fourreau. Sur l’autre face, la colonne vertébrale est l’axe coupé par des lignes sinueuses, baudrier ou vêtements flous ?

Un abri sous roche, à l’entrée d’un bois plus sauvage marque l’entrée du site, chaos granitique moussu.  Au pied de la « Torre »(Âge de Bronze ancien 1800 – 1100 av. JC), les archéologues ont mis au jour une zone d’habitations de formes variées. Leurs soubassements étaient des blocs granitiques tandis que les murs étaient faits de terre crue argileuse et la toiture légère.

La Torre (1300 av.JC) avait une fonction cultuelle. Des fragments de menhirs ont été réemployés : statues casquées et armées beaucoup plus anciennes. Une théorie suppose que les Shardanes – peuples de la mer cités par les Egyptiens – peut être des Sardes (homophonie) auraient brisé les statues.

Au bas de la Torre dans une petite vallée coule un petit ruisseau.

Le parcours fléché nous conduit à un éperon rocheux fortifié.

olivier remarquable de filitosa

Au passage, je remarque d’énormes chêne-liège. En majesté, face à la Tour, se dresse un arbre géant : l’Olivier remarquable de Filitosa âgé de 1200 ans. Du pied surgissent 5 ou6 troncs surmontés d’une frondaison impressionnante. 5 statues-menhirs disposées en arc de cercle semblent monter la garde.

Musée :

Prosper Mérimée découvrit le premier mégalithe en 1840. En 1946 Charles Antoine Cesari, les « hommes de pierre », il fut l’ »inventeur » du site.

Légendes : les dolmens « stazzone » étaient considérés traditionnellement comme maléfiques, tables de péché ou forge du diable.
Les statues-menhirs, interprétées comme « idoli di lli mori», statues armées de rapières et de poignards « paladini » bénéficiaient d’une considération bienveillante.

On les a utilisés en réemploi dans la construction des chapelles ou des églises sans volonté de destruction, plutôt de « christianisation »

Baignade à Olmeto-plage

Tour génoise

La petite route qui descend à la plage passe devant une tour génoise en excellent état, elle est habitée. C’est une belle plage de sable grossier, presque des graviers. La marche au bord de l’eau n’est pas facile, on s’enfonce et la plage est en dévers, je marche déséquilibrée. La plage est très longue presque déserte. Après le déjeuner j’essaie de me baigner sur cette plage ouverte balayée par le vent. Les vagues sont trop forte pour que je nage en faisant mes « longueurs » j’essaie de ne pas m’éloigner de peur d’avoir du mal à sortir.

 

 

Roccapina : Maison du site – déjeuner à La Tonnara – sentier côtier vers Bonifacio

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vue du Belvédère de Roccapina : la Tour génoise et le lion de Roccapina

A Casa di Roccapina 

Ciel un peu nuageux sur la montagne, voilé sur la mer. Il fait bien frais.

La maison cantonnière n’ouvrant qu’à 10 heures, je prends le sentier qui descend du parking et qui serpente dans le maquis. Très bien entretenu pour observer les rochers bizarres ; un éléphant très reconnaissable, sous l’éléphant une cavité abriait une bergerie. Arrivée an belvédère, gros amas rocheux qui émerge du maquis d’où la vue est très étendue : sur le Lion à l’ouest assis sur son éperon, en face sur le récif des Moines et à l’est sur le rocher de la Trinité. J’ai appris au musée que sous le belvédère, une grotte a été aménagée par des militaires français puis occupée par les Italiens. Je n’ai pas vu les casernements italiens ; 1000 hommes y furent stationnés.

L’éléphant

La Maison du site : A Casa di Roccapina ouvre à 10 h , le prix du billet est symbolique (2€) On équipe le visiteur d’un audioguide sous deux versions, la courte donne seulement les explications, la version longue présente aussi des musiques. Le musée est installé dans l’ancienne maison cantonnières où vivait le cantonnier et sa famille. A l’aide de photographies anciennes nous faisons la connaissance de Martin Cianfarani, de son épouse Rosine et de leurs trois enfants. Une femme qui vint passer ses vacances enfant raconte l’animation, les muletiers qui passaient, les habitants. Cette maison était aussi la Maison des Douanes : avec la proximité de la Sardaigne, les douaniers devaient surveiller pour empêcher trafics et contrebande. C’était aussi un relais de chevaux.  Il faut imaginer le dur travail du cantonnier qui devait reboucher les trous de la route empierrée. Rosine qualifiait son mari de « galérien ». Imaginer aussi les trois garçons que l’on voit en photos juchés sur un âne, monter chaque jour à l’école à Serraggia. On raconte qu’ils cueillaient des cyclamens pour les vendre aux touristes. On voit aussi des photographies des bergers et de la transhumance. Il y avait 4 bergeries, 2 en haut, 2 en bas, 4 familles, 120 chèvres, 50 brebis….Tout cela est très vivant, très concret.

A l’étage, une salle est consacrée à la géologie, des maquettes expliquent la formation des taffoni. Aux agents habituels de l’altération du granite : l’humidité, s’ajoutent le soleil, le sel et le vent. L’eau salée et le sel en cristallisant font éclater le granite.

Une autre salle raconte diverses histoires, celle du Lion de Roccapina, du temps des Sarrazins. Un Maure surnommé « le Lion » tomba amoureux d’une bergère corse. Dédaigné par la belle il fut pétrifié. Ce lion domine le paysage. Couché, il semble surveiller le large. C’est de la mer que survenaient les razzias barbaresques. Il est bien identifiable dans le paysage, mieux que le lion de Tafraout que je n’ai pas reconnu et qu’une policière aimable avait photographié sur son téléphone pour nous le montrer. Il faut croire que le granite en s’altérant donne naissance à des animaux lion, ou oie du Sidobre….En le dessinant, j’avais cru voir des oreilles dressées>. Sur les photos on voit que ce sont des ruines d’une tour qui couronnait sa tête, édifiée entre 1370 et 1380 par le Comte Arrigo della Rocca.

Le Naufrage du Tasmania le 17 avril 1887 eut lieu sur les récifs des Moines. Parti de Bombay, il apportait à l’Impératrice Victoria les présents du Maharadjah de Jodhpur pour son Jubilée. Les habitants de Roccapina sauvèrent les marins et reçurent une récompense en or. Pour éviter les naufrage on construisit le phare des moines en 1909.

Histoire de la cala de Roccapina qui abritait les navires marchands embarquant les pins laricio pour les traverses de chemin de fer. Le charbon transitait là et on exploitait aussi le corail.

La visite se termine devant un écran avec la projection du film Amour et Vendetta, la fille du lion, (1923) réalisé par René Norbert, tourné à Roccapina et restauré en 1992.

Oriu : maison de berger dans un bloc creux

On ouvre une porte…et la visite continue dehors sur un autre sentier Le Sentier de l’Oriu qui passe par le poulailler de Rosine Cianfarani construit contre un bloc de granite, avec un mur de pierres sèches de construction très soignée. Plus loin, un taffonu et quelques pierres formaient la niche de leur chien.

Oriu ; l’intérieur de la maison du berger

Encore plus loin, un Oriu a été reconstitué et meublé, cabane de berger avec tout le nécessaire : l’âtre, la table une chaise de paille, et dans un coin triangulaire, son lit bien peu confortable.

C’est une très belle visite.

Taffonu à la Tonnara

Nous retournons à La Tonnara malgré le temps nuageux et venteux.

Déjeuner au restaurant Le Goéland . La décoration originale utilise le bois flotté pour diverses compositions. Le menu est varié, choix de poissons ou tajine et grillades. Mais les prix sont assez élevés. Dominique prend des moules de l’étang de Diane, excellentes très charnues cuisinées avec beaucoup d’ail et de persil accompagnées de frites-maison très bonnes. Mes linguines aux palourdes sont aussi à l‘ail et persil.

Après ce très bon repas, malgré le ciel voilé je vais nager avec autant de bonheur que dimanche. Le vent est suffisant pour les kite-surfs qui exécutent un ballet gracieux mais les îles brisent les vagues et je nage à l’abri. Mauvaise surprise : quelques méduses excitent deux Italiens mais elles sont petites et pas vraiment gênantes. A deux reprises, je sens une brûlure, comme une piqûre de guêpe. Mais je trouve aucune trace quand je ressors de l’eau (quelques jours plus tard une petite plaque va me démanger le soir).

La Tonnara : immortelles de corse et Griffes de sorcières

Le soleil est revenu, le vent a chassé les nuages. Je pars en exploration sur le sentier littoral en direction de Bonifacio. Bien tracé entre les blocs de granite et la végétation rase. Les immortelles de Corse sont fleuries. Au bord de l’eau, les griffes de sorcière sont en bouton. Peu de buissons, quelques lentisques ras. Lavande et euphorbes complètent cette flore. J’arrive sur la plage presque vide de Stagnolo. Ler sable très blanc est maculé par l’épaisse laisse de posidonies séchées. Des ganivelles l’entourent et un panneau prévient « Ne marchez pas sur les œufs ! » C’est un sanctuaire pour els oiseaux, un site de nidification des Gravelots. Pas d’oiseaux aujourd’hui. Quelques couples sont à poile. La plage est-elle naturiste ?

Tadjikistan – Au pays des Fleuves d’Or au Musée Guimet

Exposition temporaire jusqu’au 10 janvier 2022

L’Oxus (Amou-Darya) et le Zeravchan ( le « Semeur d’Or » en Persan) sont des rivières aurifères. Depuis la Préhistoire, au Chalcolithique les ressources minérales (or, cuivre, plomb, lapis-lazuli, cornaline et rubis) furent exploitées.

  A l‘Âge de Bronze, le site de Sarazm est un centre métallurgique important en relation avec l’Empire Perse comme le suggère la petite statue de pierre. 

Ibex

le Trésor de l’Oxus est composé de plaques, parures en or et argent destiné à une élite achéménide. La finesse de l’orfèvrerie est remarquable

Plaques décorative thèmes animaliers du Trésor de l’Oxus

métallurgie, orfèvrerie, aussi bien richesse des matières premières que finesse du travail.

la Bactriane sous les successeurs d’Alexandre

Des rois aux noms grecs comme Diodote 1er ou Démétrios on laissé leurs profils sur des monnaies. Sur une drachme à l’effigie d’Alexandre le Grand est gravé la silhouette d’Héraclès, sur une tétradrachme de Diodote à l’avers on reconnait Zeus. Deux poids pour une balance représentent Athéna Casquée et Mercure

Poids : Athéna et Mercure (1er siècle après JC)

On fait connaissance avec les Bactriens : dans le Temple de l’Oxus des têtes en terre crue ou en stucs les représentent

Bactriens en terre crue

En terre crue, une figure féminine est vêtue à la grecque avec chiton et himation. l’art des steppes hellénisé est d’un grand raffinement avec l’utilisation de l’ivoire

Fourreau en ivoire
ivoire

Du 1er au 4ème siècle de nouveaux nomades importent de nouvelles croyances : brahamique , bouddhiste, zoroastrien. On voit un art grécobouddhiste

Tête de Bouddha kouchan

Venus des steppes les marchands sogdiens sur les routes de la Soie. 

Turcs orientaux, ils utilisent le chameau de Bactriane

Chameau de Bactriane

l’exposition présente plusieurs chameaux, cavaliers et palefreniers sogdiens

palefrenier sogdien

Il y a aussi des représentations de Shiva (statue colossale) de divinités indienne à 4 bras.

Fresque du palais de Pendjikent

les Sogdiens ont aussi fondé Afrosiab (Samarcand) où l’on peut voir de magnifiques fresques. La fresque du palais de Pendjikent représente une bataille, une procession et un banquet.

la religion des Sogdien était le zoroastrisme, religion dualiste (Bien/Mal) honorant le feu et l’eau. On peut voir un temple du Feu avec un autel du feu

le dieu Mithra et ses attributs

Jusqu’à la conquête de l’Islam (8ème siècle) le Bouddhisme est répandu.  Les nomades turc avaient aussi d’autres croyance avec des tombes de pierre Balbal

Les Samanides (875 – 999)

aiguière et brûler d’encens samanides

les Samanides forment un émirat indépendant. la langue scientifique était l’arabe, celle de l’administration, le persan. les Samanides valorisaient l’identité iranienne.. 

 Cette exposition est splendide. Elle a bousculé mes a-priori concernant le Tadjikistan et la Route de la Soie. J’avais dans mon imagination des marchands arabes ou chinois marchant avec leurs chameaux de caravansérail en caravansérail, des Chinois aussi ou tout au moins des asiatiques, les chevaux de Gengis Khan ou de Tamerlan. Je n’imaginais pas trouver une civilisation si ancienne, une cité métallurgique de la Préhistoire, des villes anciennes, et surtout une telle richesse : or, ivoire, soie précieuse. Carrefour ou creuset de peuples si variés.

 

Porto Vecchio, Casteddu d’Arraghju, lac de L’Ospedale

CARNET CORSE 2021 de BASTIA à BONIFACIO

Porto Vecchio

Plage fermée pour cause de pollution -hydrocarbures, je ne descends pas, frustrée. Nous avions prévu de retourner à la pointe de Capicciola. Il faudra improviser autre chose.

Nous irons visiter Porto Vecchio !

le port fut autrefois un port de commerce actif avec l’embarquement du liège.  La fabrique de liège, en face du port, est  fermée; son bâtiment  utilisé pour des activités culturelles. La port est maintenant une marina de plaisance. Nous cherchons les salines, j’aime bien me promener dans les maris salants mais nous les cherchons au nord alors que nous les avons dépassés à l’entrée de la ville.

Dominique gare la voiture sur une rampe qui monte à la ville haute à l’ombre de très grands oliviers. Je suis vite déçue dans mon exploration de Porto Vecchio. La vieille ville se résume à deux rues et les ruelles adjacentes remplies de tables de restaurants. Les rues commerçantes sont sans intérêt sauf peut être les deux boutiques des couteliers. Lame finement ouvragée, manche en corne de mouflon ou de bélier et prix à trois chiffres, certains atteignent 300 €. J’ai très envie d’un couteau, compagnon des pique-niques de la randonneuse. Je m’attache à cet objet familier mais ils finissent toujours par disparaître. Qu’est devenu mon couteau de scout à 8 lames ? et le laguiole acheté à Orcival pour mes 50 ans avec son manche en bois de rose, et le petit noir trouvé au marché aux puces de Sofia ? J’hésite à dépenser une grosse somme pour un objet que je vais égarer.

Accueil étrange à l’église.  Juste devant moi, arrive un groupe de garçons excités qui font un jeu de piste et doivent trouver des indices à l’église. Le curé, habillé en curé, et un homme les accueillent « Entrez, entrez dans la Maison du Seigneur ! ». Les gamins se ruent à l’intérieur brandissant leur questionnaire. Le monsieur les arrête « Et le signe de croix, vous ne savez pas le faire ! Il faut du respect ! ». Moi, je ne sais pas le faire ! je n’ai rien à faire ni dans la maison du seigneur, ni dans la petite chapelle des confréries juste en face gardé par le monsieur qui exige le respect.

 

J’ai enfin trouvé les fortifications et les remparts. On peut entrer dans le Bastion de France et monter sur la terrasse pour un beau point de vue sur le port et les montagnes environnantes. Je découvre les salines que nous cherchions.

Porto Vecchio : bastion de France

J’ai hâte de retrouver Dominique et de quitter cette ville où le port du masque est exigé par voie d’affiches omniprésentes. Tous les passants le portent (et pas sous le menton). Il fait près de 30°, je suffoque.

Casteddu d’Arraghju

Casteddu dr’Arradju

Dans la Sardaigne, toute proche, les hommes du Néolithique construisaient des nuraghi : tours fortifiées. En Corse ce sont des Torres perchées sur des chaos granitiques dominant les alentours ; A Cuccuruzzu et à Capula ils mettaient à profit les tafoni, cavités dans les roches. A Capula où le site a été occupé après la Préhistoire pendant le moyen âge, les vestiges sont moins lisibles.

Au village d’Arraghju, il y a de belles propriétés et des restaurants (dont 1 cher) qui ne voient pas d’un bon œil que les touristes laissent leurs voitures n’importe où. Un vaste parking leur est réservé à l’extérieur du village à près de 500 m du départ du sentier ; « Mais il est très agréable » commente un jeune touriste. De très vieux chênes-lièges donnent une très belle ombre.

Le sentier qui monte au Casteddu se faufile au ras des tables de la Casette. Un écriteau prévient que chacun doit être prudent et que la mairie se décharge des accidents éventuels. Prudents, certes, mais surtout bien chaussé et muni d’une gourde d’eau. Les chaussures de marche sont nécessaires et le bâton de marche n’est pas superflu. Le « sentier » emprunte le lit du ruisseau. Il monte à pic dans les broussailles; les racines des chênes tendent des pièges aux étourdis et des branches pointues viennent m’érafler le genou. Les rochers forment de hautes marches. Pour me hisser je m’accroche aux branches. Pas à celles des bruyères qui n’ont aucune solidité et cassent dans ma main ; ni à celles des cistes qui n’ont pas de consistance, le chêne-liège offre un tronc solide, mes préférés sont les arbousiers et les myrtes qui ne piquent pas. Poser de préférence les pieds sur des pierres bien saines et non pas sur l’arène qui roule, et se méfier des racines. J’envie Manon, 3 ans et Raphael 7 ans lestes et légers que leurs parents hissent d’une main énergique quand la marche est infranchissable. Je me sens lourde et essoufflée mais j’arriverai avant eux. J’appréhende la   descente elle sera plus facile que la montée à condition de prendre son temps pour choisir ses appuis et ne pas hésiter à s’assoir sur le bord d’un rocher. Elle prendra la moitié du temps de la montée.  (130 m de dénivelée, 1.3 km seulement selon Visorando, 50 minutes).

La Torre se mérite. On est bien récompensé quand on découvre les murailles hautes et épaisses d’une enceinte imprenable qui domine la région avec des loges, pièces construites avec soin.

Pique-nique dans la forêt de l’Ospedale

le lac dans la brume

La recherche d’un coin pique-nique vire au casse-tête. Nous optons pour la montagne et retournons au barrage de l’Ospedale. Pendant le déjeuner des bancs de brume passent tout près. Je sors ensuite mon carnet moleskine et dessine les troncs des pins mésogéens appelés aussi Pins de Corte selon Plantnet et les Cistes de Crète (Plantnet). Je dessine sans me préoccuper du résultat heureuse de ce moment d’observation, de concentration. Dessiner me permet de découvrir des détails que je ne vois pas au premier regard.

 

 

Alta Rocca :  Serra-di-Scopamena – Levie

CARNET CORSE 2021 de BASTIA à BONIFACIO

Barrage de l’Ospedale, granite et pins

A la sortie de Porto Vecchio, la D368 s’élève très vite dans la montagne jusqu’au Col de Punticella (78 m) d’où la vue est très belle sur la Baie de Porto Vecchio. Les lacets deviennent de plus en plus serrés à travers une forêt magnifique : les pins ont succédé aux chênes-verts et aux chêne-liège.

l’Ospedale (850 m) nouvel arrêt pour le panorama. Selon la table d’orientation, on pourrait voir la Sardaigne et les îles italiennes. Elles sont noyées dans la brume.

Les sommets se profilent, je reconnais les Aiguilles de Bavella à leur silhouette, pourtant distantes de 20 km. Pour les autres montagnes il faudrait l’aide d’un guide. La route suit la rive du lac de barrage de l’Ospedale qui brille entre les futs des pins. L’autre rive est déserte et les montagnes sont pelées. Des blocs de granite ont des formes fantastiques. Un rocher semble tenir en équilibre sur la paroi lisse.

lac de barrage dd l’Ospedale

La route continue ses virages dans la forêt de Zonza. A chaque tournant, une nouvelle perspective. Des flèches jaunes signalent les départs de randonnée. Je me réserve la balade de la Cascade pour une prochaine occasion. Ce sera un plaisir de revenir sur cette route aussi splendide que spectaculaire.

Ma silhouette donne l’échelle de ces arbres géants

Zonza est une station touristique d’altitude, bien organisée avec des hôtels, des campings, un office de Tourisme, location de vélos, parcours accrobranche…Nous quittons la D368 pour la D420

Quenza

Quenza

Quenza, joli bourg, met en valeur son patrimoine en apposant de nombreuses plaques commentant l’habitat, l’histoire, la géographie locale. Un sculpteur a organisé dans son pré « un jardin de sculptures » majoritairement en fer forgé en détournant des objets du quotidien (grilles, cornières, piquets) et quelques sculptures de granite. Le granite est très présent dans le village : dés énormes et une belle sitelle.

la sitelle de granite de Quenza

Sur Wikipédia j’ai trouvé que Quenza organisait régulièrement des biennales de la sculpture et particulièrement la taille du granite. On peut aussi voir à Quenza un « château toscan » (récent). Au centre du village la grande église Saint Georges est sévère comme les autres églises de granite de la région. A l’intérieur se trouveraient des panneaux peints mais elle est fermée. Les maisons de granite gris ont souvent un étage et des balcons en fer forgé.

 

A la sortie du village, à l’écart, la petite chapelle Santa Maria Assunta est surnommé la chapelle de l’an Mil. Aucun décor extérieur, un toit de lauzes sur l’abside en cul-de-four. Elle est ouverte, aussi simple à l’intérieur qu’à l’extérieur sauf l’autel qui porte de nombreuses statuettes et surtout des fresques 15ème.

Serra-di-Scopamena

Le but de l’expédition d ’aujourd’hui est un Chemin du Patrimoine promenade de 50 minutes autour du village. Problème n°1, trouver le départ de la randonnée, problème n°2 : trouver un parking agréable et ombragé pour Dominique qui va m’attendre.

Serra di Scopamène : moulin

La petite place de l’église est plantée de tilleuls, il y a des bancs et une belle vue. Une dame en gris se promène en fumant, elle  ne connait pas le sentier, en revanche, le monsieur en rouge, oui. Il indique la piste derrière l’église qui descend dans la forêt de châtaigniers. Pas de balises mais une seule piste conduit au Moulin. Belle maison de pierre avec une roue à aube intacte. Le tout petit filet d’eau qui s’écoule était-il suffisant pour actionner la roue ? Ce moulin fonctionnait sur deux niveaux, au plus bas : pressoir à huile d’olive, au niveau supérieur une meule à grain pour les châtaignes. Après le moulin, je trouve les flèches en ferraille et les cairns. Le circuit m’entraîne dans le haut du village parmi de belles maisons de pierre. Certaines sont grandes avec des escaliers extérieurs, des arches. D’autres sont plus modeste, basses ?

La plus grande porte une plaque triangulaire sculptée au-dessus de la porte, elle est ornée d’un très beau rosier rouge. Le sentier monte dans la châtaigneraie. Les châtaigniers ici sont qualifiés d’ »arbres à pain ». Parmentier les aurait étudiés avant de promouvoir la pomme de terre. Au programme de la visite : des séchoirs à châtaignes. Je les ai loupés (ou pas reconnus) . Peut-être étaient-ce ces maisonnettes qui ont perdu leur toit ? la balade s’achève au lavoir égayé par des fleurs roses qui poussent entre les pierres du mur. ( Valériane rouge (Centranthus ruber) ou valériane des jardins).

Serra di Scopamène : lavoir

A Zonza nous prenons la route de Levie dans la forêt pour visiter le Musée Archéologique de l’Alta Rocca en espérant le trouver ouvert : le site n’est pas mis à jour sur Internet et ils ne répondent pas au téléphone alors qu’on les a appelés trois fois ce matin.

Le Musée s’organise autour de la présentation du territoire et sa géologie, puis un parcours chronologique commence au Mésolithique avec l’arrivée des humains en Corse 8500 av.J.C. pour se terminer avec la mort du seigneur Rinuccio della Rocca en 1511.

La section qui m’a le plus intéressée est celle de la Géologie de la Corse :

Je recopie la chronologie proposée qui me fixe un cadre mais qui ne rend pas compte de toute la complexité de la Géologie de l’île.

a)Formation de la Corse ancienne :

325MA – 280MA (Dévonien-Carbonifère) contemporaine des chaînes hercyniennes  (massif de Cagna et de l’Ospedale) Gabbro dioritique de Sainte Lucie

285MA – 130 MA structure annulaire de Bavella

  1. b) formation de la Corse alpine

Au Tertiaire : rotation de la plaque ibérique, le bloc corso-sarde s’éloigne de l’Europe.

Quaternaire : 20.000 la Corse et la Sardaigne forment encore un seul bloc

12.000 le relèvement du niveau de la mer opère la séparation entre la Corse et la Sardaigne.

J’ai beaucoup apprécié les échantillons de roches :  Granite, Diorite et surtout Diorite orbiculaire de Sainte Lucie de  Talliano ; gabbros (pierres demi-deuil) Rhyolites de l’Ospedale et de Zonza.

Peuplement animal

le Prolagus corse et le sarde sont éteints mais le pika leur ressemble

Holocène : Arrivé de l’homme vers 9000ans av. JC et introduction de nouvelles espèces

Pléistocène : baisse du niveau marin, pont avec l’Italie permet l’introduction de nouvelles espèces

Pliocène : asséchement messinien des espèces africaines s’installent ;

Miocène : séparation du bloc corso-sarde comparé à une « arche de Noé à la dérive »

Des fossiles sont présentés : le Cerf de Caziot megaloceros cazioti provenant de la Grotte de Nonza. C »est une forme naine

La vedette du musée est le Prolagus (lapin-rat) dont on voit le squelette. Ce rongeur fut consommé en Corse pendant 8000 ans et même jusqu’au XVIIIème siècle en Sardaigne. Ces rongeurs étaient consommés en brochette

Une « rencontre » : la Femme de Bonifacio 

la femme de Bonifacio

 

Le squelette de cette femme datée 7000-6500 av. JC est présenté dans la position où elle a été retrouvée. Agée environ de « ( ans, elle était lourdement handicapée et n’aurait pas pu survivre seule. C’est donc la preuve de l’existence de la solidarité du groupe et de l’organisation sociale à l’époque.

18h45, Je descends à la plage de Santa Giulia pour ma baignade du soir alors que les familles sont parties . La baie retrouve sa sérénité. C’est aussi l’heure du bain des  chevaux  qui tournent comme au manège avec des cavaliers fort dévêtus. Aujourd’hui, il reste encore du monde sur le sable et les terrasses des bars sont pleines. Personne, absolument personne dans l’eau. Une guirlande de flotteurs réduit la baignade à la dimension d’une très grande piscine. Un gros homme se démène et parle dans un talkie-walkie. Je ne remarque que plus tard son écusson tricolore. Il lâche son appareil et crie « La plage est interdite, retournez à vos véhicules ! » – « c’est une blague ? » – « non, cela vient de tomber ! » Un cargo a dégazé sa cuve au niveau de Solenzara et la nappe d’hydrocarbure dérive vers le sud. Depuis deux jours la télévision relaie l’information d’une pollution des plages corses.

Aucune boulette de mazout, aucune trace de pétrole. L’eau est limpide. Non seulement on n’a pas le droit de se baigner, mais on ne peut même pas rester sur le sable et profiter de la douceur du soir. Il a fait plus de 30° à l’intérieur des terres. Près de l’eau, on respire. Et nous voilà à nouveau punis ! Après confinements et couvre-feux, on évacue les plages. Il n’y a que deux policiers municipaux pour toute la plage et tout le monde obtempère. Le covid nous a rendu bien obéissants ! je regarde la plage se vider à regrets et je remets mes tongs (mon véhicule comme l’a dit le gros homme).

site archéologique de Cuccuruzzu

CARNET CORSE 2021 de BASTIA à BONIFACIO

Cuccuruzzu : Torre néolithique

J’ai renoué avec le plaisir des baignades matinales, les meilleures quand la surface de l’eau est un miroir qu’aucun mouvement n’a altéré et que le soleil se lève derrière la colline avec son éclairage particulier. Malheureusement je ne suis pas seule, une bande de jeunes chahute bruyamment.

La D459 tortille jusqu’à Sotta où nous trouvons la D59 qui rejoint Levie. C’est une très jolie balade en voiture. Tôt le dimanche matin, il n’y a personne et la route est à nous. Le paysage est somptueux. Près de la côte, les chêne-liège sont magnifiques et écorcés, ils me rappellent la Sardaigne. Tout comme les gros blocs de granite qui émergent de la végétation. Quand on monte en altitude les pins remplacent les feuillus. Certains sont très hauts. Les panoramas sont bluffants. Je reconnais sur la côte la Baie de Santa Giulia avec son arrondi et le petit lac derrière la plage. Du de la montagne, des rochers rouges ressemblent à des châteaux et des éperons. Au loin, les aiguilles de Bavella dominent les crêtes. Brusquement on passe un petit tunnel. Les cistes rose sont en fleur. Le GPS de la DS3 indique l’altitude, je prends l’habitude de le consulter chaque fois que je trouve des fleurs. Malheureusement Plantnet a des limites : celles de la 4G. Le GPS a aussi perdu le signal dans la montagne, nous naviguons au jugé. Facile puisqu’il n’y a qu’une seule route. 809m  Col de Bacinu. Passé le col, les feuillus remplacent les pins surtout les chênes.

On traverse des villages Orone , très petit, quelques maisons. Carbini est plus important. Une surprise nous y attend l’église Saint Jean-Baptiste, église romane en granite ; On reconnaît la ressemblance avec les églises pisanes du Nebbio. Le granite plus dur, difficile à sculpter élimine toute décoration superflue. C’est donc une église austère avec un très haut campanile au milieu de son esplanade herbue. Un écriteau raconte que Prosper Mérimée l’a découverte en ruines et a recommandé sa restauration et son classement.

Carbini : église romane en granite

Alors que j’allais retrouver Dominique à la voiture une très vieille dame vient à ma rencontre, portant un vase contenant un grand bouquet de lys. Je devine qu’elle va fleurir l’église et lui demande la permission de l’accompagner. Elle est ravie parce que je peux l’aider à ouvrir le portillon et le refermer. Elle peste :  celui qui tond la pelouse serait fâché si les vaches entraient dans l’enclos.

« Toute cette belle herbe serait mieux dans leur ventre ! Quel saccage, cette tonte qui chasse les insectes de leur milieu de vie ! » 

Commentant le style de l’église :

 » Pise a envahi la Corse, puis Gènes, nous avons toujours été envahis. C’est pour cela que nous sommes toujours sur nos gardes. C’est dans nos gènes de se méfier de l’envahisseur ! Mais c’est stressant. Mon cardiologue me l’a dit. »

Dans l’église, elle cherche Saint Antoine. Effectivement, les statues ont quitté leurs supports. Il ne lui reste plus qu’à placer les lys de Saint Antoine sur le socle à la place de la statue.

Remontée en voiture, je me remémore les festivités de la fête de Saint Antoine de Padoue, il y a deux ans dans la Basilicate. Ici, la vieille dame fête le saint le 13 juin toute seule et me prend à témoin.

Levie est un gros bourg de l’Alta Rocca aux maisons de granite massives à l’architecture sobre.

Cuccuruzzu : chemin bordé de pierres depuis les temps anciens

Le site archéologique de Cuccuruzzu est bien indiqué par des flèches touristiques marron, un vaste parking ombragé se trouve à l’entrée du site. Au guichet, on donne avec les tickets (3€/4€) un livret explicatif qui permet une visite individuelle. Avant le Covid, la visite se faisait avec un audioguide supprimé par les mesures sanitaires. Le circuit se parcourt en deux heures, il faut être bien chaussé, certaines parties sont escarpées et glissantes. C’est donc une très belle promenade dans la forêt vallonnée qui rejoint les deux sites de Cuccuruzzu et de Capula avec explications archéologiques, géologiques et ethnographique.

Tafoni : cavité naturelle dans les blocs de granite

Je passe à côté de grosses boules d’un chaos granitique. Certains blocs ont été creusés par l’érosion formant les tafoni – cavités semblables aux caries dentaires (selon le livret) . les hommes préhistoriques auraient utilisé ces abris naturels pour eux-mêmes, leurs bêtes ou pour y stocker des choses. Souvenirs pédagogiques, avec les 5èmes,  je passais une bonne séance sur la formation d’un chaos illustré avec mes photos de vacances en Bretagne. On signale au passant un châtaignier vieux de 800 ans, planté sous les injonctions des génois et encore vivant maintenant.

Le sentier passe entre deux murettes élevées par les paysans (néolithiques ou actuels). Si les murettes tiennent encore debout, les champs ne sont plus cultivés et la forêt gagne du terrain ;

Cuccuruzzu : le chaos granitique fournit des abris sous roche naturels

Le site de Cuccuruzzu est spectaculaire parce qu’il utilise le chaos préexistant pour organiser le casteddu (la forteresse) utilisant les cavités naturelles, tafoni ou abris-sous-roche pour les ateliers des potiers, le moulin du meunier ou la boucherie. Une tour analogue aux nuraghe sarde est assise sur un bloc qui dominait le paysage. Sans doute avait-elle un rôle de guet.

Si le site de Cuccuruzzu est bien lisible avec l’aide du livret, celui de Capula est plus difficile à interpréter. Il a été utilisé depuis la Préhistoire mais aussi au Moyen Age par les paysans et leurs seigneurs qui ont construit château et église. L’accès au fort est difficile et mal balisé mais cela donne un caractère d’aventure à son exploration.

le site de Capula est plus difficile à intrepréter : il a été occupé jusqu’au 16ème siècle

La suite logique de cette visite serait la visite du Musée archéologique de l’Alta Rocca à Levie. Malheureusement (malgré les informations du site sur Internet) le musée est fermé le dimanche. Comme nous passons devant je m’arrête pour trouver pour trouver porte close.

Bisceglie – Molfetta

CARNET DU MEZZOGIORNO

 

Port de pêche de Bisceglie

Midi, trop tôt pour déjeuner. Et si nous cherchions une plage ?

Suivant le lungomare nous arrivons à Bisceglie qui touche Trani. Ce n’est pas si facile, les plages de galets sont accessibles par des escaliers, impossible de s’approcher en voiture. Scabreuse manœuvre et marche arrière entre deux murs bien irréguliers. La Polo est maniable mais elle a une bonne envergure et nous fait regretter la Smart de Corse. Quittant les quartiers chics, nous trouvons un parking, une plage de galets avec un petit escalier et même des gens dans l’eau, ce qui m’encourage malgré la fraîcheur de la mer. C’est ma première baignade italienne et elle est très agréable. Dommage que l’environnement soit si laid : vieux immeubles de ciment et usines abandonnées. Biceglie est une ville de 50.000 habitants et cette plage d’abords facile n’est pas dans un beau quartier.

Plage de Bisceglie

Après avoir traversé des zones industrielles et des immeubles peu engageants, nous trouvons une petite crique avec un port de pêche, des barques bleues dans l’eau et des caïques colorés montés sur les quais de pierre blanche. De jolies maisons colorées en arc de cercle et une série de restaurants aux terrasses fleuries. Nous choisissons Il Caico . Au menu salades et pizzas. Salade verte, haricots, tomates thon pour moi. La pizza de Dominique n’est pas ronde mais allongée, servie sur une planche garnie de câpres et d’anchois. (21€ avec un verre de vin blanc et café)

Tour normande du Castillo de Bisceglie

Sans beaucoup de convictions, nous cherchons à l‘heure de la sieste, la cathédrale(sans la trouver) et le castello normanno-svevo dont il reste la haute tour normande et une cour en chantier.

Molfetta

Encore une ville industrielle avec des quartiers hideux. Les villes historiques en Italie ne se prêtent pas à la circulation automobile réservée aux riverains, avec des caméras flashant les autres. Nous sommes donc confinées à ces artères modernes horribles.

Un panneau touristique marron porte une curieuse indication « Pulo » et « Musée archéologique de Pulo » . Cela changera des cathédrales et des châteaux normands ! Le Musée archéologique se situe en dehors de la ville. Il est logé dans l’élégante Casina Capelluti au fond d’un jardin très calme. C’est un musée très moderne. A l’entrée on me demande mon âge, tarif réduit d’1€ et visite guidée privée (je suis la seule visiteuse).

Le « Pulo » est une doline parfaitement ronde dans la région karstique. Dès la Préhistoire, les hommes se sont installés à proximité Au 18ème siècle au temps des Bourbons, Giuseppe Maria Giovanni, prêtre et naturaliste, a étudié la doline et les grottes de Molfetta. En 1785, une nitriera fut installée, exploitation des nitrates qui ont percolé dans le réseau karstique. Le traitement consistait en un lavage du minerai avec 12 passages successifs dans l’eau qu’on portait à ébullition dans de grandes chaudières. Les vestiges des trois bâtiments subsistent encore au fond de la doline. On voit au musée les vases en céramiques utilisés alors.

Un couvent de capucins fut construit sur le bord du Pulo en 1535.

L’étage du musée est consacré à la Préhistoire. Au Néolithique, l’agriculture était déjà développée, les animaux domestiqués. . Des blocs de pisé des murs des maisons, cuits par un incendie, montrent la trace de piquets et permettent de reconstituer comment étaient construites les cases : on enfonçait des piquets solides, on tressait des branches souples pour faire une sorte de grille et on remplissait la paroi d’un mélange de paille et d’argile. En plus des silex, la présence d’obsidienne provenant des îles Lipari montrait que les échanges commerciaux avaient déjà cours et surtout que les habitants du Pulo étaient plutôt riches pour en détenir. La céramique de Molfetta est connue. Les décors étaient imprimés à la surface des pots avec des coquillages.  On a retrouvé des anses sur les pots et on peut imaginer qu’ils pouvaient être portés sur le dos avec des bretelles.

Nous montons au Pulo situé au-dessus de la voie rapide. Le site est clos mais visible de la route.

Dolmen San Silvestro13

Nous rentrons par les petites routes de campagnes à travers oliveraies, vergers de figuiers et champs. Sur la route de Terlizzi à Giovanizza se trouve le magnifique Dolmen de San Silvestro : allée couverte cachée par un tumulus de petites pierres protégées par une couche d’argile et formant un cercle de 35m de diamètre. Il a été mis au jour en 1961. Daté de l’âge de Bronze, il comporte en plus de la galerie une pièce ronde qui serait peut être utilisée pour les cérémonies ou comme lieu de réunion pour les vivants.

 

 

 

 

 

sud-est de Malte : Grotte bleue, temples d’Hagar Qim et Mnajdra –

CARNET MALTAIS

Les bateaux attendent les touristes pour la Grotte bleue

La route 16 passant par Mosta, et sous  la citadelle de Mdina, éclairée dans la lumière du matin, est bien roulante. Nous nous trompons à un rond-point , traversons Haz-Zebbug  puis L-Imqabba près de l’aéroport, Il-Qrendi et arrivons à proximité des temples de Hagar Qim pour trouver non loin la Grotte Bleue.

Filfla

Sur la route panoramique, nous découvrons la petite île Filfela – îlot désert de 600m de circonférence et 60m de haut, détaché de la falaise à la suite d’une faille. Park National pour protéger la faune endémique : le Lézard Podarcis filfalensis – le plus gros lézard de Malte décoré de taches bleues – et les Hydrobates melitensis – pétrels venant nicher dans l’île. Filfela a connu une occupation humaine à la Préhistoire. Une chapelle fut érigée en 1343 détruite dans des exercices de bombardements britanniques ou de l’OTAN  alors que l’îlot a servi de cible.

La Grotte Bleue

La Grotte bleue

Il est à peine 9h quand nous arrivons au petit port où attendent de nombreuses barques multicolores. L’endroit est magnifique : un canyon inondé dans la falaise grise, l’eau a une merveilleuse couleur bleue. A Gozo nous étions montées les premières dans la « Mer Intérieure » et avions découvert les grottes pour nous seules. Ici, c’est beaucoup plus touristique et organisé. On me fait comprendre qu’il est trop tôt  qu’il nous faudra attendre une bonne demi-heure que les autres touristes arrivent. Nous avons eu une si belle expérience à la Mer Intérieure que nous renonçons de peur d’être déçues. La boutique de souvenir vend des fripes d’été venant d’Asie, pantalons éléphants, sarouels, caleçons imprimés ; nous achetons un pantalon adapté au climat.

Temples Hagar Qim et Mnajdra

Le Centre d’Interprétation ouvre à 9h30.

Nous avons raté l’équinoxe de quelques heures seulement et l’alignement astronomique des temples permet de voir le soleil se lever dans la perforation ronde du temple e Mnajdra et le rayon se réfléchit en passant par les ouvertures comme à Newgrange ou à Abou Simbel. Il faut s’inscrire à l’avance pour observer ce phénomène et vérifier de visu, l’hypothèse astronomique.

Seules deux jeunes filles asiatiques nous ont précédées, elles ne gâchent pas les photos et donneront l’échelle. Je n’ai pas pris l’audio-guide et c’est une erreur car il n’y a que très peu d’explications sur le terrain. Les deux sites sont protégés de l’érosion, de la chaleur excessive du rayonnement solaire l’été et des pluies d’hiver, par un auvent de toile claire sobre qu’on oublie dès qu’on entre dans les temples.

Hagar Qim

Megalithes de Hagar Qim

Les mégalithes de l’enceinte sont impressionnants : 20 tonnes, 3mx6.5 pour la plus lourde. 5.2m de haut pour la plus haute. C’est là qu’on a retrouvé les Géantes dont on voit encore l’emplacement des pieds selon un conférencier. Je ne les ai pas trouvés, comme quoi un vrai guide est parfois indispensable ! C’est aussi là qu’on a trouvé la Vénus d’Hagar Qim du musée archéologique de La Valette.

Les pierres sont ornées de ponctuations de spirales. Certains mobiliers sont très élaborés. Le plan, en revanche, est moins lisible qu’à Ggantija.

Mnajdra

Une longue allée joint Hagar Qim des temples de Mnajdra dans un maquis très ras assez desséché mais, curieusement, fleuri. Les temples de Mnajdra sont plus re-construits. On entre dans le premier temple situé en bas par une entrée bien visible. Les chambres hémi-circulaires se répartissent de chaque côté du couloir. Les autels sont situés dans des niches. Le second temple est en hauteur sur une sorte d’estrade dallée. Les deux chambres en demi-cercle sont bien visibles.

Sur le chemin du retour, j’emprunte un sentier de découverte qui vva sur la falaise ?

Un panneau liste les plantes du maquis

 

Fenouil Foeniculum vulgarea

Chrysanthenum coronarum

Euphorbia melitensis  (buissons ronds desséchés)

Chilallenum bocconi (petites fleurs jaunes)

Urginee maritime  (belle hampe portant de petites fleurs blanches)

 

Un interprétation géologique  montre que la série est inversée : le Lower Coralline surmontent le Upper Coralline témoignant d’une activité tectonique puissante.

A côté des données naturalistes, les explications ethnologiques m’ont intéressée. Une photo présente des restes de carrières préhistoriques. Les carrières modernes situées un peu plus loin, ont été fermées en 1990 pour préserver le site.

Blocs alignés sur Gozo

La Chasse est une occupation qui a modifié le paysage. Les chasseurs ont construit des affuts (murettes ou cabanes primitives) pour se cacher. Ils ont disposé des blocs de pierre en rectangle près de l’affut. Elles sont surmontées de piquets soutenant des dalles en équilibre ; Une corde passe par des anneaux fixés à chaque bloc. Le chasseur caché peut tirer la corde quand un oiseau se pose. J’avais remarqué à Gozo ces alignements de blocs sans comprendre. Les chasseurs maltais, en contrevenant aux directives européennes chassent les oiseaux au printemps.

La visite au Centre d’Interprétation ne m’apprend pas grand chose après celles à Ggantija et au Musée Archéologique de la Valette. Je m’étais interrogée sur la prééminence des figures féminines, des idoles de déesse-mère, de figures de fécondité. A Hagar Qim on propose une autre hypothèse ? Le corps d’un lutteur sumo présente des plis pectoraux et un ventre rond fait penser à un corps féminin. Les Géantes étaient-elles des Géants ?

Géante ou sumo?

 

La Valette (2)Promenade par les rues-Musée Archéologique- retour

CARNET MALTAIS

la dormeuse

 

Après avoir passé près de deux heures dans la Cathédrale, je ne suis pas pressée de rejoindre le Musée Archéologique à mon programme et tout près sur la rue de la République ; je préfère continuer la rue jusqu’au bout et voir le fort Saint Elme et les fortifications des trois villes de l’autre côté de la baie. J’ai la surprise de découvrir que malgré le plan en damier et les rues droites, la topographie de La Valette est fort biscornue. On monte et on descend des pentes raides et parfois le trottoir est glissant.

Les façades des grands palais sont impressionnantes mais les petites rues transversales réservent leurs surprises avec des statues pieuses aux coins des maisons, les vieilles boutiques désuètes « since 1925 », les « balcons maltais » sur plusieurs étages. Les boutiques de souvenir, les fast food n’ont pas colonisé toute la ville. Seule la zone entre la prte et la cathédrale est concernée, ainsi que le début de la Rue des Marchands.

Musée Archéologique.

Géante? elle mesure quelques dm de haut!

Il est installé dans l’Auberge de la Langue de  Provence qui est un très bel hôtel dessiné en 1574 par Cassar. Il reste de belles peintures murales qu’on découvre au hasard de la visite. C’est un musée très riche, divisé en trois sections Préhistoire et Néolithique, puis Âge de Bronze, et Phéniciens. Si les collections sont très fournies et les explications précises et abondantes, la présentation est un peu vieillotte. Après la visite du entre d’Interprétation tout neuf de Ggantija elle paraît moins attrayante. Il faudrait prendre le temps de lire tous les textes, de s’arrêter sur chaque objet.

La Venus d’Hagar Qim

Les explications font état du facteur limitant qu’est l’aridité des îles de l’archipel et des rapports étroits dès la Préhistoire avec la Sicile. Les populations néolithiques étaient déjà des agriculteurs. Je passe rapidement sur les panneaux détaillés pour m’arrêter aux « géantes » de Hagar Qim et aux statuettes trouvées ans les divers sites. La statuette féminine endormie m’a émerveillée, la « Venus » d’Hagar Qim aux seins pendants et aux chairs distendues est aussi étonnantes. A côté le guerrier de l‘âge de bronze à l’air fanfaron fait pâle figure. Les pierres décorée des sites mises à l’abri sont très bien mises en valeur ; on découvre la variété des motifs décoratifs. En revanche, les salles des Phéniciens m’ont déçue : les objets très vairés ont diverses provenances. Tout se passe comme si les Phéniciens, et les carthaginois, à la suite n’avaient fait que commercer importer des objets d’art de Grèce ou d’Egypte sans laisser des traces originales. Seul objet sortant de l’ordinaire : ce sarcophage en terre cuite ressemblant un peu aux sarcophages égyptiens.

Je suis sortie un peu éberluée de ces visites si riches. Il faut maintenant trouver un pique-nique et surtout de l’eau parce qu’il fait encore bien chaud. Paradoxalement, c’est trouver une grande bouteille d’eau qui pose le plus de problème. Je ne vois pas d’épicerie ordinaire, seulement des restaurants, cafés, échoppes de fast food. Il me faut prendre des chemins de traverse.

Occasion de découvrir l’église de Saint Paul le naufragé, elle aussi conçue par Cassar dans la quelle on pénètre sur le côté par une entrée presque dérobée. L’autel est peint par Antoine de Favray, peintre que je connaîtrai mieux à Rabat au musée Alof de Wignacourt et les fresques sont de Palombi. Malheureusement l’éclairage est très faible pour qu’elles soient mises en valeur. De plus l’interdiction de faire des photos et la surveillance pour que l’interdiction soit observée est un peu désagréable. Finalement cette visite a pâti de la comparaison avec la visite de la Co-Cathédrale toute dorée et bien éclairée.  Ne pas empiler les visites au risque d’être saturée !

 

Pour la nourriture terrestre, je choisis des pâtés au thon et poivrons et aux épinards ; Ils ne sont pas feuilletés comme en Grèce ou en Albanie. La pâte est un peu bourrative. La farce en revanche est délicieuse mais pas pour ceux qui honnissent câpres et olives généreusement mélangés au thon. Pour les déguster, nous quittons la Valette, espérant nous installer sur la corniche du Port Marsamxett. Avec la carte, nous avons même choisi notre endroit entre l’île du fort Manoel et la pointe de Tas-Sliema où figurent des symboles de baignade. Hélas ! impossible de trouver un stationnement pour la voiture ! A la pointe la route s’engouffre dans un tunnel, il y a bien des parkings souterrains indiqués mais ils correspondent plutôt à un mall avec une centre commercial. Ensuite sur St Giljan Bay (symboles de baignades) c’est encore pire : très urbanisé avec un trafic impossible. Il y a bien des restaurants au bord de l’eau mais toujours pas de parking : où se garent-ils donc ?

Notre solution après avoir traversé Paceville toujours aussi embouteillée, se trouvera bien plus loin après le Marine Park : un parking tranquille, des rochers plats (mais piquants). Des gens pique-niquent ou bronzent. Le vent s’est levé, la mer bouge un peu. Il n’y a pas de descente facile à l’eau. Je me baignerai de retour à Qawra ! Là, je retourne à la « plage » de mes copines. Elles sont bien assises mais me déconseillent de me baigner ici avec les vagues. Plus loin, vers l’Aquarium il y a une plage plus abritée. Je longe la baie sur les rochers ou sur la bande de ciment cachée de la route par des établissements de bars, restaurants et piscines des hôtels. C’est une promenade assez agréable. Des maîtres-nageurs surveillent   la petite plage, on y loue des chaises longues. Cela me rassure et c’est encore une baignade bien agréable.