Au réveil, nous nous réjouissions du calme juste interrompu par le chant du merle. Et voici un bruit infernal : un avion décolle de la base aérienne de Solenzara à moins d’un kilomètre du gîte. Pendant le week-end, c’était calme, mais aujourd’hui lundi l’activité reprend à huit heures du matin. Toute la journée les vrombissements incessants sont d’autant plus inquiétants qu’on pense à la guerre en Ukraine.
Visorando propose deux randonnées à l’étang d’Urbino.
La Forêt de Pinia : 4.3 km, 1h15 et une promenade sur la presqu’île : 1.6 km 30 minutes.
le chemin sur la dune bordé de cistes
Le départ de la balade en Forêt de Pinia se trouve dans un parking au bout d’une longue piste de 3 km partant sur la gauche au bout de la D144, route menant de Ghizonaccia à la mer. Je me fie au GPS de l’application pour trouver le chemin le long de la dune. Des ouvriers sont au travail, ils construisent une piste cyclable avec une sorte de tapis en tissu pour stabiliser le cheminement. Ce chantier a bouleversé les sentiers traditionnels. Les cantonniers tentent de me dissuader de les chercher. Je suis d’abord le sentier dans la dune, bordé de cistes jaunes, arrive sur une belle plage de sable très blanc que je quitte pour trouver (toujours avec le GPS du smartphone) les bords de l’étang d’Urbino.
la plage de la forêt de Pinia
La piste est neuve, la marche, facile à l’ombre : côté de l’étang plutôt des chênes verts, pistachiers et arbousiers, le cortège des plantes du maquis tandis que de l’autre côté c’est une belle pinède. Malheureusement la belle piste neuve a fait disparaître les marques et le sentier au point 5 de l’itinéraire où je suis censée bifurquer. La piste s’est écartée de l’ancien chemin. Le chantier a abattu buissons et arbres pour former un mur de branchages, impénétrable. Seule solution : suivre la piste jusqu’à la route carrossable puis retrouver le parking. Résultat : 15000 pas au podomètre, plus de 8 km au lieu de 4 et 2 heures. Rien à regretter la promenade rallongée a été très agréable.
Restaurant d’Urbino
le restaurant d’Urbino
Le Restaurant d’Urbino est construit sur pilotis en avancée sur le lac. Des rangées de pieux sont plantés pour accrocher les filets des pêcheurs. Les terrasses couvertes sont très aérées. Nous avons le plaisir de déjeuner sur l’eau. Comme à notre premier passage en 2021, nous commandons de la petite friture. Des éperlans sont servis dans des paniers métalliques. Très abondant, nous emporterons nos restes pour le repas de mardi ! Je n’ai vraiment plus faim pour les appétissantes glaces servies dans de grandes assettes creuses sous une généreuse chantilly. Je jette des bouchées de pain pour appâter les poissons qui se manifestent instantanément : de gros mulets se précipitent, se volent le pain, se poursuivent, se donnant en spectacle.
Tandis que Dominique s’installe dans les salons ombragés sous une sorte de voile, je marche sur le chemin de planches au-dessus de l’eau et rejoins un sentier au bord de la rive, s’enfonçant parfois dans les buissons de tamaris et lentisque avec au sol salsepareille et bruyère.la promenade se termine sur une digue de planches au-dessus de l’eau.
Nous terminons la journée à Calzarellu, la plage des eucalyptus à l’embouchure du Fiumorbo.
A la découverte des environs immédiats, à la recherche d’une belle plage pour se baigner…
Roccapina
Taffonu : abri sous roche
La petite route de Serraggia rejoint la T40 en corniche tout près de Roccapina. Le point de vue sur le chaos granitique est fantastique. Les rochers arrondis sont creusés en taffoni. Dans le chaos granitique du Sidobre , les rochers avaient des formes bizarres ; le touriste croit reconnaître des animaux. A Roccapina ces formes fantastiques peuvent stimuler l’imagination mais quand ils sont creux, les rochers ont aussi servi d’abri sous roche pour les bergers. La maison cantonnière a été aménagée en musée, malheureusement fermé le dimanche et le le lundi. Un sentier d’interprétation descend à travers le maquis très dense mais sans indication de longueur ou de temps. Au parking deux cars déversent des touristes hollandais et le 3ème âge de Carpentras (selfies et commentaires navrant, au moins incompréhensibles pour le Néerlandais). Un essaim de motos sonorise les lieux. Les motards italiens contemplent la Sardaigne toute proche. La côte est très découpée. Nous nous arrêtons à chaque parking.
Roccapina : la Tour Génoise, le Lion de Roccapina, la plage
Pianottoli-Caldarello est le bourg le plus proche du gîte. Le Spar nous rendra service. Nous cherchons les plages en faisant un grand tour. On devine la mer mais pas les plages et on se retrouve revenues à notre point de départ. Echappatoire vers le port très tranquille dans une baie arrondie. Plaisanciers exclusivement, quelques gros voiliers, des catamarans. Un passage dans le grand parking mène à une mini plage à peine 1 m de sable orange, parfois moins le long du rivage. Aucun espoir de baignade : quelques dizaines de centimètres d’eau sur les rochers. Je me déchausse au plaisir de marcher dans l’eau. Une propriété privée interrompt ma promenade avec un grillage hostile.
Pianottoli- Caldarello port
La plage de la Tonnara. de Ventilegne où se jette un petit fleuve malodorant et où s’ébattent les kitesurfeurs.
La plage de La Tonnara est à l’abri de petits îlets. Sur la plus grande île les goélands sont nombreux. Le sable est clair, l’eau cristalline, bleu lagon. Le restaurant qui a installé sa terrasse nous fait bien envie. Nous reviendrons ! Le car de Carpentras y déjeune pendant que nous pique-niquons. Quand je vais me baigner ils se massent autour de la voiture bouchant la vue sur mer et surtout nous abrutissant de leurs inepties.
Ma baignade sera mémorable. Je parcours tranquillement le plan d’au abrité. Un vrai bonheur.
L’Ermitage de la Trinité
Situé sur un rocher portant une croix dominant le Capo di Feno en face de Bonifacio au-dessus d’une petite baie étroite comme un fjord. Le contraste entre le rocher granitique et les falaises calcaires est saisissant. Trois ermitages, une grande église du XIXème siècle san grand intérêt sauf les ex-votos, plaques de marbre qui tapissent la nef. Un petit ermitage se trouve dans une grotte. Sous de beaux arbres, des bancs entourent une grande table portant un très grand gâteau de nougatine. Mariage ou communion ? toute une famille est assise, les assiettes sur les genoux
C’est la tempête : les lauriers roses se secouent furieusement. La mer est agitée. La voiture est chargée à 100 %, au moins, on ne gâchera pas la dernière journée à la borne ! Journée de révision à l’Île-Rousse. Dominique retrouve sa place au parking sous la tour génoise. Difficile d’ouvrir la portière et de marcher droit contre le vent. Les embruns mouillent. Même avec la parka, j’ai froid. Après la promenade au phare, en marchant en crabe dans les rafales je me fais copieusement arroser sur la digue qui relie l’Ile Pietra à l’Île-Rousse.
A quai, le Kalliste de la Méridionale embarque ses derniers passagers pour Toulon. Sur sa coque est peint un fil électrique t une prise dessinant un cœur autour de la planète. Kalliste serait-il un bateau électrique ? Wikipédia m’apprend que ce navire a été construit en 1992 en Finlande et qu’il est pourvu de quatre moteurs diésel. Quand j’arrive en ville, je vois le Kalliste s’éloigner sans avoir l’air gêné par les vagues.
L’Île-Rousse Place Paoli
Pour m’abriter du vent, je parcours les petites rues de l’Île-Rousse avec ses restaurants, ses boutiques plus ou moins élégantes. On vend des couteaux corses à des prix raisonnables. Sont-ils authentiquement corses ? Les prix en-dessous de 30 € m’en font douter. Il y a aussi des bracelets de corail assez bon marché pour éveiller les mêmes interrogations. Les cartes postales sont introuvables, la tradition est sérieusement mise à mal par les réseaux sociaux. Je n’en trouverai que de l’autre côté de la Place Paoli dans une belle librairie-papeterie. Ce n’est pas drôle de faire de lèche-vitrine sans rien acheter. J’ai besoin d’un bob mais cause de l’inflation( ?) ils ont sérieusement augmenté. Des tout simples sont affichés 35 €. Pas question de mettre une telle fortune à l’eau puisque je compte me baigner avec. La vendeuse m’en trouve un très laid à 9€ avec une tête de maure, unitaille règlable avec un lacet à coulisse.
Sur la plage personne à l’eau à cause des vagues et de la fraîcheur.
Nous sommes retournées déjeuner au Via Mare où Dominique a repris le filet de Saint Pierre et moi, un ceviche de daurade.
De retour à Corbara, je tente de joindre l’hôtesse du prochain gîte qui m’a envoyé un Sms mais qui ne rappelle pas. SFR m’informe qu’il n’y a pas d’abonné au numéro demandé. Hier, pourtant cela répondait. Je soupçonne une arnaque. Nous ne connaissons ni l’adresse du gîte, ni le nom de la propriétaire. Seul recours « Gérer la Réservation » avec le Service-Client de Booking.com. Presque 2 heures au téléphone pour obtenir une vraie personne et non pas une voix électronique qui me demande de taper 2, ou 3….Je demande des garanties, puis un relogement. L’opératrice de Booking est très compréhensive et efficace. Pendant qu’elle cherche un logement de remplacement les SMS défilent en haut de l’écran. L’hôtesse de Serraggia s’est « réveillée », elle envoie un nouveau numéro de téléphone de contact, des photos, le téléphone de son amie qui nous recevra demain. Il n’y aura pas de relogement mais notre confiance est ébranlée.
Je suis bien énervée. Une bonne marche me calmera.
le Couvent de Corbara
Ce soir, à 18h30, à l’auditorium de Pigna, il y a un concert de Polyphonies Corses. 3 km seulement séparent notre gîte de Pietralta à Corbara de Pigna par la route. Il existe aussi un sentier pédestre mais je n’ai pas le temps de le chercher et j’ai peur de me perdre. Après la sortie du village, la route est bordée de tombes monumentales et de mausolées. Dans la lumière du soir, les marbres blancs prennent une teinte dorée ou rosée. Le grand Couvent de Corbara surplombe la route. Il accueille des fidèles pour des retraites. On voit bien les plages d’Algajola de Pigna.
Pigna vue de loin, de la route
Pigna est construite dans un creux, je ne la découvre qu’au dernier moment, adossée à une autre colline. C’est un tout petit village qui a banni les automobiles cantonnées au parking. Les ruelles sont pavées de cailloux arrondis. Des artisans travaillent dans les ateliers-boutiques. J’ entre chez la fabricante de boîtes à musique peintes à la main. L’église est fermée comme la chapelle au toit de lauzes. Le restaurant et les cafés sont ouverts. Le village semble exclusivement vivre du tourisme.
ruelle de Pigna
A Cumpagnia est en résidence à Pigna. Cinq musiciens entrent sur scène, deux jouant de la guitare, deux du violon, le cinquième plus âgé est en retrait assis, à ses pieds toutes sortes d’instruments à vent de sa fabrication, un en corne, d’autres en bois avec une drôle de forme. Il a aussi une très petite guitare, sorte de mandoline à la caisse coupée à plat. Le clarinettiste est aussi percussionniste. Les parties instrumentales du concert occuperont une grande place dans le spectacle.
Les chants sont chantés en solo, ou en polyphonie a Paghjella (chant à trois voix, parois la basse est doublée)
Les explications sont passionnantes. Le groupe fait revivre des chants anciens du XIXème ou du XXème, comme cette lettre d’amour d’un condamné au bagne pour une vengeance. Traditions rurales : chants de métiers, chant du muletier ou lamento du châtaigner ou de l’olivier. Jeux où participaient les villageois : la moitié du village jouait les envahisseurs sarrazins tandis que l’autre moitié jouait les défenseurs. La dernière razzia date de 1805 et le souvenir reste encore vif dans les villages. A Corbara la m^me femme fut enlevée à deux reprise pour finir femme du Sultan.
A côté de ces chants ruraux laïques ils interprètent aussi les chants sacrés des Franciscains que – bizarrement j’apprécie plus que les chants corses – Ils sont en latin que je comprends à peu près en tout cas mieux que le Corse. Pour chanter ces chants sacrés, 4 chanteurs se regroupent au fond de la scène dans la quasi-obscurité. C’est très impressionnant. J’ai du mal à applaudir à la fin ; Applaudir la Messe ?
Pour terminer le spectacle, ils ont choisi des chansons plus légères, plus entraînantes, comme ce « chant d’accumulation » sur le principe de « alouette, gentille alouette »mais ici on mange le merle.
Fin du concert 20h15. Aurais-je le temps de rentrer au gîte avant la nuit. Je marche d’un bon pas sur la route. Le coucher de soleil au-dessus d’Algajola est parfait. Pas un nuage. J’aimerais m’arrêter pour le contempler.9 heures sonnent à A Nunziata. J’arrive à 9h05, il fait encore clair.
J’ai bien aimé la plage de Tarco avec son sable assez grossier pour que l’eau reste limpide (quand il est trop fin souvent l’eau est trouble). J’aime bien les baies échancrées, il me semble que l’eau est plus tranquille.
espadon
Nous avons réservé une table à la Taverne qui est un très joli restaurant de plage dont la terrasse est au-dessus d’une petite plate-forme gazonnée avec des verveines lantana jaunes et des tamaris fanés au-dessus des rochers. Pour fêter le dernier jour de ces excellentes vacances nous commençons avec un mojito très très riche en menthe et délicieux. Dominique a choisi de l’espadon servi avec des légumes colorés et une capucine et j’ai pris une assiette corse, 4 fromages différents et trois sortes de charcuterie ; la charcuterie est succulente, les fromages ont beaucoup de caractère, on les déguste avec de la confiture de figue.
assiette corse
Et pour terminer la journée, encore une baignade à Calzarellu !
Nous nous étions promis de retourner au Lac d’Urbino et d’y manger de la petite friture, au restaurant sur pilotis au-dessus de l’eau. Cadre paisible et charmant que nous avions apprécié.
Sous notre table, attendent deux goélands qu’on leur lance quelque petit éperlan. L’un d’eux est même très insistant ? Des mulets de belle taille attendent aussi, ils se contentent des des restes qui ont échappé aux goélands.
friture d’éperlans
Les éperlans sont de très petits poissons salés et citronnés. Ils sont servis avec des légumes : fines languettes de courgettes comme des tagliatelles, des carottes comme des vermicelles de minces poivrons rouge et jaunes sautés dans de l’ail et du persil. Une coupelle d’aïoli pour les poissons. Tout est parfait.
Fin de la promenade sur le ponton
Une promenade a été aménagée le long du lac, sur des planches d’abord puis à couvert sous les pistachiers et les chênes verts. La salsepareille s’accroche un peu partout. Le sentier sort enfin au soleil entre des buissons de salicorne, puis se termine sur un ponton qui s’enfonce dans la partie du lac ouvert comme une petite mer où l’eau est profonde et agitée.
Achats dans la jolie boutique.
Ghisonaccia
Ghisonaccia est une petite ville animée sans charme particulier. L’attraction touristique originale : deux arbres remarquables dans les environs à 5 km vers l’ouest.
U Lentiscu ‘il manque un personnage pour donner l’échelle
U lentiscu (Pistachier lentisque) est énorme, âgé peut-être de 1000ans.
l’arbre-oiseau
Arburacellu,- l’arbre-oiseau est un chêne-liège haut de 20-25 mn âgé de 200 à 230 ans qui a développé des protubérances liégeuses formant comme les ailes écartées d’un oiseau à la suite d’un incendie ou de la foudre. Sur le sentier des plantes sont identifiées avec des étiquettes en plastique (celles qu’on utilise dans les jardins), plantes communes que je n’aurais pas remarquées : camomille maritime, mauve, vipérine, bardane, asperges sauvages…
l’Osmonde royale
Coup de chance, Monsieur Goletto, le « découvreur » de l’arbre-oiseau est sur place et accueille les visiteurs avec toutes les explications. Il nous fait découvrir une autre merveille l’Osmonde royale(Osmunda regalis) une fougère buissonnante de 205m d’envergure dont le rhizome spongieux se trouve à proximité de la rivière. Les sporanges forment des épis bruns. Dans le lit de la rivière on pourrait observer des cistudes mais elles sont farouches et se cachent.
Pour terminer cette belle journée nous retournons à la plage Calzarellu. On y arrive par une allée d’eucalyptus géants puis on passe devant la Tour de Calzarellu décorée, de graph street-art . Elle fut édifiée en 1930 par FORTEFF , un établissement d’exploitation forestière pour surveiller le port d’où les barges chargeaient le bois. le soleil est enfin sorti, le sable blanc et l’eau bleue. Il y a de jolies vagues mais pas méchantes, derrière la vague je peux nager tranquillement. Au pied de la tour, se retrouvent les boulistes du village.
Le long de la D80, l’urbanisation se fait moins dense, les maisons s’espacent un peu jusqu’à Miomo qui devait être notre premier arrêt. Nous la ratons première halte. Impossible de garer la voiture. Ceci sera une constante au cours de la journée. Ne pas chercher à s’arrêter à s’arrêter dans un site précis. Laisser la voiture où on peut, et, revenir sur nos pas à pied. De toutes les façons, les panoramas seront magnifiques et on fera des trouvailles inattendues.
Lavasina est célèbre pour son sanctuaire qui attire les foules pour son pèlerinage au mois de septembre. Le campanile en béton, très haut se voit de loin et dépasse tous les toits. L’église de dimension plus modeste n’a rien qui puisse attirer la mécréante. Où s’arrête pour profiter de la plage de galets ? (refrain)
Villages perchés
A l’entrée de Lavasina, une petite route part en épingle à cheveux. Nous la ratons, revenons en arrière. Le virage est alors trop serré, il faut s’y prendre une troisième fois pour une nouvelle tentative. La D54 monte dans un épais maquis vers les villages perchés de Poretto et Pozzo. Une église isolée dans la verdure avec un haut clocher, est précédée d’un vaste parvis entouré d’une banquette de pierre. Est-ce le couvent des capucins annoncé par le Guide Vert ? Je n’aurai pas le loisir d’approfondir le sujet, Un gros chien noir s’approche, menaçant. j’ai juste le temps de remonter en voiture. Une autre route monte au Monte Stello et se faufile entre deux coupoles surgissant de la verdure, chapelles ou tombes ?
perdue dans la montagne la grande église
Un parking est le départ pour la randonnée du Monte Stello, le plus haut sommet du Cap Corse (1306 m), randonnée difficile avec 1000 m de dénivelée, 7h10 de marche selon Visorando. Seule, je ne me lancerais jamais dans une telle expédition ! Cependant le parking est plein. A partir du 1er juin, le petit village de Pozzoest interdit à la circulation. Il est particulièrement calme et pittoresque. A la porte d’un hôtel, un tas de vieilles chaussures de montagne, des bûches et un vieux vélo. Devant une buvette, des packs d’eau sont empilés pour les randonneurs imprévoyants et assoiffés. Belles maisons de pierres. Toits de lauzes. Un clocher dans la verdure.
Nous descendons vers Erbalunga par le hameau de Castello. Le château est invisible. La chapelle Notre-Dame-des-Neiges est très jolie avec son toit de lauzes. La petite chapelle est l’arbre qui cache la forêt ; à savoir une énorme église que je découvre en tournant autour de la chapelle. La taille et le nombre d’édifices religieux au Cap Corse qui me paraît si désert sont des sujets d’étonnement. A Erbalunga, bien disciplinées, nous garons la voiture au parking. Le long de la route se trouvent toutes les commodités (Mairie, cafés, Spar, pharmacie). Plus bas des ruelles conduisent à des placettes pittoresques. J’arrive à la Tour Génoise située directement sur le rivage puis me promène sur le mignon petit port.
la plage de Tamarone
Dominique a réservé au restaurant U Paradisu sur la plage de Tamarone à midi et demie. Nous traversons sans nous arrêter la Marine de Sisco,la Marine de Pietracorbara, et celle de Porticciolo sans nous arrêtons et admirons au passage deux tours génoises.
Macinaggio est un village très touristique avec un port de plaisance important, de nombreux restaurants et hôtels. Madame GPS nous envoie dans des petites routes bordées d’hôtels jusqu’à un camping. Le goudron s’interrompt alors ; la piste poussiéreuse fait des montagnes russes avec des nids de poules en prime. La Plage de Tamarone de sable blanc est baignée d’une eau limpide turquoise. En s’approchant on reconnait les tas argentés des lanières de posidonies. Ce ne sont pas des « saletés », au contraire ! les herbiers des posidonies sont les milieux de vie de nombreux poissons, mollusques et crustacés. Il est essentiel de les préserver. Evidemment quand l’eau en contient beaucoup la transparence est altérée mais cela n’a rien d’une pollution quelconque.
Les baigneurs (3 dans l’eau) sont concentrés, à une extrémité où il n’y a pas de posidonies. Je les rejoindrai. La présence d’autres nageurs me rassure quand je ne connais pas la plage.
U Paradisu
U Paradisu est le seul restaurant de plage : un auvent de bois, un parquet, ni mur ni porte. Une jauge de 55 couverts. La table réservée se trouve dans un angle contre la plage< ; Le serveur et le patron sont aux petits soins ; Pour éviter les 3 marches pour Dominique, ils lui proposent de passer par la cuisine. Saint Pierre accompagné de légumes pour Dominique. salade de poulpe grillé et chorizo pour moi. Le mariage poulpe et chorizo est très réussi servi sur un lit de salade verte avec des quartiers de tomates des lamelles de poivron rouge. Les assiettes sont tellement bien garnies que nous renonçons au dessert alors que le soufflé glacé aux châtaignes nous tentait.
L’eau est bien fraîche pour la première baignade de l’année. Je commence à marcher dans l’eau jusqu’à la cheville puis aux mollets. Timidement j’avance face aux vaguelettes paresseuses qui ondulent. Je rejoins une dame mouillée jusqu’aux cuisses. « C’est la première fois ? » On s’encourage mutuellement, la vague mouille le bas du maillot. Je finis par me décider et la dame m’imite. C’est tellement bon après avoir été privée cet hiver de piscine ; Au-dessus des posidonies l’eau est peu profonde. Je regrette de ne pas avoir apporté mon masque. A l’ombre il fait 25°C mais au soleil bien plus. Je sèche vite.
De Macinaggio à Rogilano, le sentier des douaniers longe la côte. Je marche entre lentisques (les plus communs), arbousiers qui portent leurs fruits en pompons, bruyères et myrtes fleuris . Pour les senteurs, œillets, immortelles sont en pleine floraison. Il y a aussi des petite mauves (Malva neglecta selon l’appli Plantnet). Trois îles sont très proches de la pointe du Cap corse. L’un d’eux porte une ruine. Plus loin se profle une autre plage blanche déserte.
11
Dernière étape : le village de Tomino à 4km de Macinaggio. A la sortie du village la D353 monte dans un maquis très touffu. Elle serpente complètement à l’ombre de grands arbres. On ne devine le village qu’au dernier moment. La route bifurque, d’un côté la Mairie, de l’autre l’église. De loin se profilent les silhouettes massives de deux tours, l’une ronde, l’autre carrée. Encore la menace d’un chien féroce interrompt la prise de photos.
Direction de l’église Saint Nicolas XVIIème baroque, façade jaune rythmée de colonnes cylindriques blanches, le clocher allégé d’arcades et coiffé d’une coupole. L’église se dresse à l’arrière d’une grande esplanade en balcon. Quelques mûriers très élagués sont alignés pour former des arcades. Je traverse l’esplanade pour admirer le panorama. C’est le Campo Santo – le cimetière – qui a la plus belle vue sur la mer. Une table d’orientation montre les îles italiennes visibles par temps clair et même les carrières de marbre de Carrare. Des hirondelles me survolent avec des cris suraigus, formant comme un essaim agressif.
Nous avions imaginé un restaurant de poisson, rien de tel sur le Lungomare ni dans les quartiers chics alentours. Pour compliquer nos recherches, les sens uniques de la circulation nous entrainent là où on n’a pas envie d’aller et nous nous retrouvons au sud de la ville dans des bretelles d’autoroutes vers Lecce ou Brindisi ; nous demandons au Navigatore de nous conduire à l’opposé, Via Garibaldi dans la vieille ville et lui obéissons servilement. Une demi-heure plus tard, nous retrouvons le pont tournant, longeons le Mare Piccolo où se trouve le port de pêche.
Tout au bout de l’île, une place avec une grande vasque : Piazza Fontana est proche de la halle aux poissons. Sous cette halle métallique se trouvent quelques tables disposées près de l’eau. Il nous faut attendre un peu qu’une table à l’ombre se libère. Il est passé 14h mais qu’importe ! Nous commandons de la frittura di paranza (anchois petits poulpes, crevettes roses, anneaux de calmar tendres et frais) dans une fine pâte à beignets) et des légumes grillés(courgettes, aubergines et poivrons d’une finesse exceptionnelle) avec un café et un calice de vin blanc 40€ un peu plus cher que d’habitude mais nous consolant des expériences désolantes de dimanche. Le poissonnier vient chercher ses moules dans un sac qui trempait dans l’eau du port.
Taranto ; port de pêche sur Mare Piccolo
Promenade dans la Citta Vecchia commencée à la Tour de l’Horloge , je suis la rue Cava. A travers les ruelles de grosses poutres vont de maison à maison pour empêcher que les façades ne s’écroulent. Les maisons sont souvent en ruine, fenêtres et portes condamnées avec des parpaings mais la rue n’est pas déserte. Il y a encore des boutiques à l’ancienne ouvertes, dans les garages sont rangés les filets et le matériel de pêche. En ruine mais vivante ! Je furète dans les cours. Une Madone étonnante est peinte sur un mur, entourée de toutes sortes de coquillages, des rames, des articles de pêche. Représentation naïve. Je n’ai pas trouvé le Duomo ?
Taranto città vecchia : une barque dans la ville
Retour sur la route littorale à la recherche d’un Lido pour une baignade. Nous négligeons le Lido Azzurro trop proche de la zone portuaire et des raffineries pour tourner à Chiatona toute petite station balnéaire avec des villas cachés sous de hauts pins. Au bout de la route un parking privé gardé mais surtout ombragé avec des toiles posés sur des structures métalliques (3€).
Baignade fabuleuse dans une eau limpide et très calme. Pour baliser mon parcours je nage de bouée orange en bouée orange ? Je nage seule dans la félicité ; Il semble que les maitres-nageurs aient peu de travail ; Les rares baigneurs restent au bord de l’eau avec de l’eau leur arrivant aux genoux. A mon deuxième parcours de bouée en bouée, je suis hélée par une embarcation rouge (je croyais qu’un original faisait du paddle). Ce sont les maîtres-nageurs qui m’interpellent
« Tout va bien ? vous voulez venir avec nous ? »
Bien sûr que non ! Ma brasse n’est pas rapide mais je suis toute à la joie de la baignade que je ne souhaite pas écourter.
« Ne dépassez pas les bouées rouges ! »
D’abord je ne les dépasse pas ensuite, elles sont oranges !
Il fait très frais ce matin (20°C) et le vent intensifie cette impression de fraîcheur. Le soleil est encore dans la ramure du grand arbre. J’écris sur la table de la terrasse guettant les oiseaux qui se posent face dans l’amandier. Un merle vient me rendre visite et sautille sur le sol sableux. Les tourterelles préfèrent prendre de la hauteur. Un grand lièvre a fait un petit tour, je n’en n’avais jamais vu de si près. On ne peut vraiment pas le confondre avec un lapin.
Comme tout le monde, je connaissais l’expression « de Charybde en Scilla», d’après l’Odyssée. Nous avons prévu une grande excursion (200km aller/retour) pour voir Scilla, son château et les côtes de Sicile. Googlemaps annonce 76 km en suivant le littoral, Le Navigatore de la Polo propose 3 itinéraires, le plus court 89 km en partant par Ricadi, puis nous fait passer par Zungri en nous déroutant vers le nord et non pas à Nicotera sur la côte. Nous grimpons les pentes du Monte Poro par de petites routes tortueuses à travers des villages ignorés des guides touristiques ainsi que de la carte Michelin : St Costantino, Calimera,La Panaia, toponymie à consonance grecque évoquant Byzance. Ces gros villages sont bien différents des résidences touristiques fleuries et pimpantes autour de Tropea. Les maisons ressemblent à des chantiers permanents. Les habitants vivent au rez de chaussée, parfois au 1er étage de grosses bâtisses de parfois 3 étages ou même plus ; Les étages supérieurs n’ont ni portes ni fenêtres, dans le meilleur des cas on les a bouchées avec des tôles, des planches, ils sont parfois ouverts à tous les vents. On a rarement fini le toit, le plus souvent des tiges rouillées dépassent. Nous avons déjà remarqué ce phénomène en Grèce. Tant que les tiges rouillées étaient apparentes, la maison n’était pas considérée comme terminée, donc pas imposable. En est-il de même ici ? Pourquoi des maisons si grandes dans des villages perdus ? Qui les habitera ? Les enfants quand ils seront grands ? Les émigrés du Nord, d’Allemagne ou d’Amérique quand ils reviendront pour passer leur retraite. A moins que ce soit de la construction pour de la construction, inexplicable comme ces ponts autoroutiers de Sicile ou ne passera jamais aucune autoroute. Evidemment on n’a pas crépi, ni peint les façades . Le village a un aspect gris, pas entretenu, plutôt sale et déplaisant. Autre aspect déplaisant : les ordures qui s’entassent sur le bord de la route. Sacs crevés par les chiens ou les oiseaux qui s’éparpillent. Ailleurs en Italie on est très attentif au tri sélectif, ici, c’est la décharge. Nous avons vu un panneau qui prie le passant « de ne pas jeter d’ordure ici parce que la récolte ne passe pas ».
En dehors de ces deux « écueils « (Charybde et Scilla), le voyage dans la campagne est très plaisant. Dans les champs de céréales, il y a des coquelicots. La moisson est commencée mais pas terminée. Les roues de paille sont du meilleur effet. Des chardons mauves, roses ou bleus décorent le bord des routes. De hautes graminées agitées par le vent fournissent un joli premier plan aux photos de paysage. Calabre verdoyante et vallonnée au mois de juin où poussent des oliviers majestueux dans des oliveraies bien entretenues. Les arbres sont si hauts qu’on ne peut pas cueillir les olives, sans doute les ramasse-t-on au sol comme en Corse ou à Corfou. Dès qu’on est en plaine les orangeraies occupent le terrain. A l’inverse des oliviers, les orangers sont taillés très bas et forment des boules compactes. Les oranges doivent être cueillies, plus l’oranger est bas, plus c’est facile. Ils sont irrigués, on voit de fins tuyaux courant entre des poteaux de ciment.
Gioia-Tauro
Nous trouvons la route côtière à Rosarno à quelque distance de la mer cachée par la voie de chemin de fer et une lagune jusqu’à Gioia Tauro où un port de dimension impressionnante a été implanté avec des grues et des portiques pour les conteneurs sont visibles de la route. Selon Wikipédia, c’est le 1er port italien pour les conteneurs et le 10ème européen. L’histoire de ce port est intéressante. En pleine crise de l’acier, on tenta d’implanter une industrie sidérurgique puis une centrale thermique qui n’a jamais fonctionné. Les ruines industrielles ont un aspect désolant dans le paysage. Je m’étonne de croiser si peu de camions sur la route, les installations impressionnantes feraient craindre un trafic dense. Peut-être sont-ils sur l’autoroute ?
La route évite le centre de Palmi ( »à voir » selon les guides touristiques) avec un musée ethnographique présentant des masques, qui me tente). A la sortie de Palmi, le Navigatore nous dirige sur l’autoroute Salerne/Reggio di Calabria tunnels et viaducs, je ne compte plus les galeries, il y en a bien une dizaine. Frustration : la Côte Viola bordant l’Aspromonte est la plus belle partie du voyage, nous l’avons loupée !
Scilla
Nous ne quittons les tunnels qu’à Scilla – petite ville (5000habitants) facile à traverser avec des ruelles pittoresques avec de la végétation dégoulinant des balcons et de la lessive qui sèche. La route qui descend de l’autoroute vers le château est bordée de lauriers-roses taillés comme de petits arbres avec des troncs bien dégagés, les roses et les blancs alternent.
Scilla : Castello Ruffo
Du belvédère, Piazza San Rocco, on découvre le château, les plages, les toits du quartier des pêcheurs, Chinalea, et les côtes de la Sicile très proches, où d’énormes porte-containers croisent dans le Détroit de Messine.
Un escalier descend au pied de la rampe du Château Ruffo qui coiffe le rocher de Scilla (ou sévissait le monstre de la légende). Il a fière allure malgré les deux séismes de 1783 et 1908 qui l’ont touché. Pendant les Vêpres siciliennes (1282) le monastère-forteresse S. Pancrazi faisait partie du dispositif de défense de Charles d’Anjou. En 1313, il fut occupé par Federico d’Aragon (Frederic II de Sicile 1295 – 1337) puis restitué à Robert d’Anjou par le Pape. Il appartient à la famille Ruffo depuis 1533. Qui en fit un palais luxueux. Sous l’actuelle phare, des citernes et vasques de décantation et un puits fournissait l’approvisionnement en eau de la forteresse imprenable. Une plaque rappelle un épisode tragique quand la foudre en 1812 mit le feu à l’armurerie tuant dans l’explosion deux soldats français (règne de Murat) .
Dans les salles d’exposition on trouve des souvenirs de la pêche à l’espadon(une barque et de très belles photos anciennes) et l’histoire complète du château avec des cartels très détaillés en italien.
Le phare fut construit en 1885, il signale l’entrée du Détroit de Messine et communique avec celui de Capo Vaticano.
Scilla : Chinalea le quartier des pêcheurs
Le quartier des pêcheurs, Chinalea est juste en dessous, à deux pas à pied mais d’abord compliqué en voiture. Nous ratons l’accès et remontons dans les tunnels de l’autoroute pour refaire un tour complet de la ville. Les maisons sont construites les pieds dans l’eau le long d’une rue étroite.
Très belle terrasse sur pilotis
Le meilleur point de vue est une terrasse de restaurant sur pilotis. Nous nous installons dans le premier qui nous semble très classe La fiocina. Sa belle terrasse est installée sur l’eau claire, le menu sophistiqué est présenté entre des plaques de bois. Menu prometteur : Dominique choisit des involtini d’espadon et moi, des pâtes contenant tout plein de bonnes choses comme des artichauts et de la crème de truffe. Rien de tout cela n’existe en cuisine, pas d’involtini, pas d’espadon sous une autre forme, rien qui ressemble à du poisson d’ailleurs, ni à de la viande non plus ! Le Maitre d’Hôtel est désagréable : il prend des grands airs alors qu’il n’a rien à proposer.
Je lui dis :
– « dites plutôt ce qu’il y a ! »
– « des pâtes ! »
Bien décevantes, pâtes maison peut être, al dente, avec des petits morceaux d’espadon, sans aubergine ni artichaut, seulement des petits filaments de courgettes râpée crue (à retenir) et une sauce à la crème. Pour 12€, on aurait pu s’attendre à mieux. On ira prendre le café ailleurs !
Scilla : Marina Grande et une terrasse plus modeste mais service plus sympathique
Deux plages à Scilla la plage de la Sirène (une statue de sirène genre Andersen et pas du tout monstre homérique, on a oublié que chez les grecs les sirènes étaient mi-femme mi-oiseau terrifiantes) et Marina Grande avec des établissements balnéaires. Nous nous attablons dans le premier. Une jeune fille très sympathique sert le café et une glace. C’est ici que nous aurions dû déjeuner, il y a de magnifiques salades de fruits (pastèque-melon). Baignade très agréable, je nage en regardant la Sicile et les cargos.
Au retour, nous coupons le GPS pour suivre la SS18 qui court sur la corniche et la spectaculaire Costa Viola, tout d’abord au niveau de la mer jusqu’à Bagnara puis qui grimpe en lacets serrés dans le village et reste en hauteur jusqu’à Palmi où nous retrouvons la route de ce matin. Le port de Gioa Tauro, bien visible d’e haut est vraiment très grand.
Costa Viola entre Scilla et Bagnara
Rosarno est engourdie par la sieste, seuls des Africains se promènent dans les rues, nous trouvons une flèche indiquant Nicotera Tropea, nous quittons la statale pour une petite route qui traverse des orangeraies près de la mer. Jusqu’à Nicotera, nous nous félicitons de notre initiative. Nicotera Marina possède de belles plages . Nicotera est perchée sur une colline qui domine le rivage. Nous trouvons la route de Cocorino Joppolo. Il est à peine 17h, nous décidons d’aller à la plage à Joppolo.
Plage de Nicotera10
C’est là que tout se gâte (et que nous comprenons les détours que nous avait imposé le Navigatore). La route de Joppolo est barrée par un bloc de ciment. Une déviation est fléchée dans la montagne par une toute petite route (interdite aux camions). Comme La Polo n’est pas un camion nous nous engageons et montons dans la forêt par des pentes incroyables. La Volkswagen renâcle, il faut passer la 1ère et même en 1ère elle s’essouffle. La route est très étroite et le revêtement dégradé. Arriverons-nous quelque part ? On monte, on descend, tortille. Par chance personne ne vient en face. Finalement nous nous retrouvons à Brivadi. L’épreuve pour la conductrice n’est pas terminée, les ruelles sont très étroites. On aurait peut-être dû écouter le GPS ?
Midi, trop tôt pour déjeuner. Et si nous cherchions une plage ?
Suivant le lungomare nous arrivons à Bisceglie qui touche Trani. Ce n’est pas si facile, les plages de galets sont accessibles par des escaliers, impossible de s’approcher en voiture. Scabreuse manœuvre et marche arrière entre deux murs bien irréguliers. La Polo est maniable mais elle a une bonne envergure et nous fait regretter la Smart de Corse. Quittant les quartiers chics, nous trouvons un parking, une plage de galets avec un petit escalier et même des gens dans l’eau, ce qui m’encourage malgré la fraîcheur de la mer. C’est ma première baignade italienne et elle est très agréable. Dommage que l’environnement soit si laid : vieux immeubles de ciment et usines abandonnées. Biceglie est une ville de 50.000 habitants et cette plage d’abords facile n’est pas dans un beau quartier.
Plage de Bisceglie
Après avoir traversé des zones industrielles et des immeubles peu engageants, nous trouvons une petite crique avec un port de pêche, des barques bleues dans l’eau et des caïques colorés montés sur les quais de pierre blanche. De jolies maisons colorées en arc de cercle et une série de restaurants aux terrasses fleuries. Nous choisissons Il Caico . Au menu salades et pizzas. Salade verte, haricots, tomates thon pour moi. La pizza de Dominique n’est pas ronde mais allongée, servie sur une planche garnie de câpres et d’anchois. (21€ avec un verre de vin blanc et café)
Tour normande du Castillo de Bisceglie
Sans beaucoup de convictions, nous cherchons à l‘heure de la sieste, la cathédrale(sans la trouver) et le castello normanno-svevo dont il reste la haute tour normande et une cour en chantier.
Molfetta
Encore une ville industrielle avec des quartiers hideux. Les villes historiques en Italie ne se prêtent pas à la circulation automobile réservée aux riverains, avec des caméras flashant les autres. Nous sommes donc confinées à ces artères modernes horribles.
Un panneau touristique marron porte une curieuse indication « Pulo » et « Musée archéologique de Pulo » . Cela changera des cathédrales et des châteaux normands ! Le Musée archéologique se situe en dehors de la ville. Il est logé dans l’élégante Casina Capelluti au fond d’un jardin très calme. C’est un musée très moderne. A l’entrée on me demande mon âge, tarif réduit d’1€ et visite guidée privée (je suis la seule visiteuse).
Le « Pulo » est une doline parfaitement ronde dans la région karstique. Dès la Préhistoire, les hommes se sont installés à proximité Au 18ème siècle au temps des Bourbons, Giuseppe Maria Giovanni, prêtre et naturaliste, a étudié la doline et les grottes de Molfetta. En 1785, une nitriera fut installée, exploitation des nitrates qui ont percolé dans le réseau karstique. Le traitement consistait en un lavage du minerai avec 12 passages successifs dans l’eau qu’on portait à ébullition dans de grandes chaudières. Les vestiges des trois bâtiments subsistent encore au fond de la doline. On voit au musée les vases en céramiques utilisés alors.
Un couvent de capucins fut construit sur le bord du Pulo en 1535.
L’étage du musée est consacré à la Préhistoire. Au Néolithique, l’agriculture était déjà développée, les animaux domestiqués. . Des blocs de pisé des murs des maisons, cuits par un incendie, montrent la trace de piquets et permettent de reconstituer comment étaient construites les cases : on enfonçait des piquets solides, on tressait des branches souples pour faire une sorte de grille et on remplissait la paroi d’un mélange de paille et d’argile. En plus des silex, la présence d’obsidienne provenant des îles Lipari montrait que les échanges commerciaux avaient déjà cours et surtout que les habitants du Pulo étaient plutôt riches pour en détenir. La céramique de Molfetta est connue. Les décors étaient imprimés à la surface des pots avec des coquillages. On a retrouvé des anses sur les pots et on peut imaginer qu’ils pouvaient être portés sur le dos avec des bretelles.
Nous montons au Pulo situé au-dessus de la voie rapide. Le site est clos mais visible de la route.
Dolmen San Silvestro13
Nous rentrons par les petites routes de campagnes à travers oliveraies, vergers de figuiers et champs. Sur la route de Terlizzi à Giovanizza se trouve le magnifique Dolmen de San Silvestro : allée couverte cachée par un tumulus de petites pierres protégées par une couche d’argile et formant un cercle de 35m de diamètre. Il a été mis au jour en 1961. Daté de l’âge de Bronze, il comporte en plus de la galerie une pièce ronde qui serait peut être utilisée pour les cérémonies ou comme lieu de réunion pour les vivants.
D’après le Guide Evasion 2h30 jusqu’au Grand Capo AR 7km.
Comme une petite route rejoint le Petit Capo nous nous y donnons rendez-vous. La balade est facile, pas de marquage mais un seul sentier, le plus souvent une entaille dans les lentisques ou les buissons couverts de salsepareille. Un petit sommet fait de l’ombre sur le chemin le matin. Les joggers et des cyclistes sont nombreux le dimanche. Quelques cabanons sont construits sur le Petit Capo. La plage n’est pas très belle, ce n’est pas l’heure pour la baignade et la paillote a déjà tout vidé pour la fermeture annuelle.
sur le chemin vers Petit Capo
Nous reprenons la voiture pour Grand Capo par Pisinale sur le goudron et ensuite sur de grandes pistes qui vont aux paillotes. Chaque paillote a son grand parking ; à 11h ils sont déjà complets. C’est un spot de surf, il y a de belles vagues ce matin, impossible de se baigner.
beaucoup de vagues aujourd’hui
Nous décidons de chercher une autre plage et un joli restaurant. La petite route vers Saint Antoine traverse un vallon herbu avec des vaches et des balles de foin emballées dans du plastique ; elle gravit ensuite une montagne escarpée et nous nous retrouvons à l’arrière d’Ajaccio. D’après la carte, j’aurais aimé trouver la D61 pour Alata qui passe au pied du château et qui relie le Golfe de Lava. Une fois arrivées au pied des immeubles d’Ajaccio, impossible de naviguer à la carte. Le GPS prend le relai et nous ramène sur les grands axes dans les carrefours de la rocade entre les grandes surfaces commerciales et autres horreurs urbanistiques. Nous quittons Ajaccio sur la route de Cargèse (D81) qui s’élève jusqu’au col de San Bastiano après une montée interminable et d’une descente aussi interminable.
La petite route marquée Ancone et Pevani longe la longue plage d’Orcino bloquée par les installations du Club Marmara puis ouverte un peu plus loin. Sur la plage deux restaurants : le Malibu mieux situé, aïoli au menu, mais accueil très moyen, Les Tamaris en retrait de l’autre côté de la route, pizzas moules et poissons.
Je joue un peu avec les vagues, pas très rassurée. Derrière les crêtes des vagues je peux nager confortablement. Nous commandons deux pizzas, gigantesques et délicieuses. Les serveurs sont charmants. Comme nous sommes bien incapable de terminer les pizzas, la serveuse apporte une boite en carton et emballe les restes. Dîner assuré !
Deuxième baignade, moins de vagues et surtout plus de baigneurs y compris de très jeunes enfants qui me rassurent. Je prends beaucoup de plaisir.