lire pour le Cambodge : Le Saut du Varan – François Bizot

Le Portail était un témoignage, bouleversant,  vraiment un grand livre.

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Le Saut du Varan est un roman  policier : une jeune fille a été  éventrée, trouvée par un Français travaillant à la Conservation d’Angkor. L‘inspecteur divisionnaire français, Boni,  est donc chargé d’élucider l’affaire.

1970, les autorités cambodgiennes,  fantoches des Américains, en pleine guerre du Vietnam, ne contrôlent plus grand chose dans la région de Siem Reap où circulent les troupes du Nord Vietnam et les Khmers rouges. Les Français ont depuis lontemps passé la main à Phnom Penh,  mais à Angkor, les archéologues semblent encore administrer le site malgré les combats qui se déroulent dans les parages.

Rénot , ethnologue, se charge d’accompagner le policier  dans la jungle des Monts Kulen sur le lieu du crime. Participent à l’expédition,   deux jeunes femmes khmères, Chhüey et Prohm, femme ou compagne ou amante de l’ethnologue. Ces dernières facilitent  les rapports avec les locaux et prennent en  charge l’intendance (cuisine dans la jungle, un vrai bonheur). Si Rénot est ouvertement polygame Boni est un mari trompé inconsolable. Une véritable amitié se nouera entre les deux hommes si différents. Rénot livre des élucubrations philosophiques:

« L’homme c’est la seule créature du monde qui vienne au monde en pleurant. Dans la douleur. Tu vises? la seule! »

Point de vue de l’ethnologue qui a vu d’autres meurs, d’autres amours, l’archéologue confie à Boni un « relativiseur » , un outil préhistorique vieux de 4000 ans dont la perfection du poli est altéré par de petites arêtes, on sent encore au toucher le travail de l’artisan, il y a 4000 ans répète-t-il avec complaisance.

Prohm et Chhüey livreront la clé de l’enquête. Prohm, fille d’un village isolé, à l’écart de toute  modernité qui a su conserver toutes les traditions ancestrales, saura conduire les deux hommes au milieu de la jungle et au coeur de l’énigme. La jeep sera abandonnée et l’équipe poursuivra à pied dans la forêt. Des pages fascinantes racontent un bivouac près d’un temple où vit seul un ermite. Rénot décrypte avec l’aide de ses compagnes  les traditions bouddhiques. On découvre des coutumes très étranges.

Le drame : « Devant Prohm se tenait un guerrier. l’homme était à demi-caché , le frer de sa lance ramené contre lui. Il portait un chignon orné d’un peigne cornu, un canif à lame courbe et d’une aigrette en poil de cerf.Deux lourds bouchon d’ivoire allongeaient ses oreilles.A son cou des dents de chien, la grande arbalète et le coupe-coupe de combat posé sur la cambrure du manche. Au dos le carquois à bec de calao…. » 

On attendait les Viet-congs, les Khmers rouges, et voici des guerriers comme dans La Voie Royale  de Malraux

Comme Perken dans la Voie Royale, Rénot est touché d’une flèche empoisonnée. Mais ici, les deux Français sont accompagnés. Même si le pays est fermé aux étrangers, les jeunes femmes obtiendront non seulement l’asile pour eux, mais Rénot sera soigné selon la médecine traditionnelle. La fin se déroule dans une sorte de délire du blessé. Hallucinatoire, cette découverte du temple habité où les usages des Khmers angkoriens du 12ème siècle, un roi sa cour…une cérémonie d’un autre âge? Rénot l’a-t-il découvert? L’a-til rêvé? Ai-je mal lu?

Une bombe au propane américaine mettra fin à l’aventure. Le XXème siècle et la guerre du Vietnam reprennent le devant de la scène.

 

lire pour le Cambodge : La Voie royale – André Malraux

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« il ne dormirait pas. Rêver ou lire? Feuilleter pour la centième fois l’Inventaire,jeter son imagination comme sa tête contre un mur, contre ces capitales de poussière, de lianes et de tours à visages, écrasées sous les taches bleues des villes mortes? »

Claude Vannec, le jeune archéologue, sur le bateau qui l’emmène en Indochine, cherche en Perken un compagnon d’aventures pour découvrir les temples perdus de cette Voie Royale.

– » Ces taches bleues?

– les villes mortes du Cambodge. Explorées déjà. a mon avis il y en a d’autres, mais passons. Je reprends : vous voyez que  les points rouges des temples  sont nombreux à l’origin de ma ligne noire, et suiventsa direction

– C’est?

– La Voie royale, la route qui reliait Angkor et les lacs au bassin de la Menam. aussi importante jadis que la route du Rhône au Rhin au moyen âge.

…Je dis qu’il suffit de suivre à la boussole le trajet de l’ancienne voie pour retrouver des temples… »

Quel programme!  Je rêve d’archéologie…de découvertes. De temples perdus. Au risque d’être déçue!

« Tout cela est bête comme une histoire de chercheur de trésor… »

avoue Claude, ayant découvert un temple, mais pas les statues.

La découverte  du temple, enfoui dans la végétation, lui inspire toutes sortes de sentiments, de la violence, de la fureur, de la cupidité mais peu de curiosité intellectuelle, comme on pourrait attendre d’un archéologue.

Quand à Perken il ne voit que les mitrailleuses que la vente des sculptures lui procurera pour armer des tribus laotiennes et se tailler un royaume.

« ces mitrailleuses qu’il était allé chercher en Europe, elles étaient là, dans cette forêt… »

La plus grande émotion, n’est pas la découverte de ce temple merveilleux qu’est Banteay Srei, c’est plutôt :

« soudain un vide: tout reprit vie, retomba à sa place come si tout ce qui entourait Calude se fut écroulé autour de lui: il resta immobile attérré…les deux pattes du pied de biche venaient de casser. »

Si j’avais espéré une découverte scientifique majeure, un livre d’histoire de l’art, j’en serais pour mes frais.

Les deux  aventuriers sont des voleurs. Rien de plus?

Il ne faudra plus rien attendre des temples khmers dès que les charrettes auront été chargées des statues volées. Le roman prendra une nouvelle direction.  Celle de la jungle, des territoires insoumis, celle des villages Stiengs et des Moïs. « Plus rien de la nonchanlance voluptueuse du Laos et du bas Cambodge : la sauvagerie avec son odeur de viande. »

Parce que la  recherche archéologique n’est qu’un prétexte à roman d’aventure et que c’est d’aventuriers qu’il s’agit. Un roman viril – ce qui n’est pas forcément un compliment. Des hommes qui défient la mort ou plutôt la déchéance. un roman qui veut parler d’érotisme et qui parle d’impuissance.  Partis à la recherche de Grabot, un troisième aventurier, plus tête brûlée que les premiers, ils ne trouveront qu’un esclave,  aveugle et agonisant.

A partir de là, tout s’emballera,  le rythme de la narration deviendra haletant. Echappant aux lancettes de bambous plantées dans le sol, aux sangsues, ils attendront le guêt-apens, l’assaut, l’incendie de la case puis le combat, lances et fléches empoisonnées…

La dernière partie est une course de vitesse entre Perken qui sait qu’il va mourrir de la blessure empoisonnée, les Stiengs en fuite et cette colonne. Derrière la colonne, le gouvernement du Siam et le chemin de fer qui va apporter la civilisation la modernité à ces tribus . Course haletante. Et c’est dans ce registre que le roman est le plus réussi.


 

43; Banteay Srei en touktouk

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Banteay Srei est mon temple préféré.

Hier en réservant le touktouk, le chauffeur a tiqué pour le prix à mon offre de 15$ ;

          « C’est très loin, à 27 km, 30$ »

          « 30$ c’est trop, nous serons de retour à 11 heures »

          « combien êtes-vous prête à mettre ? »

          « 20$ »

A 7heures,monsieur SoPha nous attend, la glacière est pleine de bouteilles d’eau. Notre forfait  suspendu à notre cou, bien visible, Lunettes noires, et krama autour du visage, nous savourons la longue balade qui durera 1h15 à travers forêt et villages. Devant chaque maison, à chaque borne-fontaine, je lis le nom d’un généreux donateur sur un écriteau, anglais, américain, australien qui a sans doute financé l’installation. Attacher son nom à un robinet peut paraître infantile et mesquin. Mais dans un pays où la corruption sévit, ce système est une garantie que les fonds ont été employés à destination et c’est plutôt rassurant. Comme j‘aurais aimé voir sur la Bibliothèque de Pobé « réalisation du jumelage avec le collège Simone de Beauvoir ». Je n’aurai pas eu cette fierté ! Cette pensée soulève des poussières d’amertume et de scepticisme envers les actions humanitaires.

Dès que nous avons quitté la forêt du parc d’Angkor, des vendeurs sont installés tout le long de la route , vannerie suspendues,  étalages de lourds et sombres meubles vernis alignés sous des hangars, des petits étals de fruits, les chaudrons du sucre de palme, et sur les tables les tubes à section carrée en feuille de palmier, à un piquet on a suspendu les fleurs mâles et femelles. Ainsi que les récipients de bambou.

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petites vendeuse de fruits : bananes et pommes de lait

Le camion qui livre la glace s’est arrêté ; On voit débiter à la scie un gros bloc. Ensuite je remarque que des glacières attendent au bord de la route. Il faut rester assez longtemps dans une contrée étrangères pour remarquer ce genre de détails ; ici, il n’y a pas de frigo en revanche la télévision est partout ? Question de priorité !

Les épouvantails chargés de protéger les maisons en faisant fuir les mauvais esprits sont ici tout à fait effrayants : ce sont des militaires lourdement armés, mitrailleuse ou même mortier, avec un visage où les dents sont dessinées dans une bouche soulignée de rouge.

Entre les villages, des rizières sèches, des buffles et la silhouette du palmier à sucre, qu’on appelle en Afrique, le rônier. Je veux absolument prendre ces palmiers en photo. On arrête le touktouk.

A 8h20, nous arrivons à Banteay Srei. Les touristes en groupe sont déjà nombreux. On peut quand même admirer les délicates sculptures des frontons. Je retrouve Indra et son éléphant tricéphale, la douche de Lakmi sous les éléphants, Râvana et la montagne sacrée, la lutte des singes ….et même d’autres scènes signalées dans le livre de Jacques et Freeman. Cette visite reste un enchantement.

Nous prenons bien notre temps pour faire le tour du temple et découvrir la campagne. Une vieille femme  debout, accoudée à la balustrade chante .Les petits vendeurs de cartes postales détalent à l’arrivée de la police à moto.
Le retour est aussi agréable que le voyage aller.

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42. Angkor en touktouk

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7h, devant l’hôtel voisin, un seul touktouk, rouge, un chauffeur très souriant. Je marchande un  peu 15$ pour Angkor Vat et le Bayon. Il proposait 20$ pour un plus grand tour.

Au lieu de traverser la ville, le touktouk s’engage dans une petite route. C’est possible parce que nous avons nos forfaits-semaine et qui peremettent de court-circuiter la billetterie. Nous découvrons une vie provinciale, tranquille, des écoliers qui partent à l’école, les hordes de motos des Cambodgiens qui partent au travail. Tellement plus sympathique que la RN6 bordée d’hôtels gigantesques, de restaurants tapageurs, de salons de massages…

A la sortie de Siem Reap, la poussière rouge nous assaille ? Nouvel usage du krama : en faire u n masque ; C’et une interprétation personnelle. La plupart des Cambodgiens possèdent de vrais masques en non-tissé. L’habitude de la moto dans la poussière a rendu très courant cet accessoire ;

Lunettes noires et krama, dans l’air frais du matin, je goûte la promenade en touktouk. Les grands arbres de la forêt d’Angkor sont odorants. Sur les bas-côtés, on balaye les feuilles, les employés de l’Apsara (société qui gère le site d’Angkor) sont innombrables. Quelle tâche de Sisyphe ! En tout cas, le Routard a tout faux, qui conseillait les chaussures fermées pour éviter serpents et scorpions faisant miroiter un voyage d’Indiana Jones alors qu’en réalité la première feuille qui tombe est impitoyablement balayée.

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le Bayon dans la lumière du matin

Jolis reflets sur les bassins. Le Bayon baigne dans la lumière du matin. Les tours-visages sourient de leur grés orangé. Visages par tours, 37 tours selon Jacques et Freeman, bien difficile à dessiner ! Ce temple-montagne représente également le Mont Mérou et les pics célestes malgré le fait que Jayavarman VII qui l’a construit était bouddhiste, il ne négligeait pas les traditins hindouistes.

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préparation d’un banquet : cochon dans la marmite, brochettes grillées et flacon de boisson

 

Nous avons décidé de nous consacrer aux bas-reliefs : pas de problème pour s’orienter tôt le matin : le soleil est à l’est et nous arrivons par la terrasse orientale ! Le tour des galeries extérieures remplira toute la matinée. Nous avons l’intention de chercher les détails, de retrouver les bas-reliefs qui correspondent aux photos du livre de Jacques et Freeman. Dans la procession, nous retrouvons les Khmers et leur corde autour de la poitrine, les Chams et leur coiffure en fleur de lotus, les Chinois et leurs longs manteaux brodés…Est-ce la bataille de 1177 que Jayavarman VII livra contre le Champa ? Laissons la question aux spécialistes, nous recherchons les détails amusants, les scènes de genre dépeignant la vie quotidienne, les poissons du Lac Tonlé Sap, les animaux de la forêt. C’est un jeu. Parfois on trouve, parfois, non. La galerie à l’intérieur est décorée de scènes mythologiques plus difficiles à interpréter.

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sous la bataille navale, les poissons du lac TonléSap et sur le registre inférieur : des scènes de genre

Entre temps, les groupes Coréens, Chinois, et autres, se pressent et encombrent le passage. A 10heures, nous retrouvons Monsieur So Pha et notre Touktouk.  Nous n’avions pas remarqué la petite glacière rouge  sur la banquette. M. So Pha nous offre des petites bouteilles bien fraîches.

A Angkor Vat aussi on se contentera des bas reliefs des galeries : la Bataille de Langka, le défilé de Suryavarman II, le Jugement de Yama et les Enfers et le Ciel. Malheureusement le Barattage de la Mer de Lait est en restauration à demi cachée par des panneaux de chantier. Nous effectuons nos révisions avec un réel plaisir. Prun nous avait très bien conté les récits mythiques mais il y avait tant de chose à assimiler qu’une histoire en effaçait une autre. Revoir les bas-reliefs était vraiment nécessaire !

Après 4 heures d’observation soutenue, la fatigue se fait sentir. Nous ne pénétrerons pas plus avant dans le temple, négligeant couloirs, galeries, tours préférant rester sur une impression, agréable.

Un jus de coco siroté sous les arbres en compagnie de 2 Russes et de leur guide. Ce dernier, plus très jeune, avec sa raie bien droite partageant ses cheveux, sa silhouette mince, sa chemise de guide soigneusement rentrée dans le pantalon, correspond exactement à l’image que je me fais d’un commissaire politique aux ordres de Moscou du temps de la Guerre Froide : c’est sans doute de l’entendre parler russe qui me donne des idées pareilles ! Comme il voit que je les observe il me demande si je parle russe moi-aussi. Mais lui s’exprime en anglais et en français !

L’après midi à la piscine est un régal. On s’amuse à voir les employés du restaurant aménager un karaoké sur le bord de la piscine : chaises habillées de blanc, tables dressées aux nappes rouges, énormes baffles et un écran. Alignement des plantes vertes au cordeau sous l’oeil expert du maître d’hôtel.  Nous craignons le pire pour cette nuit. Nous serons agréablement surprises. C’est un goûter d’enfants qui  se terminera tôt !

40. Siem Reap, à notre guise: apéro au River Garden et musée

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Lonely Planet signale   « Angkor miniature »:  nous  pourrions y faire des photos comme vu du ciel ? C’est là que nous nous séparons de notre guide et du chauffeur. Les adieux ont été écourtés.

A nous la liberté !

Angkor miniature est très décevant, il n’y a que deux maquettes : Angkor Vat bien réussi, le Bayon, imité grossièrement.

Nous partons à la conquête de Siem Reap entrevue derrière les vitres fumées de la Toyota Camry. Les arrêts pour les courses, pharmacien, photographe, et distributeurs automatiques ont été succincts. Il faut marcher pour sentir une ville ; Nous commençons d’abord par une promenade sur le bord de la rivière sans but, à regarder les échoppes, les maisons. Par hasard on trouve le siège de l’EFEO,  on passe la rivière et on s’arrête sous un petit kiosque. C’est le terrain de jeu d’enfants qui ont rempli des petites bouteilles de sable et qui tirent dans un tas de bouteilles plastique. Quilles ? Ou pétanque ?

Non loin de là nous trouvons un endroit charmant River Garden restaurant, guest-house, avec un pool-bar, des cours de cuisine y sont organisés Cooks in tuktuk, des massages, location de vélos, excursions au coucher et au lever de soleil à Angkor…. Nous prenons un verre au Pool-bar près de la piscine en forme de 8 avec une petite cascade. Mobilier rose et noir, harmonie rose  et verte au jardin : bougainvillées roses, des bambous ont été peints en noir et rose dans une potiche. Margarita et shake de fruits mélangés, les verres très bien présentés.

Le Musée d’Angkor est ultra moderne, très vaste construit autour d’un patio contenant un bassin grand comme une piscine, climatisé, très bien fait, très cher 12$. La première salle contient 1000 bouddhas dans des alvéoles rouges, les pièces exposées sont de toute beauté. D’autres salles thématiques expliquent avec luxe de tableaux, de photos, de vidéos…les sites d’Angkor.  Les audiovisuels sont tonitruants, les photos ressemblent à celles d’un magazine. Même si la pédagogie est excellente, l’original a tellement plus de magie ! Cette visite est agréable mais aseptisée et sera vite oubliée. Elle a son utilité pour les handicapés qui ne peuvent franchir les seuils des temples ou pour ceux qui voudraient faire l’économie d’un guide et qui s’instruiraient ici. Mais est-ce une bonne idée ?

Retour en touktouk à l’hôtel 2$ et une bonne après midi de piscine.

39 . villages flottants du TonléSap

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La voiture s’engage sur une route secondaire qui traverse des villages bien animés. Des motos chargées de sacs en plastique dans des paniers viennent à notre rencontre ; Ce sont les grossistes qui apportent le poisson du lac au marché de Siem Reap « commerçants intermédiaires » comme les appelle Prun.

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A la sortie de Siem Reap vers le lac, les rizières sont vertes, il y a de l’eau et même des champs de lotus. Sur le bord de la route de grands plateformes sur pilotis « hamock bar » : les cambodgiens viennent s’u détendre et chanter dans des karaokés. Ces soirées de karaoké sont masculines et ruineuses. Prun plaisante:

          «  les femmes les appellent, les bars des maris perdus »

L’embarcadère pour les villages flottants se trouve dans un grand chantier. On construit un « port touristique ». le nombre d’embarcation est impressionnant.

          « Ils prennent des touristes à tour de rôle »

Ce matin, à 7h30, il y a juste un groupe de Coréens et nous. Un autre groupe de touristes en sacs à dos s’embarque sur la navette régulière de Battambang.

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Symphonie de brun. L’eau café au lait, les berges de boue brune, les vêtements des pêcheurs, leurs filets. Le ciel voilé donne une lumière tamisée. De temps en temps,, les nuages se déchirent, des reflets dorés et roses dansent à la surface de l’eau. Sur les bods du lac de nombreux pêcheurs sont à pied. Pêchant à l’épervier, à l’épuisette, ou se baissant pour cueillir les coquillages que nous avons vus à Phnom Penh sur de grands plateaux, cuits et salés.

La « forêt inondée » nous avait fait rêver. En saison sèche, c’est une forêt touffue aux petits arbres serrés, mais bien au sec. Avec la pression démographique, on brûle la forêt pour gagner des terres. Les terrains dégagés sont envahis par une broussaille de mimosas piquante et toxique pour la faune.

Un sampan vient à notre rencontre, nous avons déjà vu ces bateaux-maisons au Vietnam. D’ailleurs, les gens qui vivent sur l’eau sont des Vietnamiens. Le village flottant qui se déplace sur le lac à mesure de la crue, est vraiment très misérable. Les barques des commerçants vont de maison-flottante en maison-flottante. Sur chaque plateforme on a aménagé qui un jardin flottant, qui une piste de vélo pour les enfants. Les bassines et les marmites sont accrochées aux murs (sans doute pour économiser l’espace. Il y a même une école vietnamienne flottante.

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Une plateforme de belle taille est occupée par un élevage de crocodiles, un magasin de souvenirs et un bar. Dans des aquariums vivent des poissons bizarres: poisson-à-tête-de –serpent, poisson-éléphant grisâtre avec des yeux proéminents.

La visite tourne court. Avant dix heures nous sommes de retour au port touristique. On traîne et achète des souvenirs : les sets de table en paille seront bien utiles, du poivre dans de jolis sachets de tissu…

Fin du guidage de Prun.

Il y a bien un déjeuner gastronomique prévu, commandé et payé dans le circuit. Mais il y a deux heures à tuer. Nous n’avons pas envie d’aller au Centre Artisanal où nous flairons le piège à touristes. Nous avons déjà assez acheté de cadeaux. Prun propose le marché. On n’y restera pas deux heures.

38. un instrument traditionnel : Trau

 

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Hier nous avons acheté un joli instrument à cordes dont nous avons oublié le nom :

          « trau » précise Prun.

           « C’est lui qui a sauvé mon père pendant la période des Khmers rouges. Il jouait pour eux. Depuis cette époque, il est découragé et n’utilise plus son français qu’il pourrait enseigner. Il joue de la musique dans des fêtes rapporte gâteaux et bâtonnets d’encens »

 

Il nous  livre un peu de sa vie. Adolescent il est allé à la pagode, puis a rencontré des humanitaires est devenu instituteur. C’est un garçon charmant et gai qui parle doucement et ne répond jamais brutalement. « oui-oui-oui » qu’il ponctue de petits rires, « non-non-non », encore un petit rire.  Politesse extrême. Hier, il nous a montré des photos de son fils jouant à faire du bateau dans une bassine devant leur maison, la rue transformée en ruisseau pendant la saison des pluies.

 

Dans notre « monde touristique » où n’ont cours que les dollars, on nous montre les attractions touristiques. La vie quotidienne, nous ne la découvrons que par hasard, regards volés dans les maisons ouvertes . Les confidences de notre guide n’en sont que plus précieuses.

37. Angkor : Ta Kéo – Thomanon et Chausay Tavoda – Preah Khan -Neak Pôan

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Adoptez un  Garuda !

Ta Keo

C’est un temple énorme. Foudroyé avant que la décoration ne soit entreprise, il a été abandonné. Sa taille est impressionnante. L’escalade des nombreuses marches me paraît inutile puisqu’il n’y aura pas de sculptures à admirer.

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Ta Kéo, le Grand temple inachevé 

Thomanon et Chausay Tavoda

Ces deux temples se font face de chaque côté de la route. Moins spectaculaires que ceux que nous venons de voir, nous nous contentons d’en faire le tour sans que Prun ne nous en fasse un commentaire détaillé.

 Thomanon est contemporain d’Angkor Vat restauré dans les années 60. Nous admirons les fines sculptures.

 Chausay Tavoda a été restauré par les Chinois – un peu trop restauré, peut être – les piliers gris vert neufs sont un peu trop nombreux.

Preah Khan : Temple de l’épée sacrée

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C’est encore un temple qu’a fait construire Jayavarman VII après l’occupation des Chams(1177-1181) le nom de l’Epee sacrée fait référence à la décapitation du roi Cham

On y arrive par l’allée des lions , une longue allée bornées les Bouddhas qui ont été également enlevés des niches. Dieux et Démons sont ici aussi gardiens de la chaussée au dessus des douves.

Un Garuda  géant plaqué sur le mur, garde la porte d’entrée.

Garuda est la monture de Vishnou. C’est aussi l’aigle mangeur de serpent, dans la réalité et dans la légende que Prun nous conte avant d’entrer dans le temple.

Un ermite avait deux femmes. L’une ne travaillait pas, elle était très belle et s’occupait de sa toilette et de sa beauté. L’autre faisait tout, la lessive, la cuisine. Elles se disputaient pour savoir qui était la plus belle. Au lieu de se battre elles se mirent d’accord pour demander au mari qui était la plus belle. La deuxième deviendrait l’esclave de la plus belle et ferait ce qu’elle lui demanderait ; le mari, voulant flatter la première, sachant qu’elle accordait plus d’importance à sa beauté que la deuxième accorda le prix à la première femme ; La seconde dû se soumettre et partit. Néanmoins, elle fit le vœu que les enfants de la première serviraient de nourriture à ses enfants. La première donna naissance à des serpents tandis que la seconde accoucha du Garuda.

La suite est assez confuse dans mes notes.

Garuda part à la recherche de l’élixir d’immoralité, rencontre Vishnou, livre bataille contre le dieu pendant 1000ans célestes et obtient quelques gouttes de l’élixir contre la promesse de devenir sa monture.  

Une exposition de photos et de panneaux sur la restauration du Preah Khan propose d’adopter un Garuda, c’est-à-dire de faire une donation. On peut aussi acheter des souvenirs coûteux pour financer la bonne cause.

Je traverse seule le temple : la voiture attendra juste à l’opposé. Je traverse des cours, des corridors, j’admire apsaras, ermites en méditation assez distraitement. C’est déjà le 5ème temple de la matinée et Prun n’est pas là pour me stimuler. Il me faudrait beaucoup de temps pour trouver les merveilles photographiées sur le Guide de Jacques et Freeman.

Un bâtiment à étage est original.

Neak Pôan

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Ce n’est pas un temple. Datant de Jayavarman VII, ce monument joue plutôt le rôle d’hôpital. Non pas un lieu où l’on hébergerait les malades, plutôt un sanctuaire thérapeutique. Le monument principal se trouve dans une île au centre d’un bassin carré flanqué de quatre petits bassin donnant un plan cruciforme à l’ensemble.

Au pied de cette tour se trouvent deux serpents enroulés que Prun analyse comme étant le serpent impair de l’Hindouisme et le serpent monture du Bouddha, toujours la volonté unificatrice de Jayavarman VII qui voulu concilier Bouddhisme et hindouisme et en même temps qui s’est lancé dans la construction d’une centaine d’ »hôpitaux ».

Les soins étaient à base de plantes médicinales (peut être) mais plutôt de pouvoirs surnaturels ;

Quatre cabinets médicaux correspondaient aux quatre éléments

          La Terre figurée par la tête d’un éléphant

          l’Eau par la Tète de Dragon

          Le Vent par la Tête de Cheval

          le Feu par la Tête d’homme

4 kiosques sont donc construit sur chaque côté (4 points cardinaux)

Le malade allait d’abord consulter le guérisseur correspondant à son signe astrologique. Le guérisseur préparait des plantes (remède terrestre) mais surtout l’eau coulant de la tête sculptée du kiosque avait des vertus magiques.

36. Angkor Ta Prohm, le temple mangé par la forêt

 

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La surface de la piscine est bouleversée par une averse. Saison sèche ne veut pas dire absence totale de pluie. Ciel couvert  bas même après que la pluie eût cessé. L’humidité est palpable.

La visite de Ta Prohm, mangé par les arbres, est tout à fait indiquée par jour de pluie. Les archéologues de l’EFEO ont souhaité garder ce temple à l’état sauvage, mais les arbres détruisent les bâtiments. Un compromis a été  fait entre la jungle et la conservation du monument. On a laissé les très gros arbres centenaires avec leurs racines spectaculaires, les mousses et les lichens. Les restaurations nécessaires sont plus discrètes que dans les autres temples que nous avons visités. Ces ruines romantiques se suffiraient à elles-mêmes.

Cde temple de Jayavarman VII est un temple bouddhiste. Nous retrouvons les scènes de la vie de Bouddha.

Sur l’une d’elles apparait le trône revendiqué par les démons qui viennent armés avec des éléphants. Boumi, déesse de la Terre essore ses cheveux et fait pleuvoir un déluge qi noie les démons.

Sur un autre fronton on identifie le Grand Départ de Bouddha qui quitte le Palais avec l’aide des dieux. Nous avons déjà vu ces scènes mais, le lichen leur confère beaucoup de charme.

Les effigies du Bouddha ont été soigneusement martelées pendant la 1ère guerre religieuse. Seul bouddha a disparu, entre les niches des arbres ont été ciselés finement. Un bouddha a même été transformé en linga.

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Prun nous décrit les scènes du film Tomb Raider avec Angelina  Jolie sur le pillage d’Angkor qui a été filmé ici (je ne le connais pas).

Jayavarman VII en plus de nombreux temples a aussi fait édifier des hôpitaux et des maisons d’hôtes pour les pèlerins. Nous découvrons une de ces dernières à la sortie du temple parfaitement conservée et une tour-visage comme celles du Bayon.

Dans cette jungle il est difficile d’imaginer que 12.000 personnes gravitaient autour du temple-monastère. Une stèle énumère les différentes professions et entre autres 615 danseuses en plus des apsaras et des gardiennes de pierre.

Avant de quitter le temple Prun nous montre les ruches sauvages installées sur les hautes branches d’un immense fromager. Nous admirons encore fromagers et figuiers. Certains luttent, le figuier étrangle l’arbre qui lui a servi de support. Ces arbres ont plus de 400ans ; ils ont poussé après la seconde guerre religieuse au 16ème siècle.

35. Sucre de Palmier

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le palmier à sucre

Sur le bord de la route, on cuit quelque chose dans des chaudrons en forme de bassine sur des foyers de terre formant de petits monticules.

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dangereuse escalade

Au début de la saison sèche, on grimpe au palmier à sucre à l’aide d’une échelle de bambou (un seul bambou est fixé au tronc). Le palmier porte des fleurs mâles de forme cylindrique et des fleurs femelles arrondies. Avec une sorte de pince on incise les fruits avec une lame très coupante. Le jus de palme s’écoule toute la nuit et remplit des récipients de bambous. Le lendemain on récupère les tiges de bambous pleines et on cuit le sucre sur des foyers jusqu’à obtenir du caramel qu’il faudra bien touiller avec un bout de bois ; On peut remplir des bocaux de caramel pâteux ou faire des « morceaux de sucre » qui sont très joliment emballés dans des étuis à section carrée faites en feuilles de palmier.

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il faut touiller!