Métaponto – sous le signe d’Hera

CARNET DU MEZZOGIORNO (BASILICATE)

Metapunto : table palatine, temple d’Hera

Tavola palatine : temple d’Hera

Le site désigné sous le nom de Tavola Palatine est le Temple d’Héra ? Temple dorique du 6ème siècle . C’est un élégant temple périptère 6×12 colonnes.

Le site archéologique est mis en valeur par des massifs de lauriers-roses qui accompagnent les deux rangées de colonnes qui subsistent. Cette « table palatine » est aussi réputée contenir la tombe de Pythagore.

Histoire de Metaponto

Occasion de prendre connaissance avec l’histoire de cette ville antique. Sa fondation, selon la légende remonterait à la Guerre de Troie. Les Achéens l’auraient fondée en 755av JC avec l’aide des sybarites. Entre les embouchures de deux fleuves Bradano et Basento, on suppose une activité portuaire. Située dans une plaine fertile, une activité agricole est aussi à envisager. Pythagore fonda au 5ème siècle son école ; La fondation d’Herakleia (Policoro) met fin au contrôle de Metaponto sur els territoires au sud du Sinni et au nord du Bradano. L’expansion des Romains se fit après la victoire de Pyrrhus(bataille d’Heraclée 280avJC) . L’arrivée d’Hannibal (215 av JC a éveillé des espoir chez les Métapontiens qui le suivirent et quittèrent la ville à la suite des armées puniques. Pendant la révolte de Spartacus (73-71 av JC) la ville subit encore des déprédations.

Musée Archéologique

Le Musée rassemble des objets provenant de divers sites du Basilicate : Pisticci, Scanzano et autres.

Chronologie :

dès l’âge de Bronze (13ème -11ème siècle av. JC) des contacts avaient lieu avec la Grèce Continentale et les îles de la Mer Egée sur tout le littoral du Basilicate et de la Calabre

Au 10ème siècle et au 9ème : reprise de la colonisation de Grèce

Fondation de la ville de Metaponto  au 7ème siècle

En plus des grecs une population locale Enotri a laissé des témoignages, objets et textes grecs qui les citent.

Spirales : agrafes

l’âge de Bronze :  surtout des spirales métalliques agrafant le tissu ou des bracelets spiralés ainsi que des poteries dont certaines sont d’importation mycénienne.

8ème siècle (Piscticci) : toujours des spirales et anneaux mais aussi des armes certains contiennent aussi du fer. Un xylophone en bronze m’a étonnée ainsi qu’une bulle en or .

7ème siècle Aliano une ceinture en perles de bronze et des parures féminines d’une étonnante complexité

ceinture de perles

Dans les vitrines, apparaît une vaisselle dont els décors sont de très belle facture à thèmes mythologiques . Les thèmes sont souvent des thémes de propagande le cycle de Troie et  comme la fondation de Metaponto.

L’exposition : Hera e il Mondo femminile nell’ Antichita est tout à fait surprenante.

La femme dans l’Antiquité grecque me semblait enfermée dans le gynécée soumise et vouée aux tâches subalternes et à la reproduction. A l’opposé, les déesses jouissaient d’une grande liberté. Au début La Grande Mère était la divinité primordiale qui représentait la Terre et la Fécondité. A Métaponto, Hera était célébrée dès les temps anciens. Il y avait deux temples d’Héra et un d’Artémis. De nombreuse figurine féminines ont été retrouvées ainsi que des statuettes type tanagra.

miroir antique

On a aussi retrouvé de nombreux miroirs, parfois très décorés et les figures féminines figurent en nombre sur les vases peints : souvent femmes à leur toilette portant ces fameux vases ronds par la poignée. On trouve aussi toute une vaisselle de poupées provenant de la tombe d’une petite fille. Je suis très étonnée de cette exposition presque féministe ; C’est en tout cas la première fois que  je vois braquer le projecteur sur la femme grecque.

La découverte du quartier des potiers a donné lieu à des recherches scientifiques étonnantes. On a individualisé les artisans et les artistes avec les empreintes digitales laissée sur des poteries.

Dans une petite salle on a reconstitué les éléments architectoniques du temple d’Héra polychrome et très décoré avec des têtes de lion en terre cuite mais aussi des frises peintes.

 

En route vers la côte Ionienne – arrivée à Marina di Ginosa

CARNET DU MEZZOGIORNO

Côte Tyrrhénienne sud

Près de Pizzo et de Vibo Valentia nous trouvons l’autoroute en direction de Salerne. Le trajet est spectaculaire dans les Apennins si sauvages et si montagneux et paradoxalement verts. L’autoroute enjambe les ravines, passe par des galeries et c’est gratuit ! Nous passons près de Cosenza, une grande ville avec de hauts immeubles. Depuis que nous avons tourné le dos à la Mer Tyrhénienne le thermomètre de la voiture s’affole et pourtant nous sommes en altitude. La température passe de 35° à 36°C. Quand on roule on ne s’en aperçoit pas mais dès qu’on s’arrête la chaleur est écrasante.

Nous quittons l’autoroute au niveau de Sibari – souvenirs antiques que j‘associe aux Délices de Capoue. Sibari est aujourd’hui encore une station thermale. Par la canicule, nous ne rêvons pas de bains de vapeurs, ni de thermes mais plutôt d’une baignade fraîche en mer. D’ailleurs le thermomètre baisse quand on se rapproche de la côte, 29.5° encore bien chaud mais c’est déjà un rafraîchissement relatif . Depuis que nous sommes en platne la route traverse des vergers, surtout des agrumes mais aussi pêchers et abricotier. La vigne est sous filets et certains agrumes aussi.

Tour près de Marina Amnandolara

La route statale 106 suit le littoral ionien. Nous en sortons à Marina de Amandolara à la recherche d’une plage. Nous trouvons une plage sauvage de galets dans un environnement un peu délaissé. C’est bien sympathique, une plage encore vierge ! Les galets garantissent une belle transparence de l’eau. La mer est d’huile. Je pourrais nager pendant des heures. Au bout de la plage une haute tour se profile, un pan est entier le mur opposé s’écroule. Nous pique-niquons sommairement. A peine avons-nous terminé qu’une noce arrive pour faire des photos.

Castrum Petrae Rosetti

Arrêt à Capo Spulico pour admirer un château Castrum Petrae Rosetti une sorte de manoir occupé maintenant par un restaurant qui organise des évènements dans un cadre médiéval. C’est un peu le piège à touristes. Je paie un billet pour visiter le château et il n’y a rien à voir en dehors de salles de restaurant. Cependant je n’ai pas perdu complètement mon temps et mon argent parce que ce fier château normand fut  bâti au 11ème siècle à la limite des terres de Robert Guiscard et de celles de son frère Roger Ier, grand père de Constance Altavilla héritière du royaume de Sicile et mère de Frédéric II. Une leçon d’histoire et une illustration de mes lectures savantes sur les Normands en Italie du sud.

Comme il est trop tôt pour se présenter à notre nouveau gîte de Marina di Ginosa nous faisons un détour à Metaponto pour passer à l’office de tourisme afin de réunir de la documentation pour nos visites dans la région. Fermé le samedi et dimanche. Dommage ! La grande place Jean XXIII devant le Musée archéologique est occupée par une course cycliste pour enfants et adolescents, Partout des vélos, des stands, des parents. Difficile de se frayer un chemin. Au Musée archéologique se déroule cette nuit une série d’animations LA POETICA DEI NUMER1 PR1MI , projet célébrant Pythagore, mort à Metaponto dans le cadre des projets de Matera 2019 (cette année Matera est Capitale Européenne de la Culture. Le programme st séduisant : théâtre mettant en scène les relations entre les mathématiques et les arts, promenade sous les étoiles, une évocation de Pythagore et d’Hypathie et même un concert de piano au théâtre antique à 5h30 du matin.

Le GPS nous conduit à 16h, comme prévu à Marina di Ginosa, via Catania,  parmi les blocs petits immeubles en ciment blanc sale, jaune pâle, rose ou pistache. La via Catania est une impasse et notre maison l’avant dernière. Notre balcon jouit donc d’une vue étendue sur un terrain vague, avec un petit verger de figuiers, oliviers et néfliers, au loin une grande haie d’eucalyptus et plus près une grue.  De mer, point. La propriétaire annonce 500 m (à vérifier) je dirais plutôt 1 km. L’appartement au premier étage au-dessus de celui des propriétaires, est vaste et possède ce que le confort moderne peut offrir, lave-linge et lave-vaisselle, un ventilateur indispensable, des moustiquaires…la climatisation est déficiente et je n’ai pas trouvé le mode d’emploi de la télécommande de la télé. Il a même deux terrasses, l’une à l’ouest pour le petit déjeuner et le dîner après le coucher du soleil et une autre petite sur la rue bien à l’ombre l’après-midi.

« Au moins vous avez la mer » a écrit Maman depuis sa canicule parisienne. Certes mais la canicule d’ici est plus normale. Ce midi, j’ai nagé dans une eau merveilleuse. Marina di Ginosa est une caricature de plage italienne. Au bout de la rue, 3 établissements balnéaires : Lido Central, Lido di Francesco et un 3ème, pour aller à l’eau il faut d’abord traverser le restaurant sous un toit de tôle puis faire son chemin entre les lettini : 18 rangées ; ici un ombrellone n’abrite pas seulement deux lits mais deux lits et deux fauteuils autour d’une tablette ronde. Heureusement la haute saison n’a pas démarré.  Le sable est fin, doré mais on ne le voit plus. La baignade, peut-être idéale pour les familles,  est très sécurisé : des bouées enferment une « zone de baignade » le plus loin, j’ai de l’eau jusqu’aux cuisses. Quand j’essaie de nager mes genoux touchent le sable. Cerise sur le gâteau : les méduses ! Il faudra trouver une autre plage.

Nous cherchons toujours à nous loger « chez l’habitant » nous y sommes ! Les enfants jouent au foot dans la rue, les hommes tapent le carton sur leur balcon en face. Cela se gâte quand un adolescent arrive avec un scooter interrompant le jeu de ballon ; chaque enfant fait un tour de vespa dans l’impasse (ils sont trop jeunes pour aller dans la rue) et revient en pétaradant le plus possible. Arrive un quad bien bruyant qui fait des allers/retours à la grande joie des jeunes pères âgés d’une trentaine d’année, très fiers de leurs fils. Même le bébé de 3 ans a droit à son tour sur les genoux de son père. C’est d’ailleurs un conducteur chevronné sur sa mini-moto, miniature mais aussi bruyante que les grandes. La dame-propriétaire regarde le spectacle, très émue. Il ne lui vient pas à l’esprit qu’elle a loué plus de 500€  son appartement à des locataires excédées par le bruit. Toute la soirée se déroulera dans la cohue et dans le vacarme. Toute la maisonnée est installée dans le patio bavardant bien fort (l’Italien est une langue sonore). Cela aurait pu être « typique » et sympathique si le petit ne faisait pas des caprices en hurlant et trépignant. Je me penche du balcon ; la dame me montre au bambin sans doute pour le faire taire sans aucun autre résultat que de le faire asseoir par terre en criant encore plus fort. Arriverons-nous à dormir ?

le 21 juin, arrivée de l’été au Capo Vaticano

CARNET DU MEZZOGIORNO (CALABRE)

Capo Vaticano

Dernier jour au LImoneto, nous faisons une pause pour profiter des environs, de notre terrasse, du jardin, des plages.

Juste après le tournant sur la route de Ricadi, sur la route parallèle à la côte nous prenons la première descente fléchée Tonicello –route privée avec une barre limitant l’accès. Comme elle est ouverte, nous tentons notre chance. Elle dessert des hôtels, des résidences dans des jardins très fleuris puis devient de plus étroite et se termine par un cul de sac. Peut être à pied trouverions nous une belle plage ? Mais où laisser la voiture ? Demi-tour laborieux sous els yeux d’une hôtesse – chemise blanche, petit foulard comme ceux des hôtesses de l’air.

Deuxième essai : flèche « Tono », après avoir dépassé deux hôtels-clubs géants très verts, tellement verts que je suspecte du gazon artificiel, grand parking plat ombragé . La plage est proche facile d’accès. Plage de sable blanc grossier mais agréable sous les pieds. Comme la bande sableuse est étroite, les plagistes ont installé les ombreloni et lettini en hauteur sur une sorte de plateau. Sur la plage, on ne voit que les parasols multicolores apportés par les estivants. Ne pas voir la colonisation du sable vraiment agréable ; L’eau d’une grande transparence laisse voir les rochers. Par prudence, je me chausse. J’ai bien fait, entre le sable et les rochers, il y a des galets. Je nage avec circonspection au dessus de rochers superficiels ; C’est amusant : ils offrent un « paysage » sous-marin. Au bout de. la plage, la barre rocheuse du Capo Vaticano, de l’autre côté des écueils. Encore une fois je regrette d’avoir oublié mon masque à Créteil.  Je nage assez près du bord, il n’y a pas de bouées pour séparer les nageurs des bateaux qui emportent les touristes au Capo Vaticano. Nouveauté d’aujourd’hui : les méduses sont arrivées ! D’abord une petite, jolie, ronde, avec à peine des tentacules, plutôt une couronne d’épines. Je l’évite après l’avoir admirée. En nageant, je regarde le fond de l’eau moussu, soudain une brûlure au bout des doigts ‘avertit que je viens de pêcher une méduse dont je me débarrasse à la hâte. Cela pique, mais pas trop.

Au bout de ¾ d’heures je sors me réchauffer. Un marchand a installé sa « boutique » sur me sable. Il a suspendu sous un parasol de nombreuses robes de plage qui me font envie. Il faudrait que je remplace la bleue de Sardaigne. Le marchand m’en propose une jolie pour 20€, j’essaie de marchander mais je sors de l’eau. Si j’essaie il me faudra acheter la robe mouillée même si elle ne convient pas. Quand je me décide, il a déménagé.

Encore une petite heure dans l’eau. Nous quittons le parking après avoir cueilli une feuille d’aloès. Dominique a vu un monsieur badigeonner sa femme piquée par une méduse. Je frotte le gel sans savoir si c’est vraiment efficace, mes doigts ne me brûlent plus depuis un moment.

Capo Vaticano : Belvédère

Enfin ! nous trouvons le parking du Belvédère nord du Capo Vaticano. Un Biergarten est installé sur le bord de la falaise. Un artisan local expose sur le grillage ses productions en bois d’olivier : croix grossières, chapelets et rosaires, cornes éloignant le mauvais sort de la maison, mobiles avec des noix vernies. Ce n’est pas très joli mais c’est plus sympathique que les magnets made in China.

La vue sur les petites plages (les plus belles de toute l’Italie selon le guide Geo qui les place dans le Top5 des incontournables) est vraiment très belle. A nos pieds, une eau turquoise, des pédalos blancs pour décorer. Opuntias au premier plan. Bien caché, un sentier poussiéreux descend. Si j’avais passé mon maillot si j’étais en sandales je n’aurais pas résisté. Nous avons failli passer à côté d’une telle image !

Brivadi : Torre Marrana

Nous ne voulons pas quitter Ricadi sans avoir vu les tours qui balisent le rivage. Au village de Brivadi, la Tour Marrana domine la vallée étroite de La Fumara Vaticana della Ruffa. Des falaises blanches tranchent sur les buissons.

Sur le rivage la Torre Marina est incluse dans un groupe de maisons. Un esccalier extérieur métallique la défigure. Au pied de la falaise, une petite plage à rejoindre à pied sur une petite roue.

Nous nous approchons de la Torre Ruffa qu’on voit très bien de notre gîte, illuminée la nuit mais inaccessible de la route.

Salade de courgette tiède avec de l’huile d’olive et du citron sur lesquelles j’ai mis des rondelles d’oignon de Tropea, vraiment très doux et très sucrés. On s’accorde une vraie sieste dans la maison fraîche. Il suffit de bien tout fermer volets et fenêtre avant que l’air ne se réchauffe. La maison reste agréable sanclimatisation ni ventilateur. Pour l’empreinte carbone rien ne mieux que ces volets extérieurs à lamelles orientables.

J’ai tellement aimé la plage de Tono que nous y retournons après la sieste.  Le vent s’est levé, la mer est plus agitée. Pas de vraies vagues mais assez pour me faire boire la tasse. La plage est animée, une flottille de kayaks en plastique fluo complète les pédalos pour accéder par mer aux plages paradisiaques du Capo Vaticano. Des adeptes du snorkelling équipés de gropro font des exploits à 3 mètre du bord par 80cm de fond ! Les véliplanchistes me font un peu peur. Sauront-ils dévier de leur trajectoire si je me trouve devant eux ? Je nage moins seule aujourd’hui, une dame avec un chapeau rose aperçeu ce matin me salue ;

Le 21 juin : début de l’été avec méduses et vacanciers !

 

Une excursion vers le sud : Scilla

CARNET DU MEZZOGIORNO (CALABRE)

Scilla : le château sur le rocher

Il fait très frais ce matin (20°C) et le vent intensifie cette impression de fraîcheur. Le soleil est encore dans la ramure du grand arbre. J’écris sur la table de la terrasse guettant les oiseaux qui se posent face dans l’amandier. Un merle vient me rendre visite et sautille sur le sol sableux. Les tourterelles préfèrent prendre de la hauteur. Un grand lièvre a fait un petit tour, je n’en n’avais jamais vu de si près. On ne peut vraiment pas le confondre avec un lapin.

Comme tout le monde, je connaissais l’expression « de Charybde en Scilla », d’après l’Odyssée. Nous avons prévu  une grande excursion (200km aller/retour) pour voir Scilla, son château et les côtes de Sicile. Googlemaps annonce 76 km en suivant le littoral, Le Navigatore de la Polo propose 3 itinéraires, le plus court 89 km en partant par Ricadi, puis nous fait passer par Zungri en nous déroutant vers le nord et non pas à Nicotera sur la côte. Nous grimpons les pentes du Monte Poro par de petites routes tortueuses à travers des villages ignorés des guides touristiques ainsi que de la carte Michelin : St Costantino, Calimera, La Panaia, toponymie à consonance grecque évoquant Byzance. Ces gros villages sont bien différents des résidences touristiques fleuries et pimpantes autour de Tropea. Les maisons ressemblent à des chantiers permanents. Les habitants vivent au rez de chaussée, parfois au 1er étage de grosses bâtisses de parfois 3 étages ou même plus ; Les étages supérieurs n’ont ni portes ni fenêtres, dans le meilleur des cas on les a bouchées avec des tôles, des planches, ils sont parfois ouverts à tous les vents. On a rarement fini le toit, le plus souvent des tiges rouillées dépassent. Nous avons déjà remarqué ce phénomène en Grèce. Tant que les tiges rouillées étaient apparentes, la maison n’était pas considérée comme terminée, donc pas imposable. En est-il de même ici ? Pourquoi des maisons si grandes dans des villages perdus ? Qui les habitera ? Les enfants quand ils seront grands ? Les émigrés du Nord, d’Allemagne ou d’Amérique quand ils reviendront pour passer leur retraite. A moins que ce soit de la construction pour de la construction, inexplicable comme ces ponts autoroutiers de Sicile ou ne passera jamais aucune autoroute. Evidemment on n’a pas crépi, ni peint les façades . Le village a un aspect gris, pas entretenu, plutôt sale et déplaisant. Autre aspect déplaisant : les ordures qui s’entassent sur le bord de la route. Sacs crevés par les chiens ou les oiseaux qui s’éparpillent. Ailleurs en Italie on est très attentif au tri sélectif, ici, c’est la décharge. Nous avons vu un panneau qui prie le passant « de ne pas jeter d’ordure ici parce que la récolte ne passe pas ».

En dehors de ces deux « écueils «  (Charybde et Scilla), le voyage dans la campagne est très plaisant. Dans les champs de céréales, il y a des coquelicots. La moisson est commencée mais pas terminée.  Les roues de paille sont du meilleur effet. Des chardons mauves, roses ou bleus décorent le bord des routes. De hautes graminées agitées par le vent fournissent un joli premier plan aux photos de paysage. Calabre verdoyante et vallonnée au mois de juin où poussent des oliviers majestueux dans des oliveraies bien entretenues. Les arbres sont si hauts qu’on ne peut pas cueillir les olives, sans doute les ramasse-t-on au sol comme en Corse ou à Corfou. Dès qu’on est en plaine les orangeraies occupent le terrain. A l’inverse des oliviers, les orangers sont taillés très bas et forment des boules compactes. Les oranges doivent être cueillies, plus l’oranger est bas, plus c’est facile. Ils sont irrigués, on voit de fins tuyaux courant entre des poteaux de ciment.

Gioia-Tauro

Nous trouvons la route côtière à Rosarno à quelque distance de la mer cachée par la voie de chemin de fer et une lagune jusqu’à Gioia Tauro où un port de dimension impressionnante a été implanté avec des grues et des portiques pour les conteneurs sont visibles de la route. Selon Wikipédia, c’est le 1er port italien pour les conteneurs et le 10ème européen. L’histoire de ce port est intéressante. En pleine crise de l’acier, on tenta d’implanter une industrie sidérurgique puis une centrale thermique qui n’a jamais fonctionné. Les ruines industrielles ont un aspect désolant dans le paysage. Je m’étonne de croiser si peu de camions sur la route, les installations impressionnantes feraient craindre un trafic dense. Peut-être sont-ils sur l’autoroute ?

La route évite le centre de Palmi ( »à voir » selon les guides touristiques) avec un musée ethnographique présentant des masques, qui me tente). A la sortie de Palmi, le Navigatore nous dirige sur l’autoroute Salerne/Reggio di Calabria tunnels et viaducs, je ne compte plus les galeries, il y en a bien une dizaine. Frustration : la Côte Viola bordant l’Aspromonte est la plus belle partie du voyage, nous l’avons loupée !

Scilla

Nous ne quittons les tunnels qu’à Scilla – petite ville (5000habitants) facile à traverser avec des ruelles pittoresques avec de la végétation dégoulinant des balcons et de la lessive qui sèche. La route qui descend de l’autoroute vers le château est bordée de lauriers-roses taillés comme de petits arbres avec des troncs bien dégagés, les roses et les blancs alternent.

Scilla : Castello Ruffo

Du belvédère, Piazza San Rocco, on découvre le château, les plages, les toits du quartier des pêcheurs, Chinalea, et les côtes de la Sicile très proches, où d’énormes porte-containers croisent dans le Détroit de Messine.

Un escalier descend au pied de la rampe du Château Ruffo qui coiffe le rocher de Scilla (ou sévissait le monstre de la légende). Il a fière allure malgré les deux séismes de 1783 et 1908 qui l’ont touché. Pendant les Vêpres siciliennes (1282)  le monastère-forteresse S. Pancrazi faisait partie du dispositif de défense de Charles d’Anjou. En 1313, il fut occupé par Federico d’Aragon (Frederic II de Sicile 1295 – 1337) puis restitué à Robert d’Anjou par le Pape. Il appartient à la famille Ruffo depuis 1533. Qui en fit un palais luxueux. Sous l’actuelle phare, des citernes et vasques de décantation et un puits fournissait l’approvisionnement en eau de la forteresse imprenable. Une plaque rappelle un épisode tragique quand la foudre en 1812 mit le feu à l’armurerie tuant dans l’explosion deux soldats français (règne de Murat) .

Dans les salles d’exposition on trouve des souvenirs de la pêche à l’espadon(une barque et de très belles photos anciennes) et l’histoire complète du château avec des cartels très détaillés en italien.

Le phare fut construit en 1885, il signale l’entrée du Détroit de Messine et communique avec celui de Capo Vaticano.

Scilla : Chinalea le quartier des pêcheurs

Le quartier des pêcheurs, Chinalea est juste en dessous, à deux pas à pied mais d’abord compliqué en voiture. Nous ratons l’accès et remontons dans les tunnels de l’autoroute pour refaire un tour complet de la ville. Les maisons sont construites les pieds dans l’eau le long d’une rue étroite.

Très belle terrasse sur pilotis

Le meilleur point de vue est une terrasse de restaurant sur pilotis. Nous nous installons dans le premier qui nous semble très classe La fiocina. Sa belle terrasse est installée sur l’eau claire, le menu sophistiqué est présenté entre des plaques de bois. Menu prometteur : Dominique choisit des involtini d’espadon et moi, des pâtes contenant tout plein de bonnes choses comme des artichauts et de la crème de truffe. Rien de tout cela n’existe en cuisine, pas d’involtini, pas d’espadon sous une autre forme, rien qui ressemble à du poisson d’ailleurs, ni à de la viande non plus ! Le Maitre d’Hôtel est désagréable : il prend des grands airs alors qu’il n’a rien à proposer.

Je lui dis :

– « dites plutôt ce qu’il y a ! »

– « des pâtes ! »

Bien décevantes, pâtes maison peut être, al dente, avec des petits morceaux d’espadon, sans aubergine ni artichaut, seulement des petits filaments de courgettes râpée crue (à retenir) et une sauce à la crème. Pour 12€, on aurait pu s’attendre à mieux. On ira prendre le café ailleurs !

Scilla : Marina Grande et une terrasse plus modeste mais service plus sympathique

Deux plages à Scilla la plage de la Sirène (une statue de sirène genre Andersen et pas du tout monstre homérique, on a oublié que chez les grecs les sirènes étaient mi-femme mi-oiseau terrifiantes) et Marina Grande avec des établissements balnéaires. Nous nous attablons dans le premier. Une jeune fille très sympathique sert le café et une glace. C’est ici que nous aurions dû déjeuner, il y a de magnifiques salades de fruits (pastèque-melon). Baignade très agréable, je nage en regardant la Sicile et les cargos.

Au retour, nous coupons le GPS pour suivre la SS18 qui court sur la corniche et la spectaculaire Costa Viola, tout d’abord au niveau de la mer jusqu’à Bagnara puis qui grimpe en lacets serrés dans le village et reste en hauteur jusqu’à Palmi où nous retrouvons la route de ce matin. Le port de Gioa Tauro, bien visible d’e haut est vraiment très grand.

Costa Viola entre Scilla et Bagnara

Rosarno est engourdie par la sieste, seuls des Africains se promènent dans les rues, nous trouvons une flèche indiquant Nicotera Tropea, nous quittons la statale pour une petite route qui traverse des orangeraies près de la mer. Jusqu’à Nicotera, nous nous félicitons de notre initiative. Nicotera Marina possède de belles plages . Nicotera est perchée sur une colline qui domine le rivage. Nous trouvons la route de Cocorino Joppolo. Il est à peine 17h, nous décidons d’aller à la plage à Joppolo.

Plage de Nicotera10

C’est là que tout se gâte (et que nous comprenons les détours que nous avait imposé le Navigatore). La route de Joppolo est barrée par un bloc de ciment. Une déviation est fléchée dans la montagne par une toute petite route (interdite aux camions). Comme La Polo n’est pas un camion nous nous engageons et montons dans la forêt par des pentes incroyables. La Volkswagen renâcle, il faut passer la 1ère et même en 1ère elle s’essouffle. La route est très étroite et le revêtement dégradé. Arriverons-nous quelque part ? On monte, on descend, tortille. Par chance personne ne vient en face. Finalement nous nous retrouvons à Brivadi. L’épreuve pour la conductrice n’est pas terminée, les ruelles sont très étroites. On aurait peut-être dû écouter le GPS ?

Le livre des choses cachées – Francesco Dimitri

CARNET DU MEZZOGIORNO

J’ai trouvé ce titre sur le blog d‘eimelle fort à propos puisque je cherchais des lectures à télécharger sur la liseuse pour notre voyage dans le sud de l’Italie.

Le récit se déroule dans le Salento où nous sommes passées il y a quelques années mais j’ai commencé la lecture à Bari, pas trop loin. J’ai donc eu le plaisir de le découvrir sous le soleil des Pouilles, avec la chaleur de l’été évoquée dans le livre, de l’accompagner des plats dont le livre parle, les poissonneries qui sont aussi des petits restaurants. Ambiance raccord!

C’est un thriller, pas question de dévoiler l’énigme!

C’est un livre de potes, quatre jeunes hommes ont conclu un Pacte, se retrouver tous les ans, à la même date dans leur pizzeria, et bien que la vie les ait dispersés, qui à Londres, qui à Milan, qui à Rome….bien qu’ils aient une vie professionnelle bien remplie, des femmes, pour certains des enfants, ils sont restés fidèles au rendez-vous. Sauf, qu’au début du livre Art ne se présente pas. Il a disparu!

Et cette disparition est suspecte! Les trois autres vont mener l’enquête qui va souder le groupe comme au temps de leur adolescence….Assez logiquement, ils rencontrent la mafia locale, remontent dans les secrets anciens.

Puis ils découvrent qu’Art s’intéressait aux « choses cachées » avec des connotations plutôt ésotériques. Là, je décroche un peu. Le fantastique, surtout adolescent, ce n’est pas mon truc.

Mais l’action est bien menée, les personnages attachants et je termine le bouquin avec plaisir. L’auteur a maintenu la tension jusqu’au bout et a conservé sa lectrice.

La cité rupestre de Zungri et les spécialités gastronomiques

CARNET DU MEZZOGIORNO (CALABRE)

Cité rupestre de Zungri

Une belle affiche « la cité des pierres « nous avait attirées. Zungri est éloigné d’une vingtaine de km en passant par Ricadi et Spilinga.

Aqueduc de Spilinga

2km après Spilinga, au détour de la route, un aqueduc court dans les olivaies, une chapelle jaune complète l’ensemble charmant ; Il ressemble à un aqueduc romain mais il est récent (19ème ). On s’élève sans s’apercevoir sur le plateau de Monteporo, qui culmine à 711 m, cultivé de blé (moissonné on voit les grosses roues de paille) mais aussi parcouru par les troupeaux de moutons.  Nous parcourons une campagne tranquille après les côtes urbanisées.   Des petites maisons abandonnées aux toits de tuiles crevés nous attristent.  Les occupants ont-ils quitté la Calabre pour le nord de l’Italie ou l’Amérique, ou plus simplement, ont-ils préféré le confort des grosses maisons à étage en ciment des villages, ceinture grise de béton ?

maquette de la cité rupestre

Les billets sont vendus au Musée Ethnographique qui raconte la vie paysanne au 20ème siècle exposant des outils, des photos anciennes, des vêtements, robes de mariées 19ème siècle ou combinaisons des années 60, outils agricoles, machine à trier les noisettes, tourne-disque avec des 45 tours, et dans la bibliothèque les discours de Mussolini 1924-1928/

La cité rupestre est dans la falaise qu’a entaillé le cours d’eau Fiumara Malopera noté « fleuve intermittent ».

 Le sous-sol est composé de Calcarénite Miocène/Pliocène contenant des fossiles marins Crasostréa glyphoides (Huitre),  Amphiopes (oursin) et Clypeaster(oursin), Térébratules.

Ces niveaux de calcarénite sont surmontés de tufs Pléistocène.

La calcarénite, de texture assez grossière, se taille très bien ; la cohésion est assez bonne pour conserver les structures anciennes. De Chypre à la Sicile, j’ai vu ds tombes et des catacombes dans la calcarénite.

Cet habitat rupestre est très ancien. D’après un cartel : » le Plateau de Poro a vu la migration des moines orthodoxes fuyant les Arabes et les persécutions iconoclaste auxquelles ils étaient sujets dans leur pays se refugièrent au sud de l’Italie. Ces grottes furent utilisées comme granges, ermitages ou monastères où les moines byzantins suivaient la règle de Saint Basil. ».

De ces cellules d’ermites ou de cette communauté monastique, on ne retrouve pas grand-chose, à part peut-être un poisson gravé dans un dôme. Pas d’églises comme en Cappadoce. En revanche, les installations agricoles, un pressoir à vin rectangulaire, une cuve ronde.  De belles formes arrondies comme des jarres, mais en creux, étaient destinées à recevoir du grain ? Des maisons ont été creusées, les façades évidées dans la roche ressemblent aux façades des maisons traditionnelles. Certaines sont maçonnées. Ces hypogées résidentiels ne différent pas d’un village en pente, bâti de chaque côté d’une rue étroite et de ruelles en escalier. Parfois on remarque les traces d’un étage. Un toit en tuile couvrait certaines maisons.

Je suis étonnée de la complexité des structures qui combinent l’utilisation de la falaise en troglodyte avec des niches, caves creusées et les constructions maçonnées ? Certains passages sont si étroits que je n’arrive pas à m’y faufiler. Peut-être une cachette ? ou une chatière ? Deux pièces au plafond évidé en coupoles communiquent, dans la seconde une sorte d’estrade a été taillée. Aucune destination indiquée à cette structure. Un panneau semble indiquer qu’elle aurait été utilisée comme silo à grain.

Le site est très étendu. Un sentier en balcon court à mi-pente. Les herbes hautes me griffent els jambes, peut-être n’est-ce pas prudent d’avancer. La promenade se termine sur une placette près d’une source où capillaire et fougère croissent dans l’humidité d’une source.  Je remonte en m’aidant de la main courante et d’une corde tant certaines marches sont hautes et usées.

Sur la route du retour nous achetons du fromage dans une fromagerie artisanale de Spilinga  qui commercialise des produits locaux : mozzarella fraiche et séchée, fromages de chèvre, provolone avec des inclusions rouges de piment. Ne goûte à la spécialité de Spilinga : la Nduja, une sorte de saucisson mou à tartiner rouge du piment rouge de Calabre. Avant de l’acheter, je goûte une bruschetta portant une couche généreuse. La Nduja est piquante, comme de la harissa. Je croque avec précaution la tartine. C’est vraiment trop piquant pour moi. Il existe aussi une version douce de la Nduja mais elle se vend en grosses saucisses que je n’arriverai pas à terminer d’ici 3 jours et qui ne sera pas transportable avec la chaleur.

oignons de Tropea

Midi, nous mangeons tranquillement sur notre terrasse d’une omelette aux oignons de Tropea (encore une spécialité locale) ; doux et délicieux. Après ce repas léger j’essaie encore une spécialité : le Tartufo de PIzzo, une 8glace artisanale que le Limoneto propose au bar. Les glaces industrielles proposent un gros dôme de chocolat sous la nom de tartufo. C’est plutôt une tranche de chocolat claire et une autre tranche à la noisette. A l’intérieur il y a du chocolat noir liquide. Par cette chaleur, il faut faire vite avant que tout ne fonde.

 

15h30, direction Capo Vaticano où il y aurait deux belvédères et deux parkings. Je compte me choisir une plage. Le Navigatore ne fait aucune difficulté à accepter cette direction. Capo Vaticano n’est pas le cap rocheux désert que j’imaginais.  Il est construit, même très construit. Des autocars stationnent devant les hôtels, nous cachons la petite route que le GPS nous indique avec insistance. Nous ne trouvons pas les belvédères mais le parking de la plage Groticello complet (il en existe un privé et payant plus haut mais plein soleil. A la plage de Santa Maria nous avons plus de chance. Nous sommes déjà venues sur cette plage dimanche et la mer était agitée. Aujourd’hui elle est calme, l’eau est transparente et j’ai chaussé les petits chaussons bleus qui ne sont même pas indispensables. Je reste près d’une heure et demie dans l’eau à faire de grands parcours d’une bouée à une autre. Je m’amuse à regarder le fond mais ne vois aucun poisson. Je regrette d’avoir laissé le masque à la maison.

Dîner de pastèque et de fromage sur la terrasse.

Je continue la lecture de Roger II de Sicile de Pierre Aubé. Les rivalités entre les deux papes ou antipapes Anaclet et Innocent II se prolongent. Les révoltes des barons normands m’ont lassée. Je commence La Pyramide de Boue de Camilleri et la savoureuse traduction de Quadruppani. J’avais oublié comme c’était drôle. J’éclate de rire toute seule avant de trouver le sommeil.

 

 

 

 

Iles Eoliennes

CARNET DU MEZZOGIORNO (SICILE)

Stromboli

L’excursion est bien organisée. Une navette vient nous chercher à 7h dans le virage juste à côté du cancello. Au port, à Tropéa, notre bateau n’est pas encore là, il est pris d’assaut dès son arrivée pour occuper les sièges du pont découvert. Nous trouvons des banquettes bien rembourrées en bas ; Dominique sera bien à l’ombre  et je bougerai tout le long de la traversée.

Trois îles au programme : Vulcano, Lipari et Stromboli.

Vulcano

Nous quittons Tropea , ses falaises et son église sur le rocher, le navire vire au large. Presque deux heures en pleine mer sans rien à voir ? Rien, si ! La guide crie d’excitation « Delfini ! » Je monte sur le pont. Toute une troupe de dauphins, je n’en ai jamais vu autant, ils sautent, font des pirouettes avec un mouvement d’ensemble, une véritable chorégraphie. Ils suivent longtemps le sillage du bateau et sautent dans l’écume. Evidemment, je ne réussis pas à les filmer, il y a toujours une tête, un bras, une perche à selfie dans le viseur. Ces selfies sont vraiment ridicules.  Que des adolescentes prennent la pose, c’est de leur âge. Quand il s’agit de Russes largement ménopausées, mais très apprêtées, qui se recoiffent et minaudent et qui s’échangent les clichés sur leurs téléphones, c’est affligeant. Parmi les passagers, il y a un bon tiers d’Allemands, autant de Russes et le reste des Italiens et de rares Français. Le voyage est commenté en Italien d’abord, puis en Anglais, en Russe et enfin en Français. La guide francophone, Manuela, est très sympathique et vient souvent prendre de nos nouvelles.

Un peu avant 10 heures, nous approchons de Vulcano et de Lipari qui sont voisines. Vulcano est un volcan, de son cratère blanchi on devine des fumerolles. Ses roches sont très colorées, rouge, jaune mais aussi turquoise et vert.

Bains de boue sur Vulcano

1h30 d’arrêt sur Vulcano. Au choix, des bains de boue chaude (+ de 35°C) 3€ l’entrée et 1€ jeton pour la douche ou une baignade gratuite sur la plage de sable noir. Je choisis la boue (j’aurais trop regretté se ne pas avoir sauté sur l’occasion) ; Un bassin contient une eau boueuse agitée de bulles, jacuzzi naturel. Seules les têtes de baigneurs émergent, ils ressortent couverts de boue(c’est le but de garder cette boue le plus longtemps possible, elle est censée guérir les affections rhumatismales ou dermatologiques). Pour simplifier les déshabillages je décide de me baigner en slip et soutien-gorge blancs, ils seront sales et gris de toutes les façons. La boue est vraiment diluée, rien à voir avec Lidia en Macédoine. Ce n’est pas une expérience exceptionnelle. Je respire les émanations sulfureuses et m’attarde devant les dépôts de soufre puis fils me débarrasser de la boue sous la douche. Je me suis rhabillée trop tôt : il existe un accès à l’eau de mer par des rochers noirs fumants ; J’aurais pu également me baigner dans la mer.

Affleurement de soufre

Quand j’arrive sur la plage noire, c’est trop tard. Je me contente de marcher les pieds dans l’eau. Le sable noir est recouvert par des graviers beiges par endroits. Avec ses installations de plage trop nombreuses, elle a perdu de son charme. Je flâne dans la rue pleine de boutiques qui proposent des blocs de soufre, des pierres ponces, de l’hématite et des bombes, ou plutôt des géodes coupées en deux. Galerie marchande sans intérêt qui vend aussi t-shirts, paréos et chapeaux pour les touristes imprévoyants. Je regarde avec envie le cratère fumant au-dessus du port ; pas le temps de s’approcher, il faut déjà remonter à bord.

Tour de LIpari

15 minutes de traversée entre Vulcano et Lipari où débarquent les passagers qui n’ont pas payé le supplément « tour de l’île »(10€). A petite vitesse le bateau s’approche des rochers spectaculaires dressés en pleine mer comme des colonnes géantes (60 m pour la plus haute) , ou rougeâtres de lave solidifiée en formes bizarres qui permettent d’imaginer un profil ou un cheval…couleurs changeantes passant du rouge au noir avec des traces vertes. Devant une petite arche un beau voilier blanc a jeté l’ancre. La piscine de Vénus est une piscine naturelle d’eau turquoise, on raconte qu’Aphrodite, après avoir trompé Héphaïstos, y aurait retrouvé sa virginité.  Le petit tour enchanteur a duré une heure.

Escale d’une heure et demie à Lipari pour déjeuner ou visiter la ville. Sur le port on trouve bars et terrasses des restaurants. La capitale de Lipari est une vraie ville.   La rue qui monte à l’acropole est construite de belles maisons de pierres avec des porches sculptés et des balcons aux ferronneries arrondies pour les robes à paniers des belles dames , nous sommes bien en Sicile ! Le symbole de Lipari est un cercle de fer forgé aux coins des balcons avec deux épées normandes qui se croisent et coupent les vents.

Lipari : port et Acropole

Acropole

Sur l’acropole est construit le château médiéval et une grande église baroque.  Je monte l’escalier théâtral jusque la cathédrale baroque en peinant un peu sous la chaleur de midi. Dans un jardin sont exposés les sarcophages antiques grecs ou hellénistiques. Un site archéologique livre des ruines grecques ou romaines. Différents bâtiments du château sont occupés par le Musée Archéologique : salles de Préhistoire, salles grecques et romaines, salle consacrée à la Géologie de l’île. Cela me passionnerait mais la billetterie est déserte. A un homme qui passait par là, je demande si le musée est ouvert ou fermé. Geste d’impuissance « pomeriggio… »

Lipari sous le signe du corail

La plupart des passagers sont allée au restaurant, je rapporte au bateau deux arancini. Comme il reste encore un petit quart d’heure je m’installe pour un café et mange une délicieuse glace pistache-citron. Il me faut courir avant que le marin ne retire la passerelle.

1h10 entre Lipari et Stromboli en longeant un moment Panarea (l’île de la jet-set) qui a donné son nom à notre bateau « Magic Panarea ». Face à l’île deux îlots rocheux. Je ne veux pas rater l’arrivée au Stromboli et monte sur le pont supérieur. Il approche , j’ai déjà pris une bonne dizaine de photos et j’étais d’abord impressionnée par ce cône parfait avec un cône plus récent emboîté ; quand soudain un panache s’élève : une éruption ? Je suis toute émue. J’avais presque oublié que Stromboli est un volcan actif ! Je guette les projections ; Une colonne de vapeur d’eau blanche s’élève, parfois une petite émission grise.

Au large de Panarea

 

En bas, Dominique profite de l’écume du bateau an premier plan pour faire des photos superbes.

En s’approchant encore, on voit une face gris plus foncé, pierrier géant des émissions récentes pas encore érodées. Je suis toute excitée. Sur les côtés la végétation a colonisé la pente et les coulées anciennes.

Stromboli et son panache

1h30 à Stromboli. L’ascension compte 3h à la montée et 2 à la descente, il faudrait rester une journée entière ou passer la nuit. Je visite donc le village de maisons blanches, cubiques avec des lauriers roses et des bougainvillées débordant des murs. Enseignes colorées. On se croirait dans les Cyclades. Tourisme de passage, tourisme sportif, vulcanologie. Ailleurs on louerait des voitures, des vespas ou des quads, à Stromboli on loue des chaussures, des bâtons de marches et des casques (j’avais oublié les bombes). L’église est baroque et toute blanche.Nuages baroques, lustre ,quel luxe pour une si petite paroisse. Les putti musiciens sont groupés par trois au sommet des chapiteaux, nous sommes bien en Sicile !

Stromboli

Plage de galets noirs, à structure spongieuse comme de la ponce ou des scories arrondis par la mer mais peu confortable pour s’asseoir, encore moins pour marcher pieds nus. Il me reste une bonne demi-heure pour nager dans une eau d’une transparence exceptionnelle, à l’ombre du volcan elle parait bleu foncé.

Stromboli et ses maisons blanches

1h30 pour rentrer au port qui passent très vite à trier nos nombreuses photos. L’équipage annonce au micro la répartition des passagers dans les navettes et les cars qui nous ramènent aux différents hôtels. C’est vraiment très bien organisé !

De retour au gîte sous une très belle lumière, je guette le coucher du soleil. Et le voilà encore : le Stromboli ! La visibilité est parfaite ; je retourne à la nuit tombée, espérant un feu d’artifice du « phare de la Méditerranée » mais c’est vraiment trop loin.

Pizzo

CARNET DU MEZZOGIORNO (CALABRE)

Pizzo : château aragonais

Pizzo, comme Tropea est construite sur la falaise dominant la mer. Au programme de la visite : le château aragonais où Murat fut fusillé en 1815, le fameux tartufo : truffe de chocolat glacé qu’on déguste sur les terrasses de la Place de la République et une grotte transformée en chapelle.

Le Centro storico est interdit aux voitures qu’il faut laisser au parking. Un parcours piétonnier est balisé par des sentes et escaliers. La ville est petite, j’arrive rapidement à la Fontaine Garibaldi – autre figure historique avec Murat. Garibaldi, ce n’est pas très original, j’ai même vu la maison où il a fait une sieste !

Dans les rues sans voitures, les habitants ont sorti des chaises sur le pas de la porte et installé de grosses potées de plantes vertes ou fleuries. Comme à Tropea, les porches des maisons et des palais sont sculptés et imposant. Quand ils sont en granite c’est souvent un bossage en pointe de diamant ; Devant le Palazzo Zimatore (hôtel) des jasmins grimpent à la façade et embaument.

Le Corso Garibaldi est animé avec quelques boutiques pour touristes avec des oignons de Tropéa en guirlandes avec les piments rouges de Calabre. Joaillerie à base de corail, des vêtements.  Les chaussures sont particulièrement bon marché. Il y a des sandales pour 20€ et des robes de plages pour 10€, si les valises étaient moins pleines, je me laisserais bien tenter.

La Piazza República est occupée par de belles terrasses où l’ont sert le fameux Tartuffo . Ce n’est pas l’heure, dommage.

Au fond, une petite esplanade avec une estrade pour les festivités. De là, la vue est belle sur le château et la mer.

Le petit château (50mx74mx38m) est situé en contrebas. Ses murs sont agrémentés de plantes qui égaient le granite gris. La première construction angevine ne comprenait que la grande tour et faisait partie du système de défense angevin contre les incursions des Sarrazins. Cent ans plus tard, Ferdinand d’Aragon a continué la fortification de nombreux châteaux de Calabre de 1481 à 1485 lui adjoignant deux tours rondes et des pièces d’artillerie. Une partie du château fut détruite par un séisme en 1783, reconstruit en 1790.

Le procès de Murat

L’épisode de la captivité de Joachim Murat. Succédant à Joseph Bonaparte comme Roi de Naples en 1806, Murat a refusé les conclusions du congrès de Vienne. De Corse, il organisa une expédition militaire pour reconquérir son royaume. Le 8 Octobre 1815, une flotte composée de 3 bâtiments aborda le rivage de Pizzo. Murat voulu se faire reconnaître de ses sujets « vous ne reconnaissez pas votre roi ? ». Il fut capturé et emprisonné. On a reconstitué la cellule où ses compagnons furent incarcérés, celle de Murat et la pièce où le tribunal a siégé. Murat, ayant refusé de comparaître à son procès, il fut condamné par contumace puis fusillé. On peut lire la lettre que Murat écrivit à Caroline Bonaparte, sa femme et à ses 4 enfants. J’aime bien visiter les lieux habités par une histoire.

Piedigrotta

La chapelle est située à 1km au nord de Pizzo. Un grand parking et un escalier sont aménagés. La légende raconte qu’en 1632, un navire venant de Naples transportant le tableau de la Madone fit naufrage pendant une tempête. L’équipage nagea ainsi que la cloche du bateau et le tableau. Malgré deux orages, la Madone retourna à la grotte. (j’ai déjà entendu une histoire similaire !)

Pizzo : piedigrotta

A la fin du 19ème siècle Angelo Baron a élargi la grotte et commencé à sculpter les statues. L’ensemble est saisissant dans le style naïf.

Au pied de la chapelle deux très jolis bassins ronds sont ourlés de sable blanc. L’eau est turquoise et me fait très envie.

PIzzo : piscines naturelles sous la Grotte

Nous allons chercher une plage avec un parking accessible, une terrasse ombragée. Nous remontons sur la S22 et nous trouvons tout de suite le restaurant qui est complètement vide ; je suis surprise qu’on nous accueille et que els plats figurant au menu soient servis. Les gnocchi et les langoustines sont nappés d’une sauce au curcuma savoureuse Les langoustines sont fendues en deux. Mes pâtes sont enveloppées dans une papillote géante en aluminium qui contient beaucoup plus de fruits de mers que pâtes (linguines) couteaux que ne n’avais jamais goûtés, un peu élastiques mais bons, de nombreuse peties palourdes (vongole) des moules , 4 crevettes roses et des poulpes très tendres.

 

 

 

 

Tropea et autres plages

CARNET DU MEZZOGIORNO (CALABRE)

Tropea sur sa falaise

En suivant la côte tyrrhénienne nous avons vu de nombreuses stations balnéaires d’un tourisme familial sans prétention. Tropea, sur sa falaise, se distingue, jolie, chic, chère.

Ses rues piétonnes sont bordées de boutiques de luxe : épiceries de luxe alignant pâtes colorées, conserves gastronomiques. La spécialité des bijouteries est le corail rouge qui se décline en pendentifs, colliers de grosses perles, bracelets fins, boucles d’oreille, camées, chapelets et rosaires et même cornes pour écarter le mauvais œil. Jolie robes, foulards de mousseline, maillots de gains assortis à la robe, je me régale en faisant du lèche-vitrines.

Les oignons de Tropea

Dans les rues étroites je collectionne les photos de portes des palazzi 15ème, 17ème, 18ème siècle. Les belles demeures ont des entrées monumentales. J’aimerais bien entrer dans les cours souvent investies par des restaurants, ou B&B et je me contente des façades.

Au bout du Corso, un belvédère face à la mer et à Santa Maria dell’ Isola perchée sur son rocher,  encadrée par la mer turquoise. La cathédrale et le Musée diocésain ont belle allure en pierre claire  érodée qui laisse voir des frises . C’est une cathédrale normande du 12ème siècle de dimensions bien inférieures à celles de Bari ou de Trani. Tropea était une ville plus modeste. L’intérieur est dépouillé.

Palazzo avec son porche de collection

Après avoir flâné dans les ruelles, nous laissons la voiture dans le vaste parking au pied du rocher qui est bien encombré puisqu’il dessert deux plages : Marina dell’Isola et la Rochetta. Tout le monde se tasse à l’abri du rocher et il n’y a personne sur la longue plage battue par les vagues je grimpe à l’église qui me paraissait beaucoup plus imposante et presque prétentieuse vue de la ville. Quand j’y parviens, je découvre une église toute petite. Elle paraissait neuve, elle est très ancienne d’époque byzantine mais a été remaniée et très restaurée à la suite d’un séisme qui l’a endommagée au début du 20ème siècle. A l’arrière on a aménagé un jardin (entrée payante 2€). On peut s’y reposer de la montée en plein soleil et surtout jouir de la vue exceptionnelle sur la ville perchée sur sa haute falaise et sur les environs.  Les figuiers de barbarie sont des premiers plans du meilleur effet sur les photos.

La madonna dell’ Isola siur son rocher

Déjeuner sur notre terrasse au gite, des tranches d’espadon au poivre rose et des épinards. Cela change des pâtes ! Quelques longueurs à la piscine, et un peu d’internet au bar.

Nous allons chercher des plages sur la côte sud après avoir traversé les villages de Brivadi et de Ricadi à l’heure de la sieste ils sont déserts. Nous descendons par des lacets serrés à la baie de Santa Maria. La côte a été colonisée par els hôtels clubs qui accaparent les accès à la plage. Nous trouvons une place au parking Galea au-dessus du Scoglio Galea où se trouve le club de plongée. Comme je vois du monde dans l’eau, je me précipite. Les apparences sont trompeuses ; les baigneurs sont équipés de masques tubas et palmes, souvent en combinaison. Ils ont peint des numéros sur la peau. Il s’agit d’une sorte de compétition. Ce ne sont pas des baigneurs ordinaires ; Autre apparence : la bande de sable blanc s’arrête au niveau de l’eau,  en-dessous ce sont des rochers. J’aurais dû au moins chausser les chaussons. Au niveau de l’hôtel-club on a installé un cheminement sous-marin avec ds dalles qui sont des sacs remplis de sable. Sous le pied c’est agréable et doux, avec les vagues je ne suis pas sûre de retrouver ce chemin, par ailleurs, l’eau est peu profonde et j’ai peur de me râcler les jambes en nageant. Il existe un autre accès : une digue flottante construite avec des polygones plastiques avec une échelle ; un ruban rouge en barre l’entrée. Trempée mais un peu dépitée je renonce.

Nous partons à la recherche d’une autre plage, peut être plus abritée ou plus praticable. Une flèche blanche peinte en bleu indique Porticello. La Spiaggia Porticello figure sur la carte. Nous descendons une petite route bien pentue(plus de 30% d’après la signalisation routière) et très très étroite ; Pourvu que personne ne vienne à notre rencontre ! La petite route asphaltée devient chemin et zigzague dans la campagne. Enfin : une maison et en face un panneau peint sans doute par les occupants de la maison « NE PAS DESCENDRE PLUS LOIN EN VOITURE ! ». Il faut faire demi-tour, c’est étroit, pas impossible mais très pentu. Les pneus patinent et fument. La conductrice transpire. Je retiens mon souffle. La manœuvre est délicate. Enfin ! nous remontons, nous promettant de ne plus recommencer.

Et pourtant, une nouvelle petite route descendant à la mer nous tente. Hors carte détaillée. Petit parking. Un sentier franchit un petit pont et conduit sur le bord de l’eau à des maisons minuscules, presque des cabanes. Les rochers sont de granite ici avec des inclusions noires et des filons blancs. L’eau est tranquille dans la petite anse. Il suffirait de se laisser glisser sur les blocs ronds. Deux femmes flottent les pieds chaussés d’épaisses sandales de caoutchouc. Elles doivent connaitre la sortie ! A regrets, je ne les imite pas. De l’autre côté du parking, des gens se prélassent sur des fauteuils pliants sur une plage de galets. Impossible d’imaginer étendre une serviette : les galets sont très gros et très ronds.  Au fond de la plage des marches conduisent à la niche de la Madone, derrière une rambarde métallique sécurise un sentier qui va à une autre plage, jolie mais courte promenade. Une jeune femme plu hardie que moi remonte de l’eau et se sèche.

Nous terminons notre exploration par la plage qui se trouve au bas du Limoneto, là où se jette dans la mer un ruisseau plutôt trouble et malodorant : La Fumara Vaticana della Ruffa qui a entaillé la colline. De part et d’autre du ruisseau, des hôtels-clubs ont organisé la plage avec des chaises longues. Une sorte de digue protège un bassin où l’eau est très calme mais peu profonde. Avec des chaussons, on peut se tremper debout, nager un mètre ou deux mais pas plus. Il faudrait passer la vague et aller nager plus loin, personne ne le fait.  Encore une fois, je manque de hardiesse. Je pourrais terminer cette après-midi un peu frustrante à la piscine. Je préfère faire la lessive et lire sur la terrasse.

Pour dîner, concombre du jardin et ricotta.

La côte tyrhénienne de Maratea à Tropea, arrivée à Ricadi

CARNET  DU MEZZOGIORNO (CALABRE)

Plages de Tropea

Les propriétaires ont eu la gentillesse de venir tôt.

Départ à 8h45, le GPS annonce 208 km et 3h20 de route. Simplissime , nous suivons la statale 18 le long du littoral et ne la quitterons qu’aux environs de Vibo Valentia.

Nous entrons en Calabre en franchissant le pont sur le Noce. La route est perchée dans la colline passe plusieurs galeries et ne redescend au niveau de la mer qu’à Scalea qui est une grosse agglomération. Entre Scalea et  Diamanti, nous roulons tout près de la côte rectiligne entre les résidences balnéaire (souvent décaties), les hôtels-clubs pas très chics, les installations de plage pour des vacances familiales et populaires. Les boutiques ont suspendu des bouées colorées, des flamands roses gonflables, des serviettes bariolées, des parasols multicolores, des chaises pliables en plastique criard. Tout un attirail balnéaire assez hideux mais joyeux anticipant des vacances ou des week-ends de détente ; Les établissements balnéaires ne font pas recette ; Les familles ont plutôt choisi d’emporter leur propre matériel sur le sable ou les galets. Une baignade ? propose Dominique. Personne dans l’eau, je ne suis pas tentée. Autant je me sens à l’aise dans une petite crique où l’eau est calme, autant je me méfie des grandes plages ouvertes s’il n’y a personne. La route remonte à flanc de colline vers les Belvédère Martino (le bien-nommé) Elle est proche des montagnes escarpées (2000 m de dénivelé en10 km à vol d’oiseau). Dès qu’il y a du relief et des rochers, le paysage devient plus intéressant. Jusqu’à Marina de Fuscaldo la SS18 est coincée entre villages et montagne.

Au milieu du trajet, il faut faire une pause. Pour retrouver la mer il « suffirait » de trouver une sortie sur la grande route et un tunnel sous la voie ferrée ; Théoriquement c’est simple, en pratique plus compliqué. Une urbanisation désorganisée barre l’accès aux plages. On emprunte des voies étroites encombrées de dépôts sauvages de toutes sortes de déchets et de sacs d’ordures qui occupent le bas-côté de la rue et débordent sur la chaussée. La Calabre semble avoir un problème avec les poubelles. Cela nous surprend d’autant plus qu’à Maratea nous nous étions heurtées à une sévère récolte différenciée avec 4 poubelles distinctes ; umido (compostable) dans un sac lui-même compostable, seco indifferenziato pour les emballages divers dont on ne sait que faire, plastique et canettes dans une troisième, et papiers-cartons dans la 4ème sans oublier le verre à part. Il nous semblait que tout était bien respecté, un jour sur deux pour les épluchures, un jour par semaine pour les autres déchets qui peuvent se garder sans fermenter. Il semblait que c’était bien respecté. Mon cœur écolo s’était réjoui d’une si belle organisation. Alors qu’ici, en bord de mer, des m3 de déchets s’accumulent ; les éboueurs ne semblent pas en grève, mais plutôt dépassés avec leurs petits camions. Les gros qui existent chez nous ne pourraient pas se faufiler dans les ruelles.

Pauses énervantes et peu reposantes. Nous renouvelons l’expérience près d’un aéroport. Ici ce sont les indications qui sont déficientes : on ne trouve la mer que des kilomètres plus loin après avoir erré dans une campagne déserte où poussent surtout des roseaux.

Vibo Valentia est un gros port qui se voit de loin avec des installations industrielles imposantes. 12h35, arrivée à Tropéa, pour trouver l’Office de Tourisme je branche Googlemaps qui nous conduit sans tenir compte es interdiction de circulation en centre-ville, je fonce à pied. ProLoco vient de fermer il y a 5 minutes !

Facile de trouver à Tropea un restaurant de plage, nous avons l’embarras du choix. L’Albatros fera l’affaire : belle terrasse en bois, tables carrées, nappes en tissu jaune en revanche menu plastifié traduit en deux langues pour les touristes. Pour les Italiens, il y a une ardoise qui propose des spécialités plus intéressantes. Le Maître d’hôtel est aux petits soins. Dominique commande un « filey » qui n’est pas du tout conforme à la description en anglais, pas de courgettes et d’aubergines grillées comme écrit mais des pâtes épaisses et courtes avec quelques légumes. Le serveur apporte deux assiettes au lieu d’une commandée. Les moules de l’ardoise sont cuisinées avec de l’ail et du persil et des tomates fraîches et des croutons, belles tranches de pain grillé.  C’est délicieux. Entourloupette avec l’addition, le maître d’hôtel embarque la monnaie(21€) que le serveur vient de rapporter. « C’est une blague ? », pas si sûr ! Il recommence la même opération à la table voisine où il y a des anglais.

La baignade des bien agréable ; Je savoure la vue sur la belle falaise claire, soubassement de la Ville Haute. Les installations de plage sont de bon goût. Une surprise, la pluie s’invite quand je nage. Cinq minutes de très grosses gouttes.

Il Limoneto : verger

Notre gîte, à la Résidence Il Limoneto, est à Ricadi dans un vallon creusé par un ruisseau dans la colline.  Il Limoneto est construit sur deux niveaux. En bas, la réception, le bar et la piscine et quelques appartements dans des immeubles plutôt miteux. 160 marches plus haut (mais on peut arriver en voiture) deux groupes d’immeubles d’un étage avec de petites terrasses carrelées, une table ronde et des chaises de jardin.

Une porte verte aux volets orientables s’ouvre sur un petit appartement : salle à manger/cuisine et une chambre à un grand lit et salle d’eau. Aucun décor superflu, murs blancs, mobilier fonctionnel, très simple. Tout le nécessaire y est, une gazinière avec 4 feux et des allumettes, casserole, poêle…La vaisselle est rangée dans l’égouttoir-placard au-dessus de l’évier typique des maisons méditerranéennes. Pas de torchon puisque la vaisselle sèche toute seule, rangée.

Charmante attention : dans un saladier, deux courgettes, deux concombres deux tomates et des oignons rouges du jardin.

Si aucun effort particulier n’est porté à la décoration intérieure le charme du Limoneto réside dans le jardin. Une rangée de bougainvillées rose-violet borde l’allée. Les massifs de lauriers roses taillés en boule ne sont pas encore fleuris, il y a plusieurs sortes de palmiers, cycas, yuccas et beaux arbres feuillus. Bordant notre balcon, les hibiscus ont été taillés avec précision, troncs épais, branches tordues, fleurs rouges ou jaunes. Avant de rejoindre notre maison je découvre une rangée de kiwis formant un tunnel, des orangers, des citronniers, tout un verger en face de notre terrasse.

Le jardin du bas, à l’étage de la piscine est un potager très soigné. En pleine terre poussent persil, courgettes et melons. Les propriétaires semblent experts en jardinage.

Il Limoneto : piscine

160 marches pour descendre à la piscine, rectangulaire, plutôt grande. Au bord de la piscine on peut capter la Wifi. Je surveille les données mobiles, je ne suis pas sûre de mon forfait. Pour nager, malheureusement, elle n’est pas très profonde dans le petit bain je manque de cogner mes genoux contre le carrelage