Un de ces livres qui me semble personnellement destiné. Pas seulement parce que nous rentrons de Tirana. Pas seulement parce que le destin des Juifs de Salonique m’émeut toujours. Quête d’identité dans le mélange balkanique,exil et métissage. Faux-semblants. Aussi pour l’amour des livres. Pour ce poème de Cavafy, glissé comme par mégarde.
Je venais de terminer le Petit Journal de bord des frontières qui m’avait beaucoup touchée. C’est parfois une erreur de lire à la file deux livres du même auteur. Parfois la petite musique de l’auteur se répète, radote. Et bien là, pas du tout. Le narrateur des deux ouvrages semble être le même, un exilé albanais, écrivain, vivant à Athènes. Les lieux aussi sont identiques, Tirana, la Grèce. Pourtant ce sont bien deux livres très différents. LaDernière Pagemêle deux histoires (comme Le Petit Journal mêlait deux points de vue). L’auteur a recours à la typographie italique dans l’histoire du père, droite dans celle du fils.
156 pages, et pourtant un roman complet, avec une intrigue, et même deux, du suspense, une analyse historique. Bravo!
Munie d’un billet de transport valable toute la journée (5.5€) le Tram T2 m’emmène à Perrache. Je sors vite de la gare moderne pour découvrir la Place Carnot. Décidément, la presqu’île entre Saône et Rhône est aérée de nombreuses places monumentales avec statues et fontaines !
Je rejoins les quais de Saône. Un faible soleil éclaire les façades colorées à l’avant des pentes de Fourvière. Le quai, côté presqu’île, est construit d’immeubles bourgeois cossus, presque des palais. Entre autres la synagogue présente des arcatures romaines et des décorations italiénisantes.
Vieux Lyon
Une passerelle rouge traverse la Saône et conduit au Vieux Lyon. Surprise et dépaysement. Rues étroites, façades Renaissance, crépis jaune, orange ou rose à l’italienne. Il faut regarder les statues dans les niches au coin des rues, les vitrines des magasins, les nombreux bouchons – restaurants typiques, et surtout oser entrer dans les cours pour trouver les fameuses traboules ces passages secrets, ici un puits, ici une tour cylindrique qui dévoile aussi un escalier en colimaçon, là un escalier monte à l’assaut de la colline….
par les cours et les traboules
Au Musée Gadagne, je choisis le Musée historique de la villeet néglige les marionnettes (encore une spécialité lyonnaise). Le Musée est installé dans une vieille demeure Renaissance, certaines pièces ont gardé leur cheminée (une avec des colonnes torses est très originale). C’est une visite expresse. Je regrette de ne pas lire tous les panneaux et de faire un voyage si rapide dans le temps.
. Lugdunum romaine doit être au Musée Gallo-Romain en haut de Fourvière. Ici, on commence au Moyen-âge avec des chapiteaux, des statues romanes, j’ai beaucoup aimé le groupe formé par un pèlerin de Saint Jacques qui se fait soigner les pieds par une femme. Lyon, ville de foire, ville de banque, les échanges avec l’Italie explique-t-il cette architecture Renaissance et les crépis roses et orange ? Lyon, ville d’imprimerie, deux vipères sur un une pierre, enseigne d’un imprimeur lyonnais. Lyon, ville de la soie, avec un métier. Lyon, ville royale qui accueille le mariage d’Henri IV et de Marie de Médicis, dont la grande statue orne l’Hôtel de ville, Louis XIV sur la place Bellecour,….traces de la révolution, et des révoltes des Canuts. Le temps me manque.
Au Musée Gadagne, Louise Labbé pour le plaisir!
Clémence et Rosa me rejoignent pour le déjeuner. Nous choisissons Le Gourmand de Saint Jean sur la Place Neuve Saint Jean. Dans le menu à 17€, nous choisissons des hors d’œuvres différents œufs meurettes, terrine de foie et salade lyonnaise aux lardons croûtons, et des quenelles pour plat principal. Les quenelles sont gonflées, légères, délicieuses dans leur sauce de bisque de homard. Au dessert nous varions les plaisirs : cervelle de Canut (fromage blanc avec des échalotes, du citron) une mousse au chocolat et des îles flottantes.
Pour digérer cet excellent repas, une grande randonnée à pied nous attend par la basilique de Fourvière et jusqu’en haut de la Croix rousse (21km au podomètre).
devant la primatiale Saint Jean
Il a plu pendant le repas, nous sortons sous le soleil. Chacune fait partager ses découvertes :es cours et traboules. Nous visitons la Primatiale Saint Jean. L’archevêque de Lyon, devient primat des Gaules en 1079 , la construction de la cathédrale (1175 à 1480) passe du roman au gothique. Les deux tours carrées encadrent la nef. Le porche gothique est finement orné et 4 série de médaillons sont très finement sculptés avec des cycles variés du zodiaque, de la vie de Saint Jean, de Saint Benoit … La nef est très haute, il y a de beaux vitraux. On n’a pas le temps de s’arrêter à tous les tableaux mais l’horloge astronomique nous retient un moment. Dans la Manécanterie, le trésor se visite gratuitement. J’ai surtout aimé les tapisseries et un petit coffret byzantin en ivoire sculpté.
Le centre de la place est occupé par une belle fontaine.
Morella a le même profil qu’Ares, en beaucoup plus grand : un piton rocheux sert de socle à la forteresse, la ville est construite à la base du rocher enclose dans des remparts entre de nombreuse tours carrées. Très touristique, la ville a organisé une ceinture de parkings à l’extérieur des murs. Disciplinées, nous laissons la voiture près d’une porte.
La rue principale est bordée par une double galerie supportée par des colonnes de pierre. Les étages supérieurs des maisons sont supportés par les colonnes. On marche à l’ombre l’été et à l’abri de la pluie. Cafés et restaurants ont installé leurs terrasses. De nombreuses boutiques de commerce traditionnel ont des vitrines désuètes.
les arcades de Morella
J’entre chez la mercière acheter des cartes postales (introuvables dans les stations balnéaires modernes). Internet a tué les cabines téléphoniques et les cartes postales disparaissent. Il subsiste encore en Espagne quelques unes, des unes et des autres. La vitrine de M. Manero toute de bois verni avec des entrelacs Art Déco attire mon attention : épicerie à l’ancienne avec jambons suspendus, bouteilles de vin et fromages variés dans des casiers. C’est ici que je vais trouver mes cadeaux : du jambon (l’épicier me le fait goûter, il est fameux)un fromage de brebis enveloppé exprès pour l’avion, un chorizo idem, et de l’huile d’olive parfumée à la truffe.
Les autres rues sont tranquilles. En octobre, le lundi de surcroit, il n’y a pas de touristes et très peu de circulation. Je repère un restaurant proche d’un parking en face de l’entrée du château ?
La Basilica de Santa Maria la Mayor possède deux portails gothiques ornés de très belles statues : la Porte de la Vierge et la Porte des Apôtres. A l’intérieur, un portique Renaissance orné des personnages du Jugement dernier est étonnant (sur le dépliant offert avec le ticket, j’ai lu Retrochoir ce mot m’avais plongée dans des conjectures, jusqu’à ce que je le prononce à l’anglais et que je comprenne qu’il était à l’arrière du chœur).
Un escalier à vis tout à fait extraordinaire porte des bas-reliefs peints en couleur sur de l’albâtre recouvert de feuilles d’or. Le retable churrigueresque est d’une richesse inouïe avec ses ors, ses angelots, ses colonnes torses et ses tableaux. Je suis tellement éblouie que j’en rate toutes mes photos (toutes floues). Beaucoup de trésors sont cachés dans cette église entre autres une icône byzantine (comment est-elle arrivée là ?) Les explications sont écrites en valencian, j’ai la flemme d’essayer de les déchiffrer. Un retable 16ème me plait bien, l’orgue 18ème baroque est bien doré.
Le restaurant Marques de Guilles s’ouvre en face de l’entrée du château au niveau de la rue. Les tables sont dans un patio sous un bel amandier. Il y a un menu gastronomique, et une carte. D’office, le patron nous fait prendre le menu du jour (12€)qui commence par un verre de vermouth avec des tapas (pain avec sauce épicée). Le choix est grand pour le premier plat, un assortiment de charcuterie et de fromage, excellent jambon pur moi. J’aurais mieux fait de prendre les croquetas morellanas, aux épinards et au fromage dans des beignets roulé dans une poudre rouge (piment doux ?)Pour le 2ème plat, des côtelettes d’agneau et pour Dominique de la morue sous une sauce tomate à l’ail accompagnée d’une énorme crevette rose. Pour dessert deux crêpes farcies de fromage de Morella sucré(et peut être d’amandes) présentées comme deux petits chaussons ornés de caramel. Après le café le serveur offre de la liqueur. Le tout pour 27€ avec les boissons. Adieux très cordiaux, le patron vient nous serrer la main.
Pour la visite du château, comptez une bonne heure et demie.
On entre par le couvent S Francesco(1270). Du cloître, il ne reste qu’une rangée d’arcades gothiques trilobées très légères ; dans son jardin, les roses embaument. L’église (14ème )est très vaste, haute nef gothique, mais plafond de bois. La nef est très claire, de grandes ouvertures allègent les hauts murs. Intérieur très sobre comme il convient aux franciscains. Seule décoration, les entrelacs des arcs.
Au bout du cloître, dans la salle De Profundis on veillait le corps d’un moine décédé ; les autres moines chantaient le De Profundis. Une fresque représente l’Arbre de Vie- Lignum vitae – avec la figure du Christ crucifié et les Prophètes qui l’ont précédé, représentation typique des églises franciscaines. La danse de la Mort est dessinée sur deux registres. En haut, un noble, la Reine, le Roi, le Pape et un évêque se donnent la main, au dessous, un moine, un paysan, un frère dominicain, une prostituée et un enfant.
Un cheminement conduit au château (1092m). Au premier niveau on passe devant la statue équestre d Ramon Cabrera y Grino, premier comte de Morella (1806). De hautes falaises calcaires fissurées dominent le plateau. Le sentier passe devant la Porte Ferrissa où Blasco de Alagon (1231) serait entré pour prendre le château aux Maures, on passe ensuite par la Porte à Barbacane(15ème ) qui protégeait la Porte Principale (15ème ) réaménagée au 19ème . La citerne date du 13ème , actuellement il y reste un peu d’eau. Le Palais du Gouverneur(1713) fut construit devant une caverne habitée depuis la Préhistoire. L’ascension se continue par de raides escaliers jusqu’à la terrasse de la Place d’Armes où se trouve une nouvelle citerne et des bâtiments 19ème siècle d’une architecture militaire qui a servi de prison au carliste Ortega .
La forteresse coiffant deux collines,rejointe par un mur crénelé, se voit de l’autoroute Sagunto est une grosse agglomération entouré de zones d’activités industrielles ou commerçantes.
Le nom de Sagunto m’est familier. Je pense confusément aux Romains sans bien savoir pourquoi. Hannibal fit le siège de Sagunto et la prise de la ville déclencha la seconde Guerre Punique. En 212 Scipion l’Africain reprit la ville.
La ville historique est pavoisée: un marché médiéval s’y installe ce week end à l’occasion du 9 octobre, la fête de la Communauté de Valence : le 9 octobre 1238, Jacques Ier d’Aragon entra dans Valence (c’est aussi la fête des amoureux).
Théâtre romain
Le Théâtre romain adossé à la colline, est ouvert à la visite. Dès que je franchis les arcades (d’époque), je découvre un théâtre « romain » complètement reconstruit. Les gradins en calcaire genre comblanchien sont prêts à accueillir les spectateurs. La scène st en planches, le mur de scène reconstruit en brique. Le plan antique a été respecté. On a mis des éléments du décor antique, une unique colonne est en place. Le résultat est surprenant, pas franchement réussi pour les puristes.
Hypogée : tombe juive
A proximité du Théâtre, se trouvait les quartier Juif ( au dessus de la route actuelle). Les tombes juives étaient des grottes à l’entrée des maisons. 50 de ces hypogées se trouvent le long d’un sentier creusé dans la roche. A partir de 1492, les tombes furent abandonnées et saccagées. Elles ont servi de refuge pendant la Guerre Civile (1936-1939). Dans la Juderia de Sagunto on produisait du vin cacher, de la cire, les juifs étaient des commerçants, négociant de textiles, soie et laine. Des témoignages écrits attestent que la présence juive remonte à l’Empire Romain. On a retrouvé des incantations écrites en latin sur un support de plomb. Jacques 1er aida les juifs à s’installer renforçant ainsi la colonisation chrétienne. En 1321 on construisit un mur enfermant la Juderia. Le premier bailli de Sagunto était juif.
Le site fortifié est actuellement en restauration – restauration durable est-il précisé – allusion aux restaurations antérieures à grand renfort de ciment et de briques. Le site est immense. D’un aménagement précédent, il reste quelques plaques avec des noms mais pas d’explications. Je grimpe au sommet de la colline, plus pour la vue et le sport que pour l’histoire ;
L’antiquarium est un long bâtiment bas adossé à la muraille. Le jeune homme qui se tient là me fait toute une conférence sur les guerres napoléoniennes : l’antiquarium est installé dans les écuries des armées françaises et sur les inscriptions hébraïques. Comme je suis bon public, il me montre comment les épigraphistes lisent le latin sur les stèles, une seule lettre souvent suffit pour un nom entier.
Nous n’avons plus le temps pour visiter le Musée Historique en bas, en ville, le marché médiéval qui a colonisé la rue, rend le stationnement impossible.
Le GPS nous mène directement à Benicassim. Il est un peu trop tôt, je vais me tremper les pieds sur la plage très bien aménagée. Il y a même une « Bibliothèque de la mer ». Quelle excellente idée ! Plage et lecture vont bien ensemble.
L’appartement de Rosa est encore plus beau que sur les photos. La terrasse est merveilleuse ; C’est là que nous passerons le plus de temps !
Garnish Island : L’île-jardin son campanile et son pavillon sur le jardin italien
8h30, départ sous les nuages, par Skibbereen, Ballydehob, itinéraire connu. Plaisir de traverser la campagne tranquille? au petit matin. Dès que la route grimpe au flanc des collines, nous retrouvons les nuages accrochés au Mont Gabriel (402m). La pluie s’invite. Elle ne nous quittera plus de la journée.
Bantry est une ville avec quelques immeubles, des quais, un centre coloré.
Ilnacullin
Sans nous y attarder nous poursuivons jusqu’à Glengarrif d’où nous embarquons sur le petit ferry de Garnish Island – île transformée en jardin par les Bryce ? Le bateau est confortable et fermé, le passage dure à peine 15 minutes mais coûte 12€. Juste avant l’arrivée, le capitaine nous appelle « phoques ! » : ils sont cinq, couchés sur un îlet, la queue en l’air, tendus comme des arcs, immobiles, dormant sans doute – rencontre inattendue qui fait plaisir.
troncs contournés luisants sous la pluie
Sous la pluie, nous découvrons des arbres exotiques aux troncs contournés, étonnants. Les camélias arborescents doivent être splendides à la floraison. Nous montons le long du mur enclosant le « jardin dans les murs » et arrivons à la maison des Bryce. On nous prie d’enlever nos manteaux mouillés pour une visite guidée, rien que pour nous.
La guide nous présente les personnages dont nous allons découvrir l’intimité. Margaret O’Sullivan, arrivée comme jeune bonne, adolescente, est restée jusqu’à sa mort passé 90 ans dans la maison. Murdo Mac Kenzie, le jardinier écossais, et la famille Bryce : John Annan Bryce, riche diplomate sa jeune femme Violet et leurs quatre enfants. C’est l’histoire de la création d’un jardin sur une île rocheuse quasiment déserte. C’est aussi l’histoire d’une famille et de leurs parents et amis. La conférencière raconte avec une g vivacité, un grand enthousiasme. Elle fait vivre les objets ayant appartenu aux Bryce. Aux murs de belles aquarelles offertes par une amie de la famille, des portraits et des silhouette de la Reine Victoria, de Kipling, Bernard Shaw et d’autres britanniques célèbres que les Bryce recevaient , intellectuels et artistes.
Violet, veuve jeune, consacra sa vie à la maison et son jardin, relayée par son fils Roland.
L’île est entièrement couverte de végétation. En 1910, lorsque ils l’ont acquise c’était un rocher. Il a fallu terrasser, fabriquer un sol avec du compost pour que la verdure s’installe. L’architecte Peto et le jardinier expert ont imaginé plusieurs jardins.
Le jardin enclos de murs était autrefois un potager et un verger. Les habitants de l’île vivaient en autosuffisance. Il y avait même une laiterie mais le lait venait de la terre ferme .
Une grande pelouse sur laquelle on pouvait jouer au croquet ou au tennis précédait la Casita , pavillon tout en longueur très bas et ouvert, qui me fait penser plus au Vietnam qu’à l’Italie. Les colonnes sont de marbre précieux, irlandais, de Carrare ou des îles grecques. On peut s’y abriter par un jour pluvieux . De l’autre côté, un bassin allongé avec un pavillon rappelle l’Alhambra de Grenade. Autour, des bégonias donnent de la couleur.
De hautes bruyères presque arborescentes perdent leurs fleurettes roses. Un peu plus loin c’est une « jungle » de fougères arborescentes et d’arbres exotiques de provenance parfois lointaine, Nouvelle Zélande, Australie ou Amérique du sud.
Traversant la « jungle », j’arrive à la « vallée enchantée » qui relie les escaliers montant d’un côté au « temple grec » de l’autre à la Tour Martello, unique construction antérieure à l’installation des Bryce, elle fut construite au temps des guerres napoléoniennes en 1801 alors que l’Angleterre craignait une intervention française. A deux reprises les Français ont tenté de débarquer dans la région, alliés aux Irlandais rebelles au 17ème siècle et en 1796 et en 1798.
La pluie a redoublé. Elle ne nous pas gêné pendant la visite des jardins mais contraint à pique-niquer dans la voiture à la sortie du village.
jardin de bambous
Le Jardin des Bambous à l’entrée de Glengarriff est ouvert mais il n’y a personne, ni à la billetterie ni au salon de thé, seulement un papier invitant à entrer « Entrez, vous paierez après ». Sous une pluie de mousson je m’engage dans une allée entre bambous et fougères arborescentes, je me sens transportée en Birmanie ou en Thaïlande. Un petit étang avec des nymphéas. Je retrouve les latitudes européennes à quelques pas des bambous sur le bord de l’Atlantique bien gris et peu accueillant aujourd’hui.
Bantry house vue du haut de l’escalier
Bantry House est un grand château bien caché derrière de grands murs à l’entrée de la ville de Bantry. La promenade dans les jardins est superbe. Le château de briques et de pierre couronné de balustres. Il est encadré par les « écuries » (West et East stables) très élégantes dont l’entrée est surmontée par une sorte de coupole dépassant de la verdure et soutenue par des colonnes. Le jardin à la française avec des buis et des ifs taillés en topiaires a en son centre un bassin rond sous une couronne de verdure ; Dans l’axe de la maison, un escalier moussu de 100 marches, s’élève dans la colline. Du haut de l’escalier la vue est mer veilleurs sur le parterre, le château et plus loin, la baie.
l’escalier moussu
A certaines heures, la visite du château est guidée. Sinon, on a laissé aux visiteurs des notices plastifiées qui permettent de se retrouver dans les tapisseries d’Aubusson (fort belles) les tapis de la Savonnerie (je ne les aime pas), les portraits de la famille White (Richard White (1800-1865)17 second Earl of Bantry fut l’initiateur des jardins et le collectionneur des œuvres d’art.
Après la visite si sympathique du cottage des Bryce, cet étalage de luxe fané et poussiéreux me semble prétentieux et ennuyeux. Les touristes nombreux livrés à eux –mêmes, errent leur notice plastifiée à la main. Les trop nombreux panneaux « ne pas s’asseoir », « ne pas prendre de photo », « ne pas marcher sur le tapis » gâchent la visite.
Devant Bantry House, la terrasse gazonnée est gardée par plusieurs canons déployés en batterie. Des massifs de fleurs entourent les statues (copies de Canova). Celui de Diane m’a bien plu.
Nous rentrons au gite boucler les bagages ; Liam vient nous dire au revoir. C’est un hôte parfait : discret et efficace. C’est lui qui nous a conseillé les promenades à Glengarriff et d’autres si le temps avait été meilleur. Il est heureux de recevoir des étrangers, il a grandi dans un B&B, enfant il aidait à la préparation des petits déjeuners, des lits…
Je suis stupéfaite d’apprendre que ce village perché possède une histoire millénaire remontant à l’âge de Bronze. La nécropoli sicane est formée de tombes de 3000ans Av JC. Au 10 et 11ème av. JC, on assista à d nouvelles vagues migratoires, Elimes, Phéniciens puis Epiei ( ?) venant de Troie. Triocala fut fondée par les Sicanes.
Triocala fut un haut-lieu des Guerres Serviles (134-110 av.JC). Selon Diodore de Sicile, Trifone fut élevé sur le trône et éleva des fortifications, un palais royal et un forum. Pour réprimer la révolte servile, Lucullus se rendit à Triocala à la tête de 40.000 hommes pour assiéger la ville et le siège fut infructueux si bien que le consul fut condamné à l’exil. Ce n’est qu’après la mort de Trifone que les Romains vinrent à bout de la révolte servile.
839 : les Sarrasins nommèrent la ville Qalat al-ballut (la roche du chêne).
Après la conquête normande les familles féodales dominèrent la ville.
1302 La Paix de Caltabellotta mit fin à la Guerre des Vêpres Siciliennes opposant Angevins et Aragon.
D’autres histoires ou légendes y sont attachées comme celle de la Reine Sibille veuve de Tancrède et d’Henri VI Hohenstaufen. Et plus loin, celle de Dédale qui se réfugia auprès du roi sicane Kokalos ce qui explique pourquoi on a vu la statue d’Icare à Agrigente…
Guerres serviles ou Vêpres siciliennes sont bien confuses dans mon esprit. Il faudra me documenter au retour. C’est fou comme la visite d’un village perché me donne tant de pistes à explorer.
La Cathédrale normande
La cathédrale normande
La Cathédrale normande (fin 11ème siècle) a été bâtie à l’écart de la ville, dominant une verte esplanade sous les rochers des crêtes. Elle est très massive, beaucoup plus large que haute et a gardé son aspect primitif malgré quelques aménagements 17ème dont il reste des stucs verts et blancs autour du chœur et 4 colonnes en (faux) marbre vert encadrant la Madone couronnée d’ampoules électriques. Seul décor : un chemin de croix céramique émaillée genre Della Robbia mais moderne. Nef large encadrée de deux déambulatoires étroits, les piliers en pierre calcaire sont trapus. L’un d’eux garde une fresque. Chapiteaux très simples et ogives. Très beau plafond de bois. Le campanile est une tour carrée. Au dessus, creusé dans une arête rocheuse, le plus beau coin à pique-nique panoramique : une table, quatre sièges et un banc .
campanile
Un panneau m’apprend que la zone NE de la Cathédrale était byzantine (9ème siècle) comme l’ont attesté des poteries, on a aussi trouvé des poteries émaillées arabo-normandes et même des outils en silex préhistorique dans des habitations rupestres que nous n’avons pas trouvées (mais j’ai vu la photo sur un flyer au Musée municipal).
cherchez le chateau de Luna!
En face, le château de Luna (de la lune ou de la famille Luna ?) dresse une tour unique à base carrée, très haute et très fine, mais ne se visite pas. L’escalier du belvédère au sommet d’un piton rocheux est également inaccessible.
La chiesa S. Francesco a un joli portail 15ème muré.
Complexe S. Pellegrino
Au détour de cette église nous découvrons la Voie panoramique Via S Pellegrino qui tourne autour du piton et conduit au très grand couvent S. Pellegrino qui coiffe un des sommets. Abusée par la consonance, je prends ce couvent pour un hébergement de pèlerins. Lisant un des panneaux (gravés dans du verre très peu lisibles avec les reflets) je découvre que S. Pellegrino fut le premier évêque de Triocala au 1er siècle de notre ère. Envoyé en Sicile par Saint Pierre, la légende raconte qu’il aurait délivré la ville d’un dragon qui dévorait chaque mois un enfant. Il serait inhumé près de la Grotte du Dragon devenue auourd’hui le complexe S. Pellegrino. A la base de l’escalier la place a été équipée de banc pour profiter de la vue. Nous décidons de pique-nique là.
Cap à l’ouest sur la même route SS115 perchée sur une série de viaducs élancés et aériens qui enjambent des vallées creusées par de petits fleuves côtiers, cultivées surtout de vignes agrumes et aussi de blé. Curieusement on fait pousser les fèves entre les rangées des oliviers. Après Castelvetrano nous empruntons l’autoroute jusqu’à Mazara del Vallo. Le trajet nous a paru très court.
L’arc normand
Le centre de Mazara est piétonnier. Nous garons la voiture proche du Corso Umberto 1er, la rue chic ornée de palmiers au milieu de la chaussée et de très belles potiches en majolique ou en mosaïque colorée. La céramique est une des spécialités de la ville. Les potiches sont toutes différentes, l’une d’elles est ornée de calligraphie arabe. Les bancs sont aussi recouverts de carreau de majolique aux motifs très contemporains, et graphismes épurés. De belles boutiques de vêtements chics, et chaussures, bordent le Corso qui mène à l’Arc Normand, seul vestige du château normand du comte Roger qui libéra Mazara en 1072 de la domination arabe. Après le 16ème siècle, les souterrains du château servirent de prison. Le Palais fut démoli en 1880 pour faire place à un jardin public lungomare. Devant la fenêtre en ogive : « l’arc », un mince jet d’au dans un bassin est entouré de rocaille. Les énormes ficus aux larges troncs et aux branches sinueuses forment une sorte de coupole de verdure aux entrelacs gothiques. Il doit faire bon l’été de s’y reposer. Aujourd’hui, le vent rafraîchit l’air et la mer est démontée, hérissée de crêtes blanches ; nous préférons les bancs au soleil à la place ombreuse.
jardin lungomare
Très ensoleillée ; en revanche la Plazza de la Repubblica située entre la Cathédrale, le Palais épiscopal, le séminaire épiscopal d’un côté et le Musée diocésain et l’église du Couvent Santa Catharina. Au centre se trouve la statue de San Vito. Les arcades se déplient sur deux niveaux. La coupole est vernissée, turquoise. La place a de l’allure !
sur le porche de la cathedrale le Comte Roger piétine le sarrasin
A 9h30, la Cathédrale est ouverte, une troupe de scouts s’affaire. Chacun s’installe pour la messe dominicale. Nous saisissons l’occasion pour entrer. La cathédrale normande du 11ème siècle a été remodelée au 18ème siècle. Au dessus du portail le bas-relief (15ème s) représente Roger à cheval piétinant un sarrasin.
intérieur de la Cathédrale : barroquissime!
L’intérieur de l’église est baroque, très baroque. Le plafond aux tons pastel est entièrement peint à fresque tandis que les hautes fenêtres éclairant une nef très lumineuse blanche ornée de grisaille et or, sont encadrées de sirènes et de putti en trompe-l’œil.
Le chœur est spectaculaire avec un autel entièrement revêtu d’argent ciselé et sculpté surmonté d’un baldaquin extraordinaire : des angelots y sont suspendus et s’accrochent en acrobates au plafond. Un enfant alpiniste semble assis dans une nacelle tandis qu’un tout petit s’accroche aux franges. Sous le baldaquin, sur un rocher six saints personnages sont en oraison sous un ciel doré.
putti alpinistes
Une très belle croix de bois est suspendue sous la coupole aussi très lumineuse. Nous nous déchaînons à tout photographier avant que l’office ne commence. Nous sortons sous le carillon des cloches qui sonoriseront le film où Roger piétine le sarrasin.
La Via du XX septembre conduit à la Place du Plébiscite, où une église ruinée « resti della chiesa S Ignazio » est une rotonde, sur un plan octogonal, qui a perdu sa coupole : 16 colonnes rondes et lisses groupées deux à deux, précédent 7 chapelles et le portail. Face à la porte le chœur est plus profond. Des décors baroques subsistent : stucs, angelots, guirlandes et feuillages, chapiteaux très ouvragés….Une grosse masse de lierre occupe tout le haut d’une alcôve, des rameaux dégoulinent formant des festons vivants. En face, un figuier est accroché au mur et pousse la tête en bas tandis que des plantes herbacées font des touffes un peu partout.
Cabrousse se trouve de l’autre coté du Cap Skirring, vers la Guinée-Bissau. Les villages se succèdent sur la route. Les écoliers, collégiens, lycéens en uniforme marchent sur la route. Le guide lcal est introuvable. Deux jeunes s’improvisent guides mais leur élocution en Français est difficile à comprendre. L’héroïne de Cabrousse est la Reine Aline Sitoé Diatta connue dans tout le Sénégal puisque on a nommé le ferry à son nom.
« Aline Sitoé Diatta était employée à Dakar. Elle racontait ses « rêves ». Des voix lui disaient de rentrer au village où sévissait une grande sécheresse. Elle rentra donc, réunit le village sou l’Arbre à Palabres où elle a prié pour que tombe la pluie. Beaucoup d’eau s’abattit sur le village où on put cultiver le riz et l’arachide. Les Blancs sont venus, se demandant pourquoi il y avait de l’eau à Cabrousse et non pas ailleurs. Ils cherchèrent à récupérer Aline. Le village n’était pas d’accord ; Ce fut dur de la prendre. Les Blancs avaient des fusils, les villageois, des arcs et des flèches. Aline s’est cachée dans la maison des vieilles femmes. On a frappé un homme pour qu’il dise où elle était cachée. Finalement elle est décédée à Tombouctou. »
Le Petit futé donne deux versions de l’histoire d’Aline Sitoé Diatta : la version populaire similaire à l’histoire que René nous a racontée et la version historique qui replace la Reine de Cabrousse dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale.
En 1940, la France en guerre procéda à des réquisitions alimentaires qui furent mal acceptées par les Sénégalais. Le Roi de Mlomp fut emprisonné. Aline rentra à Cabrousse prêchant la non-coopération avec les blancs et avec ceux qui coopéraient avec eux. En 1942, l’Administratin Coloniale découvrit des muvements hostiles vers Cabrousse. Des gens venaient de toute la Casamance et de la Guinée portugaise, de Gambie et même de Dakar pour écouter la Reine de Cabrousse qui prônait le retour à l’animisme, l’égalité homme/femmes et la lutte contre le pouvoir colonial. Fin janvier 1943, une colonne militaire se dirigea vers le village pour capturer Aline. Le 28, sa maison fut encerclée. Les soldats menacèrent de brûler le village. Le 29, elle se rendit et fut condamnée à 10 ans d’internement à Kayes. Elle mourut en 1944 du scorbut à Tombouctou.
René nous montre l’emplacement de la maison d’Aline et celle où elle s’est cachée ; l’arc et les flèches.
Teguise est l’ancienne capitale de l’île, quand les dangers venaient de la mer. Supplantée par Arrecife au 19ème siècle, c’est une jolie ville ancienne, de la dimension d’un village.
A l’entrée de Teguise, perché sur le volcan de Guanapay aux flancs orange et grès ravinés, se trouve le Castillo santa Barbara . Edifice au plan carré il ressemble aux castillos d’Arrecife. Edifié au 14ème siècle par Lancelotto Malocello ou au 15ème (Wikipedia donne la date de 1402), il acquiert en 1596 son aspect actuel. Teguise était alors la capitale de Lanzarote et le restera jusqu’au 19ème siècle. Le fort fut édifié pour résister aux attaques des pirates. C’est donc tout naturellement que le Musée du Castillo Santa Barbara soit consacré à la piraterie.
L’iconographie est très variée, avec de nombreux emprunts à la BD et aux affiches de films de pirates. L’exposition est très accessible pour les enfants, mais pas seulement. Des grand portrait des pirates fameux ornent les murs.
Nelson blessé à Teneriffe
Nelson, le plus célèbre attaqua en 1797 les Canaries et y perdit son bras droit, est le dernier d’une longue liste commencée à la conquête normande en 1402. Entre 1550 et 1618 il se succédèrent :
1522 Jean Fleury
1553 Leclerc « jambe de bois » a perdu sa jambe à Guernesey
1586 : Morato Arraes cité par Cervantès
1585-1598 : George Clifford considérait les Açores comme son fief
1583-1595 Francis Drake
1657 Robert Blake a essayé d’envahir Ténériffe
1618 Soliman attaqua Lanzarote et vola la vierge de Guadalupe de l’église de Teguise
Francis Drake
La liste n’est pas exhaustive, tous ne sont pas célèbres, mais cet échantillonnage montre la diversité des pirates !
Musée de la piraterie
Nous terminons l’après midi à Teguise, l’ancienne capitale qui tient plus du village que de la ville ;
Place de la constitucion
Derrière l’église, nous découvrons la très jolie Place de la Constitucion triangulaire, comprise entre la Casa Museo Palazio Spinola et une autre Casa museo, toutes les deux fermées après 16h en saison hivernale. La place est occupée par un jardinet triangulaire orné d’une statue de bronze et de nombreuses potiches. Petite ville charmante aux belles portes closes et hautes fenêtres vertes. Nombreuses terrasses de cafés sont installées dans la rue, vides à cause du vent sans doute.
Grosse pluie : les volcans sont dans le brouillard. Nous avions prévu de visiter le Parc des volcans de Timanfaya, nous irons en ville!
La LZ-20 devant Casa Sandra conduit au centre-ville d’Arrecife sur la Via Medular – grande avenue plantée de beaux arbres. Au jugé, dans le dédale de petites rues du Centre-Ville piétonnier, nous débouchons sur la mer. Le Grand Hôtel – 5* – seule tour de la ville, nous sert de repère. La Poste,l’Office de Tourisme qui est un joli kiosque en bois, sont sur la promenade de bord de mer, le Pont aux boules et le Castillo saint Gabriel sur son îlot. Le soleil brille mais il tombe quelques gouttes de pluie. Il faut attendre 10h l’ouverture du fort. En attendant je dessine le Puente de las Bolas et les maisons blanches de la promenade.
Le Castillo Saint Gabriel édifié en 1573, est un petit fort carré, trapu, gardé par un canon. Il abrite le Musée archéologique de la ville dans ses salles exigües. Peu d’objets sont présentés le plus remarquable est une momie préhistorique, et des cochenilles et la teinture rouge qui en est tirée. De très nombreux panneaux retracent l’histoire, la géographie, la faune et la flore de l’île. Il faut beaucoup de temps, de patience et une bonne connaissance de l’Espagnol, pour lire tous les textes. Les panneaux contiennent l’équivalent d’un livre qu’il faudrait lire debout. Indigeste.
Je me suis limitée à la Géologie et la chronologie des éruptions volcaniques. Le volcanisme le plus ancien remonte à 20 Millions d’Années. Vers 12 Millions d’Années, des couches sédimentaires : sables, caliches et autres dépôts carbonatés se sont déposés. Les éruptions les plus récentes sont celles du Timanfaya 1730-1736 et du Tao 1824. L’activité volcanique a bouleversé la vie sur Lanzarote, stérilisant des terres agricoles, chassant les paysans vers les villes.
L’histoire de Lanzarote est plus ancienne que je ne l’imaginais. On a retrouvé des gravures aborigènes et des outils que le céramiste Juan Buto a mis en scène au Muséo del Campesino. Une inscription en alphabet phénicien voisine avec des gravures berbères. Lanzarote fut visitée à l’Antiquité, des objets métalliques, des amphores témoignent de la présence punique. Strabon, des navigateurs Romains parlent des Canaries. Il faut attendre le 14ème siècle pour que les colons ne prennent le dessus sur les aborigènes. J’aurais pu copier des pages et des pages : une salle est consacrée aux Corsaires et Pirates…une autre à la Pêche.
Castillo San Jose
Le second fort est situé de l’autre côté du Port de Commerce. On dépasse d’abord le petit bassin de Charco de San Gines avec ses barques colorées, puis on longe les docks. Le Castillo San Jose (1775-1779) est aussi un fort carré, de l’extérieur il paraît plus petit que le Castillo San Gabriel mais les salles intérieures sont beaucoup plus vastes.
Le Musée d’Art contemporainqui l’occupe est très intéressant.
(Entrée 4€ et prêt d’un audio-guide dont il ne faut surtout pas se priver puisqu’il il est gratuit et existe en français, d’autant plus que les tableaux exposés sont réalisés par des artistes de premier plan mais le plus souvent abstraits et d’accès un peu difficile pour la profane que je suis)
Brinkmann 1972 Cabeza mais ce n’est pas le tableau exposé à arrecife
La première salle s’organise de part et d’autres d’un très beau marbre aux formes voluptueuses d’un artiste cubain dont j’ai oublié de noter le nom. A gauche tous les tableaux sont dans les teintes brunes. Mon préféré est un Hommage à Malcom Lowry de Cesar Manrique presque figuratif avec une tête de mort si mexicaine et si symbolique du roman que j’ai eu envie de relire. La tête fantastique de Enrique Brinkmann – Cabeza – est aussi à la limite figuratif/abstraction. Je reconnais un visage monstrueux et imagine les idées, les images dans les circonvolutions du cerveau hypertrophié.
Un Tapiès – Ligne Diagonale est découpé par une ligne un peu tremblée. J’ai pris en photo ces tableaux qui m’ont beaucoup plu mais les ai effacés par mégarde, je pensais les retrouver sur Internet, mais non !
L’autre partie de la salle est occupée par des tableaux colorés plus pop :un argentin peint des flèches parallèles aux couleurs d’arc en ciel. Un autre tableau est un Message à une jeune fille – mosaïque blanc, bleu, rouge ,juxtaposition de drapeaux de marine. En face de grandes abstractions aux couleurs violentes me plaisent beaucoup moins.
Dans un couloir, des artistes canariens : un Manrique, un très bel Atelier du peintre surréaliste Dominguez établi à Paris puis exclu par Breton, un Harpiste de Juan Israel: le harpiste ramolli joue pour une silhouette sans tête dans le genre de Chirico.
Une salle entière est consacrée à un artiste d’Arrecife : Pancho Lasso, au mur des dessins au crayon de figures molles font penser à Dali J’ai surtout apprécié les sculptures : une écolière en bois énigmatique à l’air buté, bien droite dans son sarreau à petits boutons, le cartable posé. Un ouvrier de ciment a l’air bien communiste ce qui ne lui sera pas pardonné sous le règne de Franco.
Nous profitons de notre passage à la capitale pour faire de grosses courses au supermarché. Un caddie bien rempli revient moitié prix d’un caddie en France. Puis le GPS nous aide à retrouver la route de Mozaga.
Le Carnaval d’Arrecife se déroule ce soir . La Passacalle (passacaille) démarre près de la station des guaguas et emprunte la belle promenade plantée de la Via Medular. Il faut se garer sur des parkings prévus ad hoc et attendre dans un air vif et bruineux pas du tout tropical. Toute la ville est dehors avec des déguisements-maison pas toujours réussis, enfants mais aussi adolescents et même jeunes adultes. En revanche, très peu de touristes. Une odeur de barbe à papa, crêpes, beignets se répand. Des familles avec des poussettes déambulent en attendant le défilé ou occupant une place sur le bord du trottoir.
Les premiers chars sont ceux des maisons de retraite et des clubs du 3ème âge. Les mamies et papies lancent des bonbons sur la foule et se déhanchent dans un joyeux tintamarre. Puis les petits, costumés tous pareils (école ou patronage ?) les suivent, très colorés, très bien organisés. Je suis un peu déçue. Les clowns ont des costumes trop neufs, trop empesés à mon goût, ils sont suivis par des Romains aux casques à plumets rose ou bleu. Enfin arrivent les danseurs, plumes d’autruche violettes et déhanchements brésiliens. Ce n’est pas Rio, bien sûr mais cela y ressemble. La samba réchauffe l’ambiance. Malheureusement nous sommes arrivées trop tôt et, réfrigérée