Journée aventure dans le sud de Naxos : Grotte de Zeus et Baie de Kalados

CARNET DES CYCLADES 

sentier du Mt Zas (Zeus)
Piton rocheux au dessus de Filoti

 

Dominique – sur les suggestions du Guide Vert – a prévu une journée aventureuse en dehors des attractions touristiques, jusqu’à l’extrémité sud de Naxos. Si on regarde la carte du Petit Futé, au sud de Filoti serait une sorte de désert sans villages ni routes. Nous avons acheté hier une carte SKAI où chaque église, chaque moulin, chaque station-service figurent. A l’envers de la carte, 7 promenades sont décrites en une sorte de Topo-Guide. Selon cette carte seul un court tronçon de notre itinéraire emprunte une piste non goudronnée.

Nous partons par Sagri, traversons Halki et Filoti sans nous arrêter. Nous reviendrons ! A la sortie de Filoti le sentier N°2 indique la Grotte de Zeus – première étape de notre circuit. La montagne Zas ou Mont Zeus (1001m) est le point culminant de Naxos. La légende y a fait naître Zeus dans une grotte. J’ai déjà visité une Grotte de Zeus où la Chèvre Amalthée aurait nourri Zeus sur le Mont Ida (Psiloritis 2456 m). Fils du titan Chronos et de la titanide Rhéa Zeus aurait été enlevé et apporté en Crète pour être soustrait à son père qui dévorait se enfants.

Trompées par la flèche, nous suivons une petite route qui serpente dans la montagne, passons sous un moulin qui a gardé son axe, mais perdu son toit, sous un haut piton rocheux complètement chauve (600 m) portant sur son sommet une chapelle blanche que j’ai appelée Prophète Elie parce qu’elle n’a pas de nom sur notre carte.  Une flèche marron signale un sanctuaire de Déméter (nos sommes dans une région agricole) . La route continue à grimper et nous dépassons les chapelles Aghia Panaghia, Aghia Anasthasia et Aghios Efstatios qui, d’après la carte SKAI ne sont pas du tout dans la direction du Mont Zas mais bien sur l’itinéraire du sud que nous prendrons plus tard. Nous faisons demi-tour après Aghios Efstatios au-dessus d’un pâturage de chèvres. Je marche sur un tapis de crottes quand je descends photographier l’église. Aghia Anastasia est jolie avec son toit imitant les lauzes blanchies à la chaux sous un bel arbre.

Mt Zas source de Rhéa

Retour à Filoti. La route pour les voitures est différente du chemin des randonneurs. Elle prend un peu plus loin dans une épingle à cheveux sur la route principale. C’est une route étroite qui grimpe sur 1.3km au flanc du Mont Zas et s’arrête à un minuscule parking. Il faut continuer à pied 20 minutes pour la Grotte, 1h pour le sommet. . Le sentier pavé avec un muret conduit à une place ombragée sous un vieux platane avec un bassin rectangulaire, des rigoles cimentées et une source qui jaillit dans une vasque en marbre. Un écriteau prévient que l’eau est potable et qu’il convient de ne s’en servir uniquement pour se désaltérer.

J’imagine ici, des fêtes champêtres, des réunions de famille, voire un culte ancien aux nymphes ou aux sylphides…Le sentier dallé de marbre continue encore dans la montagne, assez pentu.je marche dans l’odeur sucrée des genêts.  Cela se gâche sur la fin : d’abord, le sentier devient étroit et poussiéreux, puis on doit continuer dans les rochers et les marques rouges disparaissent.  Heureusement des randonneurs ont fait un cairn pour signaler le passage. Dans les derniers 50 m avant la grotte c’est presque de l’escalade. On passe une stèle en ciment avec la seule inscription compréhensible 1953 ( ?). L’entrée de la grotte est fermée par deux murs de pierre (abri pour les bergers ? )

A la descente je croise des randonneurs plus courageux que moi qui ont fait le trajet à partir de Filoti. Je bois à la source de Zeus avant de remonter en voiture.

vers les crêtes

La route du sud contourne le Mont Zas. Après Aghios Efstatios, serpente en lacets serrés jusqu’au col de Petalia à plus de 700 m. Avant d’arriver au col je remarque de nombreuses terrasses cultivées ; certaines sont jaunes, blé non moissonné ou graminées sauvages, ou plantées d’oliviers amandiers et aussi de chênes. Les bergeries sont dispersées dans la campagne.   De grosses touffes de genets fleuris jaunes et odorants font des pyramides qui s’étalent sur le goudron, décorant ainsi la route.

Au col, on voit la mer. La route a fait tant de virages que je ne sais plus quelle côte s’offre à nous : Mikri Vigla et Kastraki ou Kalados au sud. D’après l’urbanisation, je pense plutôt à la côte occidentale. Et ces îles : Paros, les Petites Cyclades ou Amorgos ? Il nous aurait fallu une boussole. Je suis surprise de voir partout des panneaux indiquant les noms de localités ou de ruisseaux. Cette région de Naxos n’set pas du tout déserte comme l’absence de village le suggérerait. Partout, dispersées dans la montagne, des fermes, des bergeries et le long de la route, des églises.

La végétation est variée : aux pyramides des genêts en altitude, succèdent des pentes rocheuses avec des buissons de genévriers et parfois des bosquets de chênes ou même de grands chênes, plus bas des oliviers, de ces vieux oliviers au tronc monumental avec une écorce torsadée qui s’enroule sur elle-même formant un cône d’où une touffe de branches feuillues se déploie. Des chèvres, impériales, marchent sur la route.

La Tour Cheimarros

Au niveau de la Tour Cheimarros, le goudron s’arrête pour reprendre quelques centaines de mètres plus loin. Cette tour est hellénistique 4ème siècle av JC. Est-ce pour surveiller la mer ? Qui l’a plantée là, si loin du rivage ? C’est une très grosse tour construite soigneusement de gros blocs taillés, 15 m en marbre de Naxos, beaucoup plus imposante que les moulins qui coiffent les collines. Le chantier de restauration est enfermé par des grilles, on ne peut pas approcher.

Plus bas la route est bordée de lauriers roses magnifiques ; Qui a planté cette haie ? Ils fleurissent blanc et roses et sont florissants malgré la chaleur. La région paraît dotée de nombreux ruisseaux. La carte signale une source qu’on ne verra pas. Plus on descend, plus la campagne est cultivée en oliveraies et en champs de blé.

Kavados lauriers roses

Enfin, on approche de la mer. On voit une digue. Il y a un port dans la baie de Kavados mais la route n’y arrive pas. Le goudron à nouveau fait place à une piste de terre qui se sépare. A la fourchette deux flèches : vers la gauche une enseigne naïve d’une taverne traditionnelle, vers la droite un écriteau plus moderne avec deux numéros de téléphone (un pour le grec, un autre pour l’anglais), café-restaurant et même des studios.

Nous nous engageons à gauche et arrivons au port fermé par une grille. Il y a des quais, des bornes, plusieurs bateaux à quai. Pas de taverne sur le port. Pas de capitainerie non plus. La taverne est perchée en haut d’un escalier de bois. La piste est carrossable. Accolé à une caravane, un auvent de cannisses, et dessous une demi-douzaine de tables carrées en bois et des chaises paillées. Quatre vieux messieurs, moustachus, bedonnants sont rassemblés pour bavarder. En même temps que nous arrive une femme à la robe et la chevelure noire portant des provisions dans des sacs : c’est la patronne ; Bien sûr qu’on peut manger, mais pas maintenant. Il faut d’abord ouvrir la cuisine (caravane) et allumer le barbecue.

Nous descendons à la plage, pas très convaincues. Peut être le restaurant sur la colline en face avec sa grande terrasse bleue serait mieux ? Nous reprenons la voiture jusqu’à la fourche, traversons une vraie forêt de lauriers roses. Au milieu coule un ruisseau. Passons à côté d’une belle plage de sable gris presque déserte. Un couple profite de l’occasion pour une baignade naturiste. La piste qui remonte vers le restaurant n’est pas carrossable pour la Panda, il aurait fallu un SUV !

Kavados, petit port et plage

Nous redescendons à la plage pour une merveilleuse baignade. Je nage en regardant les collines en pente douce cultivées de blé. En nageant, je compte les fermes dispersées. Il y en a bien une dizaine. La pointe sud de Naxos est loin d’être déserte, elle est seulement mal reliée par la route. En revanche, par bateau, c’est un paradis préservé ! 3 yachts sont dans le port, deux beaux deux-mâts et un gros à moteur. Calme. J’imagine que du temps d’Ulysse, le décor n’a pas changé. J’imagine le navire, ou le radeau échouer sur cette plage.

Nous remontons à la « taverne typique » vers 13h30. Un couple nordique est attablé. Ils semblent être des habitués et parlent grec avec la patronne. Pas de voiture, ils ont peut-être un bateau. On vient d’allumer le barbecue : des ceps de vignes sont entassés à côté d’une table de pierre.

Bien qu’on soit à la mer, pas de poisson au menu. La dame proteste. Elle est agricultrice. Tous ses produits viennent de sa ferme. Elle élève des moutons et des chèvres. Menu viande uniquement. On peut aussi commander des légumes. « Voulez-vous des frites ? « – « Non ! », la dame est vexée « vous n’aimez pas les patato naxou ? ». Les pommes de terre de Naxos ont été distinguées et possèdent une appellation contrôlée ; Tous les naxiens en sont très fiers. Dominique commande des beignets de courgettes et d’aubergines, et moi des petites côtelettes avec les frites de patato naxou.

Pendant que la dame cuisine, Dominique trouve un prétexte pour lier connaissance avec les bergers qui ont des bâtons longs comme des houlettes. Elle emprunte mon canif qui ne coupe plus bien et demande aux messieurs s’ils ont de quoi l’affûter. Bien sûr ! ils n’ont pas besoin d’un fusil ou d’une pierre, un autre couteau suffit. Occasion de les filmer, ils sont très photogéniques.

les bergers de Kavados

L’assiette des côtelettes est remplie d’un haut tas. Quand je le découvre, je proteste qu’il y en a trop. Mais dès que j’ai commencé deux ou trois manchons je réclame le reste ; je n’ai jamais mangé des côtelettes pareilles ; pas grasses, gouteuses. La viande sent le thym que les bêtes paissent dans la montagne. Les courgettes et les aubergines sont aussi délicieuses avec une pâte très fine, craquante.

Retour par la même route, sauf qu’à Halki nous avons raté la route de Sagri et avons fait un long détour presque jusqu’à Hora.

A Mikri Vigla, une surprise nous attend : les ailes des Kite-surf  volent. Il y en a de toutes les couleurs. Les surfeurs glissent et s’envolent. C’est très joli mais cela inaugure la saison touristique. Avec eux est arrivé un énorme camion noir et un pick up qui nous bouchent la vue. Dans le camion, des planches de surf. Le propriétaire est chez lui, c’est un ami des propriétaires. Il revient tous les ans. Il est chez lui, et nous ne sommes plus chez nous.

 

Naxos – Sagri

CARNET DES CYCLADES – NAXOS

Sagri : Aghios Nikolaos

Suivant les conseils du Petit Futé qui lui consacre deux grandes pages, nous choisissons Sagri (ou Sangri) . Ce nom serait dérivé du français « Sainte-Croix », nom de l’ancien monastère.

sur la route vers Sagri : chapelle moderne mais charmante

Panne d’Internet, pas d’accès à Google Maps, la carte du loueur de voiture est confuse. Nous quittons Mikri Vigla par le sud et trouvons en face de Kastraki une route de terre qui rejoint la route asphaltée qui remonte vers Sagri. Sur la piste nous nous arrêtons devant une église blanche au toit de tuile à l’abside compliquée, je prends en photo des buissons roses (est-ce possible que des liserons prennent la forme de buissons et aient des épines ?) et des fleurs jaunes aux pétales froissés comme ceux des coquelicots.

Qui peut déterminer ce buisson rose : fleurs ressemblant au liseron

Après avoir rejoint la route nous remarquons encore une chapelle au plan octogonal surmonté d’une coupole. La grande piste qui débouche en face nous y conduira peut-être ? Non, elle mène à une carrière, entrée interdite. Plus loin une piste agricole monte mais s’arrête devant des ruches…odeur de bouses, il y a plein d’étables. Une troisième chapelle se trouve au milieu d’un champ de blé, à l’arrière se trouvent des rochers ronds d’un chaos granitique.

Sagri : Aghios Nikolaos

Arrivées à Sagri, nous avons le choix entre Ano (haut) Sagri et Kato( bas)Sagri. Lequel choisir ? Le premier venu a une tour en ruine et une église. Est-ce la tour Barozzi ou la tour Bazeos citées dans le petit futé ? il semble que non. Je fais un petit tour à pied dans le village tout à fait authentique, peut être moins blanc que les villages cycladiques d’Amorgos, sans kafénéios pittoresques ; les gens reviennent chez eux avec des sacs de courses mais les magasins sont invisibles. Un sculpteur a réalisé des plaques ciselées (comme à Tinos ou à paros) oiseaux ou fleurs pour la fontaine ou pour la rue. Dans une ruelle poussent toutes sortes de plantes dans des pots de conserves : pépiniériste ou amateur. Je cherche les maisons vénitiennes et les tours. Peut être sont elles dans l’autre hameau ?

Malgré la dénomination Ano et Kato, je ne sais pas bien où est le haut et le Bas., on a installé un café pour touristes près de deux moulins sans ailes (avec un toit pointu en bon état) avec des pelouses d’un vert choquant qui me fait renoncer à la photo.

Juste en face, une flèche en bois pyrogravée :

Sentier N°7 Aghios Nikolaos (10 mn) Temple de Demeter (30 mn). Un bon chemin descend entre des murettes entre les oliviers. Des figuiers de Barbarie remplacent parfois les murs, ils fleurissent jaune en ce moment. Aghios Nikolaos est une jolie église byzantine (10ème s) brune aux tuiles brunies. J’ai de la chance : elle est ouverte. Deux femmes et un homme restaurent les fresques. Ils bouchent les fissures à l’enduit et peignent par petites touches les fresques à peine visibles. Si l’une des restauratrices n’avais pas eu un petit roquet bruyant je leur aurais peut-être posé des questions mais les aboiements aigus interdisent toute conversation.

Le sentier est étroit et pas du tout balisé. Je ne suis rassurée qu’au croisement suivant quand je retrouve les traces rouge et blanches, parfois seulement un point rouge. Il descend dans les oliviers, passe par le lit d’un ruisseau à sec, remonte et débouche au niveau du Musée, gratuit, moderne et très bien fait. Les marbres anciens et les colonnes, le fronton (puzzle) sont protégés ici tandis que sur le site, du marbre de Naxos neuf se trouve exposé aux intempéries. Le temple au sommet de la colline est tout blanc, tout brillant.

Temple de Demeter sur le site de Giroulas

Temple de Demeter

Trois époques, trois constructions coexistent sur un même site et compliquent ainsi la tâche des archéologues : un temple archaïque, une basilique et une église.

Dans les temps anciens, au 8ème siècle av JC le culte était pratiqué en plein air sur un plateau au sommet de la colline arrasée. Des puits pour les offrandes ont été retrouvés : des jus de plante étaient consacrés aux divinités de la fertilité. L’orientation Est-ouest symboliserait  le commencement de la vie et de renouveau de la nature . Dans les anciens temps la vallée était peuplée d’agriculteurs qui vivaient en unités dispersées. Au 8ème siècle les divinités de la terre, Koré et Demeter devaient assurer la fertilité de la région.

Le culte d’Apollon traduit l’intention des paysans de s’unir à la divinité ancienne de Délos pour leur  intégration à la  cité-état de Naxos

En 530 av JC sous la tyrannie de Lygdamis. La région de Giroulas était particulièrement prospère et  le temple fut érigé de marbre sous l’ordre ionique très simple recouvert d’un toit de tuiles de marbre.

La première église fut démolie sous Justinien pour construire une basilique plus spacieuse à 3 nefs. On utilisa le matériel antique.

La recherche d’une taverne à la mer nous a pris un long moment. Curieusement elles sont rares et loin de la plage. L’usage doit être de manger à l’intérieur des grandes salles situées sur une estrade. A Kastraki, la taverne Glyfada a perché ses tables en haut d’une volée de marches. Le menu affiché me conviendrait mais nous lui préférons Blue lagoon, plus simple : des tables en plastique et des sièges de salons de plage. Aucun signe de grec, le menu est affiché en anglais. Je choisis des okras (en anglais) je les appelle comme les Grecs bamias ou cornes grecques en français. Dominique a pris des saucisses villageoises accompagnées de poivrons de riz et de sauce tomate. Aucune prétention à la gastronomie mais une cuisine familiale sympathique.

Retour à Mikri Vigla pour les baignades toujours aussi agréables et longues.

Le soir, je découvre les rochers tarabiscotés du chaos granitique très pittoresques au coucher du soleil.

Nous cuisinons les courgettes offertes par notre hôtess, 6 petites courgettes avec la fleur encore accrochéen 2 oignons blancs et des olives maison. Dîner offert et délicieux.

 

 

De Dougga à Zaghouan en passant par Testour

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

Jebel Zaghouan

14 heures, nous reprenons la route par Teboursouk et la route P5 de Tunis et Testour . Notre hôte du Dar Alyssa nous a fortement recommandé de visiter Testour, ville andalouse. Il nous avait mis un accompagnement musical de musique arabo-andalouse de musiciens de Testour. Le Guide Gallimard en fait également une description alléchante. Il nous reste encore 100km de route pour arriver à l’étape. On n’aura pas le temps de sortir de voiture et évidemment on ne verra rien !En revanche on remarque un changement dans la campagne aux alentours de Testour : les vergers ont remplacé les champs de blé. Oliveraies et aussi vergers d’arbres défeuillés : pêches ou pommes ou abricots ? et beaucoup de grenadiers.

Grenades, olives et mandarines autour de Testour

Sur le bord de la route, les étals sont artistiquement présentés : les grosses boules brillantes des grenades brillent, dans des caissettes, les olives ont diverses teintes : vertes, violettes ou noires, surtout des noires. On peut aussi acheter de l’huile en bouteille ou en bidon. Avec les mandarines, cela fait un bel étalage.

On pourrait couper par de petites routes vers le sud pour raccourcir le chemin au lieu de remonter presque jusqu’à Tunis. La carte est imprécise. Le GPS est récalcitrant. Nous interrogeons les passants et surtout les policiers qui nous conseillent tous de continuer la P5 en direction de Tunis jusqu’à Mejez-el-Bab puis la direction de Goubellat et El Fahs dans une campagne très plate. Nous passons près d’un lac presque à sec. Le Jebel Zaghouan domine la plaine. Nous nous approchons et cherchons le meilleur angle pour le photographier : ce sera à travers les branches d’un amandier.

Dar Zaghouane

piments bio

Plutôt hôtel que chambres d’hôtes, Dar Zaghouane est une assez grosse structure qui se présente comme une ferme bio où les enfants peuvent faire de l’équitation, les grands du quad ou des randonnées, il y a également un hammam (les eaux thermales du Zaghouan sont réputées. Des petites boutiques vendent des produits bio : huilerie, poterie. Restaurant bio (à prix élevés pour la Tunisie). On nous attribue la suite mandarine dans une maisonnette en bois qui a une belle terrasse dans les arbres. Tout le confort et une déco réussie. Nous avons l’impression de dormir dans le verger, nous pouvons observer les oiseaux.

Le chênes de Kroumirie et les villas souterraines de Bulla Regia

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

les chênes-liège de Kroumirie

La route de Ain Draham et passe devant l’usine de la Société du Liège à la sortie de Tabarka. Elle monte dans les collines de la Kroumirie plantées d’essences variées : eucalyptus très hauts, lauriers roses, mimosas, chênes, résineux avec, au sol une broussaille de pistachiers et bruyère arbustive. Dans un creux, un lac de barrage a noyé un village. L’oued passé sur un pont métallique est bien en eau. Les chênes liège poussent sur les hauteurs, certains sont vraiment magnifiques ;

la petite route de Beni Mtir dans la chesnaie

Après Ain Draham, bourgade en pente, nous quittons la route principale pour la petite route de Beni Mtir qui serpente dans une très belle chênaie. Dominique a lu dans Gallimard (p223) que « sous un chêne millénaire de la ville de Fernana, les chefs kroumirs se réunissaient pour décider s’ils paieraient l’impôt au bey. Si les feuilles frémissaient la réponse était négative…. » séduites par l’anecdotes, nous cherchons le « chêne millénaire » qui figurera sur l’album-photo. Ce casting nous ravit !

Beni Mtir

Béni Mtir est un charmant village avec des restaurants et cafés avenants et surtout une église avec un clocher pointu et des maisons aux toits de tuile à double pente, on se croirait en France ! Il y a quand même une grande mosquée pour faire bonne mesure ! La route de Fernana rejoint la route principale et passe par un par un paysage raviné et plus pelé. L’oued Ghezala passe à Fernana. C’est la pause du thé dans le ramassage des pommes de terre.

Bulla Regia

Bulla Regia : via Augustina

Le site de Bulla Regia se trouve à quelque distance de la grande route.

A l’entrée du site une femme me propose une visite guidée pour moi seule. Elle me prévient la visite durera au moins une heure (elle en a duré deux). J’accepte avec joie.

Le site immense (80 ha) se trouve sous la montagne ocre où se trouvaient les carrières de la pierre à bâtir de la ville antique (Jebel Rebia 649m).  Seule ¼ de sa surface a été fouillé. En 1853, seule la haute fenêtre et le sommet du théâtre, étaient visibles.

L’occupation de la cité est ancienne : 129 dolmens sont datés d’un millénaire av. JC

Bulla Regia : thermes de Julia Memma

Cité royale numide : la population d’origine libyque fut sous influence punique : les Carthaginois utilisaient le bois des forêts proches pour la construction navale, le blé et l’orge.  En 156 av JC Bulla Regia fut une des capitales du royaume de Massinissa (238-148 av. JC). Les Numides étaient des tribus nomades sédentarisées. Massinissa s’allia à Rome contre Carthage, plus tard les alliances avec Rome furent fluctuantes (guerre avec Jugurtha). En 46 av.JC Juba 1er s’allia à Pompée contre César et ce fut la fin du royaume numide.

Bulla Regia était donc une ville neutre, oppidum liberum. Par choix, insiste la guide, les Numides se sont romanisés et la ville a été remodelée avec une architecture romaine. Ville libre sous César, municipe sous les Flaviens (56-96 après JC)  colonie romaine sous Hadrien (117-118). Les numides sont devenus sénateurs, consuls, procurateurs. Au sénat de Rome ils étaient très nombreux. Le Romains exportaient le blé, l’huile, le bois et le marbre de Chemtou. Bulla Regia était aussi une source de bêtes sauvages pour les jeux des arènes, jusqu’au 20ème siècle on a vu des lions et des panthères en Tunisie. L’apogée de la ville fut sous Septime Sévère (146-211) empereur africain né à Leptis magna. Le passage des Vandales n’a pas trop endommagé la ville qui fut florissante à l’époque byzantine ; Les Arabes s’installèrent à l’intérieur des thermes et du théâtre mais à la période arabe, la population se « décala » vers des villes nouvelles ; Les Ottomans favorisèrent Le Kef.

Mosaïque basilique chrétienne

Après l’exposé historique, la promenade dans la ville commence sur l’artère principale : La Route Impériale allant de Carthage à Hippone appelée aussi Via Augustina ou « sur les pas de Saint Augustin » itinéraire de randonnée. C’est à Bulla Regia que Saint Augustin – évêque d’Hippone prononça le fameux sermon reprochant aux habitants de Bulla Regia de fréquenter les thermes.

Les Thermes de Julia Memmia (220-240 ap. JC) s’ouvrent justement à proximité.  On entre par des vestiaires très hauts, puis dans le frigidarium qui servait aussi de lieu de réunion des associations, il reste des placages de marbre de Carrare et des mosaïques au sol. La guide me montre les symboles des pourvoyeurs de bêtes pour les jeux.

voûte avec des tubes de céramique

Les voûtes de Bulla Regia font appel à une technique originale : des tubes de céramique emboités font coffrage perdu et procurent une bonne isolation.

Les villas souterraines

Villa souterraine

L’originalité de Bulla Regia réside dans les villas souterraines romaines cette construction originale correspond au climat très contraste de La ville située dans une cuvette abritée par le Jebel très  : froid l’hiver avec le Mistral, la neige peut tomber, tandis que l’été est caniculaire surtout quand souffle le sirocco la température peut attendre 50°. Les riches romains ont investi dans des maisons doubles. La vie se déroulait en hiver à l’étage avec une salle à manger d’été, l’impluvium, les latrines et la cuisine tandis que sur le même plan, en hypogée on trouvait la salle à manger d’été souterraine fraîche pour l’été, les pièces se répartissent autour d’un patio ouvert.  Les trois mois de grosses chaleur la famille descendait dans l’appartement du bas et menait une vie luxueuse tandis que les serviteurs restaient à l’étage.

On peut visiter plusieurs de ces villas : la Villa du Trésor : une cruche avec 70 pièces d’or byzantines.

Villa de la  Chasse

La Villa de la Chasse (nommée d’après une mosaïque) est une villa luxueuse (2000m2) double puisqu’il y avait deux familles, le long de la rue où se trouvaient les égouts, se trouvent les latrines, puis une baignoire et enfin une piscine polygonale avec une fontaine en forme de coquille recouverte de mosaïque.

La maison d’Amphitrite a conservé de belles mosaïques. Pour la voir, il faut faire une petite escalade – le goût de l’aventure !

Mosaïque villa d’amphitrite

Les monuments de la ville

Autour du Forum on trouve le Temple d’Apollon, le Tribunal et le Capitole. Dans le marché, on voit 6 boutiques, deux bassins et une abside pour la statue de Mercure. A l’entrée du théâtre se trouvait une statue de l’empereur à tête amovible. lI se déroulait des spectacles mais aussi des conférences de philosophes. C’est là que Saint Augustin fit son discours en 398.

En passant la guide m’a montré une inscription en grec « En toi-même, mets tes espoirs »

Nous terminons la visite par le Jardin public entouré de bassins qui étaient des aquariums avec des poissons. La terre grise était celle des plates-bandes. Près de la route s’élève encore le Temple de Septime Sévère.

La guide montre le livre Bulla Regia de Moheddine Chaouadi, très bien illustré.

Je remercie la guide pour cette visite passionnante et prends ses coordonnées : AYADI Amel  téléphone mobile 96 014 141.

Nous achetons à Jendouba un pique-nique sommaire : bananes oranges et dattes ainsi que des yaourts.

La route passe par des champs cultivés de céréales, l’horizon est barré par des crêtes, montagnes à la frontière de l’Algérie toute proche.

Retour à Ghar el Melh – le port des Corsaires

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

Ghar el Melh : le vieux port

Hier, en rédigeant mon compte rendu, j’ai trouvé dans nos guides des histoires de piraterie attachées à Ghar Meleh. Nous décidons d’y retourner.  On arrive vite, à 15heures il n’y a personne dans les rues des villages. Nous dépassons le premier fort vu hier et entrons dans le village (ex Porto Farina cité par Flaubert, qui y rencontre des capucins). Un deuxième fort de pierre triangulaire ressemblant au premier mais encore plus grand – le fort médian, précise un panneau. La route passe sous des arcades de pierre, sous d’autres arcades se tient un marché alimentaire. Enfin nous arrivons au vieux port disposé autour d’un bassin circulaire. De belles arcades sont situées à l’arrière tandis que séparant le port de la lagune, une digue est bordée par un mur percé de trous réguliers ‘pour les canons ?). Un chenal fait communique le port avec le lac. Des barques colorées sont à quai. Des pêcheurs jouent aux boules, d’autres sortent les filets des bateaux (pas un bateau en plastique pour déparer). Il faut de l’imagination pour faire revivre les bateaux de pirates dans ce joli petit port rond. Peut être, sous les arcades entreposait-on le butin de la course ? Où logeaient les esclaves razziés ? Où était le marché aux esclaves. Je pense aux habitants de Gozo(1551) emportés par Dragut, ceux de Vieste (1554) . Il est étonnant que le port soit aussi petit par rapport aux dimensions des trois forts.

Ghar el Melh vieux port

Aujourd’hui, dimanche il y a du monde attablé aux restaurants et cafés, tables et chaises bleues, parasols de paille. Il y a même plusieurs tablées de femmes. Sur le lac, on fait de l’aviron.

Quand je pense que nous étions venues hier et que nous nous étions arrêtées au 1er fort ! Cela doit arriver souvent de visiter tellement superficiellement un lieu qu’on croit le connaître sans l’avoir vu !

Bous arrivons au nouveau port de pêche ; Le vieux port historique est celui des barques de bois. Dans le nouveau port les bateaux de pêche moderne sont de bonne taille, il y a une criée. Nos sardines d’hier sont passées par là !

salicornes rouges et roseaux

Sur le bord de l’eau les salicornes sont rouges ? j’avais vu les mêmes sur le Delta de l’Ebros en Thrace. C’est une floraison hivernale. Les cabanes en roseaux se détachent à contre-jour avec les rangées de canisses qui délimitent et abritent du vent des minuscules jardins en étroites bandes. Les sol est très sableux et je remarque de gros tas de fumier.

Le soleil descend vite. Nous recommençons les photos de coucher de soleil. Retour avec le soleil dans les yeux tout au long de la route, bien éblouies.

filets et roseaux

Leila est repartie à Sidi Bou Saïd. Nous dinons seules d’un carpaccio de saumon où des lamelles de fond d’artichaut alternent avec les couches de saumon accompagné de verrines fromage blanc et mousse de potiron. De fins filaments de piments rouges relèvent la sauce et la coriandre parfume le carpaccio. Après cette entrée froide, la soupe de citrouille au parmesan nous réchauffe bien. Palt de viande grillée délicieuse et fondante. Dans un verre tulipe, la mousse à l’orange légère et parfumée est décorée de petites perles d’argent.

 

 

 

 

 

 

 

 

Corleone – Sambuca di Sicilia

CARNET SICILIEN 2016

Corleone vue d'en haut
Corleone vue d’en haut

Corleone est célèbre pour avoir été le décor du Parrain. Archétype d’une certaine Sicile mafieuse. Je n’ai pas vu le film,  mais j’ai envie de découvrir cette ambiance.

Corleone est situé à mi-chemin entre Sciacca et Palermo, 24km à l’écart de la route 624 reliant ces deux villes. Le GPS annonce 1h30 de route et 75km. Nous avons déjà parcouru le tronçon de la grande route en arrivant dans la région. Ce n’est pas la partie la plus amusante du trajet.

 

Dès que nous la quittons le paysage devient grandiose, de montagne avec des pics déchiquetés et des pentes vertes très raides. Encore une fois, nous nous félicitons d’avoir choisi de venir fin avril. Les luzernes forment des nappes rouges incarnat, elles s’étalent même sous les oliviers. Le petit lac de barrage Garcia brille dans un creux. La route tortille. La chaussée est en mauvais état, de temps en temps l’asphalte a disparu et la Fiat roule sur des pierres blanches. Ce ne snt plus des nids de poules mais des tranches de route qui manquent.

le lac de Garcia
le lac de Garcia

Corleone s’annonce avec des quartiers de hauts immeubles. Ce n’est pas le petit village pittoresque et photogénique que nous attendions mais une ville austère accrochée à la pente sous des rochers verticaux surmontés de tours rondes féodales. Nous garons la voiture sur la place principale (zone bleue) devant la Mairie ornée de grandes plaques commémoratives à Garibaldi et à l’Unité Italienne. La grande église (fermée) a de belles portes de bronze (récentes). La place est animée avec ses boutiques vieillottes et son  Bar Central  décoré sur le thème du Parrain. Un jeune homme traverse la place pour nous proposer une animation.

 

Des panneaux touristiques indiquent deux châteaux, deux sites panoramiques et d’innombrables églises, une cascade et trois musées. Le musée le plus important raconte la Mafia et surtout la lutte Anti-mafia , c’est un sujet intéressant mais je crains que mon niveau d’italien et ma grande ignorance en la matière ne me permettent pas de profiter de la visite. Le Musée ethnographique est fermé.

Nous parcourons des ruelles tranquilles très étroites et pittoresques bordées de palais décrépits. L’Office de Tourisme a prévu un parcours fléché architectural que nous suivons et un parcours sacerdotal que nous négligeons. Sur les panneaux émaillés,  il y a des QR codes ce qui me met en colère. On n’a pas pensé à ceux qui n’ont pas accès à la 3G, il faudrait que toute la ville soit Wifi (et que chacun possède un smartphone). C’est quand même plus facile de lire les explications sur le panneau !

Seules quelques rues sont utilisables pour la circulation automobile, il en résulte un trafic intense dans ces artères. Pour gravir la pente raide les voitures prennent leur élan. Et tant pis pour le piéton qui essaie de cadrer sa photo de l’église vermoulue aux moulures qui s’effritent mais qui ont de l’allure sous la végétation buissonnante.

le "château d'en haut"
le « château d’en haut »

A la recherche du « château du haut » nous lançons la Fiat500 sur une rampe vraiment très inclinée. Mal nous en a pris. Premier arrêt à mi-pente, un pépère dans une vieille Panda cabossée nous barre la route, il attend qu’une dame en 4×4 blanc sorte de son garage. La Fiat a perdu son élan et cale. Départ en côte ! Deuxième montée encore plus raide. A 1m de l’arrivée un jeune téléphone collé à l’oreille, l’autre main sur le volant déboule sans même nous calculer. On n’a pas d’autre choix que de reculer pour le laisser passer. Re-départ en côte. Le frein à main ne freine pas assez. La voiture descend. A gauche c’est le précipice. Et on ne repart pas. Je suis morte de trouille.  Je descends.  La Fiat 500 consent à démarrer (65kg cela compte pour une si petite voiture). Nous nous hissons sur un plateau dominé par un gros rocher sur lequel on a bâti une tour ronde : le château. En haut on trouve l’héliport et une petite route « itinéraire de Rosalia » (c’est une sorte de mini-pèlerinage d’un ermitage de Rosalia à un autre, randonnée pédestre) mais route en fort mauvais état pour une voiture. Ce serait un endroit merveilleux pour pique-niquer si c’était l’heure ! pause-apéro avec de grosses olives vertes très parfumées au persil frais et céleri.

Nous quittons Corleone – mal visitée – habituellement je suis plus consciencieuse dans mes visites.

Nous suivons les panneaux Sciacca- Ribeira pour varier l’itinéraire.

village perché
village perché

Déjeuner dans la montagne au dessus d’un troupeau de vaches dont nous entendons les clarines. Au loin Campofiorito est accroché à son rocher. Nous entrons dans Bisacquino dans la torpeur de la sieste. En dehors des trois employés municipaux assis sur un banc, il n’y a pas un chat dehors. Tous els rideaux de fer sont baissés, volets fermés. Calme plat. Pour le café, vous repasserez. Nous arrêtons la voiture devant une église dédiée à la Vierge. Edifice monumental, colonnes torses, moulures. L’église est ouverte : des doreurs rénovent une chaire. Intérieur blanc et doré mais parfaitement ennuyeux en dehors des lustres de Murano il n’y a rien d’intéressant. Curieux assemblage de tuiles rondes  sur une maison: un pigeonnier ?

Madame GPS joue les aventurières ? Pour nous faire éviter la traversée d’un village perché elle nous conseille un chemin blanc carrossable suivi d’une allée dallée, genre via romaine qui s’enfonce dans une forêt de chênes et maintenant recouverte de galets « c’est le paléolithique ! » s’exclame la conductrice, pour se terminer dans les nids de poule. Je descends encore pour soulager la Fiat500. Heureusement un panneau de signalisation routière indique Stop à 150m dans ce parcours risqué.

Sambuca di Sicilia

Encore un  « village perché ». Sambuca est une petite ville construite toute en longueur sur une arête rocheuse. Nous remontons le magnifique Corso Umberto I jusqu’à un grand carrefour où se trouve l’ancien hôpital, un collège et une très grande église ouverte pour cause d’enterrement imminent. Encre cette sorte de très grande église classique 17ème ou 18ème blanche avec des dorures et des peintures noircies, parfaitement ennuyeuse encore ;

Sur le Corso quelques cafés sont ouverts. Clientèle exclusivement masculine : dans le premier des adolescents dans l’autre des vieux messieurs. J’ai toujours très envie d’un café mais ici je serais vraiment déplacée. Je préfère y renoncer plutôt que d’être la cible des regards. Ce n’est pas ici que je vais trouver de la WIFI pour consulter mes mails.

Après avoir passé une belle arche je trouve une rue plus moderne, sous une autre arche, une impasse (lige qui sèche). Les maisons sont peintes en blanc portes et fenêtres soulignées de jaune. On se croirait en Andalousie. Les petites venelles s’appellent Viccolo Saraceni  I, viccolo saraceniII ou III. Est-ce une kasbah, ancienne ou moderne ? Pour souligner l’illusion le panneau indicateur de la rue est aussi écrit en arabe. Le restaurant s’appelle Le Saracenu,  l’enseigne est  une tête de maure enturbannée. Une très belle église de pierre qui s’effrite a son porche vitré : à l’intérieur des merveilles tombent en ruine.

Plus haut se trouve le belvédère à l’extrémité de l’arête rocheuse qui se termine de manière théâtrale avec  une petite colonnade et un banc qui fait le tour de la petite esplanade.

Retour facile. Menfi est bien indiqué. De là, nous allons à la mer à Porto Palo, petit port avec une tour carrée d’où part une promenade de planches sur la végétation. Plus loin la côte est occupée par des villas et lotissements interdisant l’accès à la plage par les portails métalliques et les cadenas dont les siciliens ont le secret. Nous nous aventurons néanmoins sur une route privée (entrée interdite mais ni chaîne ni barrière) pour aboutir sur une belle plage sauvage coupée en deux par un ruisseau facilement franchissable. Je me promène avec de l’eau à mi-mollets. Le thermomètre de la voiture indique 23° à l’ombre mais au soleil il fait nettement plus chaud.

En route vers l’intérieur – vers Caltabellotta

CARNET SICILIEN 2016

oliveraie et ferme
oliveraie et ferme

8h,  par de petites routes de campagne,  dans la belle lumière du matin à travers vallées et collines ; des parcelles triangulaires au flanc des collines d’oliveraies ou d’orangers photogéniques . Devant une  orangeraie, je  trouve une belle ferme au toit de tuiles coiffant la colline. En marchant je découvre de nouvelles fleurs : pois de senteur bicolores, pourpres et violets qui ressemblent aux ailes d’un papillon. Les grosses inflorescences rouges que j’avais prises pour de la luzerne ne sont-elles pas plutôt des lupins ? Sur le bord de la route, des glaïeuls roses comme ceux que j’ai vus en Grèce. Je filme les douces collines, les fleurs, les orangers…

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La route effleure Sciacca  puis s’élève vers la montagne. La route passe le long du gros rocher qui domine Sciacca, d’une ancienne carrière, puis  grimpe très raide. Les sommets sont formés de gros pitons déchiquetés et la ligne de crêtes est piqueté d’éoliennes qui tournent très fort .

DSCN8585 - CopieEn s’approchant du col, Dominique entend le bruit de l’eau et les brebis. L’eau s’écoule sur le bord moussu d’un bel abreuvoir blanc. Dans le verger voisin, les moutons préfèrent se dresser pour dévorer les feuilles tendres d’un abricotier plutôt que l’herbe. Ils se font même la courte échelle ! Les rochers ont des formes étranges, quand les arbres s’y accrochent ils compliquent encore leur silhouette, donner un profil en bec de perroquet ou carrément en dévers…

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Juste après le col,  la petite ville de Caltabellotta surgit accrochée à la montagne. Les  guides la désignaient comme un « village perché ». L’appellation « ville » convient mieux avec ses nombreuses églises, ses places, son histoire séculaire. A l’entrée, un quartier HLM miteux. Un panneau annonce « Caltabellotta, ville de la Paix ». Ignorante de l’histoire locale je crois d’abord à un vieux slogan PCI….

La vieille ville est tout en ruelles et en escaliers. Sur chaque toit, une parabole et une grosse citerne grise (pas le bidon cylindrique chauffe-eau commun dans tous les pays ensoleillé), une grosse citerne.

Les flèches « cathédrale » « centre historique »,mènent à une petite place. Etrangement les pépères à casquette et à canne  nous invitent à remonter en voiture. « la Cathédrale c’est très loin ! Allez-y en voiture ! »Et les deux vieux messieurs de se disputer si le meilleur itinéraire c’est tout droit ou par derrière.

Nous continuons à pied, admirant les décors des porches de maisons étroites avec un seul étage et aucun signe extérieur de richesse mais une entrée digne d’un palais encadrée de pierre ciselée avec des balcons en ferronnerie soignée reposant sur des appuis ouvragés. Témoignage d’un autre temps.

Djembering et retour de la pêche au Cap Skirring

CARNET DE CASAMANCE

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promenade sur la plage

7h10, le ciel est gris, gris l’océan. Les embruns se confondent avec la brume. Douceur du lever du jour. Les nuages rosissent mais ne laissent pas voir le soleil. Les pieds dans l’eau tiède, tel un berger de la mer, je pousse devant moi une troupe de mouettes qui s’envolent à mon approche pour se poser 50 mètres plus loin. Pensant au poème de Senghor, je regrette qu’elles ne soient pas des sternes de l’Atlantique.

Que font les vaches sur la plage stérile ? Cherchent-elles la fraîcheur ou la paix pour dormir et ruminer ?

Les silhouettes des pirogues se balancent près du rivage. L’océan est très calme ce matin, lez vagues ont perdu leur puissance. Rien à voir avec les puissants rouleaux du Golfe de Guinée et de la plage de Cotonou ?

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une des places de Djembering

Djembering est un gros village de 6000 habitants, le plus ancien de la région. C’est un village très structuré plus que les villages que nous avons vus, diffus avec des ruelles débouchant sur de vastes places vides. Ici, un plan clair apparaît.

Nous le rencontrons à un rond point marqué par un énorme fromager et un baobab. Autour du fromager on a pavé la voie en un cercle parfait. Devant le baobab, plantée une croix blanche de ciment. Plusieurs restaurants sont installés au carrefour ; l’un d’eux s’appelle « la cour des grands », il y a également des boutiques. Devant la croix, des femmes sont assises derrière des bassines remplies de poissons et des coquillages. Une autre femme vend des sandwiches. C’est là que nous rencontrons Pap qui nous explique que toutes les rues convergent ici. La ville est composée de 6 quartiers ; chacun possède une place principale avec son fétiche et sa petite case des tamtams, un manguier et des bancs autour ; chacun a son « chef de village ». La case des tam-tams est carrée avec un toit de tôle formant une petite pyramide : elle contient le bombolong, le tam-tam téléphone qui résonne très grave et porte jusqu’à 7 ou 8 km. Sont rangés aussi les tam-tams des jeunes. Chaque place possède un accessoire inédit : une énorme bouée trouvée sur la plage, comme une bouteille géante rouillée, ou une bouteille de gaz suspendue à l’Arbre à Palabres : les femmes y frappent avec une ferraille et obtiennent un son de cloche pour un rassemblement ; Après les guerres tribales, on déposait les armes près du fétiche.

fétiche
fétiche

Les rues sont très propres ; on balaye les feuilles. Une file de femmes portent sur la tête des seaux pleins de feuilles qu’elles épandent dans les rivières pour servir d’engrais. Djembering cultive le riz. Elle st autosuffisante. En plus du riz les femmes font du maraîchage, les hommes fabriquent  le vin de palme ou travaillent dans les chantiers.

guerrier et girafe
guerrier et girafe

Le sculpteur taille à l’herminette de hautes girafes ou des guerriers dans des troncs. Il peint ensuite les grandes statues ;

Le village est encerclé d’une véritable forêt de fromagers. A une extrémité se trouve le bois sacré des femmes, les femmes s’y réunissent pour les initiations. Selon Pap les femmes auraient un grand pouvoir, mais il n’est pas disert là-dessus. Seulement, un exemple : si le chef du village convoque à une assemblée, il n’est pas toujours suivi, tandis que dès que la reine appelle, elle est immédiatement obéie. Pap insiste sur la séparation totale des sexes en ce qui concerne la maternité. L’homme ne peut pas connaître le sexe de son enfant avant 6 jours, le temps que sa femme sorte de la maternité. Si la femme meurt en couches, il ne pourra pas la voir.

Djembering vu de la dune
Djembering vu de la dune

Je remarque une tombe carrelée : une tombe chrétienne. Les animistes coupent deux branches pour marquer le lieu de la sépulture. Les parents  reconnaîtront. Ici, les boutures réussissent parfaitement, les branches prendront racine. Tous les petits arbres sont donc des tombes animistes. Le cimetière chrétien est à l’autre extrémité du village. Comme je vois une mosquée, je suppose que les musulmans doivent enterrer leurs morts ailleurs mais Pap n’en parle pas.

Nous gravissons une petite dune à pente bien raide pour avoir une vue panoramique sur le village. Elle est plantée de beaux fromagers. L’un d’eux parait suspendu sur deux racines. Autant les racines sont spectaculaires, autant elles sont superficielles. Sous des bougainvilliers je découvre les cases en ciment d’un campement touristique. Les émigrés du village avaient financé cette base touristique qui, selon Pap, marchait très bien avant la rébellion de Casamance. A Djembering il n’y a jamais eu de troubles mais les touristes ne sont jamais revenus. Je suis  triste pour cette sympathique initiative de tourisme solidaire.

La maternité est vide aujourd’hui, seulement une jeune femme qui aide la matrone, garde aujourd’hui le bébé de la doctoresse sur son dos. Cette maternité est grande pour le village, une dizaine de lits. A côté se trouve la crèche-garderie et l’école maternelle. Les enfants sont dans la cour : à 11h, c’est récré et goûter. Les petits viennent avec leurs mains collantes s’agripper à nous. Ils sont ravis de se reconnaître sur les écrans de nos appareils-phots. Les vidéos leur plaisent encore plus. Les grandes improvisent une petite danse pour le film.

Cap Skirring : marchand de souvenirs
Cap Skirring : marchand de souvenirs

Les pirogues rentrent vers onze heures à Cap Skirring. Port est un bien grand mot : on hisse les pirogues sur le sable avec des rouleaux de bios et des chariots à deux roues. Pour monter une pirogue, j’ai compté 19 hommes sur un côté et sûrement autant de l’autre. Nous nous approchons pour voir le poisson. Il y en a très peu : deux ou trois caisses seulement. Les femmes se précipitent avec leurs bassines. Du côté salage et séchage, je suis étonnée de trouver des poissons nobles comme des soles. Je pensais qu’on ne séchait que des poissons de moindre valeur.

40 pour hisser la pirogue sur la plage!
40 pour hisser la pirogue sur la plage!

Retour à Maya pour déjeuner à 13h. L’après midi s’écoule entre baignades, promenades sur la plage et farniente sur la terrasse. On est si bien que je me prends à envier ces retraités qui restent des semaines même des mois.

Au dîner, il fait si frais que j’abrège le moment après le dessert.

Riz et jardins de Cabrousse- frontière de la Guinée Bissau – soirée musicale

CARNET DE CASAMANCE

 

Riz en gerbe
Riz en gerbe

Sur une placette, des nattes couvertes de riz sèchent. Arrêt photo ; Au fond de la cour, sou un auvent, des femmes battent le riz avec de longs bâtons recourbés tandis qu’en face, dans des paniers et corbeilles, d’autres séparent l’écorce des grains dans un mouvement tournant. La plus vieille annonce qu’il faut payer.

battre de blé
battre de blé

D’autres touristes arrivés à vélo sortent des billets de 1000francs. Une fois acquitté le péage, la bonne humeur s’installe. Présentations : prénom mais aussi nom. La plus culottée s’appelle Mariama. « Mariama, Miriam, c’est pareil ! » décide-t-elle, cela lui plait beaucoup.

enlever les écrces
enlever les écrces

 

Au milieu de la cour où sèche le riz, une grande dame est plantée. Son rôle est de chasser les cochons. « On n’a pas travaillé pour nourrir les cochons ! »

faire sécher
faire sécher

Selon René, le 28 mars aura lieu une grande fête de Lutte. Ce riz est préparé pour tous ceux qui s’y rendront, même de Guinée Bissau.

Nous visitons les petits jardins des femmes où l’on cultive en ce moment oignons et gombos, salades et bissap. En face, il y a deux mares d’eau douce. La première pour abreuver les animaux. La seconde est protégée par un grillage. Des nénuphars y fleurissent. C’est la mare sacrée où Aline venait prier. On n’y puise pas d’eau.

gombos
gombos

La piste sableuse traverse les rizières desséchées. Un homme retourne la terre avec cette houe arrondie qu’on utilise en Casamance. Il a déjà retourné une belle surface. Pourtant on ne repiquera pas avant 5 mois.

A droite, un panneau nous avise que nous longeons la frontière de la Guinée-Bissau. A gauche de la piste  c’est le Sénégal. Le village au bord de la rivière est au Sénégal. Il est composé de quelques cases et d’une mosquée rose bonbon et surtout des pirogues et un petit marché où l’on négocie le vin de palme à 300Francs/litre.

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Déjeuner à l’hôtel Maya : brochette océane avec des crevettes roses ou filet de capitaine frit. Petits légumes : carottes, courgettes poisson et une tarte au pamplemousse qui ressemble à la tarte au citron.

L’après midi s’écoule tranquillement entre longueurs à la piscine et grande promenade sur la plage.

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Au dîner, le groupe polonais fête son départ avec le groupe musical Al baraka composé de deux djembés, une kora, quatre danseuses et un danseur. Les danseuses en pagne rouge vif ont une morphologie très différente de leurs homologues occidentales. Bien en chair, poitrines opulentes, fesses rebondies,  elles semblent en transe : l’une d’elle remue les yeux d’une manière sauvage. Elles nous tournent le dos présentent leurs fesses qu’elles secouent énergiquement. Le danseur au contraire est fin, longiligne, très très grand. Il agite bras et jambes. Après la démonstration ils invitent les polonais dans la danse. Ces derniers se trémoussent incapable de faire vibrer leurs fesses comme les danseuses leur montrent.

La Reine de Cabrousse –

CARNET DE CASAMANCE

cabrousse
cabrousse

alinesitoediatavisage

 

Cabrousse se trouve de l’autre coté du Cap Skirring, vers la Guinée-Bissau. Les villages se succèdent sur la route. Les écoliers, collégiens, lycéens en uniforme marchent sur la route. Le guide lcal est introuvable. Deux jeunes s’improvisent guides mais leur élocution en Français est difficile à comprendre. L’héroïne de Cabrousse est la Reine Aline Sitoé Diatta connue dans tout le Sénégal puisque on a nommé le ferry à son nom.

  • « Connais-tu l’histoire d’Aline Sitoé Diatta ?» demande l’apprenti guide.
  • «  non, mais tu vas   nous la raconter ! »

« Aline Sitoé Diatta était employée à Dakar. Elle racontait ses « rêves ». Des voix lui disaient de rentrer au village où sévissait une grande sécheresse. Elle rentra donc, réunit le village sou l’Arbre à Palabres où elle a prié pour que tombe la pluie. Beaucoup d’eau s’abattit sur le village où on put cultiver le riz et l’arachide. Les Blancs sont venus, se demandant pourquoi il y avait de l’eau à Cabrousse et non pas ailleurs. Ils cherchèrent à récupérer Aline. Le village n’était pas d’accord ; Ce fut dur de la prendre. Les Blancs avaient des fusils, les villageois, des arcs et des flèches. Aline s’est cachée dans la maison des vieilles femmes. On a frappé un homme pour qu’il dise où elle était cachée. Finalement elle est décédée à Tombouctou. »

alinesitoediattaLe Petit futé donne deux versions de l’histoire d’Aline Sitoé Diatta : la version populaire similaire à l’histoire que René nous a racontée et la version historique qui replace la Reine de Cabrousse dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale.

En 1940, la France en guerre procéda à des réquisitions alimentaires qui furent mal  acceptées par les Sénégalais. Le Roi de Mlomp fut emprisonné. Aline rentra à Cabrousse prêchant la non-coopération avec les blancs et avec ceux qui coopéraient avec eux. En 1942, l’Administratin Coloniale découvrit des muvements hostiles vers Cabrousse. Des gens venaient de toute la Casamance et de la Guinée portugaise, de Gambie et même de Dakar pour écouter la Reine de Cabrousse qui prônait le retour à l’animisme, l’égalité homme/femmes et la lutte contre le pouvoir colonial. Fin janvier 1943, une colonne militaire se dirigea vers le village pour capturer Aline. Le 28, sa maison fut encerclée. Les soldats menacèrent de brûler le village. Le 29, elle se rendit et fut condamnée à 10 ans d’internement à Kayes. Elle mourut en 1944 du scorbut à Tombouctou.

René nous montre l’emplacement de la maison d’Aline et celle où elle s’est cachée ; l’arc  et les flèches.