Iles Sanguinaires

CARNET CORSE

Les îles Sanguinaires

17€ –  L’excursion dure une heure sur un confortable bateau hybride vert-blanc et bleu qui utilise son moteur thermique au départ (discret, aucune odeur).  En face de la grande île Mezzu Mare, il semble s’immobiliser et vogue dans le silence total d’un véhicule électrique. Maintenant il n’y a plus aucune activité en dehors du phare qui est un des plus puissants de Méditerranée mais automatisé et fonctionnant à l’énergie solaire. Autrefois, il y avait également un sémaphore d’où la Marine Nationale contrôlait le trafic des bateaux dans le golfe d’Ajaccio. Ce contrôle a été transféré à terre. La Marine compte aménager le bâtiment de l’île pour accueillir des classes vertes et des animations pédagogiques sur la flore et la faune de l’île. Les pêcheurs de corail revenant d’Afrique étaient mis en quarantaine dans un lazaret dont il reste des morceaux de murs.

Mezu mare

Certains malades du lazaret étaient saignés. Le sang rejeté en mer coagulait formant des plaques noirs les« sangui neri » qui ont donné le nom aux îles. Contrairement à ce qu’on pense à priori, elles n’ont causé aucun naufrage terrible, elles ne prennent pas la couleur du sang (rouge) au coucher du soleil comme le prétendent certains guides touristiques, elles sont noires. Autre étymologie possible : elles sont notées sur une carte ancienne comme Sagonaires (de Sagone qui était le siège de l’évêché, donc ville importante).

murs du lazaret

Une petite tour carrée : castelluccio était une tour défensive pour protéger l’ile des attaque d’artillerie tandis que les tours à signaux génoises rondes étaient vulnérables aux boulets de canon.

Trois autres îles beaucoup plus petites dans l’archipel servent de refuge aux cormorans. L’isoletta di Porri (îlot des poireaux) rappelle que des pêcheurs contrains d’y attendre les secours pendant une tempête y subsistèrent une semaine en suçant les tiges des poireaux sauvages (qui ressemblent à de l’ail).

La Parata : Tour génoise

Deux itinéraires permettent de faire le tour de la Pointe de Parata : la première par un cheminement facile (piste cyclable et piétonne) va jusqu’à la brasserie/magasin de souvenirs  puis passe à la base de la Tour Génoise de Parata très bien restaurée qui possède encore son dispositif de télégraphe. La presqu’ile ressemble à s’y méprendre à l’île de Mezzu Mare, elle est reliée à la corse par une fine bande de terre.

plantes du maquis

Le sentier est balisé avec des panneaux botaniques présentant les plantes du maquis. Je mets un nom sur cet épineux sec en été énigmatique : le Calicotome velu, Lentisque pistachier, salsepareille ont aussi leur présentation. Un petit sentier escarpé lait le tour de péninsule du côté de la mer. C’est une promenade tranquille. Derrière la brasserie ce chemin continue taillé dans les lentisques pistachiers qui poussent serrés. Une heure plus tard je suis de retour à la Maison du Site.

Déjeuner sur la plage

A midi nous trouvons une charmante plage au pied de la paillote « le Goéland », restaurant nous prenons place à l’écart à l’ombre d’un mûrier. J’en profite pour aller me baigner avant le déjeuner.

Sable blanc, eau turquoise très tranquille ; Je nage de bouées en bouées m’étonnant de la douceur à la fin septembre. Service très attentif et prix raisonnable 13.90€ pour le plat du jour : dos de cabillaud servi avec une purée de carottes, une sauce fine citron et du riz. Dominique prend des moules farcies délicieuses.

Après le repas je retourne me baigner. Des jeunes jouent au foot tennis pieds nus.

Je termine par un café gourmand après de longues baignades.

La plage d’Arone – Porto et sa tour génoise

CARNET CORSE

La Baie de Porto au petit matin

Nous avons attendu une belle journée pour faire l’excursion à la belle plage d’Arone. Pour éviter ‘affluence sur la corniche, nous sommes parties tôt. Les calanches dans la belle lumière du matin sont un enchantement ! Sans chercher à faire des photos, nous profitons des formes fantastiques. Après Piana, c’est l’inconnu. La route D824 dessert les plages. D’un mirador nous avons une vue plongeante sur Ficajola accessible par un raidillon qui descend aux maisons mais pas à la plage, vue sur les crêtes et sur Scandola qui a une magnifique couleur rouge. Nous découvrons le Capo Rosso, éperon de porphyre rouge et la tour Turghiu qui le surmonte. La randonnée à la tour est trop longue (3h30). Un peu plus loin, un café-boutique touristique propose des balades à ânes.

Capo Rosso

Au petit col (404 m), changement de paysage, plus doux, plus vallonné. Le maquis touffu est remplacé par des buissons plus bas, plus épineux et des oliviers. Les hauts pics déchiquetés sont loin.

Deux routes desservent la plage, la première conduit au restaurant Casablanca, passant par un portail imposant, son parking est vaste et ombragé. Un escalier descend à une ravissante plage équipée de lits luxueux avec même des serviette-éponge. Le restaurant est composé de deux parties distinctes : un restaurant très chic aux belles tables, nappes et argenterie, des tables et des bancs de bois pour un « glacier, panini, pizzas ». Le côté panini a l’air fermé. Nous avons revêtu nos plus beaux atours, ce n’est pas pour nous contenter d’un sandwich !

Plage d’Arone – « côté plage »

Deuxième essai : « Le Café de la Plage », même disposition : un restaurant s’ouvre sur la rue, menu dégustation 65€ aucun plat à moins de 25€ ( des entrées froides) inaccessible pour notre porte-monnaie ! Comme chez Casablanca, « côté plage » est une annexe, snack de luxe qui sert des pizzas, seulement le soir. Dans le décor enchanteur, à l’ombre de filets, dans d’agréables fauteuils Dominique commande un verre de vin blanc (belle corolle à moitié vide, 6€40, quand même !

La plage d’Arone est merveilleuse avec son sable blanc très fin, son eau limpide, turquoise comme un lagon, presque sauvage, 3 établissements avec des lits et des parasols, peu nombreux et discrets, un chalet-poste de secours. Un seul voilier amarré, un seul zodiac en action. C’est donc une baignade de rêve. Quelques dames du 3ème âge s’essaient au paddle. A voir les efforts désespérés d’une grande blonde à silhouette sportive, hissée par son mari sur la planche et sa chute quelques minutes plus tard, cela me dissuade définitivement d’essayer. Je préfère nager mes longes traversées entrecoupées par la marche sur le sable fin.

plage d’Arone

Il existe quelques méthodes d’éviter le tourisme de masse sur les plages : autour de Calvi on empêche les voitures d’approcher des plages en installant les parkings tellement loin que les visiteurs, portant glacières et parasols, qui  doivent venir à pied (ou en train) hésitent. A Arone : sélection par l’argent. Aucune buvette, aucune cafétéria ; seulement des établissements de luxe. Les fauchés poseront leur serviette pour une heure et rentreront déjeuner chez eux !

soupe de poisson au Robinson

12h15, nous quittons cet endroit paradisiaque pour un restaurant aux prix plus abordables : le Robinson à Porto sur le port où nous commandons une soupe de poissons. Samedi, quand Dominique attendait le retour de mon bateau le fumet de la soupe de poisson l’avait alléchée. Cette soupe est servie dans une belle soupière blanche, accompagnée de croûtons faits maison et de gousses d’ail à frotter nous-même, de la rouille excellente et du gruyère râpé. Nous pensions terminer par un moelleux aux châtaignes. Après 3 assiettes de soupe nous n’avons vraiment plus faim. Sans attendre le café, je monte à la tour génoise qui domine le port.

La tour Génoise et quelques personnages  

La Tour génoise de Porto

Une exposition historique raconte qu’entre 1510 et 1620 une centaine de tous furent construites, formant une ceinture de surveillance avec tours à signaux. La Sérénissime Gènes avait cédé la gestion de la Corse à l’Office de Saint Gorges.

Le gardien de la tour, le Torregiano était faiblement armé, rarement une pièce d’artillerie, le plus souvent des arquebuses ou mousquets. En plus du rôle de surveillance, il exerçait le contrôle sanitaire du port, était un agent du fisc, prélevait le droit d’ancrage et les taxes de chargement sur l’huile et le vin.

Au 16ème siècle les Barbaresques dominaient la Méditerranée, le Cap Corse était ruiné. L’expédition de 1540 par Gianettino Doria aboutit à la capture de Dragut. Dragut est un personnage récurrent dans mes carnets : j’ai mentionné sa razzia sur Gozo, son échange contre l’île Tabarque en Tunisie (Tabarka), je l’ai retrouvé à Mahdia, à  Djerba (horrible anecdote de pyramide de crânes) dans le siège de Malte où il finit sa vie.

Les pirates barbaresques attaquaient les bateaux razziaient les villages pour emporter les habitants esclaves vendus sur le marché d’Alger. Parallèlement il s’était constitué un commerce florissant du rachat des esclaves.

Sampiero Corso (1498 – 1567) était surnommé « le plus brave des Corses » ; condottière au service de Jean de Médicis, puis de François 1er en 1536, en 1553 il embarque sur els galères d’Henri II à côté de la bannière de Soliman. 1559, par le Traité de Cateau-Cambrésis, la corse est restituée à Gènes. Catherine de Médicis, épouse de Henri II fut la protectrice de Sampiero. Elle plaida en sa faveur alors qu’il avait tué sa femme Vanina 1563, demandant l’abandon de toute sanction pour les hommes ayant combattu sous la bannière du roi de France.

Gènes imposa sa volonté de repeupler la zone littorale et pratiqua une politique de colonisation agraire imposant aux propriétaires de greffer et planter de la vigne et 4 arbres fruitiers et au moins un châtaigner.

Dans le prix du billet est incluse la visite du « musée de la Bruyère » que je ne trouve pas. C’est un petit appentis dans lequel des panneaux racontent l’histoire de la bruyère qui a trahi Jésus alors que les Romains le poursuivaient ou plutôt qui l’a mal caché alors qu’il tentait de se cacher dans son feuillage. La bruyère n’est donc pas la bienvenue dans les maisons corses sauf sous forme de balai ou de pipe ! Musée insignifiant !

Je termine la journée à la plage de Bussaghia.

 

Journée aventure dans le sud de Naxos : Grotte de Zeus et Baie de Kalados

CARNET DES CYCLADES 

sentier du Mt Zas (Zeus)
Piton rocheux au dessus de Filoti

 

Dominique – sur les suggestions du Guide Vert – a prévu une journée aventureuse en dehors des attractions touristiques, jusqu’à l’extrémité sud de Naxos. Si on regarde la carte du Petit Futé, au sud de Filoti serait une sorte de désert sans villages ni routes. Nous avons acheté hier une carte SKAI où chaque église, chaque moulin, chaque station-service figurent. A l’envers de la carte, 7 promenades sont décrites en une sorte de Topo-Guide. Selon cette carte seul un court tronçon de notre itinéraire emprunte une piste non goudronnée.

Nous partons par Sagri, traversons Halki et Filoti sans nous arrêter. Nous reviendrons ! A la sortie de Filoti le sentier N°2 indique la Grotte de Zeus – première étape de notre circuit. La montagne Zas ou Mont Zeus (1001m) est le point culminant de Naxos. La légende y a fait naître Zeus dans une grotte. J’ai déjà visité une Grotte de Zeus où la Chèvre Amalthée aurait nourri Zeus sur le Mont Ida (Psiloritis 2456 m). Fils du titan Chronos et de la titanide Rhéa Zeus aurait été enlevé et apporté en Crète pour être soustrait à son père qui dévorait se enfants.

Trompées par la flèche, nous suivons une petite route qui serpente dans la montagne, passons sous un moulin qui a gardé son axe, mais perdu son toit, sous un haut piton rocheux complètement chauve (600 m) portant sur son sommet une chapelle blanche que j’ai appelée Prophète Elie parce qu’elle n’a pas de nom sur notre carte.  Une flèche marron signale un sanctuaire de Déméter (nos sommes dans une région agricole) . La route continue à grimper et nous dépassons les chapelles Aghia Panaghia, Aghia Anasthasia et Aghios Efstatios qui, d’après la carte SKAI ne sont pas du tout dans la direction du Mont Zas mais bien sur l’itinéraire du sud que nous prendrons plus tard. Nous faisons demi-tour après Aghios Efstatios au-dessus d’un pâturage de chèvres. Je marche sur un tapis de crottes quand je descends photographier l’église. Aghia Anastasia est jolie avec son toit imitant les lauzes blanchies à la chaux sous un bel arbre.

Mt Zas source de Rhéa

Retour à Filoti. La route pour les voitures est différente du chemin des randonneurs. Elle prend un peu plus loin dans une épingle à cheveux sur la route principale. C’est une route étroite qui grimpe sur 1.3km au flanc du Mont Zas et s’arrête à un minuscule parking. Il faut continuer à pied 20 minutes pour la Grotte, 1h pour le sommet. . Le sentier pavé avec un muret conduit à une place ombragée sous un vieux platane avec un bassin rectangulaire, des rigoles cimentées et une source qui jaillit dans une vasque en marbre. Un écriteau prévient que l’eau est potable et qu’il convient de ne s’en servir uniquement pour se désaltérer.

J’imagine ici, des fêtes champêtres, des réunions de famille, voire un culte ancien aux nymphes ou aux sylphides…Le sentier dallé de marbre continue encore dans la montagne, assez pentu.je marche dans l’odeur sucrée des genêts.  Cela se gâche sur la fin : d’abord, le sentier devient étroit et poussiéreux, puis on doit continuer dans les rochers et les marques rouges disparaissent.  Heureusement des randonneurs ont fait un cairn pour signaler le passage. Dans les derniers 50 m avant la grotte c’est presque de l’escalade. On passe une stèle en ciment avec la seule inscription compréhensible 1953 ( ?). L’entrée de la grotte est fermée par deux murs de pierre (abri pour les bergers ? )

A la descente je croise des randonneurs plus courageux que moi qui ont fait le trajet à partir de Filoti. Je bois à la source de Zeus avant de remonter en voiture.

vers les crêtes

La route du sud contourne le Mont Zas. Après Aghios Efstatios, serpente en lacets serrés jusqu’au col de Petalia à plus de 700 m. Avant d’arriver au col je remarque de nombreuses terrasses cultivées ; certaines sont jaunes, blé non moissonné ou graminées sauvages, ou plantées d’oliviers amandiers et aussi de chênes. Les bergeries sont dispersées dans la campagne.   De grosses touffes de genets fleuris jaunes et odorants font des pyramides qui s’étalent sur le goudron, décorant ainsi la route.

Au col, on voit la mer. La route a fait tant de virages que je ne sais plus quelle côte s’offre à nous : Mikri Vigla et Kastraki ou Kalados au sud. D’après l’urbanisation, je pense plutôt à la côte occidentale. Et ces îles : Paros, les Petites Cyclades ou Amorgos ? Il nous aurait fallu une boussole. Je suis surprise de voir partout des panneaux indiquant les noms de localités ou de ruisseaux. Cette région de Naxos n’set pas du tout déserte comme l’absence de village le suggérerait. Partout, dispersées dans la montagne, des fermes, des bergeries et le long de la route, des églises.

La végétation est variée : aux pyramides des genêts en altitude, succèdent des pentes rocheuses avec des buissons de genévriers et parfois des bosquets de chênes ou même de grands chênes, plus bas des oliviers, de ces vieux oliviers au tronc monumental avec une écorce torsadée qui s’enroule sur elle-même formant un cône d’où une touffe de branches feuillues se déploie. Des chèvres, impériales, marchent sur la route.

La Tour Cheimarros

Au niveau de la Tour Cheimarros, le goudron s’arrête pour reprendre quelques centaines de mètres plus loin. Cette tour est hellénistique 4ème siècle av JC. Est-ce pour surveiller la mer ? Qui l’a plantée là, si loin du rivage ? C’est une très grosse tour construite soigneusement de gros blocs taillés, 15 m en marbre de Naxos, beaucoup plus imposante que les moulins qui coiffent les collines. Le chantier de restauration est enfermé par des grilles, on ne peut pas approcher.

Plus bas la route est bordée de lauriers roses magnifiques ; Qui a planté cette haie ? Ils fleurissent blanc et roses et sont florissants malgré la chaleur. La région paraît dotée de nombreux ruisseaux. La carte signale une source qu’on ne verra pas. Plus on descend, plus la campagne est cultivée en oliveraies et en champs de blé.

Kavados lauriers roses

Enfin, on approche de la mer. On voit une digue. Il y a un port dans la baie de Kavados mais la route n’y arrive pas. Le goudron à nouveau fait place à une piste de terre qui se sépare. A la fourchette deux flèches : vers la gauche une enseigne naïve d’une taverne traditionnelle, vers la droite un écriteau plus moderne avec deux numéros de téléphone (un pour le grec, un autre pour l’anglais), café-restaurant et même des studios.

Nous nous engageons à gauche et arrivons au port fermé par une grille. Il y a des quais, des bornes, plusieurs bateaux à quai. Pas de taverne sur le port. Pas de capitainerie non plus. La taverne est perchée en haut d’un escalier de bois. La piste est carrossable. Accolé à une caravane, un auvent de cannisses, et dessous une demi-douzaine de tables carrées en bois et des chaises paillées. Quatre vieux messieurs, moustachus, bedonnants sont rassemblés pour bavarder. En même temps que nous arrive une femme à la robe et la chevelure noire portant des provisions dans des sacs : c’est la patronne ; Bien sûr qu’on peut manger, mais pas maintenant. Il faut d’abord ouvrir la cuisine (caravane) et allumer le barbecue.

Nous descendons à la plage, pas très convaincues. Peut être le restaurant sur la colline en face avec sa grande terrasse bleue serait mieux ? Nous reprenons la voiture jusqu’à la fourche, traversons une vraie forêt de lauriers roses. Au milieu coule un ruisseau. Passons à côté d’une belle plage de sable gris presque déserte. Un couple profite de l’occasion pour une baignade naturiste. La piste qui remonte vers le restaurant n’est pas carrossable pour la Panda, il aurait fallu un SUV !

Kavados, petit port et plage

Nous redescendons à la plage pour une merveilleuse baignade. Je nage en regardant les collines en pente douce cultivées de blé. En nageant, je compte les fermes dispersées. Il y en a bien une dizaine. La pointe sud de Naxos est loin d’être déserte, elle est seulement mal reliée par la route. En revanche, par bateau, c’est un paradis préservé ! 3 yachts sont dans le port, deux beaux deux-mâts et un gros à moteur. Calme. J’imagine que du temps d’Ulysse, le décor n’a pas changé. J’imagine le navire, ou le radeau échouer sur cette plage.

Nous remontons à la « taverne typique » vers 13h30. Un couple nordique est attablé. Ils semblent être des habitués et parlent grec avec la patronne. Pas de voiture, ils ont peut-être un bateau. On vient d’allumer le barbecue : des ceps de vignes sont entassés à côté d’une table de pierre.

Bien qu’on soit à la mer, pas de poisson au menu. La dame proteste. Elle est agricultrice. Tous ses produits viennent de sa ferme. Elle élève des moutons et des chèvres. Menu viande uniquement. On peut aussi commander des légumes. « Voulez-vous des frites ? « – « Non ! », la dame est vexée « vous n’aimez pas les patato naxou ? ». Les pommes de terre de Naxos ont été distinguées et possèdent une appellation contrôlée ; Tous les naxiens en sont très fiers. Dominique commande des beignets de courgettes et d’aubergines, et moi des petites côtelettes avec les frites de patato naxou.

Pendant que la dame cuisine, Dominique trouve un prétexte pour lier connaissance avec les bergers qui ont des bâtons longs comme des houlettes. Elle emprunte mon canif qui ne coupe plus bien et demande aux messieurs s’ils ont de quoi l’affûter. Bien sûr ! ils n’ont pas besoin d’un fusil ou d’une pierre, un autre couteau suffit. Occasion de les filmer, ils sont très photogéniques.

les bergers de Kavados

L’assiette des côtelettes est remplie d’un haut tas. Quand je le découvre, je proteste qu’il y en a trop. Mais dès que j’ai commencé deux ou trois manchons je réclame le reste ; je n’ai jamais mangé des côtelettes pareilles ; pas grasses, gouteuses. La viande sent le thym que les bêtes paissent dans la montagne. Les courgettes et les aubergines sont aussi délicieuses avec une pâte très fine, craquante.

Retour par la même route, sauf qu’à Halki nous avons raté la route de Sagri et avons fait un long détour presque jusqu’à Hora.

A Mikri Vigla, une surprise nous attend : les ailes des Kite-surf  volent. Il y en a de toutes les couleurs. Les surfeurs glissent et s’envolent. C’est très joli mais cela inaugure la saison touristique. Avec eux est arrivé un énorme camion noir et un pick up qui nous bouchent la vue. Dans le camion, des planches de surf. Le propriétaire est chez lui, c’est un ami des propriétaires. Il revient tous les ans. Il est chez lui, et nous ne sommes plus chez nous.

 

Dublin : Château – Christchurch – National Gallery

CARNET IRLANDAIS  

Chateau de Dublin : tour médiévale
Chateau de Dublin : tour médiévale

Je descends du 66b sur les quais de la Liffey dès que j’aperçois les toits du château.

On visite individuellement les cours et jardin ainsi que les appartements d’Etat. La visite guidée est tout à fait recommandée, elle permet d’accéder aux fondations médiévales – même vikings – et d’entrer dans la chapelle. Le château est un ensemble assez hétéroclite : une grande cour géorgienne (18ème siècle) pavée entourée de bâtiments symétriques avec fronton et colonnes, un clocheton élégant. Dans la cours du bas, il y a la d’un côté, la tour médiévale et la chapelle néogothique, en face un bâtiment géorgien, un immeuble moderne ferme la quadrilatère.

Chateau de Dublin : cour géorgienne
Chateau de Dublin : cour géorgienne

En attendant l’heure de la visite, je découvre seule les jardins contemporains. Le parterre central est circulaire et décoré d’entrelacs à dessin celtique. Là, se trouvait un étang noir Dubh Linn qui a donné son nom à Dublin. Dans un coin se trouve un mémorial aux victimes des guerres civiles. De l’autre côté du jardin, j’entre dans la Chester Beaty Library où on garde des livres anciens précieux. En ce moment se tient une exposition de Corans précieux. Accueil sympathique, entrée gratuite, mais je n’aurai pas le temps de la voir.

La visite est menée rondement. Patricia, la guide, marche vite, parle vite, elle a beaucoup de choses à raconter. De la forteresse construite en 1204 par Jean D’Angleterre (Jean Sans Terre 1167-1216), il ne reste que la Tour ronde et les fondations d’une poudrière que l’on découvre dans les sous-sols. Les archéologues découvrirent même des vestiges vikings, ces derniers construisaient de bois et ont laissé peu de traces, des peignes et des pinces à épiler. Les fondations sont entourées d’une eau verdâtre qui provient de la rivière Poodle maintenant enterrée.

Château de Dublin : chapelle néo-gothique
Château de Dublin : chapelle néo-gothique

Depuis Jean Sans Terres, le château fut le siège du pouvoir anglais délégué à des vice-rois. En 1535, le Parlement Irlandais reconnu Henry VIII comme chef de l’Eglise Irlandaise. La chapelle néogothique (début 1800) rénovée récemment est passée du rite anglican au rite catholique pur être dé- consacrée pour restauration finalement. Elle est utilisée maintenant pour des concerts, expositions et même événements plus frivoles. Les boiseries de chênes sont magnifiquement sculptées, aux armes des différents vice-rois.

Dans un coin de la cour, un panneau signale que Bram Stoker a travaillé dans les bureaux situé dans le bâtiment géorgien.

Appartements d'Etat : salle
Appartements d’Etat : St Patrick’s Hall

Les appartements d’Etat s’ouvrent dans la cour supérieure. Cette cour occupe l’espace du château médiéval qui a été détruit lors d’un incendie. Le Château de Dublin est un « working castle », encore en fonction ; c’est le lieu des réceptions officielles. La semaine dernière François Hollande y est venu. Avant lui, Nelson Mandela, Kennedy, et la Reine Elisabeth.

St Patrick’s Hall : grande salle de balle tendue de bleu et or ; pavoisée de drapeaux. Patricia nous montre  La Harpe celtique – symbole officiel de l’Irlande . Le trèfle irlandais est le symbole de Saint Patrick. Guinness qui est une institution à Dublin a aussi choisi la harpe mais inversée.

Dans la salle à manger, la table est dressée comme pour un dîner officiel avec la « porcelaine d’Etat », blanche, très fine très sobre avec pour seul décor une harpe. Le vice-roi ne présidait pas en bout de table mais au milieu avec le dos à la cheminée pour mieux participer aux conversations.

Appartemetns d'Etat : drawing room
Appartemetns d’Etat : drawing room

Dans la Salle du trône, les dimensions du trône sont imposantes, construit pour le roi George IV qui avait une stature hors norme. Pour Victoria on a imaginé une sorte de tabouret rembourré pour lui permettre d’y grimper et de trôner en majesté ;

La Drawing Room, pièce des dames est la plus élégante. J’ai longtemps été étonnée par cette appellation ; « Drawing » m’évoquer des dessins. Pas du tout cela vient de withdraw = se retirer. A la fin du dîner, les hommes restaient fumer, boire, discuter politique et affaires, les dames se consacraient à des activités plus frivoles. L’histoire du château de Dublin se confond avec celle des rois et reines d’Angleterre, entre Stuart et Orange, succession des George, règne victorien…

Il faut aussi imaginer que le château fut transformé en hôpital pendant la Première Guerre Mondiale.

On commémore cette année le centenaire de la Révolution de 1916. Une exposition occupe plusieurs salles du château avec des panneaux illustrés. Patricia nous explique que la dernière exécution, le 12 mai 1916 de James Connolly retourna l’opinion publique qui, au début du soulèvement était tiède : de nombreux soldats irlandais se battaient dans l’armée britannique en guerre.

Le Château est un lieu symbolique de l’Indépendance Irlandaise : deux photos sur le mêm bureau se font face celle de Michael Collins qui reçu les clés du château des mains de Lord Fitzallen, dernier vice-roi. Cette semaine Theresa May vient à Dublin parler du Brexit. Les Irlandais se sentent très concernés par la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne : la frontière avec l’Irlande du nord va-t-elle être rétablie ?

Christchurch

Christchurch
Christchurch

Christchurch se trouve à proximité du château. Après la longue visite guidée, je n’ai pas très envie de faire une visite exhaustive. Le prêtre est en chaire, ce n’est pas l’heur pour le tourisme. L’office se termine. Le Pasteur serre la main de ses ouilles et celles des visiteurs. Encore une église commencé avec le style roman terminée gothique, beaucoup remaniée au 19ème siècle. La crypte est impressionnante avec ses gros piliers. Elle est transformée en musée fourre-tout. Costumes d’époque. Audiovisuel racontant l’histoire de l’église (intéressant), un panneau détaillé racontant la Bataille de la Boyne (je commence à mieux comprendre). Comme le château, siège de la vice-royauté, Christchurch est la Cathédrale anglicane. Je devrais visiter Saint Patrick !

Déjeuner fish&chips

Fish & chips
Fish & chips

Pour déjeuner, sur Dame str., Il y a l’embarras du choix, pubs traditionnels, fast food, restaurants exotiques du monde entier. J’entre chez Beshoff : à Howth j’avais remarqué les dizaines de personnes mangeant dans le jardin des frites dans de jolie barquettes ou se promenant avec des sacs Beshoff. Il sert des Fish&chips mais également des moules ou des fruits de mer à la place du poisson. Beshoff de dame st. fonctionne comme dans la restauration rapide : on commande au comptoir mais on n’attend pas debout ; on emporte un numéro, on choisit sa table et la serveuse arrive avec les couverts et un plateau de bis rappelant une caisse à poissons. Les frites sont artisanales, grosse, irrégulières, savoureuses. Le cabillaud est délicieux et la friture légère.

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J’ai envie de voir la peinture irlandaise de la National Gallery. Bâtiment moderne très clair, ouvert à tous. Je suis encore surprise de ne trouver ni contrôles de sécurité ni billetterie. Dans le hall Bernard Shaw en pied (et en bronze) nous accueille. Malheureusement les salles de peintures irlandaises ne sont pas accessibles aujourd’hui. Je ne découvrirai pas les peintures de l’autre Yeats (le peintre, frère du poéte). En revanche il y a un Picasso à côté d’un Braque, plus loin Seurat etc…la peinture française est bien représentée ?

Retour par le 66b sous la pluie battante.

Galerie d’Art Moderne

CARNET ROMAIN

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La Galerie d’Art Moderne se trouve à quelques pas de la Villa Giulia. Elle occupe un vaste bâtiment de l’Exposition Universelle de 1911 qui me fait penser – de loin – aux Petit et Grand Palais parisiens. Précédé de 4 double-colonnes soutenant un fronton orné de guirlandes.

Avant la visite nous déjeunons au Caffe delle Arti. Sur la grande terrasse au soleil, des tables sont dressées séparées par de petites haies vives, nappes et serviettes en tissu, beaux couverts. Les garçons sont très stylés, costume noir, cravate noire, tablier boutonner sur le devant. La carte est très complète : viandes et poissons, antipasti variés. Nous nous arrêtons aux primi (13/14€) segundi( hors de prix)choisissons ravioli- ricotta-épinards avec une sauce de tomates fraîches, un brin de basilic et parmesan à volonté. Pur mi des pâtes bizarres à section ronde mais tortueuses, avec des lamelles de courgettes, roquette, gamberi(mi-crevette mi-langoustine), la sauce jaune est un délice. La qualité de la cuisiine est à la hauteur du cadre et du décor.

De Chirico
De Chirico

Tris expositions temporaires à la galerie ? L’une autour du cercle en céramique, une autre célébrant Antonioni : 1400 scati di Enrico Appetito. On voit des images du Désert rouge, de l’Avventura, des dizaines de portraits de Monica Vitti, une interview de Roland Barthes, des séquences de ses films sur des écrans. Retour aux années 60. J’ai envie de revoir ces films de la meilleure époque.

La troisième exposition temporaire « contropittura de Pablo Echaurren » s’appelle aussi Le Questione Murales . Dans ces œuvre de 1977, pas de Street Art ni de fresques murales encore moins de tags, il s’agit de grands tableaux très peints, très colorés. Si l’auteur se définit « parmi les Indiens métropolitains » sa peinture reste sagement sur les toiles.

Giacometti
Giacometti

Dans les salles avoisina les expositions sont exposés des tableaux de la fin du XXème siècle qui occupent de vastes espaces. Beaucoup de monochromes : quel ennui ! De grands tableaux avec de grands motifs répétitifs, c’est à peine mieux. Quelques œuvres sortent du lot des faucilles et marteau d’Andy Warhol, le pont sur le Tibre emballé par Christo, je reconnais les rayures de Buren. Peu d’américains, surtout des Italiens, Grecs, roumains, Bulgare, et pas mal de Français. Mention spéciale à Gastone Novelli pour ses grandes toiles blanches parsemées de petits graffitis poétiques Pour la recherche d’un nouveau langage. Deux silhouettes longilignes devant une longue toile sont signées Giacometti. Un couloir sombre consacré au thème Lumière et Mouvement, réunit des œuvres des années 60 presque toutes sur le même principe de fines rayures verticales. Ce couloir conduit à la salle Duchamp/Man Ray, le célèbre urinoir, le portoir de bouteilles.

Les salles voisines renferment des collections antérieures. Le guide bleu m’avait appâtée avec un Klimt, des Courbet, Monet, divisionnisme et futurisme. Elles sont désespérément bouclées. Pourquoi ? Je ne le saurai pas.

Nous rentrons par le tram19 et le 23. Vers 15h30, nous sommes de retours à la Piazza Trilussa. Il me reste une bonne heure pour traîner autour du Campo de’Fiori, Piazza Navona. Je prends la Via Giulia, un peu le Corso. La piazza Navona est toujours aussi bondée, je découvre le Cloître de Bramante, je rentre en découvrant ici, une colonne antique, là une façade peinte. Je goûte cette flânerie. Bientôt je pourrai me repérer sans carte. J’ai mes jalons.12

Restaurant à Barberini, coucher de soleil sur le Janicule

CARNET ROMAIN

Les toits de Rome vus du Janicule : Panthéon
Les toits de Rome vus du Janicule : Panthéon

13h30, où déjeunerons-nous ?

Les alentours de la Piazza Venezia ne semblent guère accueillants, le Colisée trop touristique, nous embarquons dans le bus n°80 qui traverse des rues noires de monde. Les gens sont chargés de paquets de leurs achats de Noël. A Barberini deux terrasses couvertes et chauffées conviennent à ce jour frais et humide. Nous choisissons la belle pizzeria Bottega Italia, Via Veneto.

Je commande un risotto gingembre, citron, et coquilles Saint Jacques cuisine fine, excellente (rien à voir avec le risotto fruits de mer décevant pour touristes du Colisée) et Dominique a choisi végétarien avec des beignets de fleur de courgettes et un assortiment de légumes grillés, poivrons, courgettes, aubergine et même radicchio – a priori, bizarre de griller de la salade, mais moi j’aime. Bien sûr c’est un peu plus cher, mais tellement plus confortable avec une jolie table, un bouquet de petit hou, nappe et serviette en tissu et un bon radiateur rayonnant.

Promenade au Janicule

Rome vue du Janicule
Rome vue du Janicule

Veille de Noël, les musées ferment à 14h. Du  Trastevère je  monte au Janicule par la Via Garibaldi juste au bout du vicolo Moroni. Cela grimpe dur, surtout la Via Porta San Pancrazio qui se termine par un escalier. La Passeggiata del Gianicolo est une chaussée goudronnée entre deux rangées de platanes dominant de beaux jardins (Jardin Botanique fermé). Les stèles blanches des compagnons de Garibaldi bordent la route jusqu’à l’impressionnante monument de Garibaldi. Ici, ont eu lieu les combats qui m’ont tant ennuyée quand j’ai lu les mémoires de Garibaldi, eut être si j’avais lu sur place….Je cherche parmi les groupes de combattants Anita Garibaldi qui est un personnage intéressant.

Le soleil baisse derrière les grands pins que nous avions remarqués du Capitole. En face du monument, de la terrasse panoramique la vue sur Rome est étendue sous une belle lumière. Les ruines du Palatin ressortent sur la verdure, le Dôme du Panthéon émerge de la mer des toits, impressionnant, le Monument Victor Emmanuele dépasse tous les autres. Je suius incapable d’identifier toutes les coupoles et les clochers. Sur le chemin du retour je fais presser une famille de touristes français « dépêchez-vous, le soleil se couche ! ».

Veille de Noël, le Trastevère est vide, bars à bière et « street-food » baissent leurs rideaux de fer. Heureusement la COOP de l’autre côté du pont Sisto est encore ouverte, les retardataires se pressent devant les rayons de fruits ou de vins. Je rentre avec deux grands sacs pleins, un panettone, du saumon fumé. Je décore la table de notre cuisine à la cave de clémentines avec leurs feuilles.

Pont Sisto – via Giulia – Campo de’Fiori – Trastevere

CARNET ROMAIN

pont Sisto
pont Sisto

En face de la Place Trilussa, le pont Sisto, piétonnier enjambe le Tibre qui luit comme un miroir mais qui semble bien vide en comparaison  avec la Seine et ses péniches. Ses quais aussi sont déserts malgré une piste cyclable, et une promenade peu fréquentée sous ce soleil magnifique. Les grands platanes se reflètent dans l’eau.

fuite en Egypte
fuite en Egypte

 

 

 

Un musicien joue. Des pakistanais ou indiens vendent des jouets, un autre vendeur a installé une crèche miniature sur le parapet avec la Fuite en Egypte et même une Arche de Noé.

 

 

 

 

La Via Giulia  passe le long du Palazzo Spada, longe des jardins dans les grands murs du Palais Farnèse .

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via Giulia

Un arche enjambe la Via Giulia un peu après le consulat de France, il y a aussi une belle fontaine. Nous photographions l’arche, la fontaine…Les soldats italiens qui protègent le consulat français nous grondent :  « pas de photo ! ». Nous en trouvons d’autres à l’entrée du Palais Farnèse,  motorisés. Des barrières de sécurités empêchent de s’approcher, et gâchent l’ordonnancement de la place Farnèse. L’armée italienne veille sur les biens français ! On a juste le temps de s’ébaudir devant les proportions monstrueuses du palais .

campo de'Fiori
campo de’Fiori

 

Tout proche, le Campo de’ Fiori avec son marché aux fleurs très coloré est plus avenant. Dominante rouge à l’approche de Noël : poinsettias, branchages avec de petites baies rouges, cyclamens, verts sapins de Noël. En face se trouve un marché de luxe. On peut y faire ses achats de cadeaux : victuailles, pâtes colorées aux formées variées, mini-bouteilles d’huile d’olive ou de vinaigre de Modène, mini-fiasques de Chianti.

Du marché dépasse un moine de bronze : Giordano Bruno  sur l’emplacement de son supplice et de son bûcher, le 17 février 1600.

Giordano Bruno
Giordano Bruno

Les restaurants ont installé leurs tables en terrasse comme en été. Elles ont l’air chic, on se laisse tenter.

Dominique commande un verre de vin blanc,  nous mangerons plus tard.Je me promène dans les environs et découvre l’autre côté du march : des primeurs à prix raisonnables, oranges et  clémentines de Sicile, radicchio (salade Trévise) brocoli et chou romanesco, artichauts et épinards. Produits locaux.

La via Guibbonati est bordées de boutiques de cuir, sacs colorés, chaussures chics à prix abordables (moins de 100€), confection élégance italienne. J’achèterais tout ! Je débouche sur la Via Arenula où circule le Tram n°8 rejoignant le Viale Trastevere par le pont Garibaldi. Tibre et N°8, je prends mes premiers repères dans Rome. J’arrive sur une place ornée de pins magnifiques avec en son centre des colonnes brunes : Area Sacra Argentina où se trouvent les vestiges de temples de l’époque républicaines mais difficile à identifier. Plus amusant : un refuge pour les chats sauvages du quartier. Un écriteau précise que les mineurs ne peuvent venir seuls et doivent être accompagnés de leurs parents.

Area Sacra - ruines de la Rome républicaine
Area Sacra – ruines de la Rome républicaine

En revenant sur mes pas, je découvre Simply market où nous achèterons les produits de base.

Déjeuner au Maranega : salade composée servie dans un bol de la taille d’un saladier familial : maïs, tomates-cerises, radicchio, roquette et deux « croutons » au fromage (taille d’une belle tartine).

Il fait bien trop beau pour rentrer, nous allons sur la rive ensoleillée du Tibre. Je continue le long de l’Île Tibérine jusqu’à la synagogue – curieux édifice du début du XXème siècle surmonté d’une haute coupole carrée inspirée du style babylonien (selon le Guide Bleu). Vendredi 15h, tout est fermé, synagogue et Musée Juif.

Théâtre de Marcello
Théâtre de Marcello

Le Portique d’Ottavia (Octavie, la sœur d’Auguste) est difficilement visible derrière des échafaudages, une petite église a été construite au milieu de la colonnade, mais il y a un panneau qui reconstitue le monument imposant autrefois. Plus étrange encore, les arcades du Cirque de Marcello, projeté par César, réalisé sous Auguste. Construction rouge brique, puis de pierres blanches surmontées d’habitations avec des fenêtres vitrées. Ce cirque inattendu me parait tout à fait extraordinaire. En face, de l’autre côté d’une rue très large et très passante je devine les ruines dans la verdure du Palatin.

 

Notre quartier, le Trastevère est très agréable avec ses rues étroites et tortueuses et ses placettes. Restaurants et bars ont remplacé les ateliers des artisans mais il reste encore quelques ferronniers, chauffagistes ou menuisiers dans se quartier qui se boboÏse. J’ai du mal à trouver des boutiques ordinaires, boucher ou boulanger. Les minimarkets vendent plus de whisky et de bouteilles de vin de luxe (premier prix 8€) que de lait ou de produits d’entretien. Fruits et légumes sont bio ou exotiques toujours très chers. Quand je cherche un café avec Wifi je découvre des « bars à livres » ou des « livres et chocolats » et des boutiques d’artisanat d’art. Le seul supermarché – Conad – est sur le Viale Trastevere.

santa maria in trastevere

Au hasard de ma promenade je découvre les églises du quartier, Santa Maria in Trastevere est ornée de mosaïques byzantines, sur sa façade et dans l’abside du chœur. Dans le narthex, pour Noël on a installé une crèche amusante. Sous un auvent dînent des villageois qui ont invité des africains – des migrants ?

Dîner dans la crèche, qui sont les invités? les rois mages ou les migrants africains?

L’église est bondée. Des enfants en chemise rouge sont massés près du chœur. Les parents se préparent à immortaliser l’évènement avec caméras ou smartphones. Le tourisme sera pour un autre jour.

la-boccaccia

Pour dîner, j’achète des parts de  pizza au fournil Boccaccia sur la petite place au bout du vicolo Moroni, après le multiplexe du Trastevere (programmation Arts et Essai). J’ai l’embarras du choix : on apporte de longues plaques rectangulaires de pizzas variées et le serveur découpe des arts à la taille désirée les met sur la balance. J’en commande une au radicchio-jambon cru, une autre brocoli-asperge-mozzarella. Il réchauffe les parts et les emballe dans un papier sulfurisé. Dîner typique, excellent et  bon marché (3€)