Apeiranthos et les mines d’émeri

CARNET DES CYCLADES – NAXOS

Apeiranthos : sous le platane

Pittoresque village perché du centre de Naxos, entre 600 et 700 m. Sa position géographique le protégeait des pirates, d’où son nom (a- privatif – et pirate) selon le Petit Futé. Village chargé d’histoire, peuplé depuis 3000 ans av JC d’après les idoles cycladiques du Musée, aux temps minoens par les Crétois. A l’époque contemporaine le 1er résistant de la 2ème guerre mondiale Manolis Glezos décrocha le drapeau nazi de l’Acropole le 30 mai 1941. Homme de gauche il faut à nombreuses reprises incarcéré, député du PASOK puis de SYRIZA est à l’initiative d’actions contre l’austérité.

Apeiranthos possède 5 musées et de nombreux cafés et tavernes qui attirent les touristes.

Pour y parvenir, nous passons par Halki, Filoti et par un itinéraire spectaculaire qui contourne le mont Zas avec des échappées sur la mer. La route embaume l’odeur sucrée et entêtante des genêts qui forment des pyramides ou des boules jaunes au feuillages et aux fleurs minuscules et très serrées. La route contourne le village et il existe un grand parking à l’entrée, on trouve aussi des places près de l’église. Aujourd’hui, dimanche, il y a affluence à l’église pour la messe.

Les Musées n’ouvrent qu’à 11h sauf le Musée d’Archéologie à 10h. je me promène donc en attendant l’ouverture dans les rues désertes où les cafés attendent les touristes qui arriveront après 11h. Village aux murs blancs, aux rues étroites soigneusement dallées de marbre aux belles maisons à étage avec des balcons en ferronnerie aux encadrements des portes en marbre. Ici on peint sa porte et ses volets en marron – cela change du bleu si usité dans les Cyclades. Les boutiques de produits locaux (huile, herbes et aromates) sont présentées avec beaucoup de goût et de variété. Les enseignes des restaurants sont peintes, les menus semblent originaux. Sur l’ardoise le plat du jour :  beignets de fleurs de courgettes. Le plus beau kaféneion se trouve sous le platane en face du bâtiment contenant les musées.

Petroglyphe

Le musée archéologique occupe une grande pièce en rez-de-chaussée. En face de la porte on voit des pétroglyphes trouvés dans le sud-est de Naxos (3ème millénaire av. JC) représentant des scènes de chasse et plus loin d’autres non figuratifs avec des spirales et des cupules datées 2700 av JC).

Des armoires contiennent de la vaisselle en céramique fine aux formes originales.

Les idoles cycladiques sont malheureusement à l’état de fragments, 2 jambes, le torse. L’harmonie de ces petites sculptures n’est pas perceptible dans ces morceaux ;

Aucune explication. Le gardien téléphone sans prêter attention à moi.

L’exploitation de l’émeri

Un tout autre accueil m’est réservé au Musée de Géologie. Un seul ticket(3€) pour les 4 autres musées, folklore, Beaux-Arts ou Histoire Naturelle (dans un autre bâtiment).

La conservatrice du Musée de Géologie , souriante, me fait l’honneur d’une visite guidée. La première salle est dédiée à la Géologie de Naxos, la seconde est plus généraliste.

La géologie de Naxos est complexe. Le trésor local d’Apeiranthos est l’émeri exploité autrefois dans des mines des environs. La visite commence donc par une vitrine contenant de l’émeri. C’est du Corindon (Al2O3) et des spinelles.  L’émeri est une roche contenant un mélange pour 57% Al2O3, 23% Fe3O et divers oxydes. On voit différents agglomérats de corindon et d’autres cristaux comme le grenant et la sillimanite.

La Naxite est une autre roche originale de Naxos : roche blanche contenant des cristaux bleus, des saphirs et des traces d’amphibolites. Les minéraux blancs ne sont pas des carbonates formant le marbre comme je m’y attendais mais des minéraux riches en alumine, des micas, silicates.

 

 

La formation du corindon est expliquée :

  1. La bauxite Al(OH)3 subit l’érosion pendant des périodes de pluies tropicales
  2. Elle se dépose en milieu aquatique dans des plaines côtières ou dans des pièges karstiques, elle est altérée en Al OOH
  3. Dépôt de calcaire
  4. Métamorphisme : le métamorphisme est envisagé dans le cadre de la tectonique des plaques. Avec la subduction, la Pression et la Température augmentent les oxydes d’alumine AlOOH sont transformés en Corindon Al2O3

La carte géologique de Naxos montre l’extrême complexité de l’île divisée en 4 grandes régions

  1. Zone métamorphique avec marbres et schistes
  2. Migmatites
  3. Intrusion granodioritique
  4. Sédiments récents

Je comprends alors le chaos granitique de Mikri Vigla tandis que nous avons traversé des régions de marbres et schistes.

Le métamorphisme a toujours été pour moi difficile à saisir ; Métamorphisme de contact autour de l’intrusion granodioritique ou métamorphisme général dans le cadre de la tectonique des plaques ?

La dame me montre une autre curiosité de Naxos : les cherts de Stelida . Stelida est la petite colline pointue près de l’aéroport qu’on voit de la plage de Mikri Vigla. Dans ces cherts on trouve du quartz, du zircon et de l’hématite. Ces cherts ont été utilisés dans la Préhistoire pour faire des outils.

Encore une curiosité : les fossiles de vertébrés d’une faune africaine et des dents d’éléphants nains (comme à Malte) .

J’aurais pu rester beaucoup plus longtemps dans ce musée mais il en reste 3 autres à visiter !

Le Musée folklorique est sympathique avec quelques meubles et des photos anciennes de fêtes avec des musiciens.

Le Musée des Beaux-Arts est décevant. Aucune œuvre ne m’a vraiment parlé.

Le petit Musée d’Histoire Naturelle se trouve tout en haut du village ? Il occupe une pièce ? !bien sympathique mais bien poussiéreux : coquillages, éponges, coraux m’ont intéressée. Les champignons tombent en poussière ;

Le départ du sentier de randonnée N°5 est en face du Musée, sous un petit pont. Sur la flèche je lis Aghia Kiriaki (1h) Ag. Theologos (25mn). Aghia Kyriaki contient des fresques intéressantes iconoclaste mais avec le retour il faut compter 2 heures et il est déjà midi ! je n’arriverai pas au bout !

Le chemin est une allée dallée avec des marches qui descend. Il est très bien  tracé et passe d’abord entre des buissons de cistes roses (ciste de Crète ?) puis se transforme en chemin creux à l’ombre de chênes-verts. C’est une promenade fraîche (on est en altitude) dans une campagne cultivée. De temps en temps un grillage doit être poussé (et remis), par moment je retrouve le dallage du chemin, parfois grossier (il fait mal aux pieds) on passe dans le creux d’un ruisseau. Je n’ai pas vu Ag. Theologos des flèches pointent Aghia Kyriaki, j’ai déjà marché 35 minutes, je reg=brousse chemin à regret. La remontée est beaucoup plus facile que je ne le craignais.

A Apeiranthos, Dominique a dû subir l’envahissement par 4 cars de touristes qui n’éteignent pas leur moteur (pour la clim) et qui se sont déversés simultanément dans ce petit village.

La route d’Apeiranthos à Moutsouna sur la côte orientale de Naxos est une route spectaculaire avec des vues étendues sur les îles ? C’est aussi une route vertigineuse et étroite. Nous n’aurions pas aimé croiser un autre véhicule. Le thym en grosses boules violette s’étale sur la chaussée.

Nous découvrons les vestiges de l’exploitation minière de l’émeri : le télétransporteur qui relie la mine au port, les pylônes sont encore reliés par les câbles.  On voit même les bennes de l’émeri.

Moutsouna : l’ancien port de l’émeri

Moutsouna : une petite plage, un port, deux barques de pêcheurs, un haut portique et le rail de l’émeri qui rouille sur place. Deux ou trois tavernes. Nous choisissons celle qui a des chaises bleues et qui est à l’ombre des tamaris. La carte comporte un classeur avec les photos des plats. Les prix sont sensiblement plus élevés qu’hier. On prend encore petite friture et sardines. 9 sardines sont alignées dans une sauce à l’huile et au citron. Dalaras chante « s’agapo.. ». Dès que j’ai fini mes petits poissons je vais me baigner. Dominique me fait de grands gestes : on nous offre le dessert, entre fromage blanc et blanc-manger avec un glaçage coulis de fraise et un petit verre de kitron, glaçage citron et un sorbet à la fraise. C’est sympa, on ne prend jamais de dessert dans les tavernes.

Après une nouvelle baignade je commande du café grec. Au village j’ai lu une nouvelle appellation du café grec « café-ibrik », je connaissais café turc devenu café grec, café byzantin. Encore une gentille attention, le serveur a mis les billets de 10 € de la monnaie en cornet autour d’une fleur de géranium. Sympa et original !

Le musée a été une excellente introduction à notre visite aux mines d’émeri. Dans une boutique d’Apeiranthos j’a trouvé deux feuilles imprimées sur l’Emeri de Naxos. J’y apprends que le nom émeri viendrait du grec « smiris », roche noire bleutée très dure (la dureté du corindon est inférieure d’un degré à celle du diamant). L’émeri est commercialisé sous forme de poudre pour le polissage des métaux, du verre, du marbre, on connaît la toile d’émeri, on l’incorpore aussi aux revêtements antidérapants. Depuis 1852 les dépôts d’émeri appartiennent à l’Etat Grec qui en a cédé l’exploitation aux villages d’Apeiranthos et de Koronos. L’extraction se faisait dans des tunnels et occupait en 1913-1914 mille mineurs. En 1930 un « télé-transporteur » fut mis en service pour acheminer l’émeri à Moutsouna. Il a fonctionné avec 72 pylônes jusqu’en 1978/ Maintenant hors d’usage il marque encore le paysage. On peut accéder au site par, une petite route 5 km avant Moutsouna. En face gardé par une grille on voit un dépôt de roches noires. Il faut encore parcourir 3.5km pour découvrir les tunnels cimentés et les bâtiments anciens qui tombent en ruine. Le creux du vallon est fleuri de lauriers roses ; Je marche, essayant de repérer parmi les cailloux des cristaux brillants, noirs de corindon, ou brillants de muscovite ; j’en sélectionne 3 puis les jette ; Quand on voyage en avion il n’y a pas de place pour les cailloux. J’aurais rêvé d’une visite accompagnée par un géologue qui m’aurait entraînée dans les tunnels (je n’ose pas y pénétrer seule). J’aurais aussi aimé comprendre pourquoi cette activité a cessé.

le Sourire d’Homère -Jean Soler

LIRE POUR LA GRECE

Au lever du jour, le lis Le sourire d’Homère

« Et nous restons de grands enfants, comme le public d’Homère, quand nous aimons entendre des contes pareil… »

Je l’ai commencé entre Le Pirée et Amorgos, il m’a accompagnée dans « l’Aurore aux belles boucles à Naxos « et j’ai beaucoup aimé ce livre charmant, et pourquoi pas souriant. Jean Soler nous raconte l’Iliade et l’Odyssée, non pas sur le mode tragique, mais sur celui du conte poétique. Il s’attache à nous faire connaître les dieux de l’Olympe et les croyances des Mortels dans ces dieux. Et ces dieux ne sont pas toujours sérieux.

« Soit…Soit… » : souvent chez Homère, le même Evénement peut trouver une explication naturelle et une explication surnaturelle. Les dieux paraissent surajoutés pour donner au récit plus de piment. Les interventions divines sont rarement nécessaires. Elles enjolivent l’action, elles ne la déterminent pas »

 

IlRésultat de recherche d'images pour "le sourire d'homère jean soler" décrit le monde grec antique, en s’appuyant sur les textes d’Homère : le bouclier d’Achille contient tout le monde connu, merveilleux tableau. Il décrit aussi le monde des dieux qui ne diffère pas tellement du monde grec

« Ce sont les hommes qui créent les dieux à leur image. Les dieux ne sont que des Grecs avec plus de moyens. Pas n’importe quels Grecs cependant : des rois, des chefs qui ont le privilège de disposer d’un certain pouvoir sur d’autres hommes, et de n’être pas astreints à travailler eux-mêmes pour vivre »

La comparaison est récurrente entre les dieux fêtards et volages de l’Olympe et le Dieu omnipotent du monothéisme. Monde polythéiste plus tolérant, plus souriant, où aucune injonction de pureté ne règle la morale comme dans les commandements bibliques.

« Le statut des infirmités est un bon révélateur de ce qui distingue le monde polythéiste et le monde monothéiste[….]Héphaïstos est un dieu qui boîte mais il est honoré pour son ingéniosité technique. Démodocos est un aède aveugle mais il est célébré pour son art

« Les dieux de l’Olympe peuvent rire les uns des autres.... » note-t-il plus loin.

et nous rions avec eux, de leurs querelles de ménage, tromperies et manigances. la guerre de Troie est une diversion amusante, mais leur intervention n’est pas déterminante. Chez Soler (chez Homère selon Soler) il n’y a aucune glorification de la guerre

« La mort de Patrocle est ignominieuse. Il n’est pas tué dans un combat loyal et un dieu est associé à cette infamie? Il n’y a pas de belle mort, de mort glorieuse dans l’Iliade »

Les dieux se mêlent aux combattants, Aphrodite pour protéger Enée est atteinte par un trait de Diomède, Zeus s’adresse à elle « Le lot qui te revient, mon enfant, ce n’est pas les oeuvres de guerre…[….]Tout cela n’est pas bien sérieux. Un dieu ne risque pas de mourir. Zeus « sourit ». Et Homère s’amuse »

Soler cite les comparaisons d’Homère avec le monde animal, « Comme au printemps l’on voit dans l’étable à brebis; le lait rempli dans les vases jusqu’au bord, des mouches voler en pelotons compacts : aussi nombreux, les Achéens aux longs cheveux font halte dans la plaine des Troyens… » […] »De même qu’un cheval qu’on a gardé longtemps oisif à Ces l’écurie… » « De m^me qu’un âne obstiné qui longe un champ tient tête à des enfants »….

« Ces différentes comparaison mettent en avant les correspondances entre les actions guerrières des hommes et leurs activités pacifiques… »

Ces évocations de la vie rurale me font rêver. Grèce d’Homère encore proche de la Grèce d’aujourd’hui. Cette lecture savante et poétique me ravit.

La philosophie sous-jascente de religion de l’hospitalité  « Dans un monde où l’on voyage beaucoup pour faire du commerce, pour partir en guerre, ou pour une autre raison, c’est une grande chance de recevoir de l’aide de la part d’inconnus en cas de besoin. » 

« Une raison complémentaire peut aider à comprendre la valeur accordée à l’hospitalité : l’instabilité des conditions sociales. Un roi n’est jamais assuré de rester roi toute sa vie. »

Je me laisse conter Homère. J’y reviendrai!

 

 

la côte nord de Naxos _ Appolonas

CARNET DES CYCLADES

Naxos : Chora vue du monastère Chrysostome, à l’horizon : Paros

A la sortie du port de Naxos, nous montons au Monastère Chrysostome. Une chapelle blanche accolée à la roche brune nous accueille et une route goudronnée grimpe raide jusqu’au grand monastère – grande bâtisse carrée au milieu de jardins et d’une terrasse arborée. C’est un monastère habité qui ne se visite pas. Du parking, le panorama sur Hora est extraordinaire : la citadelle se détache sur la mosaïque des maisons blanches. Justement, le Blue Star Paros quitte le port et passe devant l’ilot de la Portara quand nous filmons. Nous entendons les moines chanter : tout un concert !

Un peu plus loin, nous quittons la route suivant un panneau vers une église et les 3 éoliennes.

Selon le guide Vert nous devrions voire les ruines du Monastère Ypsilotera près de Galini. A Galini une route mène à la mer. Le monastère ne devrait pas être bien loin. La petite route passe dans une campagne verte avec de la vigne et des jardins. Des arroseuses tournent à pleins jets. On ne semble pas manquer d’eau à Naxos ! Nous renonçons à trouver le monastère qui, de toutes les façons ne se visite pas.

La route s’éloigne de la mer pour desservir Egares où Kazantzakis a séjourné. Nous passons sans nous arrêter devant le pressoir à huile trop propre, trop net, peut être un piège à touristes ? La route contourne une retenue d’eau artificielle. Le monastère Faneromanis (17eme siècle) se trouve juste après les barrage, le portail est ouvert, nous arrivons jusqu’à une placette ombragée. Le temps que je m’attife (paréo et foulard) la porte du jardin claque ainsi que celle de l’église. Nous ne verrons pas la belle iconostase dont parle le guide vert. La grande bâtisse carrée a un air sévère dans un beau paysage face à la mer.

Kabos komiakis : baignade

la côte nord de Naxos

Une piste descend vers une petite crique jusque au-dessus des rochers la petite église blanche Aghios Mamas monte la garde. En dehors d’un club de plongée fermée il n’y a rien sur la plage. Un ruisseau dans les roseaux, un vieux puits, quelques maisons à l’arrière. Comme il y a des posidonies je nage avec mon masque espérant que l’herbier attire des poissons. Pas vu un seul, cette année, chaque essai de snorkelling est une déception.

La pointe nord de Naxos

La route en corniche sur la côte découpée est spectaculaire. Alors que du ferry, je la croyais aride et rocheuse, elle est plutôt verte et cultivée. De nombreuse vignes luxuriantes poussent sur les terrasses. Près des maisons des cyprès se détachent avec des jacarandas bleus.

Naxos : Tour Aghia
la tour Aghia

A gauche de la route la Tour Aghia est une tour carrée, vigie près de la pointe de l’île. UN peu plus bas on surplombe le monastère Aghia caché dans la verdure, la façade blanche se dresse alors que le bâtiment a perdu son toit.

Apollonas

le kouros d’Apollonas

Nous guettons le Kouros d’Apollonas, sculpture géante abandonnée sur place depuis le 6ème siècle. Sculpté dans du marbre, je guette les bancs de marbre qui alternent avec le schiste. Bien indiqué, il suffit de gravir quelques marches pour surplomber le géant allongé. Il est de facture si grossière que je suis déçue, à peine ébauché il ressemble plus à un play-mobile qu’à une statue grecque. Sans doute s’est-il brisé au début du travail du sculpteur ?

La petite station balnéaire d’Appolonas est la seule qui possède un hôtel de deux étages au fond d’une baie à l’arrière d’une plage bordée de tamaris, à l’écart du village plus pittoresque avec ses maisons cycladiques (qui sont aussi des hôtels). Plusieurs tavernes se partagent le bord de l’eau. Nous n’avons que l’embarras du choix, du bar le plus simple avec quelques parasols rouges Coca-Cola et des restaurants plus raffinés. Nous choisissons le plus beau avec des tables bleues sous un auvent de bois. Jolis menus et aucune raison de se priver : les sardines et la petite friture ne coûtent que 7.5€ et l’assiette est vraiment bien garnie.

Restaurant Apollon

Je me suis demandée si je viendrai à bout de la pyramide de petits poissons servis comme d’habitude avec des frites (patato naxou), friture très légère. Avec ½ de Retsina, un café grec parfumé l’addition (logariazmo) est la moins salée depuis notre arrivée en Grèce 23€ dans cet endroit chic et touristique.

Avant de manger, j’ai fait un tour sur la petite plage de sable fin, d’eau cristalline.

La route côtière ne va pas plus loin, nous bouclons le circuit par l’intérieur de Naxos. Nous contournons d’abord un petit massif rocheux nommé Kastro (bien qu’aucune citadelle ne le surmonte). La route sur le versant opposé lui fait face. Des terrasses sont aménagées, certaines abandonnées me font de la peine. Je suis toujours désolée de voir le travail de générations d’agriculteurs colonisé par les broussailles en quelques années. Dans les creux poussent spontanément platanes et lauriers roses. Dans la montagne, je fais l’inventaire des essences d’arbres qui poussent : chênes, parfois très grands, châtaigniers, deux ou trois peupliers de grande taille, des noyers portent des noix déjà grosses.

 

Une route  « touristique » (soulignée de vert sur la carte) dessert le village de Koronidhes perché à 700 m d’altitude, tout blanc, adossé à la montagne ; puis elle continue en tortillant vers Koronos où l’on retrouve la route principale jusqu’au carrefour de Stavros Keramotis : une église au milieu d’un carrefour, un peuplier et une vue à 360° sur tout Naxos et les îles environnantes. La route touristique continue avec ses lacets vers Moni puis Halki.

Nous rentrons vers 17h30 avec une centaine de kilomètres de plus au compteur de la Fiat

Journée aventure dans le sud de Naxos : Grotte de Zeus et Baie de Kalados

CARNET DES CYCLADES 

sentier du Mt Zas (Zeus)
Piton rocheux au dessus de Filoti

 

Dominique – sur les suggestions du Guide Vert – a prévu une journée aventureuse en dehors des attractions touristiques, jusqu’à l’extrémité sud de Naxos. Si on regarde la carte du Petit Futé, au sud de Filoti serait une sorte de désert sans villages ni routes. Nous avons acheté hier une carte SKAI où chaque église, chaque moulin, chaque station-service figurent. A l’envers de la carte, 7 promenades sont décrites en une sorte de Topo-Guide. Selon cette carte seul un court tronçon de notre itinéraire emprunte une piste non goudronnée.

Nous partons par Sagri, traversons Halki et Filoti sans nous arrêter. Nous reviendrons ! A la sortie de Filoti le sentier N°2 indique la Grotte de Zeus – première étape de notre circuit. La montagne Zas ou Mont Zeus (1001m) est le point culminant de Naxos. La légende y a fait naître Zeus dans une grotte. J’ai déjà visité une Grotte de Zeus où la Chèvre Amalthée aurait nourri Zeus sur le Mont Ida (Psiloritis 2456 m). Fils du titan Chronos et de la titanide Rhéa Zeus aurait été enlevé et apporté en Crète pour être soustrait à son père qui dévorait se enfants.

Trompées par la flèche, nous suivons une petite route qui serpente dans la montagne, passons sous un moulin qui a gardé son axe, mais perdu son toit, sous un haut piton rocheux complètement chauve (600 m) portant sur son sommet une chapelle blanche que j’ai appelée Prophète Elie parce qu’elle n’a pas de nom sur notre carte.  Une flèche marron signale un sanctuaire de Déméter (nos sommes dans une région agricole) . La route continue à grimper et nous dépassons les chapelles Aghia Panaghia, Aghia Anasthasia et Aghios Efstatios qui, d’après la carte SKAI ne sont pas du tout dans la direction du Mont Zas mais bien sur l’itinéraire du sud que nous prendrons plus tard. Nous faisons demi-tour après Aghios Efstatios au-dessus d’un pâturage de chèvres. Je marche sur un tapis de crottes quand je descends photographier l’église. Aghia Anastasia est jolie avec son toit imitant les lauzes blanchies à la chaux sous un bel arbre.

Mt Zas source de Rhéa

Retour à Filoti. La route pour les voitures est différente du chemin des randonneurs. Elle prend un peu plus loin dans une épingle à cheveux sur la route principale. C’est une route étroite qui grimpe sur 1.3km au flanc du Mont Zas et s’arrête à un minuscule parking. Il faut continuer à pied 20 minutes pour la Grotte, 1h pour le sommet. . Le sentier pavé avec un muret conduit à une place ombragée sous un vieux platane avec un bassin rectangulaire, des rigoles cimentées et une source qui jaillit dans une vasque en marbre. Un écriteau prévient que l’eau est potable et qu’il convient de ne s’en servir uniquement pour se désaltérer.

J’imagine ici, des fêtes champêtres, des réunions de famille, voire un culte ancien aux nymphes ou aux sylphides…Le sentier dallé de marbre continue encore dans la montagne, assez pentu.je marche dans l’odeur sucrée des genêts.  Cela se gâche sur la fin : d’abord, le sentier devient étroit et poussiéreux, puis on doit continuer dans les rochers et les marques rouges disparaissent.  Heureusement des randonneurs ont fait un cairn pour signaler le passage. Dans les derniers 50 m avant la grotte c’est presque de l’escalade. On passe une stèle en ciment avec la seule inscription compréhensible 1953 ( ?). L’entrée de la grotte est fermée par deux murs de pierre (abri pour les bergers ? )

A la descente je croise des randonneurs plus courageux que moi qui ont fait le trajet à partir de Filoti. Je bois à la source de Zeus avant de remonter en voiture.

vers les crêtes

La route du sud contourne le Mont Zas. Après Aghios Efstatios, serpente en lacets serrés jusqu’au col de Petalia à plus de 700 m. Avant d’arriver au col je remarque de nombreuses terrasses cultivées ; certaines sont jaunes, blé non moissonné ou graminées sauvages, ou plantées d’oliviers amandiers et aussi de chênes. Les bergeries sont dispersées dans la campagne.   De grosses touffes de genets fleuris jaunes et odorants font des pyramides qui s’étalent sur le goudron, décorant ainsi la route.

Au col, on voit la mer. La route a fait tant de virages que je ne sais plus quelle côte s’offre à nous : Mikri Vigla et Kastraki ou Kalados au sud. D’après l’urbanisation, je pense plutôt à la côte occidentale. Et ces îles : Paros, les Petites Cyclades ou Amorgos ? Il nous aurait fallu une boussole. Je suis surprise de voir partout des panneaux indiquant les noms de localités ou de ruisseaux. Cette région de Naxos n’set pas du tout déserte comme l’absence de village le suggérerait. Partout, dispersées dans la montagne, des fermes, des bergeries et le long de la route, des églises.

La végétation est variée : aux pyramides des genêts en altitude, succèdent des pentes rocheuses avec des buissons de genévriers et parfois des bosquets de chênes ou même de grands chênes, plus bas des oliviers, de ces vieux oliviers au tronc monumental avec une écorce torsadée qui s’enroule sur elle-même formant un cône d’où une touffe de branches feuillues se déploie. Des chèvres, impériales, marchent sur la route.

La Tour Cheimarros

Au niveau de la Tour Cheimarros, le goudron s’arrête pour reprendre quelques centaines de mètres plus loin. Cette tour est hellénistique 4ème siècle av JC. Est-ce pour surveiller la mer ? Qui l’a plantée là, si loin du rivage ? C’est une très grosse tour construite soigneusement de gros blocs taillés, 15 m en marbre de Naxos, beaucoup plus imposante que les moulins qui coiffent les collines. Le chantier de restauration est enfermé par des grilles, on ne peut pas approcher.

Plus bas la route est bordée de lauriers roses magnifiques ; Qui a planté cette haie ? Ils fleurissent blanc et roses et sont florissants malgré la chaleur. La région paraît dotée de nombreux ruisseaux. La carte signale une source qu’on ne verra pas. Plus on descend, plus la campagne est cultivée en oliveraies et en champs de blé.

Kavados lauriers roses

Enfin, on approche de la mer. On voit une digue. Il y a un port dans la baie de Kavados mais la route n’y arrive pas. Le goudron à nouveau fait place à une piste de terre qui se sépare. A la fourchette deux flèches : vers la gauche une enseigne naïve d’une taverne traditionnelle, vers la droite un écriteau plus moderne avec deux numéros de téléphone (un pour le grec, un autre pour l’anglais), café-restaurant et même des studios.

Nous nous engageons à gauche et arrivons au port fermé par une grille. Il y a des quais, des bornes, plusieurs bateaux à quai. Pas de taverne sur le port. Pas de capitainerie non plus. La taverne est perchée en haut d’un escalier de bois. La piste est carrossable. Accolé à une caravane, un auvent de cannisses, et dessous une demi-douzaine de tables carrées en bois et des chaises paillées. Quatre vieux messieurs, moustachus, bedonnants sont rassemblés pour bavarder. En même temps que nous arrive une femme à la robe et la chevelure noire portant des provisions dans des sacs : c’est la patronne ; Bien sûr qu’on peut manger, mais pas maintenant. Il faut d’abord ouvrir la cuisine (caravane) et allumer le barbecue.

Nous descendons à la plage, pas très convaincues. Peut être le restaurant sur la colline en face avec sa grande terrasse bleue serait mieux ? Nous reprenons la voiture jusqu’à la fourche, traversons une vraie forêt de lauriers roses. Au milieu coule un ruisseau. Passons à côté d’une belle plage de sable gris presque déserte. Un couple profite de l’occasion pour une baignade naturiste. La piste qui remonte vers le restaurant n’est pas carrossable pour la Panda, il aurait fallu un SUV !

Kavados, petit port et plage

Nous redescendons à la plage pour une merveilleuse baignade. Je nage en regardant les collines en pente douce cultivées de blé. En nageant, je compte les fermes dispersées. Il y en a bien une dizaine. La pointe sud de Naxos est loin d’être déserte, elle est seulement mal reliée par la route. En revanche, par bateau, c’est un paradis préservé ! 3 yachts sont dans le port, deux beaux deux-mâts et un gros à moteur. Calme. J’imagine que du temps d’Ulysse, le décor n’a pas changé. J’imagine le navire, ou le radeau échouer sur cette plage.

Nous remontons à la « taverne typique » vers 13h30. Un couple nordique est attablé. Ils semblent être des habitués et parlent grec avec la patronne. Pas de voiture, ils ont peut-être un bateau. On vient d’allumer le barbecue : des ceps de vignes sont entassés à côté d’une table de pierre.

Bien qu’on soit à la mer, pas de poisson au menu. La dame proteste. Elle est agricultrice. Tous ses produits viennent de sa ferme. Elle élève des moutons et des chèvres. Menu viande uniquement. On peut aussi commander des légumes. « Voulez-vous des frites ? « – « Non ! », la dame est vexée « vous n’aimez pas les patato naxou ? ». Les pommes de terre de Naxos ont été distinguées et possèdent une appellation contrôlée ; Tous les naxiens en sont très fiers. Dominique commande des beignets de courgettes et d’aubergines, et moi des petites côtelettes avec les frites de patato naxou.

Pendant que la dame cuisine, Dominique trouve un prétexte pour lier connaissance avec les bergers qui ont des bâtons longs comme des houlettes. Elle emprunte mon canif qui ne coupe plus bien et demande aux messieurs s’ils ont de quoi l’affûter. Bien sûr ! ils n’ont pas besoin d’un fusil ou d’une pierre, un autre couteau suffit. Occasion de les filmer, ils sont très photogéniques.

les bergers de Kavados

L’assiette des côtelettes est remplie d’un haut tas. Quand je le découvre, je proteste qu’il y en a trop. Mais dès que j’ai commencé deux ou trois manchons je réclame le reste ; je n’ai jamais mangé des côtelettes pareilles ; pas grasses, gouteuses. La viande sent le thym que les bêtes paissent dans la montagne. Les courgettes et les aubergines sont aussi délicieuses avec une pâte très fine, craquante.

Retour par la même route, sauf qu’à Halki nous avons raté la route de Sagri et avons fait un long détour presque jusqu’à Hora.

A Mikri Vigla, une surprise nous attend : les ailes des Kite-surf  volent. Il y en a de toutes les couleurs. Les surfeurs glissent et s’envolent. C’est très joli mais cela inaugure la saison touristique. Avec eux est arrivé un énorme camion noir et un pick up qui nous bouchent la vue. Dans le camion, des planches de surf. Le propriétaire est chez lui, c’est un ami des propriétaires. Il revient tous les ans. Il est chez lui, et nous ne sommes plus chez nous.

 

Le Duc de Naxos – Georges Nizan

LIRE POUR LA GRECE 

« Yussuf Nassi, je vous concède le gouvernement de Naxos ainsi que les îles de Paros, d’Antiparos de Milo, de Santorin et autres îles de l’Archipel, peuplées ou inhabitées…. »

Le 19 octobre 1566, le sultan Sélim anoblit le juif Joseph Nassi, né au Portugal Joào Miguez, Juan Miguez pour les Espagnols,  commerçant  de la Maison Mendez, Grand Argentier du Roi de France sous le nom de J Miques,….baptisé catholique au Portugal, marrane exilé aux Pays Bas, revenu au judaïsme à Istanbul, ayant entrepris la reconstruction de Tibériade…..

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Le Duc de Naxos – ne m’était pas inconnu. Catherine Clément, dans la Senora raconte l’épopée de la famille Mendez, l’exil des Marranes, du Portugal, à Anvers puis à Venise et Ferrare, Istanbul et même en Palestine. Elle tisse aussi les relations entre les riches marchands et banquiers de la famille Mendez, négociants d’épices, banquiers des rois. Joseph Nassi est le neveu de Dona Gracia – la Senora – qui a permis d’aider les marranes exilés à rejoindre l’empire ottoman, à transférer leurs biens et capitaux chaque fois que cela était possible.

J’ai lu deux fois la Senora la dernière fois en revenant de Ferraretoujours avec autant de plaisir.

Catherine Clément a mis le projecteur sur Dona Gracia, tout en racontant la vie de Joseph Nassi.

Georges Nizan a choisi Joseph Nassi  et s’est plus attaché aux relations diplomatiques et politiques, aux intrigues politiques et politiciennes. Il conte par le détail les complots à la cour de Sélim, le sultan, rivalités entre le Grand Vizir Sokolu et les Pachas, et amiraux. Il s’est aussi attaché à mettre en lumière les relations très troubles entre la Porte et les Rois de France; un peu trop en détail, à mon goût, je me suis perdue dans les différents ambassadeurs et émissaires francs. Il a aussi analysé les rapports de force, les alliances et les retournements d’alliance entre l’Espagne et Venise et comment la conquête de Chypre par les Ottomans, à laquelle Joseph Nassi a travaillé, a abouti à la catastrophe pour les Turcs que fut Lépante.

Naxos et la citadelle vénitienne

De retour de Naxos, j’ai cherché dans cet ouvrage comment ce duc de Naxos avait gouverné son Dûché. Il en est assez peu question. Joseph Nassi a déposé le Duc de Naxos  Jeacques  Crispo dont le gouvernement était précaire sur une population locale grecque orthodoxe mécontente et hostile aux latins; Puis il a délégué son pouvoir et l’affermage des impôts à son homme de confiance Francisco Coronello. Le Dûché de Naxos était plus un titre honorifique qu’un réel pouvoir politique.

Je me suis un peu égarée dans les méandres des intrigues des puissances méditerranéennes. J’aurais préféré que l’auteur resserre un peu son propos, surtout à propos du recouvrement de la dette du roi de France qui est un détail mineur.  Je me suis un peu ennuyée vers la fin.

Naxos : visite de Chora, Kastro musée archéologique…

CARNET DES CYCLADES

Montons sous les arches par les passages ldu Kastro de Naxos

Sur le quai, à la librairie Zoom je trouve une carte détaillée de Naxos. Elle a aussi un rayon de littérature francophone bien fourni.

Des ruelles et des escaliers montent au Kastro – la citadelle – passant devant de jolies boutiques et restaurants chics et des cafés agréables. Sur le port, les terrasses de restaurants sont alignées, pratiques pour les passagers des ferries ou les plaisanciers de la marina. Pour trouver des commerces plus raffinés il vaut mieux flâner dans les ruelles qui passent sous des arches gothiques, dans des couloirs qui évoquent une médina. Les maisons possèdent parfois de fort belles portes avec des encadrements de marbre finement ciselés. Suivant la rue Kazantzakis, j’entre dans la galerie d’art Petalouda sur l’invitation du galériste qui doit être français. Les sculptures longilignes de Yanni me plaisent, j’ai déjà vu à Santorin celles qui allient bronze et verre en forme de poisson, les sculptures de Monica Marinella mélangeant animaux, masques et diableries m’intéressent bien.

Naxos est une île riche culturellement :  son festival propose des expositions, des concerts, des projections de cinéma en plein air au Centre Cuturel catholique. Ce soir concert de violon, demain bouzouki samedi guitare….Pour la lecture deux bouquinistes proposent des livres d’occasion en différentes langues.

Naxos : la cathédrale catholique

La Cathédrale Catholique a un clocher et un porche de marbre. Erigée au 13ème siècle par Marco Sanudo neveu du Doge Vénitien Dandolo. Il fonda le duché de Naxos après la 4ème Croisade, érigea le kastro à Chora en fit une ville vénitienne alors que la population de l’île était réfugiée dans l’intérieur et que la capitale était Halki. La cathédrale fut remaniée au 16ème et 17ème siècle. Je suis d’abord surprise par sa taille. Vue de derrière avec sa coupole blanche elle ressemble à n’importe quelle église grecque.  A l’intérieur on reconnait bien une église catholique, elle est très claire, avec ses murs blancs et ses ouvertures rondes qui laissent entrer la lumière. Le plafond bas est soutenu par deux rangées de colonnes rondes solides et trapues aux minces chapiteaux peints tandis que des piliers carrés délimitent les côtés. Dans la coupole un lustre à pendeloques de cristal détonne un peu dans cet ensemble sobre. Au-dessus de l’autel, dans un retable, une belle vierge. Selon le guide, le tableau serait peint sur les deux faces, à l’envers, un portrait de Saint Jean Baptiste. Un personnage de profil au portrait très vivant et réaliste est noté S. Marco Borromeo ( ?)

église de Chora : Marco Borromeo

Le Palais Episcopal se trouve de l’autre côté de la place, c’est l’ancien Palais des Doges avec son porche carré ; A peine me suis-je approchée qu’un homme m’entraîne par la porte suivante dans une église orthodoxe invisible du dehors, est  double : construite sur deux niveaux,  en haut St Anasthase, en bas consacré à la Vierge.

Dans l’impasse, une plaque rappelle que Nikos Kazantzakis a passé l’année 1897-1898 à l’Ecole des Jésuites.

Le Musée Archéologique est logé dans l’ancienne école des Ursulines.

Musée archéologique de Naxos : Antonius
Musée archéologique de Naxos : Antonius romain

La visite commence au niveau le plus bas. Nous sommes accueillis par des statues de pierre dans un couloir : deux lions provenant d’une fontaine, un kouros en mauvais état et 3 stèles gravées, et deux grandes statues romaines ; L’une d’elle est la statue d’Antonius, général qui a conquis Rhodes en 41 av JC. Naxos, Andros et Tinos passèrent sous contrôle de Rhodes. Antonius se fit représenter en « nouveau Dionysos » auquel on vouait un  culte ; il tient à la main une victoire Niké. Est-ce Marc Antoine ? les dates correspondent.

Trois salles sont aménagées avec des vitrines contenant surtout de la céramique. Des bijoux en or d’époque mycéniene (1200-1100 av.JC) proviennent de Kamini, de la vaisselle géométrique vient

vase à décor marin
vase à décor marin

del’île de Donoussa.

 

Les vases sont ornés d motifs marins de vagues, poissons, oursins….

Plusieurs armoires contiennent des idoles cycladiques malheureusement pas mises en valeur  ni par la présentation ni l’éclairage.

C’est l’occasion de faire connaissance avec l’histoire antique de Naxos :

Au 7ème siècle, Naxos tente de contrôler le sanctuaire de Délos et par extension, le monde égéen. La plupart des dédications de Délos sont Naxienne.

540 Tyrannie de Lygdamis avec l’aide de Pisistrate  à Athènes.

490 la  deuxième attaque des Perses s’avéra fatale, la plupart des habitants s’enfuirent dans les montagnes de l’île et Naxos fut l’une des premières à entrer dans la 1èer lue athénienne – Ligue de Délos (477)

Le musée possède aussi des marbres hellénistiques et de petites statues en terracotta et des lampes romaines, des bouteilles de verre romains.

Sur la terrasse il y a une belle mosaïque et une vue sur le port et la ville de Naxos.

Ecole de fille des Ursulines partitions de musique

La Gallerie 139 à côté du Musée, présente l’ancienne école de fille dès 1739. C’est le premier établissement pour les filles de Naxos mais aussi de la région. Des élèves venaient de l’étranger. Il y avait un internat. L’activité de l’établissement connut son apogée entre le début du 20ème siècle et la 2ème guerre mondiale. On y enseignait le français, le grec, l’anglais, la musique, la peinture et le théâtre. Une vitrine montre les manuels d’aquarelles, de dessin, les couleurs, les partitions de musique. Aucune référence aux sciences ou aux mathématiques. On voit le classiques photos de groupe de classe, mais aussi les spectacles de théâtre.

Une boutique de cadeaux est installée dans le bâtiment –textiles et bijoux bon goût et design, trop chers pour qu’il m’intéressent.

Un café-terrasse très chic aussi sur la terrasse où se trouve l’ascenseur qui relie le parking au kastro.

Ruelle du Kastro – Naxos

En descendant les ruelles je passe à Antico Veneziano – antiquaire dans une belle maison vénitienne vieille de 800 ans. Les plafonds sont étayés par des colonnes antiques. Les ruelles forment un charmant labyrinthe entrecoupé de volées de marches, passant sous des arches gothiques et par des passages couverts.

En rentrant, nous nous arrêtons au supermarché Vidalis, des produits Carrefour beaucoup sont français. Une déception comme toujours en Grèce, les produits frais sont beaucoup plus appétissants et moins chers dans les supérettes. On croit gagner du temps et on ne trouve rien de ce qu’on cherche.

Déjeuner sur la terrasse ; Le vent s’est levé. Il n’y a pas de vrais vagues mais l’aspect lisse de la mer et l’impression de sécurité et de facilité s’est estompée. Je me rapproche du bord.

Naxos – Sagri

CARNET DES CYCLADES – NAXOS

Sagri : Aghios Nikolaos

Suivant les conseils du Petit Futé qui lui consacre deux grandes pages, nous choisissons Sagri (ou Sangri) . Ce nom serait dérivé du français « Sainte-Croix », nom de l’ancien monastère.

sur la route vers Sagri : chapelle moderne mais charmante

Panne d’Internet, pas d’accès à Google Maps, la carte du loueur de voiture est confuse. Nous quittons Mikri Vigla par le sud et trouvons en face de Kastraki une route de terre qui rejoint la route asphaltée qui remonte vers Sagri. Sur la piste nous nous arrêtons devant une église blanche au toit de tuile à l’abside compliquée, je prends en photo des buissons roses (est-ce possible que des liserons prennent la forme de buissons et aient des épines ?) et des fleurs jaunes aux pétales froissés comme ceux des coquelicots.

Qui peut déterminer ce buisson rose : fleurs ressemblant au liseron

Après avoir rejoint la route nous remarquons encore une chapelle au plan octogonal surmonté d’une coupole. La grande piste qui débouche en face nous y conduira peut-être ? Non, elle mène à une carrière, entrée interdite. Plus loin une piste agricole monte mais s’arrête devant des ruches…odeur de bouses, il y a plein d’étables. Une troisième chapelle se trouve au milieu d’un champ de blé, à l’arrière se trouvent des rochers ronds d’un chaos granitique.

Sagri : Aghios Nikolaos

Arrivées à Sagri, nous avons le choix entre Ano (haut) Sagri et Kato( bas)Sagri. Lequel choisir ? Le premier venu a une tour en ruine et une église. Est-ce la tour Barozzi ou la tour Bazeos citées dans le petit futé ? il semble que non. Je fais un petit tour à pied dans le village tout à fait authentique, peut être moins blanc que les villages cycladiques d’Amorgos, sans kafénéios pittoresques ; les gens reviennent chez eux avec des sacs de courses mais les magasins sont invisibles. Un sculpteur a réalisé des plaques ciselées (comme à Tinos ou à paros) oiseaux ou fleurs pour la fontaine ou pour la rue. Dans une ruelle poussent toutes sortes de plantes dans des pots de conserves : pépiniériste ou amateur. Je cherche les maisons vénitiennes et les tours. Peut être sont elles dans l’autre hameau ?

Malgré la dénomination Ano et Kato, je ne sais pas bien où est le haut et le Bas., on a installé un café pour touristes près de deux moulins sans ailes (avec un toit pointu en bon état) avec des pelouses d’un vert choquant qui me fait renoncer à la photo.

Juste en face, une flèche en bois pyrogravée :

Sentier N°7 Aghios Nikolaos (10 mn) Temple de Demeter (30 mn). Un bon chemin descend entre des murettes entre les oliviers. Des figuiers de Barbarie remplacent parfois les murs, ils fleurissent jaune en ce moment. Aghios Nikolaos est une jolie église byzantine (10ème s) brune aux tuiles brunies. J’ai de la chance : elle est ouverte. Deux femmes et un homme restaurent les fresques. Ils bouchent les fissures à l’enduit et peignent par petites touches les fresques à peine visibles. Si l’une des restauratrices n’avais pas eu un petit roquet bruyant je leur aurais peut-être posé des questions mais les aboiements aigus interdisent toute conversation.

Le sentier est étroit et pas du tout balisé. Je ne suis rassurée qu’au croisement suivant quand je retrouve les traces rouge et blanches, parfois seulement un point rouge. Il descend dans les oliviers, passe par le lit d’un ruisseau à sec, remonte et débouche au niveau du Musée, gratuit, moderne et très bien fait. Les marbres anciens et les colonnes, le fronton (puzzle) sont protégés ici tandis que sur le site, du marbre de Naxos neuf se trouve exposé aux intempéries. Le temple au sommet de la colline est tout blanc, tout brillant.

Temple de Demeter sur le site de Giroulas

Temple de Demeter

Trois époques, trois constructions coexistent sur un même site et compliquent ainsi la tâche des archéologues : un temple archaïque, une basilique et une église.

Dans les temps anciens, au 8ème siècle av JC le culte était pratiqué en plein air sur un plateau au sommet de la colline arrasée. Des puits pour les offrandes ont été retrouvés : des jus de plante étaient consacrés aux divinités de la fertilité. L’orientation Est-ouest symboliserait  le commencement de la vie et de renouveau de la nature . Dans les anciens temps la vallée était peuplée d’agriculteurs qui vivaient en unités dispersées. Au 8ème siècle les divinités de la terre, Koré et Demeter devaient assurer la fertilité de la région.

Le culte d’Apollon traduit l’intention des paysans de s’unir à la divinité ancienne de Délos pour leur  intégration à la  cité-état de Naxos

En 530 av JC sous la tyrannie de Lygdamis. La région de Giroulas était particulièrement prospère et  le temple fut érigé de marbre sous l’ordre ionique très simple recouvert d’un toit de tuiles de marbre.

La première église fut démolie sous Justinien pour construire une basilique plus spacieuse à 3 nefs. On utilisa le matériel antique.

La recherche d’une taverne à la mer nous a pris un long moment. Curieusement elles sont rares et loin de la plage. L’usage doit être de manger à l’intérieur des grandes salles situées sur une estrade. A Kastraki, la taverne Glyfada a perché ses tables en haut d’une volée de marches. Le menu affiché me conviendrait mais nous lui préférons Blue lagoon, plus simple : des tables en plastique et des sièges de salons de plage. Aucun signe de grec, le menu est affiché en anglais. Je choisis des okras (en anglais) je les appelle comme les Grecs bamias ou cornes grecques en français. Dominique a pris des saucisses villageoises accompagnées de poivrons de riz et de sauce tomate. Aucune prétention à la gastronomie mais une cuisine familiale sympathique.

Retour à Mikri Vigla pour les baignades toujours aussi agréables et longues.

Le soir, je découvre les rochers tarabiscotés du chaos granitique très pittoresques au coucher du soleil.

Nous cuisinons les courgettes offertes par notre hôtess, 6 petites courgettes avec la fleur encore accrochéen 2 oignons blancs et des olives maison. Dîner offert et délicieux.

 

 

Islomania – d’Amorgos à Naxos, le jeu des différences

CARNET DES CYCLADES

Mikri Vigla au lever du jour

Lever du soleil derrière la colline à 6h30. L’eau tranquille, encore noire, s’est éclaircie de reflets dorés. De petites bandes nuageuses décorent le ciel.

Dix jours pour explorer Naxos. « Islomania », ce vocable vient de Durrell (Prospero’s cell), il correspond à notre état d’esprit. Chaque île est un terrain d’aventure qu’on peut imaginer conquérir, la saisir en entier. Chaque île grecque possède son identité propre. Amorgos, la rocheuse, la sèche, la sauvage, ne ressemble pas aux îles que nous avons visitées auparavant. Naxos semblait s’approcher d’Aegiali au coucher du soleil, si proche, est un monde différent. Le port est beaucoup plus actif, deux ferries sont arrivés en même temps. La foule devait être contenue par une grille à la gare maritime. Puis nous avons découvert une croisette chic, une vieille ville tandis que les villages d’Amorgos ne méritaient pas le nom de ville. Innombrables stations-services…Naxos semble avoir une urbanisation dispersée bien différente des villages perchés avec les petites maisons blotties les unes contre les autres ? Sur le littoral, partout des constructions diffuses, certaines regroupées en résidences hôtelières fermées, d’autres individuelles. La bétonisation n’est pas encore gênante mais le tourisme sauvage s’installe. On construit partout pour les touristes sans se soucier de viabilisation, des pistes de terre relient les groupes de maisons sans plan logique. Pas d’adresse définie, une armoire postale au coin de la rue, qui reçoit du courrier ? Les touristes ne reçoivent pas de lettres à l’heure d’Internet. Ici ou là, une grosse poubelle (mais pas de tri sélectif dans notre quartier). Je crains le pire pour l’assainissement et respecte scrupuleusement la consigne de mettre le PQ à la poubelle et non pas dans la cuvette.

En revanche, l’hospitalité traditionnelle grecque est toujours de mise. Le « globish » n’est pas encore la langue courante. On parle Grec aux touristes. Je retrouve les mots enfouis dans la mémoire. « Ya sas ! »  en place de « Hi ! ou Hello ! » c’est quand même plus sympathique. La vieille dame ne parle que Grec. Elle nous a apporté des olives « fraîches » quand elle a appris que je ne voulais pas de celles emballées dans du plastique au supermarché, elle a aussi ajouté des petites courgettes. C’est la Grèce que nous avons connue autrefois.

Qui peut déterminer ce buisson rose : fleurs ressemblant au liseron

Ile verdoyante : la campagne est fleurie. Fleurs modestes, moutarde sauvage jaunes liserons roses au bord des chemins et un buisson rose dont je n’ai toujours pas trouvé le nom.

Il nous faudra nous adapter, trouver la logique d’une géographie plus compliquée (à Amorgos il n’y avait qu’une seule route), changer nos habitudes. Ces adaptations sont le jeu des îles.

Installation à Naxos

CARNET DES CYCLADES 

Naxos : la Portara

Sur le pont du Blue Paros, nous trouvons une table et des chaises à l’arrière du bar et regardons Amorgos s’éloigner : longue bande aux cimes pointues et ses falaises impressionnantes au Nord Est, tandis que la ligne s’abaisse tout doucement vers le sud.

Escale à Donoussa : port minuscule, une douzaine de barques de pêche, 4 tavernes.

Naxos s’approche avec un relief complexe. Des sortes de pyramides sont à l’avant d’un niveau plus tendre cultivé de terrasses. Une fine ligne rose souligne le creux d’un vallon : lauriers rose ? Le bateau contourne l’île ronde avec toujours ces triangles de roche aride penchées vers la mer et des habitations perchées. Enfin quelques habitations regroupées, des éoliennes et dans le creux suivant les cubes blancs de la ville de Naxos.

J’ai réservé la voiture pour 11h30, il faut donc patienter un peu. Je fais un tour au portique sur l’Ile Palatia, La Portara,  le monument emblématique de l’île que l’on voit du bateau et que j’avais remarqué sur le ferry de Paros à Santorin. C’est le portique du Temple d’Apollon, construit sur un îlot relié aujourd’hui à Naxos par une digue qui passe entre deux plages où se baignent des femmes grecques d’un certain âge.

Construit en 530 av. JC par Lygdamis, le Tyran de Naxos, le temple ne fut jamais achevé. Il ressemble à son jumeau de Milet. La Portara regarde en direction de Délos et semble être consacré à Apollon délien. On dit aussi que Dionysos était vénéré et que Naxos était le lieu de naissance de ce dieu. 3 colonnes accompagnent la Portara, cadre de marbre massif géant par lequel la ville de Naxos apparaît. Belle introduction !

Araine Endormie

J’avais très envie de découvrir Naxos, entrevue de Paros pour Ariane à Naxos (Haydn et Strauss) et pour le Duc de Naxos le narrateur de La Senora  de Catherine Clément, livre que j’ai lu deux fois et beaucoup aimé. Sans parler des sculptures d’Ariane endormie.

Le Duc de Naxos, Joseph Nassi (Lisbonne 1524-1554) s’installe dans l’empire ottoman en 1554. Il soutient Selim II et amène la Sublime Porte à déclarer la guerre à Venise (1570-1571). La défaite vénitienne donne Chypre aux Ottomans . Joseph Nassi est fait Duc de Naxos et seigneur d’Andros.

Sur le voucher de Rental Car, aucune adresse de l’agence de location. Au débarcadère, il y a plusieurs officines, mais aucune au nom de Caldeira. J’entre dans la première qui m’annonce que Caldeira n’est pas à Naxos mais à Santorin. Comment est-ce possible ?Avec les locations sur Internet, une erreur est vite commise, je me suis déjà trompée sur les dates mais là, carrément d’île ? ja jeune fille me conseille d’aller voir son collègue de l’agence d’en face qui corrigera peut être cette bêtise. Il est occupé, une longue file de client attend. Troisième agence, une dame d’âge mûr me rassure. Caldeira travaille avec l’agence Fun, elle trace au Stabilo l’itinéraire pour rallier Fun en centre-ville, à pied ou en taxi. Comme nous sommes en avance ce sera à pied (Naxos n’est pas très étendue). Chez Fun, la dame est perplexe : sur le voucher figure un numéro de téléphone, mais ce n’est pas le sien mais celui des voisins.

Enfin ! la voiture est une PANDA blanche, mais il faudra la rendre à 10h le 15 juin. Le loueur nous prévient que Mikri Vigla où nous logeons se trouve dans une région où nombreuses routes ne sont pas asphaltées, il faudra prendre soin de la Panda.

Comment sortir de la ville ? Les panneaux ne sont d’aucune aide. Nous suivons la direction de l’aéroport et finalement, assez vite nous trouvons Mikri Vigla. Il y a eux supermarchés, le second s’appelle Kolona comme les sudios. La caissière nous fait un plan pour arriver chez sa tante qui tient le restaurant Panaghia Parthena. Les studios sont dans une grosse maison à un étage, en revanche la taverne est très grande. Curieusement, elle n’a pas de terrasse sur la mer mais une estrade enfermée sous plastique transparent garnie de grande plantes vertes, un peu comme un jardin d’hiver. On nous a préparé un grand et beau studio à l’étage avec une belle terrasse ; Nous lui préférons le rez-de-chaussée qui a deux terrasses, l’une sur le parking devant et l’autre sur la mer, il suffit d’enjamber le muret et j’arrive sur la plage. C’est un vrai appartement de deux pièces, la cuisine s’ouvre devant et la chambre sur la mer. Murs blancs, meubles en bois foncé, un meuble pour ranger les valises, un petit secrétaire avec une glace, deux tables de nuit avec lampe de chevet, une penderie, et luxe du luxe : un ventilateur à grandes pales fixé au plafond, trois vitesses et une télécommande. Autant je déteste les climatiseurs, qui nous obligent à fermer les fenêtres, sont bruyants et malsains, autant j’aime le léger ronflement des pales qui brassent l’air tiède.

Micri Vigla – Studio Kolona

De la terrasse, on voit une sorte de cyprès bleu à forme biscornue et des rochers de granite, entre les rochers une eau turquoise. Sur le côté, la baie arrondie enserre comme un lagon serti de sable blanc. Sur le sable un seul groupe de parasols jaunes, un seul, tout le reste de la baie est au naturel.

Deux mauvaises surprises au supermarché : d’abord les prix ne sont pas étiquetés, ensuite les marchandises sont celles destinées aux touristes : huile d’olive dans de jolies fioles, miels fantaisie, ouzo au prix du champagne(17.5€ au lieu de 7.5€ à Athènes), pas d’olives en seau ni de feta à la coupe. Galère pour le déjeuner : nous avions imaginer manger sur la plage comme à Aegiali. Ici, il n’y a pas de taverne sur le sable, la saison touristique n’a pas commencé. C’est tendance « jeune » Kite-surf et glisse, bars jeunes et branchés plutôt que tavernes « typiques ».

Dépitées, nous rentrons au studio pour tremper dans une salade d’aubergine en boîte plastique, des bouchées de koulouri, avec des cerises délicieuses pour se consoler.

la plage de Mikri Vigla

Ce déjeuner rapide expédié, j’essaie la baignade : eau somptueuse transparente très fraîche. Je tente une expédition au long cours le long de la plage : je dépasse les parasols jaunes et arrive au supermarché. Cette baignade est un délice/ Dans cette eau tranquille et claire, je me sens serine. Il me semble que je pourrais parcourir des kilomètres sans me fatiguer. Au loin, les ferries croisent entre Naxos et Paros, je perçois les vibrations. Une curieuse colline en forme de cône domine la baie comme les volcans que dessinent les enfants. Près de nous, un chaos granitique. Le gros sable blanc provient de l’arène granitique.  Les blocs arrondis sont parfois évidés. Un port minuscule est aménagé entre les rochers ? Un îlot porte une église blanche : c’est l’île Panagia Parthéna qui donne son nom à la taverne, je m’étais demandée ce que signifiait ce redoublement de virginité.  L’eau doit sa transparence à la granulométrie des grains très blancs, ils sont si gros et il y a si peu d’agitation qu’il n’y a aucun sable en suspension. Les minuscules touffes de posidonies (quelques mètres seulement) ne suffisent pas à attirer une faune abondante. Dans mes traversées je n’ai jamais vu un seul poisson. Si ce sable grossier est garant de la limpidité de l’eau, il est aussi assez spécial quand je veux marcher dessus, sec je m’enfonce, normal, mouillé c’est pareil. Il n’y aura pas de longues marches quotidiennes malgré la proximité de la plage, plus de nage donc !

au coucher du soleil

L’après midi s’écoule tranquillement entre baignade, installation, lecture des guides – à l’intérieur du studio à cause de la chaleur.

Nous dînons dehors d’une chakchouka improvisée avec tomates courgettes et croûtons à l’ail.

Amorgos – Tholaria – Lagkada – Aghios Pavlos

CARNET DES CYCLADES – AMORGOS

lagkada

Tholaria – Lagkada

Tholaria et Lagkada sont deux villages perchés dans la montagne, souvenir du temps des pirates.

Le sentier de randonnée N°4 relie les deux par des chemins muletiers en très bon état, empierré, suivant les courbes de niveau, randonnée facile d’une petite heure. Sur la crête au-dessus de Lagkada une série de moulins en ruine.

Pour les fleurs, malheureusement, c’est terminé. Les sauges de Jérusalem (les jaunes) sont fanées, les asphodèles ont séché, seuls quelques chardons subsistent. Les terrasses sont encore bien visibles, il y a encore des oliviers, des cyprès et des citernes cimentées mais vides.

le vallon perché d’Astrakos

En arrivant à un petit col, je découvre l’église blanche du tout petit vallon perché verdoyant d’Astratos. A l’arrière de l’église, une vigne, deux chevaux (peut être des mulets). Le chemin tourne, passe près d’une arche à Stroubos , traverse une région boisée. Je marche presque à l’ombre : figuiers (sans figues) , amandiers, caroubiers (petits) pistachiers lentisques, oliviers des fleurs d’acanthe et des fenouils. Amorgos me paraissait rocailleuse et inhospitalière est beaucoup plus verte que je ne le croyais, il suffit d’un peu d’eau et pas trop de pente et la végétation s’épanouit.

Le sentier franchit un petit ravin : les gorges d’Arakou, il descend très raide puis contourne un éperon rocheux au milieu du vallon : un village s’y était installé, des ruines s’étagent au flanc du rocher coiffé d’une belle maison blanche avec une cheminée comme une tourelle.

Lakgada : kafeneio vert

Un large chemin et des marchent montent à Lakgada. Le village blanc est pimpant, ses rues décorées à la chaux. Deux jolis cafés se font face : un turquoise est abrité par un auvent à claire-voie qui projette des rayures sur le mur blanc. En face, des tables vertes, chaises jaunes, Dominique m’attendais à l’ombre d’une glycine fournie et fleurie. Le patron – tignasse grise en queue de cheval entre berger et pirate – apporte un café grec très parfumé que je prends le temps de savourer.

le kafénéio turquoise

Le sentier N°4 descend à Aegiali tout droit à travers le village puis par un chenin dallé dans une oliveraie. Mais le parcours est fantasque : au lieu de suivre l’allée, les balises montrent un petit sentier dans les broussailles qui remontent dans la colline jusqu’au village haut d’Aegiali. Le port et son village ne se sont développés qu’après 1830 avec la disparition des pirates et l’indépendance de la Grèce. Un âne me barre la route, je le contourne rapidement (il peut toujours ruer).

13h à la taverne Remezzo au bord de la plage. Après mes deux aller-retours nous déjeunons de boulettes de viandes et d’aubergines cuites au four recouvertes d’une couche d’oignons, tomates concassées et parsemée de petits cubes de feta et de rondelles d’olives violettes et de câpres. Délicieux !

petit âne

La plage d’Aghios Pavlos

Il fait presque frais à l’ombre des tamaris qui bordent la plage d’Aegiali. La langue de galets de la plage d’Aghios Pavlos est en plein soleil. J’ai sorti le masque de plongée pour observer les fonds. Avec ses aglets blancs, loin de toute civilisation, l’eau est d’une transparence exceptionnelle. Malheureusement, il n’y a rien à voir quelques touffes de posidonies, ni oursins(tant mieux !) ni éponges ni coraux, seulement deux petits poissons. La Mer Egée est si transparente qu’elle en est presque vide ; Je renonce au snorkelling pour nager dans cette presque-piscine abritée par l’île de Chalara, pas de vagues, même pas de risée. Je m’émerveille devant ces couleurs si rafraîchissantes.

Détour par Potamos pour le panorama sur Ormos Aegiali et ses plages isolées.

17h retour au studio, il faut déjà penser au départ demain matin.