Retour en Lettonie : Rundale, le « Versailles letton »

le palais de Rundale


Entre Ignalina et Riga,  266 km.

La  campagne est  ondulée, cultivée avec de grands champs de blé. Au début du séjour on se croyait au printemps avec les colzas en fleur. Maintenant c’est  la moisson! Un  agriculteur laboure déjà.Les cigognes avides de gober les vers suivent les labours. Les cigogneaux, petits au début juillet, ont quitté les nids .

A midi, nous arrivons en Lettonie. Nous avons donc le temps d’aller visiter Rundale, le « Versailles Letton ». Sur la carte cela parait tout près. Le GPS annonce 48km mais 1h48, incrédule je recommence : même résultat. Explication : c’est  une piste, bien roulante, mais caillouteuse tout de même. On arrive plus vite que prévu.

Salon rose

Une longue allée de marronniers,  le long d’une pommeraie bien entretenue, mène à une grille impressionnante. La cour bordée de3  ailes identiques avec 3 perrons, des murs jaunes des centaines de fenêtres. Il faudrait une bonne demi-journée pour visiter  ce palais. Il faudrait un guide qui nous raconte l’historie de Biron, la princesse qui deviendra impératrice, le séjour de Louis XVIII. …JP Kauffmann avait nommé Rundale « un manoir » palais conviendrait mieux ? Rastrelli, l’architecte a déployé les fastes de Saint Saint-Pétersbourg où il a dessiné le Palais d’Hiver.

Malheureusement je ne dispose que d’une heure, nous voulons arriver tôt à Riga. Je parcours donc à grands pas rapides la magnifique Galerie du Trône, sorte de Galerie des Glaces avec ses glaces dorées, ses stucs éblouissants, les cabinets de porcelaine où des consoles en stuc ont été réalisées exprès pour des potiches chinoises ou japonaises bleues turquoises et vertes ;

Une salle rose avec guirlandes de fleurs et oiseaux colorés en relief me plait beaucoup. Les poêles en faïence m’impressionnent ! Quel volume à chauffer !

 

Parc de l’Aukstaitija : circuit lacs, forêt et villages

 

lac, mais lequel?

« Qu’allez-vous faire à Ignalina? » a demandé Biruté, l’amie lituanienne de Nicole, « Il n’y a que des lacs! »! – « Justement! »

De Genuciai on rejoint Tremiskis où le « point d ‘intérêt » est un arbre séculaire que nous ne trouvons pas. La route suit la rive d’un grand lac parsemé de petites îles. Pas d’accès à l’eau pour  pique-niquer. Nous trouvons un coin après Suminai, joli hameau possédant une très vieille grange de bois noirci et quelques maisons fleuries. Pas de parking-voiture (la piste est dédiée aux cyclistes). Nous déjeunons en face d’un cheval blanc très énervé par les taons et une vache noire, couchée, placide.

Le village suivant : Strazdai est aussi pittoresque. La piste quitte les bords du lac et s’enfonce dans la forêt. Nous traversons plusieurs fois la rivière Burka que certains descendent en  canoë. Après Vainoriske qui a de très belles granges au toit de paille moussu qui descend presque au sol, nous suivons la Burka et essayons de couper vers Genuciai. Sur la carte, la piste est tracée, mais rien ne  dit qu’elle est carrossable.Nous la trouvons facilement et la suivons jusqu’à une grande croix en ciment autour de laquelle sont dispersées les maisons de Viziai. Comment peut-on habiter à Viziai ? de nombreux sentiers herbus sillonnent les bois. Ils sont pleins de grosses flaques, d’ornières et de trous. On  branche le GPS. Miracle, le GPS connait Viziai et ses mauvais chemins « tournez à gauche », » tenez la droite ! » Brusquement, après des ordres contradictoires, le triangle bleu qui représente la voiture se retrouve dans le vert loin de tout chemin. « faites demi-tour dès que possible ! ». Demi-tour à grand effort au milieu de nulle part. Bravo la Skoda ! Finalement nous reprenons la même piste retrouvons la croix de ciment, la Burka, Vainoriske, Strazdai…

A Palüse, au bord du lac du Chat sauvage je prends mon premier bain de lac de l’année ? Si la Baltique m’avait inspiré de la méfiance, les lacs de  l’Aukstaitija me paraissent loin de toute pollution dans cette nature si préservée que je nage en toute quiétude. Pourtant la menace a existé à 65km de là et s’appelle aussi Ignalina. C’est une Centrale Nucléaire du même modèle que Tchernobyl  qui fournissait 80% de l’électricité en Lituanie. A son entrée dans l’Union Européenne, la Lituanie s’était engagée à la fermer. On a arrêté les réacteurs dangereux mais le problème des déchets est toujours là (comme pour n’importe quelle centrale)

carte de parc aux environs d'Ignalina

Ignalina : le musée des abeillesde Stripeikai

 

ruches dans troncs à l’horizontale!


A l’hôtel Zuvedra, le petit déjeuner est servi à 9h, pas de buffet, on nous tend la carte mais l’addition ne doit pas dépasser 10 litas. On commande des raviolis à la crème aigre et un café. Les raviolis sont excellents, la viande parfumée avec des herbes, persil, aneth, ail.

Pour aller au   Musée des abeilles de Stripeikai nous passons par la route 114, Palüse et Saverka puis Kirdekiai.

christ méditant

Au bord de la route on remarque un calvaire où le Christ est de taille humaine, assis, méditant. Un peu plus loin, à Kirdekiai, nous faisons un détour pour voir une église de bois toute blanche avec deux clochers pointus. A chaque coin, une petite chapelle de bois sculpté, un ange, un christ, un moine sous un toit à double pente. Descendant vers le lac nous découvrons toute une rangée de statues alignées face à l’eau, récentes datées de 2004 à 2009, toujours monoxyles, dressées mais plus élaborées et plus soignées que celles qu’on a l’habitude de voir. Au bord du lac : des barques, des enfants qui remontent de la baignade. Une cigogne arpente la rive, elle se laisse approcher, très tranquille et ne s’enfuit même pas avec le flash.

la cigogne n’est pas farouche

Le Musée des Abeilles est caché dans la forêt au dessus d’un vif ruisseau. De gros troncs ont été  sculptés pour représenter la déesse Austeja, déesse des abeilles qui apporte la prospérité et le dieu Bubilas avec son gros ventre de faux bourdons, le consommateur, le tentateur. Des lèvres de Bubilas s’échappent des butineuses. Des troncs ont été évidés pour faire des ruches, les unes debout, les autres couchées.

Austeja déesse des abeilles

Quatre bâtiments d’une ancienne ferme sont aménagés :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le premier des textes et des documents racontent l’histoire de l’apiculture dans la région

L’abeille domestique Apis mellifera existerait depuis 15 millions d’années. Après la fonte des glaces les abeilles ont retrouvé la région d’Austeja.

l’histoire de l’apiculture :

–          Les hommes furent d’abord chercheurs de ruches sauvages dans les arbres creux. Les arbres étaient marqués. Chaque propriétaire apposait sa marque  et devait protéger sa ruche des ours suspendant un gourdin avec des pointes pour embêter l’ours. La première découverte fut celle de la fumée aui fait peur aux abeilles

–          Les hommes firent ensuite des fentes dans les arbres

–          Enfin ils firent des ruches artificielles : apportant des tronçons d’arbres dans leur jardin

–          Enfin ils construisirent des ruches de pailles

–          1814, un apiculteur ukrainien construisit la ruche qu’on connaît maintenant

–          1865 : premières centrifugeuses

Amis d’abeilles

Partager un essaim crée des liens aussi fors que les liens du sang. Solidarité entre amis d’abeille mais aussi vengeance si un tiers abime la ruche.

Croyances et coutumes locales

Pour les abeilles on emploie les mêmes mots que pour les humains

Une mariée, le jour de son mariage apporte un bol de miel et des fleurs à la ruche ; si les abeilles vont sur les fleurs et le miel, le mariage sera fécond< ;

Il faut prévenir les abeilles des évènements familiaux, mariages naissances ou deuil.

Dans un grenier de belles planches dessinées montrent les plantes mellifères et les produits dérivés : miel, propolis, cire, gelée royale…

Dans un petit séchoir, sont suspendus des bouquets de plantes mellifères : echiums bleus, chardons …

gourdin à pointe pour empêcher les ours de voler le miel

Entre chacune des maisons on a disposé des ruches de paille et des ruches modernes ; Les apicultrices vont et viennent en tenue, elles enfument les abeilles.

En face du Musée une piste conduit à Genuciai. Pour nous en assurer nous demandons au vieil apiculteur qui vend ses produits sur une table. Il a tout à fait l’allure d’un apiculteur : chapeau de paille, une chemise blanche, des lunettes rondes, un air tranquille et malicieux.

–          « vous parlez Russe ?

–          (encore !) « Niet »

Le monsieur parle Allemand Il confirme : la piste va à Genuciai, 5km et elle est bonne.

Comme nous lui disons que nous venons de France .

–          « Ach, Napoleon ! »,

On avait entendu, Zidane, Jacques Chirac ou Sarkozy, ici on se souvient de Napoléon. Je pars à pied sur la piste sableuse mais bien damée, ombragée par les hauts sapins et les pins. Je rencontre des bûcherons cueille myrtilles et framboises. Aujourd’hui, samedi, il y a plus de passage. Les gens vont aux myrtilles et aux champignons.

parc de L’Aukstaitija : randonnée de Palüse à Ginuciai sur les bords du lac Lusiai

les lacs de la région d'Ignalina

Randonnée sur les bord du lac Lusiai

Ma balade commence avec le Sentier Botanique  de Palüse sur quelques centaines de mètres. Il s’élève dans la colline tandis que je reste sur les berges du lac. Après la station écologique, je trouve le Sentier des Sculptures : des troncs verticaux représentent des personnages des légendes lituaniennes. Je reconnais seulement le Diable.

sentier des sculptures de Meironys

Meironys est un joli village aux maisons de bois entourées de massifs fleuris : topinambours, hortensias blancs, phlox roses éclatant, bégonias et œillets d’Inde. Les pommiers croulent sous des petites pommes à la peau vert clair, presque blanches qui sentent déjà bon. Sur les groseilliers il y a encore des grappes. Une petite chapelle de bois sur un haut poteau, sous un petit auvent abrite deux personnages de bois peint : un cavalier et une femme.

la petite chapelle de Meironys

La route goudronnée s’arrête. Après un petit pont, je dois prendre  la  large piste vers Ginuciai. Il faudra seulement être attentive à prendre la piste de gauche à la fourchette vers Puziniski et garder toujours le lac Asalnai sur ma gauche. Cela paraît très simple.

Une piste avec un écriteau « kampingas » part à droite vers le lac et m’égare. Après le camping, une étendue d’eau se trouve à droite et non à gauche comme prévu sur la carte. Je reviens sur mes pas pour retrouver le camping, prends une autre piste qui me ramène au même endroit. Je tourne en rond ! Je me crois au bord du Dringis, je n’ai pas vu une sorte d’avancée sur le lac Asalnai. Je téléphone  à D qui m’attendait à Puziniski. Et la randonnée tourne court !

La piste de Genuciai

La piste de Genuciai est sableuse parfois creusée de profondes ornières, tout juste carrossable. Comme je ne risque plus de me perdre je continue à pied jusqu’à Genuciai(4.5km) marchand sous de grands pins. Plutôt que d’admirer ces arbres magnifiques, je cherche dans le sous bois fraises myrtilles et framboises. De petits chênes et des genévriers poussent aussi sous les pins. Les résineux ont-ils toujours été là ou plantés pour le rapport, les chênes ont-ils été semés par les oiseaux ? J’ai vu de nombreux geais. Je passe entre deux lacs, un tout petit à droite, le lac Asekas à gauche. A l’approche de Genuciai j’entre dans les prés.
la curiosité de Genuciai est un moulin à eau qui a conservé son mécanisme installé sur une petite chute d’eau. Le courant est canalisé dans un canal de planches. Malheureusement le moulin ne se visite plus ; Un écriteau propose des chambres d’hôtes à 120 litas.

Château fortifié de Papiliakalne

1.5km au sud de Ginuciai, d’impressionnants escaliers grimpent au sommet d’une colline qui conduisent à l ‘emplacement d’un château fortifié qui gardait la région contre les Chevaliers Teutoniques jusqu’au 14ème siècle. Ce lieu symbolique est important pour les Lituaniens puisque le président Antanas Smetona en  1934 est venu et qu’une stèle raconte ce passage.

LeParc fait d’énormes efforts d’aménagements : escaliers et écriteaux bilingues Lituanien/Anglais, cheminements confortables et même des dalles de pelouse. Du château de bois, il ne reste rien.

Le paysage est magnifique, les lacs brillent sous le soleil. De la motte de Papiliakane le sentier se prolonge remonte par d’autres escaliers sur une autre colline pour arriver au site de Ledakarnis(ancien glacier note Giedre Jankeviciute dans son guide Lituanie). Toujours selon ce guide, » il est possible qu’à son sommet étaient offerts des offrandes à la Déesse Leda génitrice du monde » un site symbolique du paganisme ! D’ailleurs les combattants du château de Papiliakalne luttaient contre les Chevaliers Teutoniques, Croisés venus les évangéliser !

Ce sentier bien aménagé, la signalisation me donnent envie de reprendre la randonnée dans l’autre sens. Continuant en voiture la piste jusqu’à Antakalné, nous trouvons une piste vers Salos et passant un petit pont je devrais arriver en 1.7km à Puziniski. 1.5à vol d’oiseau peut être, beaucoup plus en comptant que je m’égare dans un groupe de maisons. Quand je ne sais plus quel chemin prendre, je choisis le plus large. Erreur ! il conduit à un hameau gardé par 5 chiens qui me barrent la route. Il faut reculer, prendre l’autre piste qui s’avère être le sentier.  Au petit pont, un panneau est gravé Puziniski, je me crois arrivée et demande « Meironys ?» à un groupe de pêcheurs « Davai ! » le chemin sableux monte dans à une colline qui sort de la forêt et ce n’est que là que je découvre le vrai Puziniski, au moins 4km au lieu d’1.7km !

Cahotant sur la piste de Ginuciai nous retournons à Meironys puis à l’hôtel.

                                                        carte du parc

Arrivée à Ignalina – maison du parc de l’Aukstaitija à Palüse

l'église de Palüse et son clocher octogonal

La route vers le nord est traverse de belles forêts de pins et peu de villages. Ici encore nous frôlons la Biélorussie. Ignalina est une petite ville précédée d’un grand supermarché Maxima, entourée de nombreuses barres grises. La ville s’étale dans le plus grand désordre. La municipalité a pensé à flécher le moindre centre d’intérêt, la piscine, le centre culturel, l’hôtel…

L’hôtel Zuvedra est situé sur le bord d’un petit lac traversé par un ponton et agrémenté d’un jet d’eau. Un jardin public est en train de s’organiser autour d’une statue de bois noirci qui se dresse comme un totem. A côté de l’hôtel il y a deux courts de tennis tout neufs. L’hôtel Zuvedra est un hôtel traditionnel de bois foncé comme un chalet d’une station alpine.sur la terrasse inférieure des parasols carrés à la mode baltique abritent les tables du restaurant. A l’étage les trois plus belles chambres s’ouvrent sur une vaste terrasse. Comme à Roja, nous avons une vraie suite avec entrée, chambre et un petit salon et deux télévisions, comble du luxe des double-rideaux.

Palüse

A peine arrivées, nous allons à Palüsé à la Maison du parc de l’Aukstaitija où nous sommes très bien accueillies en français. Edouard, guide volontaire, nous commente la carte du par cet nous indique des randonnées à pied et des excursions en voiture. Il propose de nous montrer les curiosités de Palüse.

Son église de bois de pin date de 1750. Elle  a un clocher octogonal séparé. C’est la plus vieille église de la région. Les églises de bois brûlent. Au fil du temps, on les reconstruit.

Croix dans l'église de Palûse

Nous avons de la chance : la porte  est ouverte pour un mariage. Cette jolie église sur le bord d’un lac est très prisée pour les cérémonies. Nous avons donc le privilège d’entrer dans l’enclos. Nous  découvrons les autels baroques peints d’un vert très gai souligné de blanc.

Sous un abri, Edouard  nous fait découvrir le mode de sépulture entre le 5ème et le 14ème avant la christianisation : un tertre funéraire  a été découpé, le corps est posé par terre paré de ses bijoux. Les archéologues ont retrouvé des évidences de cérémonial funéraire, des traces de feu aux points cardinaux. Des chevaux ont aussi été inhumés avec leur cavalier. Ces tertres sont dispersés dans la forêt. Certains ont été pillés pour les bijoux.

En Lituanie, encore de nos jours, explique Edouard, des traditions païennes survivent mêlées aux cérémonies chrétiennes. Le diable est aussi très présent : une représentation se trouve non loin sur le sentier des sculptures de Meironys.

Tertre funéraire

Une habitation préhistorique (comme à Roüge) a été reconstruite avec les techniques de l’Âge de pierre avec des rondins dont on a rempli les interstices avec de la mousse pour garantir l’isolation. Un foyer de pierre est au milieu de la maison. Au dessus sèche une peau d’animal. Au sol, une collection d’outils de bois et des paniers et des filets. Ces hommes étaient chasseurs-pêcheurs, cueilleurs.

Pique-nique sur des tables installées sur le bord du lac. La limousine du mariage s’approche. Sortant de l’église, une dizaine de personnes viennent boire du champagne. Mariage dans l’intimité, romantique, amis photographe et limousine tout de même !

Vilnius sous la pluie, château, Musée Historique, Eglise Romanov, Halles…

Tour du château supérieur

la tour octogonale du château supérieur

Pour aller au château, il aurait suffi de suivre la Néris,mais on se laisse embarquer dans la circulation pour un nouveau tour de ville, encore Uzupis, Ste Anne, la Cathédrale….Au pied du château je retrouve le parc et le club de tennis chic où nous laissons la voiture. On pourrait monter en haut de la colline en funiculaire, nous préférons grimper une rampe aux pavés inégaux et malaisés. La colline de Gediminas ne culmine qu’à 48m. C’est un bel observatoire : nous reconnaissons tous les clochers et les coupoles, celle de la Cathédrale toute proche, Saint Casimir dont le lanternon est ceint d’une couronne, Sainte Anne apparait encore plus gracieuse. Au sommet d’une colline nous apercevons les bulbes verts de l’église des Romanov, vert très vif !

La tour octogonale du 13ème se visite. Deux niveaux sont aménagés ; au premier des maquettes au second des cottes de maille, armures boulets et au sommet le panorama est encore plus dégagé que sur la plateforme.

 

Traversant le parc j’arrive au Château inférieur et aux Arsenaux où plusieurs musées sont installés. Je choisis le Musée Historique.

Les salles du rez de chaussée sont éclectiques : des silex taillés voisinent avec des sarcophages égyptiens. Bien peu de commentaires traduits en anglais. Heureusement, j’ai la chance de rencontrer des groupes accompagnés. Je tends l’oreille. Au 19ème siècle, les Tsars jugeant que l’Histoire était une discipline subversive, ont fermé le département d’Histoire de l’Université .De ce fait, les Lituaniens accordent beaucoup d’importance à ces collections.

Je m’attache à regarder les portraits et les gravures des souverains, rois de Pologne, gouverneurs de la voïvodie de Vilnius.

A l’étage : 19ème siècle : tableaux, gravures et témoignages du passage deNapoléon 1er et de la Grande Armée, souvenir de l’éveil des nationalités à partir de 1840, portraits d’universitaires et de patriotes. Une conférencière raconte la révolte de 1863 et la répression qui a suivi : pendaison des meneurs déportation dans les mines, montrée par un grand tableau très noir.

L’ autre aile est plutôt  ethnographique : des intérieurs ruraux ont été reconstitués avec costumes et meubles. La conférencière pointe un pressoir à lin sont l’huile est utilisée dans l’alimentation.

costumes lituanien

Des croix ont été réunies contre un mur blanc formant un ensemble saisissant. Un vidéogramme explique que la construction des croix, calvaires, sont une forme très élaborée de la culture populaire. Les images montrent les croix mais aussi les auvents à deux pans, parfois une maisonnette, souvent agrémentés de toute une décoration de sculpture sur bois.

En face des croix, sur des gradins on a rassemblé des statues de bois peint, des anciennes, des naïves, des pietas, des saints…si la gardienne ne m’avait pas surveillée j’aurais fait des photos.

Au rez de chaussée toute une salle est occupée par des cartes anciennes ; je vois les contours de la Livonie, de la Courlande, Prusse orientale, Salmogitie, Lituanie. Frontières à géométrie variables qui débordent selon les traités. Les frontières de la Lituanie actuelle débordent largement à l’Est sur la Biélorussie et au sud jusqu’à l’Ukraine. Difficile de retrouver la Pologne au 18ème et au 19ème siècle. Difficile aussi d’identifier les villes dont les noms ont changé, parfois écrits en cyrillique que je peine à déchiffrer.

Une dernière exposition concerne le retour des déportés en Sibérie. Photos de Krasnoiarsk, des enfants sibériens, de neige. Ces déportations et l’affirmation de l’identité lituanienne sont encore d’une actualité criante.

La conférencière, tout à l’heure expliquait que les Tsars avaient interdit la publication d’écrits en lituanien. Des livres étaient toutefois imprimés à Königsberg, dans la Prusse voisine. Empêchés de parler leur langue, niés en tant que nation, il n’est pas étonnant que ces frustrations n’aient déclenché des réactions nationalistes.

A l’heure de la Crise Grecque et des remises en cause de l’idée européenne, celle–ci me paraît d’autant plus importante. L’affirmation de nations nouvelles de quelques millions de citoyens à peine, doit s’inscrire dans l’Union européenne sous peine de voir rallumer des conflits comme actuellement au Kosovo. D’autant plus que certaines affirmations ne sont pas tellement fondées. Linas affirmait que la Lituanie avait une population homogène où la nationalité se définit par la langue. Par ailleurs nous rencontrons des Russophones qui ne sont pas des touristes. Sans parler des absents, des Juifs qui parlaient Yiddish. Vilnius célèbre le Prix Nobel Czeslaw Milosz(1911-2004) exilé en France puis aux États Unis , mort en Pologne, dont on fête l’année 2011 « année Czeslaw Milosz »  sans parler de Pouchkine !

 

l'église des Romanov avec ses bulbes verts

Sous la pluie nous allons voir l’église des Romanov St Constantin et Michel, construite en 1913 dont nous avons remarqué les bulbes verts. La pluie devient déluge. Les rues en pente ruissellent. Des cascades dégoulinent d’un escalier que j’avais pris pour une fontaine. Nous restons un moment à contempler l’église à l’abri dans la voiture. Elle était plus belle de loin.

Les Halles

Comme la pluie ne faiblit pas nous passons par les halles proches de l’hôtel. Les marchands de vêtements et de chaussures occupent une grande partie du bâtiment. Pauvre qualité, pauvre goût, mais prix étonnamment élevés. J’avais pensé que les petits étals dehors,  des grand- mères vendant un bocal de myrtilles, un bouquet d’aneth et une botte de carottes, auraient disparu sous la pluie. Non ! Ils sont encore là ! Des sacs de plastique transparents en guise de protection sur la tête ou les marchandises. Il y a quand même quelques charcutiers et poissonniers sous la halle.

La pluie nous retient à l’hôtel. Nous visionnons les photos sur la télévision. Les trier est un  crève-cœur. Nous en avons 600, c’est beaucoup trop. Mais la plupart ont déjà subi de nombreuses éliminations.

16h30, la pluie a cessé. Nous retournons boire un pot à « notre » café sur la « place des français ». Sous les parasols carrés le garçon apporte des coussins sur les canapés de rotin gris et des plaids en polaire. Nous avons découvert à Kaunas cette coutume locale : quand il fait frais on s’emmitoufle, même au mois de juillet.

Vilnius : Pierre-et-Paul

la coupole "nacrée"

Par un temps très gris, nous prenons la voiture pour aller au château. Pour éviter la ville historique, il faut faire un grand détour au dessus d’Uzupis, rejoindre Sainte Anne puis la Cathédrale mais nous ratons le tournant à gauche et nous trouvons sur une 4voies dans la campagne. Avec les collines, les rivières et les quartiers piétonniers, il n’est pas facile de s’orienter dans Vilnius. La topographie et les sens uniques contrarient les trajets directs. Par hasard, on aboutit sur les bords de la Néris près de l’église St-Pierre-et-Paul.

St-Pierre-et-Paul

la chaire : évangélistes

Un guide parlant Espagnol qualifie cette église de « Perle de Vilnius » sous ses dehors quelconques (coquille) elle cache ses stucs blancs « la nacre ». Toute la surface des murs, des plafonds de la coupole, des piliers, de la chaire est d’un blanc éclatant orné de 2000 personnages. Les putti des sculpteurs italiens Giovanni Perti et Giovanni Maria Galli, les évangélistes, les animaux font un spectacle extraordinaire ? Dans la chapelle sainte Ursule, on voit Ursule avec ses suivantes voguer sur un bateau, en face les soldats romains arraisonner le navire, au plafond, la sainte et les jeunes filles flottent sur des nuages. Sainte Catherine, Sainte  Appolline et deux autres se tiennent aux quatre coins. Faisant face, une autre chapelle rend hommage aux Saints Guerriers,. Dans celle de Saint Augustin des éléphants remplacent les Atlantes. Et partout aux plafonds, des anges musiciens !

anges musiciens

Vilnius : sainte Anne, gothique

Sainte Anne, Vilnius

De l’Université,  à la Cathédrale , nous bifurquons dans les ruelles pour atteindre Saint Anne (1495-1500) très jolie église gothique de briques. On dit que Napoléon aurait dit qu’il aurait aimé l’emporter dans le creux de sa main. Les briques  forment des entrelacs gracieux, les pinacles portent des dents et même de petites maisons. Cette construction atteint un  haut degré de sophistication.

Derrière Saint Anne, Saint François parait massif. L’intérieur recouvert de bâches, est en rénovation mais on aperçoit les grandes fresques de couleur pastel avec un saint François géant.

Vilnius, les églises proches de la Porte de l’Aube

Sainte thérèse, baroque

17h, sous un beau soleil, je repars à pied.

Sainte Thérèse est ouverte,c’est la messe. L’intérieur est baroque et le plafond peint dans les roses, je reste à la porte, pas de photo pendant l’office.

 

 

 

 

L’église orthodoxe du Saint Esprit est vert vif, elle a une iconostase magnifique et un lustre en cristal. Ici aussi, liturgie : 6 popes officient en belle soutane rouge sans économiser l’encens, l’air en est saturé. Les voix d’hommes sont magnifiques. Restée à la porte, je filme pour mettre en boîte les chants.

Saint Casimir

 

 

 

 

 

 

 

 

Un peu plus loin,  un porche jaune ressemble à un arc de  triomphe, trois arches contournées très baroques font un passage pittoresque vers une vaste cour devant une église catholique grecque ouverte. Les bancs sont alignés face à l’autel comme dans une église catholique mais l’iconostase est celle d’une église grecque.

portique baroquissime

les collines de Vilnius, Uzupis….

Vilnius, vue d'en haut : église de l'Université

Uzupis

Nous montons sur les collines pour avoir une belle vue, commençant par Uzupis qui se prend pour Montmartre. La route grimpe sec, nous ne trouvons pas de point de vue. Je descends en pénétrant sous les porches pour voir les cours herbues- un air de campagne – l’esprit de le République d’Uzupis m’échappe un peu, les tags et graphs qui maculent les murs en font-ils partie ?

Petite Vilnia

Du pont qui traverse la petite Vilnia,  un sentier longe la rivière dans un parc où les mamans avec poussette, familles et enfants, bandes d’adolescents allongés sur l’herbe ou assis par groupes, profitent d’une après midi de vacances. Des enfants se trempent les pieds dans l’eau. J’arrive à un Club de tennis, courts en terre battue. Une fille de 13/14 ans échange des balles avec un garçon plus jeune. Tous les deux ont une très belle technique, sont gracieux et frappent fort. J’arrive à la Néris et trouve encore un parc : la Colline des Trois Croix d’où nous avons une belle vue sur Vilnius.

 

Le retour en voiture est un peu compliqué, on emprunte Gediminio Prospekt, la belle avenue de Vilnius, on tourne pour arriver à Pylimo qui se trouve en sens interdit, le sens unique nous renvoie dans la vieille ville et on se retrouve à Uzupis !